Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Contes et récits
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Contes et récits
Topic visité 579 fois
Dernière réponse le 24/05/2010 à 19:35

nain Par Runella Kronic  le 01/05/2010 à 16:33

Le maître du Feu et de la Vie

Mille cinq cent vingt huit ans plus tard et on en parle encore !
Vais-je vous en parler ? C’est très imprudent quand on raconte une histoire d’annoncer que cela a bel et bien existé Le risque est grand de ne plus être prise au sérieux, d’être sommée de présenter ses certificats d’authenticité imaginaire, mais qu’importe.
Cette histoire est mon histoire et elle me fut contée par un vieux nain qui la tenait d’un vieil ancêtre.

Ce jour-là deux pèlerins chevauchaient au pas tranquille de leurs montures.
TAGADABA – TAGADABA – TAGADABA –TAGADABA –TAGADABA -
Quand soudain le battement régulier des fers sur le pavé marqua une saute : il manquait le troisième temps !
TAGADABA – TAGADABA – TAGA __ BA –TAGA__BA –TAGA__DA -

L’un des pèlerins avait l’oreille musicale.

« Erfrykendhlar Sourcil-de-pierre, mon ami, mon palefroi vient de perdre un fer, la brave bête a besoin d’un sabot neuf et elle vient de me dire qu’il y a là-haut sur cette montagne un forgeron qui connait son ouvrage. Allons-y car j’ai toute confiance en cet animal. »

A l’entrée de la citadelle de Kazad a Gorog l’antique et mythique cité souterraine, ils n’eurent aucune difficulté à trouver la forge sur le parvis pavé où se sont agglutinés les artisans.
Une lourde enseigne grinçait au bout de ses chaînes : « Gronde-marteau, maître du Feu et de la Vie ». Le bonhomme ne doutait de rien !

Vyktrelendur Sourcil-d'argent flatta l’encolure de son cheval et lui murmura : « C’est donc ce nain que tu voulais me faire rencontrer ……. Eh bien faisons connaissance ! »

Le forgeron, torse nu ruisselant sous son tablier de cuir, martelait une barre chauffée à blanc. Il continua son ouvrage sans un regard pour les deux pèlerins qui venaient de le saluer.
Vyktrelendur Sourcil-d'argent apprécia le rebond du marteau et reconnut le savoir-faire du bon artisan. La barre de fer fut plongée dans une cuvelle d’eau froide qui grésilla crachant bouillons et volutes de vapeur. Le forgeron s’essuyant le front d’un revers de main, leur jeta un regard flamboyant comme les braises et leur lâcha :

« C’est pour quoi ?
- Maître Gronde-marteau, mon cheval a perdu un fer.
- C’est tout ?
- Par ma foi, oui. Notre route est encore longue et ma pauvre bête aura tôt fait d’user toute sa corne, mais je ne vous l’apprends pas car vous êtes un bon forgeron, m’a-t-on dit.
- Oui, et le meilleur ! Et justement je suis forgeron et non maréchal-ferrant. C’est mon apprenti qui fait le bas-ouvrage, mais ce bougre d’abruti est absent aujourd’hui. Vous faudra patienter jusqu’à demain.
- Et bien, si vous le permettez, je peux le ferrer tout seul.
- Voilà une proposition qui me plait. Je n’ai pas de temps à perdre. L’enclume de mon apprenti est au fond de la forge. Mettez-vous au feu et faites comme chez vous !
- C’est entendu, je ferai comme chez moi. »

Voilà donc comment il procédait .......



nain Par Runella Kronic  le 05/05/2010 à 15:58

Manteaux posés, manches retroussées, Vyktrelendur Sourcil-d'argent chercha un morceau de fer, tandis que Erfrykendhlar Sourcil-de-pierre s’occupa de raviver les braises en soufflant dessus.

Le forgeron se moqua :
« Compère, le soufflet a été inventé depuis belle lurette, faut être idiot pour ne pas s’en servir !
- Oh ! Ne vous inquiétez pas pour cela, Maître Gronde-marteau, ce n’est pas par idiotie mais par commodité que j’agis ainsi. Mon souffle a quelque chose que votre soufflet n’aura jamais. »

A cet instant Vyktrelendur Sourcil-d'argent glissa dans les braises le morceau de fer :
« Vas-y, mon bon Sourcil-de-pierre, que l’air et le feu assouplisse ce fer ! »

FFFFFFFFFOOOOUUUU......SSSSCHOOOUUUUUIIII......CHHHHHHHEEEEE.....
Les joues gonflées en baudruche, Sourcil-de-pierre souffla longuement et régulièrement, plus longuement et plus régulièrement qu’aucun soufflet n’aurait pu le faire….

Enfin Sourcil-d'argent sortit le métal du charbon incandescent, et commença à le marteler à petits coups mesurés.
WAPWAPWAP.......KONNNG --- WAPWAPWAP.......KONNNG --- WAPWAPWAP.......KONNNG
Perplexe, Gronde-marteau fit la grimace devant ce prodige, tourna le dos puis s'arrêta net dans son demi-tour en entendant ces étranges paroles :

« Mon fidèle Sourcil-de-pierre, va donc me chercher la jambe du cheval pendant que je modèle la forme du fer » et il ajouta « car la vie d'un cheval sans fer c'est l'enfer ! ».

Comme aimanté, Gronde-marteau suivit Sourcil-de-pierre. Il le vit parler doucement à l’oreille du cheval, caresser la croupe de l’animal, puis lui déboîter la jambe arrière-gauche en un tour de main. Il y eu une sorte de craquement bref, un petit bruit d'os, - CRRREEEK - mais le cheval ne broncha pas, ne montra aucun sursaut, affolement ou frisson de peur, il continuait à se tenir sans souci sur trois jambes.
Gronde-marteau, titubant d’incompréhension, s’appuya au chambranle de la porte d’où il suivit, ahuri, le reste du ferrage. Son désarroi pesait plus lourd que son marteau au bout de son bras. Il dut demander aide et assistance à la fameuse bière* de l’époque pour amortir le choc de cette scène fantastique !

Sourcil-de-pierre bloqua la jambe sous son aisselle et présenta en toute simplicité le sabot à Sourcil-d'argent qui ajusta le fer et le fixa avec quelques clous bien plantés.

Sourcil-de-pierre remit aussitôt la jambe en place. Le cheval ainsi équidé (- équipé -) marqua son contentement d’un claquement de sabot et d’un piaffement, ce qui frappa de stupeur le forgeron. D’une voix pâle et grinçante, il répétait :
« Ah, ça alors ! Ah, ça alors ! »

Leur mission accomplie, Vyktrelendur Sourcil-d'argent et Erfrykendhlar Sourcil-de-pierre se préparaient à partir lorsqu’ils entendirent des gémissements qui venaient d’une sorte de cagibi situé sous l’escalier :
WIIISSSHHH.....ARGHHHHHHHH......

Curieux ils ouvrirent la porte et dans la pénombre découvrirent une naine qui se tordait de douleurs sur une pauvre paillasse. C’était une pauvre vieille, toute racornie et sa chevelure de filasse crasseuse semblait bouger toute seule tant elle grouillait de vermine.

(* cette bière dont les nains tentent toujours de retrouver la recette de fabrication, sans succès pour l'instant)



elfe Par Ambre  le 06/05/2010 à 12:26

J'ose à peine t'interrompre ... Super !



nain Par Runella Kronic  le 24/05/2010 à 19:35

........... C’était une pauvre vieille, toute racornie et sa chevelure de filasse crasseuse semblait bouger toute seule tant elle grouillait de vermine.
Elle était affaissée sur le côté, les genoux repliés entre ses bras maigres et elle psalmodiait une litanie douloureuse et incompréhensible

« Ma brave naine, que faites-vous ici ?
- Je prie la mort de me délivrer ; le monde est bien cruel !
- Mais qui êtes-vous donc ?
- La servante de ce nain gras, cet ingrat. Mais depuis que je n’ai plus la force de le servir, de lui mitonner la fricadelle fricassée avec son chou bouilli comme avant et de lui faire les tartes aux choux gras qu’il affectionne, nom de Zious le glaude, il me laisse là. « Quand l’outil est usé, il faut le jeter », voilà che qu’il me dit !
- Allez, chèche de choupirer comme cha ! Chela…….mmm, cela vous ferait-il plaisir de retrouver votre jeunesse ?
- Sans hésitation, c’est oui ! Et j’en ferai meilleur usage que de servir ce maître de malheur !
- Alors, permettez, Madame, que nous vous aidions à vous relever.
- Avec plaisir …. ».

Vyktrelendur Sourcil-d'argent et Erfrykendhlar Sourcil-de-pierre empoignèrent la vieille naine édentée et la mirent au feu.
Elle y garda le sourire et ses lèvres pâles balbutièrent des petites vocalises de ravissement, comme au contact d’un bain chaud et parfumé.

A nouveau Sourcil-de-pierre souffla, souffla sur les braises, si bien qu’elle en devint toute rouge.
Avec les pinces, Sourcil-d‘argent la tira du feu, et, sans économiser ses forces, se mit à la marteler de la tête jusqu’à l’extrémité des orteils. Dans le chant magnifique de la grande enclume, les os de la vieille se fracassaient en myriades d’esquilles blanches, laissant place à de l’os neuf, qui bien vite se recouvrait de chair tendre, de muscles souples et de peau fraîche et lisse.
Souriante, la vieille qui ne l’était plus, se redressa à cheval sur l’enclume, toute brûlante de la transformation, illustration parfaite de l’adage "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme"

Sourcil-de-pierre et Sourcil-d’argent l’aidèrent à se refroidir dans le grand bac d’eau froide. De chaudes vapeurs envahirent la forge. Au sortir de son bain, Sourcil –de-pierre tendit à la jeune naine qui rayonnait d’une flamme toute intérieure, une serviette et Sourcil-d’argent lui offrit une robe toute fleurie de coquelicots rouges. Pouvez-vous l’imaginer ? toute dorée sur tranche et craquante à souhait ? Tout deux n’y résistèrent pas et l’invitèrent à l’auberge afin de fêter dignement cette journée, anniversaire de sa renaissance.
Les chansons furent crues et la cuite mémorable !

Gronde-marteau, les yeux renversés par l’inadmissible, n’avait pas bougé. Il sentit ses réflexions s’embrouiller définitivement. Lorsque Sourcil-d’argent lui proposa de se joindre à eux, il sursauta et se précipita comme un forcené sur la chaîne du soufflet. Ils le laissèrent à son ouvrage.

Plus le forgeron activait le soufflet, plus il attisait en lui une rage sourde. Ses gestes mesuraient l’irrémédiable, il ne trouverait plus le repos s’il ne pouvait pas honorer la promesse de son enseigne, cette vantardise affichée : « Gronde-marteau, maître des Flammes et de la Vie ». Le déshonneur serait trop lourd à porter. La jalousie et l’orgueil se mêlaient en lui à la vengeance.
Il ne fut pas long à se saisir de ses tenailles et de son marteau, et se campa devant la bouche du four. D’une voix folle il s’écriât : « Si ces deux pèlerins venus de nulle part ont pu forger la vieille, moi, Gronde-marteau, je me forgerai moi-même ! ».
Ainsi convoquées, de longues flammes s’élevèrent de toutes parts. Le forgeron brûlait d’impatience, il se jeta dans le feu et brûla tout court. Et Gronde-marteau, sous forme de volutes de cendres, prit la voie des airs pour un Kazad-Les Enfers, vol qui fut assuré, à sa demande, par la compagnie des démons d’Hadès.

«Tiens, il monte des cendres en haut ! » dirent quelques habitants de Kazad ce soir-là ……………………..

Le lendemain, dans le four, on ne retrouva que ses tenailles et la tête de son marteau. Des nains s’exclamèrent, en évoquant Gronde-marteau : « il avait bien de quoi devenir marteau ... entre les canassons ombrageux, et leurs maîtres calamiteux, mais il n'était pas moins bustible que n'importe quel autre XXX ».(ici : smiley rouge sur fond rouge pour évoquer la honte qui monte aux joues à s’exprimer aussi grossièrement). D’autres plus prosaïques inventèrent un nouveau mot pour illustrer le destin de Gronde-marteau : « une barbe cuit » (cuit se prononçant ki-ou en vieux nain de l’époque).

Puis on s’empressa d’enterrer sous le seuil, les tenailles, la tête du marteau et la terrible enseigne de sa forge.

Voilà, ceci est l’histoire des miens, ou plutôt des miennes. La toute jeune et fraîche naine, dans sa robe écarlate n’est autre que l’aïeule de la lignée de naines dont est issue ma grand-mère Hannah. Cela a bel et bien existé.

Mais qui sont Vyktrelendur Sourcil-d'argent et Erfrykendhlar Sourcil-de-pierre ? C’est un mystère! ...... ou alors c’est une autre histoire ! »

Le conte est dit.