Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Les ruines d'obsidienne
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Les ruines d'obsidienne
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Dernière réponse le 17/12/2012 à 14:32

el Par Elen  le 17/12/2012 à 14:32

Quelque part, en Enfer, une minute auparavant...

C’est donc ça, les Enfers ? Le domaine de Hadès. C’est grand. Immense. Il y a des galeries. Et un fleuve. Il coule paresseusement, nimbé de brume. Tout est glacé, ici. Pourtant, pas de neige. Rien de blanc. Uniquement des nuances de gris et du noir.

Les morts sont là. Tous les morts. Kowü ? Passé depuis longtemps. Ils sont pâles, fantomatiques. Certains s’agrippent fermement à leur pièce, l’unique, celle qui garantie leur passage. Charon les transporte, un par un. Dans sa barque. Je fouille mes poches. Je n’en ai pas. Ni poche, ni pièce. Je hausse les épaules. Il fait sombre.

Je marche, pour m’éloigner du Styx. Cela ne sert à rien. De toute façon, je ne passerai pas. Et j’ai le sentiment de ne pas être là pour ça. Qu’on m’attend là haut. Chez les vivants. Mais dans ce cas, pourquoi suis-je ici ? En mission ? Un rituel, voilà. Pour la protéger. Ma femme. Pour qu’elle ne s’expose pas. Mais à quoi ?

J’entre dans une galerie, au hasard. Les morts ne s’intéressent pas à moi. Pourtant, ils sont si froids. Je dois ressembler à une véritable torche. Ils ne veulent pas de chaleur ? Non. Ils veulent passer. Ce sont ceux qui sont coincés qui vont me suivre. Ceux qui errent. Loin. Là où je vais.

La caverne s’agrandit. J’avance. Je sens qu’il faut que je chercher quelque chose. Ou quelqu’un. Une Reine. Pour la délivrer de ses tourmenteurs. Je le sens. Suis-je dans la bonne direction ?

Je progresse dans une grande salle. Très grande. Elle est mal éclairée. Comme tout le reste. Il fait sombre. Je déteste ça. J’avance jusqu’à ce que je ne puisse plus. Ce n’est pas la fatigue, non. Je suis empêtré. Empêtré dans quelque chose. C’est lisse, soyeux. Épais. Et cela dessine de curieux motif dans cette salle. Je me débats. Peine perdue. Ça me colle encore plus à la peau. Je m’emprisonne tout seul.

Ça n’a rien à faire ici. Et cette Reine, où est-elle ? Et pourquoi suis-je ici ? C’est quoi ce rituel ? Pourquoi ? Isa, je veux te protéger. Envers et contre tout. Mais pour ça, il faut que je te revienne, n’est-ce pas ? Sinon, tu vas être triste. Tellement triste. Et Lilei ? Tu sauras t’en occuper. Mais elle a besoin d’un papa. Tu seras une merveilleuse maman, mais tu ne remplaceras jamais complètement l’absence d’un père. Décidément, il faut que je te revienne. Pour t’avoir dans mes bras.

Du mouvement. La Reine ? Isa, c’est toi ? Qu’est-ce que je raconte. Tu ne peux pas être là, tu n’en as pas le droit. Je t’en ai empêchée. Qui est-ce ? C’est grand, ça a des pattes, poilues, velues même. Huit. Et quatre crochets. Deux paires. Et des yeux. Nombreux. Rouges. Je L’ai déjà vue. En d’autres circonstances. Elle me fixe, féroce. Elle s’approche de moi, sans crainte.

Ses crochets me pincent. C’est sans douleur. Normal. Ici, rien ne peut m’atteindre. Je suis mort. Mort. Mais Elle, l’est-Elle ? Non. Pas avec Ses yeux rouges où brille Sa malice. Elle m’emballe, habilement, de Ses pattes, tissant à mesure de cette soie terrible qui me contraint de plus en plus à ne plus bouger.

Quelqu’un chante. Je peux le jurer. La plus belle voix que j’ai jamais entendue. Elle chante juste. En Loup Ancien. Elle est sublime, cette voix. D’où vient-elle ? D’en haut ? Oui. C’est Isa. J’en suis sûr. Elle m’appelle. J’ai mal aux côtes. J’ai mal. Elle m’agrippe de Ses pattes. Elle me retient. Je me sens plus lourd. Plus dense. Quelque chose pulse. Et à chaque battement, je sens qu’on étire mon âme. On veut la faire remonter, mais Elle me retient. Ils vont déchirer mon âme.

Oh, Isa, j’ai mal, j’ai si mal. Mes côtes vont exploser. Et mon coeur. Il bat. Je le sens. D’ici. Mais elle me retient. Isa ! Chante, chante ! Guide-moi ! Chante ! Elle va me tuer. Elle t’aurait prise. J’en suis sûr. Mais ici, je ne peux pas la combattre. Je n’ai pas d’arme. Pas d’autre que ton chant. Apelle-moi, appelle-moi encore. Et cette pression sur ma poitrine. Ça fait mal, bon sang ! Tellement mal !

Elle me lâche, enfin. C’est un n-ième pied de nez que nous lui faisons, toi et moi. Tu dois l’agacer autant que moi. Et toi, au moins, tu as l’intelligence de ne pas t’exposer volontairement à sa vengeance. Oh, Isa, chante, chante encore. Chante toujours. Ta voix est douce. J’arrive...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

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