[Dans l'épisode précédent : Sur les traces d'un Chaman...]

Le Faucon avait finalement atteint Na'Helli après de nombreuses lunes passées à sillonner les grandes plaines d'Olympia en compagnie des Sylphes. Il avait eu largement le temps de réfléchir à la suite des évènements, mais cette réflexion trop prolongée l'avait davantage plongé dans des pensées mornes qu'aider à penser à l'avenir des Faucons.
C'était avec soulagement qu'il avait franchit les portes de la cité, Tiamath sur ses talons. Il avait encore fort à faire vis à vis des funérailles de Marcus, mais cette statuette le rendait aussi soucieux. Son Clan n'en avait étrangement jamais eu connaissance. Il s'était montré surpris de la voir entre les mains de leur Chaman, la tenant avec fermeté même après avoir rendu son dernier souffle.
Son importance cruciale et son aspect sacré n'était plus à démontrer, ne restait plus qu'à savoir ce qui se cachait derrière ce faucon de cristal ...

D'un pas rapide, l'Elfe se dirigea à l'Office de Na'Helli, appelant après un expert qui en saurait sans doute leur en dire plus sur l'étrange relique. Il n'eut pas à attendre longtemps avant que quelqu'un se présente à eux ...

L’expert de l’office examina longuement la statue, son visage laissant transpirer l’incompréhension et donc l’inquiétude. Il tendit finalement à Calith l’objet qu'il venait de lui remettre.

Ceci est une puissante relique qui porte sans conteste les traces d’une magie antique, mais je ne peux la garder et ce pour deux raisons :
La première est que vous faites partie du clan du Faucon et qu’il est normal que cette statuette revienne à votre clan.
La seconde est que les énergies de cette statuette semblent perturbées par une énergie plus puissante encore qui a un côté... malsain.

Il serait bon de trouver un moyen de la « purifier ».

L’Elfe resta perplexe un moment, suite aux paroles de l’expert à l’office de Na’Helli. Il ne se serait pas attendu à pareilles conclusions. Si des énergies malsaines tournoyaient autour de cette statuette, les évènements à la Grotte des Sources auraient peut-être des conséquences bien plus fâcheuses qu'ils ne s’y attendaient.

Ce fut avec un air inquiet qu'il reprit la statuette en sa possession, tournant les talons et se dirigeant vers la Forêt des Cendres après quelques maigres remerciements à l'expert.

En premier lieu, il avait pensé contacter les siens pour requérir leurs aides, mais il avait attendu une réponse des Faucons en vain. Calith s’était ensuite tourné vers les Sylphes, le cas semblait avoir touché Elen, en plus de Tiamath qui l’avait accompagné à l’office.

Il ne voyait qu’une piste possible, pour le moment. En désespoir de cause, le Faucon s’était dirigé vers le Sanctuaire de la Forêt, Hydris n’étant pas en mesure de l’aider pour le moment.
Il avança lentement à travers les vestiges des Chthonios, pris dans la nature. Voilà déjà un bel exemple d’énergies négatives contrées par la nature elle-même ...

Il ne pouvait espérer trouver des réponses à ses questions qu’en ces lieux, auprès des Elfes s’occupant du Sanctuaire. Mais quelque chose lui disait qu'il n'était pas au bout de ses peines ...

Son retour à la forêt des Cendres avait été motivé par les combats qui se déroulaient depuis peu entre certains de ses frères et les Impériaux. Il semblait que, malgré tout ce que disaient certains politiques, les Elfes des Lunes payaient toujours le tribut de la guerre en premier. Ils étaient le rempart extérieur du territoire Elfique. Aussi, quand on avait appelé à l’aide tous les clans, il avait promptement quitté Fernliae, laissant là bas son amour, Nil’Nelia, souhaitant de tout cœur courir plus vite que son apprentie, Kyneth, pour qu’elle ne soit pas exposée.

Il était arrivé trop tard. Trop tard pour aider ceux qui se battaient tantôt. Mais pas trop tard pour assister Calith. Celui-ci avait voulu déposer la statuette en ville mais une malédiction semblait frapper l’objet. Quelle magie avait pu pervertir à ce point une relique gardée par un Chaman ? Aucun sort n’aurait pu passer outre la vigilance d’un homme aussi sage et puissant que Marcus. L’Intendant du Faucon avait demandé assistance aux Sylphes.

Il croisa Calith en forêt, non loin de Na’Helli. Et ce ne fut pas un hasard. En vérité il cherchait son confrère du clan du Faucon.

« Calith, Calith ! »

Il rattrapa le Faucon et sa fille.

« Calith ! Attends-moi ! Je vous accompagnerai ! Je pense qu’il te faut un soutient de tous les clans pour réussir. Pas seulement du clan du Corbeau. Nous trouverons comment purifier cette statuette. »

« Je vais tout d’abord aller au sanctuaire de la forêt. Si tu veux nous accompagner… »

Il l'accompagnerait donc au Sanctuaire. Et si cette solution ne fonctionnait pas, ils ne seraient pas trop de trois têtes pour réfléchir convenablement à la question.

- Vous n'êtes que trois pour faire tout ce boucan ?

La voix peu amène sortit de l'orée de la clairière qui abritait le sanctuaire. Une femme de grande stature, tellement proche de celle d'une guerrière olympienne qu'elle attirait au premier coup d'œil la méfiance, se dirigea vers le petit groupe. Pourtant sa foulée aérienne, sa musculature fine, la cascade d'or de sa chevelure qui ruisselait jusqu'au milieu de son dos et la pointe délicate de ses oreilles attestaient bien ses origines forestières.
L'arc en bandoulière et ses dagues rangées dans de petits fourreaux à sa taille montraient qu'elle n'était pas franchement hostile mais qu'elle avait les moyens d'avoir le sens de la propriété sur les lieux.

Elle dévisagea les visiteurs, espérant leur faire payer par sa mauvaise humeur la proie à laquelle elle avait dû renoncer en les entendant arriver. De simples pèlerins ne méritaient pas qu'elle abandonne un si joli chevreuil à d'autres prédateurs qu'elle.

- Pour prier c'est là-bas, fit-elle le doigt pointé vers le bout d'une large allée. Mais ne touchez à rien, il y a des choses dangereuses ici…

Elle plissa les yeux, tâchant d'évaluer si les trois individus seraient capables de respecter la consigne sans qu'elle soit obligée de les surveiller, une perte sèche de temps qu'elle saurait autrement occuper de bien meilleure façon.

Le Faucon se retourna pour adresser un pâle sourire à l'Intendant du Loup, souvent présent à ses côtés dans les pires situations. L'absence des autres Faucons se faisaient pourtant cruellement ressentir ... Tiamath et lui étaient-ils les seuls que cette relique importait encore au sein de leur Clan ? A moins que la division régnait réellement désormais, avec la mort tant regrettée de Marcus.

L'inquiétude se dépeignit à nouveau sur les traits de l'Elfe en se perdant à nouveau dans ses pensées noires. Il ne vit pas de suite la guerrière se rapprocher de leur position, et sa réaction fut la même que cette dernière : Il la dévisagea brièvement avant de prendre la parole.

- Nous ne venons pas pour prier.

Il avait soudainement l'impression d'être traité comme un intrus, ou plutôt comme un enfant, mais l'attitude peut amène de l'elfe à la chevelure d'or ne le démonta pas. Il avait une mission, et rien ne comptait d'autres.
Sans s'encombrer de manière, Calith retira le tissu recouvrant la statuette du Faucon et la tendit à la chasseresse.

- Cette relique nous vient de Marcus, Chaman légendaire du Faucon. Elle est inconnue à mon Clan et nous avons eu la désagréable surprise de constater que ses énergies mystiques étaient troublées par d'autres plus malsaines. Que pouvez-vous nous en dire ?

Les lèvres fines de Tiara se pincèrent un court instant tandis qu'elle réalisait que sa partie de chasse était définitivement ruinée.
Naturellement elle fit mine de se saisir de l'objet que Calith lui tendait mais, presque à le toucher, sa main recula aussitôt. Son instinct l'en avait dissuadé comme il l'aurait empêché d'aller chercher la morsure d'une vipère tapie sous un caillou.

- Marcus vous dites ?

Son regard quitta la statuette pour mieux scruter les trois Elfes. A son air, ils purent se douter qu'elle devait les reconnaître.

- Je ne savais pas qu'il possédait une telle chose… Il vaut mieux que vous n'alliez pas plus avant dans le sanctuaire. Installez-vous là, remettez un peu de bois au feu… Je reviens.

Sans plus de commentaires, elle laissa les visiteurs seuls. A quelques pas se trouvait un cercle de pierres qui contenait encore quelques braises vives couvées par une cendre épaisse.
Quand elle revint, elle portait une caissette où étaient empilés nombre de fioles et de sachets qui dissimulaient une large écuelle de métal décoré. Une grande carafe d'eau trônait au centre de l'amoncellement.
Elle s'assit sur ses talons et sortit les éléments de la boîte en expliquant :

- Tout ce que vous voyez ici a été purifié au sanctuaire. C'est un processus long et délicat. Ne vous avisez pas de faire la même chose avec des ingrédients que vous auriez simplement ramassés en chemin. Des cristaux pour la communion avec votre statuette…

Elle disposa en cercle dans l'écuelle les éclats de gemmes.

- Des minerais pour s'en assurer le contrôle…

Elle répéta l'opération avec un nouveau cercle concentrique plus grand puis versa le contenu de la carafe.

- L'eau pour le lien entre ces trois composants et le feu qui sera la dynamique du rituel…

Des feuilles et des écorces d'une multitude de plantes furent saupoudrées dans le récipient.

- Les essences des plantes qui vont infuser vont ouvrir nos esprits et nous pourrons voir l'invisible.

Négligemment cette fois, elle prit une poignée de feuilles fraîches qui restaient au fond de la caissette et la jeta dans l'eau avec les autres.

- Et de la menthe. Ca c'est… Juste pour que ça sente bon.

Elle plongea un support de métal au milieu du feu avant d'y installer l'écuelle.

- Vous pouvez mettre la statuette, bien au centre. Installez-vous. Nous nous concentrerons pendant que ça chauffe. Pensez à ce que vous savez de cet objet mais ne cherchez pas à interpréter avant que les visions n'arrivent ou ce que nous verrons sera perturbé par ces a priori.
Le chemin jusqu'aux secrets de cette statuette est jonché de questions. Mais chaque question que vous poserez aura un impact sur la perception que vous aurez… C'est là la difficulté majeure, de voir ce qui est et non ce qu'on attend qu'il soit. Mais vous êtes habitués à ce genre de pratiques si je ne me trompe. Cela devrait bien se passer, n'est-ce pas ?

L'Elfe resta perplexe devant la réaction de la Gardienne du Sanctuaire. La statuette du Faucon semblait entraîner chez elle un sentiment de répulsion ... Que les énergies mystiques, même perverties, obtiennent pareil comportement l'intriguait.

Hésitant, il reprit donc le Faucon de cristal contre lui sans poser de questions, se contentant d'une œillade équivoque à Elen. Il resta pourtant silencieux au départ de Tiara, le visage fermé dans une expression sévère où perçait une once d'inquiétude.
Tiamath s'installa auprès du feu, le ravivant à renfort de branches, comme l'avait demandé la Gardienne. Le silence ne semblait en rien perturber les deux Faucons qui avaient pris l'habitude de se passer de mots.
Calith l'imita avec un léger retard, se rendant compte qu'il était resté en piquet à attendre. Il déposa la statuette du Faucon auprès des flammes qui reprenaient leur danse vertigineuse, faisant jaillir de par le cristal des éclats de lumière qui lui rendait honneur.

Il bougea imperceptiblement la tête au retour de Tiara, détaillant d'un air intéressé la caissette qu'elle apportait. Voilà qui promettait un rituel des plus étranges ...
Et il ne fut pas déçu en la regardant opérer tout en expliquant ses gestes. Il craignait déjà le pire ... D'un mouvement de tête, il intima à Tiamath de s'écarter, ce type d'exercices n'étant pas encore de son ressors.

Il plissa les lèvres d'un air contrarié en posant la statuette au centre. A vrai dire, ce type d'exercices n'était pas non plus son point fort. Il se souvint en priorité des désastreuses expériences qui s'étaient produites par le passé sur ce sujet, puis inspira un bon coup, se forçant à faire le vide.

Il n'avait pas le droit à l'erreur. Pas d'interprétation, pas de précipitation, pas de dispersion.
Le silence se fit ... A tel point qu'il n'entendit bientôt plus l'œuvre de la nature, ni le crépitement des flammes. La première image qui lui vint à l'esprit fut le Faucon de cristal, répandant son éclat grâce à la lumière des braises. Cette même lumière flamboyante qui ricochait sur le cristal au moment du bûcher funéraire de son propriétaire. Il se souvenait du corps de Marcus retenant la relique de ses mains figées, mortes. L'office de Na'Helli. Les révélations de l'expert à l'air si intrigué. Les flux mystiques. L'énergie malsaine ... Dépassant l'entendement.

Et les questions inévitables. Ce qu'elle était, ce qu'elle est devenue, ce qu'elle doit devenir.

Elen fut à la fois surpris et impressionné par l'arrivée de la Gardienne du Sanctuaire. La femme dégageait une telle force d'esprit. Elle les toisait, eux, les Intendants, avec une telle intensité qu'on eut pu se demander si les deux Elfes n'avaient pas été aux yeux de la femme plus que deux enfants qui s'approchaient d'une salle interdite.

Calith l'informa de leur mission, celle qu'ils devaient mener à bien pour le clan du Faucon. Le plus gros problème consistait à mieux comprendre la malédiction qui frappait la statuette et, par la suite, voir s'il était possible de l'éliminer.

La Gardienne du Sanctuaire leur décrivit le rituel complexe qui allait leur permettre de lire entre les lignes de la maligne magie. Celui ci comportait de nombreux ingrédients et, visiblement, nécessitait un niveau équivalent à celui de la transe. Seuls Calith et lui-même pourraient donc participer pleinement aux évènements qui suivraient. Les propriétés des matériaux végétaux énoncées par la Gardienne du Sanctuaire correspondaient avec ses propres connaissances en herboristerie. Mais elle lui prouva qu'il ne savait pas tout dans le domaine des transes. Jamais il n'aurai imaginé que l'amalgame d'ingrédients minéraux et des végétaux le tout chauffé par un brasier, leur permettrait d'ouvrir leurs esprits. Cela n'avait rien à voir avec la méthode louve pour les rituels de transes chamaniques.

L'hésitation qu'il perçut dans le regard de Calith, ou plutôt dans son geste lorsqu'il déposa la précieuse statuette pour le rituel.

Il ferma les yeux, se concentrant sur cet intervalle qui se trouve entre deux pensées, là où se nichaient les interstices dans lesquels parfois s'infiltrait Luwö. C'est là qu'il trouverait le calme nécessaire à l'exercice qui allait suivre.

Lorsqu'il eut trouvé ce qu'il cherchait, sa respiration se fit aussi imperceptible qu'un battement d'aile de papillon. Son cœur battait à un rythme lent tandis que ses yeux s'ouvrirent. Son regard vert avait gagné en intensité alors que ses traits affichaient la plus grande décontraction.

Cela ne tarderait pas à commencer...

Le noir. Les odeurs des plantes. Et puis tout à coup une myriade de couleurs voletant comme des papillons et s'arrangeant pour tracer le décor.

Il s'agit de l'endroit même où ils se trouvaient avant de fermer les yeux. Tiara est là également. Tout est en tout point identique à la différence d'un chose. La statuette à pris vie sous la forme d'un faucon. Il pialle et commence à s'embraser. Il grossit, grossit, grandit, grandit, jusqu'a atteindre environ quatre mètres de haut. Rugit alors le puissant phénix, avant de se consummer.

Le décor change, pendant que le phénix renait de ses cendres. Nous sommes à présent au gouffre des sources.
Le phénix grandit, grandit. Mais alors qu'il va rugir, un mord apparait dans son bec, l'attachant à un chariot sur lequel se tient une noire silhouette, alors que le phénix devient Griffon. Le Griffon rugit et la cravache fouette l'air pour le faire terre. Puis, une lumière, puissante éblouissante, apparait dans la grotte, faisant fuir la silhouette.

Le griffon rapetisse, rapetisse et redevient faucon alors que le décor change à nouveau revenant à la forêt ou leurs corps se trouvent encore.

Le faucon pialle et devient aigle, tenant dans ses pattes une charogne pestillentielle. L'aigle cri et redevient faucon alors que la charogne disparait. Le faucon tente de s'envoler et dés lors qu'il quitte le sol se transforme en un aigle de trois mètre d'envergure, portant en ses serres un fléau. Il se tourne vers les spectateur et redevient alors faucon, l'arme qui aurait été trop lourde pour le chétif animal disparaissant également. Le faucon se dirige alors vers un arbre, et se change à nouveau. Cette fois il prend la forme d'un aigle géant, un roc, la forêt commence à bruler autour d'eux, le roc décrit une ellipse dans le ciel et charge vers les elfes. Mais au moment où il passe au dessus du feu, le roc disparait et la statuette retombe dans son auge.

Les elfes se réveillent avec effroi. Rien autour d'eux ne semble avoir bouger.

Le retour à la réalité avait été difficile pour les deux compagnons. C'est le cœur battant et avec la sale impression de revenir d'un cauchemar qu'ils avaient regagnés leur corps.

Calith prit un moment à se remettre, comme souvent lorsqu'il se laissait entraîner dans une transe. Ses idées lui semblaient fous et il eut du mal à recoller les bouts. Passé, présent, futur ... Il lui semblait avoir saisi la chronologie des évènements.
La statuette pourrait être étrangement ... Vivante. Et cela l'effrayait. La malédiction serait alors dramatique, peut-être même qu'elle atteignait le Grand Faucon lui-même, quelque part ? Tout était plus qu'incertain, et encore davantage l'avenir de flammes qui semblait se dessiner ...

Il ne fut qu'à moitié étonné lorsque Khalara Mënsha Noor lui annonca que des géants cherchaient à la frontière le détenteur d'une relique maudite. La mention d'un possible vol de cette dernière l'avait par contre dérouté. L'elfe avait refoulé sa colère, en s'adressant à eux par missive. Cette statuette appartenait à son Clan, c'était le dernier héritage de Marcus !
Il eut un brève aperçu de la situation de l'Oracle. Le poison qui l'avait atteint à la Grotte des Sources semblait tout autre. La malédiction de la statuette ... Pourtant, il ne l'avait même pas touché.

Leur route se croiserait donc à nouveau, leur destin paraissait étroitement lié à celui des géants. D'après la vision, l'avenir se profilerait donc aux côtés du roc, l'aigle gigantesque. Calith se rendit pourtant tendu au point du rendez-vous, car l'Enfer sur terre présent dans sa vision avait été déclenché par ce même rapace...

Leur silence face à ses propositions était éloquent. Il se doutait que sa demande entraînerait quelques remous, mais il ne s'agissait que de rendre l'affaire plus équitable, pour l'elfe. Après tout, il avait déjà sorti une fois leur Oracle des griffes de la mort dans cette Grotte, alors qu'un Géant s'était permis de maltraiter le corps de Marcus...
A cette pensée, sa mâchoire se crispa. Marcus avait succombé peu de temps avant leur arrivée, et cette affaire restait encore obscure ... Mais le plus important actuellement était de purifier la statuette du Faucon. Il avait feint un manque d'intérêt, pour faire croire que son sort ne le préoccupait pas plus que cela, histoire d'éviter qu'on le fasse chanter. Et pourtant, il sentit avec étonnamment une certaine impatience en lui ... Car il craignait les conséquences.

Rexanne ...
Un mince sourire étira les lèvres du Faucon en recevant sa missive. Toujours cette même sincérité et grandeur d'âme, il savait avec certitude qu'elle disait la vérité, et qu'il pouvait lui faire confiance.

Et pourtant, la méfiance le reprit soudainement lorsqu'elle le rejoignit enfin au lac de l'Etoile, constatant la présence de plusieurs géants non loin d'elle. Il avait regardé derrière lui avec une certaine appréhension, calculant les chances de réchapper à une agression, et de sauver sa fille, Tiamath ...
L'elfe se sentait acculé comme une bête sauvage, dont il n'était plus si éloigné en cet instant. Il avait pris la parole tendue, leur demandant de but en blanc s'ils venaient lui arracher la statuette des mains. Les réactions ne se firent par attendre, mais étaient bien loin de ce qu'il aurait crû ...

[HRP: La suite est l'ensemble des RP effectués durant les négociations par message privé. Vu que le RP est de grande qualité, je me permets de les joindre à ce récit. Il comprend donc diverses interventions des personnages présents, ne vous étonnez pas de la différence de style !]

Des journées de marche avaient épuisées le géant de l’Air, pas toujours remis du difficile rituel qui lui avait beaucoup coûté. La guerre et ses horreurs avaient serpenté jusqu’à lui. Il y avait répondu comme il se doit, sans se défaire de son devoir de Roc, mais c’était un shaman et non un combattant.

Après avoir rejoint Tobias, et quelques journées de marche plus tard, il les avait vu se diriger au Sud vers un regroupement d’elfes. Il écouta sans mot dire les échanges entre l’ambassadeur et le porte-parole des elfes de lune, avant de trouver l’ouverture qui lui permettrait de s’insérer dans la conversation.
Il ne voulait surtout pas faire de l’ombre au diplomate, qui saurait trouver les mots justes pour parvenir à un accord.

Bien mal avisé est celui qui obtient par la force ce que les mots peuvent obtenir, sieur Elfe.

La voix du shaman était calme, profonde, vibrante de ce timbre apaisant car soucieux d’aboutir. Son objectif était de sauver l’Oracle, non pas de nouer une relation de force avec les forestiers, et il souhaitait le faire savoir.

Je me présente, je suis le Shaman Sayan Köttor. Mes respects, peuple des forêts.

Son regard d’aigle, d’un vert si pénétrant qu’il en semblait brûlant, se posa sur Rexanne, et l’esquisse d’un sourire glissa sur le visage habituellement revêche du géant.

Ravi de te revoir, Rexanne.

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Tobias ne pouvait écarter l’éventuelle décision du conseil qui tendrait à prendre l’objet tant convoité par la force. Il était impossible pour lui de s’y résoudre...

L’alchimiste fut ravi de l’intervention posée de Sayan Köttor. Les éloges ne tarissaient pas à son sujet. Il le savait pacifique et engagé et ne se trompait donc pas.

Sa lourde carcasse vint se placer sur un large rocher mousseux. N’oubliant pas de rappeler à ”terre” qu’il était un géant, de légères vibrations accompagnèrent la souplesse du colosse. Ses mains vinrent sublimer son vieux bâton afin de soulager ses épaules déjà trop fatiguées par tant de voyages...
Les yeux posé sur Calith il prit la parole...

Cher Calith, vous semblez ne pas me connaître pour croire que je puisse vous faire du tord.

Fronçant un sourcil...

J’entretiens de bonnes relations avec votre peuple qui d’ailleurs me le rend toujours aussi bien...Bref...Les évènements actuels ne changeront pas ma volonté de négocier calmement et respectueusement afin d’obtenir cette statuette.

regardant Rexanne...

Je ne doute pas des capacités et qualités de Rexanne pour nous aider à y aboutir. Sachez juste que je ne tenterai jamais de vous trahir.

D’un air dépité...

Le seul véritable problème est que nous sommes tous tributaire de la décision des gardiens. Et s’il venaient à décider le pire je songerai alors à quitter mes fonctions.

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L’Elfe restait sur la défensive. La discussion avec Rexanne s’était révélée calme et posée, lui permettant de se tenir au courant de la situation, alors que l’Ambassadeur Tobias ne lui avait imposé qu’un silence pesant face à sa proposition. N’avait-ils aucune dévotion envers leur Oracle ?

Sans compter que resté immobilisé près de Na’Helli ne lui avait guère plu. Il avait vu ses compagnons revenir un par un d’entre les morts, emportés par ces mêmes géants avec qui il tentait de négocier.

Il s’était tout d’abord pris de compassion pour le sort de leur Oracle, se souvenant avec peine dans quelles conditions les Faucons avaient perdus leur Chaman. Ce sentiment s’était néanmoins bien vite effacé ...

Dans son regard, on sentait l’hostilité. Il s’apaisa pourtant aux paroles des Géants qui semblaient réellement pacifistes contrairement à ce qu’ils lui avaient laissé penser.

Votre silence nous a tous fait du tord, Ambassadeur Tobias.

Nous en serions certainement au même point sans l’intervention de Rexanne. Vous n’avez même pas cherché à négocier les conditions, ni même nous avertir des décisions de votre peuple.
Combien de temps serions-nous encore resté dans le doute, avec cette guerre à nos portes ?
Vous devriez la remercier de cette intervention.

Les miens meurent au compte-goutte au front, sous les coups des vôtres. J’aimerais que les morts cessent ... Qu’une trêve soit établie. Elle devra durer au minimum la durée de l’aide que l’on vous prodiguera.
Mais ne vous inquiétez pas, malgré votre retrait des ruines, le combat ne sera toujours pas équitable...

Vos Gardiens ne semblent pas tant se soucier du sort de votre Oracle... Qu’en disent-ils exactement ?

Un mince sourire étira ses lèvres devant l’air dépité de l’Ambassadeur.

De toute façon, vous ne gagnerez pas grand-chose à tuer l’un de nous trois. Vous perdriez des informations. La transe peut nous imposer bien des énigmes...

Je vous crois sur parole, Ambassadeur.
Vous semblez sincère. Sayan Kottor, vos paroles sont sages. Je suis ravi de faire la connaissance d’un Géant de votre trempe.

Comment Tobias pouvait-il rester à ne rien dire. Le ”faucon” ne savait sans doute pas grand chose des mœurs géantes pour affirmer que son silence était un tord...
Se levant à l’aide de son vieux bâton il fixa solidement le petit être et d’une voix ferme lui répondit...

Vous pensez vraiment que cela m’amuse. Je m’efforce de parler à mon peuple et à mes gardiens pour n’avoir qu’en retour le néant. Comprenez ma déception. Je me revois encore vous annoncer...”Ah bah excusez moi mais les décisionnaire sont sans doute plus occupés à rechercher un ”truc bidul” (expression du lutin Green avec qui j’ai voyagé)dans des ruine qu’à répondre à l’offre que vous m’avez faites...”
Je pense que ce n’est pas une réponse à vous donner. J’ai préféré me retirer un moment pour calmer mes ardeurs. Rexanne a su profiter de l’instant pour venir à vous et cela est louable certes.

Regardant Rexanne et s’inclinant légèrement...

Je vous en remercie.

Reposant son regard sur l’elfe...

Mais au final les négociations n’ont pas été concluantes. Pourquoi me direz vous? Pour la bonne et simple raison que vous demandez plus que lors de notre premier entretien.

Le géant tourna sa carcasse pour poser un large regard vers Zaganadar...

Si les gardiens avaient approuvé votre première offre nous n’en serions pas là. Vous offrir des cristaux en échange de la vie de l’oracle...

Serrant le poing...

Ces cailloux ne sont rien à coté de la vie d’Hardaway. J’aurai sans doute dû agir seul...Mais je devais jouer mon rôle à la lettre et en informer le peuple.

Le regard bien plus livide...

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L’Elfe sembla d’un coup plus perturbé. il regarda les géants à tour de rôle, gardant le silence un long moment avant de reprendre d’une voix plus posée.

Nous ignorions les positions prises par vos Gardiens, Ambassadeur. Nous ignorions aussi les dissensions qui vous opposaient. C’est de cela que j’aurais voulu être informé à temps ...

Je comprends, maintenant. Vous avez toujours voulu sauver votre Oracle, et le prix ne vous dérangeait pas ... Ce sont vos Gardiens qui vous ont fait barrage. J’ai l’avantage d’agir pour mon Clan, et de ne pas attendre l’aval du Conseil Elfique.

Les négociations se poursuivirent plus calmement et les deux partis finissaient par s'accorder.
L'ambassadeur se tourna alors une dernière fois vers Calith.

Sachez juste que nos gardiens sont concernés par l’etat de santé de l’Oracle mais ne se résoudront pas à laisser leurs alliés dans la panade.

Tobias et son fidèle ami Krangh se retirèrent alors, laissant Sayan et Rexanne seuls face aux elfes ... Et à ce mystère.

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Sayan se râcla la gorge et haussa un sourcil en regardant les trois Elfes de Lune. C’était un regard féroce, aiguisé, d’un vert tranchant qui rappelait la couleur éclatante d’un millier de feuilles que caressait un soleil estival.
Comme souvent, il se dit qu’il devrait songer à l’adoucir, mais sa nature revêche l’en empêchait, trop souvent.

Je ne souhaite aucunement me montrer insistant, ni déplaisant. Je ne souhaite pas non plus mettre en doute vos paroles. Mais j’aimerais pouvoir observer cette statuette. C’est pour cela que je suis là, déterminer si elle est ce que l’on recherche, et si ça nous aidera vraiment.


J’espère que vous ne le prendrez pas mal.

Sayan se gratta le menton et eut un faible sourire.

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Messire Sayan Köttor, je ne pense pas qu’il y ait le moindre problème pour vous montrer la statuette. Cependant, montrons nous prudents. Votre Oracle semble être sous le coup d’un maléfice. Il en est de même pour cette statuette. Pour ce que nous en avons tous conclu, les deux évènements pourraient être liés.

Nous ne semblons, à première vu, souffrir d’aucune malédiction en étant porteur de la statuette. Mais je dis : prudence ! Si votre Oracle est atteint, pourquoi pas vous ? Peut-être est-ce lié à la morphologie des Géants. On vous dit réceptifs à certaines formes d’énergies, celles que vous prodiguent vos Éléments. Peut-être seriez vous réceptifs au mal contenu dans cette statuette. Évitons dans ce cas les contacts directs.

Elen lança un regard à Calith, pour savoir si son impression pouvait se rapprocher, selon son homologue, d’une éventuelle vérité.

Dans le cas où Calith accepterait de vous confier la Statuette quelques instants pour que vous puissiez l’étudier, je pense que vous devriez porter des gants les plus épais possible. Cela sera probablement dérisoire si vous et tous ceux de votre peuple sont aussi réceptifs aux énergies que je le pense. Toutefois, ne mettons pas de côté des précautions simples qui pourraient s’avérer plus importantes qu’on ne le croit.

Le mieux serait que Calith vous montre l’objet sans que vous n’entriez en contact avec. Mais je comprends votre désir de toucher de vos mains cette statuette. Comment l’expertiser à votre tour, sinon ?

L’Intendant du Clan du Loup était des plus sincère quant à son inquiétude pour le Géant. Qui sait quel maléfice avait touché l’Oracle et la précieuse relique...

Sayan eut un froncement de sourcils, et réfléchit à toute vitesse. L’éclair qui zébra ses yeux vert refléta son intelligence qui tourbillonna à toute vitesse.

Le danger est plutôt réel, il est vrai.
Je ne sais pas si mon pouvoir shamanique sera suffisant pour contrer le maléfice ou non, si le maléfice s’attaque effectivement à moi. Ce que je sais c’est que j’ai pénétré l’esprit de Hardaway, notre Oracle.
J’ai vu les assauts mentaux qu’il a subi, et j’ai moi-même du en combattre quelques uns.
Je ne suis pas certain de pouvoir y résister, c’est clair, d’autant plus que le rituel de possession du corps auquel je me suis livré m’a laissé totalement affaibli depuis de nombreuses lunes...

Le shaman ferma les yeux et eut un soupir agacé. Cependant, quant il rouvrit les yeux, sa décision était prise.

Voilà ce que je compte faire donc, monsieur les Elfes. Par souci diplomatique et pour rassurer le Conseil, j’aimerais voir la statuette, mais je ne m’aventurerai pas à la toucher.

Ensuite, je prendrai peut-être le risque de jouer avec le feu encore une fois.

Se tournant vers Rexanne, il lui confia dans un murmure.
Si cela arrive, j’aurai sans aucun doute besoin de toi...

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Rexanne s’était tue depuis que les négociations avaient repris. Elle avait préféré laissé aux ambassadeurs le soin de s’occuper de régler cette affaire. Un accord avait enfin été pris, elle était soulagée que les choses bougent enfin, et que la vie de leur Oracle allait peut être pouvoir être sauvée.

Il était maintenant question de voir cette statuette. Elle n’avait pas pensé que le fait qu’un géant la touche puisse lui causer des dégâts. Mais il fallait la voir pour être sur. Heureusement Sayan s’en chargeait, il était le plus compétent pour ce genre de choses.

Je t’aiderais du mieux que je peux mais ne prends pas de risques inutiles...

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Calith acquiesça simplement aux propos d’Elen, gratifiant le géant d’un mince sourire devant sa décision prudente.

Je confirme les propos de l’Intendant du Loup. L’énergie négative émanant de la statuette du Faucon peut se révéler dangereuse.
Nous nous sommes rendus au Sanctuaire de la Forêt pour en apprendre davantage sur son compte, j’ai été surpris de constater la réticence de la Gardienne à toucher l’artefact, comme s’il pouvait la brûler au contact.
A vrai dire, je suis le seul à l’avoir touché jusqu’à ce jour, avec l’expert de l’office de Na’Helli. Contrairement à ce dernier, je n’ai ressenti aucune énergie malsaine ...

Prudence est de rigueur, vous avez bien raison.

L’elfe laissa sa besace tomber au sol, en extrayant un objet recouvert d’un tissu de velours. Retirant minutieusement ce dernier, il révèle aux yeux de tous un Faucon taillé dans le cristal et l’adamantium. L’animal semble se tenir aux aguets, ailes repliées.

Voici la relique de mon Clan.

Il l’approche lentement du Géant, la tenant à bout de bras, sans pour autant la lui donner.

Pour tout vous dire, Elen et moi avons eu l’occasion d’effectuer une transe, avec la Gardienne du Sanctuaire.
Nous avons vu un nombre important de signes ambigus, traduisant le passé, le présent et le futur de cette statuette. Ce futur ... Était évoqué par un roc, ces rapaces géants. J’ai de suite pensé que c’était lié à votre peuple.

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Sayan eut un frisson d’intérêt quand Calith commença à extraire la statuette de son enveloppe, le géant se pensa pour la fixer de plus près de son regard d’aigle.
Ce fut une déception. Non pas parce qu’il ne s’agissait pas de la statuette, mais parce que Sayan ne ressentit rien à sa vue. Etait-il possible qu’il fallait à nouveau entrer en transe pour que cela fonctionne? Etait-ce parce que le rituel effectué il y a quelques lunes l’avait fatigué?

Mhm.. Cest bien la relique que j’ai vu durant le rituel. Je me dois de vous avouer quelques choses, messieurs les Elfes.
Notre Oracle s’était senti bien mal après la bataille de la grotte, vous l’avez remarqué. Son corps semblait aller au mieux, je me suis donc douté que son affliction devait être mental. Au péril de ma vie, j’ai décidé de tenter un rituel de possession de son corps et de son esprit pour communiquer avec lui et comprendre son mal.

Ce rituel a été un succès. Grâce à lui, j’ai pu voir l’Esprit de notre Oracle assailli par les araignées, et j’ai pu prendre conscience de cette statuette. Mon Oracle me l’a présentée comme étant non pas la statuette du faucon, mais le totem de l’Aigle, qui est la représentation shamanique de mon élément.

Sayan fit une courte pause, comme pour laisser aux Elfes le temps de digérer ce qu’il venait de dire. Puis, il soupira.

Je vais maintenant vous faire part de mes impressions toutes personnelles. Que ce soit le totem du faucon ou le totem de l’aigle, je m’en fiche comme de ma première cuite. Tout ce qui compte c’est sauver Hardaway.
Cependant, mon esprit est assailli par les doutes. Ce n’est pas normal, j’ai l’impression qu’une entité supérieure se joue de nous. Comment se fait-il que deux représentations se partagent le même totem, à ce moment?
Quelles sont ces araignées? D’où viennent-elles? Ajoutez à cela cette relique pour laquelle nos deux peuples se battent en ce moment.. Je sais que nous ne nous aimons guère, mais pour moi il y a trop de signes. Trop de signes qui me montrent que l’on nous pousse dans une direction qui ne me plaît pas.
Je compte bien soigner l’Oracle de mon peuple, et une fois ceci fait, j’essayerais de trouver réponse à mes questions.

Pour l’instant, je me reposerai avant de tenter quoique ce soit.

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Le Faucon se contenta de fixer longuement Sayan, d’un air sceptique. Mais le Géant ne sembla pas s’illuminer soudainement à la vue de la statuette ...
Pourtant, il réussit à lui arracher une expression de stupeur, à la mention du totem de l’Aigle. Calith reprit la statuette contre lui, rabattant le tissu en un geste protecteur. Ce fut néanmoins plus un réflexe qu’une intention de camoufler la relique à la vue des Géants, l’elfe semblant perdu dans ses pensées un long moment.

C’est incompréhensible ...
Comment une relique pourrait appartenir à deux peuples ? Je ne me souviens pas que mon Clan ait pu avoir des liens avec votre élément, même si le Faucon est libre dans les airs.

Et c’est autre relique, oui. Peut-être une autre part du mystère, mais peut-être aucun lien aussi.

Il marque un silence à son tour, son regard se baissant sur la statuette enveloppée.

Ma transe m’a révélé un aigle ...
Tous ces signes nous mèneront vers la vérité, et la sauvegarde de votre Oracle, de la statuette. C’est ainsi qu’il faut chercher.

Je tiens néanmoins à vous dire que je partage votre ressentiment. L’avenir ... Est incertain. Incandescent. Je me suis réveillé d’une transe douloureuse qui s’est achevé en cauchemar.

Une question, cependant. Quelle arme manie Hardaway ? C’est peut-être important.

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Sayan ne dit rien quand il vit Calith se rétracter, sur la défensive. Il avait prévu une telle réaction, et il observa l’elfe avec cette expression aiguisée qu’était la sienne.

Il le laissa réfléchir, attendit qu’il parle. Il savait qu’en lui révélant des informations, Calith lui en révélerait à son tour, car la vérité amène inéluctablement la vérité.

Elen réfléchit un instant, ouvrant et fermant la bouche, comme s’il hésitait à parler.

Messire Sayan, j’ai peut-être une solution pour vous amener à entrer en contact spirituel avec l’objet. Puisqu’il semble que la malédiction ne touche pas les Elfes, peut-être que Calith et moi-même pourrions mettre en place un accompagnement de transe. Nous avons certains rituels qui nous le permettent, et qui pourraient fonctionner avec vous et ceux de votre peuple.

D’habitude, c’est nous qui accompagnons nos Naos dans les transes. Mais je pense que nous pourrions adapter nos rituels afin que, cette fois ci, ce soit vous qui nous accompagniez. Ainsi, vous ne seriez pas exposé directement à l’énergie maléfique. Cela pourrait peut-être fonctionner et régler nos problèmes. Cela dit, je ne peux pas garantir le succès le plus total.

Qu’en dites vous, messire ? Et toi, Calith, qu’en penses-tu ?

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Les Elfes, apparemment, ne prenaient pas encore la mesure de sa détermination à sauver l’Oracle. Une détermination un peu folle, aussi.
Ses yeux se plantèrent dans ceux d’Elen avec une lueur farouche difficile à interpréter. Ses yeux verts étincelaient et on voyait à son visage qu’il réfléchissait, puis, il se dressa sur ses pieds de toute sa taille de géant en abandonnant son ouvrage.
Puis, dans une claque amicale qu’il asséna sur l’épaule d’Elen(amicale selon les standards géants, ce qui pouvaient se relever un poil trop vigoureux pour les autres races arpentant Olympia), le shaman éclata d’un rire franc et heureux.
C’était d’une rareté incroyable que de voir le shaman rire à gorge déployée, encore plus accompagné d’Elfes.

A la bonne heure! Fantastique idée, l’ami! Ah! Enfin quelqu’un qui me comprend! Quelle idée, quelle idée!

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Calith se contenta de hocher la tête aux propos de l’Intendant du Loup. C’était agréable qu’un autre s’exprime, surtout lorsque ses dires collaient automatiquement à sa pensée.
Du moins ...

Est-ce nécessaire ? Ce serait sans doute plus parlant que de simplement le narrer, mais ... Elen, je ne suis pas Chaman du Faucon. Je me suis risqué à la transe parce que Tiara, la Gardienne, était présente. Si un problème survint, qui nous permettra de revenir à la réalité, sans Chaman ou Gardienne ?

Il plissa les lèvres, sceptique. L’idée était bonne, mais risquée. Et l’elfe aimait faire preuve d’un maximum de prudence, surtout avec les transes ...

Je doute que tu le saches mais je pars très aisément en transe. Néanmoins, j’ai des difficultés à en revenir ... Et ne comptez que sur tes compétences pour le retour, c’est hautement dangereux.
Voulez-vous prendre ce risque ?

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Elen se massa l’épaule, adressant un sourire au Géant. Le fait qu’il ait côtoyé des membres du peuples de Sayan auparavant ne l’avait pas habitué à ces démonstrations physiques. Du moins, aucun géant n’avait cherché à contrôler sa force lors de leurs accolades.

L’idéal, Calith, serait que tu ne participes pas à la transe. Je peux, je pense, essayer d’accompagner notre ami Géant. Comme cela, au moindre problème, tu pourras mettre en place le rituel de retour : si tu participais, tu ne pourrais pas chanter les Icarios qui nous ramèneraient. Et, au moins, le porteur de la statuette serait sauf, de même pour l’ambassadrice Rexanne. Vous pourriez, tous deux, continuer à tenter de sauver l’Oracle des Géants et lever la malédiction de la statuette ; peut-être nous sauveriez vous par la même.

Si messire Sayan Köttor est d’accord, je suis prêt à lui demander solennellement de m’accompagner dans ma transe. En tant qu’Intendant du Clan du Loup, je déclare devant mon homologue l’Intendant du Clan du Faucon, qu’aucune représailles, liée au risque que nous allons prendre, n’aura lieu à l’encontre du peuple Géant si je ne revenais pas. Cela n’empêchera pas les guerres entre nos peuples, mais le Clan du Loup ne vous attaquera pas pour cela.

Il s’inclina respectueusement.

Je vais préparer ce qu’il me faut. Le rituel sera un peu différent de celui pratiqué par ton Clan Calith, et sans doute tout autant que celui pratiquer par les Géants, messire Sayan Köttor.

Il alluma un feu, sortit quelques herbes de sa besace, des plantes aromatiques pour la plupart.

Calith, si tu consens au rituel tel que je te l’ai présenté, pourras-tu mettre ces herbes dans le feu quand nous démarrerons ?

Il s’adressa au Géant.

Il va falloir modifier les chants rituels d’accompagnement des novices de mon clan et il va falloir que vous les chantiez en ouvrant votre esprit. Je suppose que vos méthodes de communication avec votre élément nécessitent une telle ouverture et que vous saurez comment vous y prendre. Les chants seront cependant nécessaires...

Laissez moi réfléchir aux modifications à leur apporter, et je vous les apprendrai par la suite... Si Calith est d’accord sur la procédure dans son ensemble, bien entendu.

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Le Faucon fronça les sourcils, dubitatif. Il ouvrit la bouche pour parler, mais la referma finalement en plissant les lèvres.

Si tu es sûr de ton choix, mon frère ... Je te fais confiance. Alors ne me déçois pas.

Un maigre sourire, plutôt rare, se dessina sur les lèvres de l’elfe. Son visage habituellement fermé semblait quelque peu marqué par l’inquiétude, mais il ne se permit aucun commentaire.

Je ferais le nécessaire, vous pouvez comptez sur moi.

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Sayan écouta non sans réserves les propos d’Elen. Ils avaient quelques doutes sur la compatibilité des deux magies, mais à ce stade, que pouvaient-ils espérer d’autres?

Le shaman hocha la tête en se grattant le menton d’un air sombre.
Soit. La proposition que vous me faîtes à l’air honnête, dangereuse pour vous comme pour moi, mais honnête.

Je suis de la partie. Je.. chanterai s’il faut chanter également, continua-t-il un peu déboussolé.

Puis, il s’accroupit au sol en tailleur et regarda Calith et Elen, comme s’il attendait des directives. Tentative risquée ou folle, il n’avait que très peu de temps à perdre et les membres du Conseil le pressaient à raison: il fallait sauver Hardaway.

Je suis prêt.

La Gardienne du Sanctuaire leur avait interdit d’utiliser sa méthode afin d’entrer en communication avec le maléfice qui s’était emparé de la statuette. Elle les avait mis en garde : les ingrédients qu’elle avait utilisés avaient été purifiés par de complexes opérations dont seuls les gardiens de temple ou les Chamans possédaient les secrets. Mais le clan du Loup n’avait plus de chaman.

Elen avait fait de son mieux. Il avait toujours avec lui des ingrédients d’alchimie, son défunt mentor lui en avait jadis appris les rudiments. Qu’avait-elle utilisé ? Il se remémora ce qu’elle leur avait décrit dans la procédure. Des cristaux pour la communion avec votre statuette… Il ne possédait pas de cristaux, sous quelque forme que ce soit. En attendant le retour des autres Géants, c’eut été plus simple. Mais il faudrait faire sans. Il se concentra un instant. Qu’utilisait-on pour communier dans son clan ? Des encens… Des bougies parfumées… Un contact… Non c’était à la fois proscrit et insuffisant.

Je vais utiliser de l’améthyste. Elle établira le lien avec la statuette et devrait nous donner une vision nette de tout ce qui doit être vu.

Il plaça une pierre dans une écuelle. Ensuite… …des minerais pour s’assurer le contrôle de la statuette… Le contrôle… Le contrôle nécessaire pour ne pas être embrumé par la malédiction ni atteint par celle ci.

Pour éviter les perturbations extérieures et afin de se prémunir contre la malédiction de l’objet, je vais utiliser un mélange d’obsidienne, de serpentine, d’hématite, de quartz rose et de tourmaline.

Il se concentra un instant, avant de jeter le tout dans l’écuelle. Il frissonna, cherchant désespérément dans sa mémoire le savoir nécessaire à la délicate opération. S’ils échouaient, ils en paieraient le prix fort. Et il serait aux premières loges ! L’eau pour le lien entre ces trois composants et le feu qui sera la dynamique du rituel… De l’eau purifiée, il en avait, fort heureusement. Et le feu était aisé à obtenir. Et il y avait du bois à profusion atour d’eux. Il se permit un sourire un peu plus confiant. Il répéta les paroles de la gardienne :

De l’eau pour lier les ingrédients et du feu pour activer le rituel.

Il versa l’eau en quantité abondante et alluma un feu sous l’écuelle.

Les plantes que tient Calith nous laisseront plonger dans notre transe en douceur.

Tout va bien se passer.

Il s’adressa au géant, à qui il avait enseigné ses chants modifiés. Ceux-ci devraient avoir l’effet voulu. Les chants de l’Adrakil lui permettaient d’accompagner le Naos dans sa transe, mais pas de la partager. Juste de contrôler et d’apaiser l’esprit de son élève. Mais ainsi modifiés, ils devraient permettre au géant de partager la vision de l’Intendant du Clan du Loup. Bien sur, l’esprit du Shaman serait en retrait par rapport à celui de l’elfe : il serait plus spectateur qu’acteur de la vision, normalement.

Vous souvenez vous du chant que je vous ai enseigné ? Très bien. Commençons alors.

Il adressa un signe de tête à son confrère du clan du Faucon. Celui-ci semblait à deux doigts de lui dire d’arrêter l’expérience. Et, à dire vrai, il avait bien envie de tout stopper lui aussi. Mais s’ils ne faisaient rien, les elfes continueraient à se faire massacrer. S’ils pouvaient obtenir les faveurs du peuple de Zagnadar…

L’Intendant du Clan du Faucon déposa la statuette dans la gamelle, sur une sorte de passoire posée là. Le contact entre la statue et les ingrédients serait minimum mais suffisant. Du moins, c’est ce qu’il pensait.

Il se concentra. Il ne devait jamais savoir quand Calith lança les herbes dans le feu et dans l’écuelle. Quelque chose dans son esprit lui indiqua que tout se déroulerait à merveille. Il n’entendit que les chants du géant, les chants qui lui rappelaient ses premières transes. Celles qu’il avait faites aux côtés de son mentor puis des autres Adrakils de son clan, avant de lui-même devenir un Ashka. Cela le rassurait. La voix grave du géant avait ce qu’il fallait d’apaisant pour que ses craintes se replient derrière les pans de son inconscient.

Puis soudain…

Des images…

Sans ouvrir les yeux, des couleurs. Des couleurs et une vision très nette. L’elfe et le géant se trouvaient précisément là où ils étaient quelques instants auparavant. Le lac était là, tout était là. Comme la dernière fois. La statuette était là. Cela fonctionnait. Ils avaient réussi !

La statuette s’anima, se changeant en un grand faucon. Celui-ci s’embrasa tel le phénix. Il ne cessait de grossir et d’enfler. Ses formes parurent plus arrondies à Elen que lors de leur dernière transe. Mais cela n’avait guère d’importance. Le contenu de la vision semblait être le même. Le phénix rugit avant de disparaitre, ses cendres dispersées par le vent.

Ils se retrouvèrent, encore une fois pour Elen, dans le gouffre des sources. Le phénix se reforma.

La vision devint rouge. Toutes les couleurs étaient entrain de disparaitre, pour laisser place à ce décor vermeil. Les murs de la caverne semblaient être faits de sang coagulé. Le phénix grandit et, alors qu’il s’apprêtait à pousser un nouveau cri, le cri de sa renaissance d’outre tombe, un mord apparut dans son bec. Ce phénix, à présent rouge, se changea en griffon aux yeux étincelant, des lueurs sanguines... Il était attelé à un chariot. Sur ce chariot se tenait une silhouette noire.

Tout sembla se brouiller. Les images tremblaient. Le rouge semblait s’atténuer. D’une couleur intense, celle des teintures utilisées pour les vêtements de certains Nobles, il passa à une teinte de plus en plus terne. De plus en plus grise. La silhouette noire cravacha le phénix qui avait poussé un nouveau cri. L’écho de ce hurlement fut des plus terribles : il semblait amplifié et bien trop grave. Une lumière d’un blanc éclatant perça ce décor devenu grisâtre et fit fuir la silhouette.

Que se passait-il ? Pourquoi tout cela semblait-il si différent de la dernière fois ?

Le griffon rapetissa et redevint faucon. Le décor revint au lieu où se trouvaient leurs corps. Tout était gris, à présent. Il entendait encore les chants du géant à travers une brume qui semblait s’emparer de son esprit. Ce dernier ne devait pas savoir que tout cela n’avait rien de normal. Peut-être était(ce la première fois qu’il avait une transe sous cette forme là.

Le griffon rapetissa, rapetissa et redevint faucon alors que le décor changea à nouveau revenant au campement où leurs corps se trouvaient encore. Il chercha le sien des yeux, se désintéressant du faucon. Mais l’image qu’il avait de lui-même était brouillée. Il semblait y avoir des parasites entre lui et son enveloppe physique, ou la représentation qu’elle avait dans cette transe.

La vision devint noire, comme si la transe s’achevait, mais les images revinrent, nettes durant un instant, puis à nouveau tout de noir et de blanc. La transe n’était plus stable du tout.

Le faucon pailla, devenant un aigle. Dans ses pates, entre ses serres, se trouvait une charogne pestilentielle. L’aigle redevint faucon après un cri rauque et son sinistre trophée disparut. Le géant chantait toujours mais Elen l’entendait à peine. Les images tremblaient, à présent. Elles semblaient sur le point de vaciller, de s’éteindre à tout instant, comme la flamme d’une bougie sur laquelle le vent souffle.

Le faucon s’envola et il quitta le sol, se changeant en un aigle noir de trois mètres d’envergure. Il tenait entre ses serres un fléau gigantesque. Ses yeux noirs se rivèrent sur l’elfe et le géant. La vision redevint noire, puis les images revinrent, de plus en plus floues, comme masquées par un brouillard. L’arme qu’il tenait disparut. Il fonça droit sur eux en piqué, sous la forme d’un roc et la forêt commença à bruler au loin. Cet incendie sans couleur fut entrecoupé par de nombreux parasites noirs, la vision devenant de plus en plus instable. Lorsque le roc passa au dessus du feu. L’élément se déchaîna consumant l’oiseau.

La vision en plus de la monochromie commençait à se faire évanescente comme si elle s’éloignait, qu’elle devenait intangible. Le brasier brulait de mille feu, semblant indomptable. Une silhouette massive mais tout aussi intangible se dessina alors et à mesure que le feu s’estompait. On put deviner l’Oracle Hardaway qui tendit sa main fantomatique en direction des deux chevaucheurs de rêves, alors que la statuette était réapparue dans les mains d’Elen.

Le feu, le feu, toujours le feu. Cette vision de la forêt avait ce qu’il fallait de déplaisante pour que l’on en souhaita la fin. Et à cela s’ajoutait l’instabilité de la transe. Cela pouvait être terriblement dangereux. L’esprit était une chose si fragile, si facile à détruire, à remodeler.

La nouvelle apparition, celle qui n’avait pas eu sa place dans la précédente transe, figea l’elfe. Et le fait que l’Oracle, sa représentation spectrale, son esprit égaré ou quoi que ce fut s’approche de lui en tendant les mains n’avait rien de rassurant. Au contraire, il n’avait que très rarement fait l’expérience d’interaction avec des émanations intégrées à une transe.

Mais le plus inquiétant ou le plus intéressant, selon les points de vus, ce fut la présence de cette statuette entre les mains de l’Intendant du clan du Loup. Son retour entre les mains de l’elfe, ainsi que l’avidité affichée du spectre placèrent Elen dans une position si déplaisante qu’il souhaita ardemment la fin de cette transe. Mais cela ne changea rien. La forme s’approchait de plus en plus.

Reculez… Reculez… Ceci n’est pas pour vous...

Elen ne pouvait tourner le dos à cette apparition, bien qu’il souhaita entrer en contact avec le géant qui l’avait accompagné dans ce dangereux périple. Il fallait que ce dernier comprenne que tout cela n’avait plus rien de normal. Qu’il fallait tout arrêter. Cette apparition pouvait être une représentation de l’Oracle des géants mais cela pouvait tout aussi bien être autre chose, quelque chose de dangereux.

Tout était brouillé. Son esprit n’avait plus rien de clair. Le chant du géant était noyé dans un bruit de fond insoutenable.
Hardaway cherchait-il à récupérer le précieux objet ? Ou voulait-il rendre la malédiction à son porteur d’origine, à savoir ce faucon (ou cet aigle, comme l’avait suggéré Sayan Köttor) ?

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L’esprit de Sayan se déploya avec toute la puissance d’une tornade. Si jusque là de nombreux éléments avaient semé le trouble dans son coeur, si de nombreux symboles méritaient étude au préalable, le shaman les avait gardés à l’écart, dans un coin de son esprit en sachant qu’il les réétudierait à loisir. La silhouette sombre qui domptait le griffon avait notamment toute son attention, s’agissait-il d’une vision symbolique de la guerre... ou comme il le pensait, d’un être qui, dans l’ombre, tirait des ficelles et les menaçait tous?

Cependant, la vision d’un Hardaway fantomatique, tendant la main vers le totem, et l’Intendant du Loup qui tentait de s’en dégager, tout cela déclencha chez lui un sentiment d’urgence.

L’Elfe ne comprenait pas! L’Oracle voulait être guéri, il ne voulait pas piller quoique ce soit. S’il le connaissait comme il l’avait connu, il saurait quel type de personne était Hardaway.
Mais comment communiquer avec Elen? Comment briser le sceau du spectacle pour devenir acteur? La puissance de son esprit se déchaînait comme une tempête, un cyclone qui broyait tout sur son passage comme pour mieux témoigner de sa présence.
De façon fanatique, il chanta plus fort (ou chantait-il vraiment? car dans cette transe rien ne semblait plus pareil). Et puis, un éclair de lucidité lui vrilla les tempes, tant par la soudaineté du plan qui lui était venu en tête que par l’effort mental qu’il produisait.

Un pont avait déjà été établi par le passé entre Hardaway et lui, il en avait été le principal instigateur. Si cet esprit était bien celui de son Oracle, comme il le pensait, il pouvait essayer de le recréer. Devenir acteur de cette transe, au péril de tout ce qui était possible.
Rejetant sa vie, toute considération pour lui-même, il donna tout. Son corps, son coeur, son âme, tel un aigle se laisse aller quand il fond en piqué, Sayan Köttor le shaman se lança de toutes ses forces sur Hardaway, dans l’espoir de le faire réagir, de communier avec lui, et de rétablir l’équilibre que cette transe avait perdu.

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Le Chaman souhaitait établir un contact. Il fallait qu’il s’interpose. Mais la transe l’épuisait. Déployer son esprit plus encore s’avérerait à la fois dangereux et improbable. Néanmoins, il tenta de toute ses forces de faire obstacle à Sayan Köttor, et d’entrer en contact avec son esprit.

Messire... Attention... Ce n’est peut-être pas...

Si on avait pu haleter lors d’une transe, alors ce serait ce qu’il ferait à présent. Si la fatigue le prenait, plus d’espoir de retour. Cette vision était devenue des plus troublantes. Jamais Sayan n’aurait du pouvoir dépasser le stade d’observateur attentif. Et jamais cette ombre à la fois familière et menaçante n’aurait du sembler aussi tangible.

Il tenta désespérément d’identifier la nature exact de l’apparition, d’authentifier l’esprit de l’Oracle du peuple de Zagnadar, mais rien ne se produisit. Il ne savait désespérément pas à quoi il avait affaire... Il lança une dernière fois son esprit vers le géant, sans savoir si un contact entre eux pouvait être établi.

Faites attention... Cela pourrait être...

Elen décida d’éviter que le Shaman ne s’exposa plus encore à ce danger potentiel. Il mobilisa ses dernières forces pour s’interposer, tendant la statuette à l’oracle avec espoir que la vision cesserait lorsque le contact entre la représentation de l’objet et le spectre intangible aurait lieu...

L’apparition d’Hardaway avança d’un pas lent le visage impassible, repassant les étapes au fur et à mesure qu’il avançait vers Elen et la statuette, toujours le bras tendu. Il commença par reprendre consistante puis ses teintes monochromes tirèrent vers le rouge vif alors qu’il continuait de s’approcher.

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La déferlante de Sayan perdit soudain en intensité. Autant parce que la fatigue le prenait et qu’un tel effort ne pouvait être soutenu, que parce qu’il venait soudain de se rendre compte de quelque chose.

Le retour qu’il avait ressenti quant à ce déploiement de puissance mentale était éloquent. Si jusque là il s’était spectateur, il savait qu’il était redevenu acteur.

Conscient qu’il devait dès lors conserver ses ressources, mais mû par une volonté indéfectible, le shaman courut en direction d’Elen et se plaça à ses côtés, faisant front à cette main gigantesque qu’il reconnaissait.

Son bras puissant saisit l’épaule, et l’acuité du contact était si nette qu’il se demandait presque s’il ne l’avait pas effectué dans le monde réel également.

ELEN! Ne faiblissez pas! tonna le shaman avec force, son regard d’aigle ne fléchissant pas devant la vision glaçante de cette main gigantesque.

Que vouliez-vous dire? Achevez votre phrase de quoi peut-il s’agir? poursuivit Sayan d’un ton pressé, partagé entre l’excitation de voir ce qu’il pensait son Oracle se saisir de la statuette et se régénérer, et le doute que les propos d’Elen avaient fait naître.
Faîtes court!

La teinte rouge se faisait de moins en moins vive, et bientôt des nuances d’oranges et de violet commencèrent à apparaitre alors que l’oracle se trouvait maintenant à moins de deux mètres d’eux. Il devenait de plus en plus réel s’approchant toujours le bras tendu vers les deux compères.

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L’Elfe les observait depuis un certain temps, lorsque son faucon revint vers lui, un message à la patte.
Il s’agissait d’un rapport d’activité au niveau des ruines et ... De Fernliae. Son visage se durcit subitement, le parchemin se froissant à moitié sous sa poigne. Il resta un moment immobile, les yeux rivés sur les lignes, puis se releva subitement.

- Tiamath, on lève le camp. Prépare-toi à partir pour Fernliae. Nous devons défendre notre ville ... D’eux.

Le regard de l’elfe s’arrêta sur les géants, avant de retomber sur Elen. Il émit un profond soupir.

- Toutes négociations cessent à partir de maintenant. Nous ne pouvons continuer dans ces conditions. Alors que nous cherchons un moyen de sauver votre Oracle, votre peuple se permet en parallèle de détruire notre foyer.

Après s’être permis de porter des coups à son Chaman ... Il tut cette remarque. Ses traits semblaient emprunt d’une colère froide mêlée de déception. Ce que tant s’était évertué à faire, d’autres le piétinait en un rien de temps.
Nul doute que les Elfes Nobles seraient ravis de sa nouvelle prise de position, il avait tout gagné.

- Je vais les rappeler. Rexanne, s’il vous plaît ... Évitez-moi des difficultés supplémentaires, ne vous interposez pas.
Il sera toujours possible de reprendre les négociations, si seulement votre peuple ne commettait pas l’irréparable.

Il prit une profonde inspiration sur ces mots, puis entama les chants chamaniques d’une voix grave et basse, visant à rappeler l’esprit dans son enveloppe charnelle.

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Comme traversant une barrière invisible, l’Oracle reprit des couleurs. L’apparition n’avait jamais semblé aussi réelle. Il était maintenant à quelques centimètres d’Elen.

En toile de fond commençait à résonner les incantations de Calith.

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Sayan avait douté suite à ce qu’il avait entendu d’Elen, mais la voix de Calith le mit en situation de stress et il ne put s’empêcher un geste de désespoir.

Hardaway! Dépêchez vous!

Le regard glissa jusqu’à Elen et il fronça les sourcils.
Je sens la présence de mon Oracle, donnez lui vite cette statuette avant que Calith ne commette l’irréparable! VITE!

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L’oracle s’arrêta et ses yeux s’abaissèrent vers la statuette. La main gigantesque saisit le petit faucon de métal et à cet instant un malaise envahit Elen. Le contact de la statuette, devenue intermédiaire, permit à l’intendant de ressentir toute la souffrance et la détresse de l’oracle. Comme si toutes les peines du monde l’avaient traversées en un éclair. Ses peines étaient tellement injustes, tellement odieuses... Il fallait punir les responsables.

Les psalmodications de Calith s’intensifièrent, se faisant pressantes. Elen lâcha la statuette. Sayan et lui furent alors comme happés en arrière, alors que l’Oracle, resté immobile, s’éloignait à toute vitesse ne devenant plus qu’un tout petit point à l’horizon.

Ils ouvrirent brusquement les yeux.

Calith, rendu anxieux par la récente crise de spasmes de son ami, était penché au chevet des deux voyageurs en sueur. Il entonnait sa supplique de manière plus forte et déterminée. sonn chant était à la fois puissant et implorant.

Elen et Sayan se relevèrent doucement, retrouvant peu à peu leurs esprits. L’intendant du faucon s’empressa de s’enquérir de l’état d’Elen mais au même moment Sayan remarqua que la statuette
n’était plus dans l’ecuelle. Il prévint Calith qui sembla tomber des nues, le regard plein de stupeur.

La statuette avait en effet disparue.

Le Faucon reprit son souffle avec difficulté, toute son attention accaparée par Elen. Il secoua doucement l’Intendant du Loup, l’inquiétude marquant ses traits.
Le hasard avait bien fait les choses ... Il semblait que la transe avait mal tournée, alors même qu’il avait entamé les chants chamaniques. Le pire aurait été à craindre dans le cas contraire.
Elen ... ? Elen, ça va ?

Il parlait d’une voix faible qu’il ne reconnut pas. Prenant une inspiration, il se força à s’éclaircir l’esprit. Le Loup semblait indemne, malgré la crise de spasmes qui l’avait pris.
Le cas de Fernliae, et même de la statuette, lui avait semblé bien loin durant un instant. Et pourtant, ils se rappelèrent soudainement à lui.
Par Air, où est-elle !

L’elfe releva un regard interrogateur vers Sayan, puis balaya les alentours d’un air angoissé. Disparue ... Envolé, le Faucon de cristal.
Que s’est-il passé ? Cela n’aurait pas dû être ainsi ...

Il semblait que la transe avait dégénéré bien plus qu’il ne le croyait. Et vu la réaction physique d’Elen, il n’espérait rien de bon ...

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Sayan pesta avec agacement et tenta de décocher un coup de pied à la première roche venue, mais ce geste inconsidéré le fit tanguer dangereusement et le géant faillit s’étaler de tout son long.
Il avait le vertige, était fatigué, mais cette même volonté le gardait éveillé et maître de son esprit.

La transe avait-elle été interrompue trop tôt? Il le craignait, et, aveuglé qu’il était par son désir de sauver Hardaway, il n’avait pas remarqué l’état critique de l’Intendant du Loup au départ.

Cependant, quand il vit Calith à son chevet, son attitude changea radicalement et il vint se placer aux côtés du chaman du faucon avec un froncement de sourcils qui pouvait traduire la nervosité, l’inquiétude, la contrariété ou un savant mélange des trois.

Que se passe-t-il? Comment se sent-il?

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L’elfe se tendit automatiquement devant le comportement de Sayan, il aurait été un oiseau qu’il se serait déjà envolé de sa branche. Qu’est-ce qui lui prenait, d’un coup ?
Il lui rendit un regard perplexe, restant penché sur Elen.
C’est rien, je pense. De la fièvre mêlée à une forte fatigue... Une nuit de repos suffira. C’est cette violente crise de spasmes durant la transe qui m’a interpellé...

Elen semblait, en effet, avoir tous ses esprits malgré son état de faiblesse. L’elfe releva la tête vers le géant, le fixant.
C’est à vous de me dire ce qu’il s’est passé, Sayan.

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Elen semblait avoir été fort secoué par la transe. L’intensité de l’évènement avait bien failli faire chanceler son esprit. Mais ses forces l’avaient abandonnées au moment même où l’Oracle s’était emparé de la statuette. Il eut un frisson lorsqu’il ouvrit les yeux pour trouver Calith pencher au dessus de lui.

Il entendit le géant se redresser, chancelant. Il avait été un peu moins exposé que lui, mais c’était la dernière partie de la transe qui avait été la plus puissante ; et leurs deux esprits avaient fait front commun avec une même intensité.

Que s’était-il passé, au juste ? Le début avait bien fonctionné puis tout était devenu trouble. Jusqu’à ce que...

Calith... Il l’a prise... Il l’a prise...

Les larmes coulaient encore le long de ses joues. Tant de haine et de souffrance ne pouvaient rien donner de bon lorsqu’elles étaient concentrées en un seul être. Et la malédiction qui touchait l’Oracle lui provoquait les deux.

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L’elfe reporta son attention sur Elen, une pointe de soulagement dans son regard en l’entendant parler. Il se tendit pourtant l’instant d’après, en assimilant ce que l’Intendant cherchait à lui dire.
Qui ... ?

Il repensa à la transe qu’ils avaient effectué tout deux, au temple de la Forêt. Celle-ci semblait bien différente ...
Son regard se voila, alors qu’il semblait comprendre.
L’Oracle ? Dis moi ...

Rester dans le doute commençait à devenir insoutenable. La statuette avait disparu, l’unique héritage de Marcus ... Et si ce n’était que ça. Elle était reliée à l’Oracle et devait se trouver à ses côtés sans aucun doute. La malédiction en Zagnadar ...
Il secoua doucement la tête, ce n’était pas son problème en soi. Le sien, c’était le devenir de Fernliae. Sa cité.
Elen ... Tu peux bouger ?

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Sayan avait du mal à éclaircir ses idées, et il était un peu désemparé, fourbu, son corps lui faisait mal et il sentait qu’il se remettrait difficilement d’une transe aussi violente. Un faible soulagement lui allégea le coeur quand il vit Elen revenir à lui, mais c’était loin de suffire à rassurer le shaman.
Que s’était-il passé? Où était Hardaway? Etait-ce seulement lui qui leur était apparu, et surtout, était-il guéri et où était la statuette? Tant de questions, si peu de réponses!

Avec calme et une économie de mouvements inquiétante, Sayan se mit à parler.

Calith, je ne sais pas exactement ce qui s’est passé. Nous avons eu une vision de l’Oracle Hardaway, il a récupéré la statuette durant la transe. Je pensais que seuls leurs esprits se connecteraient mais il semblerait...

Sayan se tut, réfléchit à toute vitesse.
Je ne savais pas que vos transes auraient un pouvoir aussi grand, des réactions aussi importantes sur le monde ”réel”. La dématérialisation d’un objet... Où est la statuette maintenant? Je ne saurai le dire.

Le géant de l’Air se tut, alors qu’un animal surexcité déboulait près de lui et de Rexanne. Une drôle de bête à n’en point douter, et du moment que le message fut détaché, elle s’en alla sans demander son reste. Sayan lut rapidement la missive, un air troublé passa dans ses yeux verts, et il la tendit à Rexanne.
Et, avant qu’elle ne puit dire quoi que ce soit, il intervint.

C’était une missive importante de mon peuple. Il requiert notre présence immédiatement...Sayan jeta un regard furtif à Rexanne. Pouvait-il en dire plus? Il aimerait le faire, mais ce n’était pas un secret qu’il était autorisé à partager.

Nous devons partir au plus vite, mais notre histoire ne s’arrête pas ici, tant que la dette que nous vous devons ne sera pas payée.

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Le faucon... Le faucon... Il a disparu...

Elen avait le regard vague. Il fixait un point compris entre le ciel et le visage de Calith. Ce dernier était pressé par les évènements, comme l’étaient les deux géants. Tous s’était accéléré, à l’extérieur, alors qu’ils négociaient. La guerre, la violence... Fernliae en danger. Tout cela accaparait l’esprit de Calith.

Mais celui de l’Intendant du clan du Loup se trouvait face à d’autres maux. Ses pensées bouillonnaient, sa tête était encore pleine de ces images fantomatiques de l’Oracle. La douleur qu’il avait ressentie et le désir de vengeance ne semblaient pas vouloir s’estomper. Et, lorsqu’il fermait ses yeux humides, il croyait voir encore les flammes.

Calith... Il faut... Va aider les autres... Sayan Köttor a raison... Une force malicieuse... Le faucon...

Les interrogations de Calith coulaient au dessus de lui comme de l’eau sur une lame...
Alors que les géants pliaient bagages, Calith décida de transporter Elen dans la forêt...

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L’elfe fronça les sourcils en réponse. Il n’aurait pas crû cela possible s’il ne l’avait pas vu de ses propres yeux. L’Oracle avait emporté la statuette durant la transe ...

Je n’ai jamais assisté à pareils phénomènes auparavant, et pourtant, j’ai eu le temps de voir bon nombre d’étrangetés dans ma vie ... C’est votre présence qui a dû alterner la transe, j’appellerais cela plutôt une communion. Nos deux peuples se sont liés dans ce phénomène... Air et Faucon.

La statuette est sans aucun doute auprès de l’Oracle. Il a cherché à la récupérer, semblerait-il. Pour se sauver ? Sans doute ...

Il se tut à son tour en voyant l’animal déboulé. Il laissa passer un temps, observant les réactions du géant d’un regard perçant. Une légère grimace lui échappa, il n’était pas difficile de se rendre compte qu’ils leur cachaient la vérité ... L’état de l’Oracle ?

Vous passerez mes hommages à Hardaway ajouta t-il, l’air de rien.

Il se retournait déjà, transportant Elen qui était dans un état encore faiblard.
Tout se bousculait dans son esprit ... Il se souvenait des paroles des Nobles alors qu’il disait aider les Géants à sauver leur Oracle, des paroles qui avaient ouverte une plaie béante. Des paroles cinglantes qui lui mettaient à dos tous les morts du front ... Lui qui aidait l’ennemi. Des paroles adressées à un traître.
Il avait voulu faire confiance, et maintenant c’était Fernliae qui était touché. Non plus de simples volontaires au combat, mais des familles entières, et la cité qu’ils avaient construit ensemble. Par ces géants.

Il se tendit et entama une marche difficile vers Na’Helli. Un murmure lui échappa pourtant ...

Et ne touchez pas à la statuette ...

Peut-être ne lui reviendrait-elle jamais, elle devait être à l’ennemi maintenant. Il lui semblait avoir tout perdu dans cette affaire. Il n’avait plus qu’à espérer que le Grand Faucon continuerait de voler haut encore longtemps ...

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Sayan lui-même fut surpris par l’immédiateté de leur départ. Tout se déroula très vite. Aucune amitié tissée, aucun lien, les géants et les elfes se séparèrent juste comme le jour se sépare de la nuit durant les saisons froides.
Avec une rapidité effarante.

Sans rien dire, le géant songea à la guerre qui les divisait, au fait que l’aide qu’ils leur avaient fournie n’était pas récompensée à sa juste valeur. Il s’en voulait dans un sens, mais l’Oracle comptait plus que tout.
Néanmoins, il se retourna une dernière fois vers eux.

Prenez soin d’Elen, Calith. Et n’oubliez pas, je suis votre débiteur. Au revoir.


[La suite des aventures : Le rêve d'une bataille]