Alors que le nouvel Oracle se retirait, l’Impératrice se tourna vers les Olympiens

-Il est temps que vous retourniez à Lardanium. Il y a beaucoup d’affaires en cours. Félicitations à tous, vous avez fait du beau travail ici.

Rôde regarda l'Imperatrice, une nouvelle idée lui glaça le sang !

Pas elle !!....elle ne va pas non plus se sacrifier !

Rôde osa donc contredire les propos de l’Impératrice tout en essayant d’y mette les formes !

- Veuillez m’excusé Majesté, mais il serait inconscient qu’une personne de votre importance prenne des risques à rester dans ces lieue morbide et nauséabonde plus longtemps.
Si il y à des préparatifs à faire laissez donc le petit personnel s’en charger, je me doute bien que votre talent et vos compétences sont inégalable mais ces galeries ne son vraiment pas digne d’une personne de votre rang et encore moins de votre splendeur.

Rôde s’aperçu trop tard que son dernier mot pouvais paraitre déplacé, mais il ne pouvait hélas se rectifier. Légèrement perturber par son audace, il bafouilla quelques peut avant de reprendre :

De plus, si vous me le permettez, je me sentirai plus tranquille de vous savoir à nos cotés pour le chemin du retour. Sans vouloir vous manquez de respect ni mètre en doute vos talents, avec tout ce qui se passe en se moment, vous comprendrez que la présence de la générale, celle de notre ambassadeur et de ses garde du corps ainsi que quelques membres des LEDA son un atout non négligeable pour assurée votre sécurité.

Devant tant d’insistance, Salminar voulut rassurer Rôde-la-Nuit.

Comme je vous le disais, vous avez fait de l’excellent travail ici, Grand Pontife, nous n’avons plus rien à craindre. Et puis si par hasard nous faisions une rencontre désagréable, Hardaway et moi sommes de taille à la... Disperser.

Quant au chemin du retour, je vous rassure, je ne me fatiguerai pas à marcher et il est probable que je serai à Lardanium bien avant vous ! Vous pourrez voyager en toute quiétude, sans vous soucier de ma sécurité. Vous avez déjà bien assez à faire sans ça.

Rôde n’insista pas, il aurait été mal avisé de sous estimer l’impératrice. Il s’inclina respectueusement devant ce duo peut orthodoxe avant de se dirigé vers la sorti.



Pendant ce temps, Ghormy observa le Géant, main dans la main avec l’Impératrice, marcher fièrement vers son Destin. Il ne savait que dire face au courage d’Hardaway et préféra rester silencieux.
Il fît un geste d’adieu au Géant avant que ce dernier ne disparaisse dans l’édifice et patienta quelques instants, immobile, avant de rejoindre ses compagnons.
Hardaway restera dans ses souvenirs comme l’un des plus grands personnages qu’il n’ai jamais connu.

La main de Salminar était minuscule dans la grosse pogne d'Hardaway mais elle s'y imbriquait avec force, pour l'assurer de sa présence. Sans mot dire, ils passèrent les portes défoncées de l'immense construction.
Ils longèrent les couloirs où grésillaient de curieuses lampes pâles. Des décombres ça et là démontraient que l'assaut des hordes infernales avait failli provoquer la destruction de la pyramide. Mais la salle centrale était intacte et ils y débouchèrent bientôt.

La gemme se dressait, baignée de sa propre luminescence qui faiblissait. Hardaway s'imaginait un objet de torture, quelque chose de noir et brillant, aux arêtes tranchantes et agressives… Il n'en était rien. Dans d'autres circonstances, il se serait émerveillé de la pureté du cristal, de sa taille gigantesque et de ses propriétés fantastiques.

- C'est quand même mieux que quatre malheureuses planches de pin, non ? Lança-t-il à Salminar.
- Monsieur a des goûts de luxe ! Quel gâchis ! Imaginez le nombre de pendentifs que l'on pourrait retailler là-dedans !

Tout en s'approchant, l'ancien Oracle redoutait de découvrir le squelette de Torkar. Il gardait une image très nette de son prédécesseur en train de prier devant la Stèle des Ancêtres, fier et décidé. Le voir dans son état actuel allait être rude… Sa prière avait-elle été exaucée ? Le cercueil était désormais vide. Ou presque. Alors que les Impériaux avaient vu les restes de Torkar quelques jours auparavant, il n'y avait qu'une petite épaisseur de poussière sur le fond de la gemme creuse. De fines particules s'en échappaient, se soulevaient les unes après les autres et brillaient un instant, avant de disparaître.

- Je vais p't-être… Attendre qu'il soit…

Plutôt laisser le processus aller à son terme que de fouler aux pieds les restes d'un frère de race.
Combien de temps mettrait-il lui-même à se consumer ? Des saisons ? Des années ? Deviendrait-il une masse déformée de chair brûlée ? Avant que ses propres os ne tombent au sol et ne s'étiolent…
Cette fois il vit sa fin de près. La peur qui oeuvrait sournoisement depuis toutes ces années en profita pour élargir considérablement son travail de sape. Son estomac se tordit tandis que son poing tentait de broyer la main de Salminar. Il la lâcha brusquement dès qu'il le réalisa.

- Les visites de courtoisie, promettez-moi d'oublier. Je tiens pas à…
- Alors vous allez être obligé de me laisser profiter de cette dernière occasion.

Elle se blottit contre lui. Ses cheveux sentaient bon des huiles au parfum délicat et sa chaleur devint un baume apaisant.

- J'aurais dû essayer de me marier, d'avoir des gamins…
- Grands Dieux, pour qu'ils m'appellent Tata et s'amusent à me tirer les couettes ?

Elle esquissa un sourire tendre dont il ne put détourner son regard. Elle passa doucement une main sur la joue de l'Oracle, comprenant ses regrets.

- Dites-vous qu'aujourd'hui, vous leur épargnez une peine immense.

La pénombre vint. Le halo brûlait des dernières volutes cendrées. Il s'éteindrait bientôt. Le Géant posa ses mains sur les épaules de l'Olympienne et la repoussa doucement.

- Héhé, vous voyez, ch'uis le premier. Mais promis, ça restera notre secret.

Salminar lutta simplement pour continuer à faire bonne figure, la gorge trop nouée pour répondre.

Hardaway effleura la gemme. Comme il aurait touché la surface d'un plan d'eau, des cercles concentriques apparurent et s'étendirent. Ses doigts s'enfoncèrent, il avança et son corps passa finalement au travers. Il se retrouva nu, comme Torkar dans la vision d'Erkeos.

- Et ben… Heureusement, c'est pas la première fois ! Fit-il avec un clin d'œil à l'Impératrice.

Des flammèches coururent sur son corps et la gemme, en écho, brilla plus fortement. La douleur vint, d'abord telle qu'il la connaissait lorsque -=Feu=- le dominait. Cela ne l'inquiéta pas outre mesure; il saurait la maîtriser en se plongeant dans cette transe légère que tous les Dirigeants de Zagnadar apprenaient à utiliser.
Mais l'intensité se décupla soudain en une fournaise dévorante. Le choc lui arracha un hurlement et il dut plaquer ses mains à la paroi de la gemme pour ne pas vaciller. La surface cristalline était maintenant dure, infranchissable. De l'autre côté, Salminar s'approcha et posa ses mains à hauteur des siennes. Son teint soudain pali n'était plus éclairé que par le reflet des flammes dans ses yeux ambrés… Il ne vit plus qu'elle, sa beauté parfaite, sa présence fascinante... La douleur reflua. A moins que son esprit ne l'occultât, maintenant résigné.
Salminar ne cilla pas un instant. Aussi perçut-elle cette fraction de seconde où l'esprit d'Hardaway se détourna du monde extérieur. Son regard dardé sur elle devint vide. Elle l'imagina en communion avec son Elément, loin des turpitudes que son corps endurait. Elle resta là pourtant encore de longues heures à sentir la force du Pilier restauré se répandre alentour et réparer ce qui avait été abîmé.

On vit de loin le halo surgir de la pyramide. Il perça les brumes jusqu'à heurter le plafond de la caverne. Des craquements violents se firent entendre. Partout la roche grinçait, bougeait. Les fissures s'amincissaient puis disparaissaient. Les parois des galeries fondaient comme si on les avait creusées dans de la glace mise au soleil. Les trous qui naguère béaient se rebouchaient à vue d'œil. La grotte ne tarderait pas à être totalement obstruée.
Des créatures tentèrent de s'enfuir pour retourner dans les territoires infernaux qu'elles n'auraient jamais dû quitter. Les moins rapides furent broyées dans les gangues de roches qui se refermaient sur elles.

Le dernier hurlement d’Hardaway avait glacé les veines d’Erkeos. Puis le Lardanien avait vu le halo lumineux, coiffant la pyramide, reprendre sa forte intensité, et laisser échapper un rayon aussi puissant que dans sa vision. Il s’était alors agenouillé pour honorer les derniers instants de l’Oracle, et lui dédier une prière.

Il se releva assez vite. L’immense espace souterrain était en train de muer et n’allait pas tarder à obstruer toutes les issues. Il fallait partir, sans perdre de temps ni se poser davantage de questions. L’Impératrice emprunterait un chemin fantastique dont elle avait le secret.

- Mes amis, partons ! Sortons d’ici avant que nous fassions partie éternellement de ce théâtre dramatique !