Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Désirs inavoués
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Désirs inavoués
Topic visité 826 fois
Dernière réponse le 31/08/2010 à 16:21

olymp Par Hagios  le 08/03/2010 à 11:29

Cycle Premier : un amour naïf



La nuit est chaude, le printemps arrive. Pensant à toute sa courte vie, Hagios réfléchit au temps où sa mère la berçait encore, où son père la considérait comme une enfant dévouée aux Dieux, où son frère l’enquiquinait avec sa forte poitrine le jour de ses 14 années. Tout ceci fait partie du passé et une nouvelle ère se présente pour elle. Une ère où les batailles sont présentes, voire omniprésentes, et celle qui n’est plus, l’ère des belles robes de cérémonies et des prétendants.
A la mort de ses parents, qui n’arriva que trop vite, malgré la promesse faite à son père sur son lit de mort, Hagios ne pût la tenir. Le mariage était organisé avec l’un des fils de marchands les plus riches de la ville, mais aussi l’un des plus abjecte.
Rêvant de liberté et d’aventure, comme toutes filles de son âge, elle s’enfuit, tout comme à ce jour. Les rencontres masquent souvent la solitude ressentie, c’est ce qu’elle fait. La religion n’est plus de son ressort, préférant mille fois l’art du combat. Ce combat si parallèle à sa vie, luttant contre toutes agressions, violences, attaques…
Parmi toutes ses rencontres de quelques instants, une seule retient son attention et son cœur. Sa personnalité si tourmentée, fait de lui un homme à part. Les autres, tous synonymes. Lui, si incroyable. Voilà ce que résonne le cœur d’une jeune Olympienne désemparée.
A l’ombre d’une plume, une vague forme d’écriture apparaît :


« Je veux réconcilier la violence dans ton coeur
Je veux reconnaître que ta beauté n'est pas juste un masque
Je veux exorciser les démons que tu connais
Je veux satisfaire les désirs inavoués de ton cœur

Tu prétends à tes amants
Que tu es mauvais et divin
Tu es peut-être un pécheur
Mais ton innocence est sienne »



Le cœur d’Hagios est tourmenté. Ne sachant que penser de ces mots, son seul réflexe est de cacher ceci. Refluer ses sentiments et même ses pensées, est une manière particulière de dissimuler la peur et l’anxiété.
Cet homme… si intouchable.



A son réveil, la jeune Olympienne garda les yeux fermés. Ne voulant perdre cette image, elle voulait se remémorer ce doux rêve. Le froid vint lui piquer les bras nus dépassant de la couverture de laine verte. Elle se mit assise et ouvrit lentement ses paupières.
Le jour était levé et la rosée était déposée sur la verdure l’entourant.
Une longue marche l’attendait jusqu’à Lardanium. Elle savait pertinemment que si elle n’arrivait pas au soir, elle n’allait pas manger, à moins de chasser, ce dont elle ne raffolait guère.
Cela faisait presque une demi année. Elle l’avait revu, mais brièvement. A son accoutumé, sa maladresse lui avait fait défaut.
La nuit arriva vite. La fraîcheur la fit accélérer et les murs de la Cité Blanche étaient visibles depuis quasiment une heure. Arrivée aux remparts, elle passa les portes avec une certitude : il serait là.



geant Par Pizgup  le 10/03/2010 à 22:01

J'aime bien. C'est mélancolique, parfois énigmatique. J'essaierai de trouver le temps de lire la suite si suite il y a



olymp Par Hagios  le 12/03/2010 à 13:46

Lardanium était une Cité très appréciée. Elle comptait de très grandes rues et encore plus de marchands. Des personnes de tout type d'âge et de classe s'y trouvaient ou retrouvaient. Malgré tout, Hagios ne se souvenait plus où elle était. Ses yeux scrutaient chaque visage et chaque échoppe afin de la retrouver. Il ne devait plus être ici.
Son rêve l'intriguait de plus en plus, cherchant une réponse concrète. Ce sentiment qui l'avait soudainement réveillé et ému, la rendait folle. A la fois agréable et inquiétant, cela la chamboulait. De plus, la personne qui le provoquait la troubler davantage. Pensant au départ qu'il s'agissait d'un effet second à sa mort, elle réfuta rapidement cette idée.
Des jours avaient passé, voire des mois. Tout d'abord, elle s'était retrouvée au milieu de nul part, avec pour seule orientation, son instinct. Puis elle s'était endormie, se retrouvant au bout milieu d'une magnifique prairie verdoyante remplie d'arbres feuillus et de magnifiques fleurs rouges, jaunes et bleues. Comme si elle était spectatrice, elle voyait son corps autonome. Prenant une feuille de papyrus, elle inscrit quelques mots, s'apercevant qu'il s'agissait d'une sorte de poème incomplet.
Puis brusquement, elle revint à elle, avec pour seul but celui de rejoindre la civilisation.
C'était donc pour cela qu'Hagios c'était retrouvée à marcher en direction de Lardanium. Les quelques cours d'astronomie qu'elle avait brièvement suivi, lui permit de trouver son chemin.

Après quelques minutes de marche dans la cohue de la Cité Blanche, Hagios remarqua l'insigne de l'échoppe. Elle accéléra bousculant au passage, des corps.
Soudain elle s'arrêta. De loin, elle apercevait cet homme. Grand et élancé, fier et élégant, il était là. Craignant qu'il la remarque, Hagios s'engouffra dans la boutique. L'odeur qui y régnait, la fit quitter son état d'angoisse. Elle redécouvrit ce lieu, qu'elle avait fréquenté lors de son enfance. Des tas de bocaux, aux contenants suspicieux, lui valut la même grimace qu'auparavant. Secouant la tête, elle s'approcha de la petite table où étaient déposés des osselets.
La divination était une magie particulière et offerte qu'à certaines personnes. Des personnes exceptionnelles, avec une faculté qui dépasse l'entendement.
Le petit homme sortit d'une épaisse draperie, délimitant la boutique à son repère. Rabougris et courbé, sa vieillesse n'avait qu'ajouter quelques rides...
Elle s'avança vers lui, lui tendant sa main. Il la baisa et sourit. Lorsqu'il leva la tête, son sourire édenté lui rappela leur première rencontre... où il avait toutes ses dents. Ses yeux étaient laiteux, ce qui promettait une divination supérieure à ce qu'elle avait connu. Il s'essayèrent sur deux coussins. Il prit quelques herbes magiques, dont elle ignorait le nom mais connaissait grandement les effets. Il les brûlèrent et invita Hagios à s'allonger. Elle s'exécuta et croisa ses mains sur son ventre. Puis elle ferma les yeux et inspira profondément les fumées des herbes placées sous son nez.



olymp Par Hagios  le 02/04/2010 à 15:41

Son cœur est-il si indifférent à ton cœur ardent ma fille ?

Comment le sais tu ?

J'ai vécu avec un homme semblable.

Mais je ne sais que faire maintenant...

C'est à toi de décider, je ne suis là que pour te donner mon avis.

Sache que tu ne m'aides pas beaucoup !

Oui mais je ne veux guère influencer ta vie. Déjà que tu n'aurais jamais dû revenir auprès de cet oracle.
Tu sais très bien ce que tu dois faire. Me poser la question c'est juste pour je puisse répondre à ta place. Si ton cœur s'emballe de cette manière... enfin tu vois ce que je veux dire !

Non explique moi, tu l'as dit toi-même, tu es là pour me donner ton avis et surtout ton point de vue.

Hé bien... je ne t'ai jamais vu ou connu ainsi ma fille.
Ton père était comme cet homme tellement beau et incroyable, mais si détaché et froid, même envers moi. J'aurais aimé pouvoir t'en apprendre beaucoup plus sur les hommes et leurs personnalités, alors je vais essayer de montrer ce que je peux.

Je t'en remercie.


Une lumière et une épaisse fumée entourèrent Hagios. Comme un flash lumineux, elle se protégea les yeux tout en les maintenant ouverts.
C'est alors qu'apparue son image. Elle frémit.

Ne t'inquiète pas. Touche le.

Mais je...

Touche le ! Ta réponse est là.


Par instinct, elle baissa les yeux. Il paraissait tellement vivant, sa poitrine, ses mains, jusqu'à son regard. Elle balaya une mèche de ses cheveux qui lui recouvrait le visage. Levant la tête et plongeant son regard dans le sien, il réagit en la fixant et lui souriant. La gêne d'Hagios était visible par le tremblement de son corps tout entier. C'est alors qu'il la prit par les épaules, lui affichant un nouveau sourire, celui-ci rassurant.
Il était face à elle. La réalité aurait été toute autre certainement. Ceci ne se serait jamais produit ou peut être avec quelqu'un de moins distant et intouchable.

Je... excusez moi !

La crainte, l'angoisse et le regret furent beaucoup plus forts qu'elle. Voulant le quitter, il la retint fermement. Elle détourna son visage. Sa respiration se faisait de plus en plus saccadée et irrégulière. Le contact de sa main sur son visage la fit frémir à nouveau. Cette sensation se diffusa jusqu'à son échine. Une violente émotion prit le dessus. Une seule pensée l'obsédait.

Je ne peux pas...
Lui dit-elle en secouant la tête.

Tu le veux... et je le veux. Tout est possible.

Tout à coup, une sensation merveilleuse l'immergea. Son corps entier se décontracta, laissant cet homme la contrôler. Se sentant comme un pantin, elle ne s'en souciait guère.
Leurs lèvres n'étaient que le reflet de leur envie. Mais pour Hagios, cela était beaucoup plus.

Tu vois, tu sais ce que tu veux ma fille.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ses poumons lui brûlaient. Toussant de toutes ses forces, elle essaye de reprendre une respiration normale. Les larmes lui vinrent aux yeux, ne sachant que faire elle s'enfuit.



olymp Par Hagios  le 06/04/2010 à 16:30

Sortant de l'échoppe, tout lui paraissait irréel. La foule grouillait, les bruits résonnaient, les odeurs suaves des épices se mêlaient aux odeurs corporelles peu...séduisantes.
Cette révélation confortait son idée première. L'amour qui brûlait en elle, n'était pas seulement platonique mais charnelle.

Comment vais-je réagir la prochaine fois que je le rencontrerai ? Serais-je garder mes pulsions ? Pourrais-je encore seulement l'approcher ? Ou pourrais-je feindre l'indifférence et me comporter comme une sotte ?

La panique et ces interrogations l'avaient laissé choir devant l'entrée de l'échoppe. De nombreuses personnes connaissaient son visage et aussi la famille à laquelle elle appartenait.
La petite noblesse avait son réseau. De plus son père pouvait se prétendre d'appartenir à la moyenne noblesse. La réputation était l'une des trois valeurs : l'honneur, la dignité et la réputation. Toutes trois pouvaient du jour au lendemain faire basculer un noble dans la misère ou dans la richesse. Son père avait durement travaillé pour atteindre ce rang. Le mariage avec sa mère avait été un premier but à effectuer, qu'il avait réussi avec succès. La mère d' Hagios faisait en effet parti de la moyenne. Le lignage remontait à fort loin, mais pas autant que celui d' Anastase.



Tout se mêlait dans sa tête. Le passage des personnes, la chaleur, cette image et cette sensation si fortes qui l'imprégnaient encore, ne lui permettaient de s'éclaircir les idées.
Elle s'avança bousculant maintes personnes. Ne prêtant aucune attention, elle attérit dans une petite rue. Elle s'assit contre un mur s'engouffrant le visage aux creux de ses jambes. Les larmes avaient cessé de couler, mais l'angoisse était encore là.

Qu'est ce qu'il m'arrive ? Je n'ai jamais été ainsi ! Toute mon éducation n'a servi à rien !!! Encaisser les coups, ne surtout jamais faire de sentimentalisme, penser à soi au lieu d'autrui !

Un léger vent balayait le visage de la jeune olympienne. Le soleil brillait toujours et ses cheveux laissaient découvrir son si doux visage.
Pensant constamment à ce premier baiser illusoire, elle ne savait que faire. Elle s'invita alors à revivre ce moment si unique et certainement ultime. La même émotion revint sans cesse. La fermeté de son embrassement, la tendresse dans cette union si intime...

Anastase..., dit elle dans un souffle court.
Anastase..., dit elle un peu plus fort.
Ana...

Le bien être était presque à son comble, pour elle un dernier pas devait être franchi afin d'atteindre cette plénitude.
Soudain, elle sentit quelque chose de mou et mouillée insistant sur son coude.

Anastase !!!, dit elle d'un sursaut et à voix haute.

Ouvrant les yeux, elle remarqua qu'il ne s'agissait que d'un chien, ayant pris peur, il s'enfuit. Elle eut le réflexe de regarder autour d'elle... heureusement la rue était déserte.
D'instinct, elle se releva. Elle essuya brièvement et grossièrement ses yeux, à l'accoutumée verts. Elle défroissa sa longue robe blanche, et replaça ses cheveux légèrement ébouriffés coiffés de magnifiques fils d'or. Reprenant petit à petit son souffle et ses esprits, du moins c'est ce qu'elle pensait, elle essaya de reprendre le contrôle sur elle-même et d'oublier celui de cet homme.

Elle reprit la rue principale lorsqu'elle l'aperçut de nouveau. Toujours aussi prétentieux et hautain, la colère prit le dessus sur l'angoisse et la tristesse. Ce sentiment, qu'elle connaissait très bien, ne se fit pas dompter.
Sa respiration se saccada de nouveau et elle commença à bousculer les gens, importantes ou non. Lorsqu'elle atteignit sa cible, elle s'arrêta. Elle le frappa au niveau du cœur de son poing ferme. Des larmes réapparurent mais plus modérément. Toute la colère s'enfuit d'un coup. Son poing était toujours serré contre la poitrine de Sire Anastase de Khylion.

Je ne peux pas...

Tu le veux... et je le veux. Tout est possible.


Elle comprit qu'il ne s'agissait pas de son rêve. C'est alors qu'elle releva son regard, croisant celui d' Anastase.

Désolée ! Mais je pensais que c'était toi !



olymp Par Anastase de Khylion  le 13/04/2010 à 14:07

La rumeur des combats suivit de près celle des salons. Les bruits qui se faisaient entendre étaient d'ailleurs plus qu'étranges. Les forestiers arpentaient les terres d'Olympia, totalement épars, sans aucune logique. Ils cherchaient à l'évidence quelque chose. Il fallait donc au plus vite réunir des troupes.

Anastase de Khylion, sans attendre les résultats des élections au poste de stratège, prit les choses en main, et essaya de réunir un maximum de troupes pour mettre fin à ces déambulations forestières dans les plaines de Lardanium. Avant de prendre la route pour aller combattre, il fit un rapide détour chez un tailleur, se fit faire deux ou trois vêtements dont une tunique d'archimage, passa dans une obscure boutique pour acheter quelques potions, pria au temple de Zeus pour la réussite de la mission, quand il entendit parmi la foule son nom crié.

S'arrêtant interloqué par ce cri, il resta un instant sans bouger au milieu de la rue, cherchant d'où il pouvait venir. Apparemment, les personnes n'avaient pas réagi à l'appel et il se dit qu'il avait mal entendu. Il reprit pendant quelques secondes sa marche quand il vit Hagios s'arrêter devant lui puis lui foncer dessus. Surpris, à peine voulut-il dire « Salutations, Dame Hagios » qu'il se prit un coup qui lui coupa la respiration. Il put cependant observer le trouble dans lequel se trouvait Hagios : ses yeux verts étaient rouges de larmes, ses cheveux étaient coiffés grossièrement, et sa robe était froissée à plusieurs endroits.

La jeune olympienne leva ses yeux vers les siens et sortit un faible « Désolée mais je pensais que c'était toi! »

-Mais c'est moi, dit-il la respiration coupée...

Puis d'un souffle assez saccadé, il reprit :

-Est-ce que vous pourriez... simplement enlever... votre poing... ça m'empêche... de respirer...

Hagios, semblant reprendre ses esprits quelques instants enleva son poing, redonnant par la même occasion au prince sa faculté d'élocution.

-Mais qu'est-ce qu'il vous prend? Ça vous arrive souvent d'agresser les gens ainsi? Il y a des manières plus douces d'entrer en contact. Vous êtes plus civilisée et courtoise à l'accoutumée. Que vous me tombiez dessus, soit, que vous fassiez des accrocs à mes vêtements, soit, c'est un crime mais ça passe, mais de là à me frapper...

L'air visiblement interloqué et se massant la poitrine à l'endroit de l'impact pour calmer la douleur, il porta un regard interrogateur, où l'énervement laissait entrevoir par moment une compassion inquiète.



olymp Par Hagios  le 15/04/2010 à 13:10

La transe, ayant pris le contrôle de son corps et envouté son esprit, s'estompa peu à peu. Les battements de son cœur, eux, ne cessaient de croitre. Son cœur s'emballait.
Face à la douleur de l'impact entre le torse généreux d' Anastase et son poing fermé, où elle avait mêlé colère et force, Hagios fit brusquement surface. Croyant s'être d'abord réveillée lorsqu'elle était chez l'oracle, elle se rendit compte que les frisons, parcourant son échine, la ramener à la réalité. Malgré le magnifique soleil qui réchauffait tous les peuples d'Olympia, celui-ci semblait glacial pour la jeune Olympienne. Sa peau laiteuse rassemblait à différents endroits, les marques d'une fraicheur digne de la dernière nuit d'été...

Non arrête, je ne veux pas faire ça ! Peut être que cela se fait chez ces autres familles nobles et non nobles, mais moi je refuse !

Tu te fiches de moi ? C'est toi qui me l'a demandé !

Oui mais j'ai changé d'avis... j'ai le droit non ?!

Tu as envie d'embrasser un garçon un jour ? Ou bien préfères tu devenir une prêtresse chaste ?

Père m'interdit de mêler ma carrière religieuse à un amour quelconque...

Je sais mais tu ne vas pas finir ta vie en ne sachant pas ce que c'est ! L'envie brûlera en toi toute ta vie comme l'Enfer brûlera sous tes pieds quand tu auras cédé à ces pulsions...

Arrête avec ça ! Hadès ne punit pas de l'amour ! Il aime Perséphone.


Un silence parcourut le discours des deux jeunes gens. La nuit magnifique scintillait par la lune dorée.

Hagios, fais le au moins tu sauras à quoi t'en tenir et tu sauras le faire le moment venu. Tu es bientôt en âge de te marier à un noble ou à un dieu. Tu ne voudrais pas te ridiculiser devant l'un ou l'autre ?

Je m'enfuirai dans les deux cas. Je veux aimer mon époux et que ce soit réciproque !

Finis de rêver ! Les histoires divines nous enseignent une chose : alea jacta est.

Veni, vidi, vici ! Telle est la devise de notre famille non ? Je l'utilisera à mon dessein.

Roh je ne suis pas venu pour t'entendre discourir !


Leurs lèvres s'entrechoquèrent : voici le premier, supposé, baiser d' Hagios. Elle se retira aussitôt, de la colère dans les yeux.

Pouwa ! C'est pas terrible, tu seras qu'une bonne gouvernante de maison, mais malheureusement pour ton mari, le reste laissera à désirer, si t'es assez désirable un jour !

Une claque vola contre la joue de son grand frère. Les yeux remplis de larmes, elle s'enfuit dans sa chambre.


Ce souvenir se résuma en quelques secondes dans l'esprit de la jeune Olympienne. L'homme dont elle avait rêvé secrètement en cachette était face à elle, souffrant par sa faute.
Ses yeux toujours fixés dans ceux du magnifique homme, elle semblait comme envoutée. Il était l'un des plus puissants, des plus connus et des plus convoités par les familles nobiliaires de Lardanium. Maintenant son regard dans le sien, elle desserra son poing et posa sa fine main à plat contre son torse. Tout semblait confus dans son esprit, et la raison de son acte lui restait un peu flou. Le respect des classes plus « nobles » était l'un des premiers points à maintenir lorsque l'on se retrouvait à plus digne face à soi. Elle venait de passer outre, et il lui fit comprendre :

-Mais qu'est-ce qu'il vous prend? Ça vous arrive souvent d'agresser les gens ainsi? Il y a des manières plus douces d'entrer en contact. Vous êtes plus civilisée et courtoise à l'accoutumée. Que vous me tombiez dessus, soit, que vous fassiez des accrocs à mes vêtements, soit, c'est un crime mais ça passe, mais de là à me frapper...

Il venait d'acquérir deux titres honorifiques; celui de Grand Pontife et d'Ambassadeur... des échelons qui les séparaient davantage.
Elle sentait la respiration difficile du bel Apollon.

Narcisse aurait pu être son nom... tsss quelle..., avait un jour annoncé son frère lors d'une grande soirée.

Sa paume plaquée se soulevait à chaque inspiration. Une légère douleur traversa le corps d' Hagios : le visage d' Anastase grimaçait.


-Je ne tenais pas réellement à te... vous faire mal mon... Anastase.

Sa voix s'emplit d'une angoisse, elle se tut. Elle ne le connaissait que très peu, juste par les rumeurs et une discussion échangée avec un de ses servants : Neikh Phronis.
Ses yeux retombèrent sur son torse et elle remarqua qu'elle le touchait encore. Elle retira sa main d'une manière mécanique.

Ce sera peut être la dernière fois...

Elle se déplaça sur le côté afin qu'il retrouve son souffle. La fascination l'imprégna.

Son meilleur côté est celui de profil.

Une certaine lueur était décelable dans les yeux de l'Olympienne, celle-ci ressemblait à une admiration sans égal. Malgré sa douleur, il était magnifique, parfait.

Anastase en demandait plus. En effet, se faire agresser en pleine rue, de surcroit par une connaissance mondaine, laisse à se poser quelques questions.
Hagios sentit qu'un justificatif serait le bien venu, mais prise de court, aucun grand mensonge ne lui vint à l'esprit. Comme une enfant angoissée venant d'être prise sur le fait accompli, elle tenta une improvisation quelque peu crédible :

- Je vous dois une explication.

Hagios prit une longue inspiration. Elle détourna la tête.

- Je me suis livrée à une expérience difficile... dans la boutique de divination de cette rue. En me réveillant j'ai perdu le contrôle de moi-même...

Comme maintenant devant toi,

- et je me suis mise à vous frapper. Apparemment je vous en veux réellement !

Un large sourire s'afficha sur la visage de l'Olympienne reprenant peu à peu ses esprits... les bons. Essayant de se détendre, elle croisa de nouveau son regard. Afin de ne pas replonger dans un délire quelconque, elle se rafistola. Sa robe blanche préparée tôt le matin, était quasiment fichue... en somme elle ressemblait à une femme du peuple, notée de quelques marques de luxe.

J'espère ne pas ressembler à une de ses péripatéticiennes de nobles...



olymp Par Anastase de Khylion  le 29/04/2010 à 15:01

HRP// Les paragraphes en italique signalent que ce sont les pensées d'Hagios//


Anastase fixait intensément Hagios tandis qu’elle se débattait avec ses pensées. Ses explications n’avaient ni queue ni tête, n’expliquaient rien d’ailleurs, tandis qu’avec une honte mêlée de pudeur, l’olympienne n’osait trop rendre le regard du prince. Involontairement, Hagios en disait beaucoup à l’aristocrate, qui, souriant intérieurement, se dit que la pomme était mûre et qu’il pouvait désormais la cueillir sans conséquence. Cette demoiselle blanche allait assurément briser, pour quelques nuits ou moins, l’ennui du Prince.

Oubliant tout aussitôt le coup d’Hagios et reprenant son maintien aristocratique habituel, il prit délicatement la main d’Hagios, et plongeant son regard dans le sien, y mettant toute l’inquiétude dont il fallait faire preuve, il déposa ses lèvres tendrement dessus.

Le contact de ses lèvres sur la peau de l’Olympienne la fit palpiter davantage. Ne comprenant guère le geste d’ Anastase, elle se sentit déboussolée un peu plus encore. C’était comme si, depuis le début de la journée, ses émotions s’annihilaient, se mêlaient et s’agrandissaient, comme un trou noir annexant ses astres lumineux afin de mieux les recréer plus nombreux et plus puissants.

-Je vous prie de m’excuser, Dame Hagios, vous m’avez tant surpris, veuillez excuser ma rudesse. Je... je ne comptais aucunement vous faire du mal, dit-il en bafouillant, se disant qu’une perte de contenance allait la rassurer, je vous prie de m’excuser. Il faut dire que vous êtes dans un tel état... Je ne sais pas ce qu’ils vous ont fait dans cette boutique, mais je vous conseillerais de ne plus y retourner...

Ses yeux délicatement posés sur Hagios n’auraient pu mieux exprimer la compassion. Alors que ce sentiment lui était totalement étranger, il pouvait en avoir toutes les marques extérieures, dans l’intonation, dans le regard, dans les gestes, et seul un être capable de lire dans ses pensées aurait pu deviner qu’il en était tout autrement.

Ses mots vibrèrent et résonnèrent dans sa tête comme une harpe venant d’être pincée émanant une douce mélodie. Elle se doutait qu’il fallait qu’elle rajoute un mot, une phrase, mais rien ne sortit. Les herbes, dont elle avait humé la fumé, devaient certainement faire effet, tout du moins c’est ce qu’elle espérait.

Le Prince retira sa cape d’un mouvement ample et alla en envelopper Hagios, comme si sa mauvaise tenue avait pu être une marque d’impudeur et que le regard de quelque passant sur elle pouvait être indécent. D’une voix douce et chaleureuse, et avec des yeux réconfortants, il passa délicatement sa main dans les cheveux de l’olympienne en disant :

-Venez, je vous emmène chez moi. Vous faites peur à voir. Mes domestiques s’occuperont de vous et je pourrai être à votre entière disposition. Vous me raconterez tout dans le détail... S’il est encore besoin que vous m’en disiez plus.

Il embrassa avec douceur le front de l’olympienne, et sans même attendre son accord, la prit par la main et l’emmena vers son destrier qu’un page tenait à quelques pas de là. Puis au galop, ils arrivèrent au palais, où Hagios allait pouvoir découvrir la courtoisie toute personnelle du prince.



olymp Par Hagios  le 31/08/2010 à 16:21

De nombreux contes narrent souvent qu'une jeune fille, généralement de condition moindre, s'entiche d'un Prince sortit tout bonnement de l'idéal féminin : beau, riche, intelligent et courageux. Le premier regard instaure le coup de foudre, le commencement du conte.
Dans la mythologie peu de mythes peuvent se targuer d'une pareille romance. Dans le mythe d'Orphée et d'Eurydice, la belle finit par se retrouver piéger au fond des enfers. Les Enfers... c'est aussi là que réside Perséphone, fille de Déméter et Zeus, enlevée par Hadès en personne, où il l'épouse promptement... Un autre mythe relate l'histoire de Jason et Médée. Jeune sorcière et fille du roi Aetès, elle trahit sa famille notamment son frère, pour suivre l'amour de sa vie pour au final se retrouver trahi par celui-ci. Par sa faute, elle devient la plus grande assassine de la mythologie grecque.
Mythe ou conte ? Bien que le conte est un récit anachronique, ils existent...




Hagios ne savait pas réellement s'il s'agissait de la réalité ou de son songe. Ne disant mot, elle consentit à ce traitement tout a fait agréable. Craignant d'attirer la foule avec une parole ou un mauvais élan de sa pensée, elle subit paisiblement cette tendresse tant recherchée. La honte qui la parcourait, s'atténua pour laisser place à une plénitude. Tous ces gestes désirés et rêvés prenaient peu à peu forme et se muaient d'un état de chimère à une réalité émotionnelle et corporelle.
Le baiser sur le front en fut le plus savoureux exemple. En effet, celui échangé dans son songe, lui avait laissé une certaine amertume. Il ne s'agissait aucunement de la réalité et même si la satisfaction l'avait conquise, un certain manque persistait... ce baiser bienfaiteur en était sa délivrance.

Elle se laissa ainsi mener sur un magnifique destrier où ils trottèrent jusqu'à son palais. Comme dans ces souvenirs, le marbre recouvrait les murs extérieurs. Il en émanait une blancheur comparable à ceux des murs cyclopéens de la Cité.
Au loin, un valet courut vers eux. Anastase descendit du cheval et prit Hagios par les hanches pour la maintenir lors de sa descente. Un court moment, le face à face lui rappela un lointain souvenir... celui de sa première venue au palais. Elle chassa cette image de son esprit et lorsqu'elle rouvrit les yeux, le prince s'était avancé vers sa demeure, lui tendant la main. Le contact...





La belle Olympienne lui sourit et s'avança, lui attrapant sa main vêtue de son magnifique gant blanc éclatant. Ils marchèrent jusqu'à l'entrée principale où des servants se précipitèrent pour ouvrir la porte. Alignant de nombreuses courbettes, Hagios avait oublié qu'elle faisait partie de ce monde. Malgré la splendeur du temple de Zeus, la demeure des Khylion immaculée de beautés, pouvait l'égaler.
Ses yeux ébahis s'attardaient sur chaque détail. Une magnifique fresque recouvrait le plafond. Hagios plissa les yeux afin de déchiffrer l’œuvre picturale, lorsque …

- Dame Hagios, permettez à mes serviteurs de vous accompagner.

Une jeune naine borgne arriva alors en courant. Essoufflée, elle tendit un billet au Prince.

- La réponse que vous attendiez, vient tout juste d'arriver !

La Gouvernante, épuisée par une course qu'elle menait visiblement depuis au moins une heure, releva la tête et lorgna l'invitée. Le Prince prit son courrier, regarda le sceau et sourit.

- Veuillez m'excuser quelques instants. En m'attendant, mes servantes vont prendre soin de vous.

Ne sachant quoi répondre, légèrement déboussolée, elle ne dit mot. Avant de quitter l'entrée principale, Skalli Oeil-de-Coeur s'avança vers l'Olympienne. Lui servant un nouveau regard, Hagios ne sut déterminer s'il s'agissait du mépris, de la colère ou de la compassion.

- Veuillez me suivre, gente Dame.

L'Olympienne se retourna. Un jeune homme l'attendait, un sourire chaleureux au coin des lèvres. Elle se sentait oppressée malgré l'espace qu'offrait l'entrée. Elle lui emboita le pas afin de le suivre. Ils passèrent par le magnifique jardin entouré du même péristyle qu'elle avait autrefois visité. Ses yeux s'attardaient sur tous les détails dont elle se remémorait. Le banc fait de marbre était à la même place. La végétation paraissait différente mais les odeurs, douces et exquises, semblaient être les mêmes. Les différentes couleurs s'entremêlaient et donnaient une impression expressionniste. De magnifiques lilas étaient en fleurs.


L'amour ressemble au lilas. Chaque printemps ce dernier refleurit pour aboutir à l'apothéose de son mandat. Chaque bouton s'ouvre pour laisser exploser ses senteurs et laisser apercevoir ses beautés si longtemps cachés. Ils éclosent, s'épanouissent et se fanent.

Cette pensée l'avait mené dans le gynécée, à l'arrière de la demeure...