Il avait formé un groupe qu’il jugeait apte à satisfaire l’exigence de Logdé Pyros. Cependant, il n’avait pas d’idée quant à la nature de cette exigence. La seule certitude était le lieu des recherches : la mer Emeraude. Mais que devaient-ils chercher ?

Il avait longuement réfléchi à la question et n’avait pas trouvé la moindre idée de ce qui satisferait les besoin d’un élémentaire de feu en milieu aqueux. Aussi, comme les siens le faisaient souvent lorsqu’une interrogation demeurait insoluble, il avait décidé de demander à Luwö une réponse ou, au moins, un indice.

Il s’était écarté du groupe, volontairement, car il préférait être seul lorsqu’il entreprenait le voyage vers le monde des esprits. Il savait que personne ne pourrait chanter les Icarios en cas de problème mais cette prise de contact faisait parti de la routine d’un Ashka et ne présentait pas de risque majeur.

Il s’assit en tailleur, ferma les yeux et vida sa tête de toute pensée parasite. Il ne garda à l’esprit que cette question : que devaient-ils trouver ?

Très vite, son corps se détendit, à mesure que son esprit parcourait le chemin qui séparait le monde des vivants et celui des esprits. Les premières images apparurent : indistinctes, furtives et impossible à comprendre, comme des bulles de couleur qui éclataient. Le processus habituel qui occupait l’esprit des Elfes des Lunes lorsqu’ils effleuraient l’était de transe jusqu’à ce qu’enfin l’immersion soit totale…

Des images plus nettes apparurent : l’intérieur du Gouffre des Lunes, avec ses galeries, sa lave et ses nuages de vapeur toxique. Il n’y avait cependant aucune trace de l’élémentaire du feu. L’esprit d’Elen prit forme dans sa vision, comme cela arrivait parfois. Mais de ses sens ne restait que la vue et l’ouïe, son corps astral étant totalement éthéré.

La vision sembla sur le point de vaciller, car l’image commença à se désagréger durant quelques instant mais se reforma à l’identique. Une vague d’eau descendit le long des galeries, provenant d’on ne sait où et elle noya les lieux en quelques instant.

L’instant suivant, il fut transporté du Gouffre des Lunes en direction de la mer Emeraude, en volant au dessus des plaines d’Olympia. Tout était vide, il n’y avait nulle trace de la population foisonnante de Fernliae. La forêt était là mais laissée à l’abandon. L’image devint moins nette.

Le Gouffre des Lunes réapparut, avec ces vagues qui parcouraient les galeries tout en les inondant. Et, sans transition, il se retrouva à nouveau sur le chemin de la mer Emeraude, volant au dessus des plaines entre le Radar Bek et la forêt des Ombres.

Il passa les marais entourant jadis la fière Luminae, longea la rive ouest de la mer comme il avait l’intention de le faire et atterrit sur le rivage. Il y eut comme soubresaut dans la transe, le ramenant quelques instants avant son arrivée et il atterrit de nouveau.

Les cieux se couvrirent de nuages noirs. Une pluie épaisse commença à tomber. Bien trop épaisse. Et rouge. En vérité, il s’agissait de sang ! Les cieux déversaient du sang sur Olympia, tant et si bien que la mer elle-même devint rouge !

Cela ne présageait rien de bon. Peut-être allaient-ils échouer ? Allait-il mener ses compagnons vers une mort certaine ?

Des formes sombres commencèrent à émerger des eaux. Des formes familières…

Des Elfes ! Des Elfes et des loups ! Morts !

Il porta ses mains devant sa bouche, de dégoût. La vision trembla, comme si le ciel et la terre s’étaient mis à vibrer. Lorsque tout redevint fixe, il découvrit avec horreur que ses propres mains n’étaient que les appendices décharnés d’un cadavre.

La panique s’empara de lui et la réalité commença à se morceler : des gouttelettes d’eau perlaient de la mer vers le ciel, puis les corps s’élevèrent, entrainant avec eux des sphères de liquides de plusieurs mètres de diamètres.

Il se détourna de ce spectacle mais son regard se porta sur la plein, là où un grand loup borne l’attendait. Son regard se fixa à celui de l’animal. Aucun d’eux ne cilla durant leur entretient visuel. Cependant, la vision elle-même semblait vaciller, comme la flamme d’une bougie sur laquelle le vent souffle.

Soudain, alors qu’il fixait toujours la créature, l’œil borne s’emplit de noirceur, et cette noirceur s’amplifia, englobant petit à petit le monde qui l’entourait jusqu’à ce que finalement tout disparaisse, le loup y compris. Tout devint noir. Ténébreux.


Il lutta, lutta mais la transe, jusqu’alors incertaine, semblait soudain s’amplifier d’elle-même, l’entraînant de plus en plus profond dans le monde des esprits. Il se débattait mais, comme lorsqu’on est pris dans les sables mouvants, cela ne semblait que l’entrainer plus vite vers le fond, là où son esprit se perdrait à jamais s’il s’y rendait.

La panique la plus totale s’était emparée de lui. Et, alors qu’il se sentait déjà partir loin du monde des vivants, une image fugitive apparut : celle d’un être chétif, vouté, enveloppé dans sa houppelande. Il ne parvint pas à distinguer son visage car il fut violemment éjecté hors des strates du monde des esprits et projeté dans son corps.

Ses yeux s’ouvrirent. Du sang coulait de son nez, ses yeux, ses oreilles et sa bouche.

Et il comprit : quelque chose n’allait pas…

Elen passa en silence l’incident de la transe, puisque personne n’avait remarqué les conséquences qu’avaient eu la défaillance sur lui. Les membres du Cercles des Sylphes s’étaient rassemblés rapidement. De même que ceux qu’il avait appelés pour diverse raison.

Ils avaient eu à combattre un petit groupe de Géant qui avait visiblement décidé que la forêt, et Fernliae, était une escalle sympatique pour massacrer et piller. Le groupe avait éliminé l’un des Géants et les autres étaient partis, en direction du front. Lorsque la route fut dégagée, le groupe prit son départ.

Les Faucons étaient en éclaireur tandis que les lutins fermaient la mache, vigilent. Pour le début du chemin, le danger viendrait de devant, et non de derrière. Ils progressèrent d’un pas vif vers l’ouest, évitant autant que possible les campement et villages Impériaux. Le présence ne devrait donc pas être signalée à l’ennemi.

Ils atteignirent avec joie l’orée de la forêt des Ombres mais ils n’osèrent pas pénètrer dans le sous bois. Depuis que le Peuple Sauvage avait été chassé de ces lieux, qui sait quelles créatures avaient pu les investir. Et ils ne devaient en aucun cas se détrouner de leur mission.

Le groupe s’était depuis peu divisé : une partie partait loin devant les autres, en éclaireurs, le reste marchait d’un pas prudent et mesuré, progressant plus lentement. Les contrées allaient devenir de plus en plus sauvages à mesures qu’ils avanceraient à l’ouest, en direction de la Chaine des Dieux et ils ne souhaitaient faire aucune fâcheuse rencontre.

Elen apperçut au loin ce que Calith avait déjà vu depuis longtemsp : l’écoulement lent et paresseux du fleuve de Gaïa. Les eaux se frayaient un chemin de les bois et, il le savait, irriguait les vestiges de la défunte Luminae, ainsi que les marais entourrant l’ancienne cité du Peuple Sauvage.

« Nous ferons halte de l’autre côté, pour attendre les autres. »

Calith hocha la tête, peu enclin à parler. Peut-être avait-il percé le secret de l’Intendant du clan du Loup : ce dernier avait, semble-t-il, l’esprit ailleurs. Très loin de la mission qu’il avait lui même mandée.

Le groupe chercha un gué praticable, les eaux étant en ces lieux aussi calmes que peu profondes, ils n’eurent aucun mal à traverser.

Ils installèrent alors un campement, préparèrent un feu qui ne faisait que très peu de fumée, donc probablement invisible pour quiconque passerait par là. Ils s’installèrent en cercle. Il avait une journée d’avance sur ceux qui demeraient en arrière, il leur faudrait donc patienter.

Calith partit en chasse, avec les autres Faucons, laissant Elen, Aileen et Aniel au campement.

« Elen ! Viens voir ! »

Calith était revenu en courant, et il désignait quelque chose au loin. Elen n’ayant pas les yeux aussi perçant que son homologue, ils se rapprochèrent de la source de l’étonnement du Faucon.

Il s’agissait d’un monticule de pierre, dressé vers les cieux.

« Et il y en a un autre un peu plus loin...

_ Qu’est-ce que cela peut être ? »

Calith haussa les épaules. La chose lui évoquait apparemment quelque chose...

Le Faucon s’était arrêté à hauteur du premier monticule de pierres et en fit rapidement le tour d’un air perplexe. En portant son regard vers le Nord-Ouest, il avait aperçu un second monticule de même apparence. Tiamath revint bientôt lui annoncer qu’un troisième s’élevait encore plus loin, sur la même trajectoire.
D’une main, il toucha les pierres qu’il semblait déjà avoir vu... Mais où exactement ? Le Faucon entreprit une courte escalade pour se jucher sur le premier monticule. Assis en hauteur, dans cet équilibre précaire, il détaillait ses compagnons arriver encore de l’Est. Et soudainement, il comprit et se retourna vers Elen.
”Les tablettes ... C’est le chemin qui mène vers les dernières ruines dont les impériaux avaient pris possession. La seconde tablette parlait d’un homme adressant une prière en levant les mains au ciel devant des pierres empilées. Autour de lui, d’autres personnes attendaient à ses côtés, eux aussi en prière, pendant que les autres avançaient en file indienne avec chacun un gros caillou en main. C’est ce que narrait la seconde tablette.”
Il secoua la tête avant de lui adresser un demi-sourire, parlant ensuite pour tous.
”Ce n’est rien. Un simple vestige du passé ... Cela n’a aucun rapport avec notre mission actuelle. Nous pouvons continuer notre progression vers le Nord.”

« -Wouah... »

Voilà. C'est tout ce que la jeune fille avait trouvé à dire en arrivant enfin aux rivages de la mer d'Émeraude. C'était la première fois qu'elle voyait la mer. Alors, forcément, ça lui faisait un peu bizarre... Une grande étendue d'eau qui s'étalait à l'infini... Debout sur la plage, Aileen essayait désespérément d'en voir l'autre rive, mais elle n'avait ni la vue d'un Faucon ni une idée précise de la largeur de la mer... Dans l'eau, sur sa gauche, elle aperçut tout de même de drôles de choses, qui semblaient être des animaux... Blanchâtres et transparents, ils se laissaient porter par le courant, leurs longs tentacules dérivant mollement derrière eux.
Aileen, un peu médusée, se demandait ce que ces « trucs » allaient faire, une fois échoués sur le rivage.

Puis, ne parvenant toujours pas à apercevoir l'autre rive de la mer, elle préféra quitter la plage et retourner sur la terre ferme.
Nephitos lui avait dit que la mer pouvait monter très vite, la marée, qu'il appelait ça... Aileen préféra s'éloigner, pour rester au sec... Après tout, il ne lui avait pas dit à quelle vitesse l'eau montait!

Elle s'assit dans l'herbe, à proximité d'une touffe de violette qu'un Loup -Lenwë, sans doute - semblait apprécier, et se plongea dans ses pensées. Non loin d'elle, le groupe de voyageurs commençait à se reformer. Ils seraient bientôt au complet.
Parfois, la jeune elfe se demandait pourquoi elle était là... Elle avait reçut un message de la part d'Elen qui lui expliquait tout du Gouffre des Loups et de Logdé Pyros, il lui demandait aussi si elle voulait venir les aider dans leur quête... Elle accepta sans hésiter, et demanda même à Nephitos, son adrakil, de l'accompagner, mais il refusa, un étrange sourire aux lèvres qui laissa Aileen carrément perplexe...
Au début, elle avait eu un peu de mal à d'habituer à l'absence de ses habituels compagnons, Nephitos, bien sûr, et Syi, son acolyte dresseuse de Lapin Vorpal.
Mais même sans eux, elle avait apprécié le voyage, même si elle n'avait pas beaucoup osé adresser la parole aux autres voyageurs.

Elle avait remarqué que Thunziel avait l'air beaucoup plus épanouit que la dernière fois qu'elle l'avait vu, dans les galeries de l'ancienne Kazad... Pas étonnant, se disant elle.

Lui et les autres membres de son clan avaient ouvert la marche durant tout le voyage. Ils avançaient à un bon train et Aileen s'était étonnée de pouvoir suivre leur rythme sans grandes difficultés. C'était peut être le grand air qui lui donnait de l'énergie...?
Lapinou aurait vraiment aimé voyager avec eux, ça, elle en était persuadée.
Quoi qu'il en soit, après avoir rencontrés d'étranges monticules de pierres que Calith avait finalement reconnut, ils avaient enfin rejoint la mer.

« -Ben, c'était pas si fatiguant que ça, comme voyage, on a même pas croisé d'impériaux pour nous embêter... »
Murmura Aileen, assise dans l'herbe face à la mer.
Elle ferma les yeux un instant en écoutant le son des vagues. Elle voulait essayer, par jeu, de deviner le moment de la « marée » en se fiant uniquement à son ouïe... »

Finalement, quand elle réveilla, les Titans étaient descendus sur l'horizon... Elle bailla. En fait, elle était peut être un peu plus fatiguée que ce qu'elle pensait..!

Pour Thalie, force était de constater que le temps passé à s’occuper des tâches administratives pour son peuples l’avait, à son grand damne rendue plus sensible à la fatigue physique, notamment pour de si grandes excursions dont elle n’avait plus l’habitude. Depuis qu’elle vivait à Fernliae, ses excursions les plus lointaines l’envoyait à Na’helli ou aux limites nord des marais d’Héliké. Restriction des déplacements en partie due, à un durcissement de la défense impérial auprès de la seule grotte d’adamantium connue à ce jour. Thalie ne pouvait que rendre hommage au mineurs impériaux car la récolte devais être fulgureusement impressionnante. ”Avant ils attaquaient à la grenade, maintenant ils défendent avec !” derniers mots d’un blessé gravement brulé (28ème degré) qu’elle tenta de soigner sans succès.

Ainsi le début du voyage se fit un peu dans la douleur (moindre que le monsieur précédemment cité) surtout pour ses courtes jambes de jeune fille sauvage, agiles mais peu puissantes.
Elle trouva en Milka et Landeras, attentifs à quelques uns de ses propres mots, plaintes lancées dans le vide sans en avoir vraiment conscience, un soutient inattendu. Il y a quelques fois des mots que l’on attend pas, simples mais sincères, qui atteignent vos oreilles, vous cogne la tête et vous donne du bôme au cœur, plein d’espoir pour l’avenir, effaçant les ennuis et ici, la fatigue.
En plus de celà, si Thalie pouvait marcher moins longtemps d’une seule traite, elle constata à son propre étonnement au fur et à mesure du voyage, que la capacité de récupération de ses jambes était supérieure à la majorité de ses compagnons ce qui lui permettait de tenir la cadence imposée, notamment par les faucons et les loups.

Rassurée et commençant à prendre ses marques au sein de la compagnie ainsi formée, elle se fit la réflexion qu’elle était le seul être pratiquant la magie dans le groupe. Pour le moment, l’expédition avait mit en avant les capacités d’éclaireur des faucons, décrivant les petits points gris que Thalie voyait à l’horizon comme étant des monticules de nature identique à celui qui se tenait à quelques mètres d’elle,ainsi que les qualités de meneur d’hommes d’Elen qui ouvrait la marche et imposait le rythme, tout en prenant en compte la fatigue de chacun.

La vision des premiers contours de la mer d’Émeraude, eu pour effet de recentrer les pensées de la magicienne sur leur objectif. Ils cherchaient un possible artefact d’aspect et de nature inconnus. On pouvait faire quelques présomptions, en se basant sur l’identité de la créature voulant l’acquérir qui avait une essence changeante, volatile, ”flamboyante”.
Ainsi, estimant que l’objet était lui même bien loin d’être quelque chose de totalement inerte, Thalie commença à forcer légèrement sa respiration. Elle voulait stocker un peu plus d’air dans ses poumons, tentant de le garder un peu plus longtemps, comme pour prendre le temps d’en gouter la nature, comme son humidité, sa fraicheur...
Elle tentait de se sensibiliser à la faune et la flore environnante. Bien loin de capter les bruits et les sons, de prêter attention aux mouvements dans son champ de vision, chose que d’autres feraient mieux qu’elle, elle se concentrait sur les ”mouvement de vie” comme elle les nommait. Elle ne savait pas si la magie était à la source de la vie mais indéniablement les deux étaient, en quelque sorte, comme en communion. On ne distingue pas de forme ou de couleur précise, on ressent la présence des autres sous formes d’énergie, de vibration. l’espace alentour et perçu comme un monde obscure et flou, ou les être ou plutôt ”les choses” sont de forme nuageuse. Dans cet espace un être vivant tel qu’un elfe par exemple est à peine perceptible, un magicien aurait déjà une empreinte plus importante, plus ”nette”.

L’idée de Thalie était de se faire une image suffisamment précise de l’énergie dégagée par le groupe et la nature environnante. Elle serait toujours incapable d’en faire un dessin sur une feuille de papier, mais de cette manière elle serait capable de ressentir ”l’anomalie” qu’elle espérait, mais qui n’était encore que pure spéculation de sa part.

Lodgé Pyros… La chose la plus étrange, plus étrange même que l’oiseau de feu, qu’il lui avait été donné de voir. Le feu prenant vie, ayant une conscience. Là-bas, dans la grotte des Sources, il était apparu. Nil’nelia avait été stupéfaite par cette terrifiante apparition.
Pourtant la créature avait requis leur aide.
Et ils partaient en direction de la mer d’Emeraude. L’elfe n’avait fait qu’entrapercevoir cette étendue d’eau gigantesque lors de ses précédents voyages, mais ce lieu la fascinait. C’était quelque chose de magnifique. Et Elen avait eu la merveilleuse idée d’organiser leur mariage sur son rivage, en petit comité. D’ailleurs, c’est pour cela qu’aujourd’hui, elle était à la traîne. Elle avait oublié plusieurs affaires importantes et, ne voulant retarder l’expédition les avait laissé partir devant.
Intérieurement, cela lui plaisait de voyager un peu seule. Les Impériaux étaient pour la plupart occupés loin d’ici et les routes étaient sûres. Alors, profitant du soleil, elle se rapprocha du rivage, ramassant de temps à autre des coquillages. Le soir, elle fabriquait des colliers, tout en chantant avec les oiseaux.

Mais, elle n’oubliait pas pour autant leur mission. Elle avait senti l’aura de l’élémentaire de feu. S’il affrontait un ennemi, il devait être du même genre que lui. Une sorte d’incarnation de l’élément eau d’après ce qu’ils avaient compris. Mais pour l’instant, l’eau de la mer d’Emeraude se révéla particulièrement calme. Ils n’approchaient pas encore de la demeure de l’étrange créature. Elle reçut quelques messages lui indiquant que le reste du groupe faisait une pause, dans un endroit idyllique. Elle devait faire vite.

Ils stationnaient près de la mer Émeraude. Elen leur avait simplement dit qu'ils devaient se rassembler. La troupe s'était en effet déployée sur une large zone, en tirailleur, pour éviter que l'ennemi ne les repère si loin au nord. Mais la finalité de cette attente était surtout que Nil'Nelia les rejoigne. Elle avait annoncé à Elen avoir oublié des affaires à elle, nécessaire pour la suite. Aussi avait-elle mis plus de temps à les rejoindre que les autres.

La mer Émeraude leur faisait du bien. Ils se sentaient reposés, et serein. Du moins, la plupart d'entre eux se laissaient aller. Elen était sur le qui vive et dormait peu. Il tentait d'éviter de laisser son esprit divaguer. Il avait tant de chose à penser qu'il songeait que son esprit allait exploser. Calith, lui, harcelait sans cesse ses Faucons, pour qu'ils partent en éclaireurs. Inlassablement, chaque jour, les fidèles de Cherung s'éloignaient du campement et revenaient sans encombre. Calith faisait alors un rapport complet et détaillé à Elen, qui témoignait de l'absence de danger. L'Intendant du clan du Loup soupçonnait son homologue de tenter de savoir ce qui l'empêchait de dormir ces derniers temps.

Les Impériaux étaient étrangement calmes, avec une troupe Forestières si loin au nord. Bien sur, les terres Impériales proprement dite s'étendaient bien plus à l'est, mais l'Impératrice revendiquait tout de même la zone comme sienne.

Pour la première fois depuis des jours, Elen rassembla ses compagnons.

« Mes amis ! Vous savez, notre mission est de la plus grande importance ! Mais aujourd'hui, nous avons un événement à célébrer ! Ne pensez plus au guerre ! Aujourd'hui, nous sommes loin des conflits ! Je vous annonce que Nil et moi-même allons nous marier dès aujourd'hui, sur les rivages de cette mer, et que vous serez tous nos témoins devant Luwö ! Réjouissez vous, car nous ferons la fête ce soir ! »

L'annonce mit le campement en liesse et Faucons comme Loups jurèrent de faire une grande chasse pour qu'un grand banquet soit organisé dans la soirée !

Elen laissa ses compagnons s'affairer et il rejoignit Nil'Nelia. Celle-ci était reposée de son voyage. Elle avait transporté tout ce qui lui était nécessaire pour s'habiller pour l'évènement durant de nombreuses lieue.

« Tout va bien, Nil ? Tu te sens prête ? Tu sais qui tu veux pour Prima Luwä ? »

*Une affaire importante, un achat de pierres pour le compte des Ombres de Liaë et de Fernliaë, avait empêchée Amallya de faire route au côté du groupe mené par Elen. La conseillère avait été invitée à se joindre à l’expédition en sa qualité de représentant du peuple sauvage, la raison officielle en était la quête confiée par Logdé Pyros. Amallya n’avait pas eu l’occasion de voir par elle-même cette curieuse créature mais tous parmi l’alliance forestière avaient eu vent de cette singulière rencontre faite par les loups.

Après des jours passés à attendre la livraison de son chargement, et n’ayant plus de nouvelle de son coursier – elle apprendra plus tard que celui-ci avait été abattu - Amallya finit par prendre la décision de ne plus attendre d’avantage et de quitter Fernliaë et sa forêt. Afin de rattraper son retard sur le reste de la troupe, la femme sauvage décida d’emprunter le chemin le plus court, mais également le plus risqué, reliant Fernliaë à Luminaë. Cette route, passant à proximité du territoire revendiqué par les nains, longeait la montagne banane par le sud-ouest et traversait les marais entourant les ruines de Luminaë. N’étant pas retournée dans ces marais depuis la destruction de l’ancienne cité de son peuple, Amallya, accompagnée de Lulu sa fidèle aide de camp, pris ainsi la route poussée par un sentiment mêlé de curiosité et d’appréhension.

Les deux compagnons de voyage traversèrent tout d’abord la plaine séparant la forêt de Fernliaë de la montagne banane sans le moindre incident. Tous les impériaux semblaient s’être rassemblés au sud des galeries effondrées pour « chasser » les malheureux forestiers qui auraient la fâcheuse idée d’approcher de trop près leurs positions. Après une courte halte au pied de la montagne, Amallya et Lulu reprirent la route qui les mena jusqu’aux marais de Luminaë.

C’est remplit d’émotion que la femme sauvage pénétra l’ancienne demeure de son peuple. La nature semblait avoir reprit ses droits sur ces lieux sacrés malgré les terribles incidents encore récents. Hormis les ruines de la cité de son peuple qu’elle apercevait au loin, peu d’indices pouvaient témoigner de la catastrophe qui s’était abattue sur ces lieux. Amallya fixa les ruines de Luminaë avec insistance. La tentation était forte d’y pénétrer après tant d’années d’exil. Finalement Lulu sortit la conseillère de sa torpeur.*

- Nous devons nous presser, dit-elle en tirant la manche de la conseillère.

- Tu as raison, nous sommes déjà en retard.

*Les deux amies reprirent alors leur route à travers les marais en s’éloignant peu à peu des ruines de Luminaë et bientôt elles les quittèrent pour rejoindre les plaines au nord desquelles elles pouvaient apercevoir la mer d’émeraude. Après avoir prit la direction du nord, la femme sauvage parvint enfin à rattraper l’arrière du cortège mené par Elen. La troupe ayant fait halte au bord d’une plage, et les consignes étant de ne pas rester grouper pour éviter d’attirer l’attention, Amallya décida de poursuivre son chemin en avant sans prendre le temps de se reposer. Lulu, quant à elle épuisée par ce long voyage, resta en retrait aux côtés d’elfes et de lutins.
Alors qu’elle arrivait au nord de la mer d’émeraude, et n’ayant jusqu’à présent rien remarquée de suspect malgré une étude attentive des eaux calmes et de son rivage, la conseillère fut rattrapée par Lulu, qui courait dans sa direction en braillant son nom.*

- AMALLYYYYAAAAA !!!

- Que se passe-t-il Lulu ? As-tu remarquée quoi que ce soit d’inhabituel ?

*La lutine s’était arrêtée devant la femme sauvage, s’était courbée appuyant ses mains sur ses genoux et haletait bruyament.*

- Eh bien ! Parle !

*Lulu, qui tentait de reprendre son souffle, ne parvint qu’à bégayer quelques mots.*

- Elen… Il… Il…

*A ces mots la voix d’Amallya se fit plus inquiète et plus pressante. Elle assaillit la pauvre lutine de nouvelles questions.*

- Qu’est-il arrivé à Elen ? Des impériaux l’ont attaqué ?

- Non… Il… Il… Il va se marier !

*Sur ces paroles la lutine s’écroula sur le sol, épuisée, tandis qu’Amallya leva le regard vers la plage où le groupe d’Elen s’était rassemblé. La conseillère fronça les sourcils puis partit dans cette direction en marmonnant quelques mots.*

- Ils auraient au moins pu me prévenir !

La question de la Prima Luwä. Elle avait taraudé Nil'nelia tout au long de son voyage et même avant. Cet être serait le témoin de leur mariage, mais bien plus encore. Si jamais il arrivait un malheur au couple, c'est sur cette personne que reposerait le soin d'élever leur future famille. car Nil'nelia en était sûre, ils fonderaient une famille, la plus belle qui soit.

Mais, ils étaient tous les deux Sylphes, et, pour elle, il était apparue important que la Prima Luwä ne soit pas une elfe, mais une habitante du refuge qu'ils avaient fondé, il y a de cela des années.

"Elen, je suis prête, je suis prête depuis des lunes déjà. Mais je n'aurais pu rêver d'un plus bel endroit pour lier nos cœurs et nos destins. Oui, j'ai choisi ma Prima Luwä, notre Prima Luwä. J'espère que les Louves ne seront pas offensées, mais, je vais demander à Thalie d'être notre Prima Luwä."

Elle attendit un regard d'Elen pour approuver son choix, puis continua.

"Tout le monde n'est pas encore revenu... Amallya est encore en exploration. Je vais me préparer. Tu vas aimer ce qui m'a retardée... Je t'aime."

Elle lui fit un clin d'œil avant de rentrer sous sa tente, en prenant soin de refermer derrière elle.

Thalie partageait son temps entre quelques entrainements avec Lenwe et Aniel, des discussions à propos d’une éventuelle préparation de thé à la violette pour le groupe avec Landeras et ses petites ”ballades”: des exercices de déplacement furtif entre les différents groupes de personnes disséminés dans le campement. Hormis le fait que cela lui permettait de travailler la souplesse de ses jambes, Thalie en profitait pour écouter, et se tenir au courant des différents évènements de la vie quotidienne de l’expédition. Et si le mariage était en ce moment LE sujet phare, de ces ”potins”, un détail nouveau faisait son apparition depuis peu, encore incertain, mais déjà relayé par suffisamment de monde pour susciter une certaine appréhension chez Thalie. Pragmatique, celle-ci décida de prendre les devants en allant voir la personne qui serait à même de répondre à ses questions : La future mariée en personne.

Elle se rendit donc à la tente de cette dernière, pour lui en parler. Thalie savait qu’elle avait rejoint le groupe depuis peu. Elle l’avait croisée mais n’avait eu guère le temps de lui parler, encore fatigué par le voyage, l’elfe avait juste dis qu’elle prendrait volontiers un thé avec la conseillère, quand elle serait plus reposée.

La tente, plus à l’écart pour le jeune couple, n’était occupée que par Nil’nelia au moment ou Thalie se présentait à l’entrée. Après un échange de sourire bienveillant, en guise de salutation, la visiteuse à peine assise, commença sans plus attendre à exposer l’objet de ses tracasseries.



”Ma chère Nil,

Des bruits cours, des rumeurs circulent...
Elles semblent avoir un fond de vérité, semblent se confirmer...
Et j’entends votre nom porter par le souffle des conversations autour de moi... Ainsi qu’un autre, qui m’a au combien surpris de se trouver mêlé au votre... Le mien.


Je ne l’ai point entendu de votre bouche, mais je suis au courant des traditions du clan du loup qui concerne le mariage. Je m’attendais bien à entendre le nom d’une femme s’ajouter aux deux votre : celui de votre ”Prima Luwä”.

C’est pourquoi, faisant peut-être le jeu d’une déduction hâtive, et bien...
Enfin...
BREF !
vous aurez compris l’objectif de ces quelques mots de ma part à votre encontre : Si, encore une fois... Hum... Par le plus grand des hasards je ne me trompais point, il faudrait que je m’initie au plus vite aux responsabilités... qui m’incomberaient, voyez vous.”


Puis dans un dernier raclement de gorge anxieux Thalie se tut et attendis la réponse le cœur légèrement étreint.

Nil’nelia avait été prise au dépourvu. Elle espérait justement en parler en prenant le thé, mais jamais elle n’avait imaginé que quelqu’un, un lutin sûrement avait laissé trainé ses oreilles.

Oui euh… Oui, tu, vous, tu… as bien été renseignée. On a bien parlé de toi. Pas en mal ! En fait j’aurais même quelque chose à te demander. C’est assez personnel, très important pour moi, mais tu peux refuser. Avec Elen, nous allons nous marier selon les traditions louves. Or, nous sommes tous les deux membres des Sylphes depuis leur création. Cela date. On a aidé à la reconstruction de Fernliae… Tout ça pour dire que selon les rites totémiques, le couple doit avoir un témoin, la Prima Luwä, la première louve. Souvent, cette Prima Luwä est une autre louve. Mais… J’aimerai que ce soit toi, Thalie, qui soit notre Prima Luwä.

Nil’nelia sentit un instant de flottement. C’était quelque chose de demander cela à quelqu’un, surtout quand cette personne ne connaissait pas les responsabilités.

Ne t’inquiète pas, ce n’est normalement pas un rôle très dangereux. En fait, tu serais le témoin de notre mariage. Quoi de mieux que toi, une conseillère de Fernliae, pour témoigner de notre amour. Mais, il y a cependant des responsabilités…

Nil’nelia grimaça en pensant à ce qu’elle allait dire.

En fait, la Prima Luwä est, responsable des enfants du couple, s’il arrivait malheur à ce dernier. Pour le moment, et pour toujours, j’espère qu’il ne nous arrivera rien, pendant que nos futurs enfants grandiront, mais il est nécessaire de te prévenir. C’est un engagement devant Luwö, l’esprit des Loups. Mais je serais très honorée que tu acceptes ce rôle.
En plus, c’est toujours rassurant d’avoir dans la « famille » une soigneuse.

La jeune elfe sourit pour détendre l’atmosphère, incapable de savoir ce que pouvait bien penser la conseillère du peuple de Gaïa et si elle allait accepter cette tâche.

Mais… J’aimerai que ce soit toi, Thalie, qui soit notre Prima Luwä...

L'imagination aidée de l'esprit peut créer des situations qui englobent la réalité voir qui la surpasse, nous présenter des milliards de possibilités pour anticiper ce qui pourrait se passer. Pourtant, chacun aura déjà expérimenté que l'impact sur notre esprit d'un événement important pour nous (tel qu'un décès ou une naissance par exemple) même si il arrive finalement tel que nous le pensions, ce qui devrait nous avoir "préparé", nous pouvons nous retrouver dépassé, submergé par nos émotions. Nous nous rendons compte à cet instant que nous étions protégé par notre subconscient lors de notre voyage imaginaire dans le futur. Comme des zones noires ça et là, un fin brouillard cérébral au mouvement complexe, biaisant notre jugement. Finalement quand le brouillard se lève, souvent la réalité nous éblouie, au moins un court instant.

Thalie ne fut en rien éblouie, bien sur, mais elle se sentit détachée de ses sens. Les informations n'arrivaient pas toutes de façon synchrone mais en décalé, comme si certains de ses nerfs s'étaient dilatés brusquement alors que d'autres se raccourcissaient. Le mouvement des lèvres de Nil'nelia, sa voix et ce qu'elle voulait dire, il s'écoulait un certain temps avant que Thalie puisse relier les trois ensemble depuis qu'elle avait eu la réponse à sa question.

Elle écoutait encore car elle ne connaissait pas toutes les implications que cela entrainait, elle essayait de se montrer attentive, malgré la chaleur qui régnait sous la tente. Elle étouffait légèrement depuis peu, dans le même temps sa visibilité avait baissé mais l'extinction de quelques chandelles lui paraissait pourtant comme une incohérence avec l'air pesant de la pièce...

Mais la fin de la réponse de l'elfe, fit reprendre à Thalie tous ses esprits.


-"Oh, je souhaite que je n'ai pas à venir vous voir trop souvent en tant que médecin, vois-tu !!"


Et elle partit dans un rire encore un peu étranglé par l'émotion qui se mua en un rire franc et sincère alors que Nil se mettait à rire avec elle, sans autre forme de discours. La chose était entendue par les deux amies, depuis un moment sans qu'elle se le disent, mais lors des dernière batailles ou Thalie avait alors soigné Nil à plusieurs reprise, en ce lieu toujours rempli de haine et de tristesse, était né une amitié entre deux être d'une race différente.

Le brouillard de doute s'était enfin complètement levé sur l'esprit de Thalie, mais la joie qu'elle ressentait en cet instant resterait gravée dans sa mémoire.

*Amallya avait rejoint le campement en hâte. A son arrivée elle apprit que son empressement avait été vain : le mariage n’aurait pas lieu avant plusieurs jours, le temps de s’occuper des préparatifs. La conseillère repéra alors le terrain afin de déterminer quel serait l’endroit le plus adapté pour déployer sa tente. La femme sauvage connaissait les membres de la troupe mais n’était intime avec aucun d’eux. Elle se sentait honorée d’être conviée à cet événement mais ne se sentait pas à son aise au milieu de cet affairement à des préparatifs dépendant de traditions dont elle ignorait tout. C’est donc tout naturellement que l’emplacement qu’elle choisit fut à l’écart du reste du campement, aux abords de la mer d’émeraude.

Alors qu’elle terminait de repérer les lieux de son futur campement, Amallya fut rejoint par Lulu qui avait finit par trouver les forces de refaire le chemin en sens inverse. L’arrivée de la lutine n’échappa pas à la perception de la conseillère. Comment aurait-il pu en être autrement ? Le moindre geste de la pauvre créature était la source d’un terrible fracas du à l’impressionnante charge que celle-ci portait. En effet, celle qui occupait le rôle d’aide de camp de la conseillère, et qui aspirait à devenir son garde du corps, lui servait surtout de porte bagage, transportant ainsi tous les effets personnels de la femme sauvage. Amallya ne s’embarrassait jamais de lourd chargement, préférant laisser à d’autres le soin de se fatiguer pour elle. C’est ainsi sans surprise que l’arrivée de la lutine éreintée fut accueillie chaleureusement par la conseillère.*

- Eh bien Lulu, tu en auras mis du temps !

- Désolé, je… euh… je me suis perdue…

- Je n’en doute pas. Tu auras au moins eu le temps de te reposer. Pour ma part j’ai déjà repérée les lieux. Et pendant que tu te prélassais j’ai décidée de l’emplacement de mon futur campement.

*La conseillère désigna un carré d’herbe à proximité de l’étendue d’eau tandis qu’elle poursuivait.*

- Je vais présenter mes félicitations aux futurs mariés. Pendant ce temps tu pourras dresser ma tente ici.

*Sur ces paroles, Amallya abandonna la lutine hébétée pour se diriger vers le campement à la recherche des tentes des futurs mariés.*

A cette instant, dans la tente de la future mariée, les rires s'étaient tus et les deux amies prenaient un thé, discutant de choses et d'autres et des préparatifs du mariage. Nil'nelia fit jurer à la conseillère de venir les voir à la tanière des Loups lorsqu'ils seraient installés.

"C'est un endroit magnifique ! Une petite clairière, un havre de paix au milieu de la forêt. Le soir, les animaux viennent à l'orée et quelques louveteaux s'ébattent dans les hautes herbes. Et nous, nous viendrons à Fernliae assez souvent aussi. C'est un peu notre deuxième maison."

Au fond d'elle, elle craignait un peu la mission que leur avait confié l'élémentaire. Elle connaissait la puissance de cette créature et il y avait des chances que l'autre qu'il fallait rencontrer était de même puissance. Mais, ce petit nuage de soucis ne pouvait obscurcir son bonheur.

"En fait, en tant que Prima Luwä, tu veux avoir le privilège de voir la robe que je vais porter ? C'est à cause d'elle que je suis arrivée en retard. Elle a été faite à Na'helli. Pas sur mesure, mais c'est tout comme."

Fouillant dans un sac enchanté, elle sortit sa robe. Les reflets verts n'avaient rien perdu de leurs éclats. Posant la robe sur elle, elle demanda en souriant.

"Alors tu la trouves comment ? Non non ne réponds pas, tu pourras me dire comment tu la trouves quand je la mettrai pour rejoindre Elen. Et puis je ne suis pas encore coiffée, ni embellie par quelques bijoux..."

Elles se dirent au revoir, ou plutôt à tout à l'heure, pour le grand moment. Nil'nelia rangea la robe, des étoiles plein les yeux.

*Après avoir demandé la direction de la demeure de Nil’Nelia aux elfes rencontrés sur son chemin, Amallya finit par arriver à destination. Alors qu’elle approchait de la couche de la future mariée elle vit son homologue, la conseillère Thalie, en sortir. Amallya salua la femme sauvage qui lui rendit un salut gêné. Thalie était visiblement troublée et ne semblait pas vouloir s’attarder. Alors que celle-ci partait, et sans chercher à comprendre la raison qui pouvait troubler la conseillère, Amallya franchit le voile de toile qui entravait l’entrée de la tente. C’est donc sans avoir prit la peine d’annoncer sa venue que la femme sauvage fit irruption devant Nil’Nelia, visiblement perdue dans ses pensées. L’arrivée soudaine de la femme sauvage la tira de ses réflexions et la fit sursauter.*

- Bonjour Nil’Nelia. Je sais que nous nous connaissons peu et je vous suis reconnaissante de l’honneur que vous me faites en me conviant à un tel événement. Je sais ce que le mariage représente de sacré et d’intime, de même que l’engagement que représente le choix du partenaire.

*Loin de rassurer Nil’Nelia, le discours de la conseillère semblait l’embarrasser et la rendre nerveuse à mesure qu’elle poursuivait.*

- Aussi, et parce que je sais qu’un tel choix n’a pas été prit à la légère, je tenais à vous présenter mes félicitations, ainsi que celles de mon peuple, à vous et à votre futur époux. Je vous souhaite une longue et heureuse vie à ses côtés durant les siècles à venir et que votre amour puisse durer jusqu’à la fin de vos jours.

*Amallya avait prononcée ces paroles d’une voix monotone. Les années au sein du conseil des enfants de Gaïa avaient habituées Amallya aux discours officiels et celle-ci avait apprit malgré elle à détacher ses paroles de ses pensées et de ses sentiments. Ce monologue sonnait faux aux oreilles de Nil’Nelia qui reconnaissait bien là les paroles d’une politicienne confirmée. Elle accueillit ces félicitations avec un sourire gêné et bégaya quelques remerciements confus à l’attention de la conseillère. Sans attendre son reste, celle-ci prit la main de la future mariée, un sourire entendu sur le visage, puis sortit de la tente avant de prendre la direction de celle d’Elen.

La tente d’Elen s’était transformée en quartier général d’où partaient tous les ordres concernant les préparatifs du mariage. Alors qu’elle pénétra ce centre de commandement improvisé, Amallya découvrit Elen entouré de quelques elfes et lutins qui attendaient les consignes et recommandation en prévision du grand jour. Sans prendre la peine d’attendre son tour, la conseillère s’avança devant le futur marié et recommença le même discours qu’elle avait prononcé précédemment à l’attention de Nil’Nelia. A nouveau la même poignée de main et le même sourire entendu conclurent ce monologue accueillit du même air décontenancé de la part de l’heureux élu. La conseillère eu à peine le temps d’être remerciée qu’elle repartait déjà en direction de sa tente que sa fidèle aide de camp avait dressée en son absence et dont elle apercevait au loin le sommet.*

Thalie avait accepté l’offre de Nil. Traditionnellement, c’était à l’épouse de choisir la Prima-Luwä, mais Nil avait préféré demander l’avis de son fiancé. L’Intendant du Clan du Loup avait rassuré sa future épouse. Il n’avait rien contre Thalie. Il connaissait suffisamment la Femme Sauvage pour savoir qu’elle prendrait soin de ses enfants en cas de problèmes. Et, d’après ce que Nil lui avait appris de la réaction de la future Prima-Luwä, elle gâterait les enfants même du vivant des parents.

Amallya était venue rapidement présenter des félicitations protocolaires, mais Elen se demandait si la Conseillère ne se dissimulait pas derrière un masque de sévérité pour masquer ses sentiments réels, à savoir qu’elle appréciait réellement d’avoir été conviée à l’évènement.

Les préparatifs avançaient rapidement, si rapidement qu’ils furent prêts vers midi. Elen s’était paré de sa plus belle tenue, celle là même qu’il portait lors de l’entretient avec les parents de sa future épouse. Bien sur, sa tenue n’avait rien du faste des parures de la noblesse en de telles circonstances, mais c’étaient là les vêtements les plus officiels qu’ils possédaient. En forêt, il n’était pas possible de posséder une garde robe complète.

L’Intendant se présenta devant la tente de Nil, là où celle ci se préparait, avec l’assistance, sans doute, de Thalie. Il ne savait pas combien de femmes, au juste, il y avait avec sa fiancée, mais l’ambiance paraissait survoltée. Il entendait de nombreux murmures, sans pour autant en comprendre le propos.

Il demanda à la dame en faction devant la porte si Nil était prête. La réponse vint de l’intérieur :

« J’arrive, mon amour ! »

Un frisson parcourut la colonne vertébrale du Loup. Le moment fatidique approchait. Déjà le pas léger de Nil la rapprochait à chaque instant un peu plus de lui, et de leur mariage. Son cœur battait la chamade. Il ferma les yeux un instant, pour calmer son esprit et le flot de pensée. Lorsqu’il rouvrit les yeux, la toile de la tente s’écarta, dévoilant sa future femme.

Il demeura bouche bée.

Une robe vert pomme mettait en valeur ses formes et sa taille gracile. La peau délicate de ses fines épaules frissonna sous l’effet du vent en provenance du large. Mais elle affichait ce sourire qui sous entendait à quel point elle n’avait cure du froid en ce jour.

Elle portait à son cou une émeraude qui scintillait du même éclat que ses yeux, ces océans de plénitude dans lesquels Elen se plaisait à se perdre. Ses cheveux étaient habilement tressés et parsemés de pétales de fleurs. Elle portait quelques touches ci et là de maquillait, qui soulignaient ses traits qu’il jugeait déjà parfaits en temps normal. Son front était ceint d’un diadème qui lui donnait quelque chose de royal. Elle avait accroché à ses oreilles des boucles légères, ornées du symbole des Sylphes, des pièces sans nul doute uniques.

Le Loup lui adressa un sourire plein de tendresse et proposa son bras, qu’elle accepta. Il l’entraina auprès du reste du groupe, déjà assemblé sur le rivage. Ils auraient la mer pour témoin, en plus de Luwö et du groupe. Un cadre idéal pour un mariage parfait !

Ils passèrent au milieu de la troupe, lançant des sourires à tous leurs compagnons, regrettant que d’autres ne soient pas présents. Elen jeta un regard sur l’horizon : le ciel était dégagé, comme leur avenir, l’espérait-il. Il invita Thalie à venir à leurs côtés, pour la cérémonie. Il avait expliqué à Nil comment devait se dérouler la cérémonie, et il lui avait donné un parchemin pour qu’elle connaisse les phrases sacrées du clan du Loup.

Ils se tournèrent un instant vers Thalie. Celle-ci hocha la tête, pour leur signifier qu’elle était prête. Ils échangèrent alors un regard complice et ainsi commença la cérémonie. Leurs voix à l’unisson, ils procédèrent :

« Vous tous, soyez témoins que nous deux prononçons les vœux de mariage !
Par ce morceau qu’ensembles nous mangeons. »

Thalie leur donna cérémonieusement une tranche de pain, qu’ils se partagèrent et consommèrent.

« Par cette eau qu’ensembles nous buvons. »

La Femme-Sauvage leur remplit une coupe d’eau avec son outre. Ils burent chacun une gorgée, Nil la première.

« Par ce feu qui nous réchauffe l’un et l’autre. »

Thalie avait allumé une bougie, qui remplacerait l’habituel feu de joie allumé dans la clairière des Ombres Cendrées, lorsqu’un mariage se déroulait là bas. Ils passèrent tour à tour leurs mains au dessus des flammes.

« Par le sang que nous mélangeons. »

Elen prit sa plus belle dague, qu’il avait emportée spécialement pour l’occasion. Il se fit une petite entaille sur l’index de sa main gauche, avant de tendre la dague à Nil. La jeune femme grimaça fugitivement avant de répéter l’opération. Ils mêlèrent alors leurs sangs.

« Par l’amour qui unit nos cœurs. »

Leurs visages s’approchèrent, et ils échangèrent un tendre baiser.

« Par ces anneaux qui lient nos esprits et nos Finyë. »

Ils se passèrent mutuellement les alliances rituelles, sculptée dans le bois du chêne sacré de la clairière du clan du Loup. Les objets avaient été finement ouvragés, des gravures représentant les noms des époux en Loup ancien, ainsi que des mots rituels et des promesses secrètes que se faisaient l’un à l’autre les futurs époux.

« Ainsi nous engageons-nous solennellement dans les liens du mariage et nous déclarons-nous désormais mari et femme, en accord avec les lois Elfiques, l’esprit du Loup et la grâce bienveillante de la Nature. »

Ainsi s’acheva la cérémonie, les deux époux échangeant un sourire complice avant de s’embrasser une nouvelle fois, sous les acclamations de tout le groupe !

Ils étaient désormais mari et femme...

Thunziel avait suivit avec attention toute la cérémonie, c'était le premier mariage auquel il assistait. C'est pour cette raison qu'il ne voulait en rater aucune miette. Mais aussi parce que c'était Elen et Nil'nelia, deux Elfes que Thunziel connaît maintenant depuis longtemps et qu'il apprécie particulièrement.

Il regarda autour de lui, tous ses compagnons de route, ses amis applaudirent en cœur au moment du baiser. Thunziel ne put s'empêcher de sourire, les mariés étaient magnifiques. Voyant que personne n'avançait, il hésita quelque peu. Puis ne tenant plus en place, décida d'aller leur parler.

Elen, Nil'nelia, toutes mes félicitations. J'espère que vous aurez beaucoup de bonheur.

Thunziel passa sa main dans ses cheveux, visiblement mal à l'aise. Ce genre de phrase, ce n'est pas lui. Mais il voulait faire comprendre à ses deux amis qu'il était très heureux pour eux et fier d'avoir assisté à leur mariage.

Ça avait vraiment été un magnifique mariage. Nil était vraiment superbe dans sa robe verte. Aileen avait eu du mal à la reconnaître, sur le coup...
Elen quand à lui.. Hé bien, il n'était pas aussi bien habillé que la jeune Noble, mais cela n'avait rien d'étonnant quand on savait que la vie dans la Forêt des Cendres ne prêtait pas vraiment au luxe... Néanmoins, même sans vêtements exceptionnels, il semblait impressionnant, droit et fier... Un vrai Loup. Aileen trouvait qu'ils allaient bien ensemble...

Ainsi, la cérémonie avait eu lieu, devant la Mer d'Émeraude.
Milka, un Elfe du clan du Loup avait expliqué sommairement à la jeune elfe les traditions de son clan lors des mariages, qui faisaient que tous devenaient les témoins des époux.
Et elle n'en était pas peu fière. Puis, tous réunit sur la plage, les mariés s'étaient embrassés.
Dans un même mouvement, tout les témoins, qu'ils soient lutins, elfes ou sauvages s'étaient levés et acclamaient le couple, qui affichait un sourire radieux, de ceux qu'on ne voit qu'en de pareilles occasions.

Mais ce n'était pas terminé.
Quel mariage serait digne de ce nom sans une superbe fête?

C'est pourquoi le soir venu, au milieu du campement et des tentes plus ou moins bien alignées, un grand feu de joie fut allumé et là, tous fêtèrent dignement les mariés. Aileen aussi participait aux réjouissances, mais, un peu plus tard dans la soirée, elle choisit de s'éloigner quelques minutes dans la fraîcheur nocturne, juste histoire de souffler un peu... Et aussi parce qu'elle avait soudainement cru entendre de drôles de cris...
D'ailleurs, elle n'avais pas halluciné, ces cris étaient bien réels... Un instant, elle cru à des bêtes sauvages, mais elle reconnut deux noms, dans tout ce raffut. Milka et Lindorie...
…
Elle s'approcha un peu en laissant ses yeux s'habituer à l'obscurité, maintenant qu'elle s'éloignait du feu de joie.

Et puis elle reconnut Lindorie, nouvellement arrivée dans le groupe, qui titubait dans l'herbe...

« -MILKAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!! (Un hurlement à vous faire fondre les tympans...) Wouaaaah, drôle d'effet mais j'aime bien!! 
-LINDORIEEEEEEEEEEEEEEEEE!!!!!! J'te l'avais dit que c'est trop bien!!
-Hé!! Pourquoi vous criez comme ça, vous deux? Milka, il se passe quoi?! »

Aileen était décidément perplexe, entre ça et les bestioles gélatineuses, les derniers jours avaient été surprenant...
L'air un peu embrumé, Milka se tourna tant bien que mal vers Aileen, tout en... En essayant d'articuler une sorte de murmure qui ressemblait plus à une tentative de hurlement à bas volume raté qu'autre chose...

« -Hé Aileeeeen!! Tu veux du... Thé?! C'est du thé spécial!
-Hein? Spécial comment? »

Hum. Vu l'état du jeune loup, elle se méfiait un peu, il n'avait pas l'air dans son assiette, à croire qu'il avait mangé un truc pas très frais...
Elle attendit que lui et Lindorie (qui avait l'air de s'être laissé tomber dans l'herbe, vu le son de chute amortie et le rire étrange qu'Aileen perçut) finissent de crier une nouvelle fois, pour des raisons qu'eux seuls connaissaient...

« -HEEEEEEY!! QUI VEUT DU THE?! (personne ne répondit, trop occupés qu'ils étaient à faire la fête.)
-Milka! Il est spécial comment, ton thé? La jeune elfe insistait...
-Spécial comme... Comme quand y a de la violeeeeeeette dedaaans!! »

Ah, cette fois il avait presque réussit à parler d'une voix normale.

« -De la violette?! Ah, c'est pour ça, vos hurlements de cinglés!
-Mais... Mais on est pas cinglés!! Répondit le loup, d'un air qui... contredisait totalement sa phrase.... Vient, je vais te faire goûter, tu vas voir!! »

Sans attendre son avis, il vit volte face, et manqua de choir à son tour, tituba tant bien que mal un peu plus loin et se pencha pour prendre un tasse de thé encore chaud. Il la tendit d'un air impérieux à Aileen, qui regardait la tasse d'un air stupéfait.
« -Tiens, boit ça!! Tu verras, c'est joli!
-Euh..... Si tu le dis... Je risque rien au moins?
-Ben non, regarde moi, je vais bien non?
-MILKAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!!!!!
-LINDORIEEEEEEEEEEEEEEEEEEE!!! 
-..... Ouais, euh... »

Elle avala la tasse d'un trait. Le thé n'était pas mauvais en soit, mais la violette donnait un petit goût piquant et épicé qui relevait le tout...Tant qu'à supporter des hurlements, autant savoir pourquoi il le fallait! Elle laissa nonchalamment tomber le récipient vide au sol tout en cherchait Lindorie et Milka du regard.

« -Ben, Milka? C'est quoi le truc, alors? »

bizarrement, elle voyait l'elfe, mais elle ne l'entendait pas... D'ailleurs elle ne s'entendait pas parler non plus! Dans l'air résonnait maintenant un étrange brouhaha à la fois cacophonique et mélodieux qui couvrait tout les autres sons. Vous l'aurez comprit, la violette et le thé donnaient un drôle de mélange. Quoi qu'il en soit, Aileen ne pensa pas une seule seconde à cela et préféra appeler Milka comme il se doit quand on ne s'entend plus parler...

« -MILKAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!!!!! »

Et par un étrange phénomène, quand elle criait les sons disparaissaient... Mais ils revenaient dès qu'elle se taisait, autant dire que c'était compliqué...
Et puis, la terre commença à bouger, elle ne se demanda pas non plus pourquoi, c'était évident. Tout le monde sait que les mange-cailloux géants remontent parfois à la surface et font tanguer Olympia toute entière!!
Tout du moins, c'est le cas quand on est soumit aux effets de la violette.

Zigzaguant entre deux mange-cailloux, Aileen arriva enfin près de Milka, tout en continuant de l'appeler mais il ne semblait pas l'entendre... Jusqu'à ce qu'il se tourne vers elle. L'iris de ses yeux semblaient couler le long de son corps, le colorant entièrement en violet tandis qu'il changeait de forme... Et se mettait à ressembler à une grosse bestiole bizarre....
Bizarre et violette.

Elle se frotta les yeux, pour s'assurer qu'elle n'hallucinait pas, mais non, Milka était toujours là, et Lindorie lui semblait soudain aussi grande que le plus grand des arbres de la forêt des cendres mais également aussi fine que la plus fine des tiges de violette...

Tout autour d'elle gravitaient tour à tour des lapins blancs à la fourrure tachée de sang, suivit de ces étranges animaux visqueux de la mer émeraude...

Lindorie arriva dans le camp au petit matin. Elle avait pris du retard à force de s'attarder en chemin à cueillir des violettes, une sorte de fascination étrange chez elle...
Quand le camp fut enfin en vue, ce fut avec une certaine appréhension qu'elle y entra. Les autres personnes semblaient vaquer à leurs occupations sans vraiment se soucier de la nouvelle arrivée. Elle avait entendu qu'un mariage se préparait mais elle ne connaissait que peu les mariés mais était heureuse de voir un peu de bonheur dans ce monde toujours en guerre. Et c'est à l'entrée qu'elle rencontra une vielle connaissance, et elle laissa libre cours à sa joie. Où plutôt à sa voix....

« MILKAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!! »

Celui-ci d'abord étonné, lui répondit de suite par un cri tout aussi strident provoquant l'étonnement l'indignation, voir la suspicion de ceux qui se trouvaient aux alentours :

« LINDORIEEEEEEEEEEEEEEEEE !!!»

Lindorie remarqua alors quelque chose d'un peu différent dans le regard de Milka, comme s'il avait fumé de la violette ou tout autre effet approchant...

« T'a fumé de la violette t'a l'air tout bizarre !
-Mais non je vais très bien ! Tiens goûte ça on m'en a donné c'est du thé à la violette ! Je suis certain que tu vas adorer !
-Violette ? Ça ne peut que faire du bien ! »

Sur ce Milka lui tendit une gourde remplis du liquide violet. Lindorie n'hésita pas une seconde et bus plusieurs gorgée du liquide encore chaud puis retendis le récipient à son ami. Elle eut tout d'abord l'impression de plonger, plonger, plonger... comme si la terre s'effondrait , le ciel remplissant tout son champ de vision, la terre disparaissant sous ses pieds. Puis peu un peu elle se mit à remonter, remonter, remonter...quittant le sol d'Olympia pour rejoindre les faucons qui planaient dans le ciel. Ils se mirent alors à tournoyer dans une ronde majestueuse autour d'elle. Il n'y avait plus que leur vol hypnotique, la laissant seule dans les nuages. Puis soudain une voix la rappela , lui coupant les ailes et l'entrainant dans une énorme chut jusqu'au sol. C'était une énorme marmotte qui lui parlait, elle paraissait doué de paroles. Elle se mit alors à hurler.

« LINDORIEEEEEEEEEEEEEEEEE ! »

La jeune elfe, se mit alors à comprendre, enfin si l'on peut considérer que l'on puisse comprendre quelque chose dans cet était...

« -MILKAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!! (Un hurlement à vous faire fondre les tympans...) Wouaaaah, drôle d'effet mais j'aime bien!! 
-LINDORIEEEEEEEEEEEEEEEEE!!!!!! J'te l'avais dit que c'est trop bien!! »

Les sons n'effleurèrent que pendant quelques secondes ses tympans comme si la violette rendait sourde. Les mots ne faisaient que résonner dans son crâne, comme s'ils étaient assourdis de telle sorte qu'il fallait hurler pour pourvoir leur donner ne serait-ce qu'une once de sens ! Soudain elle vit un énorme nounours vert, bien en chair et au poil soyeux s'approcher d'eux. Elle n'eut qu'une envie : le prendre dans ses bras ! Celui-ci prononça quelque mots en direction de la marmotte mais elle n'en compris pas un traître mot. Cependant un papillon qui passait par là attira son attention, et en voulant le suivre, elle chuta dans l'herbe non sans rire et en suivant des yeux de nouveau le papillon... Elle entendit vaguement proposer la marmotte proposer du thé aux diverses personnes mais ne su pas vraiment s'il y avait qui accepteraient... Alors elle tenta de nouveau de l'appeler non sans essayer de se relever, ce qui fut une entreprise des plus périlleuses...

« MILKAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA »
« LINDORIEEEEEEEEEEEEEEEEE »

Au moins l'entendait-il toujours crier. Quand soudain l'ourson vert se mit également à crier :

« MILKAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA »

Lindorie se douta alors qu'il avait succombé à l'appel de la violette !
Elle se rapprocha alors de Milka et de l'ourson qu'elle regardait avec des yeux pétillant. Elle reprenait peu à peu ses esprits. Où plutôt elle n'était plus obligée de hurler en permanence, le papillon lui ayant apporter un sonotone de la plus grande facture. Comme quoi il faut toujours avoir un papillon sous la main !

« Hey ! Mila tu crois que le papillon il va voleter encore longtemps ? Il est est parti vers le rassemblement de gens bizarres là-bas ! »

Sa voix vacillait quelque peu mais elle restait à peu près compréhensible, et tout en disant ses paroles elle indiqua le camp où la fête du mariage battait son plein.

« Regarde celui-là là-bas avec sa grosse tête et ses tour petits pieds ! Il est habillée tout bizarrement ! On dirait un pivert. Si on allait le repeindre ?
- Tu veux dire celui avec les grandes mains et les jambes disproportionnées ? »
- Mais nan celui-là, là-bas avec la tête difforme ! »

Leur faire comprendre qu'ils ne percevaient pas le monde de la même façon aurait été un peine perdue pour quiconque aurait essayé, heureusement le langage des signes fonctionna et ils se dirigèrent ensemble vers leur pauvre victime... Aileen elle, s'éloignait en direction de Nil mais nul n'aurait su dire si elle savait qui elle approchait....
Avec ces 3 là le mariage risquait de vite tourner au désastre... ou plutôt en un joyeux bazar... C'est ainsi que Lindorie et Milka s'approchèrent, non sans mal et sans tituber vers leur malheureuse victime...

« Dis, plus on s'en approche plus je trouve qu'il manque de couleurs.... Milka, hey, tu m'entends ?
-Oui oui.. j'ai mal au cheveux... Attends c'est vrai qu'il est...euh... pas très gay...euh... Joyeux...On a qu'a le colorier...
-Dis, monsieur le papillon t'a pas une idée ?
-Hein mais je suis pas un papillon ?
-Nan toi t'es une marmotte ! Le papillon là-bas sur le truc bizarre de toutes les couleurs ! »

Le « truc bizarre » en question n'était autre que le gâteau de mariage des époux...

« Hey mais attend toi aussi tu le vois le papillon ?
-Ba oui, un papillon violet qui donnes des sonotones c'est pas courant ! Tu crois que c'est une signe ?
-Oui c'est un siiigne du destin, allons chercher le truc coloré ! C'est le papillon qui nous l'indique ! »

Sur cette dernière phrase Milka, « s'élança », en direction du gâteau non sans chuter une ou deux fois. Lindorie le suivit tant bien que mal. Leur avancée dans le camp ne passait pas inaperçu, mais faisait plus rire dans cette ambiance festive. En temps normal ils se seraient fait sévèrement blâmés. C'est ainsi qu'ils arrivèrent près du « truc bizarre ». Elen qui avais remarqué le cheminement laborieux des deux compères, décida tout de même de les ramener à l'ordre, histoire d'éviter tout incident.

« Milka, Lindorie, vous ne pourriez pas vous.... »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que la tenue du marié, ainsi que sa tête passablement énervée, se retrouva couverte de crème, de mousse, et de fruits ...

« Maintenant t'es tout coloré !! »

Avant qu'Elen ne puisse répondre à cette boutade de la part de Milka, on entendit un énorme bruit dans l'eau, comme si quelqu'un avait lâché un énorme caillou dans l'eau. Cependant ce bruit fut suivis d'un cri de Nil'nelia... Aileen avait dut faire des siennes...
Ce qui n'empêcha pas Milka et Lindorie de continuer à rire tout en suivant le papillon qui voletait dans divers direction.

Il y avait toujours cette drôle musique insistante, assourdissante, qui emplissait l'air. Et puis les mange-cailloux qui continuaient à faire tanguer la terre...
Et cet animal violet qui avait l'air de vouloir parler avec l'asperge géante que Lindorie était devenue...
Complètement absurde. Tout le monde sait bien que les asperges n'adressent la parole à personne mis à part aux poireaux.
Aileen décida qu'il fallait en informer le truc violet, que l'asperge ne lui répondrait pas, mais elle les vit alors s'éloigner, esquivant tant bien que mal les mange-cailloux qui passaient par là. Ces derniers s'approchaient dangereusement de la fête que la jeune elfe avait quitté, à peine quelques minutes auparavant...
Elle décida donc de rejoindre ses camarades pour leur intimer de faire moins de bruit pour ne pas courir de risque, mais elle faillit tomber, déséquilibrée par un de ces animaux qui s'acharnait à passer sous ses pieds! C'est donc d'une démarche incertaine, manquant de tomber à chaque instant qu'elle retourna au milieu des fêtards...
Et puis elle le vit...
Le poireaux le plus gigantesque, le plus beau et le plus brillant qu'Olympia ait jamais porté! Aileen le savait, il n'était pas là par hasard. Il devait, il fallait qu'il rencontre l'asperge de tout à l'heure!

Alors elle commença à courir, bousculant quelques personnes, gardant l'équilibre tant bien que mal, en direction de...
Nil'Nelia.

Mais Aileen ne la voyait que comme un énorme légume vert, sous l'effet psychotrope du thé à la violette, sans aucun doute.
Un instant elle cru apercevoir un mange-caillou qui voulait s'approprier son poireau... Mais elle ne se laisserait pas faire!! Elle courut de plus belle, encore plus vite et fonça vers l'imposant végétal qui semblait s'être mué en elfe, tandis que la jeune elfe approchait... Mais ce n'était qu'une ruse destinée à abuser les sens imparfaits de l'abominable mange-cailloux!
Elle hurla :

«-ATTENTIOOOOOOOOOOON!! IL VA T'ATTRAPER!!»

Prise dans son élan, Aileen ne réussit pas à s'arrêter, tomba tout en tentant de se retenir à ce qu'elle pouvait attraper, en l'occurrence, Nil'Nelia.
Mais la jeune mariée avait été si surprise par l'attaque soudaine du mange cailloux et par le dévouement d'Aileen (qui voulait uniquement la protéger de la créature) qu'elle ne put rien faire d'autre que l'accompagner dans son inexorable sinon inévitable chute...

PLOUF!!!

Derrière elle, Milka et Lindorie, criant qu'ils devaient suivre un papillon d'une importance capitale, couraient eux aussi en direction de la mer...

re-PLOUF!!!

L'eau froide semblant plus ou moins leur remettre les idées en place, puisqu'ils se regardèrent tous, sans réellement comprendre ce qu'il s'était passé... Le papillon, les mange-cailloux, l'ourson vert, l'animal violet, l'asperge... Tout avait disparut...
Aileen tourna la tête vers le rivage et vit Elen, les vêtements maculé de ce qui avait été autrefois un gâteau, ou quelque chose du genre, les regarder l'air sévère... Et puis elle vit Nil et sa robe trempée, à côté d'elle...

« -...Nil!! Oh, non j'suis désolée, ta robe!! Ça va? J'voulais pas, je.. C'est à cause des mange-cailloux, je... J'suis vraiment déso... »

Et puis elle réalisa à quel point la scène était incongrue et stupide et éclata de rire...
Lindorie et Milka, toujours un peu sonné, se regardèrent et, arrivant mutuellement à la même constatation, ne purent que faire de même.

L'Intendant fut sauvagement attaqué par Lindorie et Milka, à coup de gateau. Son costume se trouva bien vite taché. Dans son dos, il entendit successivement deux chutes, dans les eaux fraiches de la mer Emeraude. Aileen avait frappé, à son tour, et la mariée, son épouse, était trempée, assise dans les vagues, son doux visage étonné et triste que son mariage, qu'elle voulait parfait, soit gâché...

Elen, les poings sur les épaules, sourcils froncés, lançait un regard assassin vers les trois compères.

« Alors c'est ainsi ? Par votre bêtise et votre insouciance, vous avez gaché cette fête. Et pire encore !»

Il se saisit vivement d'une part de gateau, ou du moins d'un morceau approchant, et le jeta sur Milka !

« Vous avez oublié de m'inviter à la bataille ! »

Son apprenti eut le visage maculé de crème et de fruits ! L'air hébété de son apprenti le fit éclaté de rire et, se saisissant d'une nouvelle part de gateau, le visage rayonnant, il lança un cri de guerre puissant :

« Tous sur Lindorie, Aileen et Milka ! »

La part de gateau vola et atterrit dans la face de la jeune Faucon. Le visage de Aileen se retrouva bientôt lui aussi couvert du déssert tandis que Elen, à grande enjambée sautait vivement à l'eau, éclaboussant les trois importuns figés de stupeur...

Une bataille d'eau et de nourriture, aussi surprenante qu'étrange, se lança bientôt entre les quatre personnes, devant les convives stupéfaits et sous le regard à la fois désapprobateur et amusé de la mariée !

Durant ces quelques instants, Elen ne fut plus que Elen...

Comme lorsqu'il avait rencontré Nil pour la première fois...

Si longtemps auparavant...

Le mariage terminé, après qu'ils eurent organisé une fête sympathique mais discrète, il était temps de de mettre au travail. Le groupe se rassembla le lendemain matin, auprès de Elen, qui voulait rappeler l'objet de leur quête :

Mes amis, la créature de flamme que nous avons rencontrée au Gouffre des Lunes nous a confié une mission. Elle m'a bien fait comprendre que cela avait une grande importance pour elle et qu'en cas de manquement ou d'échec elle nuirait fortement. Ma promesse engage les Forestiers dans leur ensemble, si ce n'est tous les mortels d'Olympia. Après tout, aux yeux de cet élémentaire, il serait bien étrange qu'un Olympien et un Elfe soient différents...

Cet élémentaire a besoin que nous lui rapportions quelque chose provenant de la mer Émeraude. Quelque chose l'aidant, probablement, à lutter contre -=EAU=- dans sa caverne. Ou quelque chose qui puisse lui servir d'offrande pour que cesse la bataille entre les flots et les flammes. Mais je ne suis pas certains de cela car ce sont là mes propres déductions. Le plus important est de trouver cet objet, cet artefact ou cette chose...

Il communiqua avec moi, par le biais d'une transe légère. Cela suscitait des émotions en moi, une sorte de mélodie insonore qui se graverait dans mon esprit.

Cela m'évoqua un son de flûte très bas, de cor ou d'orgue peut-être. Puis des étoiles qui s'éclairent, soit dans les cieux, mais plus probablement sur un rivage où l'écume scintille sous la caresse d'un lever de soleil.

C'est de cela que la créature a besoin, de l'essence même de cette chose. Je ne sais pas sous quelle forme nous pourrions la trouver, mais je doute que cet objet ne soit pas magique.

J'ai tenté de communiquer avec Luwö, juste avant notre départ, me disant qu'il pourrait peut-être nous aider. Mais ce ne fut pas le cas...

Elen frissonna en se remémorant ce cuisant échec...

A présent, il nous faut chercher, par nous même. Est-ce que l'un d'entre vous aurait une idée qui nous aiderait ?

Aileen ne savait plus trop si la fête du mariage s'était terminée la veille ou quelques jours auparavant... L'effet rémanent du thé à la violette semblait lui faire perdre un peu la notion du temps...
Mais les quelques taches de crème et de glaçage, très récentes, qui restaient sur ses vêtements ainsi que sa fatigue lui laissèrent penser qu'il ne s'était pas écoulé plus d'une nuit, depuis qu'elle avait goûté au merveilleux breuvage de Thalie...
Quoi qu'il en soit, l'heure n'était plus aux réjouissances et tout le monde était à nouveau réunit autour d'Elen qui, posément et sans la moindre trace de fatigue (ni de gâteau, par ailleurs...), expliquait la situation.
L'ensemble du groupe écoutait attentivement, silencieusement, saisissant toute l'importance de la mission qui leur était confiée.

Aileen bailla et s'étira quand il eut finit... Des idées... Pour le moment, elle n'en avait pas et ce n'était pas très bien parti.
Partant du principe qu'elle ne s'y connaissait pas plus que ça en magie, réfléchir à la possibilité d'existence d'un artéfact lui semblait une tâche difficile. Elle s'éloigna un peu et marcha quelques pas sur plage en réfléchissant...

« -Bon... Maintenant, il faut trouver le rapport entre... Du feu, de l'eau, un son grave, l'écume ou des étoiles... »

Elle finit par s'asseoir sur le sable, face à la mer -elle aimait bien regarder les vagues- et y resta un petit moment.
De fil en aiguille, ses pensées dérivèrent du sujet initial sans qu'elle s'en rende compte...

« - ...pas une bonne idée, mais quand même, tout le monde sait que les lapins aiment les carottes... Euh, pourquoi je penses à ça moi? »

Elle secoua la tête, bailla une nouvelle fois et essaya de se concentrer à nouveau sur le problème initial.
Mais à vrai dire elle n'y arrivait pas très bien... La seule idée qui lui était venu à l'esprit lui paraissait tellement naïve qu'elle l'avait tout de suite écartée. Mais... Elle n'avait rien d'autre à proposer...

« -Tant qu'à faire, se dit-elle, j'vais aller en parler quand même à Elen... Ça servira peut être un jour. »

Ainsi, elle retourna voir l'Intendant des Loups, un peu plus loin, sa petite idée tellement naïve en tête.

« -Euh... Elen? Je... J'ai eu une idée, je ne pense pas que ça vaille grand chose, mais de toute façon j'ai rien d'autre pour le moment, donc... Voilà. »

Elle prit une grande inspiration, elle se un peu bête...

« -Donc, en fait, mes parents ont beaucoup voyagé et ils me disaient souvent qu'au bord de la mer, il y avait des coquillages et qu'on pouvait entendre le bruit des vagues, comme si elles avaient été piégées dedans. Juste en le mettant sur son oreille, en fait... Mon père m'a fait essayé, il en avait gardé un en souvenir, et c'est pas tout à fait le même bruit qu'en vrai mais c'est très ressemblant... Enfin je crois, je me souvient plus très bien, en fait et... Bon, ça a pas vraiment de rapport avec une flûte ni un cor, parce que c'est très faible mais c'est un son qui donne plutôt dans les graves... »

Oui, alors là, elle pouvait le dire, elle se sentait complètement stupide, avec son histoire pour enfants...

Dans la pénombre, l’écriture de la lettre était assez difficile. Aniel était remonté prêt de l’entrée pour avoir un minimum de lumière pour rédiger sa lettre. La traversé du rivage de l’île jusqu’à la grotte s’était fait avec une relative tranquillité. Mais ce n’était rien en comparaison du sentiment de solitude qui s’emparait de l’explorateur de la cavité, qui s’engageait dans les profondeurs. Solitude certes, mais plus encore un sentiment pesant et oppressant pour l’esprit de l’aventurier solitaire. L’espace autour de lui lui permettait une assez grande liberté de mouvement mais ce qu’il distinguait dans la pénombre piégeait parfois son esprit dans la peur. Le guetteur, habitué aux grands espaces, se trouvait épisodiquement pris de crises d’angoisse, bouleversant ses repères, lui faisant perdre sa lucidité, au point qu’il perçoive les stalactites et les stalagmites qui l’entoure comme les rangées de dents d’un monstre prêt à l’engloutir et l’entraver au centre de la terre. Hallucinations aussi brèves qu’intenses lors de sa première tentative, ou il remontait presque en courant vers la lumière du jour qui l’éblouissait. Il avait finalement trouvé son équilibre dans ce milieux nouveau et il se remettait à guetter, comptant plus sur son ouïe qu’à l’accoutumée.

Chers camarades explorateurs,

J’ai atteint l’îlot central de la mer d’Émeraude et me trouve actuellement dans la grotte. Je n’ai pour le moment rien vu ou surtout rien entendu d’intrigant pour le moment dans les environs. Je continue les recherches jusqu’à l’arrivée de l’un d’entre vous.

Aileen eut tout de suite une idée : les coquillages reproduisaient, par un prodédé impossible à appréhender pour les Elfes, les bruits des vagues et de la mer.

L’idée est bonne, Aileen. Néanmoins, il y a beaucoup de coquillages ici. Je doute que nous puissions trouver une coquille particulière parmi toutes celles-ci, à moins qu’une magie émane d’elle. Thalie et Nil pourraient sans doute la percevoir...

L’elfe réfléchit un instant. La température avait baissé et il pleuvait à présent. Ils avaient eu de la chance de pouvoir faire le mariage sans problèmes, sous un soleil clément.

J’y pense ! Les Ondins sont des créatures aquatique, non ? Nous en avons rencontré dans les ruines de Kazad. Je crois volontier qu’il doit exister des colonies d’Ondins sur ces rivages. Mais je ne suis certain que nous puissions parler librement de nos recherches avec eux, surtout si parce que nous les entreprenons pour le compte d’un serviteur de -=FEU=- alors qu’eux servent Poséidon et -=EAU=-.

Le plus partinent, selon moi, serait d’attirer ici une créature d’une intelligence raisonnable, afin de communiquer avec elle. Mais comment ?

Les sirènes, bien qu’elles possédant des ailes, étaient des créatures proches de ondins. On racontait qu’elles appréciaient la musique. D’une manière générale, il aviat l’intuition que les créatures aquatiques seraient probablement fascinées par toute démonstration d’art en provenance de gens de la surface. Un peu comme lui serait ébahi devant leurs chants...

Il tentait de considérer l’option de jouer un air, contre le vent et la tempête. Alors qu’il doutiat de pouvoir jouer suffisemment fort, une missive de Aniel lui parvint : le courageux Lutin s’était embarqué sur une esquif (dont Elen ignorait la nature) et il avait traversé les flots en direction d’une île qui figurait sur les anciennes cartes. Il semblait n’avoir rien trouvé sur l’île, d’après sa lettre.

Le problème était que le Lutin se retrouvait seul là bas, à la merci des éléments et d’éventuels ennemis. Et cela, ils ne pouvaient se le permettre.

Il faut absolument que des gens rejoignent Aniel ! Mais avec ce vent, la chose semble difficile...

Milka reprit peu à peu ses esprits. Il se réveilla sur la plage à proximité du campement, il était couvert de la tête aux pieds du crème et de fruits, surement provenant du gâteau. La plage, elle aussi était couverte de crème. Milka essaya de se souvenir de la veille au soir mais seules quelques bribes de souvenirs remontèrent dans son esprit,ils ne se souvenir de son adrakil le barbouillent de crème à la multiple couleur, du regard ébahi de plusieurs forestiers, de Nil’nellia trempées jusqu’au os, et de ses 2 compères : Aleen en et Lindorie rigolant à n’en plus finir. Mais déjà il était temps de se mettre au travail il rejoignit le cercle formé autour d’Elen. À peine la réunion terminée, un terrible mal de tête se déclencha, il est temps pour l’elfe d’aller se refaire une petite sieste, il alla donc s’allongeait sur le sable blond de la plage. Il se rêvailla quelques heures plus tard enfin il le supposait, le soleil en effet était caché par des nuages, le mettant dans l’incapacité à déterminer une heure. Le clapotis de l’eau ajoutait à fine pluie s’écrasant sur un coquillage biscornu créer une douce mélodie le réveillant en douceur.


« -tiens ce coquillage ressemble à un cor.
Mais voilà ce que l’on cherche peut-être !
Après tout, l’association de la pluie et de l’eau du le coquillage créer une douce mélodie la même que celle d’Elen peut être, la pluie peut être comparée à des étoiles grâce au rayon solaire de quelque éclaircies, l’écume de la mer, ici aussi il y en a autour du coquillage.
Bon allons chercher Elen pour lui montrer !
Voilà c’est ça ! Dit-il en montrant le coquillage. »

Il n’avait plus de nouvelle de Aniel, seul sur cette île sans doute battue par la tempête et aucun de ses compagnons n’avait fait mine de rejoindre le pauvre Lutin... Peut-être devrait-il le faire lui même, finalement...

Tandis que Elen se perdait dans ses réflexions, son apprenti vint joyeusement le voir avec un coquillage ressemblant à s’y méprendre à un cor. Peut-être produirait-il un son si l’on soufflait dedans mais Elen n’était pas certain que la chose fut possible... Il ne chercha cependant pas à décourager son apprenti :

Très belle trouvaille, Milka. Peut-être devrais-tu essayer de souffler dedans, pour voir le son qu’il produira. Souffle, et souffle jusqu’à ce que la tempête et la mer te répondent. L’eau et l’air dansent un ballet dont nous devons devenir l’orchestre. Et c’est ainsi, et seulement ainsi, que nous pourrons entrer en phase avec ce que nous a décrit l’élémentaire dans sa caverne.

En vérité, il souhaitait jouer cet air que Logdé avait placé dans son esprit, ou tout au moins ce que lui avait inspiré sa communication avec l’élémentaire. Il allait devrait jouer haut et fort pour défier les vents, mais il se sentait capable de reproduire ce que l’élémentaire avait placé dans son esprit selon les souvenirs qu’il en avait...

Il fit quelque pas en direction de la mer, retirant ses chausses avant de plonger les pieds dans le sable, là où les vagues venaient lécher la plage, pour que les vibrations sonores qu’il allait produire parcourent à la fois la terre, l’eau et l’air.

Il se saisit de sa flute et, fixant le large, il souffla dans l’instrument. La mélodie, d’abord hésitante, devint plus clair et plus grave à mesure qu’il synchronisait ses intentions avec la mélodie qui parcourait sans relâche son esprit. Elles s’imbriquaient tant qu’il était certain d’avoir reproduit de son mieux le discours de l’élémentaire.

Lorsqu’il acheva de retranscrire les ”paroles” de l’élémentaire, la musique continua d’elle même, comme si son esprit avait naturellement connu cette forme de langage. La musique qu’il jouait passa de la tonalité très descriptive de Logdé Pyros à un appel, légèrement plus aigu.

Il ne savait pas si son esprit lui jouait des tours, mais son appel semblait accompagner les hurlements du vent et des vagues. Le ressac et sa musique se mêlaient en des harmoniques étranges, comme un dialogue entre deux mondes. Les éléments semblaient lui répondre et même l’accompagner parfois, puis l’ensemble devenait dissonant et sauvage, les sons s’affrontant et lutant pour se vaincre les uns les autres.

Il répéta inlassablement son appel, priant pour qu’une réponse lui parvienne malgré la probable inutilité de son initiative. Au bout de longues minutes, il diminua progressivement la tonalité de sa musique. Elle devint à peine audible tandis qu’il tendait l’oreille vers le large, à l’écoute d’une éventuelle réponse de la mer Emeraude...

Au départ la mélodie s’envola et fut aussitôt dissipée par le vent du large. Les notes ne parviennaient qu’à peine aux auditeurs les plus proches.
Puis elle prit de l’ampleur et sembla se frayer un chemin au fur et à mesure qu’Elen s’accordait avec le sens de sa vision.

La visibilité se dégageait, suivant le tracé des hauts-fonds qui affleurent parfois en banc de sable détrempé. En scrutant l’eau, les plus observateurs virent des mouvements, comme si des courants plus denses se créaient parfois pour tournoyer rapidement et disparaître...

Encouragé par les éléments tournoyants du fond marin, Elen reprit de plus belle son appel. Il le lança haut et clair vers l’horizon, faisant trois pas en avant pour que les vagues le mouillent jusqu’à mi mollet et plongeant ses pieds plus profondément dans le sable.

Il regretta de ne pouvoir jouer que d’après ses souvenirs, car un état de transe aussi minime soit-il pourrait s’avérer dangereux, vu ses dernières expériences... Peut-être s’y risquerait-il plus tard, si la situation l’exigeait expressément...

Aileen sourit. Visiblement, elle n’était pas la seule à avoir pensé aux coquillages. Milka, un jeune Loup, y avait pensé aussi. Pas de la même façon, cela dit...
Mais dans un cas comme dans l’autre, ça n’avait pas l’air d’être la bonne solution.
Tant pis, elle garderai son histoire pour elle.

Puis elle vit Elen s’avancer devant la mer, non loin de là où elle même s’asseyait assez souvent pour regarder les vagues. Il sortit sa flûte et commença à jouer. Aileen était un peu trop loin pour entendre la mélodie. Si forte qu’elle fut, le fort vent marin et le puissant ressac des vagues en masquaient le son.
Curieuse, elle se rapprocha jusqu’à ce qu’elle puisse en percevoir les notes.

L’air qu’Elen jouait ne lui rappelait rien... Elle ne l’avait jamais entendu. Elle se demandait même pourquoi il jouait de la flûte, planté au bord de l’eau... Jusqu’à ce que le son s’élève plus haut, accompagnant les vagues, suivant le vent... Un peu comme si il voulait exprimer la puissance du vent et de la mer dans un air de musique. A ce moment là, Aileen comprit que ce qu’il jouait, c’était la mélodie que lui avait transmit Logdé Pyros.

La jeune elfe l’observa pendant plusieurs minutes, sa curiosité pleinement éveillée, durant lesquelles le vent et l’eau battaient le rivage, suivant un rythme étrange. Ensuite, le son devint de plus en plus faible, tant et si bien qu’Aileen, pourtant à quelques mètres, n’entendait plus la musique. A vrai dire, elle aurait juré qu’il avait arrêté de jouer si elle n’avait pas vu qu’il tenait toujours la flûte...

Et puis elle remarqua que la surface de l’eau, d’habitude si tumultueuse, commençait à changer. Peut être devenait-elle plus claire, ce n’était pas facile à dire tant le phénomène était étrange... Quelque chose se passait dans l’eau, juste devant Elen. L’intendant semblait l’avoir remarqué aussi et il s’avança dans les vagues.
Aileen courut dans sa direction, faisant fi de l’eau glaciale qui allait tremper ses vêtements. Son regard restait fixé sur la surface de l’eau. Elle avait passé de longs moments à l’observer depuis que le groupe était arrivé et elle n’avait jamais rien vu de pareil.

Il y avait comme un « chemin » qui s’ouvrait, un chemin qu’une étrange force, peut être issue de la musique onirique de la flûte, dévoilait, mettant à jour des hauts fonds que nuls n’avaient vus.
Arrivée aux côtés du flûtiste, Aileen s’arrêta un instant et regarda l’eau juste devant elle. Elle remarqua d’étranges tourbillons, si furtifs qu’elle n’était même pas sûre de les avoir vraiment vus.
Elle jeta un œil à l’horizon puis baissa à nouveau le regard. Elle se risqua à faire un pas en avant, sur la route étroite qui s’était dessinée dans l’eau...
Puis un autre, et puis encore un...
Elle avançait très prudemment, très lentement à petits pas, de peur de... De quoi? Elle n’en savait trop rien pour le moment...

Effectivement, malgré le mauvais temps qui perdurait, le chemin se dévoilait petit à petit. Aucun ne saurait dire si c’était le résultat d’une véritable ”action miraculeuse” ou seulement leurs observations prolongées qui portaient enfin leurs fruits pour percevoir ces bancs de sable et ces rochers pratiquables que la mer semblait hésiter à malmener...

Alors qu’Aileen et Elen progressaient dans l’eau, ne s’enfonçant que très peu près du rivage, ils sentirent une pression contre leurs chevilles, une masse incongrue qui vint buter assez différemment de simples vagues qui seraient briser à leur contact...

Doucement... Tout doucement... Et... Ho? C’est quoi...?
Aileen s’arrêta tout net en sentant une étrange pression sur ses chevilles. Elle essaya de voir ce que ce c’était mais la surface de l’eau ne lui révélait rien d’autre que ses pieds s’enfonçant légèrement dans le sable...
Elle se retourna vers Elen, qui toujours jouait son étrange mélodie et cria dans sa direction.

« -Elen!! J’ai sentit quelque chose, là! Dans l’eau! Je sais pas ce que c’est, c’est invisible! »

Etrangement, elle n’avait pas peur. Sa curiosité et son envie d’en savoir plus pour identifier ce phénomène avaient prit le pas sur son inquiétude. Néanmoins, elle n’en avait pas perdu toute notion de prudence et prenait nombre de précautions à chacun de ses mouvements, lents et calculés comme si la moindre erreur aurait pu lui être fatale...
D’abord elle essaya d’avancer son pied, juste un peu, pour voir si quelque chose passait, si la pression changeait.

Dans le même temps, elle tendit la main devant elle en l’abaissant progressivement en direction de ses pieds pour essayer d’évaluer la forme, la distance ou quoi que ce soit d’autre sur les dimensions, les caractéristiques de l’objet ou tout autre phénomène qui se trouvait devant elle.

Malgré son effective curiosité, elle n’en restait pas moins sur la défensive et prête à reculer d’un bond à tout moment.

Tandis qu’il jouait, Aileen progressait à petit pas sur le banc de sable. Pour accompagner la Cerf dans sa progression, il la suivit à son tour, tout en jouant, espérant que cela leur dégagerait la voie. Mais à peine avaient-ils faits quelques pas que quelque chose sembla s’opposer à ce qu’ils poursuivent.

Il sentait quelque chose onduler contre ses pieds, comme un serpent, à ceci près que cela ne n’avait rien de commun avec un animal vivant. C’était à la fois plus indistincts qu’un être vivant et pourtant suffisamment vigoureux pour l’empêcher d’avancer.

Elen hésitait à cesser de jouer pour expliquer à Aileen ce qu’il imaginait d’instinct, de crainte que l’apparition ne disparaisse ou ne devienne agressive.

Il s’agita afin d’attirer l’attention de Aileen et désigna du regard ses pieds, pour lui faire comprendre que lui aussi était gêné par quelque chose. D’un mouvement de tête, il désigna l’eau à ses pieds, et d’un autre, il montra la mer et embrassa l’horizon, espérant qu’Aileen comprendrait ce qu’il voulait dire. C’était la mer, qui venait à eux, ou en tout cas une émanation de la mer ou de -=EAU=-.

Il modifia sa mélodie, changeant l’appel en un discours calme et doux, pour établir un contact avec l’éventuelle créature qui était venue à eux. Les notes devenaient presque superflues. En vérité, seules les vibrations causées par l’instrument, son souffle et son rythme cardiaque devaient se répercuter dans le milieu aquatique. Mais il n’était pas impossible que la chose dispose de moyen de les écouter qu’ils ne pouvaient concevoir...

Nil’nelia avait rejoint une petite île sur la mer d’émeraude, celle là même découverte par Aniel. Cette traversée l’avait emplit de mélancolie. Le mariage s’était bien déroulé, elle était heureuse... mais, au fond d’elle même, l’absence de ses parents lui avait manqué plus qu’elle n’osait l’avouer. Elle était restée là, un long moment, à regarder l’océan, se laissant bercer par le murmure des vagues.

La pluie rendait le paysage féérique. C’était si dépaysant. Elle oublia l’objectif de leur quête quelques instants. Mais, du rivage, le vent lui apporta une douce mélodie. C’était Elen. Elle reconnaissait son mari jouer. Il appelait l’-=EAU=-. Elle n’avait que trop traîné. Il fallait rejoindre les autres. Calith et Tiamath d’ailleurs avait déjà plongé. Bien qu’ils avançaient assez vite, étant d’habiles nageurs, elle remarqua que leurs gestes demandaient plus d’effort qu’à l’aller. Il se passait quelque chose.

”Qu’est ce que c’est, murmura-t-elle en observant d’étranges mouvements dans la mer d’Emeraude. Que se passe-t-il ?” Au loin, il lui sembla même distinguer un banc de sable se dévoiler.

En pénétrant dans l’eau, elle sentit elle aussi cette petite résistance. Si d’aventure il lui arrivait quelque chose, il fallait rejoindre au plus vite le reste du groupe.

Elen s’agitait bizarrement pour attirer l’attention d’Aileen, chose qui ne la laissait pas indifférente, et elle du se retenir de rire...

Mais son hilarité ne dura pas, car sans cesser de jouer, Elen semblait essayer de lui faire comprendre quelque chose par d’étranges signes de tête.
Il regarda ses pieds, puis l’eau autour d’eux et enfin la mer dans son ensemble.
Aileen comprit qu’Elen avait sentit la présence étrange contre leurs pieds. Par contre, la suite du message lui semblait plus obscur. Elle resta quelques instants face à l’intendant, un peu perplexe.
Elle commença à réfléchir à voix haute, guettant les réactions d’Elen.

« -Heu... Attends, tu veux dire que... Cette eau bizarre, autour de nous... Elle... A un rapport avec la mer en général? Ça serait... Attends, la mer viendrait vers nous, c’est ça? Elle vient à notre rencontre? »

Elle se tourna vers l’horizon, ignorant ce qu’elle devait – ou ne devait pas – faire.

« -Et donc... On fait quoi? On continue d’avancer..? »

Elle hésitait un peu à continuer. La progression n’était pas impossible, seulement rendue un peu plus difficile... Néanmoins le phénomène avait de quoi confiner à la prudence. Elle attendit donc un signe d’Elen avant de faire quoi que ce soit.

Comme pour répondre à Aileen, Elen la dépassa, lentement, et s’avança le long du banc de sable, qui les entrainait de plus en plus loin. L’eau ne semblait pas vouloir les retenir, tout au plus se manifestait elle à eux par le biais de cette résistance.

Le reste du groupe, sa femme y compris, les avaient rejoint. C’est pourquoi il préférait être en tête de groupe, jugeant que c’était la position la plus risquée.

Il continuait à placer dans sa musique leurs intentions pacifique et à demander à la créature à l’origine du phénomène de se montrer à eux, pour qu’ils puissent échanger avec elle. Il espérait, en tous cas, que son message serait interprété comme tel.

Aileen le laissa passer et se remit en route à son tour, suivant le Loup de près, remarquant par la même occasion que d’autres membres du groupe les suivaient désormais.
Tandis que la musique onirique de la flûte continuait d’emplir l’atmosphère elle se demandait non sans une pointe d’excitation mais aussi de crainte, vers où tout ça allait les mener...

La route de sable était souvent entrecoupée de larges trous d’eau où il fallait nager. Mais la visibilité restait bonne à quelques dizaines de mètres autour du groupe alors que le reste de la mer était toujours brumeuse.

Les explorateurs finirent par apercevoir un haut fond plus large que les autres où poussaient une sorte de roseaux bien plus grands que tous ceux qu'ils avaient jamais vus.

Dans les trous d’eau, ce qui gênait l'avancée sembla s’agiter.

***

Lindorie avait suivit péniblement la progression d’Elen.

Le groupe se rassemblait peu à peu tel une longue procession avançant pour déposer une offrande à un quelconque Dieu. Elen, en grand chef de cérémonie menait la danse à travers une mer toujours pleine de brouillard. Il jonglait habilement à travers d’étranges parcelles d’eau dans lesquels semblaient habitées.

Lindorie s’enfonça dans l’une d’elle, et eu bien du mal à progresser comme si une présence, un animal, une plante, une créature mystique, ou peut-être autre chose, essayait de retarder leur avancée, stimulé par la musique du jeune marié.

Soudain, face à eux, des roseaux immenses qui ne devait pousser que sur cette petite partie d’Olympia. Lindorie, si elle n’avait pas été en train de nager aurait sûrement été subjuguée par ce miracle de la Nature. Ils continuèrent donc à s’en approcher.

La jeune elfe s’adressa alors au chef de l’expédition en espérant que malgré sa concentration il l’entendrait....

-Elen ! Je crois que l’on devrait aller examiner ses roseaux. J’ai lu beaucoup de livres et aucun de parlait de tel plante. Peut-être qu’en fouillant les fouillant, nous allons trouver un passage vers un autre endroit ou l’objet que tu cherches. Ou alors ce sont ces roseaux, mais j’en doute.

Lindorie craignait tout de même que l’écume n’est emporté ses quelques paroles au loin dans la vaste brume de la mer déchainée....

Elen avait du cesser de jouer lorsque l’eau entre les bancs de sables était devenue trop profonde. Et transporter son équipement en nageant n’avait pas été une mince affaire. La cotte de maille, par exemple, avait manqué de le fer couler et son épée avait provoqué des gerbes de vapeurs dans l’eau. Il lui faudrait graisser le tout avant peu sans quoi tout allait rouiller, surtout avec de l’eau de mer.

Le large banc de sable sur lequel poussaient des roseaux d’une taille exceptionnelle leur offrit un répit pour reprendre leur souffle.

Tu as raison, Lindorie. S’il n’y a pas quelque chose de magique derrière la taille de ses roseaux, que le ciel me tombe sur la tête. Peut-être y a-t-il puissante source de magie dessous, au sein de ce banc de sable : un artefact, un ancienne cité disparue ou quelque autre chose qui aurait poussé ces plantes à vouloir atteindre les cieux. Laissez moi tous une minute ou deux avant de commencer à les regarder de plus près.

Elen se tourna vers la mer, plaça ses mains en porte voix et cria dans le vent :

Si quelqu’un déclare cette île comme étant son domaine, qu’il sache que nous n’avons aucune intention belliqueuse. D’ailleurs, si l’éventuel possesseur de cet îlots déclarait que nous devions le quitter alors nous nous exécuterions. De plus, si ces roseaux ont une quelconque importance aux yeux des gens de la mers, alors qu’ils nous le disent avant que nous ne commencions à les observer. Nous éviterons, dans la mesure du possible, de les détériorer.

Si personne ne venait à répondre à tout ceci, nous jugerions que nous avons l’accord pour demeurer ici et nous livrer à des investigations sur ces plantes.

Suite à cette déclaration, Elen tendit l’oreille, attendant une éventuelle réponse. Bien qu’il y ait peu de chance pour que qui que ce soit parle leur langage en ces lieux, les paroles du cœur, elles, demeuraient universelles et le contenu de son message devrait passer la barrière linguistique...

Notant l’inquiétude d’Elen pour le lutin, le Faucon était parti, dans un premier temps, suivre le rivage pour atteindre l’île de la mer d’émeraude sans avoir à traverser la mer. Il appréciait relativement peu les violentes bourrasques et les vagues hautes couvertes de brume qui traversaient l’étendue aqueuse, nuisant autant à sa vision qu’à son ouïe. Rien ne le mettait en confiance, dans cette mer immense, et certainement pas son infinité qui lui donnait l’impression d’engouffrer le monde entier.
C’est donc avec plaisir que l’elfe se contenta d’attendre sur le petit îlot. Il laissa Aniel à ses affaires, se contentant de veiller à sa sécurité avec Tiamath. D’autres s’étaient aventurés dans les environs, mais n’étaient jamais restés bien longtemps. Tout était calme, pour le peu qu’il arrivait à en voir. Ses oreilles pointues, pourtant, finirent par capter un tout autre son que le bruit du vent et des vagues : Un petit air à la flûte qui traversait étrangement le brouillard.

Il ne lui fallut pas longtemps pour se décider à plier bagages, réunissant ses affaires en vue d’un brin de nage. Pour plus d’aisance, il retira ses bottes et son haut, laissant visible son seika aux ailes de faucon brisées présent dans son dos, barré par une large cicatrice. Laissant de côté tout ce qui craignait l’eau, il rangea ses vêtements à la place supplémentaire créée dans sa besace.
A cette distance, il apercevait déjà plusieurs bancs de sable qui lui semblaient inexistants au départ. Pour avoir chahuté avec Aileen sur l’un d’eux, il savait pertinemment que la mer s’étendait à perte de vue par la suite. Et pourtant ... D’autres se révélaient, le brouillard estompé.
C’est avec plus de récalcitrance que l’elfe se jeta à l’eau, nageant sur une courte distance pour rejoindre le sable et se rapprocher de la mélodie. Il aperçut rapidement Elen, ce qui le conforta, quelque part, mais une autre surprise le laissa bien plus amer. Une présence invisible dans l’eau semblait vouloir les retenir. Rien que de la sentir, Calith paniqua aussitôt, accélérant le rythme pour poser à nouveau pied à terre. Il rendit un regard dubitatif à l’eau, craignant comme un piège qui se refermait sur eux. Mais hormis ralentir leur progression, la présence n’était pas réellement agressive. Suffisament pourtant pour que le Faucon rechigne bien davantage à suivre l’Intendant du Loup. Il lui fallut alors bien plus de temps pour se décider à quitter un banc de sable pour en rejoindre un autre que d’effectuer en soi la traversée.
Ce fut mouillé de la tête au pied et erreinté qu’il atteint le petit îlot où se dressait les étranges roseaux. Son regard lançait des éclairs alors qu’il observait l’eau, inquisiteur.
”La mer risque de se refermer sur nous... Vous en êtes conscients ? On dirait bien que nous ne sommes pas les bienvenues ...”
Secouant vivement la tête pour chasser les mèches dégoulinantes qui lui tombaient sur le visage, il se força à reporter son attention sur l’objet de leur recherche. Ses yeux plissés, il détaillait les roseaux de haut en bas, et porta finalement une main hésitante vers la verdure, cherchant à sentir sa texture du bout des doigts.

”Qu’est-ce que c’est ...?”

L’eau s’agita et des courants devinrent franchement visibles tout autour de l’ilot. Ceux qui nageaint encore éprouvèrent de plus en plus de difficulté à avancer.
Alors qu’Elen avait arrêté de jouer, il semblait que les brumes se refermaient sur leur passage, ne laissant libre qu’un bon périmètre autour du sable où s’accrochaient les roseaux, qui oscillaient doucement.

***

Le brouillard qui se referme... Des courants étranges qui font voler le sable des fonds marins, comme animés d’une conscience comme l’étaient les étincelles dans la grotte de Logdé Pyros. Elen en était certain, à présent, quelque chose doué d’une intelligence au moins égale à celle d’un animal se trouvait là, bien qu’il ne les distingue pas. Et cette ou ces consciences refermaient un piège sur eux... L’eau deviendrait bientôt dangereuse pour tous ceux qui s’y trouvaient encore, Elen le présentait.

Venez vite sur le rivage ! appela-t-il.

Il se souvint que sa flute avait jusqu’alors guidé leur pas. Peut-être la musique fascinait-elle réellement les courant. Il chercha sa flute, dans sa besace trempée. Ses mains tremblaient à cause du froid et du vent qui s’abattaient sur ses vêtements trempés. Il laissa échapper l’instrument et du se pencher pour la récupérer.

Il la mit en bouche et recommença à jouer, pour tenter de renouer le dialogue avec les éléments. Pour se réchauffer et éviter que ses tremblements ne perturbent la musique, il commença à sautiller sur place, dansant et faisant des tours sur lui même espérant que les créatures étaient douées de visions et seraient à la fois interloquées par la musique et les pas de danse.

Aileen reprenait son souffle tant bien que mal sur le banc de sable. Nager était déjà un sport épuisant, mais en ajoutant à cela la résistance singulière de l’eau, la peur qui s’emparait des nageurs lorsqu’ils sentaient une étrange présence dans les trous d’eau, sans oublier le froid et le vent, la progression n’en était que plus difficile.
Lindorie et Elen étaient déjà en train de discourir au sujet des roseaux quand Calith arriva à son tour. Lui aussi semblait avoir eu bien du mal à les rejoindre sur l’îlot, mais il semblait se reprendre plus vite qu’Aileen...
Il semblait inquiet, et avait l’air de se sentir piégé... La jeune elfe le comprenait aisément mais pour l’heure, elle ne pensait pas avoir assez de souffle pour parler.

Un peu vexée d’avoir besoin d’autant de temps pour récupérer, elle se força à se redresser et essaya de faire quelques pas. Eelle avait tellement froid qu’elle sentait à peine ses jambes, quand à ses doigts, elle pouvait encore les bouger mais elle avait l’impression qu’ils avaient été remplacés par des blocs de glace...
Devant elle, Calith examinait les roseaux et Elen, semblant lui aussi subir les affres du froid, tentait tant bien que mal de reprendre son morceau de flûte.
Aileen jeta un coup d’œil en arrière, dans la brume qui était revenue, espérant que les autres nageurs ne se perdent pas, le temps que la musique d’Elen leur ouvre de nouveau la voie.

Quand son regard se porta de nouveau sur Elen, elle le vit en train de danser sur les rythmes de sa mélodie... Un instant elle se demanda pourquoi il faisait ça, à part pour se réchauffer... Elle s’approcha et puis elle remarqua l’eau... Enfin, si eau il y avait vraiment. En fait, l’élément liquide semblait s’être solidifié en longs animaux, en incroyables serpents, qui l’air menaçant, tournoyaient sous la surface de la mer.
Aileen recula de quelques pas, effrayée, et se retrouva aux côtés de Calith, qui semblait intrigué par les roseaux.
Prétextant vouloir examiner les roseaux à son tour, surtout pour oublier les étranges serpents aqueux, elle essaya de voir si quelque chose se cachait au milieu des hautes plantes.
Elle écarta doucement les plantes, et fit un pas timide en avant.
Intérieurement, elle appelait de tout ses vœux son totem pour que tout se passe bien du côté d’Elen et pour que son initiative n’énerve pas les créatures marines...