« Tu veux me présenter à... Tes parents ? Mais ils vont... Je... »

Elen prit les mains de Nil’Nelia dans les siennes. Il savait que cela comptait énormément pour la jeune femme. Alors ils le feraient, ensembles. Il y avait trop à perdre dans ce conflit mystique pour qu’il ne prenne pas le temps de profiter de l’instant présent, avec la femme qu’il aimait à ses côtés.

« Et quand veux-tu le faire ? »

« Oui, j’aimerais te présenter à mes parents. Cela fait déjà un bon moment qu’on est ensemble et je pense qu’il est temps que tu les rencontres... Même si j’ai peur qu’ils ne soient pas très ouverts d’esprit... Mais il faut bien qu’un jour je le fasse et je pense que le moment est bien choisi. Après... La transe... j’ai eu tellement peur de te perdre... Non, ne parlons plus de cela, c’est encore trop récent. » 

Nil’nelia, était très nerveuse à l’idée de cette rencontre, et cela se sentait dans sa voix. Elle releva la tête, serra un peu plus les mains du Loup et lui sourit.

« On pourrait y aller ce soir. Cela nous laisse le temps de nous préparer. On se retrouve devant le petit parc en bas de ma rue ? »

« Je te retrouverai en bas de ta rue. Il faut que j’amène quelque chose ? Des fleurs pour ta mères ? un présent pour ton père ? Et je suppose qu’il va falloir sortir ma tenue de cérémonie ? »

Elen était prêt à toutes les concessions pour que les parents de la jeune femme l’acceptent tel qu’il était. Et si ce n’était pas le cas, il ne lui resterait plus qu’un choix, un seul...

Euh... Il est de coutume lorsqu’un Noble rencontre les parents de celle qu’il aime de venir avec ses plus beaux habits. Je crois qu’à l’origine et sûrement encore un peu maintenant encore, cela permettait à la famille d’évaluer le niveau de richesse du prétendant.
Même si je me fiche de ce côté là, mes parents sont attachées aux cérémonies d’usage. Alors oui, ce serait un point positif que tu sortes ta tenue de cérémonie... Cela doit te paraître si futile.Elle sourit.
Pour ma mère, tu peux prendre des lys, sa fleur préférée. Pour mon père, il ne faut pas de présent. Un bon mar... euh, je veux dire rougit un bon parti...bafouille de plus en plus enfin tu vois ce que je veux dire, doit montrer qu’il est capable de protéger celle qu’il aime. Je crois qu’il n’y a aucun problème de ce côté là, dit-elle en regardant la stature du Loup.

Je vais t’ennuyer quelques instants mais je veux mettre toutes les chances de notre côté. Il y a certaines coutumes de Nobles, que nous gardons pour nous, que je vais t’enseigner. C’est en parti pour cela que les elfes des Lunes sont considérés comme des ”sauvages” par certains Nobles. Je ne veux pas dire que tu es un sauvage, quoique... Clin d’œil amusé et taquin mais je pense que ça serait bien vu par mes parents.
Étant plus âgés que toi, il ne faut pas parler avant eux, en tout cas, au début de la soirée. Mais pour autant, lorsqu’ils arrêtent de parler, il faut avoir quelque chose à dire, pour montrer que seul les conventions font que tu ne parles pas, et que ce n’est pas par un manque d’esprit.
Nil’nelia lui montra rapidement comment saluer sa mère, puis son père, et nombreux gestes différents, pour tout et pour rien. Elle partit tout à coup en fou rire.
Cela faisait si longtemps que je n’avais pas fait ça. Mais je suis si stressée. Je suis sûre que tu seras parfait... Non, tu es parfait. Allez, il faut que j’y aille ! Moi aussi je dois me préparer.
Elle l’embrassa et resta un moment collé à lui, un vertige la prenait et son cœur se serait dans sa poitrine. Tant de choses dépendaient de ce soir. Mais elle savait déjà quel parti elle choisirait au cas où quelque chose ne se passerait pas bien.

Il savait la plus grande partie de ce que lui avait conseillé Nil. Kowü l’avait plutôt bien formé au protocole Noble. Cela dit, chaque famille ayant ses particularités voir, pour cetaines, leurs lubies, mieux vallait être au courant de tout ou presque avant de tenter l’entrevue.

Il s’en retourna à la Tanière, rapidement. Il courut aussi vite qu’il le pouvait. Il entra dans sa chambrée, prit le temps de se laver et de se parfumer. ensuite, il se para d’une chemise de soie blanche dont les manches se terminaient en une élégante dentelle. Par dessus, il se vêtit d’un pourpoint bleu nuit dont les manches étaient décorée par des boutons d’argents et d’or blanc. Il décida de porter des chausses accordées par leur couleur à son pourpoint. Il se munit, par la suite, de ses plus beaux souliers, de cuir noir, cependant non cirées et par conséquent un peu rêches. Il ajusta, de plus, une cape noire tissée à la mode louve et se coiffa de son plus élégant couvre chef, surmonté d’une longue plume blanche de cygne.

Il retourna d’un pas tanquile vers la ville, afin de ne pas ruiner son travail précédent, et se rendit là où il devait retrouver Nil, afin qu’elle juge de sa tenue avant de la soumettre à ses parents.

Nil’nelia rentra chez elle, assez stressée. Sa mère était chez elle, dans le jardin, sur une chaise longue, protégée du Soleil par l’ombre d’un grand peuplier. Elle tenait dans sa main la nouvelle variété de roses qu’elle essayait de créer. C’était ainsi qu’elle occupait ses longues journées.

”Mère, j’ai invité un ami à dîner ce soir.”

Avant que sa mère n’ait pu répondre, elle retourna vers la maison, grimpa les escaliers et se rendit dans ses appartements. Sa chambre donnait sur le petit jardin aménagé. Elle aimait se tenir sur son balcon, à écouter le chant des oiseaux et le calme de la capitale lorsque les premières lueurs apparaissaient. Mais ce jour-là, elle fila directement vers la petite porte de l’autre côté de la pièce. Elle donnait sur une salle de bain. De l’eau tiède, réchauffée par les Titans coula dans un bain en marbre. Sa famille avait voulu le meilleur pour leur fille unique. Sa mère avait déposé de nombreux pétales de roses. Elle les fit tomber dans l’eau, parfumant la pièce. Elle se glissa dans l’eau, tressaillit au contact du liquide. Se concentrant, elle réchauffa l’eau par magie. Elle ferma les paupières profitant de ce bain. Elle était depuis si longtemps sur les routes qu’elle avait oublié ce qu’était un vrai bain.

De longues minutes plus tard, elle sortit de l’eau, décontractée et heureuse, et s’assit devant un miroir cerclé d’argent. Elle sortit une panoplie de brosses, de terres colorées pour le maquillage et de parfum. Sa mère apparut dans l’encadrement de la porte. Elle s’approcha et sans un mot commença à coiffer sa fille. Nil’nelia lui sourit.

”Mère...
- Nous en parlerons lorsque ton père sera là.
- Je l’ai invité, il viendra. Je vais le chercher dans une heure.”

Sa mère serra les dents. Nil’nelia la sentit se contracter mais elle ne dit rien. Une fois sa fille coiffée, elle sortit de la pièce. Nil’nelia, sortit d’un tiroir un petit coffret de bois verni. Elle gardait à l’intérieur ses plus beaux bijoux, ceux des grandes cérémonies. Un pendentifs argent et émeraude, des boucles d’oreilles de perles, toutes sortes de bracelets désignant pour un
observateur averti son rang social. Pour finir, elle glissa dans ses cheveux un fin diadème finement ciselé, ornés de feuilles minuscules, turquoises aux nervures d’argent. Elle ne ressemblait plus du tout à la Sylphe de deux heures auparavant.

Elle se parfuma, sans en abuser, se maquilla très légèrement, mais accentua le contraste de ses cils et de ses yeux pour faire ressortir encore plus leur étrange couleur. Elle savait déjà qu’elle robe elle mettrait. Elle ouvrit sa penderie, fouilla quelques secondes avant de trouver ce qu’elle recherchait. Une fine robe de soie, dos nu, un peu décolleté, d’un étrange bleu. En effet le bleu changeait en fonction de l’éclairage, passant d’un bleu azur à un bleu sombre. Elle s’habilla et accrocha une broche dorée au dessus de son sein droit, une rose, offerte de nombreuses années auparavant par sa mère.

Puis, elle attrapa une paire de chaussures, avec des talons assez hauts. Elle soupira. Elle aurait bien fait une manucure mais le temps la pressait. Elle attrapa vite fait une lime à ongles et d’un geste précis et rapide fit du mieux qu’elle pouvait, avant de les vernir. Elle était prête. Le dernier Soleil déclinait à l’horizon. Elle se préparait déjà depuis trois heures. Elen allait l’attendre.

Sur le palier elle entendit sa mère qui discutait avec son père. Il avait du rentrer entre temps. Elle descendit rapidement les marches et sortit directement pour éviter une rencontre. Une fois dans la rue, elle marcha vers le lieu de rendez-vous, avec précaution pour ne pas se bloquer un talon entre des pavés.

Il était déjà là. Elle le contempla un instant, à son insu, avant de poursuivre sa marche. Arrivé à quelques pas de l’elfe, elle lui demanda, en tournant sur elle-même.

”Alors comment me trouves-tu ?”

« Tu es éblouissante. Littéralement éblouissante. »

Il l'enlaça tendrement, pour dissiper les appréhensions de la jeune femme. Tout se déroulerait à merveille. Il faisait parti de ce qu'on pouvait appeler l'élite intellectuelle de son clan. N'importe quel Ashka pouvait rivaliser avec un noble sur le plan de l'instruction. Ils ne le prendraient pas en défaut sur ce point là.

« Je crois que nous devrions y aller, avant que tu ne te dises que je ne suis pas présentable pour ta famille. »

Il lui adressa un clin d'œil et l'embrassa tendrement. Il la reconduisit chez elle, lui ayant donné son bras comme la galanterie l'exigeait. Il s'arrêta sur le pas de la porte, pour lier son regard au sien encore une fois.

« Je t'aime, Nil »

« Moi aussi »

Nil'nelia était très tendue. Son cœur battait la chamade. Ce soir déciderait de tellement de choses dans leurs vies. En tout cas dans sa vie ! Elle respira un grand coup et toqua à la porte. Trois coups, nets, qui se voulaient assurés. Elle se rapprocha d'Elen lorsqu'elle entendit les pas dans le corridor s'approcher. La poignée tourna sans un bruit et la porte s'ouvrit. C'était son père. Il ne posa même pas un regard sur sa fille, trop occupé à scruter Elen. Quelques secondes à peine passèrent mais Nil'nelia retenait son souffle. Qu'allait donc dire son père ?

« Bonjour, sieur Ereinlen si je ne m'abuse. »

Le ton était posé, sans un écart et on aurait pu dire que les choses se présentaient biens. Mais Nil'nelia connaissait bien les manières de son géniteur et elle n'avait pas manqué le léger froncement de sourcils au mot « sieur ». Les choses n'allaient pas être faciles...
Il invita les deux jeunes gens à rentrer.

Elen s'inclina respectueusement, conservant un silence qu'il jugeait poli. Puis il s'adressa au père de Nil, avec toute l'assurance qu'un Ashka devenu Intendant de son clan pouvait avoir :

« C'est un honneur, messire, de vous rencontrer et d'être ainsi convié dans votre demeures. Cependant, je vous prie de m'appeler simplement Ereinlen ou, si vous préférez, Intendant Ereinlen. Bien que flatté par vos propos, je ne peux prétendre porter un titre que je ne possède pas. »

Elen proposa son bras à Nil, pour la conduire à l'intérieur. Il sourit intérieurement en songeant que les Nobles, en général, connaissaient trop peu les clans pour savoir faire la différence entre eux. Et s'ils savaient à quel point la lignée de laquelle il était issu était lointaine et prestigieuse, les parents de Nil auraient été comblés.

Nil'nelia attrapa le bras du Loup, et passa, la tête haute devant son père. Sa mère les attendait dans le salon. Elle était merveilleusement bien habillée et Nil'nelia soupçonnait que cette effusion de couleur et de bijoux n'avait pour but que de rabaisser celui qu'elle aimait. Autant pensait-elle que convaincre son père du bienfondé de son amour était possible, autant elle avait peu d'espoir de persuader sa mère. Elle était farouchement opposée à tout contact avec les elfes des Lunes. Elle se rappelait encore de la réaction de celle-ci après le réveil de la Reine et son engagement chez les Sylphes.

Elle avait vite changé de vision après avoir côtoyé les Elfes des Lunes. Mais elle pensait qu'il s'était passé quelque chose entre ceux-ci et elle il y a bien longtemps. La partie allait être rude mais si un elfe devait faire changer d'avis sa génitrice, ce serait Elen.

« Bonjour. Le discours s'annonçait moins courtois.
- Mère, voici Ereinlen, plus connu sous le nom d'Elen, Intendant du Clan du Loup et membre du Cercle des Sylphes. »
Les Nobles aimaient beaucoup les titres.
« Nous allons passer directement à table, suivez-moi. »
Lorsque sa mère se retourna, Nil'nelia lança un regard à Elen, où se lisait son désappointement. Elle ne pouvait comprendre son comportement.

Elen resta silencieux, conduisant Nil par le bras sur les pas de sa mère. Il jetait des regards discrets sur le mobilier, du moins c'était ce qu'il voulait que les parents de Nil croient. Des regards où il laissait voir à la fois de l'admiration et de l'indifférence, en vérité, il affichait de la curiosité. A un certain degré, c'était la vérité : il voulait savoir où Nil avait grandie mais il se fichait comme d'une guigne de la richesse de ses parents ou encore de tout le faste qu'ils affichaient.

Arrivés dans la salle à mangé, il attendit qu'on lui indiquât où il pouvait installer la femme qu'il aimait puis où lui même pourrait s'asseoir. Son regard se fixa sur la maîtresse de maison qui gérait, habituellement, selon le protocole, ce genre de situation.

Ils suivirent l'elfe dans le grand salon où était dressée la table. Une bonne odeur se dégageait de la cuisine. La famille avait deux domestiques, une cuisinière et un jeune garçon, qui se chargeait de nombreuses autres tâche. Il fit s'asseoir Nil'nelia et son invité côte à côte. Le père de l'elfe s'assit en bout de table, sa mère à sa gauche. Le père s'adressa alors à Elen.
« Alors, Intendant Ereinlen, comment se portent les affaires extérieures. Nous n'avons pas beaucoup de nouvelles de par notre fille... »

Elen toisa le père de Nil un instant. Le testait-il ? Ou souhaitait-il réellement savoir ce qu'il se déroulait dans les contrées de Olympia ?

« Messire, il y a beaucoup à dire. Les Impériaux s'enorgueillissent et s'introduissent de plus en plus loin dans nos terres. Les relations diplomatiques sont dorénavant totalement rompue, malgré la brève et tacite trêve avec le peuple de Zagnadar concernant les risques d'invasion zombi.

La politique interne à l'ensemble des Forestiers est bien rôdée. Consuls, Juges, Conseillers et Intendants produisent un travail que je juge acceptable, en tout cas dans la situation actuelle.

L'émergence de la Tour de Jade permet de plus un très bon contrôle du savoir de vos ancêtres. Nous sommes tous attachés à notre patrimoine personnel. Et nous souhaitons que chacun puisse conserver son identité propre. C'est un soulagement de voir Na'Helli se doter d'une telle organisation ; qu'en pensez vous ? »

Le père de Nil'nelia sourit vraiment pour la première fois.
« C'est un elfe intelligent à n'en pas douter, comme les rumeurs qui courent sur son compte le disent. » se dit-il.

« Je suis heureux d'apprendre que la politique tourne bien. Il est vrai que la noblesse de Na'helli n'est pas trop au courant des affaires extérieures. Mais, pour ma part, j'ai quelques connaissances qui sont au courant des affaires de la tour de Jade. J'ai été heureux d'apprendre leur restauration. Notre savoir est assez particulier pour être protégé. Notre identité propre... vous avez raison, c'est une valeur essentielle. Surtout depuis que notre Reine tente de nous rapprocher. Il ne faut pas perdre ce qui fait ce que nous sommes. »

Le repas fut servi. La maîtresse de maison n'avait pas soufflé un mot, jetant de temps à autre un regard plutôt antipathique vers le Loup. Au contraire, au fil de la conversation, Nil'nelia sentait son père se détendre et apprécier la conversation. Elle s'enhardit, participant à son tour à la discussion qui tournait alors sur la reconstruction de Fernliae.

« Je ne sais pas s'il est si judicieux de donner vos cristaux aux autorités de Fernliae. Si ce qu'on dit sur les grenades Olympiennes sont vraies, il serait utile d'en fabriquer aussi de notre côté.
- Le développement de Fernliae est très important, père. Sur les fronts, nous manquons horriblement de leurs soigneurs. Sans une ville correctement développée, les sages sauvages ne peuvent enseigner leurs compétences aux plus jeunes. Et puis c'est notre but de les aider.
- Cependant reconnais que lorsqu'ils pourront apprendre ce savoir, les autres cristaux pourraient être mieux utilisés.
Sûrement, mais ce ne sont pas ces quelques cristaux qui serviront. Si nous voulons réellement affronter leurs rangs, il faudrait que nous ayons nous-mêmes de nombreux cristaux. Ce qui n'est pas actuellement le cas. Donc pour moi, la mission de reconstruction d'aide au peuple de Fernliae reste la mission principale.
- Certes cela se défend. »

Les assiettes furent desservies. La seconde partie du repas arriva. C'était une viande en sauce qui avait longuement mijoté. Nil'nelia vit sa mère se levait et s'apprêter à parler. Les premiers mots indiquèrent clairement les pensées de celle-ci.

« Intendant Ereinlen, voilà du sanglier en sauce. Je ne sais pas si vous en avez déjà dégusté de tel, mais c'est tellement plus raffiné que celui rôti qu'on mange généralement dans les bois que vous m'en direz des nouvelles. »

Nil'nelia jeta un regard noir vers sa mère, mais loin de l'arrêter, cela la conforta dans sa position.

« Attention, la sauce est faite à partir d'un vin rouge des coteaux à l'est de Na'helli. Je ne voudrais pas que vos rares beaux habits soient tâchés. »

Elle avait dit cela en souriant, un sourire cérémonieux. Mais elle ne pouvait cacher la lumière d'ironie dans ses yeux. Nil'nelia tenta de changer rapidement la conversation.

« Mère, j'ai vu que tu avais une nouvelle sorte de rose dans le jardin. C'est une de tes créations ? Tu devrais voir la clairière des Loups, elle est magnifique avec ses petites fleurs de toutes les couleurs. Un arc-en-ciel sur de l'herbe.
- Ma femme aime beaucoup les créations florales. En manipulant la magie et les essences, elle crée un nombre incroyable de nouvelles fleurs. Notre jardin en est rempli, ajouta l'elfe. »

Sa mère n'ajouta rien, servant simplement chacune des assiettes.

Elen adressa un sourire légèrement carnassier à la mère de Nil. Les parents de sa compagne, fort peu habitué à la présence d’un membre du clan du Loup chez eux, ne comprendraient probablement pas la signification d’un tel faciès.

« Je vous remercie, madame. Il est vrai que dans nos bois nous n’avons que fort peu le temps de cuisiner des plats aussi délectables. Les clans sont sans cesse mobilisés afin de surveiller les frontières de la forêt des Cendres, aux côtés des Sentinelles et désormais des Jades. »

Il fit une pause pour s’humidifier les lèvres dans son verre de vin. Celui-ci était parmi les meilleurs qu’il eut jamais bus. Encore que certains crus du clan n’étaient pas mauvais, bien qu’un peu râpeux.

« Néanmoins, si je puis me permettre, je vous convie vous et votre époux à venir nous rendre une visite à notre Tanière. Nous vous préparerons quelques unes de nos spécialités. Ce sera très simple, bien sur. Mais je vous promets que la fête qui suivra le repas pourra vous intéresser. Peut-être même vous pourrais-je vous montrer la généalogie des familles du clan qui, je le crois, pourraient vous intéresser. Elles remontent, pour certaines, au premier cycle. »

Il fit une nouvelle pause, pour plonger son regard dans celui de Nil.

« Et, comme l’a dit votre fille, vous pourrez regarder nos fleurs sauvages qui garnissent la clairière. Rien d’aussi ravissant que vos roses, sans doute. Mais peut-être cela vous donnera de nouvelles idées de créations florales. »

Le reste du repas se poursuivit dans un silence gêné, ponctué de quelques banalités échangées entre le père de Nil, celle-ci et le Loup. Elen voyait que ses provocations délibérées avaient eu leur effet sur la mère : il semblerait que l’Intendant la dégoute plus encore qu’au moment où il était entré chez elle avec Nil à son côté.

Enfin, lorsqu’on apporta le dessert, Elen se leva, s’inclina avec un profond respect devant le père de Nil, se redressa, le fixa droit dans les yeux sans ciller et lui tint ce langage :

« Messire, selon les usages, je m’adresse à vous. Je vous prie d’accepter, si vous le voulez bien et si elle consent à cela aussi, de me donner la main de votre fille. Je l’aime de tout mon cœur. Je vous jure de la protéger chaque fois qu’elle en aura le besoin et, comme il est d’usage dans mon clan, de la respecter, de la traiter en égale, de lui donner un foyer sec, propre, chaud et de m’assurer qu’elle ne manquera de rien. Messire, s’il vous plait, je demande votre bénédiction. »

Elen préparait cette demande depuis plusieurs mois déjà. Les propos et l’attitude de la mère de Nil ne lui avaient pas laissé le choix : soit il demandait la main de Nil officiellement à ce moment, soit il s’exposait à de lourdes difficultés en la lui demandant sans l’aval de ses parents. Bien sur, il faudrait aussi que la principale intéressée lui donne son accord, ce qui importait bien plus à ses yeux que celui des parents de la jeune Noble.

Le silence tomba dans la pièce. Nil'nelia sentit son cœur s'arrêter, puis sa joie la submerger. Oui ! Oui ! Pensait-elle intérieurement. Elle jeta un regard implorant du côté de son père. Il fixait Elen, étrangement. Mais il n'y avait pas de haine dans son regard juste de l'incrédulité. Il ne s'attendait pas à cela. C'est alors qu'on entendit une assiette se briser. Les regards se tournèrent vers sa mère. Elle avait lâché l'assiette qu'elle tenait. Sa main tremblait. Mais ce qui terrifia le plus Nil'nelia était son regard. Il n'y avait que antipathie pour l'Intendant.

« Non, mais vous n'êtes pas sérieux ! Vous imaginez pouvoir obtenir la main de ma fille, d'une noble. Vous êtes un elfe des Lunes, vous ne pouvez vous marier qu'avec des elfes de votre rang ! »

Elle allait partir en un discours virulent, lorsque le chef de maison, toujours aussi calme, leva la main, doucement. Il fixa un dixième de seconde la guide des Sylphes avant de se retourner vers Elen.

« Intendant Ereinlen, votre demande est... impromptue et nous prend au dépourvu. Je ne vous connais point assez pour répondre maintenant.
- La réponse est simple, c'est non ! Partez !
- Tais-toi. »

Il avait articulé ces deux mots, insistant sur chacun d'eux, essayant de redonner son calme à l'elfe.

« Je ne peux donner la main de ma fille au premier elfe venu. Mais ma réponse viendra bien assez tôt.
- Je n'ai pas mon mot à dire dans cette histoire ?! »

Nil'nelia s'était précipitée près d'Elen, lui attrapant le bras, enfonçant presque les ongles dans ce dernier, au cas où l'on voudrait lui arracher.

« C'est moi la première concernée.
- Nil'nelia, je donnerai ma réponse demain. Maintenant Sieur Ereinlen, si vous voulez bien nous excuser... Je me dois de réfléchir et ce dans les plus brefs délais. Je suis désolé de vous mettre à la porte ainsi mais votre demande, assez exceptionnelle me force à accomplir un tel acte. »

Tout en parlant, il avait attrapé les affaires du Loup et lui tendit. Machinalement, ou peut-être avec sagesse, l'elfe les attrapa.

« Aux premières lueurs de l'aube vous aurez ma réponse. »

Nil'nelia regarda tour à tour son père et Elen estomaquée. Elle n'eut même pas l'idée de dire oui ouvertement à Elen, tellement perdue. A quel jeu jouait son père ? Elle prit le bras d'Elen, lui signifiant qu'il ferait mieux de suivre ses conseils. Ses parents eurent la décence de les laisser seuls. Sur le pas de la porte, elle prit le visage du Loup entre ses mains. Des larmes coulaient le long de ses joues. « Oui ! Mille fois oui ! Quoiqu'il dise, je te rejoindrai demain. Je t'aime, je t'aime ! »

Elle sanglota. Elen allait parler. Elle posa un doigt sur ses lèvres, l'empêchant de dire quelque chose. La joie pétillait dans ses yeux. « Guette mon arrivée, à n'importe quelle heure de la nuit. Rien ne pourra m'empêcher de venir. Aucune magie ne pourrait même me retenir. Va ! » Elle l'embrassa et le serra dans ses bras. « File, j'ai une conversation à avoir, et elle ne sera pas des plus amicales. Mais elle est nécessaire... »

Elle ferma la porte doucement, cherchant dans le regard de son futur le courage d'affronter son passé.
Sa mère était dans le salon, et discutait à voix basse avec son mari. Ils n'avaient pas l'air tout à fait d'accord mais Nil'nelia ne prit pas la peine d'attendre qu'ils aient fini de parler.
« Mère ! Pas de réponse de celle-ci. Maman ! » Elle se retourna. On pouvait lire de la colère dans ses yeux. Nil'nelia jeta un coup d'œil à son père. L'aspect était différent. Il leva les yeux au ciel et elle ne sut si c'était bon ou mauvais pour elle.
« Nil'nelia, tu te rends compte ?! J'avais appris pour vous deux mais jamais je n'aurais imaginé que tu le ramènes chez nous, pour qu'il fasse une telle demande ! Es-tu sérieuse ? Tu jettes la honte sur notre famille, lâcha-t-elle enfin.
- La honte ? Tu as reçu dans ta maison l'Intendant du clan du Loup, l'une des personnes les plus importantes de tous les Forestiers, l'elfe des Lunes le plus instruit, plus que de nombreux nobles et surtout, c'est sur moi que tu jettes la honte.
- Comment oses-tu ? Si les Impériaux n'avaient pas été si fort, notre Reine n'aurait jamais permis à cette engeance d'avoir une telle importance.
- Qu'en sais-tu ? Nous sommes frères nous sommes tous ses enfants et ce n'est pas parce qu'ils voient la vie différemment que tu dois les traiter ainsi. Sans eux, cela ferait bien longtemps que nous n'existerions plus !
- Je suis d'accord avec toi, ils ont leur utilité mais nous ne devons plus nous mélanger.
- Nous mélanger ? Tu les considères comme de la vermine. De telles paroles pourraient t'apporter le courroux de notre Reine. Et c'est l'elfe que j'aime en plus. Je suis une représentante de Notre Reine et pour la première fois je... tu... » Toute sa colère s'affrontait à son éducation, lourdement ancrée dans son caractère. « Tu... tu me fais horreur. »
Voilà, elle l'avait dit. Sa mère s'arrêta, stupéfaite par ces paroles. Nil'nelia, sans attendre une réponse courut dans le jardin et s'effondra sous l'arbre pour y déverser ses larmes. Elle avait pourtant tant espérer convaincre ses parents. Elle entendit des pas derrière elle et la main de son père se posa sur son épaule.
« Nil'nelia... » Sa voix était calme et teintée d'inquiétude. « Ma petite Nil... » Elle daigna enfin le regarder, essuya ses larmes qui avaient fait couler son maquillage. « Ma petite Nil, j'ai demandé à ta mère de monter dans sa chambre, je lui ai dit que j'allais te parler, mais à vrai dire je ne sais pas trop comment commencer.
- Toi aussi tu ne veux pas d'Elen.
- L'Intendant Ereinlen est... mieux que ce que je ne pensais.
- Tu le penses vraiment ?
- Oui, je ne comprends pas vraiment comment vivent les elfes des Lunes, mais il me paraît quelqu'un de bien. Ces paroles durent lui coûter un effort surhumain.
- Si tu les connaissais, peut-être ne les jugerais-tu pas ainsi.
- J'ai été éduqué pour les dénigrer mais depuis le Réveil, j'en ai rencontré quelques-uns. Certains correspondent à l'idée que j'avais d'eux, mais certains m'ont fait douter. L'Intendant Ereinlen est l'un d'eux.
- Alors pourquoi ne dis-tu rien à maman ?
- C'est plus compliqué que ce que tu penses et ce n'est pas à moi de t'en parler. J'aime ta mère et je t'aime aussi et je suis tiraillé ce soir...
- Moi aussi je suis tiraillée entre ma famille et lui... »
Il la regarda et un sourire apparut sur son visage.
« Je sais que tu feras le bon choix. Ta mère a un sacré caractère, tu en as hérité. »
Elle sentait qu'il voulait lui dire quelque chose. Pour la première fois il lui parut vraiment humain. Elle n'avait jamais parlé de cette manière avec lui.
« Père, je l'aime et je sais qu'il est le bon...
- Si c'est le cas, alors... vas avec lui. Ta mère ne comprendra pas et te reniera... J'en suis convaincu même si au fond de son cœur elle t'aime. Je devrais te dire de ne pas revenir... Ce ne sera pas de gaieté de cœur, mais tu sais comment nous nous comportons, nous les nobles. J'ai eu plus de chance que... »
Il ne finit pas sa phrase.
« Quoi ? Qu'allais-tu dire ?
- Je ne peux rien te dire. Sache que quoi que tu fasses, je t'aimerai. Je te laisse encore le choix. Soit tu restes, soit tu pars et tu perds ton nom et ta place dans notre famille. Mais si tu choisis cette route, j'aurais plaisir à te revoir, même si cela doit rester secret. Je t'aime Nil. J'ai vu dans tes yeux que ton choix était déjà fait. Je vais tenter de raisonner ta mère mais c'est peine perdue. Si tu veux en savoir plus, retrouve ton Oncle et dis lui que tu veux savoir. Si tu insistes il te parlera. Maintenant file prendre tes affaires. J'essaierai de te faire parvenir le reste lorsque les choses se seront un peu calmée. Je vais retenir ta mère pour éviter une nouvelle scène. »
Il lui embrassa le front et lui sourit. Elle n'avait plus face à elle le Noble connu de Na'helli mais son père. Pourquoi fallait-il que les siens se comportent ainsi ? Toujours être un peu faux, pour sauver les apparences. Peut-être que les années calmeront la colère dans le cœur de sa mère, mais elle en doutait. Elle avait connu à l'âge de vingt ans un elfe des lunes, un amour de jeunesse. Sa mère, alors que rien de particulier s'était passé lui en avait parlé pendant quinze autres années alors là...
Elle n'avait plus qu'une chose à faire.

Elle monta dans sa chambre à partir du petit balcon et prit l'essentiel de voyage, ainsi que ses bijoux préférés et la robe de soirée qu'elle portait toujours puis partit en courant de la maison. Alors qu'elle passait le seuil de la porte, elle entendit sa mère crier derrière elle.
« Si tu passes cette porte, ne t'avises plus de revenir. Tu m'entends, si tu passes cette porte, tu n'auras plus rien.
- Au contraire, j'aurais tout, j'aurais Elen, répondit-elle sans se retourner. »
Puis elle sortit et courut vers la sortie de la ville, un flot de larme coulait le long de ses joues. Elen l'attendait.

L’enchainement des évènements avait laissé Elen rêveur. La réaction de la mère avait été à la fois prévisible et risible. Heureusement que les Elfes des Lunes ne s’attachaient pas autant à la pureté du sang sinon le clan du Loup aurait fait massacrer tous les autres clans et la noblesse par la même occasion. Sa lignée se perdait dans les méandres des descendants des chamans du clan.
Il avait marché dans la nuit, comme un automate, quittant la cité qui, tout bien réfléchi, le dégoutait au plus haut point. Ses pas l’avaient guidé presque automatiquement vers la Tanière.

Machinalement, il avait retrouvé le chemin de son foyer. Il passa même devant la sépulture de Kowü.

« Alors, qui de nous deux est le plus taré ? Le fou qui se crois normal ou le saint d’esprit qui se croit fou ? »

Il éclata de rire. Nil avait accepté. Sans même réfléchir, la jeune noble lui donnait sa vie en échange de la sienne. Elle voulait l’épouser, lui.

« J’ai pas mal progressé depuis que tu t’es barré, hein ? Intendant, t’imagines ça toi ? Les Loups qui comptent sur moi presque autant que sur toi. Et bientôt une femme ! Et peut-être des gamins, je sais pas. Et t’imagines surtout pas que je vais faire comme toi. Je renonce pas aux miens, moi ! J’me barre pas quand ça devient dur ! »

Il soupira. Il aurait aimé que son mentor assiste au mariage. Il aurait même adoré. Les parents de Nil l’empêcheraient sans doute de se marier en ville. Elle devrait probablement se marier comme un Loup. Et il n’y avait plus de Chaman pour faire la cérémonie. Peut-être que le vieux s’en chargerait.

« Bon, allez, j’te laisse. Ca m’a fait du bien de causer avec toi. On devrait faire ça plus souvent… »

Il alla s’installer sur une pierre, guettant l’arrivée de Nil. Lorsqu’il entendit les pas feutrée de la magnifique elfe, il se leva d’un bond et couru à elle. Il l’enlaça si brusquement qu’il lui fit lâcher toutes ses affaires. Elle était venue.

« Nil… Je… Je suis désolé pour ta famille. J’en avais assez des allusions de ta mère sur mon clan. Je ne pensais pas faire ma demande ainsi. J’imaginais laisser plus de temps à tes parents pour m’accepter. Mais elle ne m’a pas laissé le choix. »

Nil acquiesça, demeurant silencieuse. Elle devinait qu’il n’avait pas fini, sans doute.

« Nil, avant que nous ne continuions, je veux que tu saches quelque chose à mon propos. J’ai déjà été fiancé. Jamais marié, mais déjà fiancé. Avec une Sigdilite. Une Olympienne. C’était il y a longtemps. Mais elle est partie avec la destruction de la ville. Elle est sans doute décédée elle aussi. Et aujourd’hui, c’est toi que j’aime. Je voulais que tu saches… Avant que je… »

Il s’interrompit : il lui laissa le temps de digérer l’information, laissant glisser ses doigts dans sa chevelure douce et soyeuse. Il sentait le cœur de sa compagne palpiter contre son torse. Les minutes qu’il lui alloua pour se remettre de ses émotions lui semblèrent être des heures.

« A présent, je vais faire cela comme il est d’usage dans mon clan : pas de parents, pas de familles, juste toi, moi et l’avenir. »

Il s’écarta d’elle, posa un genou à terre et croisa le regard de la femme qu’il aimait.

« Nil’Nelia, aucun mot ne peut exprimer à quel point je t’aime. Tu m’as montré que la noblesse ne provenait pas que d’un simple titre : elle provient du cœur. Et tu es la femme la plus noble que j’ai jamais rencontré. Je sais à quel point ce que je vais te demander va être dur, pour toi, ta famille et ceux qui seront les témoins du déchirement que cela va provoquer. »

Il se saisit de la main gauche de la jeune femme avec sa main gauche, glissant l’autre dans sa poche et se saisissant d’un anneau de bois qu’il avait taillé et sculpté lui-même à partir du chêne sacré du clan du Loup. L’anneau en lui-même restait tout ce qu’il y a de plus simple, dans la tradition des anneaux de fiançailles du clan du Loup. Il présenta l’objet devant l’annulaire de la jeune femme, restant en suspens tout en disant ces mots.

« Nil’Nelia, veux-tu partager le reste de ton existence avec moi, pour qu’à jamais je puisse veiller sur toi, t’aimer, te protéger, échanger nos joies et nos peines et qu’à jamais nos destinées soient entrelacées ? »

Lorsqu'Elen la serra dans ses bras, elle se sentit défaillir. Déjà la dispute avec ses parents disparaissait. Elle avait tenté de les raisonner, maintenant sa vie lui appartenait.. Comment sa simple présence pouvait-elle la rendre si heureuse.

Elle acquiesça aux premières paroles d'Elen. Elle avait trouvé d'ailleurs qu'il avait fait preuve d'assez de patience vis à vis de sa mère et à vrai dire, les paroles de son père l'avaient rassurée. Même en secret, il serait là pour elle. Il n'y avait rien à ajouter.

« Nil, avant que nous ne continuions, je veux que tu saches quelque chose à mon propos. J’ai déjà été fiancé. Jamais marié, mais déjà fiancé. Avec une Sigdilite. Une Olympienne. C’était il y a longtemps. Mais elle est partie avec la destruction de la ville. Elle est sans doute décédée elle aussi. Et aujourd’hui, c’est toi que j’aime. Je voulais que tu saches… Avant que je… »

Une boule se serra dans sa poitrine. Elle avait déjà surpris quelques bribes de cette histoire, lors d'une discussion avec Calith, mais ne savait pas réellement ce qu'il s'était passé. Mais qu'importe. Elle l'aimait tel qu'il était et peut-être était-il ainsi grâce à cette Olympienne. Aujourd'hui, elle était sûre de ses sentiments. Ses yeux ne mentaient pas. C'était tout ce dont elle avait besoin. Et lorsqu'il posa un genou à terre, elle plongea son regard dans le sien. Un frisson la parcourut. Elle entendit sa voix, dans le lointain. C'était magique. Jamais elle n'oublierait cet instant. Elle n'était pas spécialement émotive habituellement mais de nouveau des larmes lui arrivèrent aux yeux.

« Nil’Nelia, veux-tu partager le reste de ton existence avec moi, pour qu’à jamais je puisse veiller sur toi, t’aimer, te protéger, échanger nos joies et nos peines et qu’à jamais nos destinées soient entrelacées ? »

« Je... Je... Oui Elen, je le veux ! »

Elle rit un instant d'un rire nerveux lorsqu'elle sentit l'anneau remonter le long de son doigt. C'était fait. Leur destin était lié, quoiqu'il puisse arriver. Elen se releva. N'y tenant plus, elle lui sauta au cou. Ce n'était peut-être pas conventionnel, mais à vrai dire, elle n'en avait cure.

« Elen, c'est sûr, c'est bon je ne rêve pas ? souffla-t-elle dans le creux de son oreille. »

Je le redis, vraiment super =)
J'ai adoré lire cette histoire !
Mais surtout Félicitation.

« Je... Je... Oui Elen, je le veux ! »

Elen sentit son corps se détendre à ces mots. Il l’avait trouvée. Il allait enfin partager sa vie avec la femme qu’il aime. Plus jamais seul, plus d’abandon. Elle serait avec lui pour toujours. Sa fiancée... Et bientôt son épouse...

« Elen, c’est sûr, c’est bon je ne rêve pas ? » souffla Nil dans le creux de son oreille.

Il posa ses lèvres contre les siennes, dans un long et tendre baiser. Puis, lorsque leurs visages s’éloignèrent, il pinça doucement la peau des hanches de sa fiancée.

« Je ne crois pas que tu rêves... Tu ne t’es pas réveillée ! »

Il l’embrassa derechef. Ensuite, il l’aida à rassembler ses affaires, sans un mot, gardant simplement son regard soudé au sien. Enfin, lorsqu’elle eut toutes ses possessions dans les bras, il la souleva du sol doucement, et l’emmena dans la tanière sans quitter son regard.

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De la chaleur, tout contre lui. Ses mains caressèrent de longs et doux filaments. Il sentait un souffle d’air chaud contre son torse, et le contact d’une main sur son torse.

Il ouvrit les yeux et elle était là. Contre lui.

Il l’avait déposée sur le lui la veille et s’était assis tout à côté d’elle. Incapables d’échanger verbalement, ils s’étaient embrassés tout en s’allongeant. Puis, leurs corps enlacés, ils s’étaient allongés. Enfin, rompus par les émotions de la soirée, ils s’étaient endormis l’un contre l’autre.

Il la regarda dormir jusqu’à ce qu’enfin elle ouvre les yeux.