Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Le combat d'un moineau.
Choix des forums  |  Revenir au forum  |  Page d'accueil

Le combat d'un moineau.
Topic visité 451 fois
Dernière réponse le 11/01/2010 à 14:36

geant Par Sayan Köttor  le 11/01/2010 à 14:36

Hrp: Les évènements se déroule depuis la seconde transe avec Elen/Sayan, en passant par la recherche d'Hardaway, jusqu'à l'apparition des zombies et du combat qui s'en suivra. Juste parce que je devais exprimer ça du point de vue de mon personnage





L'aube se levait. A travers les nuées clairsemées des nuages, où les trouées de lumière laissaient comme des flaques mouchetées dans le ciel, le couple de soleils que forment les deux Titans se répandait timidement sur la plaine. Ainsi étendue, étirée jusqu'à la limite, la lumière éclairait peu et on n'y voyait guère; on ne devinait que des lambeaux de silhouettes, des ombres d'arbres ou de rochers qui se distinguaient des autres par leur taille inhabituelle et leur aspect sculptural.

Mais la fille Aurore se donna du mal, et bientôt on y vit bien, les paysages se dessinèrent, ne se dispersèrent plus dans les ténèbres, et de ce monde fantomatique naquit la plaine d'Olympia où Sayan, Rexanne, et les trois elfes de Lune avaient élu domicile pour la nuit.
Elen n'était toujours pas remis de la transe d'hier, mais qui pouvait-il? Très peu. De plus, les rumeurs du réveil de Hardaway et son départ soudain vers le Nord bourdonnaient à ses oreilles et lui laissaient une impression étrange dans le coeur. Les choses n'allaient certainement pas comme prévu, loin d'être libéré de sa malédiction, le shaman avait l'intuition que l'Oracle était guidé par cette dernière encore plus qu'avant.

La transe avec les deux Elfes, loin d'avoir dissiper ses doutes, avaient plongé son esprit retors dans une brume d'incompréhensions, un labyrinthe de questions sans réponses auxquelles il se cognait et qui le laissait abasourdi.

Mais le temps jouait contre lui. Contre eux tous. Quelques mots, quelques recommandations, et le groupe presque soudé des Elfes et des Géants se scinda. Sayan lui-même fut surpris par l’immédiateté de leur départ. Tout se déroula très vite. Aucune amitié tissée, aucun lien, les géants et les elfes se séparèrent juste comme le jour se sépare de la nuit durant les saisons froides.
Avec une rapidité effarante.

Sans rien dire, le géant songea à la guerre qui les divisait, au fait que l’aide qu’ils lui avaient fournie n’était pas récompensée à sa juste valeur. Il s’en voulait dans un sens, mais l’Oracle comptait plus que tout.
Il se retourna une dernière fois vers eux.
« Prenez soin d'Elen, Calith. Et n'oubliez pas, je suis votre débiteur. »

Et puis, Rexanne et lui s'en allèrent. Si l'Elfe de Lune daigna lui accorder une réponse, il ne l'entendit pas. Avec Rexanne, il pressa le pas. Les soleils assuraient de plus en plus leur emprise, et les ombres durent entamer bien vite leur timide reptation vers le néant, reculant sous les puissants rayons que dardaient les jumeaux.

Le voyage fut plus bref qu'il ne l'aurait cru, et Sayan parla peu. Son esprit sagace était trop occupé à délier les noeuds du problème dans lequel la nation géante semblait s'être fourrée jusqu'au cou. Il ne sut pas si Rexanne avait compris son besoin de solitude, mais elle ne l'incommoda guère. Pour ça, il la remercia.


***

Au bout du cinquième ou du sixième matin, les falaises de Zagnadar furent en vue. Grandes, puissantes, magnifiques, Sayan se surprit à espérer qu'à elles-seules elle protégerait ses frères du calvaire au devant duquel il allait, il en était certain. Un groupe de personnes s'était déjà réuni pour aller à la recherche de l'Oracle, dont on disait qu'il était parti vers le Nord, loin dans la forêt oubliée.
Sayan n'eut guère le temps de se reposer, de s'équiper ou quoi que ce soit d'autre.
Il savait qu'il le regretterait. Une migraine assourdissante l'avait déjà saisi à plusieurs reprises, la nuit comme le jour, transformant son visage en un masque de souffrances et de muscles contorsionnés. Il se sentait extrêmement faible, comme s'il avait couru un marathon pendant une dizaine de jours et qu'il avait soudainement décidé d'accélérer.
Le coeur au bord des lèvres, les bras ballants, sa tête assaillie par des violents maux de tête qui allaient et revenaient telle une marée, le shaman faisait peine à voir. Pire encore, à certains moments, il perdait complètement la tête, son esprit vagabondait au gré d'Air, comme s'il n'habitait plus son corps et que la communion avec son élément était devenue plus urgente, plus nécessaire. Mais il savait bien que le vent était un maître traître, et que s'il se laissait aller à cheminer avec lui, il serait plus mort que vif, un corps vide, une carcasse creuse.

Sayan savait qu'il allait au devant de problèmes. Il savait que son corps ne le supporterait pas, que son esprit partait en lambeaux et que la douleur, si intense qu'elle faisait crépiter des étoiles blanches devant ses yeux, le tuerait peut-être, et cela définitivement. Il lui faudrait des lunes, des années probablement pour se remettre des efforts qu'il avait produit. Il avait affirmé aux géants être un shaman de talent. C'était mensonge. Il avait tout appris, certes, mais comme le guerrier se doit d'entraîner ses muscles pour éviter de se blesser, un shaman se doit d'affuter son esprit par des exercices fréquents. Il avait décidé de se jeter corps et âme dans cette bataille, comme un moineau qui cherche à accomplir la tâche d'un aigle, sans puissance, sans garde-fou, mais avec la volonté farouche de sauver les siens quoi qu'il en coûte. Il en mourrait peut-être.

C'était la deuxième fois que le Géant se faisait cette réflexion alors que le groupe s'était déjà lancé sur les traces de Hardaway, et il ne put retenir un sourire grinçant en se disant que, dans un sens, il avait un goût pour le mélodrame un peu trop prononcé... Baste!


La forêt était en vue maintenant, et il avait d'autres chats à fouetter que de se lamenter sur son sort. Lili, Volt, Dwitz le lutin et Notunato se mirent à explorer les lieux. Le groupe se divisa, pour mieux trouver Hardaway, et il se retrouva vite seul.
Alors que Sayan se concentrait pour retrouver Hardaway par le biais de l'Air, une déferlante de douleur s'abattit sans prévenir sur lui. Etait-ce le prix à payer pour aller au-delà de ses limites? Avait-il mérité ce qui lui arrivait? Une chose était certaine, il n'avait jamais, dans cette vie ou dans une autre, malgré son adolescence d'esclave, connut douleur aussi profonde, aussi violente que celle qui l'étreignit à ce moment-là.
Il avait l'impression que sa tête allait exploser, que son cerveau était comme une coupe remplie d'eau qui menaçait de déborder, et qu'un fou avait décidé de secouer dans tous les sens. Il glissa en avant, tenta de s'agripper à un arbre, mais c'était peine perdue. La douleur lui sapait tous les sens. Un éclair blanc lui avait coupé son don de vision, et s'il avait pu les ouvrir, ses yeux verts auraient été vides de vie. Cette migraine le déchirait, il n'en pouvait plus. D'un geste tremblant, il chercha ses potions d'une main, essaya vainement de s'en emparer, mais une autre migraine s'abattit sans crier gare, et il s'écroula sur le sol, inconscient.