Escarmouche | |
Topic visité 580 fois Dernière réponse le 01/05/2010 à 14:51 |
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Assis autour d’un feu de camp allumé dans la plaine étalée entre la rivière de Poséidon et la montagne Banane, un petit groupe d’Impériaux terminait son repas. Bien qu’ils soient sur un territoire hostile, revendiqué par les deux grandes puissances de ce monde, l’ambiance était décontractée et sereine. Comme toujours en manœuvres, une fois la nuit venue, chacun se resserrait près de la chaleur bienfaisante du feu, et dans un état de semi somnolence et de digestion propice à la discussion, les langues se déliaient.
Une jeune naine, que ses compagnons nommaient Katerina, était particulièrement loquace. Hé oui, c’est comme je vous dis, j’étais à la recherche d’un gisement de pierres à bâtir dans la montagne. J’ai fait une pause pour regarder au loin. D’ailleurs jsais pas si vous êtes déjà allés, j’ai trouvé un petit belvédère depuis lequel on peut voir Larda’ et Fern’ par temps clair, c’est à couper le souffle. Enfin bref, je baisse les yeux vers la plaine, et qu’est-ce que je vois ? Un tas de boules de lumière qui arrive en plein sur un nain. Je plisse les yeux, me concentre, et là je reconnais notre Thorik en train de s’en prendre plein la tronche. Jme dis merde, l’artificier va y passer. Mais là il se relève, il ramasse son arquebuse, et jle vois parfaitement bien faire un gros bras d’honneur aux Forestiers, et se barrer en courant en se tapant sur les fesses. Les verdeux devaient être dépités. Ils avaient oublié à quel point on est des coriaces, nous les nains ! Un Olympien, l’ossature fine et le visage taillé en pointe de couteau, acquiesça de la tête. Ca ne m’étonne pas de Thorik. Tu l’aurais vu pendant l’offensive sur les ruines, il était impressionnant avec son arquebuse et ses projectiles explosifs. Un autre Impérial, Olympien lui aussi, prit la parole. Ses yeux avaient une belle teinte orangée, et son sourire chaleureux révélait un esprit facétieux. Il sortit d’ailleurs une petite jarre de sa besace et la fit passer à la ronde avec un clin d’œil, avant de s’adresser à celui qui venait de prendre la parole. En parlant d’explosifs, tu as encore des grenades Erkeos ? Parce que foi de Crusnik, j’ai bien envie de casser du verdeux. Pas vrai Sans- Os ? Un troisième Olympien acquiesça silencieusement. Il était en train de nettoyer et d’aiguiser ses armes avec beaucoup de sérieux. Une lueur un peu folle flottait sans ses yeux. La jeune naine se dit qu’elle n’aimerait pas tomber sur un adversaire de ce genre dans un combat, et qu’elle préférait l’avoir à ses côtés. La jarre circula quelques temps, et chacun dégusta silencieusement le breuvage. Après quelques instants, la conversation reprit à nouveau. Katerina : Bon, j’ai pas très bien compris, quels sont les ordres ? Moi j’ai rien reçu du tout, j’étais sur une autre mission. Crusnik : On reste autour des ruines et on n’en bouge sous aucun prétexte. Erkeos (en souriant) : D’ailleurs tu vois on suit parfaitement les ordres, personne n’a rien à nous reprocher. Katerina : Ouais je vois ça, on est à plusieurs jours de marche du site de fouille, en plein territoire hostile, et on est entouré de forestiers. C’est Ana qui doit être content. Les Olympiens pouffèrent de rire à l’évocation du quolibet qui désignait depuis quelque temps le célèbre Prince de Khylion. Katerina était une farouche opposante de la noblesse Lardanienne en général, et elle ne manquait jamais une occasion de tourner en ridicule un de ses membres, surtout s’il était aussi éminent que le prince. Elle se lança donc dans une imitation plus ou moins réussie d’Anastase, qui eut au moins le mérite de faire rire aux éclats ses compagnons. Katerina : Ouiiiiiiiiii, moi c’est Anaaaaaaaa. Je vous préviens mes enfants, si un seul d’entre vous à l’outrecuidance de mourir, je vous jure que je le tue de mes mains. Ah non en fait ça pourrait me salir et désordonner ma mise en plis. Hé bien je vous ferai rosser par mes valets, vils manants. (Rires) Erkeos (prenant le temps de réfléchir) : Bon c’est sûr que nous désobéissons clairement à ses ordres. Mais maintenant que nous sommes là, que des ennemis sont juste à côté, qu’ils nous ont attaqués et ont même failli massacrer Thorik, je pense que nous pouvons nous défendre. Et puis, nous éloignerions du temple une menace avérée. Le Prince ne pourra pas nous en vouloir. Crusnik : Ouééééééé, on va leur en foutre plein la gueule !!!!! Sans-Os (prenant pour la première fois la parole d’une voix rauque, un sourire mauvais aux lèvres) : Huhuhu, on va les éviscérer. Le groupe parti d’un grand éclat de rire sanguinaire. Ils savaient pertinemment qu’à quelques jets de pierre de leur campement improvisé, des Forestiers les observaient dans le plus grand silence, tapis dans la nuit. Le contraste était frappant entre le groupe bruyant et plein de gouaille des Impériaux, et l’escouade silencieuse et concentrée des Forestiers. L’escarmouche qui s’annonçait risquait d’être sanglante. Mais n’était-ce pas là le jeu que les adultes appellent la guerre ? |
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Grouiiiiiiik!
*ceci était un "Grouik" de joie et d'enthousiasme saluant cette chronique* |
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très bon, j'aime beaucoup !
chapeau bas chère naine ![]() |
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Le silence était à présent retombé. Mais la somnolence du début de soirée avait fait place à une excitation fébrile. Après avoir décidé en quelques mots que l’attaque était jouable, chacun avait vérifié avec minutie son équipement. Erkeos avait posé devant lui une besace qui semblait peser un poids certain. Il l’avait discrètement entre-ouverte pour montrer à ses compagnons son contenu : un chapelet de grenades, visiblement artisanales, mais fabriquées avec le plus grand soin. Sans-Os, lui, n’avait quitté ni son sourire sanguinaire ni ses armes depuis la fin de la conversation.
Quant à Katerina, elle avait doucement frotté les runes du manche de sa hache à double tranchant, avec un sourire satisfait. Une acquisition toute récente, une petite folie qu’elle s’était permise avec l’argent récolté par l’ouverture de sa taverne dans le quartier nain de Lardanium. Même si elle avait un peu trop tendance à offrir des tournées générales aux habitués, son vieil oncle était là pour gérer les finances et faire prospérer la gargote. Elle vérifia son équipement de voyage, en cuir simple, et réajusta les bracelets qu’elle portait aux poignets. Ceux-ci étaient ciselés dans un métal légèrement orangé, d’un aspect mat. D’une facture minimaliste, ils étaient simplement ornés de quelques runes. Un moyen pour la maitresse des runes de concentrer ses pouvoirs et de canaliser son flux magique plus facilement. Cependant, pour sa part, Crusnik n’était pas aussi réjoui que ses compagnons. Il avait posé devant lui tout son équipement, qui se résumait à des boucliers de différentes tailles, des dagues d’ornement, une magnifique double lame et du petit matériel, grappin, potions, graines en tout genre. Cela faisait plusieurs minutes qu’il se grattait le crâne, visiblement déconcerté. Il se décida enfin à interroger ses compagnons, sans élever la voix plus que nécessaire pour ne pas éveiller l’attention des Forestiers qu’ils savaient tous proches. Crusnik : Dites, je ne sais pas trop quoi choisir comme équipement. Sans-Os : Peu importe, l’essentiel est de bourriner. Erkeos : Tu es plus à l’aise avec quelle arme ? Crusnik : Ben dans les grandes batailles j’ai l’habitude de me battre avec ce hoplon. J’avance à petits pas, en collant des coups de boucliers, comme ça (il mimait la scène) . Erkeos : Hé bien c’est parfait. La fameuse phalange Olympienne. Excellente technique. Crusnik : Oui mais récemment jme suis acheté une double-lame, ça fait beaucoup plus de dégâts. Tu vois comme c’est tranchant, ça coupe super bien. Katerina : Bon ben c’est bien, prend ta double-lame alors. Crusnik : Oui mais j’ai pas trop l’habitude de m’en servir, tu comprends jviens de l’acheter et je devais aller voir un instructeur à Lardanium, mais avec tout ce barouf j’ai pas eu le temps. Erkeos (un peu agacé) : Dans ce cas choisi ton hoplon, si tu es plus à l’aise. Crusnik : Oui mais le problème tu vois c’est que j’ai peur que ce soit pas adapté à ce combat en sous-bois, j’ai peur qu’il m’encombre et que je sois moins efficace. Katerina (commençant à s’énerver) : Ecoute fais comme tu veux, c’est tes armes après tout. Crusnik : Oui mais justement je sais pas quoi faire… Le silence s’installa à nouveau. Erkeos et Katerina étaient irrités par le comportement de Crusnik, qui se débattait dans un dilemme qui semblait aussi futile qu’insoluble. Sans-Os ne s’était jusqu’à présent pas intéressé au débat. Sans-Os : Jette des cailloux. Crusnik : Hein ? Erkeos : Des cailloux ? Katerina : Pour quoi faire ? Sans-Os : Là, dans ce sac, t’as des cailloux. Crusnik : Ah, ça, jles ai récupéré l’autre jour dans les ruines. C’est des pavés, pour mettre devant chez moi. Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse ? Erkeos : Dis donc, ne me dis pas que tu as pillé le temple ? Crusnik : Nan nan, ça trainait par terre, enfin tu vois quoi… Sans-Os : Tu pourrais les jeter sur la tronche des verdeux. Ca doit faire mal. Surtout qu’ils sont tous mous. Crusnik (réfléchissant) : Après tout pourquoi pas… Parce qu’avec cette double lame jvais pas m’en sortir, c’est beaucoup trop grand… Et puis courir avec un bouclier dans les sous-bois c’est pas facile... Ouais, jvais faire ça. J’étais doué à l’école pour casser les vitres des voisins. Le groupe poussa un soupir de soulagement. Crusnik semblait trouver amusant l’idée de lancer des pierres sur les assaillants, Erkeos et Katerina étaient soulagés de ne plus avoir à argumenter avec ce dernier, et Sans-Os était satisfait que les trois autres se taisent enfin. Erkeos : Bien, et si on faisait un compte rendu de la situation. Katerina : Ah oui bonne idée, parce que j’ai pas tout suivi, c’était un peu le souk quand je suis arrivé, ça tailladait dans tous les sens, sans compter la pluie de sorts qui tombait. Crusnik : Dans les épisodes précédents… (les autres le regardèrent d’un drôle d’air). Oui enfin avant que tu arrives, on était engagé dans un combat contre les sauvages qui avaient agressé Thorik. On avait cerné l’un d’eux, et on était à deux doigts de lui faire payer la monnaie de sa pièce : ces verdeux avaient quand même presque mis ce pauvre nain en charpie. Mais d’un coup, hop, il a disparu. Comme ça, sans prévenir. Katerina : C’est louche cette histoire. T’es sûr que vous aviez pas un peu forcé sur la bouteille ? Crusnik : Mais non, il était à quelques pas de moi, je reprenais mon souffle juste avant de donner une nouvelle charge. Je l’ai vu sortir une espèce de disque et le briser. Et après plus rien. Erkeos (d’un ton savant) : Il a peut-être utilisé un sceau de retour. Les autres (en cœur) : Un sceau de retour ??? Erkeos : Oui, c’est un objet magique très puissant, qui permet lorsqu’on le casse de retourner via les limbes dans sa ville d’origine. Katerina : Ouhaaaaa, la classe. Crusnik : Ouais ben il a eu de la chance de disparaitre, j’aime pas trop quand on s’acharne sur mes amis. Erkeos : Moi non plus, et en plus de s’en prendre à l’intégrité physique de Thorik, ce groupe de Sauvages constitue une menace pour notre opération archéologique au temple. Il faut donc circonscrire leur progression et les maintenir dans leur forêt Katerina : Ouhaaa Erkeos tu parles comme dans un livre. C’est bôôôôôôô ! Moi je parle comme ça que quand je dois prendre la parole devant une assemblée. Mais bref, on va devoir se battre contre qui exactement ? Crusnik : On a quelques Sauvages, un lutin, et un arbre qui marche. Une attaque surprise bien coordonnée, et on balaie la menace sans prendre trop de risques. Erkeos : Hem, il faut que je vous dise quelque chose avant le combat. Je rejette la violence. Je suis d’accord sur le fait que ces Forestiers soient une menace pour la sécurité de l’Empire. Je suis donc d’accord pour reconnaitre l’intérêt d’une attaque, et y participer. Mais vous ne me verrez jamais enlever la vie d’un ennemi de mes mains. Katerina : Moi aussi j’ai quelque chose à vous dire. Je me suis enfuie de l’université magique avant d’avoir obtenu mon diplôme et j’ai préféré partir à l’aventure. Alors je connais un tas de sorts, mais je ne sais pas les utiliser efficacement. Sur des mages puissants comme les Sauvages, mes attaques ressemblent à des piqures de moustique. En gros… jsuis une magicienne de guerre qui ne peut pas utiliser sa magie pour faire la guerre… Crusnik et Sans-Os regardaient leurs deux compagnons avec des yeux comme des soucoupes. Entre un Olympien qui rejetait la mort et la violence, et une naine qui les attirait de ses vœux mais n’était pas capable de faire le moindre mal à ses ennemis, l’issue de la bataille qui s’annonçait semblait bien compromise. |