Par Skalli Oeil-de-Coeur le 01/10/2010 à 13:14 Kazad a Gorog, joyau du Royaume des Nains. Vaste cité minière. Aux sous-sols, au cœur des galeries, retentissent mille et un bruits de pioches, qu’accompagnent joyeusement plusieurs chants de travailleurs. Et leurs grosses voix font frémir la roche. Et le métal cogne. Et cogne.
Et cogne.
Et cogne…
- P’pa…. P’pa, je m’ennuie.
Une toute jeune naine, venue là auprès de son père, fait la moue. Il pose sur elle un regard bienveillant.
- Skalli, ma fille. C’est que tu ne le sens pas encore. Un jour tu le sentiras.
- Sentir quoi ? P’pa, allez, s’te plait on joue ! On remonte !
La petite tire sur la manche du mineur. Il lui sourit.
- Cet endroit est vivant. Il vit en moi, tes frères, ta mère… en tous les Nains. Et bientôt, puce, il vivra en toi aussi.
Quelques secondes s’égrainent tandis que Skalli arrondit sa bouche et ses grands yeux. Elle semble réfléchir intensément. Et puis soudain elle s’écrie :
- N’importe quoi !!!
Son père éclate d’un rire chaleureux.
Et le métal cogne. Et cogne.
Et cogne.
Et cogne...
***
Sous-sols de Kazad a Gorog, quelques années plus tard. Skalli, qui entre dans l’âge adulte, tapote doucement la paroi rocheuse du bout de sa pioche. Son père, juste à côté, la regarde en haussant les sourcils.
- Ma fille voyons, mais allons frappe ! Que comptes-tu donc extraire en t’y prenant ainsi ?
La jeune naine ne frappe pas. Elle s’obstine à tapoter, et semble y prendre un plaisir fou.
- Rien du tout, p’pa. Je n’extrairai rien du tout aujourd’hui, déclare-t-elle d’une voix chantante. Et tu sais quoi ? Demain non plus. Ni après demain. Ni plus jamais !
Triomphante, alors que le mineur manque de s’étouffer, Skalli sort un rouleau de parchemin de sous sa veste. Elle le brandit en l’air.
- C’est signé ! Je me suis engagée ! On fera de moi une Maîtresse de Guerre !
Le pauvre père ne s’en remet pas.
- Tu… tu as signé quoi ???!
- Une Maîtresse de Guerre, p’pa ! J’aurai une hache ! J’affronterai les Sauvages ! Je voyagerai partout ! Je verrai Lardanium !
- Tu as perdu la raison ?! Skalli, je t’interdis tu entends !!! Ton destin est à la mine ! A la mine !!!
Insensible aux vociférations, la jeune naine se met à danser de joie au milieu de la galerie.
- Adieu la mine ! Haha ! Tu m’oublieras vite, la mine ! A moi la vraie vie !
Elle est radieuse. Elle se sent bien. Si bien, enfin ! Le visage de son père a viré au cramoisi, mais elle lui lance un immense sourire.
- Regarde p’pa, annonce-t-elle, ceci est mon dernier coup !
Elle lève sa pioche à deux mains, prend une inspiration solennelle et l’abat de toutes ses forces sur la roche, qui explose sous l’impact.
Un éclat, acéré, lui arrive droit dans l’œil.
Elle hurle.
***
Salle d’entraînement de Kazad a Gorog. Skalli, une hache dans une main, une épée dans l’autre, pare in extremis le coup de son adversaire et profite de la situation pour le déséquilibrer. Il tombe lourdement au sol, lève les mains, s’avoue vaincu.
- Impressionnant. Tes progrès auront été exemplaires, la borgne. Et là, je crois que je n’ai plus rien à t’apprendre.
La naine a déposé ses armes. Elle remet ses cheveux en place, puis resserre le bandeau qui lui masque l’œil droit.
- Plus rien à m’apprendre ? Mais… ça veut dire alors…
- Eh oui, Skalli, te voilà Maîtresse de Guerre ! Toutes mes félicitations !
Skalli saute au cou de son instructeur.
- Oooh, merci ! Merci ! Je… je penserai à vous chaque fois qu’un ennemi de Kazad tombera sous ma hache !
L’instructeur la repousse en riant.
- Ah, ça ma jolie, ça n’arrivera pas de sitôt !
- Hein ? Comment ça ?
- Enfin, Skalli, tu es une femme ! Les femmes ne doivent pas être exposées à la vue d’étrangers, tu le sais parfaitement. Cela vaut aussi sur les fronts.
La naine a du mal à avaler sa salive. Elle pâlit.
- Mais… je croyais qu’une Maîtresse de Guerre…
- Il faut plus que ça pour faire exception ! Non, désormais tu vas pouvoir devenir instructrice. Comme moi. Et crois-moi, c’est un très beau métier.
- Mais je n’ai aucune envie de…
- Un jour tu le sentiras.
- …
***
Chute de Kazad a Gorog. Skalli patauge dans un couloir inondé. Le plancher s’est affaissé derrière elle et le plafond se fissure. La naine essaie de courir malgré l’eau qui lui lèche les genoux. Des cris de détresse retentissent d’en-dessous comme d’au-dessus. La peur au ventre, elle se jette par une fenêtre à demi démolie, tombe au dehors et roule à flanc de montagne.
Un peu plus tard, de loin, très loin, elle contemple les restes de la grande cité des Nains.
Un instant son cœur se serre, il se serre très fort et puis soudain… le serrement s’amenuise. Il disparaît.
Il laisse place à un sentiment de bonheur absolu.
Celui d’être vivante. Plus que jamais.
La naine, remerciant les Dieux, prend la route de Lardanium.
Et cogne.
Et cogne…
- P’pa…. P’pa, je m’ennuie.
Une toute jeune naine, venue là auprès de son père, fait la moue. Il pose sur elle un regard bienveillant.
- Skalli, ma fille. C’est que tu ne le sens pas encore. Un jour tu le sentiras.
- Sentir quoi ? P’pa, allez, s’te plait on joue ! On remonte !
La petite tire sur la manche du mineur. Il lui sourit.
- Cet endroit est vivant. Il vit en moi, tes frères, ta mère… en tous les Nains. Et bientôt, puce, il vivra en toi aussi.
Quelques secondes s’égrainent tandis que Skalli arrondit sa bouche et ses grands yeux. Elle semble réfléchir intensément. Et puis soudain elle s’écrie :
- N’importe quoi !!!
Son père éclate d’un rire chaleureux.
Et le métal cogne. Et cogne.
Et cogne.
Et cogne...
***
Sous-sols de Kazad a Gorog, quelques années plus tard. Skalli, qui entre dans l’âge adulte, tapote doucement la paroi rocheuse du bout de sa pioche. Son père, juste à côté, la regarde en haussant les sourcils.
- Ma fille voyons, mais allons frappe ! Que comptes-tu donc extraire en t’y prenant ainsi ?
La jeune naine ne frappe pas. Elle s’obstine à tapoter, et semble y prendre un plaisir fou.
- Rien du tout, p’pa. Je n’extrairai rien du tout aujourd’hui, déclare-t-elle d’une voix chantante. Et tu sais quoi ? Demain non plus. Ni après demain. Ni plus jamais !
Triomphante, alors que le mineur manque de s’étouffer, Skalli sort un rouleau de parchemin de sous sa veste. Elle le brandit en l’air.
- C’est signé ! Je me suis engagée ! On fera de moi une Maîtresse de Guerre !
Le pauvre père ne s’en remet pas.
- Tu… tu as signé quoi ???!
- Une Maîtresse de Guerre, p’pa ! J’aurai une hache ! J’affronterai les Sauvages ! Je voyagerai partout ! Je verrai Lardanium !
- Tu as perdu la raison ?! Skalli, je t’interdis tu entends !!! Ton destin est à la mine ! A la mine !!!
Insensible aux vociférations, la jeune naine se met à danser de joie au milieu de la galerie.
- Adieu la mine ! Haha ! Tu m’oublieras vite, la mine ! A moi la vraie vie !
Elle est radieuse. Elle se sent bien. Si bien, enfin ! Le visage de son père a viré au cramoisi, mais elle lui lance un immense sourire.
- Regarde p’pa, annonce-t-elle, ceci est mon dernier coup !
Elle lève sa pioche à deux mains, prend une inspiration solennelle et l’abat de toutes ses forces sur la roche, qui explose sous l’impact.
Un éclat, acéré, lui arrive droit dans l’œil.
Elle hurle.
***
Salle d’entraînement de Kazad a Gorog. Skalli, une hache dans une main, une épée dans l’autre, pare in extremis le coup de son adversaire et profite de la situation pour le déséquilibrer. Il tombe lourdement au sol, lève les mains, s’avoue vaincu.
- Impressionnant. Tes progrès auront été exemplaires, la borgne. Et là, je crois que je n’ai plus rien à t’apprendre.
La naine a déposé ses armes. Elle remet ses cheveux en place, puis resserre le bandeau qui lui masque l’œil droit.
- Plus rien à m’apprendre ? Mais… ça veut dire alors…
- Eh oui, Skalli, te voilà Maîtresse de Guerre ! Toutes mes félicitations !
Skalli saute au cou de son instructeur.
- Oooh, merci ! Merci ! Je… je penserai à vous chaque fois qu’un ennemi de Kazad tombera sous ma hache !
L’instructeur la repousse en riant.
- Ah, ça ma jolie, ça n’arrivera pas de sitôt !
- Hein ? Comment ça ?
- Enfin, Skalli, tu es une femme ! Les femmes ne doivent pas être exposées à la vue d’étrangers, tu le sais parfaitement. Cela vaut aussi sur les fronts.
La naine a du mal à avaler sa salive. Elle pâlit.
- Mais… je croyais qu’une Maîtresse de Guerre…
- Il faut plus que ça pour faire exception ! Non, désormais tu vas pouvoir devenir instructrice. Comme moi. Et crois-moi, c’est un très beau métier.
- Mais je n’ai aucune envie de…
- Un jour tu le sentiras.
- …
***
Chute de Kazad a Gorog. Skalli patauge dans un couloir inondé. Le plancher s’est affaissé derrière elle et le plafond se fissure. La naine essaie de courir malgré l’eau qui lui lèche les genoux. Des cris de détresse retentissent d’en-dessous comme d’au-dessus. La peur au ventre, elle se jette par une fenêtre à demi démolie, tombe au dehors et roule à flanc de montagne.
Un peu plus tard, de loin, très loin, elle contemple les restes de la grande cité des Nains.
Un instant son cœur se serre, il se serre très fort et puis soudain… le serrement s’amenuise. Il disparaît.
Il laisse place à un sentiment de bonheur absolu.
Celui d’être vivante. Plus que jamais.
La naine, remerciant les Dieux, prend la route de Lardanium.
Par Thaddeus le 01/10/2010 à 17:34