Elevation spirituelle | |
Topic visité 572 fois Dernière réponse le 03/02/2011 à 20:36 |
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Le jour se levait sur Olympia. Les rayons des deux soleils commençaient déjà à percer le feuillage de la forêt des Cendres. On pouvait y apercevoir quelques elfes s’extirpant doucement de leurs rêves, une petite tête d’écureuil sortir d’un tronc d’arbre. La douce mélodie sifflotée par les oiseaux était chaleureuse et enivrante. La forêt, qui se réveillait tranquillement, baignait dans une atmosphère sereine et reposante. C’est pourquoi Thunziel ne put s’empêcher d’avoir un pincement au cœur quand il dépassa la lisière, il se retourna afin de lancer un dernier coup d’œil vers la forêt. Alors qu’il commençait à tourner la tête, il aperçut le chêne auprès duquel il avait eu cette discussion importante avec son Intendant, il y a déjà quelques temps.
*** Thunziel était allongé et regardait vers le ciel, songeur, tandis que, non loin de lui, Calith était adossé contre un chêne, le regard fixé sur l’archer. Thunziel, j’ai quelque chose d’important à t’annoncer. Hum, oui ? De quoi s’agit-il ? Comme tu le sais, les elfes du clan des Faucons peuvent, s’ils le souhaitent, partir à la rencontre de Cherug, aux Monts de la Désolation. Je pense que tu seras bientôt près à faire ce voyage. Thunziel se redressa et regarda son Intendant. Il n’en revenait pas, cela faisait des années que personne n’y avait été. C’est la première fois que Calith lui parlait de cette épreuve, il devait en profiter pour en apprendre davantage. Peux-tu m’en dire plus sur ce qui m’attendra ? C’est à toi de le découvrir, ce périple est diffèrent pour chaque Faucon qui s’y est aventuré. Mais sache que cette épreuve modifie profondément tous ceux qui s’y hasardent. Profondément et de manière irréversible. La réponse qu’il avait eu, était très énigmatique. Habituellement cela ne le dérangeait pas, mais là il aurait aimé en savoir plus, pour pouvoir se préparer convenablement. Il tenta une dernière question qui n’eut pas plus de succès. Quand serais-je prêt ? Tu le sauras, ne t’en fait pas. Calith ne s’était pas trompé. Quelques semaines plus tard, Thunziel avait ressenti une nouvelle énergie dans son corps et cette énergie le poussait. Vers quoi ? L’elfe ne l’avait pas compris aussitôt, mais il ne pouvait pas ignorer ce qui vibrait en lui. Il était prêt, tout son corps le clamait. Il était prêt ! Il ne put contenir le cri de joie qui montait en lui. Quelques elfes se retournèrent vers lui, ne comprenant pas pourquoi il se mettait à crier comme ça. Ils le dévisagèrent telle une bête qu’il faut enfermer. Ces maudits Luneux n’ont aucune réserve, dans mon temps… Thunziel sourit malgré lui. Il avait encore énervé un de ces Elfes Nobles qui restaient bien assis sur leurs principes, malheur à celui qui essayait de les lever. Il essayait de faire des efforts, mais son impulsivité prenait toujours le dessus. Un sourire encore plus large se dessina sur le visage de l’elfe. Pas besoin de se retenir là où il partira, il sera libre d’agir comme bon lui semble, pas d’efforts à fournir… Enfin pas d’efforts à fournir pour contenir son impulsivité. Thunziel ne se méprenait pas, il savait que son voyage n’allait pas être de tout repos. |
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Calith marchait d'un bon pas, le vent pour seul compagnon, dans l'immense plaine séparant Fernliae de Na'Helli. Chose rare, Tiamath n'était pas avec lui. Leurs objectifs divergeaient cette fois-ci, et surtout, il avait un autre Faucon à prendre sous son aile. Un Faucon qui devrait bientôt prendre son envol dans les Monts de la Désolation et qui aurait grand besoin de soutien avant de se lancer. Thunziel lui semblait très prometteur, malheureusement il n'avait pas d'Adrakil pour le suivre scrupuleusement et une seule solution demeurait donc : Le pousser hors du nid pour qu'il effectue son premier vol.
Il n'était pas rare, dans ces Monts, de voir un Faucon chuter durant son ascension difficile. Les chances de survie restaient minces pour ceux qui n'avaient pas la force de s'accrocher. Et si les hauteurs étaient un danger incommensurable, ce n'était rien à côté de l'épreuve du climat. La chaleur étouffante rendait chaque mouvement difficile et mettait à mal l'endurance et la volonté d'en découdre des jeunes Faucons. Elle ne s'arrêtait de les faire souffrir qu'une fois la barrière des nuages passée. Calith savait tout cela de par son expérience, mais il ne doutait pas des capacités de Thunziel qui saurait très certainement se montrer à la hauteur, pour ainsi dire. La forêt des Cendres se dessinait au loin quand Nivalis revint à lui. Il tendit son bras ganté pour permettre à son vieux compagnon de se poser sans heurt. Quelques piaillements sonores lui firent comprendre que l'oiseau avait trouvé quelque chose d'intéressant. En quelques battements d'ailes, son fidèle éclaireur reprit de l'altitude et décrivit quelques cercles au dessus d'un regroupement d'elfes, à l'orée de la forêt. Un mince sourire lui échappa en reconnaissant Thunziel, le jeune Faucon semblait débordant d'énergie et prêt à en découdre. Il ne pouvait espérer mieux. On dirait que le moment est venu, Thunziel. Je vais t'accompagner jusqu'aux abords des Monts de la Désolation. Ensuite ... Il marqua une pause, comme pour lui laisser le temps d'assimiler. Son regard devient plus grave alors que Calith croisait les bras. Tu devras continuer seul. N'oublie pas de t'équiper convenablement. Ne t'encombre pas, prends uniquement le nécessaire à ta survie et pense aux conditions climatiques, à la dureté de l'ascension. Je te laisse méditer dessus, à toi de choisir ce qu'il te faudra pour parvenir à ton objectif. Des questions ? L'elfe se retournait déjà, prêt à repartir. Il répondit à sa propre question avant même de laisser la parole à Thunziel. Non. Et bien, en route ! |
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Cela faisait déjà trois jours que les deux Faucons avaient prit la direction des Monts de la Désolation. Thunziel avait été surpris quand il comprit que son Intendant ferait un bout du voyage avec lui. C’était une des premières fois qu’il allait se retrouver en sa compagnie, et la première fois qu’il serait seul avec lui. Il en était fier, si fier que sur le coup, le jeune faucon en oubliait la dureté de ce qu’il l’attendait.
Durant ces quelques jours de marche, aucun problème n’était survenu. C’est pourquoi Thunziel se contentait d’observer Calith, il semblait tellement plus sage que lui, tellement plus fort. Après quelques essais de conversation, le jeune elfe avait compris que son compagnon n’était pas de ceux qui discutent pour ne rien dire, contrairement à lui… Il continua donc à observer, à noter les choses qu’il devrait améliorer. Son attention se portait particulièrement sur les gestes qu’entretenaient Calith avec Nivalis. Thunziel n’avait pas de faucon, il n’en avait pas trouvé ou aucun ne l’avait trouvé. Tout ce qu’il savait, c’est que le jour où il se serait trouvé, il devrait être près à s’en occuper convenablement. Sans prévenir, ses pensées s’envolèrent de l’esprit de Thunziel pour être remplacées par d’autres qui le préoccupait d’avantage. Le sourire habituel qu’avait l’elfe s’effaça petit à petit, son regard généralement joyeux et quelque peu naïf était devenu grave. Sans s’en rendre compte l’elfe s’était arrêté de marcher, ce qui n’échappa pas à son Intendant. Calith posa sur lui un regard interrogateur, c’était la première qu’il voyait le jeune archer aussi perdu, aussi troublé. Lui qui n’avait pas cessé d’être émerveillé durant ces trois jours. Il décida donc de s’assoir et d’attendre que Thunziel prenne la parole, ce qui ne tarda pas. Le son qui sortait de la bouche de l’elfe était faible, comme si les mots qu’il prononçait étaient douloureux. Calith, j’ai besoin de savoir. As-tu connu mes parents ? Thunziel marqua une pause, prit une grande inspiration et expira lentement. Cette bouffée d’air déclencha quelque chose en lui, il ne put contenir toutes les questions qu’ils contenaient. Je ne savais même pas que j’étais un Faucon ! Pourquoi m’ont-ils abandonné ? Pourquoi m’ont-ils laissé seul ? M’as-tu connu lorsque j’étais plus jeune ? Je t’en prie si tu as des réponses donne les moi, Calith ! |
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Contrairement à Tiamath, Thunziel se montrait plus dispersé même si plus observateur. Il oubliait souvent que sa fille avait plusieurs décennies d'avance sur le jeune Faucon, opérant avec une attitude plus automatique et désabusée de par son âge. A l'inverse, Thunziel ressemblait à un oisillon qui venait tout juste de déployer ses ailes, sortant hors du nid. Calith devait régulièrement réduire sa cadence de marche pour s'adapter à la sienne, plus lente. Mais au lieu de l'agacer, son comportement l'amusait.
Nivalis n'était pas du même avis et avait largement pris les devants. Il ne doutait pas que son faucon avait regagné les Monts de la Désolation qui l'avaient vu naître. Elle supportait aisément le climat, comme tous les faucons sacrés. Calith ne se faisait aucuns soucis concernant son compagnon de voyage. Il avait déjà bien à faire avec Thunziel qui semblait s'enfoncer dans de sombres pensées. Fait assez étrange et notable pour exiger une pause dans leur itinéraire. Un sourire triste et nostalgique lui échappa aux vives interrogations du jeune Faucon. Il ferma les paupières, perdu dans ses pensées pendant de longues minutes, rendant quasiment l'attente insoutenable pour Thunziel. Elindra et Elryn, oui. Je les ai connus. Il releva la tête pour fixer d'un oeil perçant le jeune Faucon. Son expression traduisait son sérieux habituel, mêlée d'une pointe évoquant un passé révolu. Ta naissance m'avait été annoncée, par un vieil ami que nous avions en commun. Il paraîtrait qu'ils ont disparu peu après, soit disant sur le champ de bataille. Mais ... Cette version sonnait faux. Ils n'étaient pas des combattants et rien ne les aurait poussés à s'y rendre. La raison devait être autre. Il marqua une pause, le temps de réunir ses pensées. Son regard se fit absent et lointain, alors qu'il se remémorait des souvenirs datant de près de 80 ans. Je ne saurais pas t'en dire davantage, Thunziel. Ils t'aimaient. Elindra et Elryn étaient des elfes généreux et droits. Ils ne t'auraient pas laissés en arrière sans une très bonne raison. |
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Elindra et Elryn, deux prénoms courants chez les Elfes, pourtant une douce sensation de chaleur parcouru Thunziel lorsque Calith les prononça. Aucun doute possible, ces prénoms se rapportaient à des souvenirs, des souvenirs oubliés par le jeune faucon.
Thunziel bascula sa tête vers l’arrière afin de contempler le ciel, la nuit commençait déjà à tomber ce qui le surprit. Il oublia où il était et n’écouta que d’une oreille les paroles de son Intendant. Son esprit plongea dans cette immensité où les lois ne sont pas les mêmes. Il se laissa bercer par les courants, puis essaya de faire ressortir ou d’imaginer une représentation de ses parents. Diverses formes pour la plupart flou se formaient devant ses yeux, aucune ne le satisfaisait. C’est pourquoi il ne put retenir une moue de déception lorsqu’il revint à lui. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne décide de s’étirer comme s’il sortait d’un sommeil de plomb. Il n’avait retenu que quelques morceaux de phrases de ce que lui avait dit Calith. Mais rien qu’avec ça, il avait déjà des dizaines de question à poser. Des dizaines de questions qu’il garda pour lui. En effet, il savait que si son Intendant n’avait rien ajouté, c’est qu’il ne voulait pas en dire plus ou qu’il n’en savait pas plus, ce qui était certainement le cas ici. Thunziel se tourna vers son compagnon de route, ouvrit la bouche puis la referma, réfléchit quelques instants et finit par parler. Je nous ai fait perdre déjà trop de temps, la nuit n’étant pas encore entièrement tombé, je propose que nous continuions notre chemin. Sur ces paroles plus froides que celles habituellement prononcées, l’elfe reprit la direction des Monts de la Désolation, en se doutant bien que Calith n’aurait rien à redire à sa proposition. Quelque chose avait changé au sein de Thunziel, comme si une lumière s’éteignait petit à petit provoquant la perte de cette joie de vivre qui le symbolisait. Le jeune faucon marqua une pause. Cela faisait déjà quelques heures qu’ils avaient reprit la route et avancer était devenu pénible. Chaque pas était une épreuve car l’obscurité dissimulait les nombreux rochers qui prenaient un malin plaisir à se placer devant leurs pieds. Il reprit la route après cette brève accalmie. Seule sa volonté le maintenait debout, mais en contre partie ses nerfs commençaient à lâcher. Il fallait l’avouer, il avait besoin de repos. Pourtant c’était la partie la plus facile de son voyage, l’épreuve en elle-même n’avait pas commencé et ils n’avaient toujours pas atteint le désert. Il fallait à tout prix qu’il cesse de se torturer l’esprit avec ces questions qui le hantaient. Thunziel sentit le souffle de Calith derrière son dos et se retourna. Il avait les traits tirés, visiblement lui aussi avait besoin d’une pause. Il pouvait probablement continuer quelques heures car sa fatigue n’était pas la même. Mais si le jeune faucon lui proposait de s’arrêter, il ne cracherait pas dessus. Je crois qu’il ne sert à rien de continuer, nous avançons trop lentement. Nous pourrions nous reposer ici, qu’en penses-tu ? A moins que je ne me trompe, c’est la dernière nuit que nous allons faire avant d’arriver au désert de Yaacov. Si tu veux me donner plus de détails sur ce qui m’attend où m’enseigner quelque chose, c’est le moment je pense. |
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Le regard fixe sur Thunziel, l’Intendant du Faucon avait attendu sagement qu’il ressorte de ses sombres pensées. Le temps lui aurait presque paru long, à lui qui avait pourtant l’habitude de rester des heures entières en parfaite immobilité. Ce fut vers le ciel qu’il se tourna à son tour, lorsqu’il remarqua le jour décroitre. Ils perdaient du temps, mais c’était aussi nécessaire pour l’accomplissement du jeune Faucon que cette folle escalade. Que voyait-il dans ce bleu infini ?
Quand Thunziel reprit enfin la parole, Calith se contenta d’un bref hochement de tête en confirmation. Il ne se releva pourtant pas pour reprendre de suite la route. Ses sourcils froncés traduisaient une certaine contrariété pas forcément évidente à discerner. La vérité avait toujours mieux valu que l’ignorance à ses yeux. A voir Thunziel, il aurait presque pu en douter. Cette froideur subite ne lui rappelait que trop une autre personne qui avait beaucoup perdu par le passé. Lui-même. Il espérait que Thunziel ne s’enfoncerait pas aussi vite dans les remords. Il éclipsa bien vite ses réflexions, repartant d’un pas vif. Il ne s’était pas attendu à ce que Thunziel fasse preuve d’autant d’énergie. Le Faucon réduit le pas à mesure, autant pour se ménager en prévision que pour repérer son chemin. Nivalis ne volait plus tellement la nuit était dense, il ne pouvait donc plus que compter sur sa vision acérée. Un exercice qui l’épuisa plus rapidement qu’il ne le crut et il accueillit la pause avec soulagement. Il rabaissa sa capuche sans lui répondre, s’occupant de lever le camp et d’alimenter le feu. Son regard s’attarda finalement dans cette mer de sable au loin, trahissant une certaine mélancolie. Cela faisait bien longtemps… Les Monts de la Désolation. Je me suis souvent demandé la signification profonde de cette désignation, mais peu de légendes sont contées à leur sujet, hormis les nôtres. C’est le foyer des faucons sacrés, ceux qui donnèrent le nom de Cherug. Et le mien fut un temps, aussi. Calith marqua une pause. Il était étrange de le voir ainsi, se laissant entraîner par ses pensées. On aurait pu croire qu’il finisse simplement sur ses mots sans en dire plus, mais le Faucon continua son récit sans se formaliser, lui qui était habituellement si silencieux. Je me souviens de cette guerre insensée contre les rebelles. J’avais pris part à ses conflits, la haine au cœur. J’ai tué nombreux des leurs, nombreux des nôtres qui avait trahi, et j’en ai subi les conséquences. J’ai été laissé pour mort après une chute dans ses Monts, une large entaille me barrant les côtes. Je venais de tuer un elfe qui protégeait ardemment ses olympiens, l’un d’eux m’a blessé mortellement, fou de rage. Il secoue la tête, lentement. Ressasser les souvenirs est mauvais, mais ce geste restait gravé dans sa mémoire. Paradoxal. C’est Nivalis qui m’a trouvé. Elle était le faucon de ma victime, je n’ai jamais compris pourquoi elle s’était attachée à son criminel. Ses piaillements et ses cercles concentriques ont attiré l’attention d’un Loup ermite, celui que tu connais sous le nom d’Ash Gillian. Je lui dois la vie. Si ce n’était cette blessure, c’aurait été le climat qui m’aurait achevé. Deux ans à vagabonder dans ces Monts. A manger du serpent et du renard. A guérir lentement. Je n’ai pourtant jamais trouvé réponse, mais peut-être cette expérience en était une en soi. Son regard acéré se fixe sur Thunziel, jaugeant ses réactions. Il soupire finalement et reporte son attention sur le feu de camp, un regard vague perdu dans les flammes. Quand il reprend la parole, son ton a changé. Fais attention, Thunziel. Les Monts de la Désolation t’accueilleront comme un enfant égaré mais seront sans pitié avec toi si tu n’as pas la foi de réussir. Certains en sont morts, ne l’oublie pas. Renonce si c’est trop pour toi. Nivalis t’accompagnera. C’est son domaine, elle saura te prévenir des dangers. Prends-la et prends en soin, c’est une amie chère. Sur ses mots, le Faucon tend la main, Nivalis venant s’y percher naturellement, puis se lève pour la déposer sur l’épaule de Thunziel. L’animal s’agrippe au tissu à l’aide de ses griffes, rendant un regard étrange à Calith sans pour autant revenir vers lui. |
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Thunziel avait écouté le passé de Calith sans rien dire. Il avait été tout d’abord surpris que son Intendant se confie ainsi, lui qui était habituellement froid et assez mystérieux. Ce n’est que plus tard qu’il comprit que les paroles n’étaient pas directement adressé à lui, le faucon se remémorait juste d’anciens souvenirs. Thunziel, voyant les traits tendus de Calith, avait pris conscience que le passé de l’Intendant n’était pas sans douleur. Le jeune faucon écouta encore plus attentivement le passage sur le Mont des Désolations, espérant trouver des indices sur ce qui l’attendait.
L’elfe sursauta, Calith s’était directement adressé à lui et le mettait en garde. Il lui proposait même l’idée de renoncer à l’épreuve ! Thunziel commença à ouvrir la bouche pour lui dire le fond de sa pensée mais rien ne sortit. L’elfe était resté abasourdi aux derniers mots qu’avait prononcés l’Intendant. Plus encore lorsqu’il vit Nivalis se diriger vers lui et se poser sur son épaule. Son regard alla de Calith au faucon avec la bouche toujours grande ouverte. Il devait avoir l’air d’un parfait idiot. Soudainement, le feu de camp émit un craquement sonore, ce qui eut l’effet de sortir Thunziel de sa stupeur. Tu me laisses Nivalis pour l’expédition ? Vraiment je ne sais pas quoi dire ! Je sais que tu y tiens beaucoup… Je te remercie Calith… de ce que tu fais pour moi ! Je suis fier que tu sois notre Intendant. Ne t’en fais pas, ton amie ne craint rien, je t’en donne ma parole. L’elfe réfléchit quelques instants, il avait oublié quelque chose d’important mais il ne savait plus quoi. Il se remémora ce qu’il avait apprit sur son compagnon… pour finir par s’écrier. Je n’y renoncerais pas ! Tout mon corps me pousse vers ce Mont des Désolations. Sans paraître prétentieux, je pense que je suis prêt. Je reviendrais de cette épreuve Calith, quelque en soit la conclusion… Le ton de la voie de l’elfe était sans faille, inébranlable, c’était une certitude pour lui. Pensant qu’il n’y avait plus rien à dire, Thunziel s’allongea près du feu de camp. La nuit risquait d’être très fraiche, il serait stupide de ne pas profiter de la chaleur. Progressivement son regard se perdit dans les flammes, de sombres pensées l’assaillirent, il n’était plus vraiment le même. La discussion sur ses parents bien que courte l’avait profondément marqué. Thunziel ne savait pas pourquoi mais il sentait que sa joie de vivre était parti. Toutefois cela ne l’empêcha pas de s’endormir, il n’avait même pas sentit le regard que lui portait son Intendant. Alors que les deux lunes demeuraient visibles, une ombre se déplaça rapidement dans le camp des deux elfes. Malgré le silence qui régnait, aucun bruit de déplacement n’était perceptible. Lorsque Calith se réveilla, il sentit que quelque chose n’allait pas. Eblouit par les soleils, l’elfe n’aperçut pas directement ce qu’il y avait à voir. Ou justement ce qu’il y avait à ne pas voir. Un léger sourire se dessina sur son visage, ainsi soit-il, pas d’au revoir, pas d’encouragement… Il avait choisi de partir plus tôt. Calith regarda au loin dans la direction qu’avait probablement pris Thunziel pour lui souhaiter bonne chance. Impossible… Abandon… Echec… Trois mots qui revenaient sans arrêt dans l’esprit du jeune elfe. Cela faisait maintenant presque un mois qu’il parcourait se désert. Il était sale, épuisé, affamé... Mais ce n’était pas tout, l’elfe qui était déjà devenu plus froid au début du voyage, avait vu toute sa joie de vivre disparaître. Aucun sourire n’était apparu sur son visage, pas même une esquisse. L’épuisement, la morosité, tout ceci n’était rien par rapport à l’envie de boire que combattait l’elfe chaque jour. Mais ce n’était pas le pire, Thunziel n’avait jamais pensé autant souffrir. Il n’avait même pas osé imaginer qu’un jour il souffrirait du poids de la solitude. Et c’était bien se sentiment qui était le plus dur à gérer pour lui. Il n’avait personne à qui parlait, il n’entendait plus aucun mot. L’elfe serait surement devenu fou si Nivalis n’était pas avec lui. Celui-ci ne quittait jamais Thunziel bien longtemps et quand c’était le cas, il revenait le plus vite possible planer près de l’elfe. Parfois, il se posait sur son épaule pour lui assurer qu’il était toujours là. En effet, le sable empêchait Thunziel de lever les yeux car celui-ci était agressif. Il était donc contraint à avancer en regardant ses pieds. Impossible… Abandon… Echec… Trois mots qui le hanteraient jusqu’à la fin de sa vie, trois mots qui commençaient véritablement à prendre le dessus sur lui. Impossible… Abandon… Echec… Trois mots… La vision de l’elfe commença à se brouiller, il ne voyait presque plus ses pieds. Lentement il sentit son corps plonger vers l’avant. Chute irrésistible. Son visage rentra au contact avec le sable, il le trouvait doux et agréable, triste ironie. Ses yeux se fermèrent, acceptant se moment de paix et de soulagement. Au moins allongé sur le sable, son dos ne le faisait plus souffrir, il n’avait plus besoin de baisser sa tête. |
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J'adore ![]() J'aime beaucoup l'évolution du personnage. En plus, on sent l'amélioration de l'écriture. C'est vraiment plaisant ! Et puis, les idées sont plutôt pas mal, on ne s'ennuie pas, c'est très fluide et intéressant. Mon passage préféré c'est le dernier paragraphe (si je peux nommer ça paragraphe). Disons que j'apprécie beaucoup les phrases courtes (ou groupes nominaux pour les pointilleux ![]() Continue comme ça ![]() |
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Thunziel courait vers Na’Helli, il était pressé d’annoncer la nouvelle à son Intendant et à ses amis. Il avait réussi l’épreuve ! Ashka… se mot était riche de signification. L’elfe arborait un sourire radieux longuement disparu. Il sentait l'air frais sur son visage et cette sensation lui prodiguait un bien fou. Il bifurqua vers l’Est et aperçut enfin les portes de la ville. Thunziel n’en croyait pas ses yeux, ils étaient tous là… Tous ses amis étaient sortis pour le féliciter. Alors qu’il continuait à s’approcher, l’elfe comprit que quelque chose n’allait pas. Il y avait beaucoup trop de Forestiers devant les portes. Mais ce n’était pas tout, ils étaient armés et leurs visages paraissaient désespérés. Il ralentit sa course… Que se passait-il ? Le faucon n’en croyait pas ses yeux, un homme sauvage venait de tomber à la renverse, un javelot plantée dans son cou. Tout au long de cette observation, l’elfe avait continué de courir et était maintenant au niveau de ses compagnons. Ceux-ci ne le remarquèrent même pas, trop bouleversés par la scène qu’ils apercevaient. Thunziel tourna lentement la tête dans la même direction, avec la peur de ce qu’il allait voir…
Deux Impériaux se tenaient devant un arbre et tenaient apparemment une pince. Le faucon regarda plus attentivement l’elfe attaché contre l’arbre et reconnut la couleur de la tunique. Son regard monta légèrement, Calith… c’était Calith qui était ligoté contre l’arbre. Thunziel hurla et chargea vers les Impériaux. Il venait de comprendre avec horreur que les barbares voulaient arracher les yeux de son Intendant. Aveuglé par la rage, Thunziel se précipita vers Calith sans même regarder autour de lui. Il ne sentit pas le premier carreau d’arbalète, le deuxième lui fit l’effet d’un petit picotement, le troisième, une morsure… Sa vison se brouilla une nouvelle fois et lorsqu’il rouvrit les yeux, il était allongeait dans le sable... L’elfe caressa Nivalis. Sans ses coups de bec, il serrait surement mort en délirant. Durant la traversée du désert, Thunziel avait eu le temps de comprendre la signification des piaillements du faucon. C’est pourquoi lorsqu’il entendit Nivalis, il comprit qu’il n’était désormais plus très loin du Mont des Désolations. L’elfe ne savait pas si cet endroit était plus vivable que le désert de Yaacov, mais il se rappelait les paroles de Calith. « Deux ans à vagabonder dans ces Monts. A manger du serpent et du renard. » S’il y avait des renards, il y avait surement une source d’eau. Cette petite hypothèse redonna le courage et l’énergie qu’il fallait à Thunziel pour repartir. Bien que l’espoir fût revenu, la détermination de l’elfe était toujours confrontée à une rude épreuve. En effet, il n’apercevait toujours pas les formes du Mont des Désolations. C’est donc tout naturellement qu’il commença à douter de ce qu’il avait compris. S’il s’était trompé, c’était la fin…la fin ! Sa tête commença tourner. Avancer un pied devant l’autre était de plus en plus dur. L’elfe avait peur, peur d’échouer. Ce n’était pas la mort qui l’effrayait, un elfe du clan des Faucons n’a pas peur de la mort. Non c’était bel et bien la peur de l’échec. Et cela venait du fait que Thunziel ne voulait pas mourir sans finir cette épreuve. Car cela signifiait qu’il ne rencontrerait pas le Grand Faucon. A cette pensée, l’elfe fut parcourut d’un frisson qui lui glaça le corps malgré la chaleur. Détresse infinie. Mais Thunziel n’arrêta pas d’avancer. Il avait bien conscience du fait que c’était sa dernière chance, qu’il n’avait pas d’autres alternatives. Le retour en arrière ? Impossible ! Se laisser mourir ? A quoi bon ! Non, Thunziel avait bien compris que la seule solution pour s’en sortir s’était de continuer à avancer. Il ne devait pas lâcher, pas maintenant. Quelques heures avaient passé lorsque l’elfe distingua au loin, l’incroyable massif qui se dressait devant lui. Il touchait au but… enfin ! La chaleur était désormais moins accablante et le sable moins brulant. Thunziel parcouru l’espace qui le séparait du Mont des Désolations sans trop de problème. Il se laissa tomber d’épuisement et poussa un soupir de soulagement, cette grande masse le cachait du soleil. L’elfe pouvait donc se reposer sans craindre de mourir assécher. La nuit qu’il passa lui permit de récupérer de la fatigue qu’il avait accumulée, durant la traversée du désert. Thunziel décida qu’il devait passer une nuit de plus ici avant de commencer l’ascension du Mont. La journée qui lui restait permettrait probablement de trouver de la nourriture et surtout de l’eau. Une nouvelle journée était sur le point de commencer lorsque Thunziel grimpa les premiers mètres. Il était de nouveau en pleine forme et ses provisions n’étaient plus à sec. La dernière épreuve l’attendait et il était résolu à y arriver. Nivalis était là pour lui guider le chemin, rien ne pouvait l’empêcher d’atteindre son but ! |
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Escalader, un membre du clan des Faucons ne devrait pas escalader ! J’espère de tout mon cœur que cette épreuve me rapprochera de ma nature première ! Un faucon n’escalade pas, il surplombe la montagne, plus haut que tout ce qu’il souhaite. Je ne peux que le regarder et envier. Au moins l’effort que j’ai fournit pour atteindre son repère céleste m’a permit de prendre conscience des entraves de mon corps. Le faucon vole, il est libre. Quelque soit mes capacités, il sera toujours plus haut que moi, plus libre… Qui-qui suis-je ?
Pourquoi toutes ses pensées m’assaillent ? Pourquoi maintenant ? … Je ne sais plus ! Je n’ai jamais su… … Quel est mon rôle ? Pourquoi suis-je ici ? … Tant de questions que je ne sais répondre ! CHERUG AIDE MOI !!! Thunziel haletait, suait malgré la hauteur à laquelle il se tenait. Cela faisait maintenant plusieurs heures que son ascension avait commencé. Il avait pratiquement finit. Mais en aucun cas ce ne fut une partie de plaisir. Il aurait pu chuter de nombreuses fois et par conséquent mourir. Une pierre glissante, une autre instable, des parties délicates… Il avait tout eu, mais le jeune faucon avait triomphé de ces épreuves. Alors que ses muscles menaçaient de céder, crier sans cesse grâce, une légère crevasse était apparue, assez grande pour qu’il puisse se reposer. L’elfe des Lunes avait alors cru que la chance lui souriait enfin ! Mais voilà que des centaines de questions l’assaillaient, mettant en doute tout ce qu’il croyait, tout ce qu’il pensait. Rien n’était oublié, rien n’était épargné. Incertitude. La fatigue mentale ajouté à la fatigue physique provoquèrent un tel état d’épuisement que Thunziel ne put s’empêcher de sombrer dans un profond sommeil. Si profond qu’il ne sentit pas Nivalis s’agripper à son avant-bras. L’elfe se laissa porter par ses émotions, ses pensées. Les rêves, s’était peut être dans les rêves qu’il allait trouver les réponses à ses questions… La réponse… Tout n’était que tourbillon de couleur, le jeune faucon avait l’impression de flotter, tantôt dans du bleu tantôt dans du vert… Rien ne se montrait devant lui, aucune forme connue ne se dessinait. Puis progressivement, Thunziel aperçut ce qui semblait être deux corps bipèdes. L’elfe lutta alors pour se diriger vers ses deux formes qui ressortaient de ce mélange de couleur. Mais rien de ce qu’il fit lui permit de changer de direction, son corps flottait indépendamment de sa volonté. Il stoppa donc ses efforts inutiles et se contenta de regarder droit devant lui. Que pouvait-il faire d’autre ? Mais surtout à qui correspondaient ses deux corps ? Comme pour répondre à cette question, les deux formes réapparurent devant lui, le temps d’une seconde. Malgré ce laps de temps, Thunziel en était sur, les deux corps appartenaient à des elfes. Le jeune faucon essaya de se concentrer pour se rappeler ce qu’il avait vu. Mais aussi brusquement que la première fois les deux elfes firent leur apparition, toujours plus proche. Cette fois, Thunziel ne réussit pas à en apprendre plus. Comme il avait voulu le faire précédemment, l’elfe essaya de se rappeler ce qu’il avait aperçu. Et une nouvelle fois les corps apparurent et disparurent, un peu comme un éclair. C’est à ce moment là que l’elfe comprit, c’était lui qui contrôlait les apparitions. Il y pensait, elles apparaissaient. C’était la surprise qui à chaque fois lui avait fait perdre le contrôle ! La première fois, il y avait pensé sans s’en rendre compte, sans doute une pensée lointaine, involontaire ! Le jeune faucon ferma les yeux et se concentra pour avoir une image la plus précise possible des deux corps elfes. Lorsqu’il les rouvrit, Thunziel comprit qu’il avait réussi. Ils étaient là, devant lui. C’étaient donc des Elfes de la Lune, une elfe et un elfe. Ils n’étaient apparemment pas beaucoup plus grands que lui et possédaient la même chevelure blanche. Les deux elfes se tenaient la main et observer Thunziel en lui adressant un sourire attendrissant. Le jeune elfe tomba à genoux, ce n’était pas possible, cela ne pouvait pas être ses parents. Il se rappela des deux prénoms que lui avait soufflés Calith. Elryn… Elindra… |
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Pour lui donner raison, les deux elfes tendirent leurs bras dans sa direction. Comme un enfant, Thunziel se leva, trébucha puis se mit à courir pour rejoindre ses parents. Dans un acte tout aussi infantile, il se blottit contre sa mère. Ce sentiment de protection, de famille, était quelque chose qu’il avait oublié ou qu’il n’avait peut être jamais vécu. Une main passa délicatement dans sa chevelure, puis quelques secondes plus tard, une autre se posa doucement mais fermement sur son épaule. Le jeune faucon leva la tête et regarda ses parents. Ils continuaient de lui sourire tout en lui procurant la tendresse qu’il n’avait pas eue. L’archer ne put empêcher ses yeux de s’humidifier sous le poids des émotions. Progressivement une larme apparut, gagna en contenance et glissa lentement le long de sa joue. Elle finit sa descente irrésistible et tomba aux pieds de sa mère.
Thunziel allait désormais vivre l’éternité avec ses parents car c’est lui qui décidait ce qui se déroulait. Il n’avait aucune envie de partir et surtout de modifier cette vision qui lui procurait le bonheur qu’il avait toujours désiré. Il allait pouvoir savourer chaque heure, chaque minute passée avec eux. Comme pour contredire ses pensées, ses parents se mirent à crier pour finir par hurler d’une manière que le jeune faucon n’avait jamais vue. Il sentit un frisson remonté tout le long de son rachis et ne put empêcher les tremblements de son corps. Mais son désir d’aider ses parents étaient bien plus fort que son appréhension. Il commença donc à se diriger vers sa mère qui était désormais allongé face contre le sol submergée par la douleur. Le jeune faucon posa délicatement sa main sur l’épaule d’Elindra et poussa un cri de douleur. Il s’était brulé, le corps de sa mère était brulant au point que des cloques apparaissaient déjà sur sa main. Pire encore, Thunziel aperçut les traits du visage de sa mère tirés à l’extrême sous la douleur, elle était méconnaissable. Il n’en pouvait plus, il ne pouvait plus regarder cette tragédie, il ne pouvait pas perdre une deuxième fois ses parents. Il jeta donc toute son âme pour modifier cette vision, mais cette fois-ci rien ne se passa. Il ne contrôlait plus, il n’avait plus aucun pouvoir. Il ne pouvait pas les perdre une deuxième fois… Thunziel agrippa sa mère et la serra contre lui. Il allait partir avec eux, il n’allait pas les perdre… L’elfe tint bon malgré les marques de brulures qui apparaissaient sur son corps. Il allait mourir avec eux. Au moment où il pensait que tout était finit, ses parents, les brulures, tout disparu. A la place se tenait maintenant un grand Faucon, majestueux. Sur le fait, Thunziel bouillonnant de rage voulut blesser, bruler, tuer cet animal qui lui avait ôté Elindra et Elryn. Toutefois cela ne dura guère longtemps, le jeune elfe était submergé par l’aura que dégagé le Faucon. En plus d’être gigantesque, il dégageait une profonde lumière qui semblait venir de lui. Ses plumes étaient blanches et argentés… Cherug… Ce n’est pas possible… Cherug ? Le regard de Thunziel croisa celui du Grand Faucon. Son souffle en fut coupé. Un échange silencieux était en train de se produire, le jeune faucon ne s’en rendait pas compte mais il apprenait plus que tout ce qu’il avait déjà apprit. Quand Cherug s’envola, l’elfe eut l’impression que cet instant avait duré une éternité. Il se sentait plus serein, plus à même de comprendre ce qui se passait autour de lui. Plus proche de sa nature première peut être aussi. Mais surtout la tristesse et la morosité qui l’avait habité durant le voyage venait de le quitter pour laisser place à son habituel joie de vivre. FIN |