Ghormy errait dans les ruelles.
Il se sentait véritablement soulagé depuis qu’il savait où était Snorri.
C’est donc l’esprit tranquille qu’il observait Lardanium.
Karden était retourné à Zagnadar pour rassurer la mère affolée des deux Nains, mais également pour retourner à ses occupations.

Lardanium ne valait certes pas Kazad a Gorog, mais il fallait avouer que c’était tout de même une ville étonnante.
Ghormy profita enfin de son séjour sur place et se permît de regarder un peu la ville et ses habitants, plutôt que de s’acharner à la recherche de quelqu’un.
Il déambula dans un jardin public.
Il n’était pas habitué à ce genre de choses, Kazad a Gorog n’était pas l’endroit le plus approprié pour la verdure.
Il pouvait très bien se passer de tout cela, mais cet endroit avait un charme qui ne le laissait pas indifférent.
Il continua sa promenade, discutant de tout et de rien avec son frère.
Il arriva devant le quartier marchand, où nombres d’Olympiens, ou d’autres membres de l’Empire, se tenaient, hurlant les bienfaits de leurs produits, leurs fraîcheurs et vertus, ou autres âneries bonnes à attirer les nigauds.
Ghormy ne resta pas très longtemps sur place, il était habitué au calme des bibliothèques et tout ce bruit le gênait un peu.
Il continua son chemin vers un endroit plus reposant.
Il réalisa rapidement qu’il s’agissait d’une place réservée aux temples et aux Dieux.

De nombreuses statues en l’honneur des divinités étaient érigées et scrutaient les passants.
Ghormy en remarqua particulièrement une, dédiée à Hadès.
La statue était située juste devant le temple du Dieu, et elle mettait le jeune Nain assez mal à l’aise.
L’artiste qui l’avait sculptée avait réussi à faire en sorte que, où que l’on soit placé, le Dieu semblait vous fixer au fond des yeux, pour sonder votre âme !

Ghormy s’éloigna rapidement de la statue.
Il n’appréciait pas énormément Hadès.
Ce n’était pas une haine particulière, mais il le trouvait… un peu glauque.
Il reprît sa marche et s’intéressa un peu plus aux autres Dieux.

- Dit Snorri, c’est lequel ton Dieu préféré toi ?
- Mmmhh… Je ne sais pas trop, je ne me suis jamais vraiment posé la question…
- On essaie de s’en choisir un ?

Ghormy s’approcha des deux plus gros temples : ceux de Zeus et d’Aphrodite.
Les autres ne faisaient guère plus d’impression qu’une petite bicoque à côté d’un château par rapport à ces deux là.
De nombreux fidèles étaient présents, ainsi que des prêtres et prêtresses.

- Le puissant Zeus !
- Et la belle Aphrodite.
- Oui, c’est vrai qu’elle est magnifique.
- C’est vrai, mais je préfère d'autres Dieux. Les choisir eux, c'est céder à la facilité.

Ghormy continua à marcher et décida de s’intéresser un peu plus aux autres Dieux, connaissant déjà tout ce qu’il y avait à savoir sur les deux les plus représentés du moment.

Il passa devant les sanctuaires d’Apollon et d’Artémis mais ne fût pas intéressé… Ces Dieux n’avaient tout simplement rien à voir avec lui et son frère.
Il remarqua un temple dédié à Poséidon, affublé de nombreuses fontaines.
L’endroit semblait en très grande baisse de popularité, ce qui était tout à fait normal vu les derniers actes du Dieu.
Ghormy se retînt d’aller cracher tout son mépris à la divinité, et il sentît que Snorri était obligé de faire de même.
Il accéléra le pas et se retrouva devant une statue d’Hermès.
Le Dieu du Voyage, le Messager.

- Hermès pourrait être un bon Dieu.
- Mmhh ? Pourquoi ça ?
- On a beaucoup voyagé, il pourrait bien représenter cet aspect de nous.
- C’est vrai, mais à part ça, il n’est pas génial. Marcher, courir, c’est bien, mais moi je ne trouve pas qu’on ai besoin d’un Dieu comme ça. Faut de l’action ! On est mercenaires après tout, non ?

Ghormy décida de continuer son chemin vers les temples les plus visités des Nains.
Il ne resta que très peu de temps devant le temple d’Héra, cette dernière étant généralement vénérée par les Naines, et Snorri affirmait qu’il n’était pas une femmelette.
Il resta un peu dans le sanctuaire de Dionysos où il se délecta d’un somptueux vin, mais n’y resta pas.
S’enivrer à longueur de journée ne l’intéressait pas non plus.
Enfin, il arriva devant le temple d’Héphaïstos, le Dieu des Forges.

- Ca c’est du bon Dieu, lui il est costaud. Il a quand même créé l’arme la plus puissante du monde !
- Je suis d’accord, j’aime beaucoup Héphaïstos, c’est un créateur, et peut-être qu’en le priant, il fera jaillir une nouvelle ville Naine des entrailles de la terre !
- Bon, on entre ?
- D’accord !

Ghormy s’avança vers le temple et se stoppa net.
Il détestait quand Snorri prenait le contrôle de son corps comme ça.

- Snorri, tu sais très bien que je déteste ça…

Mais rien n’y changea, il se dirigea vers le temple situé un peu plus loin que le temple d’Héphaïstos à grands pas.
Ghormy lutta pour ne pas y aller mais la volonté de Snorri semblait inébranlable.

- Arrête ça je te dis !
- Mais REGARDE !

Ghormy pointa du doigt le temple dédié à Arès, Dieu de la Guerre.
Une fois arrivé devant, il s’arrêta sur place.

- Le Dieu de la Guerre, ça c’est un Dieu balèze !
- Tu trouves vraiment ? C’est morbide regarde.

Ghormy désigna de nombreuses sculptures et mosaïques aux abords du temple, représentant de nombreuses scènes de combats où un nombre incalculable de combattants mourraient, en général sous la lame d’un seul héros portant les emblèmes d’Arès.

- Mais on a beaucoup combattu, il nous représente bien !
- Non, nous ne sommes pas des barbares : on se bat quand on le doit. Arès est un Dieu trop violent. Il aime les carnages, comme la chute de Kazad a Gorog.
Tu as aimé la chute de notre ville ?

Snorri soupira.

- Pfff… Comment veux-tu que je réplique face à ça…
- Tu vois ? Donc vient, on retourne au temple d’Héphaïstos.

Snorri avait relâché son emprise sur Ghormy, et ce dernier se retourna donc pour aller au temple d’Héphaïstos.
Quand tout à coup, quelque chose se posa sur son épaule.
C’était un oiseau… un hibou.

- Que ? Qu’est-ce que tu fais là toi ? Va-t-en le hibou !

Il s’apprêta à le chasser d’un geste de la main quand quelqu’un lui expliqua :

- Ce n’est pas un hibou, c’est une chouette.
- Ah… Cet oiseau est à vous ?
- Non, c’est un oiseau sauvage.
- Une chouette sauvage ? Elle devrait dormir à l’heure qu’il est, ce n’est pas possible.
- Il faut bien croire que si. Je pense qu’il s’agit d’un signe.
- Un signe ? De quoi ?
- Un signe divin bien entendu !
- Et quel Dieu pourrait bien faire ça ?
- Mais elle… Il semblerait qu’elle vous ai choisi, VOUS !
- Elle… ?

Ghormy se retourna pour regarder ce que l’inconnue lui désignait du doigt.
Le temple dédié à Athéna.

- La chouette est son animal favori, c’est pour cela qu’elle l’a envoyée. En plus, vous êtes un Nain, vous avez été chassé de votre ville par son pire ennemi : Poséidon. Ca ne m’étonne pas que son choix se soit posé sur vous.

Ghormy resta, comme hypnotisé par cette révélation.
Ils avaient été choisis par Athéna.
La déesse de la sagesse, mais aussi une déesse guerrière, une déesse de la stratégie.
La victoire avec une combinaison de force ET d’intelligence.
C’est CA dont lui et Snorri avaient besoin.
Athéna les représentaient parfaitement.

Feignant l’innocence, la prêtresse qui avait abordé le Nain déclara :

- Nous accueillons bien évidemment les gens qui voudraient en savoir plus sur notre bien-aimée déesse. Je m’appelle Athénis, je suis à votre disposition pour toutes questions, ou peut-être désirez-vous voir le temple de l’intérieur ?

Elle fixa Ghormy avec un regard mielleux et un beau sourire.
Ghormy acquiesça et suivît la prêtresse dans le bâtiment.
Il remarqua une petite pièce à demi-fermé où se trouvaient une bureau sur lequel était posé une cage.
Une cage habitée par deux chouettes.
Un petit rictus se dessina sur le visage de Ghormy, il n’était peut-être pas un « élu » comme il l’avait cru, mais dans tous les cas, il était content d’être tombé dans le panneau.
Il aimait beaucoup Héphaïstos, mais sa décision était prise et il sentait que Snorri en bouillait d’envie aussi.
Leur divinité ne serait pas un Dieu habituel pour des Nains, il s’agira d’Athéna !
Il caressa du bout d’un doigt le plumage de la tête de la chouette et pressa légèrement le pas pour rattraper Athénis qui commençait à les semer.