Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Esprit, es-tu là?
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Esprit, es-tu là?
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Dernière réponse le 28/11/2009 à 21:53

elfe Par Ambre  le 11/09/2009 à 10:59

- Bon, d'accord, mais pas longtemps.


J'avais longuement insisté, elle avait fini par céder. Elle était gentille, en tout cas avec moi. Lui aussi était gentil. Eux ne me bousculaient pas, n'essayaient pas de m'attraper. Eux, c'étaient Syi et Eladar. Des amis ? Je l'espérais.

Je voulais aller voir le temple au fond de la forêt. D'habitude, toute seule, j'y serais allée sans rien demander à personne. J'étais libre. Je regrettais cette idée, mais au fond c'était vrai. Je m'efforçais de paraître enjouée avec eux. Ce n'était pas leur faute, je sais. Ils étaient adorables. Je suis une peste, j'ai appris à me plaire dans ma solitude.


Nous avions fini par arriver devant l'entrée du temple. Peu pouvaient se vanter d'en connaître le chemin. Moi même serait incapable de retrouver ce temple toute seule. Il se tenait là, comme vivant parmi les arbres autour, dressé si haut vers les cieux qu'il rivalisait avec les cimes. J'ignorais depuis combien de temps il était ici. Qui de la forêt ou du temple était arrivé avant ? On pouvait aisément imaginer que l'esprit vénéré en ces lieux avait fait s'élever cette forêt tout autour. Je sortais de mes divagations existentielles et m'attardait à nouveau sur l'architecture et la décoration. Le batîment reposait sur une certaine symétrie d'où se dégageait une harmonie bienfaisante. Le temple avait visiblement pour vocation de réunir les fidèles en son centre. Quatre portes massives étaient disposées aux quatres points cardinaux du temple, bien qu'il me semblait que Na'helli se trouvait au sud, et que les visiteurs potentiels ne venaient que de cette direction. Le toit et les murs étaient dotés d'un certain nombre de minces ouvertures, filtrant la chaleur et la pluie mais laissant la lumière inonder l'intérieur de l'édifice. De nombreux manuscrits étaient rangés dans des bibliothèques contre les murs, héritages sacrés des générations antérieures. Enfin, en se dirigeant vers le centre, on accédait à l'autel. Pas de statue imposante en or massif, pas de cierge allumé de toute part. Simplement un lieu de recueillement, de prière, de communion avec la nature et les autres – ou juste la nature dans mon cas – et un arbre géant en son centre parfait, expliquant la hauteur du batîment et la majesté du lieu.


Je restais un instant en retrait, à l'écart des adeptes. Syi m'observa un moment, puis s'avança. J'admirais son courage et me décidai à la suivre. Elle s'assit là, à même le sol. Eladar ne nous avait pas suivi, j'étais seule. J'inspirais, m'assit en fermant les yeux, et écoutait autour de moi. Les respirations lentes et monotones des fidèles ... Le bruissement des feuilles et le vent qui fait se balancer les branches ... Une douce chaleur s'empara de moi. Je continuais mon investigation auditive. L'un de mes voisins s'adressa à moi. Je vous passe les présentations.

- Tu es seule, n'est-ce-pas ?

J'ai l'habitude de me faire tutoyer. Mon jeune âge, sans doute. Je répondais par l'affirmative sans ajouter de détails.

- Tu ne voudrais pas avoir quelqu'un sur qui compter ?

La politesse me fit répondre « Non », sans aucun mot de plus.

- Il me semble pourtant que tu le mérites. Je t'en crois digne.

Cette fois je ne répondais pas du tout. Je refermai les yeux et me réfugiai à nouveau dans l'isolement que cela procurait. Au bout de quelques minutes, curieuse de ne plus entendre de bruit autre que la nature, je quittais ma solitude pour revenir dans le monde réel. Il n'était plus là. Je veux dire, mon voisin et ses questions tordues.


Je me levai et sortit sans bruit. Eladar et Syi m'attendaient déjà au dehors. Je me refusais à leur parler de la conversation que j'avais eue.

- J'espère qu'on n'a pas été trop longues !
- Non, un court instant dont j'ai profité pour me reposer, me répondit Eladar.

Sa galanterie et son éducation lui interdisaient de dire ce que je lisais dans la position des astres. Cinq heures s'étaient écoulées.



elfe Par Ambre  le 24/10/2009 à 15:29

Nous avions repris la route. C'était un long voyage, j'étais un peu excitée. J'avais souvent erré, peu voyagé, je veux dire, pas avec un plan de route, quelques bagages et un objectif à atteindre. Mon engouement s'était vite éteint. Un tel trajet n'a rien d'intéressant. On marche, on parle, on monte et on défait les camps. Le temps passe.


C'était différent cette nuit. Je n'arrivais pas à fermer l'œil. Eladar dit que c'est parce qu'on est presque arrivé, et que je dois retourner dormir.

Mais l'appel de la Nature était trop tentant, et la nuit était particulièrement claire cette fois. Je m'éclipsai sans bruit du campement de fortune et marchai un peu. Contre l'insomnie, il paraît qu'il faut se vider l'esprit, ne penser à rien. C'est raté, je pensais à l'inconnu qui m'avait abordée l'autre fois au Temple. Pourquoi est-ce que je pensais à ça ce soir-là? Il était bizarre, d'accord, mais ce n'est pas le premier Elfe à agir bizarrement. J'avais déjà réfléchi à des circonstances qui pourraient expliquer le comportement qu'il avait eu. D'abord, je suis une jeune fille, ce ne serait pas la première fois qu'un type me paraisse louche en venant me parler. Ensuite, il y avait son âge à lui. Nos plus brillants alchimistes ne savent toujours pas soigner certaines maladies de l'âme. Déraison? Folie? Oui. Il était vraiment étrange … dans le sens inquiétant … comme ces rares personnes qui déambulent dans les rues de Na'helli en annonçant à qui veut les écouter que la fin du monde est proche.

Je me rappelais à peine son visage, mais j'avais sa voix en tête. Je le reconnaîtrai sans difficulté s'il revenait me parler.


Le lendemain matin, on partit très vite. Syi dit qu'on doit se dépêcher d'arriver, pour mieux profiter. Mais je l'avais entendue avec Eladar. Ils s'inquiétaient tous les deux. Ils jetaient souvent des regards furtifs derrière nous. J'avais essayé de faire pareil, mais je ne voyais rien ni personne.

On arriva enfin au bord du désert. Ça veut dire qu'on avait fait plus de la moitié du chemin. On le voit sur la carte, une grosse tâche jaune. J'avais fait deux petites croix, une à Na'helli, et une là où on va. J'aime bien regarder les cartes.

- Ouch! gémit Eladar.
- Aieuh! Mais pourquoi tu t'es arrêté ?!
- On fait une pause ici. Le désert est une grosse épreuve à traverser, m'expliqua-t'il.
- Ah. Bah … d'accord.


Chacun sait ce qu'il a à faire quand on monte le camp. Moi, je m'occupe du camp en lui-même. Je range les sacs, j'organise un peu. Les autres vont chercher l'eau, la nourriture ou le bois. Je suis un peu seule comme ça. Mais alors que je guettais leur retour, un chien énorme s'approcha. Il me fixait comme jamais un animal ne m'avait fixé. Il continuait de s'approcher, et montrait les crocs.

Je sais comment il faut faire avec ce genre de chien. Ne pas montrer sa peur. Montrer qu'il doit obéir.

- Assis!!! ordonnai-je.
Il ne broncha pas. Je n'avais surement pas été assez persuasive.
- ASSIS LE CHIEN!!!
Il se jeta sur moi et me mordit la cuisse. Je hurlai encore, mais de douleur. Je hasardai un coup de poing dans son flanc, puis tentai de l'attraper à la gorge. J'avais lu ça dans un livre. Je réussis à me dégager, mais pas à le calmer.
- ASSIS! PAS BOUGER!
Je tenais à peine debout, à cause de ma cuisse blessée et j'avais des larmes plein les yeux. L'animal m'observa, je sentis un changement dans son regard. Il se calma. Je pus m'approcher, et m'assit à ses côtés. Il m'avait fait mal, mais je ne l'avais pas raté non plus. Son flanc était rouge et sa respiration saccadée.

Une arme glissa dans son fourreau, l'épée était rengainée. Mes compagnons de voyage étaient prêts à me défendre, prêts à tuer pour moi. Ils regardaient l'animal bizarrement, mais ne dirent rien. Ils avaient probablement tout vu.


Le chien resta près de moi un moment, seuls tous les deux, pendant que l'on se remettait de nos blessures. Ce n'est que plus tard dans la soirée que je suis retournée près des autres. L'animal était à mes côtés.

- Je vous présente Le Chien. C'est son nom. Quel meilleur nom pour un chien? Je retourne me reposer.

Le Chien resta avec eux.


- Tu n'es pas un chien, commença Eladar.
- Perspicace …
- C'est toi qui nous suivait? ajouta Syi.
- C'est elle que je suivais.
- Qui es-tu? Ou plutôt, qu'es-tu?
- Elle vous l'a dit. Je suis Le Chien. Je suis là parce qu'elle le veut.



el Par Gamroc  le 28/10/2009 à 15:24

HRP/ Mystérieux, c'est agréable et j'adore les confessions du genre "J'aime bien regarder les cartes".



elfe Par Ambre  le 11/11/2009 à 11:26

La Reine avait donné un ordre. Je n'ai pas tout compris. Dans ce genre de discussion, il y a des mots compliqués, beaucoup de gens très instruits qui prennent la parole, et l'information essentielle se perd rapidement. Eladar a bien voulu me faire un petit résumé. Des ruines auraient été découvertes. Il ne m'en fallait pas plus, j'imaginais déjà une équipe de recherche se créer et aller arpenter ces ruines. La vérité était toute autre, et mes nouveaux amis me l'ont vite fait comprendre. Eladar m'a fait lire les quelques lettres qu'il a reçues. Il fait partie des Sentinelles! Peut-être, qu'un jour, moi aussi ...

En attendant, lui doit partir. Pas moi. Le rapport des Sentinelles dit que les armées Impériales se sont postées tout autour des ruines, empêchant notre Reine de savoir ce qu'elles renferment.

- Mais pourquoi ils font ça? Ce sont des ennemis? demandai-je.

Syi sourit. Même Le Chien semble se moquer de moi. Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle! Mes seuls ennemis n'ont jamais été que les gardes et les marchands à qui j'ai volé un peu de nourriture parfois.

- Oui. Ils sont nos ennemis. Voudras-tu un petit cours de politique quand je rentrerais? répondit Eladar.

J'ai dit oui de la tête, et il nous a laissé seuls, Syi, Le Chien et moi.



Dès lors, le temps a semblé passer plus lentement. Sans lui, c'est différent, même pour Syi, j'en suis sûre. Plus de nouvelles. De personne. Insupportable. Je refuse de vivre comme ça. Dans l'attente. Je dois agir. Je saurai quoi faire une fois rentrée à Na'helli. J'ai ramassé ma carte, pris mes affaires et dit au revoir à Syi. Le Chien et moi, on rentrait. Seuls.

Une fois à Na'helli, raccompagnés par Corwin, un Elfe que j'ai déjà croisé quelques fois, j'ai trouvé ce que j'avais à faire. Tout le monde ne parlait que de ça en ville. La Corporation des Alchimistes recrute. Ce sera mon alibi. Je suis entrée dans la Grande Bibliothèque, sûre de moi. J'ai filé entre les rayons comme une ombre et je suis revenue presque aussitôt devant l'Elfe qui tient la caisse. J'ai posé les livres sur le comptoir, et j'ai attendu.

- Bonjour Mademoiselle! Puis, examinant les ouvrages, cela te fera 315 pièces d'or, s'il te plaît.
- Ce n'est pas pour moi Madame! Je dois livrer ça à la Corporation des Alchimistes., vous savez?

J'ai sorti l'argument de choc. Elle ne peut rien dire!

- Tu as un bien joli collier ...

Quoi?! Mais pourquoi elle me parle de ça? Elle va me laisser partir oui?

- Je suis désolée, mais même la Corporation doit payer les livres qu'elle souhai...

Plus le temps. J'ai récupéré mon butin et j'ai fui. La pauvre n'a rien eu le temps de dire, je crois. Les gardes que j'ai bousculé m'ont couru après, mais ça ne compte pas. Je suis rapide, futée. Ils ne m'auront jamais. Et surtout, j'ai de l'expérience dans ce domaine. J'ai trouvé une de mes cachettes habituelles, et j'ai examiné mon trésor. J'ai devant moi les 2 premiers tomes d'Ars Illuminae!


Pendant trois jours entiers, je n'ai lâché mon livre que pour boire et m'entraîner. Le Chien a du comprendre. Il est vraiment très intelligent comme chien. Il est resté devant moi sans bouger. Il boit quand je bois, et dort quand je m'entraîne. Je crois même qu'il respire sur le même rythme que moi ...
Au bout de trois jours, je sors. Je suis prête.



Le Chien m'indique la direction du nord, et je mets en route. Très vite, un air vicié m'emplit les poumons. Je tousse, crache, et voilà que je tache ma jolie robe noire, celle que j'avais choisie exprès! Elle reflétait bien mon état d'esprit je trouve. Ma robe noire, mes cheveux blancs, et mon collier d'ambre. J'avais trouvé ça bien ... Je vois rapidement les lueurs du campement installé pour nos combattants, et j'entends presque en même temps les cris et les pleurs. Étouffés. Moi aussi, j'étouffe. Ma tête vacille, mes esprits se perdent. Le Chien m'aide. Je m'approche encore, jusqu'à dépasser les soldats les plus reculés. J'aperçois enfin Eladar! Il fait tournoyer fièrement trois énormes boules reliées par des lanières. Qu'ils sont beaux tous ces soldats, surtout ceux en armure devant, un drapeau dans une main, une épée dans l'autre, ils hurlent des ordres et des conseils pour diriger la masse de volontaires timides. Je fais semblant de ne pas faire partie de cette seconde classe.

Eladar me sourit. Il me fait promettre de faire attention à moi et de rester en arrière. A me voir habillée comme ça, il n'a pas mis longtemps à deviner que je ne me battrai pas avec un arc (je n'ai jamais réussi à faire quoique ce soit avec un arc de toute façon). Autour de moi, des jeunes, des moins jeunes, quelques très jeunes. Ce n'est qu'à ce moment que j'ai compris toute l'ampleur de la tâche qu'on a à accomplir, tous, comme un seul. Une armée nous fait face, arborant des couleurs différentes aux nôtres. Un rocher énorme s'envole et atterrit violemment derrière moi! Je sais que des personnes ont été touchées, rien qu'au sourire du Géant en face. Mon sang ne fait qu'un tour. J'évoque un morceau de glace qui l'atteint. Le Géant a surtout paru surpris, plus que blessé. D'accord. On va voir ce qu'il dit de ça. J'évoque à nouveau la force du froid, mais je donne à la glace une forme de javeline que je fais aller se planter dans le bas-ventre du Géant qui se tord de douleur.

Je réalise. Je viens de lancer mes deux premiers sorts sur une cible autre que le mur de pierre de ma cachette. Je suis une magicienne, ça ne fait aucun doute.

Et puis ... Je me retourne, et constate les dégâts. La vue est horrible. J'ai l'impression d'avoir pris 50 ans. Je ne suis plus tout à fait la jeune Ambre qui découvre la vie petit à petit. Je suis Ambre, et je suis en tête à tête avec la mort qui s'abat autour de moi. Où est passée ma jeunesse? Elle a du s'envoler, comme le dernier souffle d'un combattant au front.



el Par Eladar  le 14/11/2009 à 16:03

HRP:/ .... Simplement superbe.



elfe Par Ambre  le 14/11/2009 à 18:05

Pff, tout ça parce que t'es dedans ^^



el Par Eladar  le 16/11/2009 à 11:12

Ya pas que ça ... T'as un style d'écriture assez spécial et ça rend super bien.



elfe Par Ambre  le 17/11/2009 à 07:46

Et bien, merci!



elfe Par Nil'nelia  le 28/11/2009 à 21:53

Je confirme ce que dit Eladar