J’ai vu les plaines d’Olympia, les forêts de Fernliae, les vestiges de Luminae. J’ai par deux fois gravi les montagnes de l’Est. Tout cela en à peine plus d’une année. Toute cette énergie pour un seul but. Sauver Hardaway d’un mal qu’on ne connaissait pas ; d’une non vie qui troublait tout les géants et qui petit à petit minait le moral des citoyens. Un deuil à demi mots.

Pour lutter contre cela j’ai tout risqué, ma vie d’abord. J’ai subi les attaques de brigands lorsque j’ai arpenté le monde pour trouver un remède. J’ai plus d’une fois manqué de faire une chute mortelle lorsque j’ai traversé maints lieux périlleux, pour que nous ne perdions pas la piste de l’Oracle en fuite . Mon corps est couvert de milles cicatrices et blessures qui sont les tributs quotidiens que j’ai eu à payer.

J’ai aussi mis mon âme dans la balance. J’ai vu la sauvagerie des araignées, souffert la douleur insoutenable de se faire transformé en zombie.

Maintenant dans ce désert de froid, c’est mon honneur que je risque. Hardaway n’est plus lui depuis longtemps. Il devient jour à après jour une bête féroce qui obéit à un terrible maitre. Pendant ce temps les morts se font de plus en plus innombrables parmi les nôtres.


La neige aux alentours de cette grotte est maculée de sang. Le vagabond errant y verrait le théâtre d’un champ de bataille épique. Ce n’est en réalité que le massacre des bonnes volontés.

Il faut faire cesser cela, il n’y a pas d’autre solution. Mais où trouver la force… Où trouver le courage de mettre un terme à la vie d’un ami pour le bien d’un peuple?
Ou trouver l’infaillible conviction de faire ce qui est juste lorsqu’on sait à quel point notre Oracle fut grand durant sa vie ?

La force j’ai pourtant fini par la trouver lorsque Hardaway a commis l’irréparable ; lorsqu’il tua un frère sous nos yeux. Ce geste signifiait beaucoup. Jusqu’à présent même possédé, Harda n’avait jamais achevé le moindre des nôtres.
Dans le plus profond de la fureur des combats, le coup final ne tombait jamais de sa main mais des crocs vicieux des sbires du maudit shaman. Vestige de son humanité, de son code de l’honneur et de la valeur sacrée qu’il accordait à la vie de ses frères.

Aujourd’hui il a tué un des siens et nous ne pourrons plus racheter son esprit. Je sais que je dois mettre un terme à tout ça, quoiqu’il m’en coute.

Nous sommes tous fatigués, épuisés. Les efforts combinés de plusieurs pour maitriser l’Oracle ont été un ultime échec.




Je m’avance alors à ta rencontre Hardaway.


Ton visage est creusé. Il est devenu sombre et gris. Tes yeux étincellent d’une méchanceté inconnue. Tu es blessé au bras. Du sang coule doucement de ton biceps vers ta main. La coulée rouge sombre est interrompue par un brassard de fourrure que ta sœur t’avait offert. Tu ne cesses de me fixer. Tu souffles fort ; pareil à une bête sauvage pris de frénésie. J’aurais peut être une chance. Cela te rend prévisible .Des mèches de cheveux sales sont collées contre ton visage couvert d’une sueur gelée. Je ne suis pas une bonne combattante, mais dans ton état je n’aurais aucun mérite à triompher de toi.

Soudain tu te précipites sur moi, le trident au poing, en poussant un hurlement guttural. La fatigue te fait trébuché. J’ai le temps d’ajuster un tir mortel. Le roc projeté à pleine puissance vient te heurter en plein visage...


et te tue.



Je pleure.

Je m’avance, tombe dans la neige à côté de ta dépouille et ferme tes paupières. Ton visage semble de nouveau paisible.

Je me relève toujours en sanglots en murmurant « L’Oracle est mort, vive l’Oracle ».





Le cri du puissant gladiateur a fait se retourner ceux qui s’occupaient à contenir les araignées dans la grotte.

Une longue minute de stupéfaction bercée par le blizzard fait suite à ce cri.

Enfin la réprobation finit par se lire sur tous les visages. Il y a aussi la colère de quelqu’uns qui se précipitent vers moi pour me rouer de coups ou me cracher dessus. Mais derrière certaines émotions de façades, on perçoit le soulagement de plusieurs qui pensent qu’ils pourront retrouver leur famille et protéger leur ville des menaces que font peser les forestiers au sud.

Maintenant il n’est plus temps de se poser milles questions. Il faut en finir. Boucher la grotte. A tout jamais. Profiter de ce que le shaman et son armée de créatures monstrueuses s’y soient terrés pour l’y enfermer ad vitam eternam.


Ensuite. Je pense que le fil de mon destin ne tardera pas à se rompre…

J'étais passé à côté de ce texte. Je suis tombé dessus en voulant regarder quelque chose dans le topic Votre Histoire : Les deux Empires.

Cette chronique est tout simplement superbe, et le texte sonne juste. J'ai des dizaines de pages de RP derrière moi, et je n'ai jamais réussi à retranscrire avec autant de justesse les pensées d'un de mes personnages. Et cette justesse excuse largement les quelques fautes d'orthographe.

Bref, mes félicitations. J'espère que s'il n'y a pas beaucoup de commentaires, ce n'est pas parce que ça n'a pas été lu.

J'avoue que c'est superbement bien écrit. Très émouvant.
D'ailleurs j'espère que tu m'en veux pas pour notre petit échange sur le forum géant, c'était sans sous entendus ni volonté de ma part de rabaisser tes idées

C'est appréciable de compter des personnes comme toi chez les géants

Euh, je n'avais pas vu le commentaire de Pizgup. C'est donc avec un peu de retard que je te remercie.

Rorschach bien sur que je ne t'en veux pas. C'est du RP heureusement que les persos ne pensent pas pareil.

c'est vrai que le temps employé donne un petit coté sympathique et inhabituelle