”Courage, Calith. Notre tâche n’est pas terminée.”
Quand il avait rouvert les yeux, Ambre était à ses côtés. Les armées des morts battaient retraite, repoussées par l’action conjuguée des défendeurs de l’Arche. Il était loin d’être en état, mais se joint tout de même à la bataille. Les rares araignées et xorns survivants n’étaient étrangement pas dans le même état de panique, comme envoûtés, ils retournèrent leurs assauts contre Nil’nelia. Il voulut l’aider mais l’araignée se mouvait trop rapidement, et dans la cacophonie, ce fut l’Oracle qui récupéra son tir perdu. Il eut un sourire amer à cette pensée. En terme diplomatique, il n’aurait pas pu choisir pire cible mais en terme stratégique, il valait mieux lui qu’un autre, surtout qu’il avait tiré de toutes ses forces.
Bien vite, la situation commença à dégénérer. Les Géants et les Elfes étaient à cran. Calith s’éclipsa, s’éloignant des deux factions pour ne pas envenimer la situation, mais fut bien vite arrêté par l’Intendant du Loup. Il poussa un soupir retentissant et fit demi-tour. Ce qui était comique, c’est que le Loup s’exprimait comme le meneur qu’il était, malgré son statut d’esclave... Et les impériaux n’y trouvaient rien à redire !
”Que me vaut l’attention du Chef des Impériaux ?” répondit-il, sur un ton sarcastique, malgré la présence de sa prétendue maîtresse.

Il écouta attentivement et retint plusieurs remarques, restant les bras croisés. De ses trois interlocuteurs, tous avaient les vêtements ensanglantés et étaient encore dans un état pitoyable malgré les soins prodigués. La fatigue le tiraillait et il n’était pas sûr d’avoir enregistré toutes les informations. L’apparence d’Elen était celle d’un vieil elfe, il aurait donc perdu une éternité dans cette transe. Ces connaissances étaient trop limitées pour saisir la faisabilité de la chose, mais ses yeux lui montraient la vérité et il daigna la croire. La Reine était-elle au courant ? Il hésitait à poser la question au Loup, mais contrairement à lui, il n’avait aucune confiance en cette Olympienne et préféra taire ses remarques sur la Reine. Elle lui avait parlé d’une mission, Elen se serait fait capturé durant sa réalisation sans qu’elle ne le sache ? Il en doutait tout de même fortement.

”Je ne saisis pas le lien avec les roseaux. Je ne sais pas ce qu’est l’Origine. Je ne sais pas si la statuette du Faucon et Némésis sont liées à tout cela. Mais tu as fait une grave erreur, Elen, une erreur que tu commets sans arrêt, sans te préoccuper des conséquences. Tu as agi seul, et te voilà esclave de sa volonté et esclave de cette Olympienne, les mains et la pensée liées. Tu n’as même pas daigné nous en parler et maintenant il est un peu tard. Ton Clan se meurt et je ne peux rien y faire. Tu aurais pu maintes et maintes fois te sauver et revenir, mais tu ne l’as pas fait. Et, comme souvent, tu veux tout prendre sur toi en pensant que tu seras ainsi le seul à en pâtir, que tu pourras le supporter. C’est faux, tu nous mets tous en danger par ton comportement. Tu as peut-être pris des millénaires entiers en l’espace de quelques jours, mais tu es toujours aussi immature.”
Il avait pris un ton froid et détaché, s’arrêtant à peine dans sa tirade. Un nouveau soupir. Il avait la ferme impression de ne s’adresser à son homologue que pour le sermonner. Mais que pouvait-il y faire ? Il ne l’écoutait pas. Il avait déjà failli se perdre dans les transes chamaniques lors du combat contre le Géant scarifié, sans comprendre le risque que représentaient les transes géantes entremêlées dans les leurs. Il avait basculé et ça avait été un miracle qu’il en revienne. Ca ne lui avait pourtant pas suffit comme leçon, et voilà qu’il jouait les ponts pour cette entité malfaisante ?

Il lui rendit un regard peiné. Sa peau bleutée et ses yeux de loups le qualifiait comme plus vieux et plus proche de son totem que lui, mais l’Intendant du Faucon ne pouvait s’empêcher de le voir comme un Naos qui aurait mal appris sa leçon.
”Tu dois les prévenir, ces informations sont importantes, mais ne mentionne pas le fait que tu représentes un pont entre les mondes pour cette entité sinon ils te tueront. Le traité n’est même pas signé, tu n’as le droit à aucune protection. Fais attention.”
Son regard passa sur l’Olympienne. Il comprenait mieux son besoin de l’emmener aux Enfers, moins qu’elle l’ait conservé à ses côtés en sachant tout ou partie du drame du Loup. Elle aurait dû s’en débarrasser depuis longtemps. Elle le ferait peut-être maintenant, qui c’est ? Il avait envie de crier à Elen de fuir le plus vite possible, mais cela en condamnerait bien davantage. Il secoua la tête.

Calith sentit une chaleur étrange se lever dans ces profondeurs si froides et austères. La Louve sortait encore de ses gonds, défendant griffes et crocs son mari, mais il n'y prêta pas plus attention que la dernière fois. C'était une réaction purement sentimentale. Il ne se sentait pas concerné et il avait mieux à faire. Les propos de Nil'nelia sonnaient creux à ses oreilles, elle se contentait de clamer que son mari et elle avaient toujours eu raison, qu'il était dans le faux et qu'il n'avait jamais rien fait pour aider Olympia ou même Elen. Peu importe ? Il n'avait rien à prouver. Il savait ce qu'il avait à faire.
Son regard se porta vers l'Arche des Glaces qui était sa véritable préoccupation. Il avait vu certains Faucons s'y engouffrer à la suite d'Ambre et, sans même adresser un mot au trio, il s'éclipsa en direction de l'édifice. Autant les laisser à leurs retrouvailles et leurs spéculations, il n'avait pas sa place à leurs côtés.

Prestement, le Faucon grimpa les marches et traversa les nombreux couloirs pour atteindre à son tour le tombeau de verre. Les corps entremêlés lui étaient ... Familiers ? Il les détailla un instant, perplexe, s’appropriant le moindre détail de leur physionomie. Son regard exprimait une certaine hésitation, incompréhension même.
”... Elonia et Khera ? Est-ce vous ...? Comment serait-ce possible ?”
Il aurait voulu demander à Aileen, mais l’Intendante manquait à l’appel. Aussi son regard se posa sur Ambre, d’un air soucieux.

Des intrigues dépassant le simple entendement se jouait ici... Il n’était plus question depuis longtemps de conflits impérieux, forestiers mais bien de sauver leur monde - Bien que certains continuaient à le croire, peut-être dans le but de sauvegarder un pouvoir chimérique - et de s’entraider.

Calith, Nil, Elen et sa maîtresse olympienne s’étaient éloignés pour parler. Sûrement du mal qui rongeait l’intendant... Elle se doutait que c’était lié au monde des esprits, elle le sentait mais ne pouvait rien dire... Ne leur avait-elle pas caché son âge comme toute dame qui se respecte ? Et elle n’en savait surement pas plus qu’eux...

Rôdes-la-nuit pris alors la parole. Un cercueil avec un couple d’elfe ? De l’énergie ? Le sens de tout cela lui échappait... Elle avait commencé à s’éloigner pour retrouver la surface qui lui manquait tant.

Soudain une idée vint s’imposer à son esprit. Non ça ne pouvait être ça. Ça serait trop horrible et injuste.

Le seul couple elfe ici était Nil et Elen. Ça ne pouvait pas être ça. Elle s’y refusait. Ils étaient encore jeunes, ils avaient tant de chose à faire, à vivre, à raconter et à combattre...

Que puis-je faire ? Je n’ai pas envie que quelqu’un perde la vie ici. Je veux que les Titans éclairent encore longtemps le Ciel d’Olympia, que Séléné nous révèle son éclat et qu’Adamante la poursuive encore et encore... Je suis la plus âgée ici, et peut-être la plus inutile... Les mots ne pourront plus rien y faire, je crois qu’il est temps d’agir... En espérant que ma première idée fut la mauvaise...

Lindorie commença à faire demi-tour, petit à petit. Elle se dirigea alors vers l’Arche et Rôde-la-nuit. Elle ne parla pas et ne répéta pas un seul mots de ses première pensées à ceux qui étaient là.

-Messire, Rôde-la-nuit, j’aimerai vous demander un service. Si l’Arche doit prendre la vie de quelqu’un, j’aimerais y aller. Bien qu’aucun ne vous le puisse le voir je suis bien plus âgée que la plupart ici et je n’ai plus de famille qui m’attends.

Elle marqua alors une légère pose.

-Je me doute que c’est l’un d’entre nous qui doit y aller. Sinon pourquoi des corps des nôtres ? Ambre doit s’occuper du Chien, Calith à sa fille, Nil et Elen ont encore tellement de choses à vivre, Landeras est si jeune... Moi je n’ai plus personne.
Si vous me le permettez je suis prête à donner ma vie pour sauver ce qui peut encore l’être sur Olympia.

Elle ne faillirai pas. Son regard était droit et fier.

Elle n’avait pas peur. Elle n’aurait pas peur.

Elle était là pour ça. Les cris de Calith n’y feraient rien. Elle devait empêche que quelqu’un force l’un des siens à y aller, quelqu’un qui aurait encore l’éternité devant lui.

Les combats avaient fini très vite. Non, ils avaient duré une éternité. Isa ne savait plus.
Blessée et les idées confuses, elle s’était d’abord rapprochée d’Elen, inquiète, puis avait tâché de retrouver sa grand-mère dans la multitude chaotique. L’adrénaline coulait encore dru dans les corps en nage, gouttant de sueur et souvent du pourpre des nombreuses blessures. Les regards s’étaient emplis de fureur, les gestes étaient encore saccadés, malgré les muscles endoloris. Chacun reprenait à sa façon l’ascendant sur ses plus bas instincts, ceux qui avaient permis de vaincre, mais cela prenait du temps.

Non sans appréhension, Isa avait laissé son aïeule l’approcher pour soigner les balafres que la némésie lui avait léguées en souvenir. Autant dire que la confiance n’était pas au beau fixe entre les deux femmes depuis les révélations d’Elen. Mais pour une fois, Isandre n’avait pas cet air rugueux, agressif qu’elle arborait depuis quelques temps.

- Laisse-moi voir ça, ma fille. Fit-elle simplement.

Mais on devinait dans ses yeux les doutes et la culpabilité qui la rongeaient. La rebellion d’Isa lui avait peut-être fait prendre conscience du mal qui l’habitait. Voulait-elle se racheter ? Isa s’assit sur un rocher en grimaçant et elle sentit bientôt la douleur s’estomper. Sa grand-mère était capable de faire le bien, elle ne le pourrait pas si son âme était aussi noire qu’elle cherchait à s’en convaincre. D’un geste malhabile et enfantin, elle lui passa ses bras autour du cou, tendrement.

- Je t’aime Grand-mère, tu sais ? Lui chuchota-t-elle à l’oreille avant de la laisser pour rejoindre Elen qui avait à parler.

Elle écouta le Loup sans broncher. Elle fit un effort pour que rien ne transparaisse de ses émotions devant Nil’nelia et Calith. Pourtant, quand l’Intendant eut fini son exposé, elle sentit une angoisse profonde la saisir : les Dieux ne pouvaient laisser faire de telles choses… Où étaient-ils ? Pourquoi n’agissaient-ils pas ? Le pouvaient-ils seulement ?

Elle ne répondit rien au Faucon quant à sa relation avec Elen. Elle n’avait rien à lui justifier. Elle se contenta de proposer :

- Notre Grand Pontife devrait être mis au courant. Il est… Un peu comme notre guide religieux, il… Il saura… C’est un homme bon.

Nil avait écouté Elen raconter ses tumultes. Elle n’en revenait pas qu’il ait accompli tant de choses en secret. Et c’était pour la protéger. Quand est-ce qu’il apprendrait qu’elle n’avait pas toujours besoin d’être protégée. Touchée et blessée à la fois par ce geste, elle préférait ne rien dire. Les choses étaient faites et... au moins, maintenant ils savaient quel était le mal qui rongeait Olympia.
Cependant elle ne pouvait pas cacher ses émotions. La malédiction ou le don de Pyros permettait à quiconque de lire en elle comme dans un livre ouvert. Les petits crépitements de flammes furent pendant un moment les seules choses qu’elle puisse entendre avant de s’apercevoir que Calith parlait. C’était un bon Intendant, il se montrait droit et ferme, qualités utiles dans cette tâche mais, même s’il fut un temps où elle le considérait comme un ami, bien qu’il fusse très difficile de savoir ce qu’il avait en tête, aujourd’hui, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il aurait été plus à sa place dans le clan du Serpent, tant sa langue pouvait être aussi fourchue qu’une langue de vipère.

Calith... Elen a fait une erreur mais il a fait quelque chose... N’a-t-il pas tenté de t’aider avec la statuette du Faucon pour comprendre ce qui était arrivé à Marcus ? N’a-t-il pas tout tenté pour créer une alliance avec les Elements dans le but de garantir la protection des Forestiers ? Tu ne vois à chaque fois que les conséquences et les échecs de ces tentatives mais jamais le mérite qu’il y a à toujours se mettre en avant pour aider ses frères. S’il y avait plus d’Elfes capables de faire quelque chose et prêt à se sacrifier pour ça, alors il n’aurait pas été seul. Tu avais ton rôle et aujourd’hui il semblerait que Fernliae soit protégée et il a choisi le sien. Je ne connais pas bien vos transes mais si j’ai bien compris, il n’y avait aucune raison d’imaginer qu’un réel danger pour tous les peuples résidait dans cette tentative désespérée. La seule chose qu’il risquait c’était de s’y perdre et sur ce point, c’est moi qui devrait plus lui en vouloir.

L’Aura de flammes apparut vraiment alors qu’elle parlait.

Tu dis qu’il aurait pu s’enfuir de nombreuses fois pour revenir. Tu voulais donc qu’une fois de plus il risque sa vie, car c’est bien le cas lorsqu’un esclave tente de s’échapper. Tu aurais préféré qu’il n’aide pas les Impériaux à terrasser ce mal ? Tu aurais préféré qu’une fois la course contre la montre lancée, ils se précipitent pour s’occuper des Loups ? Et tu dis que le clan est en danger ! Tous les clans sont en danger, même le tien ! Tu fais quoi pour le protéger ?! TU FAIS QUOI ! Elen a jugé de son devoir de se séparer de sa famille, de son clan pour le sauver. Il doit chercher l’ORIGINE. Je ne sais pas ce que c’est mais je sais que sans la communication avec le monde des Esprits, les Elfes des Lunes ne sont que la moitié d’eux-mêmes. Il est parti pour aider tous les Clans. Il m’a laissé derrière lui sans rien me dire. Mais j’ai rapidement su que s’il lui était arrivé malheur, il aurait voulu que je surveille ce qu’allait devenir la tanière. J’y suis allé. Evonis surveille ce qu’il se passe et est capable de remplir le rôle d’intendant avant qu’un nouveau chaman ne se présente. Car toi même, dans ton clan, il n’y a pas de nouveau chaman. Il n’y a personne capable de maintenir ce lien spirituel.

La chaleur grimpait alors qu’elle parlait. Si Elen avait tenté d’être discret, maintenant c’était impossible. Se tournant vers Isa, elle voulut faire semblant de s’être calmée mais... cela ne changea rien à son apparence.

Dame Olympienne, je suis Nil’nelia, femme d’Elen, celui que vous considérez comme votre Esclave. Je vous remercie d’avoir été d’un soutien pour Elen plutôt qu’une tortionnaire. Mais je vous en conjure, après l’aide qu’Elen vous a fourni, libérez-le. Il est un Loup aimé de la plupart. Il a une famille à fonder, un clan à reconstruire, une épouse qui l’attend. Vous savez qu’il ne vous lâchera pas tant que ces événements ne se seront pas terminés. Je le vois dans votre regard... C’est autre chose qu’un rapport de maître à esclave.

L’elfe grinça des dents. La jalousie avait-elle atteint ce coeur bouillonnant... C’était probable. N’osant pas toucher Elen de peur de le brûler, Nil’nelia fit volte face vers Lindorie.

Tu es peut-être plus âgée que moi, mais aujourd’hui je suis plus à cran et tu vas m’écouter. Le cercueil fonctionne encore apparemment et tant qu’il n’y aura pas plus de signes sur comment ou sur ce qu’il faut faire, personne n’ira dedans. J’ai entendu dire que l’ancien Oracle savait ce qu’il se passait. Qu’il avait scellé une sorte de pacte. En l’état actuel des choses, ne nous précipitons pas.

Les flammes disparurent lentement, elles avaient épuisé l’elfe, qui dut s’asseoir un peu pour récupérer.

Rôde fut surpris devant la proposition de Lindorie, et pour éviter tout affolement il préféra stopper les potentiels élans héroïque.

Ne nous précipitons pas, votre geste est tres noble mais , d’une part je préférerais éviter de sacrifier qui que se soit, d’autre part cela n’est pas si facile.

Pourquoi croyez vous que c’est l’ancien Oracle Hardaway qui c’est sacrifié, n’importe quelle géant aurait proposé de prendre sa place s’il en avait eu le choix.
Il faut un individu très puissant, et ce n’est généralement pas nous pauvre mortel qui choisissons.

Hardaway a été choisi par le dieu Hadès en personne,

Rôde racontait brièvement ce que Rorschache lui avait dit concernant le rituel de Memnose


Comme vous pouvez le constater, il est inutile de céder à la panique

Lindorie parut... amusée par la réaction de Nil et de Rôdes-la-nuit.

-Il faut mieux que quelqu’un qui n’as rien à perdre se propose avant que quelqu’un ne pousse l’un d’entre nous là-dedans ! Et puis je ne suis pas encore morte ! Haha

Oui elle riait. Elle riait même au éclat. Le son cristallin de son rire résonna dans la caverne au milieu des cadavres, des os et du sang. Si la vie lui avait apprise une chose c’est que le rire vous sauvait de bien des choses. Et que c’était toujours mieux que de s’apitoyer sur son sort. Ça lui donnait du courage.

-Excusez-moi, Messire, je préfère rire que pleurer et je pense que ça nous ferait à tous du bien. Quand à la panique... Je serais bien la dernière a y céder. Le temps presse mais nous avons bien 5 minutes pour voir ce qu’il va advenir de chacun d’entre nous.

Elle se retourna alors vers Nil

-D’ailleurs tu devrais rire toi aussi... tu t’enflammes un peu pour rien !

Je ne sais pas combien de temps je suis restée figée devant les deux corps accolés. Ça n’a pas d’importance.

- Elonia et Khera ? Est-ce vous ...? Comment serait-ce possible ?

Les propos de Calith me tirent de ma torpeur. Il semble les connaître, bien qu’il n’ait pas l’air sûr de lui. Après tout, ce sont de très vieux os. Calith est déjà reparti s’occuper des siens. Encore des considérations de clans qui m’échappent. Puisque ça ne semble déranger personne, je vais rester ici, encore un moment. Je me sens mal, mais j’ai le sentiment de devoir être ici. Pas pour toujours, non. Simplement comme si j’avais une dette. Je crois que je me dois ça, ou que je le leur dois, je ne sais plus.

Du grand nombre de combattants qui se sont engagés sous la surface d’Olympia pour tenter de sauver cette Arche, ils sont bien peu à pénétrer à l’intérieur. Est-ce que tout ceci les dépasse ? Ou bien est-ce que leur mission s’arrête là ? Considèrent-ils que cela ne les regarde pas, qu’ils ne sont pas concernés ? J’aurais tout fait pour entrer, même si l’on m’en avait empêchée.

L’Intendant assura tout d’abord à Isa Cestia qu’il allait parler de tout cela au Grand Pontife. Il lui adressa un sourire reconnaissant pour ses conseils bienveillant puis il s’adressa à Nil :

”Nil reste auprès de moi s’il te plait. J’ai besoin de ton amour et de ta force. Je te l’ai dit, je ne veux plus que l’on se quitte. Et tu as raison, nous avons une famille à fonder, si tu veux bien me pardonner de t’avoir tant caché et de t’avoir éloignée de moi tout ce temps...”

Il se saisit de la main brulante de Nil, adressa un signe à sa maîtresse pour prendre congé et couru en direction de Calith, qui était parti ignorant pour partie la fin de l’entrevue. Il fallait que le Faucon comprenne pourquoi il les avait tous abandonnés. Il arriva à la hauteur de son homologue, essoufflé par ces quelques mètres de course. Et il n’eut pas le loisir de reprendre son souffle, le Faucon semblant peu disposé à s’arrêter. Il ressortait de la pyramide.

”Calith ! Il faut que tu comprennes ! Je n’ai pas voulu t’entrainer là dedans ! A quoi bon alors que seul mon clan à notre connaissance n’a plus accès aux transes ? A quoi bon te faire te lancer dans cette transe si c’est pour que tu n’en reviennes pas ou que tu sois toi aussi sous son emprise ? C’est pour cela que j’ai agi seul ! Pour que tu gardes tes forces, au cas où cela tournerait mal.

Quant à m’échapper. Quand je le pouvais, je n’en avais pas envie : j’exposais l’ennemi et non mon peuple au danger, cela n’avait aucune importance, surtout vu les traitements que j’ai subi. Et quand j’ai rencontré ma maîtresse, finalement, elle m’a rappelé les préceptes de Kowü : il y a des crétins partout mais aussi des gens bons. Et là, crois moi, j’ai voulu m’échapper, mais cela me fut impossible. Comment combattre physiquement alors que ton esprit est entièrement accaparé par une lutte sur un champ de bataille plus grand ?

Calith, je sais que c’est beaucoup te demander. Mais je le sens devenir plus fort chaque jour. Peut-être ne pourrais-je pas le contenir lorsque nous remonteront. J’ai besoin de tes conseils. Si j’étais certain qu’il n’en profiterait pas pour étendre son pouvoir sur les vivants, je prendrais place dans ce pilier, pour éliminer le danger que je représente à tout jamais. Mais il n’en ai rien, et sachant que cet ennemi est le même que celui qui attaque les piliers, je ne peux me permettre de prendre ce risque.

A présent, je vais parler à Rôde. Libre à toi de me pardonner ou non, mais sache que j’ai avant tout agi pour tous vous protéger, tu mieux que j’ai pu...”

Il s’éloigna du Faucon, pour se rapprocher de Rôde, Nil à ses côtés.

”Messire... J’ai de nouvelles informations à vous communiquer. J’en sais plus su l’ennemi qu’au pilier précédent...”

Rôde qui prenait des notes dans son carnet paru quelques peu surprit, il coinça sa plume entre les pages de son petit livre sur lequel on pouvait distinguer des dessins représentant des éléments du pilier qui semblaient avoir été endommagés, puis il esquissa un large sourire

Je vous savais perspicace, mais la vous franchement vous m’épaté. Alors que toute une escouade d’impériaux peines difficilement à trouver des réponses, un seul des elfes, prisonnier de surcroit, arrive à glaner des informations sur l’ennemi !

Vous amis ont raison quand ils disent que vous leur êtes précieux, bien que je suppose que ce n’est pas spécialement pour vos nombreux talents, mais plutôt pour l’attachement qu’ils ont envers vous....
La voix de rôde était empli de mélancolie
....et je les comprends. J’ai perdu deux de mes amies, elles ont disparue du jour au lendemain sans qu’ont puisse les retrouvé, je comprends donc la douleur de vos camarades.

Afin de cacher sa peine, Rôde ironisa comme a son habitude sous le ton de la plaisanterie

Mais bon faite attention quand même, à force de vous rendre indispensable, vous risquez de prolonger votre séjours parmi nous !

....bon sinon quelles nouvelles avez-vous réussi à soutirer ?

L’Elfe ne broncha pas aux vagues insinuations du Grand Pontife. Après tout, depuis qu’il avait retrouvé sa femme, il était plus que décidé à fausser compagnie aux Impériaux, malgré un certain attachement qu’il éprouvait pour sa maîtresse. De l’amitié ? Probablement. Après tout, elle avait été la seule figure bienveillante de ces dernières saisons. Et à n’en pas douté, elle avait su créer un pont entre deux êtres que tout oppose. Pourquoi n’était-elle pas attachée à des postes diplomatiques avec de telles aptitudes, il n’en avait aucune idée. Peut-être par choix.

”J’ai effectivement de nouvelles informations. Voyez vous, mon peuple est capable d’effectuer des transes, vers le monde des esprits, pour prendre contact avec nos Totems. Ce sont nos dieux, si vous voulez, pour faire simple. Or, depuis quelques temps, les contacts sont devenus à la fois difficiles et dangereux : si les Totems ne répondent jamais, la transe que nous effectuons dans ce but nous retient captif dans le monde des esprits. J’ai perdu nombre Loups avant de le comprendre, et certains parmi les plus expérimentés.

Bref, j’ai effectué moi-même une transe et j’ai découvert une entité, au plus profond des strates du monde des esprits. Une entité maligne qui tenta de me retenir captif. Je lui ai échappé, cependant, à l’aide d’un rituel puissant d’ancrage vers notre monde.

Pendant les combats, j’ai effectué une transe légère, dans le but de toucher l’esprit de l’un des Xorns, afin d’en apprendre plus sur ce qui manifestement les contrôle. Et il semble que cette entité rencontrée dans le monde des esprits et notre ennemi ne fassent qu’un.

Je ne vous cache pas que ceci est des plus inquiétant : cela signifie qu’elle a main mise sur une part du monde des esprits en plus des Enfers et du monde des vivants, sans compter son aptitude à ramener les morts à la vie. A cela s’ajoute le fait qu’il semble que vos Dieux ne répondent plus à vos prières, ainsi que nos Totems. Il est donc probable que l’ennemi soit une divinité elle-même : comment sinon pourrait-elle à la fois contrer l’influence des divinités, des totems et contrôler Enfers, monde des esprits et notre monde à nous ? Je sais qu’à Lardanium vous possédez des bibliothèques. Peut-être qu’il s’y trouve référence d’une entité d’essence divine honnie par ses pairs...

Voici pour les informations que j’ai pu réunir. Je vous laisse en disposer comme bon vous semble, les partager ou non avec vos alliés.”

Rôde resta perplexe

Vous êtes en train de me dire que vous avez rencontré cette puissance maléfique!

et pourtant vous n’avez pas pu l’identifier.... enfin il est vrai que c’est l’esprit qui voyage et non un corps tout entier.


Rôde soupira, cette énigme venais s’ajouter aux autres problèmes à élucider.

En tous cas, je vous remercie pour vos informations, mais j’aurais besoin de plus d’éléments afin d’affiner les recherches.... peut-être dans sa façon de s’exprimer à vous, voix féminine ou non, bref le plus de détails possible.... enfin encore faut-il qu’elle ai chercher à vous parler.
Cela dit vous avez apparemment réussi la ou d’autre personne très puissante ont échoué, échapper à l’emprise de cette entité n’a pas du être facile, vos compétences sont donc très précieuse, vous êtres surement la personne la plus à même à la contrer.

Un rituel d’ancrage ! à l’entendre ça avait l’air si simple , il n’y comprenait pas grand-chose à tout cela mais il avait du mal à concevoir que d’autres individus plus puissant qu’Elen avaient échoués

Il reste à espérer que le seigneur des morts ne soit pas informé que vous ayez rencontré cette entité, car pour l’instant tous ceux l’ayant croisé ont hélas....


Rôde n’eu même pas à terminer sa phrase, il se doutait bien que l’elfe avais comprit qu’il faisait référence à Marcus, Hardaway ainsi que Torkar.

Rencontrée, rencontrée... Ce n’était pas peu dire. Mais il ne pouvait l’avouer à Rôde sans prendre un grand risque pour sa santé personnelle. Les Géants pourraient agir stupidement, le mettre à mort et peut-être par ce biais libérer l’entité. Le peuple de Zagnadar était un peu trop émotif, selon lui, pour que toutes les informations lui soit dispensées d’un seul coup...

”Elle m’est apparue à chaque fois sous la forme d’une enfant, d’une race ni Elfe ni Olympienne mais partageant indéniablement nos attributs physique. Sa voix est accordée à son corps mais ses propos, du moins ceux qu’elle projeta dans mon esprit, furent ceux d’une entité plus ancienne, bien plus ancienne. Mais je doute que sa forme soit véritablement importante. Si comme je le crois c’est une divinité, elle a probablement choisi de m’apparaitre ainsi pour me tourmenter.

Quant à ceux qui l’ont rencontrée, je sais quel furent leur destin. Et si par mon sacrifice je peux parvenir à sauver les miens, et le reste des peuples d’Olympia, alors j’y consens volontiers, même si cela m’enchante guère...

Quant à la contrer... Je ne m’y aventurerai pas. Depuis que je l’ai rencontrée la première fois, je suis rongé par un mal inconnu des miens. Et mes forces s’amenuisent. Je ne tarderai pas à rejoindre le Néant...

Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, je souhaiterai passer quelques instants avec mon épouse...”

Il adressa un sourire amère au Grand Pontife. Ce dernier lui avait rappelé qu’il s’était peut-être déjà condamné, sans compter que Calith lui avait fait comprendre avec justesse qu’il avait peut-être gaspiller une grande part de son espérance de vie dans la première transe. Ces pensées lui donnaient plus que tout envie de passer du temps auprès de sa femme...

”Si vos recherche nécessitent ma présence à un moment ou un autre, faites moi mander...

Tu viens, Nil ?”

Il entraina sa femme à l’écart du groupe. Il sentait qu’elle voulait lui parler, et il voulait savoir d’où lui venait cette étrange aura de flamme... Etait-elle souffrante, elle aussi ?

Son regard se posa sur Lindorie, puis sur le Grand Pontife. La discussion semblait agitée, devant l’édifice, mais il n’en connaissait pas la teneur. Que l’Olympien prenne les choses en main le rassurait. Il se contenterait de lui assurer son appui et ... Il partirait. Le ciel lui manquait et d’autres piliers attendaient d’être découverts. Il était incapable de les aider sous terre plus longtemps, mais il pourrait aisément jouer les éclaireurs au dehors, et ouvrir l’oeil.

Cependant, c’était sans compter sur la présence insistante de l’Intendant du Loup. Calith perdait patience, qu’on le force à rester aussi longtemps six pieds sous terre commençait à lui être insoutenable. Il daigna prêter attention à celui qu’il avait ignoré depuis son entrée dans l’Arche, mais ses yeux exprimaient une certaine impatience et douleur. Il aurait dû partir sans s’arrêter, sans se retourner. Il ne comprenait même pas que l’Intendant cherche autant sa considération alors qu’il aurait dû en être tout autrement. Il plissa les lèvres, ce n’était pas le bon moment... Ses paroles n’étaient guère plus qu’un murmure, afin d’éviter que les impériaux ne les surprennent.
”Nous sommes tous concernés, et pas seulement les Clans. Et tu ne l’étais pas par cette statuette, pourtant tu as agi, c’est à double-sens. Tu n’étais pas là, quand cette déflagration a manqué de me happer. Tu aurais su alors que j’y ai réchappé, sais-tu pourquoi ? J’avais l’ensemble de mon Clan derrière moi, je ne pouvais pas perdre. Que je garde mes forces ! Ca a tourné mal. Je ne le savais même pas, tu es parti comme un voleur et la Reine a prétexté une mission d’importance. Je les ai même perdues, mes forces, à maintenir l’ensemble des Clans unis. Tu n’en as plus non plus pour lutter.”
Ces conseils ? Pensait-il sincèrement qu’il avait la réponse en main, qu’il savait comment combattre cette force ? Il était déjà impensable qu’il ait pu en réchapper si elle était vraiment l’influence malfaisante imprégnant la statuette du Faucon. L’Origine ne lui disait rien et il aurait parié que la Reine ne les aiderait pas davantage. Elen s’éloignait déjà. Il rajouta, sur un ton pressé : ”Tu dois partir. Tu te condamnes, à leurs côtés, ton esprit autant que ton corps. Les Loups te donneraient le soutien dont tu as besoin, ta femme aussi. Je n’ai aucun autre conseil à te donner.”

Il avait écouté le discours du Loup et du Grand Pontife, ensuite, fronçant parfois les sourcils quand les évocations de l’Intendant lui semblait trop claire, trop facile à interprêter. Il attira ensuite l’attention du Grand Pontife. ”Nous allons repartir, mais vous savez que la restauration du pilier nous concerne tous. Comme nous sommes venus à vous pour vous épauler dans cette bataille, vous pourrez compter sur notre aide pour le maintenir en l’état. Tenez-nous informé de l’évolution et nous ferons le nécessaire, dans la mesure de nos moyens.”

Elen s’approcha donc de Isa Cestia, dans le pilier, penaud. Finalement, il n’aurait pas immédiatement sa discussion avec Nil. A dire vrai, il trouvait miraculeux que sa compagne ne l’ait pas carbonisé sur place. Il se demandait ce qu’il allait se passer ensuite. Sa femme toujours auprès de lui, il avait décidé de suivre les conseils de Calith. Il devait partir, bien que cela lui coûte. Et il partirait.

”Dame Isa, le pilier est sauf. Les Nains, Géants et Olympiens sur place trouveront certainement quoi faire. Le Grand Pontife en sait assez pour identifier cette force que nous combattons. A présent, pouvons nous partir, s’il vous plait ? Je ne me sens pas à mon aise ici...”

*J’affronterai alors mon destin...* pensa-t-il. Car sortir signifiait la rencontrer, encore, la voir gagner du terrain, voir gagner tout simplement cette caricature de bataille qu’ils se livraient depuis quelques saisons. L’espoir. Voilà ce dont il manquait cruellement à présent, et ce malgré la présence de son aimée auprès de lui.

Il se pouvait que leurs chemins se séparent d’ici quelques heures. Mais Isa n’avait pas envie d’en discuter. Elle n’avait qu’à occulter les rares moments avec Elen dont elle se souvenait pour que cela n’ait plus aucune importance. Mais plus elle tâchait de les repousser au fin fond de sa mémoire, plus ils transparaissaient avec toute la violence du contexte qui les avaient entourés. Pour cacher son désarroi, elle avertit le Loup d’un ton neutre, presque froid :

- J’attends des nouvelles de l’Ambassadeur Erkeos à votre sujet. Une fois que j’aurai eu sa décision, j’aviserai. Rassurez-vous, cela ne devrait pas tarder. En attendant...

Elle avait encore en tête la requête presque suppliante de Nil’nelia où l’on sentait pourtant une colère difficilement contenue. Mais elle ne se laissa ni émouvoir, ni impressionner.

- Ne quittez pas la caverne.

Rôde avait repensé aux propos Ghormy lorsqu’il était venu les aider à défendre le pilier à Zagnadar.
Les nains semblaient vouloir réanimer le golem via l’étincelle de vie qu’ils avaient trouvé. Peut être que cela serait suffisant pour régénérer la puissance du pilier, seulement il n’était pas certain que ces derniers réussissent à redonner vie à ce corps de métal et même si c’était le cas, rien ne garantissait qu’ils seraient d’accord pour s’en séparer.

Rôde faisait les cents pas, parlant par moment a voix haute tout en réfléchissant.

Il y avait fort à faire et il ne fallait pas trainer, Machinalement Rôde avait griffonné une liste d’opération à réaliser avec quelques commentaires.

- Régénérer Arche des glaces
Apparemment il faut une âme possédant une énergie puissante, le sacrifice est t-il la seul méthode ?! L’étincelle de vie suffirait t’elle !
- Tenter de réparer l’Arche des songes
Une fois le traité valider envoyer les ingénieurs de Lardanium
-Obtenir des visas
- tenter de convaincre les nains d’animer le golem et de le sacrifier
- au cas où l’arche des songes est réparer, trouver un moyen pour l’alimenter, autre qu’un sacrifice.
- rechercher des écrits pouvant nous conduire à l’entité dont a parler Elen
-trouver et protéger le quatrième pilier

-Et Prier


Rôde avait déjà envoyé un message au responsable de la bibliothèque, en lui demandant conseil ainsi que l’envoi des livres traitant des divinités.

Il s’apprêtait maintenant à contacter le Roi des nains, ayant longuement réfléchi à la tournure de ses phrases il composa le texte suivant :

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Majesté,

Je me permets de vous dérangez suite a une affaire d’une grande importance, vous n’êtes pas sans savoir que nous avons découvert une arche trouvée sous Zagnadar, et comme la précédente, cette dernière manque cruellement d’énergie
De plus je vais bientôt envoyer des ingénieurs tenté de réparer le pilier découvert par les forestiers. Si jamais ils y parviennent, il nous manquera tout de même une source d’énergie.

Cette source d’énergie est très problématique car elle nécessite apparemment une âme et une énergie vitale, c’est pour cette raison que l’Oracle s’est sacrifié.
Afin de n’imposer ce tragique destin à personne, je me suis souvenu de votre projet de réanimer le golem avec l’étincelle de vie que vous avez trouvé. Peut être que ce sera suffisant pour alimenter le pilier.

Je me doute que vous êtes attaché à ce golem, puisque ce dernier a partagé les derniers instants de Kardrim , votre Précédent gardien des anciens, mais mettre un être fait de chair et d’os en sacrifice est bien plus cruelle.

J’espère que vous comprendrez le but de ma demande, et que mes propos ne vous ont pas offusqué.

Respectueusement
Rôde-la-Nuit, grand pontife.

------------------------------------------------------------------

Le message lui semblait satisfaisant, il s’empressa donc de l’envoyer. A peine un quart d'heure après son envoie, que déjà on lui informa qu’un oiseau était porteur d’un message.
Le grand pontife paru quelques peu surprit Ce pourrait-il que le Roi ait répondu si vite !, mais à peine l’enveloppe dans les mains, qu’il reconnu l’emblème de la bibliothèque.



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« Cher monsieur et *noble*pontife,

Etre bibliothécaire ne veut pas dire connaitre tous les livres par cœur, c’est un métier à plein temps qui ne me laisse pas beaucoup de repris, sans compter que je perds déjà assez de temps à réclamer les livres que *certain* m’emprunte……

Rôde n’était pas tres apprécié par le bibliothécaire, en effet le fait d’écrire « noble » en italique laissait entrevoir un certain dédain pour sa fonction. Il faut dire que le Grand pontife lui avait emprunté pas mal de livre et ne les avais jamais rendu, il était persuader qu’il avait fait exprès de ne pas mettre de « S » au mot « certain » afin de le cible personnellement.


…..En l’occurrence je ne peux faire les recherches à votre place, à chacun son métier me direz-vous !
Ceci dit, et pour le bien de Lardanium, je conçois à vous faire parvenir les exemplaires que vous m’avez demandé, PRENEZ EN GRAND SOIN.

PS : Il manquera un exemplaire sur les divinités, en effet, une personne me là emprunter il y à fort longtemps et, malgré mes nombreuses relancent, ne me la toujours pas rapporté. D’après ma fiche il s’agirait de sir *Rôde-la-Nuit*. Je vous invite donc a contacter cette personne, au vu du nombre de saisons qu’elle a conserver ce livre, nul doute qu’elle doit le connaitre sur le bout des doigts et sera donc en mesure de résoudre votre problème.

*Respectueusement* Le bibliothécaire

Le bibliothécaire ne l’avait pas loupé sur ce coup, Rôde était persuadé qu’il devait glousser de plaisir derrière son comptoir. Mais il n’avait pas tord, Rôde lui avait bien emprunté ce livre lors de sa nomination en tant que Grand Pontife. Il contacta donc une de ses amies afin qu’elle lui fasse parvenir l’exemplaire en question.


Apres une journée d’attente, Rôde reçu enfin les livres. Le temps passait et le Grand Pontife continuait à consulter les ouvrages.
Il n’avait pas vu grand-chose concernant un enfant, mais l’entité avait peut être pris cette forme pour tromper son monde. Rôde continua donc ses recherches en utilisant tout les éléments dont il disposait depuis l’apparition de la comète lorsqu’il tomba sur quelque chose qui retint son attention.
Une sorte de dessin, surement la reproduction d’une fresque, sur lequel on pouvait voir un homme entouré de se qui pouvait ressembler à une colonne de vent et sous lequel était écrit les lettres « TYPHON »
Les traits du visage de l’homme laissaient à penser qu’il s’agissait d’un individu malfaisant, voir démoniaque.

Sur la partie droite du dessin, on pouvait distinguer un volcan en éruption.

Ce n’était pas sans lui rappeler les étranges tempêtes et le volcan qu’il avait croisé dans le désert en compagnie des membres de sa guilde.


C’était pour l’instant la meilleur piste dont il disposait, mais peut-être se trompait t-il, un regarde neuf lui serait d’une grande utilité. Il se refusa d’en parler à Elen, même si ce dernier était tres doué, nul ne sait comment il réagirait. Après tout il avait quand même été en contacte avec cette entité, et il n’était pas impensable qu’il réside encore un infime lien, et puis il avait bien le droit de se reposer au coté de sa femme.
Encore une fois, il préféra se confié auprès d’Isa. Elle était souvent de bon conseil, et avait assisté tous comme lui à tout les événements étranges qui ont frappé Olympia, de la chute de la comète jusqu'à l’apparition de ces tempête et du réveille du volcan en passant pas l’envoutement du gouverneur et du gardien. De plus elle semblait avoir réussi à créer un lien avec son esclave au point que ce dernier était près à la défendre au péril de sa vie. Elle était donc la mieux placé pour donner son avis.

Elen conduisit sa bien aimée un peu à l’écart de l’agitation de la caverne. Il lui tardait qu’elle lui relate ses aventures au Gouffre des Lunes, ce qu’il s’était produit là bas et ce qui produisait cette brûlante aura qui plaisait tant à l’élémentaire, normalement attaché au Loup mais désormais vraisemblablement attiré par sa femme.

“Comment vas-tu, Nil, mon amour ?”

“Je vais bien... Mais c’est plutôt toi qui m’inquiètes. Tu m’as tellement manqué. Tu n’as pas été maltraité au moins ?”

“Je n’ai pas été maltraité par Isa Cestia...”

Parler du traitement de la vieille pie de Isandre était encore trop douloureux pour lui. D’autant qu’elle ne l’avait pas torturé seul : d’autres forces s’étaient mêlée à l’opération, ce qui avait rendu l’épreuve plus désagréable encore.

“Tu as changé...“ dit-elle en passant sa main sur le visage du Loup. Elle sourit en tentant de détendre l’atmosphère. “Enfin... Tu n’es pas le seul.”

“J’ai fait une erreur, Nil. Je n’aurai jamais dû vous tenir à l’écart de tout ça. Mais en même temps, comment aurai-je pu te mêler à tous ces dangers ? J’ai appris qu’il c’était produit un malheur au Gouffre. Que s’est-il passé exactement ? Est-ce pour cela que tu es si... bouillante ?”

“Un accident est un bien grand mot. Moi aussi j’ai fait des erreurs. J’ai tenté de communiquer avec Lodgé, comme tu l’avais fait. Tu m’as parlé des transes des Loups et j’ai essayé de communiquer. De ne faire qu’un avec le feu. Et comme tu peux le remarquer... J’ai réussi à faire un mais pas à communiquer. Maintenant j’ai des réactions étranges, disproportionnées. Et parfois incontrôlables.”

Nil’nelia était maintenant capable de maîtriser son pouvoir mais elle ne voulait pas lui révéler qu’elle avait bien failli mourir, aspirée par cette étrange force. Le Loup posa ses mains sur ses hanches et l’attira contre lui, lui donnant un fougueux baiser.

“Je t’apprendrai, Nil. Je t’apprendrai à effectuer nos transes. Mais pas sans Saïka... Tu as pris trop de risques...”

“Trop de risques ?!” Elle éclata d’un rire cristallin. “C’est étrange venant de ta part. Je crois qu’on a un petit côté inconscients. C’est... pour ça qu’on est si bien ensembles... Lorsque tu ne pars pas seul affronter toutes les forces malfaisantes d’Olympia”

Elle lui rendit son baiser, pour lui montrer qu’au final, elle ne lui en voulait pas. Sa peau s’éclaira un bref instant.

“Tu seras la plus formidable Louve que le clan ait connu, Nil. J’en suis certain. Et je suis heureux que tu m’ais choisi tout autant que de t’avoir choisie. Le vie à tes côtés ne saurait être ennuyeuse !”

“En parlant de la Tanière, Evonis fait un travail formidable en attendant ton retour. Mais... Je pense que tu le sais. Je suis impatiente de devenir une vraie Louve. Mais quel dommage que ce soit en de telles circonstances. Et... cette Olympienne, Isa... Non rien, oublie.”

Elen se plongea dans ses yeux agités par sa flamme intérieure, l’air amusé. Il en oubliait presque la situation désastreuse dans laquelle ils étaient à présent pour se replonger sept ans auparavant, lorsqu’il l’avait rencontrée dans cette taverne et qu’ils étaient tous deux aussi insouciants que des louveteaux.

“Tu ne serais quand même pas jalouse, Nil ?” fit-il, un sourire accroché à ses lèvres.

“Moi, jalouse ? Et encore plus d’une Olympienne ? Non. Mais je n’aime pas trop sa présence. La situation est trop... bizarre. Elle est ta maîtresse. Et...” un sourire mutin apparut “Une femme n’aime pas quand son mari a une maîtresse.”

“Voilà donc toute l’histoire ! Tu sais, sans elle, j’aurai été torturé. La personne qui s’occupait de moi prime abord était tout sauf tendre. Elle m’a laissé quelques marques qui ne s’effaceront probablement jamais... Et...” dit-il déglutissant avec peine. “Et je crois que si Dame Isa n’était pas intervenue, nous n’aurions pas eu l’occasion de nous reparler. Elle est ce que j’ai eu de plus proche d’une amie ces dernières saisons.”

Soudain inquiète, la future Louve touche délicatement le torse d’Elen, cherchant d’anciennes cicatrices. Mais... Elles étaient innombrables, certaines venant d’Elle, et d’autres d’Isandre. Sa mâchoire se crispa.

“Qui t’a blessé ? Montre moi cette personne. Je vais... je...”

L’aura de flamme se développa en quelques secondes. Il l’attira contre lui, pour l’enlacer, se brûlant légèrement, espérant ainsi la calmer.

“C’est sans importance, Nil. Ce ne sont pas les pires cicatrices que ces évènements me laisseront, crois-moi. Ne vas pas te lancer dans une sombre vengeance alors que nous nous retrouvons enfin...”

Il embrassa ses lèvres brûlantes pour la faire taire et lui ôter ces idées malséantes de son esprit. L’effet fut immédiat. Les flammes s’évaporèrent. Elle ne pouvait blesser son amour. Il avait le don de la calmer et de la comprendre.

“Ne t’inquiète pas... Je me suis encore une fois emportée.” Elle posa sa tête contre la poitrine de l’elfe. “J’étais tellement inquiète. Et, étrangement, je le reste. Je ne suis pas très ... confiante dans l’avenir. Nous affrontons un pouvoir trop grand. Je crains que nous ne soyons pas de taille. Elen, j’ai peur.”

Il ne pouvait lui dire ce qu’elle verrait à la sortie de la caverne, cela l’inquièterait trop. Et pourtant, il fallait qu’il lui donne un peu de cet espoir auquel lui avait renoncé, si ce n’est celui de passer ces instants privilégiés auprès d’elle.

“Ne nous enterre pas avant la fin du combat, mon amour. L’avenir, je te l’offrirai, quoi qu’il en coûte. Je te promets que tu auras un futur des plus éclatant et de plus brillant !”

“Mais à quel prix ?”

Nil avait beau essayer de relativiser, c’était impossible. Mais en cet instant, Elen avait besoin qu’elle soit forte. Elle inspira un grand coup.

“Ne me quitte plus et tout ira bien ! Je vois que tu as déjà un “compagnon” qui ne me laisse pas indifférente.”

“Je te l’ai dit, je resterai auprès de toi jusqu’à la fin, quelque soit cette fin... Tu es ma lumière dans l’obsucrité. L’ancre dont j’ai parlé tout à l’heure, cette ancre qui m’a ramené vers les vivants, c’était toi...”

“Moi ? Je m’en doutais.” “Qu’est ce que cela pouvait être d’autre mon cher. Je suis la Lumière dans les ténèbres de ta vie !”

Il l’embrassa derechef.

“Tu es ma lumière oui. Ma brûlante épouse ! Si nous le pouvions, en cet instant, je t’épouserai une fois encore ! Ainsi je pourrai t’emmener loin de ces troubles en lune de miel... Rien que toi et moi...”

“Fais attention... Si Calith t’entendait il dirait qu’une fois encore tu abandonnerais Olympia... Il m’insupporte. Mais pourtant, c’est indéniable, nous avons besoin de lui. Désolé, je n’aurai pas dû dire une telle chose. Mais il m’énerve, tout simplement. Surtout lorsqu’il a fait certaines remarques désagréables devant l’ensemble des Forestiers !”

Nil’nelia ne pouvait oublier cette attaque de l’Intendant du Faucon, qui l’attaquait bassement devant les siens. Elle secoua la tête pour chasser ces noires pensées.

“Calith n’est pas un mauvais bougre. Nous nous complétons bien, tu sais. Il as le sang froid et l’esprit d’analyse qui me font défaut, et je prends les risques qu’il n’ose pas prendre. Je crois que derrière toute cette colère qu’il affiche à mon égard, il veut surtout me dire qu’il était inquiet pour moi !”

“J’aimerais, si l’avenir le permet, que tu prennes un peu de son sang froid et de son esprit d’analyse, en les échangeant avec ta formidable capacité à te jeter la tête en avant dans les dangers. Ce serait... Reposant. Surtout si...”

Elle eut la vision des jeunes elfes s’ébattant dans la clairière face à la Tanière.

“Surtout si un jour, je dois m’inquiéter pour d’autres personnes en plus de toi.”

Elen saisit son allusion. Lui aussi avait songé à cette éventualité. Il est vrai qu’il désirait plus que tout partager une famille grande et heureuse avec Nil, et vieillir auprès d’elle, loin de la guerre et des évènements qui secouaient Olympia.

“Puisse ce jour venir rapidement, ma chérie...” murmura-t-il, plongeant intensément son regard dans le sien. Revenant au sujet du moment, Nil’nelia se tourna en direction de l’Arche.

“Crois-tu qu’il en reste beaucoup d’autres ? Crois-tu que... que nous trouverons une autre solution que celle de condamner une personne, qu’elle soit Impériale ou Forestière ?”

La description faite par le Pontife du Cristal contenant les deux squelettes l’avait touchée et à cet instant, après avoir évoqué ce futur si prometteur, elle avait peur... peur qu’ils choisissent un couple pour être des “vivants parmi les Morts”.

“Une chose est sure, Nil, je ne les laissera pas te placer dans un de ces cercueils ! Je ne sais pas pourquoi Elonia et Khera, car ce sont vraissemblablement elles, se sont résignées à ce sort, mais ils devront trouver quelqu’un d’autre que toi.”

Isa Cestia leur avait interdit de quitter la caverne. Et pourtant, elle ne rêvait que d’une chose, sentir le vent caresser leurs visages, de sentir la neige crisser sous leurs pieds, les Titans chauffer leur peau.

“Elen, si jamais ils ont besoin de nous, que ferons-nous ? Nous sauverons nous ?”

Elle ne voulait pas se défiler et pourtant, la mort n’était pas une option qu’elle pouvait accepter. Ils s’enfuiraient dans les étendues glacées, avec les Loups Blancs, ou sur les Rivages de la Mer d’Emeraude, là où ils s’étaient unis. Ou alors... Ils resteraient à jamais enlacés dans ce cristal. Une larme tenta de s’échapper.

“N’aie pas peur, Nil. Ce n’est qu’administratif. Tu n’as rien à craindre. Je pense que Isa Cestia demande l’autorisation pour nous accompagner. J’aimerai, si tu le permets, l’inviter à la Tanière. Pour que nous consultions la bibliothèque des Loups. Peut-être y a-t-il un volume qui traite du mal que nous combattons. Et elle est celle, avec toi et Calith, qui le connait le mieux...”

Il l’enlaça tendrement, caressant sa chevelure plus longue qu’à l’accoutumée.

“Tu sais, Nil, les choses s’amélioreront, j’en ai la certitude. Tu sais ce que l’on dit ? C’est quand on touche le fond que l’on peut prendre la poussée nécessaire pour remonter à la surface... Et je crois que nous n’avons jamais été plus près du fond...” ajouta-t-il, l’air amusé par son propos.

La pensée que les choses ne pouvaient aller plus mal étaient étrangement réconfortante. La tournure d’esprit qu’il avait ces derniers temps le faisait s’amuser de choses que d’autres auraient considérées comme désespérantes.

“Nous sommes il est vrai dans les entrailles de la terre... Vivement que nous remontions. Si tu as confiance en cette Olympienne, alors j’ai confiance en elle. Les anciennes Chamans, Elonia et Khera faisaient parti des chamans légendaires... Oui oui, j’ai consulté quelques ouvrages sur les clans des Elfes des Lunes, pour ne pas paraître ignorante. Elles étaient avec Marcus et un dernier chaman, du clan du Corbeau. Elles ont affronté le fou. Or... Marcus avait en sa possession une statuette maudite, celle à l’origine de tous nos maux. N’y aurai-t-il pas un lien entre ces anciens événements et ce qui se trame ici... Je suis désolée de reparler de cela, mais... Je ne peux m’empêcher d’y penser.”

Le visage de l’elfe s’était fermé, comme toujours lorsqu’elle réfléchissait.

“C’est chose possible. Mais je ne saurai l’affirmer. Le Clan du Loup n’était pas à son avantage à cette époque. Tout au plus avons nous pu offrir le couvert de notre Tanière aux Clans Libres. Mais les écrits des Temps de la Nuits sont peu nombreux et peu clairs. Ce n’était pas notre préoccupation première. Mais oui, nous pourrons chercher des ouvrages à ce sujet...”

“Peut-être que d’autres clans pourront nous fournir une réponse.”

“Les autres clans ne conservent pas d’écrits comme les Loups. Ce sont eux qui, justement, viennent consulter notre bibliothèque. La transmission orale a cet inconvénient qu’elle est volatile. Quant aux écrits, tant qu’il y a des gens pour les recopier afin de les conserver, ils restent. Mais bien peu, aujourd’hui, souhaitent travailler comme Kowü ou je l’ai fait, à recopier et traduire des ouvrages...”

“C’est bien dommage... Quand j’aurai appris l’ancienne langue des Loups, je pourrai aider dans cette tâche.”

“Le Loup Ancien est tout sauf aisé à apprendre, crois moi... Mais si tel est ton souhait, je te l’enseignerai. Les autres t’ont bien traitée, durant mon absence ?”

“Plus que bien traitée. J’ai vraiment eu l’impression d’être dans une famille.”

Une pointe de nostalgie traversa son regard. Furtif, mais pas assez pour un oeil exercé.

“J’étais mal et je ne sais pas si je me suis bien comportée. Mais... Ne t’inquiète pas, certaines rumeurs courent quant à une possible trace de sang des Lunes dans mes veines. Je m’y sens parfaitement chez moi.”

“Une trace de ?..” dit-il fronçant les sourcils avant que son visage ne s’éclaire. “C’est vrai qu’il y a du sans de Guêpe en toi, ou je ne m’appelle pas Ereinlen !”

“Je crois même que, en rentrant, tu ne fasses quelques jaloux... Mais de ce que je sais de ma famille, je n’ai pas de sang de Guêpe. Les beautés ne sont pas réservées aux Clans.”

“Certes non ! Regarde où j’ai trouvé mon épouse ! Il n’empêche... Je ne serai pas étonné que certains de tes ancêtres aient folâtré avec des Guêpes... C’était relativement courant... Elles choisissaient leurs amants sans leur demander leur avis !”

Nil sourit puis attrapa le bras d’Elen pour le faire s’asseoir sur un rocher et s’installer sur ses genoux, la tête contre son épaule, les yeux fermés.

“Je serais honorée d’être une Guêpe. Mais je préfère être une Louve. Seulement si mon Loup s’arrête de gambader partout...“

“Ton Loup est tout à toi ! Et si tu le lui demandes, il ne te quittera plus et ne s’éloignera pas plus de toi qu’un pas ou deux.” murmura-t-il. “Nil... Je t’aime...”

“Moi aussi” murmura--t-elle en s’endormant, fatiguée par tous ces événements.

Elen attendit quelques instants qu’elle se soit profondément endormie, puis il se le va et la porte vers le campement de fortune qu’ils avaient montés près du Pilier. Elle avait plus besoin de se reposer que lui : dans son esprit, il marchait à présent d’une manière ou d’une autre vers une fin certaine. En réchapper n’était plus une option, à ses yeux. Il ne pouvait que tenter de sauver celles et ceux qu’il aimait...

Il se dirigea vers sa maîtresse, d’un pas lent et mesuré, patientant le temps que Isandre ne s’éloigne.

“Dame Isa, votre aide m’a été précieuse jusqu’ici, et je ne sais si je pourrai un jour payer l’immense dette que j’ai contractée envers vous. Néanmoins, dès que messire Erkeos vous aura autorisée à quitter ces lieux avec moi, j’ai une suggestion de destination.

Mon épouse a émis des hypothèses intéressantes, et j’aimerai les vérifier. Elle pense que tout ceci est lié à des évènemements qui ont déchiré les clans des Lunes par le passé. Puisque je ne suis pas libéré de mes engagements auprès de vous et de mon statut d’esclave, pourriez vous me faire l’honneur de m’accompagner à la Tanière du Clan du Loup. Nous avons une bibliothèque relativement conséquente sur l’histoire d’Olympia et de mon peuple.

Vous seriez la représentante des peuples fédérés par l’Impératrice Salminar et vous pourriez m’aider dans mes recherches, tout en découvrant une part de la culture propre aux Elfes des Lunes. Je me porte garant de vous et rien de vous arrivera, je vous en fait le serment. Peut-être aurons nous aussi le loisir de vous montrer certains lieux qui vous émerveilleront. Qu’en dites vous ?”

La jeune femme avait visité sommairement la pyramide, jusqu'à arriver à la salle principale. Mais elle n'avait pas franchi les entrées voûtées pour s'approcher du cristal. De loin, c'était une magnifique gemme aux pouvoirs surprenants. De près c'était un sarcophage, au sens le plus cruel du terme. Aux mines de ceux qui l'observaient, elle devinait la peine qu'ils éprouvaient, à la fois fataliste et respectueuse. Elle n'aurait rien de mieux à jouer les voyeuses.

Quand Rôde vint à sa rencontre, elle écouta soigneusement ses idées sur l'entité qui pouvait se cacher derrière tout cela. Néanmoins, l'être fabuleux dont le Grand Pontife lui narra certaines légendes la laissa sceptique.

- Typhon pourrait être l'auteur de certaines choses que nous avons subies, en effet. Mais de ce que vous me dites, cette entité parait fruste, violente et sans finesse. Hors notre ennemi est d'une perfidie sans limite. Une divinité sans nul doute, qui brille par un esprit retors. Si ce Typhon a une réelle existence et s'il a joué un rôle dans tout cela, je ne le vois que comme un besogneux aux ordres de plus malin et plus fourbe que lui. Mais qui, et pourquoi au final ? Si les Terres Connues venaient à être détruites, quel bénéfice pourrait en retirer un Dieu ? Régner sur des ruines silencieuses n'aurait aucun intérêt…

Isa ne comprenait pas. Peut-être était-ce simplement hors des capacités de réflexion des mortels. Des jeux divins où même les pions ne seraient plus utiles… Alors que deviendraient-ils, tous ?
Elle soupira, signalant à Rôde, par la même occasion, qu'elle n'était guère plus inspirée que lui.

- J'ai les connaissances nécessaires pour forger cet acier rare que l'on retrouve ici. Nos réserves en adamantium et en fer sont conséquentes dans notre entrepôt mais nous manquons de cristaux de mana. Il devrait y en avoir un peu à Lardanium. Si vous voulez que je passe du temps à fournir des matériaux aux ingénieurs, considérez que je suis à votre disposition.

Rôde soupira à son tour :

- Vous n’avez pas tort, de plus je doute qu’on puisse trouver les réponses dans des livres. Si ce mal est aussi ancien qu’on le prétend, seul les Dieux pourraient nous en dire plus. Hélas il est presque impossible de pouvoir communier avec eux ces derniers temps. Mais tout n’est pas perdu : Sir Krangh, que j’ai fait exécuter il y a peu, m'a proposé son aide. Je l’ai donc missionné pour trouver Hadès. Espérons qu’il puisse nous obtenir des conseils permettant de régénérer la puissance des piliers et accessoirement des informations sur l’identité de l’être qui se cache derrière tout ça.

Rôde afficha un sourire, il fallait qu’il se montre confiant dans la suite des événements, l’ambiance était déjà au plus mal, si jamais ils venaient à perdre espoir la situation en serait plus dramatique. Ce combat n’était pas que physique et nul doute qu’ils seraient tous condamnés s’ils venaient à baisser les bras.

- Concernant votre proposition sur les aciers divins, je voulais vous remercier de vous proposer de les forger, heureusement que vous êtes là ! Cependant j’espère que d’autre pourrons vous prêter main forte.
- Je l'espère aussi, Grand Pontife.

Elle lui sourit avant d'exécuter une courte révérence pour prendre congé. Comme d'habitude, la confiance en l'avenir de l'Olympien avait agi et elle en fut un peu plus rassurée.

Alors qu'elle se dirigeait vers la sortie, la réponse d'Erkeos arriva. Favorable, comme elle s'y attendait, même si la satisfaction de l'Ambassadeur à sa décision l'étonna quelque peu.
Il lui restait une dernière chose à faire, avant d'annoncer la nouvelle à Elen.
Elle s'éloigna du campement qu'ils avaient monté sans trop de méticulosité, épuisés qu'ils étaient. Pour aller là où le sol était vierge de toute trace. Ce ne fut pas facile à trouver et elle fut rapidement dans les collines. La terre était un mélange d'un maigre humus noyé dans de la cendre et des roches broyées. Elle se demanda fugacement comment un tel amalgame avait été possible, ici où tout semblait figé pour l'éternité. Pas d'animaux, pas de plantes… Cette terre avait-elle été créée directement ainsi ? Venait-elle d'ailleurs ?

Grands Dieux Isa, concentre-toi ! Se morigéna-t-elle.

Son esprit vagabondait comme un cheval sauvage lâché dans une vaste plaine. Il galopait, s'arrêtait, revenait, voulait être partout sauf là où on le lui demandait. Comme s'il était si facile d'éviter l'inévitable…
A l'aide d'un couteau, elle gratta le sol et remplit un petit sac de la poussière terne qu'elle récolta. Puis elle retourna au campement.
Il ne lui restait plus qu'une fiole d'eau sacrée du Havre d'Aphrodite. Elle la versa avec soin dans une casserole à mettre au feu tout en entonnant une prière à sa déesse protectrice. Elle y jeta certaines herbes dont on disait qu'elles détournaient le regard inquisiteur des Dieux et d'autres censées aiguiser l'esprit. La magie olympienne, souvent dure et dominatrice, offrait toutefois quelques protections. Elle les invoqua au moment de vider la terre cendreuse dans l'eau d'infusion. Elle obtint une boue pâteuse qu'elle lia avec un peu d'huile aux aromes agréables. Puis elle versa le tout dans un pot de terre. Enfin elle griffonna quelques diagrammes sur un parchemin.

Elle vit arriver Elen qui portait Nil'nelia assoupie. Elle rangea les parchemins dans un étui au moment où il la rejoignait.

- Vous ne me devez rien Elen. Ni vous ni moi ne voulions cette situation. J'ai pu y mettre fin, vous êtes libre. Voici un visa pour le territoire olympien. Vous pourrez le traverser en sécurité. Rentrez chez vous, retrouvez votre foyer. J'espère que vos totems vous protégeront, une fois là-bas. En attendant, si vous êtes décidé à sortir de la caverne…

Sa gorge se serra. Elle avait assisté à suffisamment de luttes du Loup contre l'Ennemi pour qu'imaginer de nouvelles scènes, pires peut-être, lui soit insupportable.

- Je vous ai préparé un onguent de barrage. Si vos rituels comportent certaines peintures de corps, procédez de la même façon. Sinon il y a ici des diagrammes.

Elle lui tendit le pot en terre et l'étui à parchemins. Son regard glissa vers Nil'nelia.

- Votre épouse pourra vous aider à les tracer. Je ne sais pas si ce sera réellement efficace, ni combien de temps… Mais je n'ai rien ici qui me permette de faire mieux.

En d'autres circonstances, elle aurait aimé l'accompagner jusqu'à la Tanière mais cela s'avérait impossible pour le moment. Sans compter ceux qui ne verraient pas d'un bon œil sa présence.

- Représentante des peuples fédérés… Vous n'y allez pas avec le dos de la cuillère mais vous avez raison, ce serait très olympien comme dénomination, jugea-t-elle avec un sourire. Hélas de tous les titres pompeux qui existent par chez nous, je n'en porte aucun - que les Dieux m'en préservent. Si je dois aider à forger l'acier divin, il faudra que je reste à Lardanium pour m'approvisionner alors je ne peux pas vous suivre. Mais peut-être nous reverrons-nous lors des travaux à l'Arche des Songes, si cela se fait… Ou après.

Elle n'y croyait pas beaucoup. Trop de "si", trop de distance, trop de dangers. Mais le destin ne pouvait pas être toujours qu'hostile. La chance finirait bien par venir.

- L'honneur sera alors pour moi si vous me permettez de visiter la demeure de votre clan.

Elen sembla déçu que sa désormais ex-maîtresse ne l’accompagne pas. Il sentait qu’elle pouvait passer au delà des préjuger et se faire une opinion plus objective du Peuple des Lunes, comme si elle découvrait les choses pour la première fois, loin du formatage Olympien.

”Soit, c’est un rendez vous alors ! Nous nous reverrons à la reconstruction de l’Arche des Songes. Et à ce moment là, je renouvellerai mon invitation, sachez le !”

Il s’inclina et baisa la main de Isa Cestia.

”J’espère de tout cœur pouvoir vous revoir en des circonstances plus propices à la joie. En attendant, si vous pouviez faire savoir à messire Rôde que je me tiens disponible et que je vais effectuer des recherche de mon côté. Je vous en transmettrai à tous deux les résultats.

Je ne vous oublierai jamais, Dame Isa. Je vous souhaite bonne chance pour ce qui va vous occuper jusqu’à notre prochaine rencontre. Luwö vous garde !”

L’Intendant s’éloigna comme à contre cœur. Il retourna auprès de son épouse, pour la réveiller doucement, murmurant :

”Nil... Nil... Nous pouvons rentrer...”


Ainsi débuta le voyage de retour

Rorschach, après avoir observé de nombreuses lunes le cercueil lança aux protagonistes ici présents:

C’est Hadès qui avait décidé de qui il mettrait dans le pilier que nous avons trouvé la 1ere fois.
Je suppose que c’est encore lui qui choisira pour celui ci.

Et il doit déjà avoir une petite idée en tête.

Un dieu ne se laisse jamais dépasser par les évènements pensa le géant. Enfin, il l’espérait surtout...

Nous devrions le trouver et voir avec lui comment nous pouvons faire.
Et peut être même apprendrons nous de quoi sont composés ces cercueils et comment ils fonctionnent !

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A peine quelques heures plus tard, les derniers fragments d’os s’évaporèrent et le halo disparut. Immédiatement, la voute de la caverne gronda et se disloqua en larges plaques de roches fendues.
Quand les combattants pensèrent, en l’espace d’une seconde, qu'ils allaient périr massacrés sous les décombres, tout s’arrêta et la voute, malgré de larges fissures et des débris qui en tombaient tout de même, sembla vouloir tenir au dessus de leurs têtes.