A la lueur d'une pierre | |
Topic visité 868 fois Dernière réponse le 17/12/2009 à 20:35 |
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Voilà déjà plusieurs dizaines de lunes que j'étais là. Oh, je ne suis pas seule cette fois. On est très nombreux même. Plus que ceux d'en face. Je me rappelle le jour où je suis arrivée ici, occupée à ne pas regarder les souffrances que j'infligeais et les douleurs des ennemis que je devais attaquer. Ce n'est pas si loin que ça en réalité, mais le temps passe lentement. Chaque nouveau jour à son lot d'imprévus. De pertes, aussi.
Aujourd'hui, rien ne change plus. On est tous là, autour de ces ruines que l'on devait atteindre. On a fait descendre l'étendard Impérial pour le remplacer par le notre. Tout s'est juste déplacé de plusieurs lieues vers le nord en fait. Le même front. Les mêmes combats. Seuls les combattants changent. Plus jeunes. Je n'ai plus beaucoup de temps à passer avec Eladar et Syi. Ils ont des responsabilités, eux. Moi … Je suis responsable de moi du coup. C'est mieux, personne n'est sur mon dos à me dire que faire où ne pas faire. Enfin … Si en fait, j'ai quelques responsabilités. J'ai depuis peu une nouvelle broche. Verte. Elle ne va pas trop avec ma robe salie et mon collier, mais je la garde quand même, parce que … parce que je me suis attachée aux autres Elfes qui portent eux aussi cette broche. On s'appelle la Tour de Jade. Shay, le consul de Na'helli, est un peu notre chef. Mais il est gentil en vrai. On dirait pas comme ça, parce qu'il doit souvent paraître méchant et dire des choses blessantes, mais il a souvent raison. Il fait partie d'une très grande famille noble de la ville, alors il est plus apte que nous pour être chef d'une faction de la Reine. Elle est tellement belle, la Reine. J'aimerai lui ressembler plus tard. Les gens nous demandent souvent pourquoi on porte tous cette broche de jade. Ils pensent parfois que c'est en mémoire d'un ami perdu, ou alors que c'est un symbole de ralliement d'une famille. Shay leur explique alors ce qu'est la Tour de Jade, et je reste pour écouter chaque fois. Il explique pourquoi nous sommes là, notre objectif, et comment sont répartis les postes dans cette faction. D'ailleurs, je ne sais toujours pas dans quelle branche je suis. Il nous a demandé où on voulait être. - L'Égide, ou l'Institut des Sciences! C'est ce que je lui ai répondu, l'Égide, ou l'Institut des Sciences. L'Égide, c'est l'armée de la faction. L'Institut, c'est la branche recherche. Je crois que depuis, il observe chacun de nous pour savoir ce qu'il va choisir finalement. Alors pour l'instant, je m'intéresse au deux, et j'essaye de montrer que je suis douée dans ces domaines. L'armée, j'y suis venue à force, j'ai pas eu trop le choix. On doit défendre ce qu'on aime. Et on doit obéïr aux meilleurs d'entre nous. Et à notre Reine. Pour la recherche, j'ai d'abord demandé à Shay ce que c'était vraiment, ce métier. Il m'a dit que ça consistait à étudier les choses de la nature, la forêt, les animaux, les sols … - Et les ruines? Je lui ai demandé. - Oui, les ruines aussi. Je n'ai pas trop eu le temps de m'y intéresser avant. On avait d'autres objectifs. Mais maintenant, ceux d'en face sont loin, et je ne crois pas qu'ils puissent encore venir jusqu'aux ruines. Cette nuit, je ne dormirai pas. Je m'assiérai devant les ruines, et je les observerai. J'ai pris de quoi dessiner. |
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Le Chien est venu me réveiller cette nuit. Je ne sais pas pourquoi il a choisi cette nuit en particulier, il ne fait même pas beau. Il y a de gros nuages, et on ne voit pas grand chose. Il insiste, alors je me lève et sort. Rapidement, je suis devant l'entrée des ruines. Enfin, l'entrée … Je devrais dire une des entrées. A y regarder de plus près, les ruines sont rassemblées et forment une sorte de cercle. Le cri d'une chouette se fit entendre. Je jette un œil au Chien, et on avance tous les deux, au hasard. On s'arrête devant un reste de pierres qu'on dirait détruites en partie. Mais certaines au sol sont toujours collées entre elles, sur environ 1m de haut. Je m'accroupis et pose mes deux mains à la base.
- Elles sont lisses! Je suis bête. Personne ne me répondra. Elles sont lisses, donc. Elles ne sont pas là par hasard. En fermant les yeux, je suis les contours de l'ancienne structure maintenant écroulée. Ça fait comme un carré. De jour, je l'aurai sûrement vu aussitôt, mais là, il fait tellement sombre! Je ne sais pas à quoi ça peut correspondre. J'essaye ailleurs, et je retrouve vite un autre carré semblable. Je m'assieds. Je cherche dans ce que je connais des endroits où il pourrait y avoir ces carrés de pierres. Le Chien saute par dessus le muret formé par les pierres et va au centre du carré. Je fais comme lui … Je lâche un cri de douleur, que je retiens presque aussitôt. Le camp dort toujours, je ne dois pas les réveiller. Je pose les mains sur la chose que j'ai heurtée. La pierre utilisée pour ce muret intérieur n'est pas la même que l'autre. - J'en ai assez! Je retourne me coucher! Le Chien boude un peu, mais finit par me suivre. J'ai rien trouvé du tout, et j'ai mal au pied! Tant pis. Demain, je n'irai pas me battre. Au moins, en plein jour, je ne risque pas de me cogner pendant mes fouilles. Quand je me réveille avec le jour, je dois expliquer à Shay et Voronwë que je n'irai pas avec eux aujourd'hui. Voronwë, c'est un magicien aussi, et il a la même broche que moi. On s'est souvent retrouvé côte à côte lui et moi. C'est à peine s'ils me demandent où je vais. Ils disent que les combats sont calmes ces temps-ci, et qu'ils pourront se passer de moi. Je dois juste être rentrée avant la tombée de la nuit, pour qu'ils ne s'inquiètent pas. C'est bon, je suis assez grande! J'attends que Le Chien soit prêt, et on part. On retrouve vite les deux carrés de la nuit passée. Mais je n'avais pas remarqué qu'en fait, des carrés, il n'y a que ça par ici. Ces vieilles constructions serait côte à côte pour une raison précise? Je m'engage plus en avant, faisant bien attention à mes pieds. J'ai l'impression que plus j'avance, plus la taille des carrés augmente. C'est vrai, au début, ça ne faisait que 4 mètres de côté à peu près. Là par exemple, le carré juste devant moi fait presque 7 mètres de côté … On pourrait largement y vivre. Je me mets à regarder autrement le carré. Mentalement, je l'élève jusqu'à atteindre 2 bons mètres de haut. J'installe une porte virtuelle, et je la franchis. A l'intérieur, je m'émerveille. J'imagine une petite table ici, une cheminée dans le coin là bas pour chauffer la maison. La pierre rend bien sur les murs, ça paraît solide, mais il fait froid. Je vois aussi une bibliothèque, sûrement quelques bons livres, des décorations, des bougies. Il y a du monde là bas qui parle. Un homme assez âgé réclame à manger, pendant qu'une petite fille se tient là devant moi, sa maman lui brosse les cheveux. Oh! Ils ont un chien … à moins que … Mes pensées s'effondrent et je me tiens à nouveau au centre d'un carré de pierres. Le Chien m'appelle au dehors, et se met à courir. Je dois le suivre! L'espace entre chaque carré s'agrandit, une symétrie se forme, des axes se créent. Je suis au centre d'un village autrefois habité, et j'emprunte l'une des routes principales! Tout s'éclaire, et dans mon esprit, tout renaît aussi! Les bâtisses se redressent, les rues s'animent, les enfants se courent après! Un marché se tient un peu plus loin, je sens les odeurs de fruits et légumes se mélanger. Je me laisse divaguer, flâner dans cette petite ville d'un autre temps. Je tourne à gauche au coin de la rue, et pars vers d'autres lieux, poussant l'indiscrétion et la curiosité au maximum en écoutant des conversations imaginées. On dirait que Le Chien me sourit. Je dois avoir l'air bête aussi à sourire et courir dans mon imaginaire. Je croise des artisans, des musiciens, des passants, des visiteurs, des enfants, des vieux, des mendiants, une femme avec son petit dernier. Sur les toits, un chat essaye de se faire discret, il a du repérer un oiseau qu'il juge à son goût. Je me laisse bercer, enivrée, ils ont l'air tellement heureux. Mais plus loin encore, un bâtiment se distingue du reste du village-ruine. Qu'a t'il de si particulier pour que je n'arrive pas à l'ériger comme les autres? Pourquoi mon esprit architecte s'arrête t'il ici? Et puis d'abord … c'est où la sortie … ? |
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J'aime j'aime j'aime !!!
Le style est fluide, on rentre facilement dans le récit. Continue ![]() |
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C'est là, j'en suis sûre. Le Chien se met à renifler tout autour, aux aguets. Je sens qu'il s'inquiète et qu'il s'impatiente en même temps. Je ne sais pas quoi faire … Il faudrait que je retourne au camp leur faire part de ma découverte. Alors on reviendrait à plusieurs, et on étudierait. Ils parleraient pendant des heures et des heures, et on s'ennuierait. Je vais y aller moi. Je vais trouver. De toute façon, je ne sais même pas comment retourner au campement, et je saurai encore moins comment revenir ici. Alors c'est décidé, j'entre! Euh … oui, enfin il faut encore trouver où. Le Chien a trouvé quelque chose! Il m'invite une fois de plus à le suivre. Il a encore raison en plus, des fouilles ont été menées par ici. Les Impériaux aurait découvert cet endroit avant moi? Si ça se trouve, ils ont déjà résolu l'énigme des ruines … ? Nan, ils ne seraient pas là à nous faire la guerre! Mais on les a peut-être empêchés de finir. Il faut que je trouve, vite!
On dirait qu'un passage a été dégagé ici, la terre a été déblayée. Tout le long du chemin creusé que je suis, je lis les histoires décrites sur des fresques anciennes. Une femme belle et armée marche vers une forêt et se transforme en chouette pour s'envoler vers les cieux. La suite de l'histoire m'échappe, et Le Chien accélère. Je cours presque pour le suivre. Les couleurs sur les morceaux de fresque au sol sont étranges. Leur teinte n'est pas égale partout. Comme si on avait repassé sur certains passages, renforçant les couleurs par endroits, effaçant des détails d'autrefois. Encore une autre énigme, et toujours pas de solution, ni même de piste de réflexion. Je vois quelques salles ou entrées partiellement dégagées ici et là, mais ce n'est pas par là. Je ne sais pas ce que je cherche, mais quand je l'aurai trouvé, je le saurai. La Reine a souhaité des recherches sur ces ruines, l'enjeu doit valoir le coup. Je l'espère … avec les pertes que l'on a subies … Rah, c'est pas le moment de penser à ça! C'est notre mission à tous. Le Chien s'arrête et je le heurte. Décidément, il faudra que je fasse attention un jour à tout ça. Les fouilles des Impériaux ou des rares Forestiers avant moi se sont arrêtées là, ça paraît évident. En même temps, à leur place, j'aurais arrêté de chercher aussi. Parce que c'est là. La salle principale. Le cœur du Temple. Et, chose étrange, il y a de la lumière. D'énormes gravats jonchent le sol. Ils proviennent du toit effondré en partie. Je ne m'attarde pas plus longtemps, et escalade le rocher le plus gros que je puisse voir. J'ai besoin d'une vue d'ensemble de la pièce. Le Chien reste à attendre et je grimpe rapidement. Au sommet, la pièce apparaît poussiéreuse mais bien plus lumineuse encore. Au fond toutefois, quelque chose s'impose au reste, majestueux, peut-être divin, en tout cas mystique. Je m'approche en silence, respectueuse et impressionnée, sans voix et apeurée. La statue qui se dresse devant moi n'a pas l'air dans son élément. Le village et les maisons vues tout à l'heure était en pierre, j'ai vu des gravats, du sable, de la poussière. La statue est en métal. Intégralement. Le Chien me rejoint, et s'assied. C'est tellement beau, grand. Je m'assieds aussi à côté du Chien. La statue représente un oiseau qui se tient sur ses deux pattes, les deux ailes repliées, en totale opposition avec un décor gravé que j'ai vu plus tôt, ou l'oiseau était de feu, les ailes grandes ouvertes et la tête hurlant vers un ciel plein d'étoiles. Les hommes dessinés sous l'oiseau étaient agenouillés, et priaient. Ou pleuraient. Au choix. La statue n'a rien à voir avec le dessin, si ce n'est sa taille gigantesque. Je remarque alors que l'oiseau de métal n'est pas fait en un seul morceau. C'est un assemblage de plusieurs parties. La statue n'est pas une sculpture, mais une construction. Par qui? Pour quoi? Encore deux questions. J'aurais du faire une liste. Un bruit se fait entendre. - Y a quelqu'un ? Le sifflement se poursuit. J'écoute plus attentivement. Ça vient de la statue. Ou plutôt, des interstices que la construction a laissé. Je n'ose pas chercher à regarder ce qui peut le provoquer. Trop peur. Tiens, étrange. Il fait plus chaud ici. J'ai vu de la glace sur quelques surfaces lisses dans les tunnels que j'ai parcouru. Certaines fresques étaient cassées, des fissures s'étaient agrandies à cause du gel. Ici, rien du tout. La statue est chaude, ça se sent. Je n'ose pas la toucher. |
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Je n'ai aucune idée du temps qui a pu s'écouler, même si je vois le ciel au dessus de nos têtes au Chien et à moi. Le sifflement est toujours là, mais je m'y suis habitué. J'ai parcouru toute la grande pièce qui contient cette statue énorme. J'y ai trouvé quelques choses intéressantes, des plans, des calculs. Où sont passés les gens qui ont fait tout ça? Sont-ils partis de leur plein gré? Il fait de plus en plus chaud.
- Hé! Je n'avais pas vu ça avant! Au cou de l'oiseau de métal, il y a quelque chose qui pend. On dirait un … tube. Il est attaché par un collier, en métal aussi apparemment. Qu'est ce que ça peut encore être … Pourquoi aurait-on mis un collier à une statue? Et toujours ce sifflement! Ça commence à m'agacer en plus. J'ai cherché des théories qui expliqueraient tout ce que j'ai vu jusque là, mais un détail me fait toujours faux-bond, et me précise que je fais fausse route. Le Chien s'est endormi. C'est agréable ici, il faut dire. Je pourrais peut-être me reposer un peu aussi moi … Soudain, le sol se met à trembler. La statue plus encore. Elle vibre! La statue de métal de 6 mètres de haut vibre!! Le Chien se réveille en sursaut, et vient immédiatement devant moi, comme pour me protéger. Mais me protéger de quoi? Moi aussi j'voudrais me protéger, mais je ne comprends pas ce qu'il se passe! Le sifflement s'intensifie, comme un râle lourd et poignant. C'est insupportable ! La chaleur s'intensifie elle aussi, il est maintenant hors de question de toucher à la statue. Se tenir à 1 mètre d'elle est déjà difficilement supportable. Un pan de toit s'effondre et tombe très près de moi. Je ne peux retenir un cri. Ça tremble, chauffe, vibre de partout. Et moi, je suis coincée au milieu! Je n'ai même pas le courage de partir! Je reste comme pétrifiée, figée sur place, vivant l'apocalypse dans un temple en ruines. Je pense à ceux du campement. Et si je mourais ici, me retrouvait-on? Ou resterais-je comme ces ruines, inconnues et énigmatiques? Le Chien aboie, non pas de panique, mais pour me rassurer, pour me faire reprendre mes esprits. Il cherche à attirer mon attention sur quelque chose. Et d'un coup, je vois ce que c'est. Le collier. Le cartouche accroché. Je me souviens, la mission que je me suis donnée, décrypter les ruines et découvrir ce que ces ruines ont d'important pour notre Reine. Découvrir ce qui vaut des centaines de vie. La statue vibre, et le collier ne cesse de bouger sans paraître se décrocher. Et pourtant, il me le faut. C'est la clé de cette histoire. Les vestiges du toit continuent de tomber tout autour de moi, mais cela ne me concerne plus. Tout se joue entre moi et la statue de métal. Chacun a ses forces, et ses faiblesses. Elle est immobile, enfin, relativement. Je dois veiller à ne pas me faire assommer par ce qui tombe. Il est brûlant, et moi … moi j'ai la glace avec moi. Voilà mon atout ultime dans l'action que j'ai à entreprendre. La glace. Invoquée non pas en quantité, mais en précision et en puissance, je pourrai sans doute briser l'un des maillons maintenus brûlants par la température de la statue. Je me concentre. Je sens mes doigts refroidir, la sensation d'engourdissement me prend, m'envahit, mais au lieu de relâcher dès maintenant, comme d'habitude, le pouvoir engendré, je le contiens, le retiens, il me consume. Je vais là où je n'étais jamais allée dans la maîtrise de la glace. J'invoquerai directement la glace au cœur du maillon. La puissance s'échappe de mon corps, frappe le collier à l'endroit souhaité …. La surface métallique de l'oiseau brille, une lueur fugace, avant que le froid ne s'empare à nouveau de moi, autour de mon cœur. Je tombe. Le noir absolu ... |
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La dernière chose que j'aie entendue, c'est ce hurlement. Aussi long et pénible que possible. Le Chien hurle à la mort. Est-ce la mienne?
Je suis évanouie, le corps piégé dans les restes d'un Temple qui ne cesse de s'effondrer autour de moi, mais l'esprit actif. Je me sens me libérer de cette emprise charnelle. La statue brille de mille feux maintenant. Est-ce du au sortilège que j'ai invoqué? Non, il se passe autre chose. La statue a réagi à mon sort, voilà pourquoi je suis dans cet état. Cette lueur que j'ai vue courir sur le métal n'était pas due au hasard. J'ai froid. La puissance de la glace s'est retournée contre moi. Mais je suis sûre qu'elle a d'abord frappé le métal, avant de … rebondir? Rompre les mailles de la statue à la glace me paraissait pourtant la meilleure idée. J'entends des cris, très loin de moi, bien trop loin. Je doute qu'ils me soient adressés. Mes oreilles bourdonnent, j'entends un millier de sons à la fois. La réalité me rattrape brutalement, et je dois ouvrir un œil, puis l'autre. Le spectacle qui s'offre à moi est pire que ce que j'aurais pu imaginer. La statue s'éveille! Les ailes jusque là repliées se déploient, lentement, mais sûrement. L'oiseau gagne en majesté. Les plumes de métal s'embrasent aux extrémités, et de minuscules flammèches naissent. Sur les pattes, même chose. La statue prendrait vie? Cela remet une fois de plus toutes mes théories au tapis. Sauf une. Vus les plans divers, et la construction de la statue en plusieurs morceaux, on peut supposer qu'elle ait été érigée autour de quelque chose. Les décors de la salle, l'oiseau hurlant sous un ciel étoilé, des hommes agenouillés autour. A ce stade de ma réflexion, je ne savais si c'était le passé où l'avenir. Peut-être les deux? Ceux qui étaient là avant moi nous avaient peut-être mis en garde contre ça? Et je suis tombée dans le piège malgré tout? Ça ne pouvait être ça. Non, la suite de ma théorie m'en préservait. Ceux qui ont construit la statue de métal l'ont fait pour enfermer les cendres d'un phénix à l'intérieur. Et ce cartouche que je cherchais à obtenir était peut-être le conteneur originel. Ou alors … Trop de possibilités. Cela pouvait très bien être une statue vivante, le cartouche pouvait être un message adressés par le passé à la génération présente, ou bien encore … J'ai mal à la tête. Mais ce n'est sans doute pas qu'une simple migraine. Les cris sont toujours là, je ne l'avais pas remarqué. Il fait maintenant nuit. Les étoiles commencent à s'illuminer une à une. Le ciel étoilé … Il ne manque plus que l'oiseau de feu poussant son cri. Et nous serions alors ces hommes, agenouillés, priant et pleurant à la fois, implorant la clémence de la bête et la vénérant pour sa puissance absolue. Le temple ne ressemble plus à rien. A vrai dire, ce que l'on pourrait appeler le toit n'est plus qu'à quelques mètres de hauteur. Et je vois des visages là haut. Eux ne me voient sans doute pas, trop occupés à craindre l'embrasement de la statue. Quelques uns d'entre eux reculent, d'autres s'avancent, la curiosité naît, mais personne n'agit. Et je ne peux leur crier mes plans. Deux Elfes des Lunes s'avancent plus vivement que les autres, se penchant au maximum pour atteindre l'oiseau naissant de leurs armes! - Non! Trop tard, la première flèche est encochée et file à toute allure. - Ne l'attaquez pas! Arrêtez! Celle qui s'appelle Tiamath, comme je le découvrirai après, ne m'entend pas, et encoche une seconde flèche. Une voix plus ferme que les autres s'impose. - Visez encore le collier! Ils ont compris! Ils savent! Le Chien me pousse vers le fond de la pièce, et j'obéis, comprenant que je risque de gêner le déroulement de l'opération. Une troisième flèche file et touche le collier. A part un cliquetis, rien ne se passe. Ce n'est pas la bonne méthode! C'est du métal. Le savent-ils aussi? - J'y vais! Un Elfe des Lunes, dans une position incroyable, parvient à dégager l'angle qui lui faisait défaut pour attaquer directement le collier de la statue de métal et de feu. Ni à la glace, ni aux flèches, mais à coups de chakram, un disque aiguisé et tranchant, surtout manié comme le fait l'Elfe, prénommé Calith. A trois reprises, le collier oscille. Mais à trois reprises, il ne rompt pas. Soudain, le collier prend une teinte nouvelle. Une magicienne, prénommée Nil'Nelia, a elle aussi tenté la glace sur le métal, comme je l'avais fait sans succès un peu plus tôt. Le froid s'empare d'un des maillons de la chaîne, devenant plus sombre et plus bleu … Un deuxième sort le touche, l'effet s'intensifie. L'objectif est presque atteint! Un coup suffira à briser la chaîne! Mais l'oiseau maintenant complètement changé réchauffe le métal autour de son cou. Un jet de feu puissant surgit alors de ses pattes. L'oiseau avance lourdement et tente de s'envoler, déployant alors totalement ses ailes, couvrant quasiment l'intégralité de la pièce. Il s'élève de quelques mètres, détruisant sans mal les quelques pierres qui constituaient encore le toit de la salle où je me trouvais également, et arrive à hauteur des Elfes au dessus. Dans un cri de panique, je comprends l'horreur de leur vision. L'oiseau de feu inspire et brûle de son souffle tout ce qui se trouvait devant lui. Sauf qu'au lieu de continuer son envol, l'oiseau retombe à côté d'eux. Son cri à lui n'a pas encore retenti. Peut-être avons nous encore une chance! J'entends les souffrances de mes compagnons, et je suis en bas, ne pouvant rien faire contre l'oiseau de feu que j'ai relâché sur eux. |
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Le Chien m'encourage à remonter à la surface. J'ai jamais bien aimé l'escalade, mais j'ai pas le choix. Je dois suivre l'oiseau. Je dois être là-haut moi aussi. Je manque de tomber plusieurs fois, mais je finis par arriver à me hisser au sommet. Le Chien est plus agile et rapide que moi, je ne me fais pas de souci pour lui. L'oiseau est là, gigantesque. Les Forestiers essayent de l'encercler, le harcelant de sorts pour l'immobiliser sans lui faire le moindre mal. L'oiseau se débat, essaye de s'envoler à nouveau, crachant de grands jets de flamme de ses pattes où se mélangent le feu et le métal. Tout autour de lui, le sol est carbonisé. Une odeur de fumée se dégage et emplit l'air, je me baisse pour mieux respirer, j'entends d'autres personnes tousser. Si tous les Forestiers sont là, cela veut sans doute dire qu'on n'est pas si loin du front, et du campement. Et du même coup, des Impériaux. Relâcheront-ils la pression qu'ils exercent sur nous depuis 40 jours que l'on tient ces ruines ? Ça m'étonnerait. Peut-être même qu'au contraire, ils vont lancer une grande offensive. Avec eux d'un côté, et l'oiseau-statue au milieu, nous ne pourrions tenir longtemps.
L'oiseau pousse un long cri, mais rien de comparable avec ce que j'ai pu lire sur les décors dans le temple. Ce n'est pas la fin. Ce n'est pas son hurlement, celui devant lequel nous nous agenouillerons tous. Et si on n'en est pas encore là, ça veut dire qu'on a une chance. Le Chien est arrivé à côté de moi, et aboie en direction de l'oiseau. Il se retourne, voit Le Chien et moi, et fait demi-tour. Il s'élève aussi lourdement que la première fois, et retombe sur moi, tentant de m'écraser! J'ai tout juste le temps de m'écarter, largement aidée par mon gardien animal. Avant qu'il ne tente une fois de plus de prendre son envol, Calith saisit une pioche et enfonce à grands coups la structure métallique qui couvre les pattes de l'animal. - Tu vas te tenir tranquille oui?! Mais à peine la structure est elle ébréchée qu'un jet de flammes en sort et brûle légèrement le bras droit de l'Elfe des Lunes. Rapidement, un second groupe se forme autour de l'oiseau. Mais avant qu'ils aient eu le temps de retenter leur chance pour l'immobiliser, l'oiseau parvient à s'envoler. Du moins, c'est la meilleure tentative qu'il ait faite. Il est resté à 2 mètres du sol et est allé se poser ailleurs, plus au nord. - Il faut réessayer! Les regards se tournent vers moi. Peu m'ont vue depuis que l'oiseau était là. Et mon état ne laisse rien présager de bon. Je suis fatiguée, mon visage est cerné, tâché, un peu noirci et meurtri. Je ne parle même pas de ma robe … enfin de ce qu'il en reste. Mais ils savent que je sais de quoi je parle. Ils voient bien que j'étais là quand la statue s'est éveillée. - Que tous ceux qui maîtrisent le pouvoir de la glace se mettent à côté de moi! Seule Nil'Nelia s'approche. Tant pis. On sera assez fortes! - On aura aussi besoin de gens pour distraire l'oiseau. Je sais ce que je vous demande, mais faîtes moi confiance. Quelques soldats et archers se distinguent du rang et s'avancent à côté de moi. - Enfin, il me faut des magiciens capables d'infliger des dégâts sur une toute petite surface, une pointe. Une conseillère Sauvage s'avance, et explique aux siens que le sort Aiguillon ou Piqué de l'Aigle conviendra parfaitement. - On va agir tous ensemble en un laps de temps très court. Et dans cet ordre. D'abord, les soldats viseront les pattes de l'oiseau, pour enrayer les propulseurs. Ensuite, l'eau invoquée refroidira le métal et le feu de la statue. La glace gèlera le métal après ça, le rendant fragile et inflexible. C'est alors que les sorts d'aiguillons briseront la maille traitée. Aucune réaction. Réciter une prière aurait susciter plus d'émotion. - Ca va marcher ! Je rajoutai à moi-même, je crois. |
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HRP : Merci pour le récit bien écrit. Très sympas. N'hésitez pas à prendre des copies d'écran du lieu pour qu'on puisse à quoi ça ressemble. ![]() |
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Ba si tu veux, enfin à part la case de l'oiseau, rien ne change ! Tout se passe sur le damier en ce moment. |
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HRP : avec ce récit bien décrit, je m'étais imaginé un beau damier dessiné pour l'occasion, avec une grande nouvelle salle (comme une mine)... Bref, s'il n'y a rien de tout ça, alors tu peux prendre mes remarques comme d'ultimes compliments pour les descriptions! ![]() |
Par Google   |
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Nan, on est juste à côté des ruines. La partie sous le temple est imaginée. Après, je le fais revenir sur le damier principal comme tu as lu.
Mais merci tout de meme!! |
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Petit à petit, les groupes se forment. Personne ne nous rejoint, Nil' et moi. Nous sommes peut-être les deux seules présentes ici à connaître le pouvoir de la glace. Il va falloir faire fort. Plus fort encore que je n'ai voulu le faire toute seule, en bas. Pour les magiciens avec leur Aiguillon comme me l'a conseillé une représentante du peuple Sauvage, Valériane, ils se retrouvent assez vite à 2, puis 3. Bientôt, d'autres encore viennent me voir et se proposent. J'ai même du refuser des demandes. Il ne faut pas oublier que les Impériaux ne lâchent pas, eux. On ne peut pas non plus tous se consacrer à l'oiseau-statue. Déjà que là, si on suit mon plan, je vais mobiliser à moi toute seule une dizaine de combattants. Et il faudra faire le même travail que les autres jours sur le front. Et en plus, ils n'ont plus le droit à l'erreur. Si une brèche s'ouvre sur un de nos flancs, les ennemis seront directement sur nous, et à mon avis, ils ne suivront pas mon plan. Non, il faut qu'ils tiennent. Et pour eux, il faut qu'on réussisse. Je ne sais toujours pas ce qu'est ce collier, mais je ne veux pas détruire cette statue comme ça, pour rien. Je l'ai déjà déconseillé à plusieurs Forestiers qui me le suggéraient. On ne sait d'où elle vient, ni de quand elle vient. Quoique certains ont des théories à ce sujet.
L'oiseau-statue ne cesse de se débattre, mais il n'est pas très agile avec son armature de métal. Quelques soldats le frappent, sans raison et sans but. Des frappes inutiles. Des frappes bêtes. L'oiseau ne se laisse pas faire, pas par eux. Il étend son cou pour tenter de se débarrasser d'eux, projetant quelques flammes loin devant lui. Trois Elfes ont eu un excellent réflexe sur ce coup-là. Pour protéger les leurs, ils invoquent l'eau, même très chaude, pour noyer les flammes naissantes du souffle de l'oiseau. Voyant sa tentative échouer, il s'envole à nouveau. - Il ne fait que tourner ! Attendez! La statue décolle lourdement, et change de direction, pour se placer à l'est des ruines. Jamais bien loin d'elles. Y reste t'il un secret? Des indices? Lorsque 10 personnes sont à mes côtés, chacune sachant exactement quand agir par rapport aux autres, on y va. Ça commence comme dans mon plan, Yhemaha, Lastalaica et Eryndae, un tréant bien utile, ont attaqué et enchevêtré les pattes de la statue. Je sens qu'elle souffre, mais je n'ai pas le choix. Shayla, Earaniel et Khalara invoquent en même temps le pouvoir de l'eau et le concentre sur le collier cette fois. Car c'est bien lui notre cible. Je sens qu'ils font leur possible pour détruire l'un des maillons. Mais ce n'est pas simple. Je doute encore, ça m'énerve. Peut-être qu'un jour, je serai assez forte pour être comme ceux qu'on voit depuis des jours ici. C'est à nous, à Nil' et moi. La glace. Encore elle. Mon alliée ultime. Je ne la maîtrise sans doute pas assez, mais elle est capricieuse. C'est pas pour rien que je suis l'une des rares à la connaître. On se concentre, côte à côte. Le bruit des combats m'échappe. Il ne reste bientôt plus rien, juste la glace, Nil' et moi. Et le maillon que je vise. Le froid s'intensifie en moi, et je me suis éloignée un peu de la Statue de Feu cette fois. Si tout va bien, mon sort touchera la bonne cible cette fois. Je ne tomberai pas. Mes doigts se crispent, s'engourdissent. J'arrive à tourner la tête, difficilement, et je croise le regard de ma consœur. D'un signe, nous délivrons toutes deux notre offrande à la Statue. Deux magnifiques piques de glace, aiguisés comme une lame, froid comme la pierre. Le collier est atteint. Sa couleur change encore, l'oiseau est affaibli, il a du mal à le réchauffer comme la première fois. C'est le moment où les Sauvages utilisent leur magie, de minces aiguillons mitraillent le collier. Valériane, Kontum et Aegemonia usent de leur pouvoir, je sais qu'ils y mettent tout leur talent. Valériane et moi, on s'entend bien. J'aperçois quelques éclats de métal qui se détachent, mais le cartouche tient bon. Saleté! - On l'aura! On lâche pas! Pff, je n'y crois pas moi-même. C'est pitoyable. Mais quand l'oiseau cherche à s'envoler à nouveau, une explosion blesse les soldats postés autour et arrache l'une des pattes de l'oiseau. Je hurle, qu'est-ce que j'ai fait? C'est à cause de moi! Je les ai convaincus d'aller là-bas, de frapper les propulseurs pour le ralentir. C'est à cause de moi qu'ils ont subi ça! Je suis un monstre … La Statue s'éloigne lentement du Temple, se rapprochant du front des Géants. Ça va pas nous faciliter les choses. Comment pourrais-je à nouveau leur demander d'attaquer la base de la Statue? Non, je me débrouillerai. J'ai invoqué à nouveau le froid. A la glace se formant aux extrémités de mes doigts se mélangeaient les larmes qui coulaient de mes joues. Arrête de pleurer, chouineuse! Ça changera rien. Tu n'as plus qu'une seule chose à faire maintenant. De nouveaux aiguillons frappent le collier, et je vois Valériane me sourire. Quelques Forestiers infligent des coups précis pour endommager les pattes par lesquelles la Statue se propulse. La glace file une fois encore vers l'un des maillons déjà affaiblis. - Ca y est! Le cartouche tombe à la base de la Statue. Les Géants ne l'ont pas vu. Ils frappent encore et encore sur la Statue, pensant qu'elle est la clé de l'énigme, pensant nous voler tous nos travaux d'un seul coup. Alors, je vois les Forestiers reculer, s'écarter du cartouche. Ils m'invitent à venir. A le ramasser. Symbolique. - Je ne sais pas... Qu’est ce qu’on trouvera à l’intérieur? Est-ce ça, la relique qu’il faut ramener? Ou n’est-ce qu’un indice, une question supplémentaire? Merci à vous. On va enfin rentrer chez nous. |