Depuis combien de temps tenaient-ils cette position ? Combien de lunes à lutter pour la défense de ce lopin de terre ?

A l’orée de la forêt le groupe de forestier faisait face aux troupes impériales. Les vagues incessantes des soldats de l’Empire se brisaient contre un rempart d’elfes et d’hommes sauvages. Les forestiers étaient en sous-nombre mais leur motivation était sans faille. Ils résistaient et tenaient leurs positions.

La forêt des cendres sur le flanc Est dissuadait l’empire de toute tentative de débordement par ce côté. Au Nord une ligne de guerrier s’était formée et faisait face aux ennemis.
Après des débuts chaotiques et désordonnés, la supériorité numérique de l’Empire avait forcée les forestiers à adopter une organisation militaire des plus stricte. Derrière une ligne de guerriers composés d’elfes des lunes, assistés de quelques elfes nobles, les archers et mages de guerre s’étaient positionnés pour faire pleuvoir une pluie de flèche et de sorts sur tout agresseur ayant la folie de s’approcher de trop près de leurs lignes. Les soigneurs du peuple sauvage restaient à l’arrière, soignant les blessés ou rejoignant les mages lorsque nécessaire.

Cette organisation avait fait ses preuves. A peine le métal pénétrait-il dans la chair des assiégés que les plaies se refermaient grâce à la magie des guérisseurs. Lorsque le nombre de blessés devenait trop important, ceux-ci se repliaient pour récupérer de leurs blessures en arrière ligne. D’autres guerriers venaient alors prendre leur place et la ligne de front était maintenue.

Les impériaux étaient beaucoup moins organisés. Leurs attaques étaient hasardeuses et aléatoires. Aucune organisation ne semblait diriger les assauts ininterrompus de combattants nains, olympiens et géants. Leur supériorité numérique et l’arrivée incessante de renforts leur permettait cependant de continuer à harceler les troupes forestières et de les maintenir à la lisière de la forêt, sans toutefois parvenir à les faire reculer.

Malgré tous les efforts des soigneurs des pertes étaient à déplorer, bien que celles-ci restaient moindre que celles de l’Empire. Chaque jour des forestiers pliaient sous les coups des impériaux et chaque jour de nouveaux renforts en provenance de la forêt arrivaient pour prendre la place de leurs camarades tombés. Les morts étaient évacués et les lignes reformées.

Ces pertes étaient le prix à payer… Le prix à payer pour une relique et la défense de la forêt.

Cette situation durait à présent depuis plus d’une saison. Aucune avancée. Aucun repli. La lisière de la forêt était devenue le nouveau refuge de ces camarades d’infortune qui y avaient établis un nouveau cycle de vie, une nouvelle routine.

Amallya était là depuis la formation de ce front. Elle était arrivée avec les premiers hommes sauvages, venus en renfort des elfes, après avoir repoussés les géants venus aux portes de Fernliaë.
La femme sauvage avait longtemps hésitée avant de se décider à partir au combat. Pacifique de nature elle n’avait guère de raison de se battre. Du moins c’est ce qu’elle aurait pensé auparavant.

Après avoir vécue des siècles en ermite sous la protection de la forêt des Ombres, elle avait assistée à la destruction de la cité de son peuple et au ravage de la forêt par les flammes.
Elle avait alors quittée la forêt pour rejoindre son peuple et prit la décision de ne plus rester en retrait de ce monde.

C’est cela qui avait motivée Amallya a prendre part au combat. La présence des géants aux portes de son nouveau refuge et des troupes impériales à la lisière de la forêt des cendres lui avaient rappelés des souvenirs trop douloureux pour qu’elle demeure, une fois encore, simple spectatrice de la destruction de l’œuvre de sa mère.

Cependant Amallya avait rejoint la bataille en tant que guérisseuse. La femme sauvage ne pouvait se résoudre à renoncer à tous ses principes de pacifisme mais désirait protéger les siens, les supporter et les guérir. Chacun avait trouvé sa place dans ce combat et ainsi en était-il d’Amallya : elle sauvait des vies lorsque d’autres préféraient en prendre.

En l’espace d’une saison Amallya avait vu plus de corps blessés, meurtris et mutilés que dans toute son existence passée. L’odeur du sang se mêlait à celle de la mort et des corps en décomposition qui étaient entreposés non loin de là en attente d'une sépulture décente. Cette puanteur avait imprégnée toute chose en ces lieux : les vêtements, l’air, la terre... Même la nourriture répugnait désormais la femme sauvage.

Il était à présent évident pour tous que les agents de l’Empire avaient mis la main sur les ruines dont la reine elfique leur avait parlé. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’ils ne s’emparent de la relique tant convoitée… Si toutefois cela n’était pas déjà fait.

Il fallait bouger. Avancer ? Impossible ! L’ennemi était trop nombreux. Reculer ? Aucun forestier n’aurait accepté cette idée.

Finalement la situation prit un tournant qui fit évoluer la situation et rompit le statut quo.

Depuis quelques jours, un groupe de combattants géants, assurément plus organisés que leurs camarades, avaient contournés le front pour tenter un débordement en s’attaquant au flanc Ouest, peu protégé, des assiégés. Des guerriers elfes furent aussitôt détachées pour renforcer ces positions et y former un nouveau front, affaiblissant du même coup la ligne Nord.
Les troupes de l’Empire, dans un dernier élan, profitèrent alors de cette diversion pour lancer une ultime charge.

L’assaut fut d’une brutalité sans précédent. Nombre de forestiers furent blessés, souvent mortellement, et plusieurs morts furent à déplorer. Malgré tout, les lignes tinrent bon et les assaillants furent à nouveau repoussés. Face à l’échec de cette percée, les survivants se replièrent en direction des ruines.

Les troupes impériales au Nord étaient en déroute et le groupe de géant de l’Ouest n’était plus une menace. Les forestiers avaient enfin le champ libre.

Il fallait avancer !

HRP : Yeahhh, cela fait plaisir de voir un récit de cette guerre. J'apprécie énormément

C'est vrai que ça fait plaisir. Non seulement d'avoir un récit de cette guerre, mais surtout d'avoir un récit tout court : ça soulage de voir qu'il y a encore des joueurs pour s'intéresser au RP.
D'autant que c'est du RP de qualité que nous avons là. A quand la suite ?

Le conflit rangé qui avait précédé durant plus d’une saison laissa place à la poursuite des impériaux en fuite. Il ne s’agissait plus d’une bataille mais bel et bien d’une traque effrénée en direction des ruines de la plaine Basileus.

Les combattants de l’Empire tentant de déserter le front chutaient sous le coup des sorts et des flèches avant d’être achevés par la charge des guerriers. Rien ne semblait désormais plus pouvoir stopper la course de l’alliance forestière.

Aucun prisonnier, aucune pitié pour l’ennemi.

Malgré la bataille remportée par les forestiers à la lisière de la forêt des Cendres, une femme sauvage semblait ne pas partager l’enthousiasme général. Amallya restait en retrait, le regard perdu, le visage fermé.

Elle assistait avec horreur à ce spectacle répugnant. Son aide n’était désormais plus nécessaire, les blessés de son camp étant à présent remis sur pieds. La femme sauvage n’avait plus sa place en ces lieux, seuls les combattants désirant étancher leur soif de sang trouvaient désormais leur place dans les rangs.

Devait-elle rester pour soutenir les siens ? Devait-elle partir rejoindre sa forêt ? Pourrait-elle supporter d’avantage ces atrocités ?

Alors qu’Amallya était plongée dans ses réflexions, absorbée par ces questions, elle continuait à suivre les siens à distance.

La troupe avançait depuis plusieurs jours déjà dans la plaine, et bientôt la femme sauvage eu la réponse à ses questions.

Les forestiers stoppèrent nette leur course. Face à eux se dressait la colline de la plaine Basileus où les ruines reposaient. Au sommet de cette colline les vestiges des ruines mis à nu par l’Empire tenaient lieu de remparts derrière lesquels une armée de géants, de nains et d’Olympiens attendait, arme à la main. Les survivants ayant réussis à se retirer avaient ralliés le gros de leur armée et attendaient désormais de pied ferme les combattants de la forêt, bien décidés à prendre leur revanche.

En voyant cette armée alignée lui faisant face, Amallya réalisa alors : la femme sauvage allait à nouveau être nécessaire pour protéger les siens, elle allait à nouveau retrouver sa place.

La bataille n’était pas terminée, elle ne faisait que commencer.



HRP : La suite dans Bataille pour le Centre du Monde.

PS : Et merci pour vos encouragements