Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Le Pèlerinage solitaire
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Le Pèlerinage solitaire
Topic visité 997 fois
Dernière réponse le 01/12/2010 à 12:13

hs Par Raksha  le 29/09/2010 à 00:51

Chapitre Premier: Les Rivages d'Héliké



Les pèlerinages ont toujours fait partie des traditions parmi les hommes sauvages. Ainsi, le Chant du Renouveau était consacré au pèlerinage du fleuve de Gaia. Pendant 10 jours, alors que la végétation se fait plus présente, le peuple sauvage partait se ressourcer à la source du fleuve de Gaia, en hommage à leur mère disparue. Durant la saison de la Grande Cuvée se tient la fête du souvenir. Cette fête autrefois mineure tient une place importante pour les hommes et les femmes sauvages qui se souviennent des jours heureux de Luminae avant le drame qui précipita sa disparition. Certains aiment à retourner, en cette occasion, sur les terres ayant abrité le berceau de leur espèce.

Les conditions de vie plus rudes à Liae ne permettent pas toujours d’organiser de telles manifestations. Le peuple sauvage est régulièrement victime de raids de la part de groupuscules de l’Empire, que ce soient des baroudeurs partis à la découverte des terres entourant le Refuge ou d’attaques plus organisées, comme celle des terrifiants Chasseurs d’Immortels. La dernière procession s’était déroulée il y a deux ans, en remerciement à Poséidon qui était personnellement intervenu pour la sauvegarde de Fernliae.

Raksha trouvait ce temps bien trop long. Ainsi, était-il intervenu pour renouer avec un des aspects de leur héritage. Le jeune homme sauvage avait proposé un pèlerinage le long de la Rivière de Poséidon, de son aval à son amont. Ainsi espérait-il amené à nouveaux ses pairs à méditer leur foi envers le Dieu des Mers et puis, la rivière entourant leur forêt, les Ombres qui désiraient participées ne seraient jamais trop éloignées du Refuge en cas de menace. Si quelques figures importantes du peuple sauvage comme Saté et Hosl furent attirées par l’idée, Raksha regardait seul les reflets des lunes sur le lac formant l’embouchure de la rivière. Il ne pouvait en vouloir à personne de ne pas s’être présenté au lieu de rendez-vous. Ils étaient si peu désormais et la sécurité ou le développement du refuge mobilisaient la plus grande énergie.

Parcourant les rivages du lac, non loin de la lisière de la forêt, ses pas le menèrent bientôt au cœur du marais d’Héliké, un lieu particulièrement sinistre et à la mauvaise réputation. Ainsi, Hosl lui avait conté les légendes des batailles s’étant déroulées ici. Une guerre entre tous les peuples d’Olympia s’était déroulée pour le contrôle des richesses de la cité engloutie et ses gardiennes, les sirènes, avaient pu se repaître pendant des jours de la chair de leurs victimes. Contrastant avec la vision de Thelxiopé, l’émissaire de Poséidon, Hosl avait livré au jeune homme sauvage une vision monstrueuse de ses créatures aquatiques au charme funeste. Pourtant, Raksha ne pouvait oublier la vision de rêve que la sirène lui avait offerte il y a deux ans quand elle était venue récolter le don de son peuple à Poséidon.

Ah Thelxiopé…

Ce vieux gredin de Shalassan avait organisé un concours de poésie en son honneur… enfin, concours de poésie était un grand mot… Il cherchait surtout à s’approprier les muses d’autrui pour pouvoir lui-même courtiser la belle. Non, jamais Raksha ne lui aurait confié son Verbe… même contre quelques sacs de Ciguë.

Qu’avait-il encore écrit à l’époque ? Raksha y réfléchit quelques instants avant de sortir de sa besace une écorce sur laquelle il avait gravé ses mots et les effleura du doigt dans un geste nostalgique. Malgré l’environnement nocturne qui donnait un aspect encore plus terrifiant au marais, il avança entre les ruines désolées et chercha une pierre comme promontoire. Après tout, les portes du royaume des sirènes étaient le lieu idéal pour déclarer sa fougue. Tribun d’un oratoire fantôme, il commença à déclamer…


:

Thelxiopé...

Lorsque je prononce ton nom,
Mon corps se parcoure de frisson,
Au souvenir de ta vision,
Mon cœur s’étouffe de passion.

Te souviens-tu de moi ?
Au temple des Eaux, mon émoi,
Lorsque mes yeux se sont posés sur toi,
L’âme subjuguée par ta voix.

Viens à moi, Thelxiopé,
Toi que j’aimerais appeler ma dulcinée,
Depuis que tu m’as délaissé,
Le temps me paraît empoisonné.

On dit des sirènes,
Qu’à Héliké, elles ont porté leur règne,
Et que malgré leurs atours de reines,
Elles n’apportent que souffrance et peine.

Mais qu’importe si ta beauté,
N’a d’égale que ta cruauté,
Une fois, nous sommes capables d’aimer,
Ainsi, Thelxiopé, j’ai gravé ma destinée.


Lorsqu’il eut terminé, Raksha s’approcha du plan d’eau le plus proche et abandonna son écorce à l’élément aquatique, en souvenir de ce moment et dans le secret espoir qu’un jour peut-être, ses mots rejoindraient Thelxiopé.

Ainsi commença son pèlerinage solitaire…




hs Par Raksha  le 29/09/2010 à 01:00



Au coeur du marais d'Héliké, un jeune sauvage confesse à la nature son amour pour une sirène.



hs Par Raksha  le 13/10/2010 à 22:15

Chapitre Deuxième : Rencontre au Gué d’Héliké

Inspiré de textes de Felsen, Hosl, Isa Cestia et Raksha



Après avoir livré ses sentiments au vent et à l’eau, Raksha reprit sa route à travers les sentiers boueux d’Héliké pour rejoindre la Rivière de Poséidon. Il avançait d’un pas insouciant, ne se doutant pas que non loin, quelqu’un le suivait. Ce ne fut qu’au moment de quitter les terres d’Héliké qu’il aperçut une ombre sur l’autre rive. A cet endroit, le couvert de la végétation disparaissait pour faire place à de la plaine. Il pu alors distinguer les traits d’une jeune olympienne…



Ce visage ne lui était pas tout à fait inconnu, sans qu’il puisse en être certain. Sans doute l’avait-il croisé lors d’une bataille face à l’Empire comme celle de la Plaine Basileus. Apparemment, elle était seule et ne semblait pas être l’éclaireur d’un groupe plus important. Fernliae allait-elle enfin avoir le repos auquel elle aspirait ? Ou cela constituait-il les prémices d’une nouvelle invasion ? Le sauvage décida dans un premier temps de poursuivre sa route et de s’en tenir à son pèlerinage. Néanmoins, il du vite rebrousser chemin lorsqu’il parut évident que l’olympienne le suivait et qu’elle s’apprêtait à traverser le gué de la Rivière pour pénétrer sur les terres du peuple sauvage.

Il la rejoint rapidement, coursant à travers les branchages à quatre pattes mais se redressa sur deux lorsqu’elle ne fut plus qu’à quelques mètres afin de paraître plus… civilisé. Ses gestes étaient lents pour ne pas paraître hostile et il espérait que son visage ne trahissait pas trop son angoisse.


: « Excusez-moi, madame, mais je crois que vous vous égarez de votre route. En effet, vous vous apprêtez à pénétrer notre forêt et je ne peux que vous déconseillez de poursuivre dans cette voie. A moins que vos intentions ne soient belliqueuses… ? En ce cas, nos Ombres n’hésiteront pas à vous renvoyer vers l’Empire par le chemin des abysses. J’espère donc qu’il s’agit d’un malentendu et que vous préfèrerez votre sécurité à toute agressivité? »

Le ton était cordial mais néanmoins ferme. Raksha restait attentif au moindre mouvement de l’olympienne. Son équipement trahissait son statut de magicienne. D’un geste adroit mais pas particulièrement discret, il sut que sa bourse était vide…

: "Mmm… pas bon, ça. Seuls ceux qui partent en guerre n’emportent pas d’or avec eux… ou alors une seule, pour payer leur traversée du Styx"

Et puis, il y avait ces formes caractéristiques, le tintement des bouteilles dans la besace et cette odeur si particulière d’alcool de patate que les lutins aimaient embraser avec un chiffon.

: "Une incendiaire ? Pourtant, elle n’a pas l’air de premier abord..."

Le léger tremblement du sol qui accompagnait l'arrivée d’un géant de près de 4 mètres de haut, à l’apparence bestiale, sortit l'Ombre de ses pensées. Les choses se corsaient pour le jeune sauvage mais la magicienne eut quelques mots de réconfort pour le géant. Apparemment, ce dernier s’inquiétait avant toute chose pour sa sécurité. Elle se retourna alors dans un sourire crispé pour répondre à Raksha.

: « C’est que… Messire… J’ai eu la chance d’entendre quelques vers de votre poème et l’envie de l’écouter tout entier l’a emporté. Ceux qui voyagent, en ces contrées ou ailleurs, ont des priorités plus… terre à terre. Je ne suis jamais venue ici… »

La gêne embrasa les joues de Raksha lorsqu’il apprit que l’olympienne avait été le témoin invisible de sa déclaration d’amour pour la sirène Thelxiopé.

: "Ainsi, le vent est infidèle…"

L’olympienne balaya du regard le marais, qes chemins boueux formés autour de racines qui retenaient l’humus malgré les crues et ses fleurs étranges qui donnaient un peu de couleur au gris-vert ambiant.

: « J’aurais aimé juste… Enfin… Je comprendrai que cela ne soit pas possible »

Elle sembla hésiter un court instant, son esprit perdu dans les souvenirs du passé.

: « Même un tout petit bout de chemin ? », finit-elle par tenter.

Voila une demande qui était bien singulière… Le jeune homme sauvage n’eut pas le temps de répondre que l’un de ses pairs arriva. Le vieux Hosl, qui avait promis de faire le pèlerinage avec lui arriva d’un pas rapide. Méfiant et n’ayant pas entendu la conversation s’étant tenue quelques minutes plus tôt, il lança lui aussi le même avertissement que Raksha.

: « Ne seriez vous pas un peu loin de vos terres... »

Il jeta un regard sévère sur l’amalgame de peuple.

: « Je suis un pèlerin et ce petit est avec moi. N’imaginez même pas oser lever la moindre main sur lui! »

Le vieux sauvage serra sa canne de marche un peu plus fort. Il tremblait... tremblait de peur, de rage qu’on puisse s’en prendre à son cadet, tremblait d’un mal que seul les vieux connaissent. Mais Raksha savait que chez le peuple damné des dieux, il ne fallait jamais se fier aux apparences... Il était soulagé cependant de ne plus être seul, tant face aux membres de l’Empire que pour son pèlerinage. De plus, l’ancien ermite avait toujours des histoires si fantastiques à raconter sur les légendes du passé. Rassuré, l’Ombre prit néanmoins une décision audacieuse.

: « Mmm… Ca dépend de quel petit bout de chemin vous voulez faire ? Si c’est celui d’où je viens, je crains que je ne puisse accepter. Vos intentions sont peut-être honnêtes mais des groupuscules de l’Empire nous ont causé grand torts récemment. Certains étaient aussi venus sous couvert d’exploration et je ne peux risquer d’autres dérives… surtout qu’au vu de ce que vous transportez sur vous, un affrontement causerait d’importants dégâts à nos jeunes arbres. Le Souffle infernal arrive et notre forêt est plus fragile au risque d’incendie. »

Il indiqua alors une autre direction, celle qui remontait le fleuve par l’ouest.

: « Par contre, nous allons entamer la remontée du fleuve par sa rive gauche pour notre pèlerinage. Ce chemin-là devrait être déjà plus négociable, du moins si c’est de notre compagnie que vous voulez profiter ? »

Les présentations furent alors faites. La magicienne s’appelait Isa Cestia et était chaperonnée par l’esprit de sa grand-mère, Isandre. Le géant se nommait Felsen… le chef des Rocs de Zagnadar… Voila qui s’annonçait intéressant... ou inquiétant. Il était accompagné d’un épouvantail du nom de Berg et d’un lutin du nom de Randall. Un autre soldat de l’Empire rejoignit discrètement le groupe. Ils surent plus tard qu’il s’appelait Yanlos.

Entre méfiance et espoir de croire que cette trêve était possible, le groupe hétéroclite entreprit de remonter la Rivière de Poséidon.




hs Par Raksha  le 13/10/2010 à 22:23



Au Gué d'Héliké, des égarés de l'Empire rencontrent des pèlerins du peuple sauvage.



geant Par Pizgup  le 22/10/2010 à 12:38

Je tombe souvent sur les chroniques bien longtemps après leur publication, mais ce sont généralement des écrits de qualité. Et celui-ci ne fait pour l'instant pas exception.

En attente de la suite



nain Par Farfine  le 03/11/2010 à 11:11

De même, je trouve surtout appréciable le coté screen des personnages qui parlent, ça rend le tout plus facile à suivre, même si je suis plutot habitué à des écrits très classiques.



Farfine.
Héro des nains.
Gardien des Anciens.

hs Par Raksha  le 28/11/2010 à 21:23

Chapitre Troisième – Entre deux rives

Inspiré de textes de Felsen, Hosl, Isa Cestia et Raksha



La troupe hétéroclite avançait paisiblement le long de la Rivière de Poséidon. Lentement, ils apprenaient à se connaître mais jamais la méfiance ne disparaissait réellement. Des années voire des siècles d’affrontement les opposaient, l’ardoise n’était pas si simple à effacer. Bientôt ils arriveraient à leur première véritable halte, le Temple des Eaux où ils pourraient prendre du repos et honorer la grandeur de Poséidon, la divinité à qui était adressé le pèlerinage. C’était la saison des fruits et le temps était agréable…

Hosl, le doyen de la procession, avançait du mieux qu’il le pouvait au bras d’Isa qui le soutenait. Cette attention avait été demandé par Raksha à l’olympienne. Fondamentalement, le jeune sauvage savait que son compère n’avait pas tant de mal à marcher mais il savait aussi qu’il aimait jouer à ce genre de petit jeu et surtout, il aimait la gente féminine. Chaque fois qu’Isa parlait, sa grand-mère la rabrouait pour lui rappeler combien cette entreprise était vouée à l’échec et qu’ils avaient mieux à faire. Hosl observait ce petit jeu avec amusement, tentant de se souvenir s’il n’avait pas déjà rencontré l’ancêtre au cours de ses nombreuses années d’existence. N’arrivant à rien de concluant, il laissa voyager sa canne jusque dans les jambes du géant qui servait du garde du corps à la magicienne de l’Empire.


: « Dite moi mon grand gaillard, Felden? Felblem? Marsel? Ah, excusez-moi, l’âge apporte les inconvénients de l’audition et de la mémoire »

L’homme sauvage s’arrêta un instant pour caresser sa longue barbe.

: « Où en étais-je? Ha oui... Mon grand, pourriez vous prendre mon sac, un solide gaillard comme vous ne devrait avoir aucun mal a prendre les affaires d’un vieil homme pour l’aider! »

Sur ces mots il désigna son sac assez lourd, peut être même trop pour un ”faible” vieil homme. Le géant sembla quelques peu agacé des paroles de l’homme sauvage, mais il lui répondit dans un premier temps avec un grand sourire.

: « C’est FEL... SEN l’ancien, Fel comme félicité et Sen comme sénilité voilà deux mots que tu dois connaitre sans vouloir te vexer. »

Il se mit à rire d’une voix grave quittant pour quelques secondes la voix douce des géants de l’eau.

: « Allez pour me faire pardonner, je m’occupe de ton sac Hosl, tu seras plus à l’aise pour cette balade. »

Le géant se rapprocha du sac et le souleva avec un peu de mal.

: « Dis-donc qu’est ce qu’un vieil homme transporte là dedans? »

Hosl ne lui répondit pas. Il avait déjà entamé une nouvelle discussion avec Isa sur la grande sagesse des conseils des ainés. Derrière le chef des Rocs, des petits éclats de rire parcourent l’épouvantail doué de vie, Berg. Felsen fit semblant de ne pas entendre ce que venait de dire Randall…

: « Il a fier allure le chef des Rocs, le célèbre Marsel, porte bagage de son état... »

Tout le groupe avait entendu la raillerie du lutin mais personne ne prit l’audace de partager le rire de l’épouvantail de peur de fâcher l’impressionnant géant de l’eau. Les dieux furent témoins que cette tâche fut sans doute la plus difficile de toute leur épopée. Ce fut Hosl qui, sortant sa pipe, enjoint Raksha à mener plus en avant la troupe.

: « En avant mon ami, et comme le disait cet étrange lutin vert : ”Oneuh ze rooode aguène!” »

: « On’zeraudeuguène alors ! »

Mais plus loin, une longue épine enveloppée d’une aura magique fendit l’air, cherchant à atteindre Isandre. La vieille femme l’aperçut du coin de l’œil et eut le temps de bander sa volonté. Il y eu le bruit aigu d’un choc contre un vitrage imaginaire et l’espèce de projectile fut renvoyé à l’expéditeur, l’égratignant au passage. Ensuite vinrent des flashes lumineux sensés aveugler l’Olympienne invoquée, mais elle les anéantit aussitôt. Elle s’amusait d’une si faible maîtrise de l’art magique, même si Isa crut percevoir un instant dans le regard de son ancêtre quelque chose de beaucoup plus sombre. L’agresseur était une autre Ombre protectrice de Liae, Nil’Arkae.

Alerté de l’incident par Felsen, Raksha se porta à la rencontre de l’Ombre. Ils eurent quelques échanges de paroles discrètes mais il était évident que Nil’Arkae désapprouvait ce que lui racontait le jeune sauvage. Il finit par se résigner et disparaître dans la nature environnante. Raksha revint avec un petit sourire gêné vers les autres pèlerins. Il était vrai que le sauvage n’avait pas prévenu ses supérieurs, ni les autorités de Fernliae de ses invités.


: « Bon bein voila qui est arrangé... J’espère que nous n’aurons plus d’autres incidents du genre mais normalement, le mot va se relayer parmi les Ombres que votre présence est... tolérée dirons-nous. »

Son sourire devint franc quand il reconnut les branchages qui se profilaient à l’horizon. Il désigna un point que sans doute, nul autre que lui et Hosl ne connaissait.

: « Ce n’est pas tout cela mais nous nous rapprochons du second gué donnant accès à Liae. »

Il se rapprocha de Felsen afin de lui conter une petite histoire qui pourrait peut-être l’intéresser.

: « C’est un endroit que j’ai autrefois arpenté avec un géant de l’eau... enfin, une géante... Est-ce que le féminin de géant est bien géante? Bref, peut-être que vous la connaissez? Elle se nomme Notunato et nous avions pu discuter quelques lunes de nos conceptions religieuses différentes: le culte de Poséidon pour moi et -=EAU=- pour elle. Elle recherchait un remède pour votre Oracle. Je n’ai jamais vraiment su comment s’était terminée cette histoire. J’avais envisagé en apprendre plus sur -=EAU=- un jour en visitant Zagnadar mais la bataille de la plaine Basileus a mis un terme à ce projet. Peut-être qu’un jour, j’oserais écrire à nouveau une lettre à Fenrir Tirak… »

A la mention du nom de la géante, la magicienne olympienne camoufla son embarras. Si elle avait entendu parler d’elle, c’était justement en tant qu’assassin de l’Oracle de Zagnadar mais elle laissa le soin à Felsen de gérer ce qu’il comptait dire de ce qu’il s’était passé. Ce dernier était lui visiblement troublé. Il répéta son nom à demi-mots.

: « Notunato… Notunato… »

Au fur et à mesure, des souvenirs, pour la plupart douloureux lui revinrent : la mort de l’Oracle, la disparition de Pharamond, la bataille sanglante contre Kharok et ses zombies qu’il avait tué de ses mains... Felsen reprit tout même ses esprits après ce moment de trouble et poursuivit.

: « Oui je la connais, elle fait partie des Rocs désormais, ce n’est peut être pas la meilleur recrue au combat mais elle apporte cette touche de féminité si rare chez les géants. On dit effectivement géante au passage, et chez vous parle-t-on de femme sauvage? Pour ce qui est de l’épisode de l’Oracle puisqu’il est tristement célèbre pour cela sur Olympia, elle n’a fait qu’agir pour le bien de notre peuple... »

Le géant laissa un nouveau blanc, il se souvenait avoir protégé la géante des coups de ses congénères suite à son estocade fatale sur Hardaway... Raksha lui ne comprenait pas tous les sous-entendus mais il perçut le désarroi du chef des rocs et préféra se taire à son tour. Hosl bondit alors à proximité de son sac pour en extirper un gâteau. Il était temps de laisser le corps et l’esprit se reposer. Demain, ils seraient sur les terres de l’ancien étang de la dernière garde et ils pourraient admirer le Temple des Eaux.



hs Par Raksha  le 28/11/2010 à 21:29



Aux abords du Temple des Eaux, les Pèlerins aspirent à un peu de repos.



hs Par Raksha  le 28/11/2010 à 21:55

Intermède - De l'autre côté du miroir

Texte de Thelxiopé



Toute la forêt, chaque méandre du marais avaient bruissé de la nouvelle : cet étrange groupe qui voyageait en l’honneur de Poséidon.
Thelxiopé suivait leur progression espionnée par les esprits, les animaux, la végétation qui lui ramenaient leurs moindres faits et gestes.

Et tous leurs mots… Elle avait trouvé Raksha charmant mais elle n’avait pas été la seule. Il lui avait fallu convaincre ses sœurs qui vivaient cachées au cœur d’Héliké de ne pas l’enlever pour le dévorer. Car leur goût des arts et de la poésie n’est que les prémices délicats à leur goût pour la chair, lorsqu’elle palpite encore de passion et de terreur mêlées.

Ainsi apparut-elle sur les marches du sanctuaire, ses ailes légères et sa chevelure d’or bercées par une brise tiède. Ici les miasmes du marais n’agressaient plus l’odorat, remplacés par le parfum des fleurs d’eau qui ornaient les bassins du temple, ou d’autres grimpantes qui s’accrochaient aux colonnes, aux murets et coloraient la construction de touches irisées.

Oh elle savait qu’elle ferait son petit effet. C’était sa nature de plaire et d’envoûter. En cela résidait son unique technique de chasse et les Dieux savent que les Sirènes meurent rarement de faim. Mais il avait fallu qu’elle séduise Poséidon sans vraiment l’avoir souhaité. De toutes les Sirènes qu’il avait en son palais, prêtes à satisfaire ses moindres désirs, c’est elle qu’il avait choisie comme émissaire. Aussi avait-elle un peu honte, parfois, de ne pas en être heureuse ou de voir cela comme une entrave difficile à vivre.


: « Ma puce, tu seras mignonne, tu ne mangeras pas mes prêtres », Avait ordonné le Dieu des Mers.

Logique.

Mais frustrant.

Surtout lorsqu’ils étaient aussi appétissants que Raksha. Il avait l’air si jeune et si vif ! Son regard dans lequel elle retrouvait les couleurs de ses rivages natals et son âme sensible prête à se déverser d’amour pour elle ! Non vraiment, quel dommage de ne pouvoir l’emmener, de ne pouvoir décompter une à une les petites taches sur sa peau et les remplacer de gouttes pourpres lorsque ses griffes plus aiguisées que des scalpels traceraient de nouveaux motifs, encore plus alléchants.

Il ne sentirait rien que l’extase alors que ses doigts curieux courraient sur son corps, que ses lèvres gourmandes lui murmureraient qu’il n’était qu’à elle. Elle se ferait plus douce qu’un chat, plus tendre qu’un agneau mais à la fin, lorsqu’exsangue il ne pourrait plus lutter, que son esprit ne saurait plus distinguer ce gouffre de plaisir des portes des Enfers, elle serait plus vorace qu’un loup.


: « B’jour mazelle, cela faisait longtemps... »

La voix d’Hosl la sortit de sa rêverie. Elle lui sourit, jouissant déjà de sa victoire à venir. Car elle savait que ce que lui avait chuchoté Shalassan il n’y avait pas si longtemps ne venait pas de ce vieux roublard-là qui s’était mis dans l’idée de lui conter fleurette bien maladroitement, mais de ce vieux roublard-ci qui se tenait, presque timide, devant elle. Et… Non, elle ne le libèrerait pas de son envoûtement, bien au contraire.

Car il fallait circonvenir le danger. La troupe était nombreuse et si elle se réservait le droit de quelques détours aux consignes de Poséidon – il n’avait rien précisé pour les amis de ses prêtres, elle en était tout à fait sûre – elle devrait d’abord s’assurer de sa sécurité.

La brise se leva davantage et son souffle enveloppa chaque homme d’une aura tiède et confortable. A travers les colonnades et parmi les feuilles agitées, une respiration seulement; puis une autre, une mélodie ensuite, un chant qui enflait de mille voix d’autant de sources invisibles et bienveillantes.

Elle avait un regard, un sourire, un mot pour chacun et ils furent bientôt prêts, si elle leur avait demandé, à jurer sur la tête de leur plus fidèle ami que jamais ils ne lui feraient du mal.

Le guerrier en armure était bien trop caparaçonné pour qu’elle puisse évaluer tous ses atouts. Mais son regard n’était que pour elle.


: « Nous pourrions entrer dans le Sanctuaire, vous vous mettriez à l’aise… », Lui glissa-t-elle lorsqu’il s’approcha.

Au contraire le Géant affichait ses muscles sans vergogne et elle devina dans son attitude un instinct puissant, animal, aussi affûté que le sien… Il avançait, comme un défi à sa mesure.

Elle eut à peine un coup d’œil pour les choses négligeables qui gonflaient inutilement la taille du groupe : une vieille acariâtre, une jeune naïve, un quart de portion – au sens premier du terme – trop bavard et un épouvantail… Un épouvantail ?

Elle prit avec douceur la main de Raksha et guida le groupe à l’intérieur du Sanctuaire.




hs Par Raksha  le 28/11/2010 à 22:00



Au Temple des Eaux, l'émissaire d'un dieu accueille les pèlerins.



Par Google  

hs Par Raksha  le 30/11/2010 à 20:57

Chapitre Quatrième - La Danse de l'Eau

Inspiré de textes de Felsen, Hosl, Isa Cestia, Raksha et Thelxiopé



: « Elle est blonde, et alors ? Vous n’en avez jamais vues ? »

Isa prit une mimique de sa grand-mère, levant ses yeux au ciel. Qu’ils viennent au Havre d’Aphrodite et ils en verraient des blondes, autrement plus magnifiques ! Car Isa n’aurait su trahir celles qui l’avaient élevée et qui plaçaient la beauté, généreuse et sculpturale, au-dessus de tout. Cette femme ne pouvait, par principe, pas être plus belle qu’elles. Voilà qui était dit.

Le petit groupe entra docilement dans le Sanctuaire.


: « En plus elle a du goût… » Fut obligée d’admettre Isa.

: « Mais pas plus que Sœur Alys !» Se reprit-elle, craignant que sa Supérieure ne soit là soudain derrière son dos pour la gronder.

L’endroit été agréable et elle se laissa volontiers tomber sur les coussins gentiment offerts, geste qui fut suivi par ses compagnons de route. C’est vrai qu’ils avaient beaucoup marché. Et puis les sentiers boueux étaient plus fatigants que les jolies plaines herbues que les impériaux avaient l’habitude de parcourir.

De son côté, la présence de Thelxiopé au Temple des Eaux donnait des ailes à Raksha. Le seul fait d’effleurer sa main avait effacé toute la fatigue accumulée au cours de la marche des jours précédents. Chaque note de sa voix faisait frissonner son âme comme si le requiem de la sirène était la plus émouvante des mélodies. Lorsque l’émissaire de Poséidon lui demanda ce qu’il comptait faire pour la suite, le jeune sauvage désigna les coupes de fruits bordant les tapis.


: « Profitez-en. Installez-vous confortablement. Rassasiez-vous pour reprendre des forces. Vous êtes les invités du Temple des Eaux. J’aimerais que nous profitions de ce temps passé ensemble pour tenter de communier, dans le respect de nos croyances respectives. »

D’une révérence, il salua les olympiens présents.

: « Ainsi, le grand Poséidon n’est-il point l’un des membres éminents de votre panthéon ? »

Isa acquiesça. Elle était très croyante et venir en la demeure de Poséidon n’était en rien choquant pour elle. Elle savait qu’il protégeait les Hommes Sauvages sans en connaître vraiment la cause, sinon que ce n’était quelque part, que justice, après ce que les Nains leur avaient faits. Mais les desseins des Dieux sont parfois plus compliqués, ou bizarrement plus simples. Sa grand-mère lui disait souvent qu’ils ne pensaient qu’à eux et qu’elle ferait bien de faire de même si elle voulait s’en sortir dans la vie.

D’un geste ample, Raksha poursuivit. Sa main droite se tourna vers le géant présent.


: « Le nom de ce temple n’inspire-t-il pas un éminent représentant d’-=EAU=- ? »

L’Ombre s’interrompit quelques instants avant de reprendre.

: « Je souhaiterais que chacun d’entre vous prenne le temps d’honorer Celui qui nous accueille. Cela peut être par un geste symbolique comme verser de l’eau sur son autel. Cela peut être par une prière ou un chant. Il n’y a nulle autre contrainte que le divertissement d’un Dieu et de Son émissaire »

Cette dernière phrase avait été prononcée avec un certain respect mais elle laissait entendre que la chose n’était peut-être pas aussi simple que cela.

: « Pour vous laisser le temps de la réflexion, je vous propose mon offrande à Poséidon. J’ai appelé cela la Danse de l’Eau et si cela plaît à ma muse, je serais très honoré d’entendre à nouveau son merveilleux chant pendant ma représentation. »

Raksha monta alors jusqu’au niveau de l’autel du dieu et s’agenouilla un instant en silence devant. Il écarta les bras devant la statue du Protecteur du peuple sauvage.

: « Ô Dieu des Mers,
Puisses-tu te distraire,
De la danse devenant prière »


Il fit ensuite face à ses invités et tendit brusquement les deux bras devant lui, les paumes ouvertes vers le haut, dévoilant sa boule de mana qui se mit à léviter à quelques centimètres des mains du sauvage. Raksha fermât les yeux et se concentra longuement jusqu’à ce qu’un tintement cristallin fut le signal qu’il attendait. La surface de la boule du mana s’était mise à onduler jusqu’à ce que l’objet devienne un orbe aquatique. Alors le sauvage commença une série de mouvements souples. L’orbe devint une trainée d’eau dans les airs qui suivait exactement les mouvements de main du jeune sauvage en de longs mouvements courbes. Les simples mouvements devinrent acrobatie, Raksha jouant de ses sens félins pour donner plus de rythme à sa chorégraphie. De temps à autres, il laissait échapper un rire innocent, tellement ce ballet mystique l’amusait. Pour clôturer, il prit son impulsion pour décoller dans les airs, ses mains formant une vasque au-dessus de lui qu’il renversa en écartant les deux mains d’un geste léger vers le sol, non loin de Thelxiopé. L’eau s’y projeta et explosa en de nombreuses gouttelettes qui, lorsque le sauvage referma les poings, se figèrent dans l’air entourant la sirène et se mirent à éblouir de nombreuses couleurs. Raksha rouvrit la main droite et chaque éclat de cristal revint former l’orbe de mana qui reprit son apparence initiale.

Le sauvage était resté accroupi au sol, attendant la sentence de son auditoire, espérant avoir inspiré ses invités pour qu’à leur tour, ils donnent un peu d’eux-mêmes pour honorer Poséidon… et si la sirène avait apprécié, alors il serait comblé.


: « Ça a de la gueule...»

Hosl fut le premier à réagir. Même si le vieil homme sauvage faisait parti de ces vieux traditionalistes qui ne vouaient de culte qu'à Gaïa et en voulait toujours à Poséidon, il applaudit poliment, assez fort pour montrer combien il était impressionné, mais assez doucement pour ne pas trop troublé la quiétude des lieux qui restaient sacrés...

Isa, de son côté, avait trouvé la danse de Raksha époustouflante. La maîtrise de la boule de mana devait être épuisante mentalement, avec une chorégraphie aussi complexe. Quand elle éclata pour venir ”doucher” de perles de couleurs Thelxiopé, elle ne put s’empêcher de trouver cela fabuleux. Comment ferait-elle pour décrire tout ceci dans sa page du soir ? Son cœur se serra en même temps qu’elle réalisait qu’elle ne pourrait être qu’en dessous de la vérité. Pour tromper sa déception, elle applaudit très fort la performance de Raksha. Ne disait-on pas que le geste parfait est une prière ? Poséidon n’aurait pu faire autrement que l’entendre.

Pour Isandre qui était sans doute la magicienne les plus expérimentée dans le groupe, la maîtrise magique de Raksha rendait presque du miracle une telle manipulation tant elle était brouillonne… et surtout, elle en était certaine, l’objet ne devait pas sortir indemne de la transformation. Certains éclats de cristal n’étaient pas revenus reformer l’orbe, créant ainsi des microfissures dans l’objet qui un jour, perdrait tout pouvoir si le sauvage n’améliorait pas son contrôle. Enfin, il y avait une autre forme d’énergie qui animait l’Ombre… Sa foi ?

Le géant, de son côté, avait observé attentivement la prestation du jeune sauvage. A la fin de celle-ci, il applaudit aussi, timidement, presque par politesse. Le géant n’appréciait guère la magie en général et se méfiait plutôt d’elle. De plus il n’était sans doute pas la meilleure personne pour apprécier la prestation du sauvage, le géant de l’eau n’était pas réputé à Zagnadar comme un grand amateur de danse et de poésie.


: « Voilà un spectacle qui change de l’ordinaire, je suis heureux d’avoir eu l’occasion de voir cela de mes propres yeux. Je ne pensais pas que les hommes sauvages pouvaient être si raffiné ».

Randall et Berg semblaient, eux, beaucoup plus enthousiastes que le géant mais accompagnèrent simplement les applaudissements de ce dernier pour ne pas s’attirer d’ennuis. Il est vrai que la prestation du jeune sauvage pouvait en émerveiller plus d’un.

Thelxiopé n’était pas restée indifférente et avait couvé du regard son beau prince, ne perdant pas une miette de la grâce et de la concentration dont il faisait preuve. Pour scander la chorégraphie, elle tapota simplement sur les bords largement évasés d’une corbeille à fruits. La poterie rendit tout d’abord un son terne puis changea sensiblement et devint une percussion, à la fois dynamique et pleine de nuances, tout à fait digne d’accompagner Raksha. Elle fut surprise lorsque les gouttelettes l’entourèrent puis elle suivit les éclats qui regagnaient les mains de l’Homme Sauvage, ses genoux et ses mains s’enfonçant dans le tapis épais, sur le peu de distance qui les séparait. Elle capta le regard du danseur toujours accroupi, sa main vint caresser sa joue et elle déposa un baiser sur ses lèvres.


: « Mon Maître est satisfait de votre offrande, mon beau prince». Chuchota-t-elle.

Elle se releva doucement et s’adressa aux autres.


: « Si vous désirez prier à votre tour, vous pouvez vous approcher de l’Autel ou de la Vasque aux Souvenirs, comme bon vous semble».

L’Autel avait une forme traditionnelle, gravé d’êtres marins rendant hommage à Poséidon, assis sur son trône au fond de la mer.

La Vasque se trouvait sur l’un des côtés du Temple, devant l’une des entrées latérales et était remplie d’eau qui formait un miroir parfait.

Les abords des deux étaient largement décorés de pots à encens, des coupelles vides, des vases où poussaient des fleurs aquatiques.
Restait à savoir qui accepterait, après la prestation de Raksha, d’honorer également le Dieu des Mers …




hs Par Raksha  le 30/11/2010 à 21:01



Au Temple des Eaux, les Pèlerins communient en l'honneur de Poséidon.



hs Par Raksha  le 30/11/2010 à 22:59

Chapitre Cinquième – Le Temps des Adieux

Inspiré des textes de Felsen, Isa Cestia, Raksha Thelxiopé et Yanlos



Raksha fut tétanisé lorsque Thelxiopé l’embrassa. Il s’agissait de son premier baiser. Son esprit était annihilé par le parfum enivrant de la sirène et son âme était un navire à la dérive qui ne pouvait se repérer qu’aux notes hypnotiques de l’envoyée de Poséidon. C’était à peine s’il arrivait à discerner encore ce qu’il se passait au temple tant tout lui semblait irréel…

De son côté, Isa Cestia se releva et voulut se rendre à la Vasque aux Souvenirs, intriguée par l’objet, elle qui perdait chaque jour la mémoire. Pourrait-elle se rappeler d’une chose importante qu’elle n’avait jamais consignée dans son livre ? Isandre tenta de l’en empêcher.


: « Tu ne devrais pas regarder ma petite, le passé est le passé ». Dit de façon sentencieuse sa grand-mère.

Mais l’occasion était trop belle. Isa marcha jusqu’à rejoindre le perron du temple où se tenait la Vasque et les voix de ses compagnons toujours à l’intérieur lui parvenaient, assourdies. Elle s’aperçut qu’elle ne savait trop quoi dire à Poséidon, sinon le remercier de les avoir laissé fouler les bords de sa Rivière, se régaler de la danse de Raksha. Elle avait lu aussi qu’Ordenum avait longtemps bénéficié du commerce florissant lié à la pêche et ses aïeuls avaient dû échapper à certaines famines grâce à Lui.

Ses pensées revinrent vers la chorégraphie de l’Homme Sauvage et elle le vit dans le reflet de la Vasque, dansant pour Poséidon et cette créature à la beauté envoûtante. Elle contempla son sourire radieux et se demanda si elle avait eu ne serait-ce qu’un jour cet air si vivant…

Sa main vint saisir l’appeau de bois accroché à son collier de lierre. Une nouvelle scène apparut. Elle était près d’un palmier, interpellée par un jeune Sauvage; elle entendit leur conversation et le souffle lui manqua. C’était donc lui, Diboan, qui devait la retrouver ? Alors pourquoi n’avait-il jamais répondu ? Toute absorbée à découvrir cette journée dans l’Arène, elle ne s’aperçut pas que le temps filait. Les Titans plongeaient sur l’horizon, bientôt cachés par les arbres de la jeune forêt qui les entourait.


: « Ca suffit Isa! Rentrons! »

Le ton d’Isandre laissait percer l’inquiétude. Quel piège retors que cette Vasque qui renvoyait dans le passé pour mieux déposséder du présent…

: « Tais-toi Grand-mère, je veux savoir ! »

Alors elle fut dans les plaines Basileus. Un guerrier olympien et d’autres de l’Empire traquaient deux silhouettes qui ne leur avaient rien fait et qui tâchaient uniquement de fuir. Elle se vit attraper le bras du guerrier alors qu’il s’apprêtait à mettre à mort sa cible au risque de prendre elle-même un mauvais coup. Elle entendit ses menaces car il était le Grand Pontife et que devant les Dieux, il ne laisserait pas passer un tel outrage à son autorité ! Il avait bondi et achevé sa victime sans qu’Isa ne puisse rien n’y faire.

Elle se souvenait de ses notes : ”Tout ce sang, ma sœur… Tout ce sang…”

Elle recula de la Vasque, horrifiée. Les jambes lui manquèrent et elle s’écroula sur le perron.


: « Il savait, Grand-mère… » Bredouilla-t-elle. « Le Grand Pontife, il était avec nous dans l’Arène… Il connaissait Diboan, il savait que c’était lui… Et il l’a… Alors que… »

Les mots s’entrechoquaient dans sa gorge au point de ne plus pouvoir en sortir.

: « La prochaine fois tu m’écouteras », tança Isandre avant de prendre sa petite-fille dans ses bras.

Elle n’imaginait que trop bien l’élixir empoisonné qui rongeait les veines d’Isa à cet instant précis.

: « Tout le monde vit avec ses drames et ses colères ma petite. Seras-tu reconnaissante, maintenant, de ce don que les Dieux t’ont accordé ? Comprends-tu à quoi tu échappes tous les jours que Zeus fait ? »

Isa hocha la tête, les yeux pleins de larmes, comme un enfant promettrait n’importe quoi après une correction magistrale. Mais dans son fort intérieur, une unique phrase résonnait à l’infini : Qu’ils soient tous maudits…

Felsen, lui, avait ignoré la Vasque qui avait tant troublée la jeune olympienne et se dirigea vers l’Autel. Il regarda alors en direction de son épouvantail qui alla se placer à ses cotés sans un mot. Le colosse mit un genou à terre devant l’autel. Il détacha alors quelque chose de son coup. Il s’agissait du pendentif sacré à quatre branches que portent presque tous les géants. A chaque extrémité de cette croix de bois et de cuir se trouvent une petite pierre précieuse symbolisant les Eléments : rubis, topaze, émeraude, turquoise et au centre, un saphir pour Zagnadar. Il prononça ensuite ces quelques paroles à l’encontre du Dieu des mers.


: « Dieu Poséidon, je suis ici en paix. Moi et cet épouvantail nous ne sommes que d’humbles serviteurs d’-=EAU=-. Lors de mon rituel de la croix, j’avais déposé des présents sur les autels de chaque élément que j’avais moi même confectionné. N’ayant pas prémédité ma venue ici, je t’offre les vestiges de ce pèlerinage qui m’a lié à -=EAU=- à tout jamais et l’une des choses les plus précieuses à mes yeux. »

Il posa son front sur le pendentif qu’il tenait à deux mains...

: « J’espère que ce présent pourra sceller les liens entre -=EAU=- et le Dieu des mers. Comprends nos actes passés et soit indulgent envers nous pour la suite. J’espère que ce pacte me permettra de guider la ville géante vers un avenir meilleur. »

Il posa alors son pendentif sur l’autel...

: « J’espère que ta colère envers mon peuple en sera quelque peu apaisé. »

Il joignit alors ces deux mains comme pour prier, ferma les yeux et se mît à murmurer.

: « -=EAU=- unis ton pouvoir à celui du Dieu des Mers et permet à mon oracle, celui qui un jour nous a rassemblé, de retrouver ses forces...

-=EAU=- unis ton pouvoir à celui du Dieu des Mers et permet à mon oracle, celui qui un jour nous a rassemblé, de retrouver ses forces... »


Le géant répéta cette phrase plusieurs fois puis ré-ouvra ses yeux, il se redressa alors et s’inclina une dernière fois en marque de respect; puis il retourna s’assoir avec son épouvantail parmi les autres.

Le guerrier olympien n’avait pas souhaité se vautrer dans les tapis et coussins, non pas que ce ne serait pas confortable, mais il ne pouvait pas se permettre un tel relâchement, peut importe la raison qui l’y poussait. Il avait donc préféré trouver un coussin plus épais et l’utiliser comme siège, son casque et sa lance posé a coté lui. La démonstration du sauvage l’avait quelque peut surpris, bien que ne comprenant pas grand-chose à ces histoires de magie, c’était une des rares fois ou il pouvait observer cette art autrement qu’en combat et même y trouver un certain raffinement. Le rapprochement entre Raksha et la belle Thelxiopé fit naitre quelques pensées de jalousie en lui, le poussant à parader également pour s’attirer ses faveurs, ce qu’il réprima bien vite, il n’était pas la pour faire la cour après tout, il préféra se concentrer sur son offrande, sous pesant sa bourse.


: « Venir en ce lieu et ne pas prier Poséidon frère de Zeus comme il se doit serait un terrible affront … Je n’avais pas prévu ça, j’espère que ma maigre solde suffira à contenter le roi des eaux »

Il chercha à oublier un instant la sirène, se concentrant sur la prière qu’il allait adresser au maitre des lieux l’exercice était bien plus difficile qu’il n’y paraissait, par chance sa voix ne se faisait que peu entendre. Il s’approcha enfin de l’autel.

: « Dieu des eaux, je vous adresse cette prière pour vous remercier de votre bienveillance, du soin que vous apportez à garder nos chevaux forts et en bonne santé, de veiller à la fertilité de nos sols. Je vous prie d’accepter ma modeste contribution de soldat pour vous montrer ma gratitude pour toutes ces attentions »

Thelxiopé ne pouvait s’empêcher d’afficher un certain ravissement. Son stratagème avait fonctionné. Les femmes avaient quitté la salle principale, laissant seule Thelxiopé avec les mâles. Le Géant se leva finalement et ses deux compères aussi minuscules que trop méfiants le suivirent jusqu’à l’autel. Raskha, Hosl et maintenant Sachiël se connaissaient trop bien pour ne pas s’inquiéter les uns des autres. Il ne restait qu’une proie facile, le guerrier à l’armure brillante… Alors qu’elle se passait la langue sur les lèvres, une brise fraîche et iodée fit voleter sa chevelure d’or. Elle fronça les sourcils. L’appel de son Maître était aussi discret, quand il le voulait bien, qu’obligatoire. Il devait bien savoir qu’il lui gâchait ses espoirs, en la rappelant si tôt ! Elle prit un air contrit sans avoir vraiment à se forcer, même si ses raisons profondes n’étaient pas en concordance avec celles qu’elle affichait :

: « Mon beau Prince », fit-elle à Raksha en passant ses bras autour de son cou. Notre Maître souhaite que je le rejoigne, hélas. »

Thelxiopé le regarda tendrement mais elle savourait le dilemme dans lequel Poséidon jetait le jeune homme sauvage.

: « Me laisseras-tu partir ? »

Au prononcé de ce nom, Raksha se retourna vers la Sirène. Il était vrai que l’épilogue de cette histoire, et la suite du pèlerinage, signifierait quitter Thelxiopé... Fallait-il vraiment en terminer? Ne pouvait-il pas tous passer des jours paisibles au Temple des Eaux, contemplant la beauté au quotidien et louant le Dieu des Mers jusqu’à la fin de leur vie? Les sentiments forts du jeune sauvage devenaient poison, drogue... et bientôt, manque?

: « Ma muse, n’y a-t-il rien d’autres que je puisse faire pour honorer notre Divin Maître?”

Si l’Ombre cherchait sincèrement continuer à plaire à Poséidon, il cherchait tout aussi naïvement une opportunité de revoir son émissaire car bientôt, le pèlerinage les mènerait loin, vers la source de la rivière, vers le Radar Bek et le sanctuaire noyé de Kazad A Korog, symbole de la toute puissance du Dieu des Mers.

Excédé par l’affligeant spectacle offert par les mâles du groupe, Isandre s’impatientait et surtout s’inquiétait de voir glisser Isa vers une mélancolie de plus en plus profonde.


: « Allez ça suffit comme ça, tu vas aller travailler aux champs, ça te fera le plus grand bien »

La jeune Olympienne hocha la tête sans un mot et se leva des marches où elle s’était assise longtemps, le regard rivé sur l’onde douce baignant les racines des arbres.

Depuis l’encadrement de la porte qui donnait sur la pièce principale, elle vit le petit groupe qui ne décollait pas de la belle créature... Elle murmura plus qu’elle ne dit, par politesse envers son hôte :


: « Bon et bien... Merci pour votre accueil sur vos terres... A bientôt peut-être... »

Isa doutait que quelqu’un l’eut entendu, tellement occupés qu’ils semblaient l’être. Pourtant, cette phrase venait de raisonner dans la tête du géant. Il se rappela que sa présence n’était due à la base qu’à celle de la jeune olympienne. La voyant partir, le géant sembla retrouver ses esprits. Il hocha la tête comme pour remercier Hosl et Raksha, et, sans un mot, il alla se porter à quelques mètres derrière la jeune olympienne. Si celle-ci avait décidé de rentrer alors il n’avait plus de raison de rester finalement. Lui aussi avait envie de refouler les terres Géantes et Olympienne, tout comme ses deux compagnons qui avaient bien évidemment emboité son pas. Le guerrier olympien leur emboita le pas.

Le départ…

Voila qu’après avoir accompli tant de choses, tout s’échappait. Le temple n’était qu’une étape et voila qu’elle prenait des allures de fin. Les membres de l’Empire retournaient vers leur foyer mettant fin à cette trêve qui prenait déjà des airs illusoires quand on savait que l’Alliance se battait en ce moment-même pour le contrôle des carrières non loin du gué où ils s’étaient tous trouvés. Hosl serait peut-être appelé à retourner au Refuge si le peuple le plébiscitait et puis il y avait Thelxiopé…

La douce sirène était rappelée par le Dieu des Mers et elle semblait tellement souffrir de devoir quitter le jeune sauvage que le cœur de Raksha était pris dans un étau d’épines. Mais la sincérité de l’amour n’occulte pas le serment des allégeances et ce que Poséidon désire, il doit l’obtenir.


: « Ma Muse, je ne suis rien face à notre Maître et je ne peux que le remercier d’avoir pu partager un nouveau moment avec vous et d’avoir pu confesser l’amour que j’ai pour vous. »

Thelxiopé ne se lassait pas des paroles de Raksha. D’ailleurs elle ne s’était jamais lassée d’avoir été ”La Seule” de bien des mortels. La seule pour qui ils voulaient vivre, la seule pour qui ils voulaient mourir. Et même si cela ne durait qu’un temps, que ses charmes envoûtants y étaient pour beaucoup, si leurs mots amoureux finissaient toujours en borborygmes incompréhensibles alors qu’elle se délectait d’eux, c’était une expérience aussi flatteuse qu’enivrante.

Le jeune sauvage sortit alors son stylet et s’entailla d’un geste vif la paume pour faire couler son sang le long de sa paume. Même s’il grimaça un instant de douleur, le poison de la lame ne sembla pas prendre effet sur le sauvage.


: « Mais je le jure sur le Sang et l’Eau, je suis à jamais vôtre et si cet amour devait déplaire à mon Maître qu’il prenne ma vie qui lui est tout autant dédiée »

Elle frémit à la vue du sang sur la paume du Sauvage.

: « Tu ne devrais pas te blesser ainsi, je te crois de tout mon cœur», fit-elle en s’emparant de la main entaillée.

Elle embrassa la plaie, ne pouvant se retenir de goutter le nectar pourpre qui s’en échappait. Mais il restait ce goût acre et vénéneux… Ainsi la lame corrompait-elle son plaisir. Peut-être valait-il mieux pour lui car il n’était pas bon qu’elle s’abandonne à ses instincts. Il aurait été si simple alors qu’ils s’enfonçaient dans le petit lac, l’eau arrivée à la taille, de le faire basculer, le fond boueux ne lui offrant aucun secours. Il l’aurait eu son baiser ! Mais pour le prix de son dernier souffle qu’elle lui aurait arraché.

Raksha se rapprocha alors de la sirène et lui pris une de ses mains pour la mener vers l’étendue d’eau toute proche, là où elle avait autrefois disparue vers le royaume sous-marin. Aux abords de l’eau, il poursuivit sa route et commença à s’enfoncer lentement dans le lac, sans lâcher la main de l’émissaire du Dieu des Mers.


: « Allons-y à présent. Je suis près à m’enfoncer dans l’abyme pour ne pas vous abandonner. Et si mes poumons devaient s’emplir de l’eau du Styx, qu’importe si c’est vous qui m’offrez le dernier baiser… »

Un courant glacial parcourut le lac et les transit en un instant. Thelxiopé retrouva ses esprits et serra la main que Raksha tenait pour l’accompagner dans l’eau.

: « Mon Maître est en colère. Je crois qu’il attend beaucoup de toi. N’échoue pas ou je crains fort que nous ne nous revoyions jamais. »

Elle inspira longuement, son regard perdu vers l’Ouest. Elle porta sa main libre au dessus de son épaule et revint glisser quelque chose dans la paume intacte de Raksha.

: « Garde ceci précieusement. Elle te protègera, au moins un temps… Et n’oublie pas, mon beau Prince… »

Elle l’embrassa furtivement puis lâcha les mains du Sauvage et recula à petits pas. Les flots grignotaient sa silhouette. Avant qu’elle ne disparaisse totalement, Raksha put lire sur ses lèvres ce qu’elle murmura tout bas :

: « Tu n’es qu’à moi ! »



hs Par Raksha  le 30/11/2010 à 23:03



Au Temple des Eaux, tous se quittèrent, même l'Amant et la Sirène.



nain Par Katerina Stakhanov  le 01/12/2010 à 09:30

Quelle superbe histoire d'amour impossible !

Une chronique d'une rare qualité, qui parvient bien à restituer les actions des personnages sur le plateau. Bref, la grande classe.



olymp Par Isa Cestia  le 01/12/2010 à 12:13

Merci à Raksha de nous avoir permis de nous incruster dans son RP et pour son énorme travail de compilation qui rend fort bien !