Les branches frappaient son visage de petits coups secs. Il sentait que le stress s’emparait du groupe, ils se savaient repérés, et au loin résonnait déjà les cris des premiers combats. Ils marchaient tous vers une mort certaine, c’était prévu, mais la mort précoce de Sahool les avait ramenés à la dure réalité, l’enfer les attendait.

Encore des cris ! Ils pressaient le pas, mais la foret, ultime allié des « verdeux » continuait de les ralentir. Son visage était écorché et du sang commençait à couler, la sueur, quant a elle, troublait sa vue, il s’arrêta pour s’essuyer les yeux, il n’en pouvait plus, Gareth le dépassa, Akylla était assise sur ses épaules, en passant elle lui mi une petite tape et lui souffla un « courage Kiamus ». Il leva la tête, le soleil était en train de se coucher, ses rayons devenus rouges comme le sang inondaient le ciel. C’est un signe, Ares le regardait, il en était sûr, il n’a pas le droit de le décevoir. Kiamus ferma les yeux et se rappela le serment qu’il avait fait…

Ce soir là, restera gravé à jamais dans sa mémoire, cette nuit où il a choisi son destin. Il venait de rentrer de son voyage aux ruines d’Ordenum où il avait cherché en vain les restes du temple d’Ares, Il s’était installé dans une vieille maison abandonnée de Lardanium avec sa servante Ahinya. Tous les deux étaient allongés sur le carrelage froid et usé de la demeure :
- Tu te souviens du nain que nous avons rencontré sur le voyage du retour ? je n’arrive pas à me rappeler de son nom. Il se tourna vers la lutine l’air perplexe.
- Je crois que son nom était Gourlx maître, mais vous parlez bien de ce nain complètement ivre qui disait que lui et son groupe de guerriers allaient devenir des héros ? Kiamus approuva d’un signe de tête. Mais c’est du grand n’importe quoi ! Il parlait de traquer tous les héros de guerre elfe, tous les traitres à l’empire pour les tuer de façon ignoble et raconter le massacre sur la place publique ! Maître, ce nain est un dangereux criminel en devenir ! Si les elfes n’existaient pas il s’en prendrait aux nôtres.
- Ahinya peux-tu me dire ce que tu penses de Lardanium ?
- C’est une ville de plus en plus paisible où il fait bon vivre.
- Oui, c’est vrai. On oublierait presque que nous sommes en guerre contre les forestiers. Les gens essaient d’oublier des conflits qui ne sont pas encore terminés, ils cherchent la stabilité en période de troubles. C’est une honte ! Je ne sais même pas s’ils n’ont pas oublié l’existence du grand Ares! La colère commençait à l’envahir.
- Mais maitre, si vous vous associez avec un tel danger public vous perdrez votre honneur!
- Peu m’importe mon honneur! Il leva le poing. Je te fais le serment solennel, que je briserai la tranquillité de l’empire. Je te promets que chaque traitre ne pourra plus s’endormir sans cauchemarder, et que chaque ennemi de l’empire versera son sang. Pour la gloire de l’impératrice et du grand Ares !
- Si vous rejoignez cette organisation, je viens avec vous maître !
- Kiamus lui sourit. Seul Hades pourra me libérer de toi, ma brave Ahinya !
- Comment s’appelle le groupuscule de ce nain maître ?

Kiamus sortit de sa léthargie et se mis à courir, peu lui importait la douleur provoquée par le fouet des branches, peu lui importait son sang dégoulinant sur son visage, et la morsure de la transpiration sur ses yeux, il s’arrêta seulement quand il vit la cité des forestiers. Il dégaina son sabre et se mis à hurler de tout son être, jusqu'à ce que sa gorge semble se fendre :

- Tremblez vermines ! Les chasseurs d’immortels sont à votre porte !!

L’agitation était énorme, partout la population essayait de se mettre à l’abri. La peur, les cris et les larmes avaient envahi Fernliae. La peur était une arme bien plus effroyable qu’une épée, mais Kiamus ne l’aurait jamais crue aussi efficace, les femmes couraient s’enfermer chez elles en en oubliant presque leurs enfants qui pleuraient dans la rue.

Mais très vite tous se calma, la désertion des rues avait dévoilé quelques guerriers qui les regardaient lui et Gareth d’une façon on ne peut plus mauvaise, dans leurs yeux se lisait la haine, ce qui était normal vu les circonstances, leurs ville était attaquée et l’ennemi venait d’y entrer. Au centre de la cité on pouvait voir des cadavres qui gisaient sur le sol, vestige du passage d’Alraïk

Kiamus se tourna vers Gareth, celui-ci lui souriait, ils savaient tous les deux ce qui allait se passer, ils s’étaient entraînés des dizaines de fois, Gareth allait choisir une cible et ils l’attaqueraient tous les deux, le seul moyen d’être efficace serait de vite se débarrasser des adversaires un par un. Il régnait dans la ville un silence annonciateur d’une terrible tempête. Déjà les mages préparaient leurs sorts, un mélange de rage et de peur commençait à envahir Kiamus, il devait se concentrer pour empêcher sa main de trembler. Gareth poussa un hurlement et chargea, la danse allait commencer. Une danse rythmée par le fracas des épées sur les os, et par les cris de douleur et de rage.

Le combat dura pendant plusieurs jours, mais cela ne comptait plus, plus rien ne comptait pour kiamus, sinon voir couler le sang de ses adversaires. Lui et Gareth se savaient perdus, leurs adversaires étaient beaucoup trop nombreux, ils comprirent que des renforts étaient arrivés. Mais rien ne calmait la rage des deux chasseurs.
Un sort frôla Kiamus pour venir frapper Gareth à la poitrine. Celui-ci tomba en silence, un petit sourire aux lèvres, il était mort. Kiamus regarda autour de lui, il était le seul survivant. Tous les autres chasseurs d’immortels étaient morts. Il hurla « Pour Ares et pour l’empire » et chargea.

L’affrontement mena Kiamus à la porte sud de Ferniae où il mourut. Il usa son dernier souffle pour écrire sur celle-ci avec son propre sang : imaginez ce qu’aurait accompli une armée. Tremblez.