Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - L'œuf a éclos ?!
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L'œuf a éclos ?!
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Dernière réponse le 19/12/2009 à 16:08

elfe Par Nil'nelia  le 13/12/2009 à 20:12

De biens étranges ruines,

où se mêlent de biens étranges mystères...


Un frisson parcourut le dos du vieil elfe. Sa peau ridée en disait long sur son âge. Il se prénommait Neïldir Dithil D'il, mais tous les elfes l'appelaient Monsieur. Peu de ses congénères pouvaient se souvenir de lui étant jeune. Son teint déjà bleuté habituellement tournait à l'azur. Il faisait froid près des ruines, très froid.

Neïldir avait quelques saisons plus tôt été mandaté par la Reine. Il était professeur retraité de l'académie de Na'helli. Il avait toujours enseigné là-bas l'histoire et la géographie d'Olympia. Il avait fait de nombreux voyages dans son passé ce qui faisait de lui un grand érudit. Le mystère des ruines et surtout le sourire de la Reine lui firent accepter la proposition de cette dernière. Se rendre là-bas pour étudier les fouilles, pour les organiser. Il ne s'était jamais battu et avait eu bien du mal à s'habituer à l'omniprésence des soldats. Ils étaient bruyants, pas toujours respectueux. Mais sûrement valait-il mieux ça à une patrouille d'Impériaux. Lors de son arrivée sur le terrain, désorganisation et manque d'efficacité étaient les maîtres mots. Chacun déblayait dans son coin, sans porter attention au moindre petit objet. Pourtant ils pouvaient se révéler fondamentaux. Lorsque les travailleurs l'eurent reconnu, il avait été le professeur de beaucoup d'entre eux d'ailleurs, les choses sérieuses purent commencer. Des cordes furent tendues sur les zones de fouille, un vrai quadrillage. La minutie s'installa. Bientôt un catalogue d'objets fut créé.

Les cartographes firent un plan précis de la région. Des zones étaient particulièrement abimées et érodées mais à d'autres endroits, des pans de mur tenaient encore debout. Le vieil elfe prenait de très nombreux croquis, écrivait des carnets entiers mais n'échangeait pas encore sa vision des choses. Chaque chose en son temps, comme il aimait le répéter à ses élèves. Il reçut un jour la visite d'une jeune magicienne. Elle revenait de Na'helli, avec des livres anciens, sûrement d'une collection privée.

« Voilà, c'est ce que j'ai pu trouver chez moi sur des légendes anciennes, sur des contes et tout ce qui a un rapport avec le passé.
Merci. Mais ne vous ai-je pas déjà comptée parmi mes élèves ? A l'académie de Na'helli ?
- Non, je ne pense pas. J'ai été éduqué par un précepteur. Mes parents préféraient ce genre d'éducation.
- Je ne suis pas sûr de partager leur point de vue, répondit-il avec un sourire.
- J'aimerai vous aider à percer les mystères de ce lieu, mais je dois aller sur le front.
- Comme tout le monde ici,
soupira-t-il.
- Oui. On m'a en plus donné le commandement d'un bataillon. Ce serait dommage d'être en retard pour mon premier jour.
- Alors allez-y. Vous êtes une Sylphe, votre place est sur le front. En fait, quel est votre nom ? Si je dois vous rendre vos affaires.
- Nil'nelia du Cercle des Sylphes. Bonne journée. »


Ce jour-là, il frissonna plus que d'habitude. Peut-être était-ce du au froid glacial. Mais une lueur dans ses yeux trahissait une profonde préoccupation. Il avait pourtant cherché de très nombreuses explications, mais ce matin là, il s'était rendu à l'évidence. Ses déductions n'étaient peut-être pas si rocambolesques que cela. Chaque jour d'ailleurs le persuadait davantage.
« Si j'en parle sans plus de preuves, je vais passer pour fou... »
Il avait veillé toute la nuit, noirci des pages et des pages de parchemin. Mais la conclusion était toujours la même. Et elle était loin de le rassurer. Ses premiers doutes étaient apparus lors de son travail sur ce qu'on appelait le Temple. A qui ou à quoi était-il dédié, nul ne le savait. Mais la taille et la finesse de l'architecture, enfin, de ce qui tenait encore debout ne laissait aucun doute quant à une importance particulière. Armé d'un pinceau en crin de centaure, il s'était attaqué à un bas-relief sur le mur extérieur du Temple. La gravure était très bien conservée. C'était bien là le problème. Le village avait disparu. Il était recouvert par de la terre quelques temps auparavant. Et pourtant chaque jour, on trouvait des objets intacts. C'est un de ses aides de travail qui planta la graine du doute dans sa tête. En observant la gravure il avait fait une remarque étrange.
« Elle est si bien conservée qu'on dirait que la terre a plu dessus. Sinon, elle aurait été détruite. » Pleuvoir de la terre. Quelle idée saugrenue. Mais Neïldir était vieux, très vieux. Il avait vu des choses étonnantes dans sa vie. Sans dire un mot, il nota cette réflexion sur son carnet. De telles fouilles demandaient de nombreuses personnes aux qualités variées. C'est en parlant avec un architecte qu'il persista dans sa dangereuse pensée.
« Les bâtiments sont solides, ça ne fait aucun doute. Mais bon, moi je vous dis, ils devaient être protégés par des magiciens, parce qu'ils n'auraient jamais pu supporter le cataclysme qui les a recouverts. » Quel cataclysme... L'état des lieux ne laissait rien présager d'un cataclysme quelconque. D'ailleurs, en regardant de plus près, Neïldir ne nota aucune trace de pierre fracturée. Elles étaient érodées, elles étaient tombées. Mais elles n'étaient pas cassées en mille morceaux... Comme s'il n'y avait pas eu ce fameux Cataclysme.

Le frisson le prit de plus bel en repensant à tout ça. La base d'un raisonnement racontait-il à ses élèves, c'est comme un puzzle. Il faut avoir les pièces avant de commencer à le réaliser. Les pièces. Malheureusement, depuis qu'il les avait en main, tout allait de travers. Il fallait se poser les bonnes questions. Et s'il n'y avait pas eu de Cataclysme... Il connaissait la réponse. D'ailleurs ses élèves aussi avaient les cartes en main. Il ne pouvait pas être le seul à avoir imaginer une telle éventualité.

« Vous voyez, cela est la géographie d'Olympia il y a 300 ans. Il se tenait sur l'estrade, dévoilant une ancienne carte. Il était un professeur assez apprécié. Alors rien ne vous choque?"
Une jeune elfe leva le doigt. "Le fleuve de Gaïa M'ssieur.
- Tout à fait. Son cours est un peu différent de celui actuel. Et pourquoi?

Silence dans la salle. Ne pas se décourager. Aucune proposition ?
Des tentatives maladroites fusèrent mais rien de probant. Levant une main, il fit taire la salle.
" C'est pourtant simple. Nombre d'entre vous sont des magiciens, vous connaissez la puissance de l'eau. C'est bien simple. L'eau rabote d'un côté alors que la terre se dépose de l'autre. Et en 300 ans, ces dépôts de terre peuvent changer l'aspect du territoire."

La sédimentation, terme barbare qu'il n'avait osé utiliser devant ses élèves. C'était une découverte assez récente. On retrouvait le phénomène dans les bouteilles de bon vin. Les particules se déposent au fond. Certains grands esprits avaient alors émis l'hypothèse que de telles choses pouvaient se passer dans des lacs. On avait planté des troncs d'arbres et des années après, une marque attestait d'un dépôt. Mais là, si c'était ce qu'il imaginait, c'était un phénomène d'une autre ampleur. Lorsque cette idée lui traversa l'esprit, il ne put plus penser à autre chose. Chaque jour, il croyait voir des preuves de ses élucubrations. Des strates dans le sol, quelques coquilles d'organismes aquatiques. Il aurait fallu un temps fou. Un temps fou... C'est lui qui devenait fou à imaginer pareilles hypothèses. Et pourtant une pièce manquante s'était assemblée à son puzzle. Et quelle pièce !

Des dalles de pierres furent découvertes. De nombreuses inscriptions figuraient dessus. Cela ne faisait aucun doute, c'était une carte du ciel. Une du même genre trônait à l'Académie. Mais celle-ci étaient fausses, erronées. C'était bien le ciel, mais en aucun cas celui qu'on ne pouvait apercevoir. Les indications elle-même étaient fausses. Le nord repéré sur la gravure ne correspondait pas avec le nord actuel. Il y avait des déviations de plusieurs degrés. Pourquoi alors cela intéressa-t-il Neïldir. Tout simplement parce qu'il avait reconnu certaines des constellations. Dans l'un des livres donnés par cette jeune elfe. Comment s'appelait-elle déjà ? Peu importait. Lorsqu'il revint avec l'ouvrage, il l'ouvrit à une page bien précise. C'était un conte très ancien, sur les retrouvailles des deux soleils symbolisés par deux elfes. Ils se tenaient sur la chaîne des dieux, et au dessus de leur tête une constellation. La même que celle au centre de la carte céleste.
« Ils n'ont pas dessiné n'importe quoi, souffla-t-il. Ils voyaient juste le ciel autrement. » Tout simplement. Le ciel changeait en fonction des saisons. Et s'il changeait avec le temps. Ces interrogations rendirent l'elfe presque fou. Impossible ne cessait-il de répéter. Et pourtant, si cela était le cas... Il secoua la tête et s'exclama à voix haute:

Mais alors ceux qui ont construit cette endroit seraient plus anciens que les olympiens !



elfe Par Nil'nelia  le 14/12/2009 à 22:53

Autre part, sur le front, Nil'nelia était en proie à d'autres doutes. Moins philosophiques et sûrement de moindre importance pour Olympia, mais qui la touchaient au plus haut point. Apprenant l'arrivée d'Elen, elle avait traversé le campement et les ruines pour courir à sa rencontre. Son cœur battait la chamade. Il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis leur dernière rencontre. Mais la zone de conflit était large et longue et elle ne pouvait l'apercevoir. Il était là pourtant, elle le sentait. Elle tremblait. L'adrénaline parcourait son sang, la rendant surexcitée. Ses yeux, ses bras, son torse, son contact, sa chaleur, sa force, son Amour... Tout lui manquait.

C'est arrivée à l'extrémité sud du campement qu'elle commença à ressentir les effets de la fatigue. Et toujours aucune trace de son Loup. Elle ferma les yeux, écoutant le vent, espérant qu'il lui ramènerait le son de sa voix. Mais le vent resta muet. Il fallait continuer. Elle ne pourrait se coucher avant de l'avoir aperçu. Cela ne tarda pas. Au détour d'une tente, une silhouette connue apparue. C'était Calith, le faucon, mystérieux et charmant à la fois. Il lui avait offert un des ces magnifiques rapaces pour son anniversaire. Icare l'avait-elle surnommé. Et si Calith était là, Elen ne devait pas être loin. Ils revenaient de leur rendez-vous avec des géants. Calith fut bientôt suivi de Tiamath, sa fille. Je touche au but pensa-t-elle. Escaladant un rocher, elle put observer les alentours lorsque...

Au détour d'un chemin, une haute stature se découpa. De longs cheveux bruns, une silhouette athlétique. C'était lui. Toujours aussi beau. Elle sentit son cœur chavirer. Elle était de nouveau une elfette, et un instant, les malheurs de la guerre se dissipèrent. Les cris, les larmes et le sang s'effacèrent. Il ne restait qu'Elen. Elle l'appella. Ou plutôt cria son nom à pleins poumons.

Eleeeeeeeeeeeeeeeeen !

Il était loin. Il fallait qu'il l'entende. Elle aperçut Calith, à quelques pas du Loup se retourner pour chercher quelque chose du regard. Nil'nelia fit de grands gestes. Le Faucon sembla l'apercevoir. Il sourit même eut-elle l'impression. Puis d'un pas nonchalant, s'approcha d'Elen. Mais celui-ci fixait l'horizon, l'est. Il était un chasseur. Un prédateur. Et lorsqu'il chassait, il ne pensait plus qu'à cela. Bien que le faucon lui posât une main sur l'épaule et lui soufflât quelques mots à l'oreille, il s'élança. Sûrement un géant à repousser.

Nil'nelia en garda les bras ballants. Il était parti, sans même la voir. Il était parti sans un regard. Elle tomba à genoux, submergée par la tristesse. Elle qui un instant auparavant était si heureuse et excitée devint presque une loque. C'était trop dur. Trop dur... Une larme coula le long de sa joue. Elle devait se retenir. Reniflant un coup, elle sortit un mince morceau de tissu et s'essuya les yeux. L'aimait-il encore ? Elle se refusa de penser que non. Il avait juste d'autres priorités. Lui était capable de mettre le bien de la communauté avant ses propres sentiments. Contrairement à elle. Il fallait que ce soit ça. Il fallait que ce soit ça car sinon, sa vie serait brisée...



elfe Par Nil'nelia  le 19/12/2009 à 16:08

Ses questionnements restèrent en suspens. Pour le moment, les travailleurs ne s'occupaient que de déblayer les ruines et le vieil elfe devait faire de même. Les travaux dévoilèrent des salles souterraines, un réseau de galerie sous le temple. Heureusement, car la neige s'était mise à tomber et il aurait été difficile de continuer dans ces conditions. L'excitation était à son comble dans tous le campement. Pour les combattants, c'était l'approche Olympienne au nord qui les inquiétaient, ainsi que les hordes géantes. Pour les sages, c'était la découverte de fresques, d'une nature tout autre que celles de la surface. Mais pour le moment, nul trace de l'œuf de feu car semblait-il, c'était quelque chose de ce genre qu'on s'acharnait à trouver.

Par ici, par ici, criait une jeune fille. Elle s'appelait Ambre. Il se souvenait de son nom à elle. Cette pierre était l'une de ses préférées. Mais elle avait l'air de dire qu'elle venait de découvrir quelque chose d'important. A voir son visage, ravi et étonné à la fois, c'était plus qu'important. L'œuf ? Il ne pouvait entendre ce qu'elle disait à cette distance. Soit, il était patient, il attendrait son tour. La découverte n'allait pas s'envoler... Comme quoi, on peut avoir une expérience exceptionnelle et être surpris. Les rumeurs traversèrent la foule, comme une vague sur la mer d'Émeraude. Une statue gigantesque. Au moins huit mètres de haut dirent certains. Un oiseau de feu crachant des flammes dans une pièce. Des personnes prostrées implorant son pardon. Du feu. Une statue de dix mètres. Tiens, la statue venait de grandir. C'est bien ça le problème avec les rumeurs. C'est qu'au bout de quelques elfes, on ne sait plus ce qui est vrai.

Il irait voir cela demain.

La découverte n'allait pas s'envoler... Il fixait maintenant le ciel. Le lendemain avait été plein de surprise. Tout s'était précipité depuis la découverte de la statue. En réalité, c'était un assemblage compliqué de pièces de métal, qui représentaient un oiseau de trois mètres de haut. Elle avait autour du coup un étrange collier. Elle dégageait de la chaleur et par mesure de précaution, un périmètre avait été établi. Mais la chaleur s'était intensifiée. Le plafond s'était effondré. Des petits jets de flammes étaient très vite sortis de ses ailes. Il avait senti l'agitation. D'ailleurs, l'elfe du bouquin était passé. Il ne se souvenait toujours pas de son nom compliqué. Ils avaient en vain essayé de détacher le collier. Ambre et elle avaient usé de leur talent à manier la glace pour atteindre leur but. Mais l'oiseau s'était envolé, cramant les elfes à côté. Le combat avait été rude. Malheureusement il semblait inévitable qu'il faille détruire la statue. Le vieil elfe était déçu de devoir arriver à de telles extrémités. C'était prodigieux de voir une machine voler et réagir intelligemment.

Les géants, dans leur délicatesse détruisirent l'oiseau. Mais le collier était aux mains des elfes. C'était le principal. Tuant un lutin qui tentait de prendre des morceaux du volatile, des forestiers avaient ramassé des pièces de la bête. Peut-être aurait-il l'occasion de l'étudier de plus près. Et si ce n'était pas le cas, il aurait de toute manière matière à s'occuper. Des croquis des différentes fresques lui avaient été confiées. Il devait rentrer à Na'helli, protégé par le cortège. Les rats quittaient le navire maintenant qu'il était vide. Mais, il en était sûr, tout n'avait pas encore été révélé.

Le fameux œuf de feu dont parlaient les olympiens, ne serait-ce pas l'œuf de l'oiseau de feu représenté sur les fresques et ayant inspiré la terrible machine... Il y avait pas mal de recherches à faire à Na'helli.