C’est Voronwë qui m’a dit en premier qu’on devait y aller. On va à la grotte de … Ch’to … nios. C’est dur à dire. Tout le monde semble savoir ce que c’est, ils ont même un peu peur à l’idée d’y aller. Tout ce que je sais, moi, c’est que c’est une très ancienne grotte qui renferme des ressources utiles pour Na’helli et Fernliae.

- C’est pas un ancien Temple au moins?

Je demande ça au cas où. J’ai pas envie de revivre ce que j’ai vécu la dernière fois, et le final avec l’Oiseau de Feu.

- Nan, c’est pas un Temple, me dit Shây en se moquant un peu de moi.

Bon, ça va alors. On peut y aller. Avec Le Chien, ça fait longtemps qu’on n’est pas sortis. Ça commence comme une petite ballade en forêt, avec plusieurs Elfes de la Tour de Jade. Petit à petit, les arbres s’espacent, deviennent plus petits aussi. Plus rien à voir maintenant avec les énormes chênes qui bordent Na’helli. Les arbres sont plus jeunes lorsqu’on approche de l’orée, comme si la forêt s’étendait au fur et à mesure. On va tout droit vers le sud, alors le décor change vite. Forêt, plaine, même désert. Il commence à faire vraiment chaud maintenant qu’on marche sur le sable. Je vois Le Chien qui tire la langue, le pauvre souffre aussi et il n’a pas de gourde d’eau, alors je lui en mets un peu dans mes mains pour qu’il boive. Ça sert à ça un ami. On partage. D’autres membres de la faction ralentissent, à cause de la chaleur. Les mouvements sont plus durs, plus pénibles, c’est sûr. Mais il faut arriver vite là-bas pour rapporter aux deux villes ce qu’il manque.

Pendant qu’on marche, Shây me raconte tout plein d’histoires sur Na’helli, la forêt, le désert. Il me raconte qu’avant, rares étaient les Elfes qui osaient s’aventurer dans ce désert parce qu’ici se trouvait, quelque part au-delà des dunes, le repère des Rebelles. Quand je lui demande qui sont les Rebelles, il me dit que ce sont un groupe d’Elfes et d’Olympiens qui ont choisi de s’allier contre leurs anciens chefs et ont choisi l’exil. Ils avaient quitté leurs foyers respectifs pour fuir un régime politique qu’ils désapprouvaient.

- Et qu’est-ce qu’ils ont fait après ?

Je comprends très bien l’idée de ne pas avoir de maison, mais s’ils n’étaient pas en ville, comment ils pouvaient manger ? Shây me répond qu’un Olympien très fort et qu’un Elfe très puissant auraient fondé une ville, au beau milieu du désert. Il m’explique aussi que cette ville, nommée Sigdil, était pleine d’ennemis de Na’helli mais aussi de Lardanium. Du coup, aucune de ces deux capitales ne pouvait tenter d’éradiquer la menace Rebelle sans risquer d’être attaquée par l’autre ! Il dit que c’est pour ça que Sigdil est restée si longtemps debout, et aussi grâce au désert qui la protégeait. Le Chien baisse la tête.

- Qu’est-ce qu’ils sont devenus ? Tu parles au passé …

- Un jour, il y eut d’affreuses créatures qui envahirent Olympia. On les a appelées les Lestrygons. Ces créatures ont attaqué les grandes cités, et si certaines ont résisté, d’autres sont tombées, les unes après les autres. Quatar, Ordenum, même Luminae, bien que les Nains aient contribué à cette chute. Poséïdon s’est alors vengé et la ville des Nains a été détruite à son tour. Sans les Nains, qui étaient de fidèles alliés des Rebelles, les Elfes sont parvenus à tuer tous les Rebelles qui ont tenté de résister. Beaucoup ont fui, on ne sait où, et aujourd’hui, Sigdil n’est plus qu’un tas de ruines, perdu au milieu du désert, totalement abandonné.

Je ne sais pas si tout ce qu’il me raconte est vrai. Il doit sans doute y avoir un fond de vérité, mais il doit en rajouter, c’est sûr ! Personne n’aurait pu vivre au milieu de ce désert, sans eau, sans arbre. Même la fin triste, il l’a surement inventée ! Tout ce qu’on trouve ici, c’est du sable, quelques rochers, deux trois cactus et quelques pousses de violette.

Et cette grotte, là, devant nous.

Tout le monde est enfin arrivé. Il manque certains membres de la Tour de Jade, mais c’est pas grave.

- C’est là ?

Shây fouille dans ses notes, relève la tête plusieurs fois, regarde autour de lui.

- Hmm, oui, on dirait.

Voronwë s’avance vers nous.

- La plupart des Elfes ne sont pas rassurés d’être ici. Shâyla, tu pourrais pas dire quelque chose ?

Pas rassurés ? C’est une grotte, non ? D’accord, il fait sombre, on n’a pas la place, mais je pensais qu’ils étaient plus courageux que ça. Shây fait « non » de la tête pour répondre à Voronwë et je constate dans son regard qu’il n’est pas sûr de lui non plus.

- Bon, on va me dire ce qu’il y a de particulier ici ?!

Nan parce qu’à la fin, ça va bien. S’il y a des raisons de s’inquiéter, j’aimerais bien m’inquiéter avec tout le monde !

- T’es sûre que tu veux savoir ?

Je continue de fixer Voronwë sans broncher. Il soupire, mais finit par me raconter ce que je veux entendre.

Il me dit que la grotte qui se trouve devant nous abritait autrefois une terrible menace. C’était il y a longtemps. Les Rebelles avaient découvert une grotte qui devait contenir de grandes richesses. Mais cette grotte était scellée, pour que jamais personne ne puisse réveiller ce qui s’y trouvait. Cependant, les Rebelles ont réussi à rompre le sceau, libérant un immense Golem du nom de Chthonios. Combattre ce Golem n’était pas simple, mais les Rebelles en sont venus à bout. Mais quand Chthonios s’est effondré, une multitude de golems, plus petits, sont apparus. Plutôt que de combattre encore ces versions miniatures de Chthonios, les Rebelles ont eu l’idée démoniaque de l’attirer vers Na’helli. Ils eurent ainsi tout le temps de puiser les ressources qu’il leur fallait et inquiétèrent sérieusement la Cité Elfique. Les Elfes ont du former une véritable petite armée pour venir à bout de cette menace. Ils poursuivirent leur marche pour aller jusqu’à la grotte, pour profiter aussi des ressources disponibles mais aussi pour sceller à nouveau ce mal. Quand ils arrivèrent à la grotte, les Rebelles étaient déjà partis, et Chthonios s’était relevé. Les Elfes durent combattre le Golem originel cette fois, et il était bien plus puissant que les précédents. Une fois abattu, une nouvelle prolifération de golems les empêcha de profiter des richesses de la grotte sans combattre.

- Comment ça s’est fini ?!

- Les Elfes ont réussi à geler temporairement Chthonios. Ils ont récupéré les ressources dont ils avaient besoin et ont fui. Chthonios les a poursuivi, mais les Elfes parmi les plus sages sont parvenus à l’emprisonner, non pas dans la grotte, sa demeure de toujours, mais dans le Temple de la Forêt. La grotte où il était enfermé a elle aussi été scellée, pour que jamais plus ce fléau ne s’abatte sur la forêt.

Je comprends mieux, maintenant, la réaction des gens avec nous. Être ici, aux abords de cette grotte, en sachant tout cela. Peut-être ont-ils eux-mêmes combattu. Quand Voronwë dit « il y a longtemps », je sais que c’est pour moi. Pour un adulte, ça n’est pas « il y a longtemps ». Je n’imaginais pas tout ce que ce travail impliquait, quand j’ai intégré l’Institut des Sciences de la Tour de Jade. Je voulais faire des recherches, des fouilles, ça oui. Déterrer de vieux trésors mystérieux, enquêter sur des choses enfouies dans le sol et les mémoires, ça me convient ! Mais jouer ainsi avec le passé, faire remonter à la surface des souvenirs douloureux et amener les autres à y être confronté à nouveau … est-ce vraiment bien ? Je m’éloigne un peu, Le Chien à mes côtés. J’ai besoin de réfléchir, à l’écart. Tous les membres de la faction me connaissent maintenant, ils ne viennent pas me voir pour me demander ce qui ne va pas.

D’autres Forestiers nous rejoignent, des Elfes de la Lune, mais aussi quelques Sauvages. Je reconnais Calith, Valériane … ils viennent nous aider. Petit à petit, chacun tente de déblayer la première couche qui bloque l’accès à cette grotte. Le temps a eu son impact. Le sable a recouvert en grande partie la grotte, qui ne dépasse que d’un ou deux mètres du sol. Il va falloir déblayer tout ça. Il faudra aussi retirer un grand nombre de rochers qui se sont éboulés ici. Je cesse d’être attentive un instant pour lire une lettre que je viens de recevoir.

Son Altesse s’inquiète des Elfes qui sont partis nombreux vers l’ancienne antre de la créature honnie.
Avez-vous quelques mots pour la rassurer ? Avez-vous avancé dans vos recherches ?

J’aurai plaisir à vous lire et à communiquer tout cela à notre Reine.

Cordialement,
Darwor, Scribe royal.

Je m’éloigne un moment pour répondre, puis revient. Devant les regards interrogateurs fixés sur moi, je dois m’expliquer.

- Ça vient du scribe de la Reine. Elle veut savoir où on en est, et ce qu’il se passe. Je lui ai répondu qu’on faisait attention à nous et qu’on avançait tout doucement.

Mais du coup, maintenant, elle attend vraiment des résultats. Alors on va déblayer cette grotte, retirer les scellés mis en place il y a longtemps, et récupérer ces ressources! On va aussi tenter de poser de nouveaux scellés ici ! De toute façon, ça a été fait à la magie, non ? De l’Ars Illuminae d’ailleurs. A priori, je dirais donc que les non initiés à cette forme de magie devront reculer, et que les autres devront s’approcher pour étudier les ruines.

Au lieu de lancer un sort, on va devoir faire l’inverse.

Quelques journées sont passées avant que tous se mettent enfin à travailler. Je sens encore le mal-être de beaucoup à faire ce que nous faisons et c’est pour ça que ça a autant traîné au début. C’est l’effet de groupe, ça. S’ils avaient été seuls, ils n’auraient pas été rassurés en arrivant et puis il aurait fallu qu’ils s’y mettent. Là, la peur est entretenue. Des rumeurs circulent. Des fins tragiques s’inventent. Moi c’est pas pareil, je n’ai pas connu ce Golem. Je pense que j’aurais peur si je le voyais, mais pour l’instant ça va. J’en profite. Avec Le Chien, on passe beaucoup de temps à creuser autour de la grotte. J’ai dit aux autres qu’il fallait qu’on déblaye au maximum pour avoir de la place et une vue d’ensemble. Le Chien avance très vite ! Une barrière de dunes se forme tout autour du chantier, avec le sable qu’on transporte.

J’essaie de ne penser à rien, juste à la grotte et à ce qu’on doit ramener. J’arrive à sentir les pensées négatives de chacun, je ne vais pas y ajouter les miennes. En me voyant travailler, les autres s’y mettent, avec plus d’entrain.




- Ayé ! Enfin !

Je ne sais pas combien de temps on a mis, mais la grotte est libérée de sa prison de sable. L’entrée est clairement dégagée, mis à part ces énormes rochers qui se sont éboulés !

- Bon, quelqu’un a une idée pour enlever ça ?

Mirdan est le premier à me répondre. Il me dit qu'il dispose de quelques grenades, qui pourrait servir pour ouvrir la grotte, ou la refermer.

OK. Réflechissons.

- À mon avis, et à moins d’une idée géniale, il va nous falloir creuser. Il nous faut des outils, principalement des pioches pour fracasser ces blocs de pierre en plus petits. Mais il ne faut pas faire ça n’importe comment. Il faut qu’on soit très précis. À tout moment, tout peut s’effondrer.
Quelqu’un s’y connaît ?

Mirdan s'exclame :

- A la pioche ! Ça tombe bien j’ai apporté la mienne. Je l’utilise principalement pour extraire de la pierre et du salpêtre. Ici c’est le même principe, non ?!
Euh ... personne derrière moi, si ça commence à s’effondrer je préfère pouvoir vite reculer.

Ayant sorti sa pioche, il s’avance vers les éboulis, prend place et commence le travail par petits coups. J’ai donné une consigne, mais je n’ai même pas de pioche moi. Je ne peux que regarder les autres faire. Et puis je n’ai pas la moindre expérience à ce sujet, pourquoi est-ce qu’ils m’écouteraient ? Mais Mirdan, je le connais bien. Peut-être que lui ...

- Euh... Vas-y, tout doucement. Essaie de repérer les rochers qui ne retiennent absolument rien. Juste ceux qui gênent. Ce sont eux qu’il faut casser. Si tu as un doute, demande.


Tanysh s’installe sur un rocher proche, prend bien ses aises, et commence à encourager Mirdan.

-Vas-y, on est avec toi ! Réduits les en poussière, ces cailloux !

Mais avec le temps, l’ennui s’installe, et j'entends ses commentaires différer.

-Rah, mais non, pas comme ça, voyons ! C’est quoi, ce coup de pioches de mauviette ? Et on appelle ça un elfe ? Non, mais franchement, t’as de la chance que je sois assise, sinon je serais venue te montrer comment on fait hein !

- Les ”Scellés” de Chthonios ? En toute logique, ceux qui les ont apposés devraient être capable de les retirer. Des mages elfes parmi nous connaissent-ils l’histoire de ces dits scellés ? J’ai beau savoir vaguement les évènements qui se sont déroulés en ces lieux, je ne me souviens pas de la méthode employée ...

Toute à sa réflexion, Calith observait la Grotte d’un air détaché. Cela lui rappelait vaguement le déblayage qu’ils avaient dû effectuer pour sauver Marcus... Ce ne serait sans doute guère différent, au final.

- Mirdan ... Ce Cerf est à vous ? Je pourrais lui créer un harnais avec de la corde afin de faire rouler les plus grosses pierres au loin. Sinon, il reste la méthode des grenades pour les casser et les rendre plus facile à transporter.

Il ponctue ses propos d’un soupir, visiblement en manque d’idées.

- Je n’ai pas de pioche non plus. Ceci dit, Ambre ... Vous êtes mage, non ? Vous pouvez vous servir de votre maîtrise des Ars Illuminae pour moduler la roche selon votre convenance.

Je sursaute quand j’entends mon nom. Pourquoi me dit-t-il ”vous” ? Mais j’ai jamais fait ça moi! et du coup je dis quoi ... tu ? vous ?

- Je peux essayer mais il faut que je m’entraîne avant, non ? Parce qu’à part la glace, je ne ”maîtrise” pas grand chose.

Je me tourne vers d’autres mages Elfes.

- On peut faire des trucs pareils? Modeler la roche?

Calith hausse un sourcil, dubitatif.

- La glace ...? Je vois. Tout mage employant les Ars Illuminae sait rendre les pierres plus acérées afin de les projeter sur ses adversaires. Ce que j’appelle donc ... Moduler la roche, mais à moins grande échelle évidemment. Cela vous semble hors d’atteinte ?

Un bref sourire lui échappe à sa dernière phrase, sonnant comme une pique dans l’amour propre des Nobles.

Earenïel, qui observait les lieux depuis un certain temps, griffonnait de temps en temps sur son carnet. Il cherchait à découvrir des perturbations dans le flux de mana dans les environs de la Grotte et ainsi à déterminer la nature du Scellé. Il n’avait toujours rien trouvé de conséquent quand ma question lui fait lever la tête, et la réponse de Calith le fait froncer les sourcils.

Il s’était spécialisé dans les Ars Illuminaë et savait les manier jusqu’à un certain niveau, mais la question était complexe.

- Bien sûr, sieur Calith, que nous serions capable de répéter le phénomène à une plus grande échelle. Mais s’il est facile de le faire pour une petite pierre, je crains que cela ne nous demande un effort considérable si nous voulons dégager entièrement l’entrée. Si Ambre, et d’autres Elfes ici présent veulent bien se joindre à moi, je m’attelle tout de suite à la tâche.

Une lueur de défi brille dans ses yeux. En repensant à mes paroles, une idée vient à Earenïel et il se retourna vers moi.

- Mais on peut aussi faire autre choses, vou...Tu as dit que tu maîtrisais la glace, non? Je pense que la plupart des mages ici savent le faire. Les rochers qui gênent le passage, certains sont assez impressionnants et je ne crois pas que seuls, Mirdan et sa pioche pourront tout casser, ni même que nous pourrions en venir à bout par la magie rapidement...
Mais peut être qu’on pourrait les faire ”éclater”, en versant de l’eau dans les fissures et en la faisant geler...

Il a dit cela avec un enthousiasme qu’il a du juger exubérant par rapport à sa conduite habituelle, il ajoute alors, l’air gêné.

- Enfin, je ne sais pas si ça peut marcher, j’ai lu ça dans un livre, que ça arrivait parfois naturellement pendant l’Engourdissement. On pourrait essayer ça sur les plus gros rochers, et ”moduler” ceux qui sont moins imposant. Qu’en pensez vous?


Mirdan restait prudent en manipulant sa pioche, et ce malgré les encouragements de Tanysh, il ne voulait sans doute pas se retrouver enterré avant l’heure.

S’octroyant une pause, Mirdan dépose sa pioche et vient près de nous.

- Noble Bois, mon cerf, n’est pas loin, il pourrait en effet nous donner un coup de ”sabot”. Comme l'a suggéré Earenïel, je pourrais aussi ne faire que des trous ou des fissures dans les rochers, l’eau en gelant pourrait fendre la pierre. Vous pourriez aussi entièrement geler un rocher, il casserait comme de la poterie à l’aide d’un simple coup de pioche, ou à l’aide d’une grenade, même de faible puissance.

Depuis son arrivée, Valériane s’était tenue à l’écart des groupes formés autour de l’ancienne grotte tout en restant attentive aux discussions menées. Avec discrétion, la femme sauvage s’approche de moi et me propose son aide et celle de Phu.

- Je pense que Phu pourrait vous venir en aide, ses racines peuvent venir à bout de n’importe quelle roche, quant à moi, tu n’as qu’à demander je ferais au mieux dans la limite de mes capacités!

Je réponds aussi doucement à Valériane.

- Mais quelles sont tes capacités ? Et en quoi peuvent-elles nous aider ? Pour Phu, je te fais confiance, montre nous.


Valériane acquiesca, puis poursuit à haute voix.

- Je ne possède aucune connaissance des Ars Illuminae, je ne puis donc vous aider dans ce sens, mais ma magie curative est à votre service et certains de mes sorts peuvent être destructeurs! Je pense aussi que le lien de mon peuple avec la nature pourrait nous permettre peut-être de découvrir certains points faibles de ce mur de pierres si l’on nous laisse le temps d’écouter !

Sur ces mots, Valériane se rapproche de Phu et lui adresse quelques mots dans un dialecte peu connu.

Le tréant se dirigea vers l’éboulement, observa rapidement la roche et ses défauts et y planta ses racines. Elles se frayaient un chemin, Valériane lui avait réclamer de sonder l’intérieur de la grotte avant toutes choses, d’en extraire un maximum d’informations en vue de sa réouverture.

Valériane s'adressa à nouveau à lui.

- Les Elfes s’impatientent, qu’en est-il ?

- Mes racines devraient percer ce mur dans peu de temps !

La femme Sauvage se tourne vers moi.

- J’ai demandé à Phu de perforer ce mur de ses racines et tout d’abord d’essayer de nous renseigner quant au contenu de la grotte comme il le pourra. Cette première opération menée à bien, il tentera de fragiliser l’éboulement en désolidarisant les rochers les uns des autres ce qui devrait faciliter grandement votre tache future !

- Euh, d’accord!

Il n’y a que moi que ça épate ? Elle est capable de demander un truc pareil à son ... arbre! Et puis il fallait avoir l’idée! Pff, j’suis vraiment pas à la hauteur encore!


Les racines passent entre les blocs, trouvent des anfractuosités et le lent travail végétal finit par aggraver les failles et les creux dans la structure qui bloque la grotte.
Néanmoins, les observateurs voient que le jeu des pierres qui s’écartent ou glissent les unes contre les autres provoque des écoulements de sable qui risquent de bloquer de nouveau les rochers.
Il faudra plusieurs efforts cumulés pour que ce qui est entrepris ne soit pas rendu aussitôt inefficace.

Valériane se fit l'interprète de ce problème.

- Avant d’aller plus en avant dans le travail de réouverture il nous faut régler ce problème de sable qui risque d’anéantir nos efforts ! Quelqu’un aurait une idée de génie à soumettre ?

Pendant ce temps, Phu continuait sa tâche ! L’extrémité de ses racines parvient enfin à l’intérieur de la grotte et s’y arrête ...

- Il faut réagir vite!

Réagir, réagir ... Et vite en plus. Pas si simple!

- Il y a du sable qui risque de s’écouler si Phu continue de décaler les pierres pour faire passer ses lianes, c’est ça ? Euh ... Si on casse les pierres qui nous bloquent, on aura le même problème, non ?

Personne n'eut le temps de me répondre. Alors que les racines de Phu arrivent ”à l’air libre” à l’intérieur de la grotte, ne dépassant de la roche que de quelques centimètres, il sent que la nature de la mana environnante est transformée et que cela peut influer sur la cohésion naturelle de la vie telle que chacun la connait. Des sortes de picotements remontent le long de ses racines...

Phu faisant part de ses découvertes à Valériane qui transmet à son tour au reste du groupe, fait faire marche arrière à ses racines, quelque chose n’est pas normal. Ce picotement n’est pas naturel. Depuis que Valériane m’a expliqué ce que Phu ressent, je ne comprends plus rien.

- Ça veut dire quoi, que la mana est différente ? Est-ce que .. Gaïa peut expliquer ça ? Je suis désolée, je n’ai pas eu ton éducation Valériane.

Je fais dans ma tête un bref récapitulatif de mes connaissances sur Gaïa telle qu’elle est vénérée par les Sauvages.

- Serait-ce une zone fermée où la mana est si différente qu’elle ne peut cohabiter ou se mélanger avec celle que l’on manipule ? Comme si elle avait été souillée ? Un peu comme l’huile et l’eau ? Si c’est le cas, il pourrait être très dangereux d’utiliser notre magie ou même d’ouvrir cette grotte.

Valériane tente de m'expliquer.

- Cette zone reste celle que les vôtres ont quittée il y a quelques années quand les golems y avaient été découverts. Ce lieu peut donner la vie ou là reprendre, dans le passé la vie fut donnée à la roche! Ceci peut alimenter notre théorie d’une présence très importante de cristaux de mana, mais nous rappelle aussi que ce lieu n’a en rien perdu sa magie et ce même si les elfes pensait en avoir éradiqué la source ou l’effet ! Ambre, nous ne pouvons continuer sans avoir averti nos dirigeants respectifs. Nous ne pouvons prendre une telle décision suite à cette découverte.

Un message doit leur être envoyé rapidement !


Earenïel était pleinement occupé à tenter de faire cesser les écoulements de sable, mais celui-ci se glissait de partout entre les failles nouvellement ouvertes, si bien qu’il lui paraissait impossible d’arrêter le phénomène.

- Effectivement, je crois bien que tant que nous ne serons pas capables d’empêcher le sable de venir reboucher les ouvertures dans le Scellé, il nous sera impossible d’atteindre l’intérieur. Quelqu’un à une idée?

Il fallait agir vite. Dans le contexte de son adhésion à l’Institut des Science de la Tour de Jade, Earenïel avait commencé des recherches sur l’énergie magique sur Olympia, mais il n’avait jamais entendu parler de ce genre de cas.

- Les cristaux de Mana peuvent expliquer ceci, de même que l’utilisation de la magie qui a été faite lors de la première exploration de la grotte. Nous ne pourrons savoir de quelle façon tout cela est altéré que si nous arrivons à ouvrir le Scellé. Quoiqu’il en soit, Valeriane a raison. Si cela n’a pas déjà été fait, je vais faire part du problème au Conseil Forestier.


Saté, assis sur un rocher, écoutait depuis un moment nos discussions.

- Veuillez m’excuser, voici un moment que je suis présent aux grottes mais de nombreuses affaires administratives me préoccupent. En tant que Responsable des Ombres de Liae, je ne suis qu’un avis consultatif pour le Conseil Sauvage, mais je me permets de m’exprimer sur le sujet.

Je ne vais pas vous proposer d’idées ou autres pour l’ouverture des Scelles, mais je sens une hésitation a ouvrir cette grotte.
Certes nous ne savons pas ce que contient cette antre, Phu a ressenti des choses préoccupantes mais nous devons faire sauter ces scelles.
Même si des forces y sont présentes, lors de la première ouverture assez de Forestiers était présents pour combattre ses mystères!
C’est également le cas actuellement. Restons optimistes.
Et le fait que d’éventuelles ressources comme des cristaux de mana peuvent si trouver nous forcent a y entrer. L’alliance Forestière doit compenser ses défenses par une richesse culturelle et magique.

Je ne vous aide guère dans vos problèmes mais sachez que je suis présents a vos cotés si vous avez besoin de soutien.

Saté allume ensuite une pipe au tabac de violette et retourne s’assoir sur un rocher. Je reprends alors la parole.

Il faut continuer. Trouvons un moyen d'empêcher le sable de reboucher l'ouverture, et étudions la magie ici.

Quelques jours après, Eareniel est de retour.

- J’ai soumis le problème à l’Assemblée Forestière, mais cela n’a pas entrainé beaucoup de réactions. D’où ma réponse tardive. Je pense donc que nous pouvons continuer l’ouverture de la Grotte, bien que le Conseiller Elen m’a rappelé que le clan du Loup étant en voie d’ouvrir une mine pour trouver des cristaux, il ne nous faudrait pas prendre des risques inappropriée et ne pas hésiter à sacrifier les cristaux en cas de danger.

- Avec à nos côtés vous-même Earenïel Resiae consul de Na’helli, Voronwë au même poste, Calith Intendant pour le clan du Faucon et Feirsbus Conseiller du Peuple Sauvage, vous me dites que d’une personne ne s’est exprimé, et de deux que nous n’avons pas pris de position claire quant à l’ouverture de cette grotte ! Cela n’est point acceptable vous en conviendrez! Et sans vouloir insister plus que ne me permette ma position, il serait peut-être nécessaire de rappeler à vos confrères leurs obligations !

Valériane me regarde.

- Certaines personnes tentent d’améliorer la vie de chacun en cherchant des solutions quant aux problèmes de nos sociétés, ici-même l’approvisionnement en cristaux de mana. Le devoir premier de nos dirigeant n’est-il pas de respecter et de promouvoir ces actions ?

- Euh, si, sans doute. Mais pourquoi tu me dis ça à moi?

Elle sourit.

- Je continuais simplement de débiter mes paroles, je pensais simplement à toi quand je donnais l’exemple des personnes qui réalisent des projets vivant à améliorer nos vies. J’aurais surement du plus tourner ma dernière question comme une exclamation voilà tout !

Earenïel pose alors un regard froid sur Valériane.

- Je ne suis pas garant des actes de mes homologues, s’ils ne participent pas pour une raison ou une autre, je n’y peut strictement rien. J’ai exposé le problème et ma position, à partir de ce moment ce sont aux autres de s’exprimer. Je vais faire mon possible, mais que cela ne nous empêche pas de réfléchir aux moyen d’endiguer ce sable... Croyez bien que je sais de quelles façons les personnes dont vous parlez tentent d’améliorer la vie des Forestiers, mais de mon point de vue, les dirigeants font ce qu’ils peuvent pour leur apporter leur aide, du moins est-ce ce que j’essaye de faire.

C’est d’un air détaché que Calith suivit les échanges entre Valériane et Eäreniël. La situation lui aurait paru comique dans d’autres circonstances. Il se tourna rapidement vers le Consul, pour les couper dans leurs élans.

- Consul Resiae, vos collègues sont sur place à vous épauler. Qui ne dit mot consent, non ? Je suis venu en ces lieux avec les Faucons pour vous aider du mieux possible à ouvrir cette Grotte. Les dangers, nous les connaissons. Les enjeux, aussi.
Vous avez mon soutien, ma seule présence en ces lieux le prouve.


Les tensions commencent à se faire sentir. Il faut dire qu’on est tous à cran ici, à se démener pour faire quelque chose de tout ce sable sous un soleil de plomb.
Puis je me souviens!

- Shây!!! Tu te souviens de l’histoire que tu m’as racontée pendant notre voyage ? Mais si, sur la ville des Rebelles, perdue au milieu des dunes!

Shây mima un timide ”oui” de la tête pour m’encourager à continuer.

- Comment il s’appelle, l’Elfe qui avait aidé à construire la ville ? Tu m’as parlé d’un truc qu’ils avaient fait avec le sable ... Raconte moi en intégralité l’histoire de la construction de Sigdil !

C'est Calith qui me répond.

- Gaver, le Prince Rebelle, et ses fidèles ont élevé Sigdil il y a quelques décennies. Vous pouvez le contacter Ambre, il saura peut-être se rendre utile.

- Moi ? Le contacter ?

Je regarde un à un les Forestiers présents autour de moi. Ceux qui se souviennent sont marqués. Leur regard est différent, leur comportement aussi. Je comprends qu’ils se forcent pour rester ici et répondre à mes questions délicates.
Ainsi donc, c’était ce Gaver qui avait su, avec ses fidèles d’après Calith, maîtrisé la nature et les éléments au point d’être capable de construire une ville non loin d’ici.
Personne n’a répondu à ma question. Personne ne se propose pour le faire à ma place. Je comprends qu’il n’est pas vraiment dans le cœur des Forestiers. Il doit même se trouver plus bas encore dans leur estime que cette grotte maudite.

- Très bien ...

Je m'assois près d’un rocher plus ou moins lisse et sort de quoi écrire. Calith a nommé Gaver le Prince Rebelle. Je m’imagine un Elfe grand, très imposant. Pour qu’autant d’Elfes l’aient suivi, et pour qu’encore plus le craignent ou le maudissent aujourd’hui, il a sûrement un charisme très impressionnant. Il a même réussi à ne pas se faire tuer en revenant à la vie Na’hellienne.
Ce que je n’arrive pas à imaginer, c’est la réaction qu’il aura en lisant cette lettre. Lui, Gaver, connu et reconnu dans tout Olympia. Craint, adulé, détesté, ne laissant personne indifférent, sauf dans l’ignorance de son statut. En train de lire une simple lettre signée de mon prénom.
Je me relève, et lit ce que j’ai écrit à voix haute.

Messire Gaver,

Vous ne me connaissez certainement pas, je m’appelle Ambre, je suis au service de Notre Reine dans une mission très délicate. Nous avons choisi de vous contacter car nous estimons que vous seul êtes capable de nous venir en aide.
Nous nous trouvons actuellement dans le désert de Yaacov, devant l’entrée de l’ancienne grotte de Chthonios. Nous sommes conscients des risques que nous encourons en voulant y pénétrer à nouveau, mais les richesses qu’elle renferme nous seraient très profitables.
La magie et le temps ont déstabilisé la structure de la grotte, et si nous tentons tout ce que nous pouvons pour l’ouvrir, le sable menace de réduire nos efforts à néant.
Vous êtes celui qui a su, autrefois, dompté ce sable en masse pour que vos amis érigent la Cité Rebelle. Peut-être pourriez-vous utiliser encore une fois ce pouvoir au profit de tous les Elfes et de Notre Reine.

Nous attendons de vos nouvelles impatiemment.

Avec tout mon respect,
Ambre.

Tiens, il n’a pas de nom non plus ... ? Gaver ... C’est son prénom ? Ou son nom ?
On a perdu assez de temps. Pendant que les autres réagissent, je cachète le message et l’envoie vers la Cité Elfique.



Quelques jours sont passés avant qu’un messager ne revienne et demande son chemin jusqu’à moi.
Le document qu’il me tend ressemble en qualité à ceux qu’utilisent les gens du Palais. Sur le scellé, imprimée dans la cire, une étoile qui délimite un labyrinthe.

Jeune Ambre,

Cela ne m’étonne guère, par le portrait que la Reine m’a dressé de toi, de te savoir courant l’aventure dans des terres inhospitalières. La chance sourit aux audacieux, dit-on.
Pour en venir à tes questions, en effet Sigdil a surgi des sables, mais ce fut un travail colossal. Les mages venus avec nous ont fait coulé des rivières de sable fondu et cela donna les fondations des principaux murs. Cette solution a été utilisée lorsque nous avions besoin de gros blocs mais il fallait une telle débauche d’énergies que nos mages n’étaient pas capables de faire des travaux très précis. C’est pourquoi nous nous sommes rabattus sur des roches plus traditionnelles pour terminer la cité.
Il existe aussi des sèves de plantes du désert que l’on dilue à l’alcool et qui figent le sable. Une fois sec, le mélange est étanche, relativement résistant et nous l’avons utilisé pour fabriquer des tuiles, entre autres. Je ne suis pas botaniste, mais de ce que j’ai vu de ces plantes, la partie visible avait une forme de champignon orangé couvert d’épines et les plus gros ne dépassent pas la taille d’une main. Mais la partie intéressante est sous le sable : d’immenses racines qui peuvent faire plusieurs dizaines de pas de long et dont on fait difficilement le tour avec ses deux bras, pour les plus grandes.
Je ne sais si ces solutions peuvent convenir à votre problème, mais on te dit pleine de ressources et ce n’est pas un peu de sable qui t’arrêtera.
La Reine se joint à moi pour vous remercier tous de vos efforts, en espérant qu’ils portent bientôt leurs fruits.

Sois prudente.
Gaver.


Tous se taisent lorsque le messager m’apporte la réponse de Gaver. Je lis et relis le message plusieurs fois. Mes doutes étaient infondés. Gaver m’a répondu le plus simplement du monde, sans orgueil, sans méchanceté, sans rancœur. D’après sa réponse, la Reine a eu connaissance de l’état actuel des choses. Tant mieux.
Depuis que j’avais envoyé la missive, on n’avait fait qu’attendre. Que pouvions-nous faire d’autre? L’idée que j’avais eue s’était imposée comme une évidence. Avec cette réponse, le travail va pouvoir reprendre.
J’explique alors la solution botanique suggérée par Gaver. Je suis contente que quelques alchimistes soient là parmi nous. Ça ira plus vite.

- Et où peut-on trouver assez d’alcool pour réaliser ce mélange ? Aucun dosage n’est précisé, il faudrait faire très attention et sûrement s’y reprendre à plusieurs fois pour trouver le juste milieu. Quelqu’un a des nouvelles de ce lutin que l’on a vu plusieurs fois autour de Na’helli qui proposait toutes sortes de liqueurs ?

J’espère que les Alchimistes vont comprendre mieux que moi ce qu’il faut faire, et comment le faire. Je soulève plusieurs idées, mais au fond, je suis un peu paumée.

Valériane demande à lire la lettre. Je lui confie.

- Ambre, la lettre spécifie que l’usage de l’alcool modifié avec cette racine rend le mélange étanche et relativement résistant.
Pour notre cas actuel, ne suffirait-il pas de créer une voûte solide au-dessus de la grotte pour empêcher le sable de s’écouler et les rochers de la reboucher, en utilisant la première méthode qu’à stipulée Gaver, qui se résume à fondre le sable et à le maitriser ?
Actuellement j’observe une dizaine de mages plus que qualifiés autour de la grotte, ne serait ce pas suffisant ?
La reprise du travail de déblaiement reprendrait ensuite sans cette gêne et nous éviterions par la même occasion de nous retrouver bloqués à l’intérieur par un éventuel glissement de terrain.
Dans le cas contraire il nous faut trouver ces racines et un alchimiste qui puisse reproduire le mélange avec l’alcool.

- Je ne sais pas si nous serions capables de réaliser la prouesse qu’avait faite les Elfes qui accompagnaient Gaver à l’époque. À mon avis, on devrait plutôt consolider la structure de la grotte, pour éviter qu’elle ne s’effondre lorsque nous en dégageons l’entrée. Il nous faut l’avis d’un expert alchimiste. Tanysh et Voronwë sont deux alchimistes, je crois. Vous seriez capables de faire ça ?

Je n’attends pas de réponse et poursuit.

- Le temps qu’ils se préparent, il faut trouver ses plantes et de l’alcool. Je pars cueillir les plantes décrites par Gaver. Si d’autres veulent se joindre à moi.
Bien sûr Le Chien, tu viens avec moi!

- Je t’accompagne, et mon familier aussi, as tu un plan pour ordonner la recherche dans ce désert ?

Mirdan range son sac de graines de violettes, contemplant le vaste champ coloré qui s’étend à la limite du désert.

- Si on en trouve une, Le Chien pourra renifler la trace des autres! J’en suis sûre! Il faut juste en trouver une, et pour celle-là, non, je n’ai pas de plan.

Pas encore.

- J’ai envoyé Phu rechercher cette plante au Sud Est de notre position, je rechercherai quant à moi dans l’environnement proche de la grotte.
Mais peut être aurions nous plus de chances de trouver cette plante près des ruines de Sigdil !

- C’est à ça que je pensais justement. On y va Mirdan ?

- Oui, près des ruines de Sigdil, voilà une très bonne idée, je te suis Ambre.
Et pour ce qui est de l’alcool, ne faudrait-il pas s’en procurer au plus vite ? Envoyer une ou plusieurs personnes en quérir a Na’helli serait judicieux !


Quelques minutes plus tard ...

- Mirdan, viens voir! Ici, il y a un petit buisson qui pourrait correspondre ... Des petites pousses orangées, c’est pas bien grand. Tu crois que c’est ça ?

- Oui Ambre, je pense que c’est ce que nous sommes venus chercher.

Mirdan s’agenouille et inspecte les petites plantes.

- Il nous faut la sève de cette plante, mais en quelle quantité ? Hum, va falloir collecter le plus de plantes possible et les donner à un alchimiste qui pourra surement en récupérer la sève. On gardera le précieux liquide dans des fioles vides le temps de réunir l’alcool.

Un faucon cendré décrivt quelques cercles au-dessus de nous, avant de battre fortement des ailes pour redescendre à mes côtés. À sa patte, je trouve une missive que l’animal me laisse détacher.

Ambre,

Je suis parti plus au Nord-Ouest avec ma fille, Tiamath. Nous venons de trouver deux plants supplémentaires de vos fleurs orangées. J’ai noté deux coordonnées sur ma carte. Nous allons en prendre un maximum d’échantillons avant de redescendre vers vous.
Je vous préviens si d’autres plants nous apparaissent, les Faucons ont l’oeil pour ce genre de détails.
A bientôt.

Calith du Faucon.

Je prend rapidement de quoi répondre et attache à mon tour le message à la patte du rapace. Il saura retrouver son maître.

Très bien, ramenez ce que vous pouvez.

Le message est court, mais ce n’est pas la peine de s’étendre là-dessus. De notre côté avec Mirdan et Tanysh, on doit aussi récupérer ces plantes.

- Le message de Gaver précise que les racines peuvent faire jusqu’à dix pas de long. On va difficilement pouvoir en prendre une chacun. Il faut faire attention aux racines.

L’avantage du sable sur la terre, c’est qu’on peut le retirer assez facilement. Sur les conseils de la seule alchimiste présente avec nous, je tire doucement au plus bas possible de la plante pour l’extraire.

- Je ne peux pas en prendre plus qu’une. Mirdan, prends-en toi aussi, et on rentre. On verra là-bas s’il en faut d’autres.

- Bien Ambre, j’arrache aussi délicatement que possible deux de ces plantes.

Mirdan, s’aidant de ses mains, dégagea deux champignons en faisant bien attention à prendre le plus de racines possible.
Une fois la tâche faite, il plaça le premier champignon et ses longues racines dans la sacoche de Noble Bois, ensuite il plaça le second champignon dans son propre sac.

- En avant Noble Bois, retournons à la grotte.

L’escapade proposé par Shâyla avait enchanté la Reine. En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, elle était prête à parcourir la distance qui séparait le Sud de la Forêt des Cendres jusqu’aux bords du Désert de Yaacov.
La conversation sur le chemin avait été légère, autant que leurs foulées qui les avaient rapidement menés auprès du groupe en plein travail.
Ils arrivèrent juste à temps pour voir ces fameux troncs dont avait parlé Gaver. Ambre et ses compagnons en avaient finalement trouvés.
Mais le spectacle de ces plantes peut-être rares arrachées à leur milieu naturel, leur sève gouttant des cassures que leurs cueilleurs avaient dû leur infliger ici ou là lui soutira une grimace désapprobatrice.

- J’espère que vous saurez exploiter ces racines au mieux, que leur sacrifice ne soit pas vain. Si cela s’avère prometteur, il faudra trouver une autre méthode moins... barbare de ponctionner la sève de ces plantes. Pensez aux érables qui nous régalent de leur eau sucrée ou à ces arbres du Sud de la Forêt des Ombres qui donne cette matière étrangement élastique...

Elle soupira, regrettant de commencer par un reproche à peine voilé à ces gens qui se donnaient tant de mal pour réussir leur mission.
Elle se retourna vers Shâyla.

- La Tour de Jade a toute les qualités requises en savoir et savoir-faire. Je compte sur vous pour élaborer cette substance que les Rebelles ont utilisée il y a longtemps.


Dans l’attente des alchimistes, un campement s’était formé non loin de la grotte sur les rives du désert. Chacun s’occupait comme il pouvait. Certains s’entrainaient au combat, d’autres entretenaient des cultures de violettes et quelques uns observaient discrètement le travail des maitres en potions et autres manipulations des plantes.
Dans ce tumulte un petit groupe d’impériaux tenta de semer le désordre mais ils comprirent à leurs dépends que ce n’était pas le moment.

- Bon, c’est trop long!

J’ai parlé un peu fort, mais plus personne ne fait rien, à part attendre.

- Shây, Tanysh, Voronwë, vous êtes trois alchimistes ici à être capables de reproduire ce qu’on nous a expliqué. Vous avez besoin d’aide ? Il y a des dizaines de bras prêts à travailler! Dites nous! On trouvera une autre solution si vous ne pouvez pas faire ce mélange!

Oh ... Je ne me suis jamais énervée comme ça sur ceux de la Tour de Jade.

...

...

Ouai, mais ils l’ont bien cherché! J’m’en fous.

Tanysh en avait marre. Les mains tachées, des vapeurs d’alcool plein la tête, du sable dans le moindre repli de vêtement. Tout ça parce que des imbéciles avaient dit que ”Ah, ben vous voyez, la grotte ou il y avait les golems, sans doute la plus dangereuse d’Olympia... Oui, celle qu’on avait refermé a grand peine, là, y’a des dizaines d’années ! Ben, en fait, faudrait la rouvrir, oui, pour voir quoi ! Moi, je vous dit que ces golems, qui attendaient la depuis une éternité, ben ils en ont eu mare, ils se sont barrés ! Z’inquiétez pas !”


Donc, on ouvrait. Wahou. Tanysh avait regardé, bien décidée à ne pas participer à cette folie. Stupide, d’accord, mais pas folle, hein ? On ne réveille pas un golem de 3 mètres de haut qui dort, tout le monde sait ça ! On laisse les autres le faire à sa place. Sauf que...
Sauf que, bientôt, les autres, bloqués dans leur excavation par le sable envahissant, avaient du penser à un moyen de contourner le problème. Et voilà, ils avaient contacté l’autre, là, Gaver, un ex leader de ces pouilleux de Rebelles ! Genre, on avait besoin de *ça* pour nous aider quoi. Et donc, il avait dit des trucs imprécis sur de l’alcool (pas vraiment étonnant, hein, c’est un ex-rebelle) et des champignons (Mwais, de pire en pire... On comprend comment ils en sont arrivés là, ces Rebelles.) Bref, tout ça mélangé faisait non pas un mal de tête terrible et des pachydermes roses, mais bien un ciment pour le sable. Septicité, quand tu nous tient...


Bref, on avait les champignons. Et du lutin qui devait livrer l’alcool, pas une nouvelle. On avait eu beau essayer de toutes les manières possibles, pas moyen de faire un truc qui ressemble à du liquide avec les champignons seulement. La pâte obtenue était bien trop épaisse, et si on la mettait dans l’eau, elle ne se dissolvait pas. Tout juste bonne a faire bouffer à son pire ennemi, quoi. Au moins, on saurait quoi donner a bouffer aux golems s’ils sortaient.

Puis, elle avait eu une révélation. LA révélation. Les Rebelles étaient ici bien loin de Sigdil, ils étaient restés longtemps a trouver une solution pour ouvrir la grotte, et ils étaient partis en vitesse comme s’ils avaient une dizaine de monstres hideux et métalliques aux fesses (ce qui était le cas, en fait...). Donc, logiquement, ces alcools avaient du abandonner leurs stocks ! D’alcool ! Imparable ! Restait qu’a chercher.

Après plusieurs rebuffades du genre ”Mais t’as rien compris, ma pauvre fille, les rebelles étaient des combattants émérites qui soutenaient les valeurs de la liberté, l’égalité, gné gné gné gné...” Tanysh s’était résolue a chercher seule. Elles s’était mis du côté de la grotte le plus proche de Sigdil, et avait cherché un coin ombragé, ou ils auraient pu mettre des trucs un peu plus au frais qu’ailleurs. Pas trop dur, un reste d’aura magique s’échappait de sous un pic rocheux, une centaine de pas à l’ouest de la grotte. En creusant un peu, elle découvrit que le sol, ici était moins chaud qu’ailleurs. En fait, plus profond, il était même frais. C’est la qu’elle trouva la caisse. Elle la sorti avec le plus grand mal du trou, car elle pesait son poids, et la posa entre deux pières. Elle faisait un mètre de long presque sa taille en longueur, mais était assez fine. Un verrou magique la protégeais. Un genre de truc qui ne s’ouvre que sous la main des personnes choisies. Dès qu’elle le pris en main, le loquet émis un cliquetis... Elle retira sa main, mais il s’ouvrit, la laissant plein d’interrogation sur le savoir magique de ces Rebelles... Ils étaient vraiment si nuls que ça, pour que le sortilège la prenne pour une des leurs ?


A l’intérieur, des pains moisis (enfin, des trucs qui ressemblaient vaguement) se battent en duel avec des trucs qu’elle soupçonna être des restes de plantes médicinales. Pas trace d’alcool. Bizarre. Il DEVAIT y avoir un double fond. Ah, tiens, oui, se dit elle quand avec un grand ”crac” le bois trop maltraité de la caisse la sépara en deux, faisant rouler une bouteille par terre. L’étiquette était fatiguée, mais encore lisible : ”Bière de cactus, cuvée Sigdilite (date illisible)”. Elle tait aussi estampillée d’un dragon et d’un oeil stylisé qui semblait la fixer intensément. Elle ramena une dizaine de bouteilles au campement et laissa la caisse se désagréger au soleil.

La première bouteille qu’elle ouvrit lui réserva une surprise. Elle n’était pas pleine d’un liquide, mais de pétales de violettes conservés par leur sécheresse. Un petit mot tomba de la bouteille, marqué :

”PAS TOUCHE. Valten.”

Décidément, tous les vices. Et dire que maintenant certains se baladaient tranquillement à Na’Helli. Décadence, décadence !

La seconde bouteille contenait un liquide ambré, mais qui semblait beaucoup plus fort que de la bière. Une transformation avait du avoir lieu, car l’odeur qui s’en dégageait était plus proche de celle de l’éthanol que de celle de la bière. Dans un basal en terre cuite, elle en versa un peu sur un champignon. Avec un sifflement, celui-ci se décomposa tout entier dans le contenu de la demi bouteille qu’elle avait versée. Elle décida de garder ce premier échantillon pour analyse du potentiel hallucinogène une fois à Na’helli, et continua avec avec la fin de la bouteille.

L’efficacité du mélange était redoutable, et avec la trentaine de bouteilles qui restait encore dans la caisse, elle et les autres alchimistes allient enfin pouvoir libérer les golems sanguinaires et leur permettre de commettre un massacre parmi la population Na’Hellienne. Super, quoi.


- Ben, oui, je pense que si on s’y met avec les autres alchimistes, on pourra vous fournir tout le ciment pour sable demandé ! Il suffit de mélanger l’alcool contenu dans ces bouteilles avec juste la sève du champignon, et de laisser macérer a feu doux ! C’est hyper facile a faire, on peut vous en faire des quantités rapidement !

o/ Un saint homme ce valten...
... Si ça se trouve Tanysh est le fils caché de ce rebelle merveilleux...

Tanysh avait sauvé la situation. Bien qu'elle considère ce mélange facile à faire, je n'ose pas proposer mon aide. Je n'ai pas envie de gaspiller ces plantes pour ça. Les autres alchimistes se sont joints à elle.

- On pourra encore compter sur l'aide de Phu. On va déposer de ce mélange sur ses racines, puis, comme tout à l'heure, il les glissera à travers les fissures. Ça va déposer la mixture sur les ouvertures et il pourra même en mettre sur les parois de la grotte.

- Ça va être un peu long …

La phrase m'a échappée sans que je fasse attention. Valériane me regarde, mais sourit.

- Pas forcément. Tu n'as pas vu ce dont il était capable.

Elle n'est pas vexée. C'est même plutôt l'inverse. Elle est contente de pouvoir montrer ce qu'elle sait faire. J'observe silencieusement. Pendant que les Alchimistes préparent une nouvelle dose du mélange, Phu se retrouve les racines complètement recouvertes. Ça ne colle pas pour l'instant, mais il faut faire assez vite. Doucement, le tréant fait ce qui était prévu dans le plan de Valériane, et petit à petit ses racines se découvrent. Le mélange adhère aux roches et au sable, et durcit. C'est un travail pénible, minutieux, mais on touche au but. Bientôt, une première partie de la grotte sera consolidée, et on pourra achever de dégager l'entrée sans risquer nos vies. Je contemple le groupe que nous formons. Malgré nos différences, il y a au moins une chose qui nous rassemble.

Je souris.




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Je viens de remarquer que je n'avais pas posté la fin. Bon, ça n'a pas de grande importance au fond, mais comme ça je suis serein ^^

FIN