Inconscience et passion | |
Topic visité 659 fois Dernière réponse le 26/10/2009 à 23:48 |
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-Pas fichu de sauter correctement celle-là... Je vais lui en faire voir moi des excuses. Et puis sans prévenir. « Désolé j'ai glissé... » J'ai glissé, j'ai glissé, je lui en mettrais moi des « glissé ». Trois mille pièces d'or de foutu en l'air.
Pour remettre un peu les choses en contexte, la femme en question n'est pas une quelconque nouvelle conquête ou une prostituée aux compétences douteuses mais Hagios, paladine expérimentée et reconnue pour son intégrité morale et physique. -Un si beau vêtement ruiné. Évidemment, ce n'est pas elle qui va me rembourser les trois mille pièces d'or. On peut sauter sur les gens sans déchirer leurs vêtements, diantre. Si cela vous aide à mieux cerner la scène, elle se passe dans les plaines de l'est près de la rivière qui sépare Zagnadar et Na'helli, après une légère bataille contre des elfes. -Et après c'est elle la victime, comme si elle n'avait pas apprécié de me tomber dans les bras. Elle l'a fait exprès j'en suis sûr. Parce que tout lecteur averti sait qu'Hagios refuse depuis longtemps toute avance de l'aristocrate et surtout par ce que tout le monde sait que jamais Anastase de Khylion ne serait autant énervé pour un vêtement déchiré s'il avait réellement couché avec la femme en question, il est temps de mettre fin à un suspense qui était de toute façon tout à fait soutenable et dont la chute était prévisible. Nous disions donc pour remettre les choses en contexte, pour mieux visualiser, que c'est en revenant des plaines de l'Est, après une petite incartade contre des elfes qu'Hagios ,un peu en retard sur le groupe, avait voulu faire montre de sa dextérité et surtout ne pas rester trop longtemps près d'elfes mécontents. Prenant un élan court et puissant, elle sauta par dessus la rivière sans aucune difficulté pour atterrir auprès d'Anastase. En temps normal, elle se serait accroupie pour amortir le choc et se serait relevée avec grâce, dissimulant avec soin sa fierté en femme bien éduquée. Malheureusement pour elle et surtout pour le vêtement de haute couture que sieur de Khylion portait, le sol de réception ne fut pas accueillant. Il était en effet constitué de pierres humides -la rivière était proche- et donc de ce fait glissantes, rendant toute réception plus compliquée. C'est donc ainsi qu'après un coup de coude involontaire et un accrochage complexe entre une boucle de ceinture et des boutons en surnombre, le vêtement, magnifique par sa beauté et par son prix, fut déchiré. Les excuses immédiates d'Hagios n'y firent rien et il fallut plusieurs jours avant que l'olympien remarque sa goujaterie face à une femme qui fuyait l'ennemi et aurait pu se blesser en tombant. Bizarrement, en remettant les choses en perspective tout change. Après tout ce n'était que 3000 pièces d'or, son vêtement allait être passé de mode et il fallait de toute façon qu'il en rachète. Il y avait certes eu le moment de réconciliation bien trop spirituel et pas du tout assez charnel pour l'olympien, où Hagios avait fait reprisé son vêtement. Comme on dit, c'est le geste qui compte. Mais recoudre de la haute couture était un crime dont Anastase tut la douleur pour ne pas froisser la charmante attention de sa binôme. Cet incident clos, il pouvait désormais profiter entièrement de Lardanium qu'il retrouvait avec grand plaisir, après quatre saison d'absence. Il était rapidement retourné chez lui, en particulier pour avoir de nouveaux habits. Ce long voyage l'avait profondément ennuyé et retrouver son palais calme, grand et luxueux lui faisait se sentir bien, même si l'ennui était un peu le même -mais en plus chic. Il passa devant un miroir, s'arrêta quelques instants pour se regarder, se remit une mèche, se sourit en coin par fierté et orgueil et entra dans son bureau. Rien n'avait changé. Ni Skalli, ni Neikh n'était présent cependant. Il faudrait leur envoyer une missive se dit-il à lui-même. Il vit un petit dossier sur sa table. Encore les affaires de la famille. Il s'installa et commença à rattraper le retard qu'il avait pris. Ce ne fut qu'une heure plus tard qu'il remarqua un ouvrage flambant neuf sur un coin de son bureau. L'olympien eut un sourire de contentement. Enfin ses domestiques avaient pu le lui dégotter. Il prit le livre dans les mains, caressa du bout de l'index la tranche de cuir et le fit glisser jusque sur le devant de la couverture où brillait le titre en lettres dorés : Ancêtres et spiritisme. Après avoir vérifié qu'il était bien seul et avoir fermé toutes les portes, Anastase alla à la table des matières cherchant avidement le chapitre qu'il trouva bien vite. -"Invoquer l'esprit de vos ancêtres"... J'y suis, page 121. J'ai hâte de voir ça... « Les incarnations olympiennes sont des corps magiques mis à la disposition d'un esprit de la famille. Blabla... ils peuvent abriter les ancêtres de plus de 2 générations ou même une partie de l'inconscient de l'invocateur... blabla les entités entourées d'un léger halo magique ont l'apparence physique de l'olympien qui les habite, parfois avec quelques différences par rapport à son corps originel. » Il referma le livre avec satisfaction. Bientôt il aurait un acolyte de plus, voire une acolyte, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il apprendrait nombre d'histoire de famille, d'emplacement de trésors ensevelis, peut-être des perversions qui lui étaient encore inconnues. Faire une petite expérience ne pouvait pas lui faire de mal et romprait la monotonie et la mélancolie qui le prenait souvent. Suivant méticuleusement le schéma du livre, l'aristocrate traça un cercle d'invocation, puis fit des libations et ses prières à Zeus. Tout était prêt, il ne restait plus qu'à réciter la formule jusqu'à obtention du résultat. Anastase tourna rapidement la tête pour se regarder encore une fois dans le miroir et gagné par l'assurance, il prit une longue et profonde inspiration avant de se mettre à psalmodier la formule d'appel. Sa voix était plus grave qu'à l'accoutumée. Lentement, il sentit toutes ses forces et toute sa magie sortir de son corps. Impression étrange et désagréable de se sentir vider comme si un être machiavélique et impitoyable pressait chaque partie du corps jusqu'à plus soif. Noble en tout temps, il ne céda pas à sa soudaine faiblesse et au vertige qui le prenait et tint bon sur ses jambes. L'incantation durait longtemps, il se demandait combien de temps encore il faudrait tenir. Déjà sa vue se troublait et un sifflement aigu lui perçait l'oreille. Alors qu'il voulait s'éponger le front d'un revers de manche, il sentit le contact d'une main douce et froide. Du moins, ce fut seulement la première sensation qu'il eut car la main lui sembla soudainement plus tiède ou du moins réchauffante de fraîcheur. Tandis qu'il écarquillait les yeux et tentait de stabiliser sa vue pour voir le possesseur de cette main, cette dernière essuya les quelques gouttes de sueur qui perlaient sur sa tempe et passa délicatement dans ses cheveux comme si elle savait ce qu'il fallait faire. Cette sensation lui donna un frisson de plaisir intense jusqu'à ce que sa vue se fixe sur l'être qui se tenait droit et fier, habillé de sa seule nudité, en face de lui. Le frisson fut alors de terreur pure. Tournant la tête et fermant les yeux, comme si le simple fait de ne pas voir pouvait protéger du monde extérieur, il poussa un grand cri et repoussa d'un geste de la main la personne qui se tenait sans honte devant lui et qui esquiva avec la plus grande facilité ce coup aveugle et désespéré. Il est étonnant de voir d'où viennent les plus grandes peurs et plus encore d'y assister. Pour la première fois, rompant avec son éducation et son devoir sans faille qui lui dictaient de tenir contre vents et marées, comme un rempart muet et majestueux qui tient par le seul fait qu'il ne peut s'arracher à ses fondations, il fuit. Alors qu'il se ruait sur la porte dérobée et la déverrouillait avec la plus grande frayeur, on entendait déjà les domestiques qui accouraient au cri de panique de leur maître. Sans même se retourner vers ce qu'il avait invoqué, sans même prendre le temps de claquer la porte, sans penser à quoique ce soit, guidé seulement par la peur il se rua dans les allées de Lardanium. |
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Les rues défilaient, avec pour seul éclairage quelques lanternes accrochées aux devantures dont la faible lueur se reflétait sur le pavé arrosé par une pluie de saison. Anastase hagard et en plein désarroi s'arrêta pour reprendre son souffle et regarda derrière lui pour voir s'il était suivi. Seule une vieille olympienne plus effrayée qu'autre chose par la présence de l'aristocrate -d'où sûrement le changement de côté et l'accélération de l'allure- marchait sur les dalles ténébreuses à cette heure de la nuit. S'appuyant sur un mur qui lui sembla horriblement glacial et moite, il leva les yeux vers la lune qui n'éclairait étrangement rien cette nuit-là puis baissa son regard avant de se voir dans les reflets de la chaussée.
Il était livide, son air assuré avait totalement disparu. La peur avait pris possession de son corps et le visage qui était devant lui ne lui semblait plus le sien mais une incarnation de la Terreur. Celle-ci l'observait de son regard fixe et apeuré. Ils se dévisagèrent pendant un temps, chacun ne faisant aucun mouvement de peur de reprendre une fuite qui ne mènerait qu'à un autre reflet et à un autre face-à-face. À l'instar d'un animal traqué à l'affût du moindre geste, du moindre craquement, du moindre souffle, Anastase restait figé dans une paralysie propre au guerrier qui voit Hadès s'avancer vers lui pour lui apporter lui-même le coup fatal. Soudain plus lumineuse, la lune, dans sa pâleur morbide donna étonnamment plus de couleur au visage livide de l'aristocrate. Anastase put enfin se reconnaître et se retrouver dans son triste reflet, presque invisible sur la pierre humide. Gagnant en assurance sous le fouet de son regard vif, il cessa le face-à-face silencieux pour revenir sur ses pas. La vieille femme avait disparu, les rues qui bordaient les villas de la noblesse olympienne étaient désertes comme toujours lors des nuits pluvieuses où chacun préfère rester au chaud et au sec, tranquillement dans son chez soi. Il retrouva rapidement son palais. Cette demeure qui lui avait toujours semblé trop petite lui apparut sur le coup immense, inquiétante et froide. Frigorifié, il pénétra dans celle-ci, en cherchant à se persuader que ce qu'il avait créé était une illusion ou avait disparu. Un domestique qui passait sur le chemin de son maître fut pris de surprise en le voyant. -Messire de Khylion, que se passe-t-il? -Laissez-moi en paix et retournez faire votre œuvre. L'aristocrate ne reconnut pas sa voix d'habitude ferme et douce. Sous l'effet de la frayeur, elle avait dû s'altérer, à l'instar d'un instrument sensible qui dans le froid se désaccorde jusqu'à ne plus pouvoir sortir que des sons dissonants et lugubres. Il chercha rapidement des yeux un miroir dans lequel il pourrait rattraper son identité, se reconnaître, se rassurer, tout simplement voir s'il était bien lui. Il en trouva un rapidement à sa droite qui lui renvoya la même image que le pavé luisant. Machinalement il posa sa main sur sa tempe pour essuyer la sueur qui le gênait. Il s'arrêta brusquement, éprouvant la même sensation qu'il avait eu une demi-heure auparavant. Le domestique décontenancé par les expressions horrifiées qui se succédaient sur le visage de son maître n'osait presque plus ouvrir la bouche. -Comment avez-vous fait pour... pour... -le regard d'Anastase de Khylion qui l'avait fixé brusquement l'empêcha un instant de poursuivre- ... pour passer de votre chambre au hall aussi rapidement? Je... Le domestique prit le sourcil levé et interrogateur de son maître pour un regard dédaigneux et irrité et n'osa pas attendre de réponse, se disant qu'il avait été trop loin et qu'il s'en mordrait les doigts le lendemain quand il apprendrait sa punition. Il s'inclina rapidement. -Excusez mon impertinence messire. Je vous apporte de suite la bouteille que vous avez demandé. Le domestique ne demanda pas son reste et partit aussi vite qu'il pût pendant qu'Anastase restait dans un état de questionnement et de surprise totale. Puis, se reprenant, il retourna dans sa chambre, n'ayant qu'une seule envie à savoir s'effondrer dans son lit. Mais à peine avait-il ouvert la porte de son antre intime qu'une voix familière en sortit, calme et douce. -Je savais que tu reviendrais. Je te connais bien que trop... Il était toujours là en plein milieu de la pièce, non plus nu mais couvert de vêtements qu'il avait dû trouver dans les commodes de la pièce. Anastase hésita à repartir mais gagnant en assurance, il referma la porte derrière lui. -Je ne savais pas que je t'effrayais tant... D'habitude tu as plutôt une réaction différente. Tu ne m'aimes plus? L'invocation laissa le silence plané quelques instants puis, souriant en coin, elle reprit. -Tu te demandes ce qui est arrivé? Pourquoi c'est moi qui me retrouve devant toi? Moi je trouve ça extrêmement drôle. Tu penseras comme moi bien vite, le tant de reprendre tes esprits. Ah oui, tu te demandes toujours ce qui est arrivé... Il prit le livre qu'une heure auparavant Anastase avait dans ses mains et qu'alors il caressait avec avidité. L'invocation avait cette même contemplation pour l'ouvrage mais ses yeux brillaient d'une lueur encore plus malsaine. -Tu aurais dû mieux lire ce qu'il y avait écrit. "Ils peuvent abriter les ancêtres de plus de deux générations ou même une partie de l'inconscient de l'invocateur". Mais ton inconscient ne désire qu'une chose, mon cher Anastase. Tu n'as cure de tes ancêtres, tu n'as cure des invocations, tu n'as cure d'avoir un énième serviteur qui de toute façon t'ennuiera bien vite et ne t'apportera pas ce que tu veux. Inconsciemment, voire consciemment, tu ne désires qu'une seule chose, Anastase... Tandis qu'il parlait de sa voix envoûtante et légère, l'être se rapprochait doucement de l'olympien. Arrivé à lui, il posa sa main à nouveau sur la tempe de l'aristocrate et caressa délicatement son front avec son pouce. Puis sans qu'Anastase réagisse, il déposa ses lèvres sur les siennes en faisant glisser sa main dans ses cheveux. Après avoir profité quelques instants des plaisirs de l'incarnation, l'invocation retira sa bouche avec la plus grande tendresse et sourit à son invocateur -... et c'est toi-même. |
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Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiii là y a d'l'idée ! J'aime, j'aime, j'aime ! ![]() |
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Hrp : Surprenant! En tout cas, je ne m'y attendais pas même s'il y avait des indices dans le fond ![]() |
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Anastase ne sut pas quoi dire pendant quelques instants, son esprit étant en pleine agitation et réflexion. Devant lui se tenait une incarnation... de lui-même. Il ne comprenait pas bien encore comment cela s'était produit. Apparemment son amour pour lui était encore plus grand qu'il ne le pensait. Il examina avec attention son sosie en face de lui, puis soudain se mit à apercevoir, envisager, imaginer toutes les portes, toutes les voies, toutes les perspectives que cet être parfait -vu que c'était lui- lui ouvrait. Il ne put contenir un sourire qui se répercuta immédiatement sur les lèvres de son invocation.
-Maintenant tu comprends ma joie. -Oh que oui, pour la comprendre, je la comprends... Tu m'ouvres un horizon de perversité illimité, susurra-t-il en dodelinant doucement de la tête. -Il n'y a que toi... que moi pour ne pas t'ennuyer. Et c'est pour cela que je suis là. Ton inconscient a appelé la personne la plus apte à anéantir ton ennui. -Je suppose que là, tu as la même envie que moi... -Je l'ai depuis bien plus longtemps. Je suis né de ton désir, je ne suis pas passé par ton état de frayeur enfantine. Ton premier frisson m'a réellement donné vie, et j'ai hâte de le sentir à nouveau sous mes doigts. Tu es tellement parfait... -Et toi aussi... Ces lèvres qui avaient scellé une première fois la peur scellèrent ce coup-ci un amour, si l'on peut encore appeler ce désir si puissant et si narcissique d'« amour ». La jouissance était à son comble, le moindre désir était comblé avant même d'être prononcé. Chacun connaissait l'autre par cœur, chacun savait ce que l'autre attendait. Ils ne formaient qu'un, comme s'ils recomposaient une entité originelle jadis séparée par l'orgueil. C'était le même orgueil, la même fierté, le même amour qui les réunissaient à nouveau. La complétude était achevée. Avec cette union des lèvres s'évanouissaient toute sensation de manque. Une seule et même personne pouvait combler toutes les attentes, tous les désirs, la moindre volonté de l'autre. Seul, il se sentait invincible, avec lui-même il se sentait invulnérable. Plus personne n'aurait de prise sur lui, il y avait quelqu'un digne de lui sur Olympia, quelqu'un qui saurait s'anéantir pour son propre plaisir. Quelques légers coups sur la porte interrompirent le regard fixe et débordant de désir des deux Anastases. Légèrement énervés, ils crièrent à l'unisson un « C'est pourquoi? », en tournant la tête vers la porte trouble-fête. -C'est... C'est l'un de vos domestiques... J'apporte la bouteille commandée... Un sourire se dessina sur les lèvres de l'incarnation qui se dirigea vers la porte. L'autre l'interrompit en le retenant par la manche. -Mais que fais-tu? -Ne t'inquiète pas... Je suis toi... Et j'ai commandé cette bouteille de champagne, parce que je savais que nous en aurions bien besoin pour fêter le plus grand événement de toute ta... notre vie... Sans laisser de temps au véritable Anastase de répondre à sa réplique ou de lui rappeler sa nudité, l'incarnation alla à la porte et l'ouvrit légèrement, de manière à cacher Anastase I de la vue du domestique qui put cependant le voir, lui Anastase II dans son plus simple appareil avec la plus grande gêne. -Enfin, ce n'est pas trop tôt, j'ai failli attendre. -Excusez-moi pour le retard, j'étais quelque peu déboussolé de vous voir venir de dehors alors que vous étiez dans votre chambre l'instant d'avant. -Mais il faut soigner votre santé mon cher, je suis resté dans ma chambre pendant tout ce temps. Donnez-moi cette bouteille et allez-vous faire soigner. Les domestiques ne sont vraiment plus ce qu'ils étaient... Il esquissa un sourire et claqua la porte. Il éclata de rire à peine quelques secondes plus tard en voyant son homologue retenir difficilement le sien. Assurément, cela ouvrait nombre de portes à de nouveaux divertissements, à de nouvelles folies et à de nouvelles perversités. Et c'est par là que commencèrent les Anastases. Succombant à leur désir narcissique, ils passèrent une nuit dans un état de jouissance absolue, chacun devançant toujours la volonté et le désir de l'autre, le laissant à peine reprendre sa respiration. La félicité les envahit et si le temps ne les avait pas rappelés à lui, ils seraient ainsi restés des jours, seuls, ensembles à se contempler l'un l'autre, à poser leurs mains sur le corps de l'autre pour vérifier que ce n'était pas là les effets d'un rêve ou d'une quelconque drogue, riant à l'évocation des mythes amoureux de l'âme-sœur. Ils en vinrent à la conclusion qu'on ne peut désirer plus un autre que soi-même, que ce que chacun aimait chez l'autre, c'était lui-même, et que jamais personne ne pourrait répondre mieux aux attentes de quelqu'un que sa propre personne. On est jamais mieux servi que par soi-même. "On ne fait jamais mieux l'amour qu'avec soi-même" rajoutèrent-ils, amusés et en pleine extase. Ce fut à nouveau des coups sur la porte qui les éveillèrent, ce fut le rappel du temps à ces deux êtres qui auraient peut-être pu mourir de s'être oubliés à se contempler. -Pas moyen de dormir tranquille dans cette maison. -Maître, votre petit-déjeuner est servi, dit une voix à travers la porte. -Apportez le moi dans ma chambre et vite, pendant que je prends un bain. Apportez m'en double dose, j'ai une de ces faims ce matin. Besoin de reprendre de forces après une telle nuit. Anastase porta son regard vers son sosie, sourit, l'embrassa, et alla dans la salle de bain où le rejoint immédiatement son double tandis que le petit déjeuner arrivait avec discrétion dans la chambre. Plus tard dans la matinée, ils durent convenir de l'attitude à adopter en public. -Je suis vraiment désolé de devoir cacher ton immense beauté, mais on ne peut sortir à découvert tous les deux l'un à côté de l'autre. Tu vas devoir mettre un foulard pour te cacher le visage et t'enfouir sous une cape. Heureusement, les saisons sont fraîches en ce moment. -La poisse, on échangera à tour de rôle. Histoire que je m'aère le visage. -Tu imagines ce qu'on va pouvoir faire. Nous possédons le don d'ubiquité... -Il va falloir me trouver un nom lorsque je serai caché... si on ne veut pas attirer les soupçons en m'appelant Anastase. -Athanase, l'immortel, comme notre amour. -Et comme Athanasie, ta mère, ça fait inceste... J'aiiiiiime. -Je le savais, bizarrement. À ton avis... demanda-t-il plus bas en semblant d'un coup plus songeur, coucher avec soi-même, est-ce un inceste? -Hmmmm... bonne question, s'interrogea l'autre. Ça serait plus drôle si ça l'était officiellement mais... l'onanisme n'est pas vu comme incestueux... -Espèce de gros dégueulasse. -Quelle vulgarité, tu parles comme un manant maintenant? -Excusez-moi, Athanase, je ne savais pas qu'il fallût employer une langue plus châtiée en votre présence. Je disais donc que votre vulgarité me chatouillait plaisamment. -Bref, répondit-il en donnant un léger coup sur le nez d'Anastase, si tu me considères comme de ta famille, c'est un inceste, si tu me considères comme toi-même, ce n'en est pas un... Je pense. Mais comme je préfère l'inceste, on va dire que tu es de la famille, même si tu restes pareil que moi. -Dieu que nous sommes pervers et déviants. Heureusement que personne n'en saura rien. -Il faudra y tacher. En attendant, incestuons. -Hmmmmm, le seul souvenir de cette nuit me donne des frissons... -Tu sais que je t'aime... -Oui je sais... Et moi aussi je m'aime... HRP// Merci aux encouragements, et désolé de prolonger encore plus longtemps "l'inceste", mais, j'aime quand c'est clair ![]() |
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Et dire que c'était déjà un cauchemar AVANT ![]() Au secours... |
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Mais... mais c'est horrible !!! Regarde pas fiston ![]() Ton personnage aurait-il eu un passé difficile ? ![]() |
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Tant de perversité malsaine et onano-narcissique (comment ça, pléonasme ?)... Jouissif, vraiment. Ca fait un bel effet miroir (mon beau miroir, qui est le plus beau en cette contrée ?). En tous cas, faudra que tu me présentes ces deux-là. Fin que tu me le présentes... Ou te présentes... Niaaaaaah !
P.S. : Je plains Skalli. Comme elle l'a si simplement exprimé, un c'était déjà abominable... Mais deux... |
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Pigzup > Mon personnage a eu une enfance très heureuse. Après... La décadence de la jeunesse dorée, expérimenter l'interdit, ne trouver personne à sa hauteur, tout ça... Mon personnage est très heureux, mais terriblement narcissique. L'histoire lui a donné l'occasion de mettre sa pensée en acte.
Naurel Nioren > Je ne montrerais pas tant d'empressement à vouloir tomber dans la gueule du loup ![]() Et ne vous inquiétez pas, Skalli va en baver, autant que les autres . ![]() |