Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - 20.000 lieues sous Kazad
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20.000 lieues sous Kazad
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Dernière réponse le 30/11/2011 à 15:30

hs Par Raksha  le 01/12/2010 à 21:40

Prologue - La Fureur du Dieu des Mers

Texte d'introduction à la Quête de la Comète, côté forestier



Au 6ème jour de la Saison des Vents, 1979ème année du calendrier elfique…

La terre trembla, secouée comme un prunier par le martèlement de sabots puissants. Le bosquet des confidences était la proie à une venue inhabituelle, inédite. Des chevaux géants, puissants et beaux, tiraient un char non moins impressionnant, fait d’écailles et de cuir, dont les roues d’argent capturaient l’éclat du soleil.


Le dieu Poséidon était là!

Incomparablement grand et impressionnant, le Dieu arborait la barbe longue et blanche du patriarche, mais ne semblait pas vieux pour autant. Bien au contraire, il avait cet aspect d’homme sans âge, mais la perfection et la puissance qui rayonnait de cet être divin niaient tout rapprochement avec les mortels.

: « Forestiers! », lança-t-il, et sa voix tonnait comme l’océan dont il est le maître. « Forestiers, il est l’heure de vous réveiller, tous autant que vous êtes! »

Poséidon scruta l’assemblée avec un regard terrible, si terrible même que l’idée seule de le soutenir était pure folie. L’heure était grave en effet, et le Dieu était dans une telle colère que même les Chevaux Géants qui l’accompagnaient semblaient nerveux.

: « Les Impériaux ont découvert par le biais de Farfine, le Gardien des Anciens, l’emplacement de deux reliques au pouvoir phénoménal. Ils veulent s’en servir pour renforcer leur pouvoir. Il s’agit tout d’abord du marteau de Kardrim. Cette arme est d’une puissance faramineuse. S’ils la retrouvent et qu’ils peuvent s’en servir, pas seulement la ville de Kazad, mais tout l’Empire en profiterait. La seconde relique est le livre des Anciens. Ce livre, c’est la quintessence du savoir nain en matière de runes. Des siècles de connaissances dont les ennemis pourraient se servir pour renforcer leur magie.

Je me fiche de votre guerre. Tout ce qui m’importe, c’est que les reliques se trouvent à l’intérieur de l’ancienne Kazad et qu’ils veulent y retourner. Je le refuse catégoriquement.

J’ai englouti cette ville pour l’exemple, et ça me déplairait très fortement s’ils osaient bafouer mon avertissement. Je vous confie donc une mission. Emparer vous de ces reliques avant eux, et vous serez récompensés. Echouez et….

Et bien, vous voyez bien ce qui emplit le ciel ces dernières nuits. C'est une comète qui se dirige pile vers l'ancienne Kazad. Que vous empêchiez les Impériaux de s'emparer des reliques ou que celle-ci s'écrase sur vos terres ne me ferait ni chaud ni froid... »


Le Dieu n’en dit pas plus, mais claqua la langue de façon autoritaire. Immédiatement, un groupe de chevaux émergèrent comme de nulle part. Puissants, géants, les muscles roulant sous la peau.



: « Je vous confie mes plus beaux pur-sang. Ils vous assisteront durant cette tâche difficile. Montrez-en vous dignes. »

Et sans attendre de réponse, le Dieu remonta sur son char et rebroussa chemin.



hs Par Raksha  le 01/12/2010 à 21:50



Le Dieu des Mers est en colère, quelle cité en pâtira?



elfe Par Ambre  le 05/12/2010 à 20:43

Au début, l'arrivée de la comète m'avait parue jolie. Juste jolie. Là, comme ça, seule dans un ciel paisible, magnifique. Quand Poséidon a parlé, j'ai pris conscience de ce qui nous entourait. Ce n'était pas juste joli. C'était terrifiant. Quasi apocalyptique. Même Le Chien en avait eu des frissons. Il faut dire que si nous n'étions pas à la hauteur de son souhait, il promettait la destruction de Na'helli. La Cité Naine avait disparu sous les eaux, il pouvait bien faire exploser ma ville.

J'aime bien me démener pour améliorer la vie à Na'helli, ou pour venir en aide ou faire plaisir à la Reine. Là, il faut agir contre le mal qui plane au dessus de nos têtes. Et je n'aime pas ça.

Pour changer, je suis dans les premiers arrivés sur place. Dans les montagnes de Radar Bek. C'est comme ça qu'elles s'appellent. Ça doit être du nain. La ville, c'est Kazad A Gorog. Pareil, surement du nain. J'avais osé m'imaginer un paysage atypique mais charmant tout de même … J'aurais mieux fait de m'abstenir, ça m'aurait évité la mauvaise surprise, la déception. Pire, la vision d'horreur. Au dessus de la montagne, le ciel n'est plus le même. Il est rouge. Il est noir. Il est électrique. D'énormes nuages sont rassemblés. La foudre se déchaîne, les rares endroits où la végétation a pu s'immiscer sont carbonisés. Le feu a pris. La fumée s'élève, aussi noire que le ciel. On n'y voit rien. Et je ne suis pas encore arrivée à la montagne. Je crois qu'elle se tient, là, devant moi. Mais qu'on ne peut plus la voir. Il y a simplement ces filets de lumière rouge qui brillent, depuis la montagne jusqu'au sol. Ça sent le soufre.

- C'est de la lave ! De la lave brûlante !

Je suis obligée de crier pour que Le Chien m'entende. La foudre est trop bruyante.

- Reste là, ne va pas plus loin ! C'est dangereux !

Comme s'il ne m'avait pas entendue, Le Chien continue d'avancer, ignorant mes indications.

- Nan, Le Chien. Repars en arrière. Tu n'as qu'à t'assurer que les renforts sont sur la bonne route ! Elen devrait arriver, il est un peu plus au sud, va l'accompagner !

Je poursuis ma route vers la montagne.



el Par Elen  le 26/12/2010 à 15:37



L'affaire de Logdé Pyros venait à peine de prendre une tournure favorable pour le clan du Loup qu'un Sylphe lui porta une missive de la plus haute importance. C'était Thunziel, du clan du Faucon, qui lui faisait savoir que Poséidon avait demandé à ce que les Forestiers se mobilisent aux ruines de l'ancienne Kazad A Gorog.

Elen n'appréciait guère que les Dieux interviennent dans les affaires des Forestiers. C'était toujours de mauvais augure. Il donna alors des ordres adéquats pour que les siens convoient le précieux chargement qu'ils avaient amassés.

Lorsqu'il eut rassemblé des vivres et de l'eau pour faire la traversée du désert en solitaire, il quitta le Gouffre des Lunes. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque émergeant de la galerie et levant les yeux aux cieux, il la remarqua ! Une comète illuminait les cieux nocturnes et étoilés du désert. Cela ne présageait rien de bon...

Il se mit rapidement en route, voyageant de nuit et se dissimulant à l'ombre des dunes la journée. Il ne dormit jamais réellement car la menace de la comète l'oppressait. Elle rayait les cieux et grossissait tous les jours un peu plus. Elle se rapprochait inexorablement de Olympia et ne manquerait pas de s'écraser sur la planète...

Après une vingtaine de jours de marche, alors qu'il arrivait aux abords de la forêt de Fernliae, une silhouette se détacha de l'horizon. Il plissa les yeux mais le soleil couchant l'empêcha de mieux la distinguer. Ami ? Ennemi ? De toute manière, il était trop desséché par sa longue marche dans le désert pour pouvoir combattre.

Il se rapprocha prudemment et l'autre ne fit rien pour l'en empêcher. Au contraire, il lui faisait signe d'approcher.


: « Par ici, Elen ! »

Il s'agissait de l'un de ses esprits qui s'entichaient des Nobles. Elen n'avait jamais compris pourquoi cette magie ancienne demeurait attachée à la Noblesse et non aux Elfes des Lunes qui possédaient des affinités avec le monde des esprits... Peut-être que ses frères étaient bien trop immergés dans les rites totémiques pour que la magie adhère à leur Finyë...

: « Par ici, la montagne n'est plus très loin... »

Il s'arrêta néanmoins pour remplir son outre puis se remit en route, guide par Le Chien, comme il devait l'apprendre un peu plus tard. Son compagnon était d'un naturel causant mais leurs discussions furent loin d'être passionnantes. Ce ne furent que des échanges de banalités.

Enfin il arriva en vue du Radar Bek. La montagne semblait boursoufflée, comme si des bulles de roches étaient apparues. En vérité, lorsqu'il ne fut plus qu'à quelque lieue des contreforts de l'édifice rocheux, il remarqua que de la lave s'échappait de nombreuses fissures qui béaient sur les flancs de l'ancien domicile des nains...

Il rejoignit quelques heures plus tard Ambre, Raksha, Hosl dont il fit la connaissance, ainsi que des créatures offertes par le divin Poséidon pour leur tâche : des chevaux merveilleux...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Elen  le 29/11/2011 à 18:34

Échange épistolaire - Avant l'arrivée au Radar Bek


An 1569 du calendrier du Peuple Sauvage, Saison des Vents, Jour 15, Après midi

Syi ayant exprimé son soutien à notre cause, je la joins à nos missives.

Pour commencer, j’ai reçu, un peu par inadvertance, des nouvelles de l’Empire. Elles ne sont pas bonnes pour nous. La recherche des reliques de Kazad se répand comme une traînée de poudre dans une mine naine dans les différentes villes de l’Empire et autant dire que de nombreuses oreilles écoutent. Nous allons avoir fort à faire car nos ennemis se mobilisent en masse. Je pense d’ailleurs que si les géants ont accepté de se retirer du front non loin de la forêt des Cendres, c’est pour pouvoir rejoindre Kazad plus rapidement.

Ensuite, si nous voulons avoir un soupçon de dignité et montrer que l’Alliance peut compter, il va nous falloir urgemment faire pression sur nos autorités pour rallier le plus de monde à notre quête. Nous avons dans cette liste un consul de Na’Helli, des membres du Cercle des Sylphes et des Sentinelles, ne pouvez pas nous obtenir du renfort? Je fais de mon côté pression sur les Ombres pour qu’elles s’engagent pleinement dans l’aventure.

Finalement, je suis arrivé au pied du Radar Bek et je peux apercevoir les ruines désolées de Kazad. Tout a bien changé... Je ne me souvenais pas des lacs de lave dans les montagnes ceinturant les accès à la cité. A première vue, tous les passages connus sont bouchés. Il va nous falloir explorer la montagne pour rechercher une autre issue. Je songe, pour ma part, chercher un passage via la rivière souterraine. C’est sans doute dangereux mais peut-être que cela peut nous faire gagner pas mal de temps.

Ah oui... Nous avons deux magnifiques pur-sangs qui nous accompagnent pour le moment. Les bêtes semblent particulièrement nerveuses mais emplies de puissance.

Courage, amis, nous pouvons triompher.

Raksha



An 1979 du calendrier Elfique , Saison des Vents, Jour 15, Soir

Messire Raksha,

Je suis en route, et normalement bientôt en vue des contreforts de ces monts érodés par la divine colère de Poséidon. Néanmoins, les Impériaux risquent d’être rapidement sur les lieux.

Si nous venions à nous emparer des objets avant eux, peut-être serait-il mieux de les détruire définitivement. Quand bien même vous les ramèneriez dans l’une ou l’autre de nos cités, ils seraient à l’abri pour un temps. Mais cela pousserait les Impériaux à nous attaquer plus encore qu’ils ne le font.

Vous dite qu’il y a de la lave près des ruines ? J’en ai déjà vu, il me semble, du moins c’est ainsi qu’un géologue de Na’Helli avait nommé cette chose rouge et brûlante qui coulait au fond du Gouffre des Lunes. Et cette lave détruit tout. Peut-être est-ce là une solution.

J’aimerai avoir votre opinion au plus vite sur le sort de ces artefacts, que nous sachions quoi faire le moment venu, si celui ci se présente.

Autre chose, la rivière souterraine vous sera-t-elle ouverte ? Poséidon vous a-t-il assuré la bienveillance des eaux ?

Cordialement,

Elen,
Intendant du clan du Loup



An 1979 du calendrier Elfique , Saison des Vents, Jour 15, Soir

Je suis moi aussi près des montagnes.
Je crois voir un chemin se faufiler entre les coulées de lave. Je pense qu’on peut atteindre la Cité Naine si on le souhaite.

Cela dit, chercher une alternative est une bonne idée. On pourrait ainsi condamner les accès ”normaux” aux Impériaux.

Ambre



An 1979 du calendrier Elfique , Saison des Vents, Jour 16, Nuit

Dame Ambre,

Bloquer les accès à la ville en surface s’avère difficile. Creuser le roc est une activité harassante, croyez moi. Si un jour vous êtes amenée à aller au Gouffre des Lunes, vous comprendrez.

Cela dit, comme je vous l’ai précisé, c’est du sort prochain des artefacts dont il faut se soucier. Les sceller ou les garder ne ferait, à mon sens, que retarder la venue des problèmes. Les détruire me semble être une solution plus permanente.

Cordialement,

Elen,
Intendant du Clan du Loup



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

elfe Par Ambre  le 29/11/2011 à 18:36

: « Ah, je vois que Le Chien a réussi. Il a bien fait de ne pas revenir, ça risque d'être dangereux pour lui. »

J'avais déjà parlé une ou deux fois avec Elen, mais je ne connais pas du tout les deux Sauvages avec nous.

: « Je m'appelle Ambre. J'appartiens à la Tour de Jade. Les autres sont en route. »

Les présentations ne durent pas longtemps. Le temps que le reste des Forestiers nous rejoignent, on doit bien pouvoir faire quelque chose ! J'escalade rapidement la montagne. Je me sens à l'aise sur ces rochers. Ça change des arbres et des racines de ma forêt habituelle, mais c'est pas si mal. Bon, bien sûr, il faut faire abstraction des énormes coulées de lave, de la température nettement supérieure, des nuages de gaz et de fumée qui s'élèvent parfois des roches et de l'énorme comète qui se dirige droit sur nous ...

À mi-hauteur, je crie aux trois autres


: « Hé ! On pourrait monter jusqu'aux ruines de la Cité par là, mais le terrain est très dangereux ! »

: « La ville a été inondée. Poséidon nous a offert son soutien. Je pense que l'on peut passer par la rivière souterraine. Avec un peu de chance, elle nous mènera jusqu'au coeur de Kazad.»

: « Très bien, je redescends ! »

Je prends garde où je mets les pieds et reviens lentement vers le petit groupe. Alors que je suis une sinuosité de la montagne, Elen et les autres se retrouvent hors de mon champ de vision. Je hâte le pas. Un mauvais pressentiment. Ou une intuition. Enfin quelque chose de ce genre. Elen m'attend au bas de la montagne, plus au sud que là où je l'avais quitté.

: « Replions-nous. Hosl et Raksha ont disparu, et j'ai vu des ennemis en nombre au nord. Ils ont déjà tué l'un des Purs-Sangs de Poséidon. Puissent les Impériaux brûler dans la lave ! »



el Par Elen  le 29/11/2011 à 23:07

« Il faut reculer, pour mieux avancer de nouveau en temps voulus. » Voilà ce qu'il avait dit à Ambre. Les deux Elfes s'étaient prudemment éloignés de l'avant garde Impériale, aisément repérable. Ils avaient sitôt envoyé des missives afin de prévenir l'armée Forestière en marche que la place était déjà occupée. Puis ils demeurèrent hors de vue, espionnant et glanant des informations sur les positions ennemies.

La mort de Raksha et Hosl leur faisait certes perdre du temps, mais cela laissait aux renforts l'opportunité d'arriver. Vu l'ampleur des patrouilles Impériales, même le groupe discret qu'ils formaient n'avait aucune chance de se faufiler vers l'entrée traditionnelle de la cité. Ambre tournait en rond, réfléchissant à haute voix :


: « Je crois qu’on n’a pas 20 choix. La rivière me paraissait pourtant une bonne idée pour démarrer, puisque la Cité naine a été engloutie par les eaux. Réfléchissons... Les Nains ont bâti leur ville au cœur d’une montagne.Ils y ont creusé diverses galeries. Ensuite, Poséidon a englouti la Cité. L’eau s’est infiltrée dans ces galeries pour inonder Kazad. Mais alors, pourquoi toute cette lave ? »

La montagne était en effet couverte de rivière brûlante, offense même à Poséidon tant elles étaient opposées à son œuvre divine. L'Intendant ne pouvait s'empêcher d'admirer le spectacle fumant et intoxiquant de la montagne qui illuminait de sa lueur rougeoyante l'encre de la nuit.

: « Cette lave, si je comprends la nature de cette chose d’après ce qu’on m’en a dite, est une émanation de -=FEU=-, un élémentaire du peuple Géant. Nous avons eu un contact avec un de ses émissaires au Gouffre des Lunes, et cela s’est bien passé. Néanmoins, lui demander le service de nous aider dans notre tâche est exclue : il nous a déjà assigné une mission, qui devra être accomplie au plus vite. Il a même donné un accompte substantiel en ressources rares. Quelque chose, donc, a provoqué la colère de -=FEU=-, dans cette région. Peut-être que -=FEU=- s’oppose à Poséidon. Si le dieu nous aide, il est probable que l’élémentaire des Géants tienne à assister les siens. En tout cas, désormais, le chemin vers la rivière nous est barré. Il nous faudra ruser pour l’emprunter. Passer rapidement au travers des rangs ennemis, le tout sans se faire repérer. Et je doute que la chose soit possible. Ils ont vu nos deux infortunés compagnons, ils seront sur leurs gardes. Je pense, Ambre, que lorsque l’armée Forestière occupera les Géants et autres Impériaux, il nous faudra profiter au mieux de cette diversion pour passer par la rivière. »

Les jours suivants, les deux Elfes repérèrent les allés et venus des patrouilles. Ce fut des plus aisé, puisque la troupe impériale était majoritairement composée de Géants balourds tout droit venus d'un front non loin de la forêt des Cendres. Ils purent ainsi se rendre non loin de la rivière pour en observer les eaux fumantes.

Ils constatèrent que le flot continu de lave avait un débit variable, parfois lent et paresseux, parfois rapide et fluide. Et la température de la rivière baissait ponctuellement. Lorsque ce fut le cas, ils hésitèrent. Pour combien de temps cela se maintiendrait-il ? Serait-ce suffisant pour passer par la rivière ?

Tandis qu'ils entre-regardaient, s'interrogeant mutuellement du regard, la terre fut secouée par un nouveau tremblement, et le flot de lave se remit doucement en marche. Une chose était sûre, si l’événement se reproduisait, il ne faudrait surtout pas manquer le coche. Mais quand, exactement, la rivière pouvait-elle être empruntée ? Là était le cœur du problème.

Passer par la rivière semblait être le moyen le plus simple d’entrer dans la ville au nez et à la barbe des Impériaux. Mais l’eau bouillante rendait la chose irréalisable sans user de magie... Magie... Magie... N'était-il pas auprès d'une Noble dont les arcanes manipulaient les éléments?


: « Ambre, possédez vous une connaissance magique vous permettant de refroidir cette eau, localement, pendant que nous nagerions ? Et éventuellement de la réchauffer derrière nous, afin d’éviter que d’éventuels Impériaux ne nous suivent ? En restant proche l’un de l’autre en nageant, votre magie pourrait refroidir localement l’eau et nous permettre de passer tous les deux. »

Les yeux de la jeune femme s'arrondirent tandis que dans sa tête, elle songeait : « Il me prend pour qui au juste ? Une déesse ? Nager dans la lave brûlante que j’aurai refroidie devant moi et réchauffée derrière moi ?! » Elle modéra plus ses propos que ses pensées, pour ne pas froisser son compagnon d'espionnage.

: « Ça pourrait être une bonne idée... Si elle était réalisable ! Je suis bien capable de refroidir une bassine d’eau, mais difficilement de la roche en fusion! Encore moins pendant que je nage ! »

L'esprit agile de Ambre échafauda hypothèses sur hypothèses. Que l’idée lui paraissait bonne ! Si inattendue qu’elle pourrait marcher !

: « Il faudrait trouver un moyen de canaliser la glace que j’invoque ... la stocker pendant un certain temps, et la libérer progressivement pendant qu’on nage. Mais vous connaissez quelque chose capable de faire ça ? »

L’idée en soi semblait excellente. Mais refroidir la rivière par le biais d’un pouvoir de glace tout en nageant serait possible mais très difficile, même pour quelqu’un du niveau d’Ambre ! Il ne pourrait s’agir que d’une solution ponctuelle, car inévitablement la rivière recommencerait à chauffer. Seul un petit groupe de Forestiers pourrait passer. Il faudrait donc être bien préparé avant d’effectuer une tentative et être sûr que les éclaireurs seraient prêts à faire face aux dangers à l’intérieur !

S’il y avait une façon de déterminer les moments où se produisaient les pics de chaleur, le travail serait plus facile pour Ambre, et beaucoup moins risqué. Car, il est clair qu’en cas d’échec, la rivière ébouillanterait tout le monde et renverrait le groupe d’aventuriers chez Hadès...


: « Je vais envoyer une missive aux Forestiers en route afin de réunir leurs idées sur la question car ma connaissance en magie est plus que limitée. Il faut constituer ce groupe d'intervention, et il faut le faire rapidement ! »

Il se mit à griffonner une missive qui expliquait la situation aux Forestiers et qui résumait ce qu’ils avaient entrepris jusque là. Il insistait aussi sur le fait qu’un groupe discret de Forestiers rapide était nécessaire là où ils se trouvaient.



Plus tard, quelque part, non loin de Fernliae

Amallya avait étudiée avec attention le message envoyé par Elen et expliquant la situation aux montagnes de Radar Bek. La solution proposée était envisageable bien qu’extrêmement risquée. La femme sauvage réfléchit à un moyen de rendre l’opération plus aisée. Elle prit un parchemin et une plume et entreprit de répondre aux elfes.


Elen, Ambre,

L’idée d’entrer par la rivière souterraine me paraît être bonne bien que particulièrement dangereuse. Vous risquerez à la fois de mourir ébouillantés et noyés. Je ne puis rien proposer pour le deuxième risque couru mais pour ce qui est du premier je doute qu’un sort de glace suffise à refroidir de l’eau échauffée par de la lave. Tout du moins, les pouvoirs d’un seul magicien ne suffiront probablement pas à y parvenir.

Plutôt que de tenter de refroidir cette eau, n’y aurait-il pas moyen de l’empêcher de chauffer ? Si cette eau chauffe c’est que la lave arrive au contact de la source en un point. Si nous parvenions à découvrir où se situe ce point de contact peut-être pourrions nous empêcher cette lave de se déverser dans la rivière, en bouchant l’arrivée de la lave ou en la détournant. Cela vous semblerait-il réalisable ?

Amallya
Conseillère de Fernliae


La réponse tarda, portée par un simple pigeon qui partit de nuit pour éviter que les Impériaux ne le repère :


Dame Amallya,

Nous avons analysé votre idée. Cela semble jouable : si quelques mages pouvaient refroidir la lave avec quelques en faisant jaillir de l’eau du sol ou en utilisant les sortilèges provoquant le gel nous pourrions y parvenir.

Cela dit, notre problème est qu’il nous faut un groupe restreint de forestiers nous accompagnant. Et une diversion. L’idéal serait que le gros de vos troupes se heurte aux Impériaux tandis que nous passons avec un contingent plus léger.

Je souhaiterai d’ailleurs que vous fassiez partie de ce contingent, ainsi qu’Eladar si celui ci parvenait bientôt sur les lieux. Quatre à six personnes en plus de celles cités (comprenant Dame Ambre et moi-même) devraient suffire. Les autres auront pour tâche de harceler les Impériaux pour les empêcher de réfléchir à la prise de position dans les montagnes ou dans les ruines.

Exécuter ce plan nécessitera d’être plus rapidement sur les lieux que vous ne l’avez proposé.

Je récapitule donc : nous allons figer la lave qui coule dans la rivière si nous en trouvons le point. Ensuite, nous attendrons que le reste de la lave ait refroidi légèrement, donc coule plus lentement, avant bien sur qu’une nouvelle secousse ne fasse rejaillir de la lave chaude, et nous nagerons dans la rivière avec le petit contingent désigné. Pendant ce temps, à l’extérieur, notre armée devra occuper le plus longtemps possible les Impériaux.

Cela vous convient-il ?

Cordialement,

Elen, Intendant du clan du Loup


Après l’envoi de cette missive, Elen décida de se rapprocher de la montagne afin de rechercher l’endroit d’où la lave coulait dans la rivière, en espérant que des failles souterraines ne venaient pas réchauffer le cours de l’eau et que tout cela se passait à l’air libre...

: « Vous m’accompagnez, Dame Ambre ? »

Alors qu'ils allaient partir, un pigeon se posa non loin d'eux, porteur d'un message marqué du sceau des Sentinelles. Eladar avait visiblement anticipé la demande de l'Intendant:


Désolé de ne pas être intervenu avant, j’ai beaucoup à faire ces temps-ci avec les Sentinelles.

Je pense, tout comme Elen, que ce plan est réalisable. Il ne sera pas aisé mais cela semble faisable. Réfléchissons à toute les éventualités et choisissons la meilleure, mais très vite car comme vous l’avez également dit cher Elen, le temps va être la clé.


Je serai parmi vous le plus tôt possible (je suis actuellement au Sud de l’ancienne cité Sigdil).

Je cours aussi vite que possible et pour mettre encore moins de temps je compte enlever mon armure de plate.

Par contre je ne vois pas en quoi je pourrais pour être utile. Il nous faut des magiciens pouvant lancer les sorts Geyser ou Glace comme vous l’avez dit ... Et pour ma part ma connaissance en matière de magie est proche du zéro.

Enfin j’irai là où l’on aura le plus besoin de moi. (hrp : si vous voulez un tank pour encaisser pas de souci mais je crois savoir que Nil’ résiste assez bien et pourrais vous aider dans votre entreprise. Et enfin nos frères auront beaucoup à faire pour occuper les Impériaux).


Je me joindrais donc néanmoins volontiers à votre ”groupe” si vous en ressentez le besoin.


Je vous fais part de mon avancée. A très vite j’espère.

Eladar,
Responsable des Sentinelles


Après la lecture de cette missive plus qu'encourageante, les deux comparses se mirent en route, précautionneusement. La lave éclairait certes leur chemin, mais rien ne les prémunissaient d'un roc mal ajusté ou d'une rencontre avec des Impériaux. Il fallut quelques heures de recherche à Elen et Ambre pour arriver à découvrir ce qu’ils cherchaient.

Ce n’était pourtant pas bien dur. Un pan entier de lave fumante se déversait dans la rivière depuis la montagne. Comme une gigantesque limace rougeoyante, la lave glissait mollement à l’intérieur de la rivière. Le contact de l’eau glacée des montagnes et du magma en fusion dégageait des vapeurs d’eau brûlantes, qui s’élevaient en émettant des sifflements lugubres et stridents. De toute évidence, c’était là le flot le plus important de lave et il faudrait plusieurs mages chevronnés pour le contenir. S’il était enrayé, le résultat serait à la hauteur de l’exploit !

Ragaillardis par leur découverte, ils retournèrent à leur campement, sur les flancs du Radar Bek. Ils avaient mis à profit une cavité creusée par les tremblements de terre. La crainte de voir la voûte s'effondrer sur leur tête était largement inférieure à celle d'échouer et de voir le divin Poséidon se venger sur leurs peuples.

Tard dans la nuit, une nouvelle missive arriva :



Aux principaux intéressés,

J’ai eu vent de la possibilité de rentrer dans la ville naine en passant pas la rivière. Cela me semble la meilleure idée possible. Le chemin serait simple, bien qu’il faudra faire attention aux embranchements et ne pas se perdre dans les courants de lave.

Cependant si l’idée de d’empêcher l’eau d’entrer en contact avec la lave peut sembler être la meilleure solution pour le moment il faut se préparer à rencontrer d’autres soucis. L’eau doit avoir investi la plupart des galeries naines et si celles-ci n’ont pas été rendues totalement inaccessibles, il n’est pas exclu d’y retrouver des coulées de laves. Je ne parle pas des risques d’étouffement et de la chaleur à l’intérieur.
Si vous arrivez à emporter suffisamment d’eau fraîche, peut-être pourrez vous ralentir la lave si vous venez à y être confrontés.

Par contre, je ne sais pas s’il est bien prudent d’envoyer nos meilleurs combattants à l’intérieur. Poséidon nous a demandé d’empêcher les impériaux de s’emparer des reliques et non de nous les octroyer. Notre objectif principal est donc de repousser les forces impériales, lors il serait bon que quelques stratèges restent à l’extérieur. En plus, si nos forces à l’extérieur se font balayer, vous serez livrés à vous même à l’intérieur de Kazad.

Quel serait le plan d’attaque selon vous pour empêcher cela d’arriver? Une diversion d’accord, mais où ? Je pensais que si nous attaquions en venant de l’Est cela aurait l’avantage de ne pas nous couper de Fernliae tout en les écartant de leur but.

Ne pensez vous pas qu’en plus de tout cela, il sera nécessaire d’amener certaines quantités d’eau pour refroidir celle déjà présente?

Syi


Elen commençait à s'impatienter. Les choses tardaient à se mettre en place, finalement. Les autres ne faisaient que suggérer mais ne souhaitaient visiblement pas s'engager. Quel dommage ! Il allait finir par ne plus avoir de parchemins si les choses continuaient dans cette voie!


Forestiers,

Le groupe qui rentrera ne devra pas être composé de mage. Je suis volontaire pour le faire, je suppose qu’Ambre l’est aussi puisque c’est ce qui était prévu initialement. Mais je veux une liste de volontaires pour nous accompagner. Notre but sera de trouver les reliques. Ensuite, nous verrons ce que nous en feront. Si cela ne tenait qu’à moi, nous les détruirions...

Il nous faut aussi un groupe de mage, pour refroidir la lave et nous dégager un passage. Je veux des noms rapidement. De plus, il serait judicieux que ces mages réchauffent la lave peu après que nous soyons entrés, afin que les Impériaux ne nous suivent pas !

Enfin, je veux que l’armée Forestière occupe les Impériaux et les empêche de réfléchir à un moyen de pénétrer dans la cité. Si tous va bien, le groupe d’éclaireurs sera coincé à l’intérieur jusqu’à ce qu’ils se lassent. Si les choses tournaient mal, le groupe serait coincé avec des Impériaux très en colère puisque nous aurions détruit les statuettes. Un autre mauvais scénario serait que la comète qui, d’après les dires de Poséidon, se dirige ici détruise la cité : dans ce cas, les artefacts seront aussi détruits. Le pire du pire serait qu’ils récupèrent ces reliques avant nous. Vous avez bien compris ?

Nous avons trois cas de figure favorables aux Forestiers contre un pour l’Empire. Alors il s’agit de faire de notre mieux pour que tout se passe bien.

Je veux les noms des mages et des membres de l’expédition sous peu, et, bien sur, qu’ils soient présents ici dans les délais les plus brefs. Nous devons passer rapidement à l’action.

Pour bloquer le flot de lave, les noms de Nil’Nelia et Ambre me viennent immédiatement à l’esprit. Il nous faut, comme je l’ai dit, d’autres mages capables de refroidir la lave, soit en la mouillant soit en la gelant !

Hâtez vous !

Elen, Intendant du clan du Loup


Dans la nuit, Ambre et Elen accueillirent avec joie Nil'Nelia. La jeune femme leur narra son voyage, visiblement épuisée mais heureuse de retrouver son fiancé.

* * * * *

La nuit tombait tout autour de moi. Les premières étoiles percèrent la voûte céleste mais aucune ne pouvait rivaliser avec Elle. La Comète projetait maintenant son halo bleuté sur tout Olympia. Belle, belle et terrifiante d’ailleurs, elle trônait au-dessus de nous, telle une épée de Damoclès.
Au démarrage pourtant, cette vision m’avait subjuguée. Mais tout avait changé lorsque Poséidon en personne s’était présenté aux Forestiers. Je frissonnais rien qu’à y penser. Sa voix gronda une fois encore dans ma tête...

« Et bien, vous voyez bien ce qui emplit le ciel ces dernières nuits. C’est une comète qui se dirigent pile vers l’ancienne Kazad. Que vous empêchiez les Impériaux de s’emparer des reliques ou que celle-ci s’écrase sur vos terres ne me ferait ni chaud ni froid... » avait-il dit le plus calmement possible.

Tout de suite après l’intervention divine, des troupes fraîches étaient parties de la capitale. Nous-mêmes, repoussant les Impériaux, avions couru vers Kazad. La cité naine était loin, de l’autre côté du monde, mais nos jambes nous portèrent aussi vite que le vent. Toujours plus loin, toujours plus vite. Et pourtant jamais assez vite. Les rapports des Sièges de Guilde indiquaient que les Impériaux aussi faisaient route à toute allure sur Kazad. Jamais nous n’y arriverions à temps. Soit. Alors il faudrait les déloger des montagnes.

Un hennissement perça le silence de la nuit. Je n’en avais jamais entendu de tel. Il était emplit de défis et tous les elfes, nobles ou des lunes, tous les hommes et femmes sauvages qui entendirent ce cri se redressèrent. Il y avait de la force, du défis, du courage à travers ce bruit. Les Pur-sangs de Poséidon, ses fidèles serviteurs étaient là, attendant notre armée. Le sol vibra sous mes pieds. Des chevaux au galop. Mais, sans même les apercevoir, je me doutais qu’ils étaient gigantesques. J’entendis dans la nuit, sous la clarté de la comète des cris de stupeur et de joie. Les Forestiers étaient prêts, j’étais prête à en découdre.


« Poséidon, quoiqu’il arrive, nous ferons tout pour vous satisfaire, même si pour cela nous devons faire effondrer une fois encore la montagne sur ces guerriers. »

Les messages arrivaient, pour présenter des plans incroyables. L’entrée par la voie aquatique semblait le meilleur. Difficile d’être suivi, rapide, efficace, et carrément dangereux. Ils allaient se faire rôtir. Nil’nelia savait qu’au final, ils feraient ce qu’ils pensaient être le mieux. Elle allait les aider de toutes ses forces. De la glace, une quantité de glace hallucinante... Elle avait entraîné son endurance. Elle tiendrait, pour le bien d’Elen. Mais les elfes ne pouvaient nager aussi longtemps en apnée, surtout si les premières salles rencontrées étaient encore inondées...

* * * * *

Une fois son récit terminé, elle annonça clairement ce qu'elle pensait de leur plan : de la folie pure tel qu'ils l'avaient présenté. Elle leur proposa néanmoins quelques solutions pour réduire considérablement les risques :


« Je suis prête à vous aider mais pas pour un suicide collectif. Il faut que vous ayez des sortes de coupoles ou autre chose pour emporter de l’air. Une coupole de glace serait parfaite. L’eau même si elle se réchauffe restera à une température acceptable quelque temps. Si on leste suffisamment la coupole, avec des métaux, cela ne demandera presque aucun effort pour les mettre sous l’eau. Ce sera plus dur de nager c’est sûr. Mais sûrement plus sûr. J’aimerai trouver autre chose tout de même pour assurer la survie de nos nageurs, mais comptez-sur moi pour tout refroidir. »

Une missive de Nithan arriva, courte, sans formule d'accroche mais témoignant de l'avis tranché du Loup, sans doute motivée par l'empressement qu'il avait de les rejoindre :



Je me porte volontaire pour pénétrer a l’intérieur de Kazad une fois que la lave sera gelée et essayer de retrouver les reliques. Nous ne savons pas ce qui nous attends, prévoyons arme et potions. Même si le maître mot est rapidité, je doute que ces objets soient évidents à trouver.

Nithan


Ce pli fut bientôt suivi par un autre, de la part de Amallya, cette fois ci:


J’apprécierais pouvoir participer à l’opération de récupération des reliques comme vous le proposez, Elen, mais je pense malheureusement ne pas être la plus qualifiée pour cette mission. Je n’ai entre autre aucune capacité particulière qui me permettrait d’empêcher cette rivière de lave de couler. Je pense que mes capacités seront plus utiles au milieu de nos combattants afin de soigner ceux-ci.

Il m’est d’avis que le groupe que vous souhaitez constituer devrait se constituer de quelques mages nobles capables de solidifier la lave (5 ou 6 mages disposant du sort de glace ou de geyser) ainsi que de guerriers qui pénétreront dans la grotte une fois son accès rendu accessible.

En procédant ainsi, dès que les mages auront réussi à contenir le flot de lave ceux-ci pourront retourner au combat afin d’occuper les troupes impériales. Nos guerriers ne seront quant à eux pas d’une grande nécessité lors de cette affrontement puisque le terrain accidenté, mêlant montagne et lave, rendra leurs déplacements très compliqué, les empêchant d’atteindre nos ennemis ou bien de se replier. Leur absence du combat ne sera donc pas si pénalisante que celle de nos mages. De plus, les mages devront rester à l’extérieur puisque leur aide sera à nouveau nécessaire lorsqu’il vous faudra ressortir.

Enfin, et si vous le souhaitez, je dispose de deux sceaux de retour que je peux confier aux combattants souhaitant pénétrer dans la montagne si ceux-ci craignent de ne pas pouvoir ressortir.

Amallya,
Conseillère de Fernliae



Quelque part, sur le chemin du Radar Bek

Une comète, un dieu, des chevaux, des reliques... Et quoi encore?!
C’était bien la première fois que la jeune Aileen prenait part à une affaire de cette envergure. Des plans plus fous les uns que les autres étaient dressés, des combats s’annonçaient en terrain... Très dangereux... Et par dessus le marché, si ils échouaient, les forestiers étaient menacés. C’est qu’il ne faut pas prendre les paroles des dieux à la légère !
Au milieu de tout ça, Aileen, qui n’avait jamais eu affaire à l’exigence divine, ne se sentait pas très bien, mal à l’aise mais elle n’aurait su dire pourquoi.
Mais bon, une fois de plus, les talents des mages plus que des combattants allaient être mobilisés pour accomplir l’objectif final de rentrer dans l’ancienne cité naine. Elle remarqua avec amusement comme la glace était toujours ou presque le moyen utilisé par les forestiers pour parvenir à leurs fins.


« Bon, se dit-elle, j’suis pas mage, je sais pas faire grand chose mais... On verra. »

Elle saisit un bout de parchemin et s’arrêta un instant le temps de réfléchir au message qu’elle allait envoyer (elle était loin d’être une érudite et trouver les mots adéquats pour ne pas passer pour une illettrée complète lui semblait plus difficile qu’à d’autres). Et en plus, il fallait éviter de vexer les gens.... Enfin, ce n’est pas qu’elle avait l’intention de les contredire mais... Sait on jamais...


Votre plan est vraiment fou. Mais ça peut marcher ! Ce sera très risqué, mais ça, je crois qu’on le sait tous.
Par contre j’ai cru comprendre que vous préfèreriez envoyer des combattants inexpérimentés... Je sais que mon avis n’est pas grand chose, j’ai pas trop l’habitude de participer à ce genre d’évènements mais je pense quand même que ce n’est pas une très bonne idée, on ne sait pas ce qui nous attends à l’intérieur de la montagne. Si c’est un dieu qui nous a envoyé ici et s’il nous a procuré des chevaux, qui nous dit qu’un autre dieux n’a pas prévenu les impériaux et prévu des défenses quelconques dans la montagne? Et qui sait quelles créatures peuvent s’y être déjà installées?
Pour ma part, je pense qu’il faut quand même envoyer des combattants, m ais je ne sais pas en quelle quantité...
Enfin, si vous cherchez des volontaires, je le suis. Combattre au milieu de la lave ne m’enchante pas franchement et je ne pense pas être nécessaire à un front, vu le peu de dégâts que je suis capable de faire... A vous de voir si vous voulez de moi !

Aileen


Elle termina sa missive et la relu plusieurs fois avant de l’envoyer. Il y avait quelques ratures et elle corrigea également quelques fautes, mais dans l’ensemble, ça lui semblait correct.
Elle jeta un coup d’œil du côté de la montagne et ne put réprimer un frisson en voyant les lumineuses coulées de lave éclairer le ciel si sombre... La lave, elle ne la connaissait que de nom, pourtant, ça suffisait à lui faire peur...
Quoi qu’il en soit, elle devrait forcément y avoir affaire, les prochains jours. Elle laissa partir l’oiseau messager portant sa missive et soupira, tout en rejoignant Syi et Lapinou, ses compagnons de routé préférés.


« Les dieux ont vraiment des idées complètement tordues... »



Quelques jours plus tard, près de la rivière.

Ils avaient reçu les confirmations de Tanysh, Thunziel et Voronwë, en plus de celles des autres. Ils avaient reçu des lettres d'encouragements de leurs pairs, telle que celle-ci :


Bonjour à tous,

Je suis actuellement en route pour le Radar Bek, et croyez moi, la menace perpétuelle de la comète qui orne les cieux me pousse à hâter le pas. Malheureusement, je suis à peine sur le point de quitter le désert et je ne pense pas que vous attendrai plus longtemps un mage supplémentaire.
J’ai néanmoins réfléchis, je maîtrise bien les Ars Illuminaë, et connaissant la puissance d’un sort de glace, dont le principe est certes de refroidir, je pense que quatre mages peineront à réussir à refroidir un tel flux de chaleur liquide. Je ne dis pas que c’est impossible, je connais l’incroyable potentiel du Consul Voronwë par exemple. Mais peut être y a-t-il un moyen de canaliser plus fortement. L’idée m’est venu en contemplant un Cristal de Mana que je garde sur moi pour mes études: si l’un de vous en possède pour une raison ou une autre, peut-être pourrait il vous servir pour concentrer l’énergie magique des quatre mages, pour la focaliser en quelque sorte, et ainsi produire un sort plus puissant.
C’est une idée comme un autre, bien qu’aucun précédant n’existe à ma connaissance, et je ne suis pas sur que cela soit réellement réalisable. Mais pensez-y, au cas où la première méthode ne suffise pas. Bien que je doute que vous possédez sur vous des ce genre de ressources rares, de toutes façon.

J’en viens à un autre sujet qui me préoccupe, si nous arrivons à mettre la main sur les artefacts que les Impériaux recherchent, les détruire ensuite n’est pas une mauvaise idée, et la lave qui sévit les environs de Kazad suffira certainement. J’aurais pourtant aimer étudier le livre des Anciens, pour comprendre plus avant la magie runique des Nains. L’avancée des connaissances de ce genre reste cependant trop superflue face à la menace du Dieu des Mers. Cependant si ceux sur place pouvaient y jeter un coup d’œil et en retirer des choses accessible pour le commun des Elfes, je lui en serais reconnaissant.

Bonne chance à ceux qui feront partie de l’expédition.
Puisse les esprits de la Forêt vous accompagner face au danger.

Earenïel Resiae,
Héritier de la famille Resiae, Consul de Na’Helli.


Le petit groupe s'était rassemblé près des mages, comprenant certains membres de l'expédition : Voronwë, Ambre et Tanysh, en plus de Nil'Nelia. Les deux dames nobles semblaient ravies de collaborer une fois encore:

: « Nil’, on va devoir faire comme à l’époque ! »

Pendant l’épopée de l’Oiseau de Feu, Nil’nelia et Ambre avaient déjà mis leurs forces en commun pour attaquer le collier de la statue. Qu’est-ce qui aurait changé ?
: « J’aimerai que les Mages se tiennent donc prêts à geler et refroidir la lave. Lorsque ceci sera fait, il nous faudra aller au plus vite dans la caverne. J’ai remarqué quelques grands récipients dans les trucs que vous avez emmenés pour cette campagne de guerre. Nous nous en servirons pour emmener une poche d’air avec nous, comme l'a suggéré Nil, en espérant que nous n’ayons pas un trop long parcours à faire.

Je veux que le groupe qui souhaite entrer dans les ruines se tienne prêt et protège les mages. Nous n’aurons que quelques instants pour pénétrer dans les ruines avant que la lave ne se réchauffe à nouveau. Alors il ne faudra pas manquer le bon moment. »


Le groupe se concentra. Les Impériaux tout proches, comme le rappelait l'Intendant, constituaient un danger non négligeable. Et plus vite les choses seraient réglées, mieux cela serait pour les éclaireurs mais aussi pour les combattants à l'extérieur qui occupaient en ce moment les troupes. Amallya donna quelques précisions supplémentaires, pour ceux qui leur servaient d'escorte, à transmettre aux combattants opérant la diversion :

: « Une fois que tout le groupe sera rentré et que l’entrée sera fermée il serait bon que les combattants présents à l’extérieurs se replient un peu afin de laisser aux impériaux l’accès aux montagnes. Les impériaux se sont actuellement repliés et vont probablement tenter de se regrouper en attendant l’arrivée de renfort. Il me semble préférable d’affronter leurs forces séparées plutôt que de les forcer à venir en grand nombre. Retirez vous afin de laisser les impériaux revenir sur la montagne tout en gardant la possibilité de les attaquer. Une fois qu’ils auront réinvestis Radar Bek, nos archers et nos mages pourront les abattre à distance tout en gardant un mur de lave entre eux et leurs ennemis afin de les protéger. »



Pensées de Ambre

Tous les mages sont là. Enfin, tous ... On est 4. Nil’, moi, comme à l’époque, mais cette fois on est aidés de Voronwë et Tanysh. Des amis. Tant mieux. Pour faire ce genre d’exploit, il est préférable de connaître les forces et faiblesses des autres.

On est là, côte à côte. Devant nous, une nouvelle coulée de lave glisse dans la rivière. Raté. Et on ne sait pas quand la prochaine va arriver.


: « Tenez vous prêts ! »

Je n’ai pas besoin de préciser notre objectif, je sens la tension en chacun. Il faut être patients, et concentrés.

Quand soudain, la terre tremble à nouveau, je sens que le moment approche ! Il s’est seulement écoulé quelques minutes, il faudra espérer que cela suffise pour que l’on traverse ... Pas le temps de penser à ça maintenant.


: « Allez ! »

Comme autrefois, j’appelle le pouvoir de la glace. À croire que cet apprentissage m’était prédestiné ... quoique je ne crois pas tellement au destin. La glace, en moi, comme je l’ai appris, et bien plus encore. Et dire qu’il y a quelques temps, je me serais laissée consumée entièrement, regagnant le terrain peu à peu avant de relâcher le tout. Désormais, je dompte la glace. Je l’invoque, la forme, la modèle, l’intensifie. Lorsqu’on ne peut aller plus loin, je pousse encore la chose. J’aime cette sensation. Comme une illusion de puissance. Je sens que j’en deviendrais dingue, si je répétais le procédé trop souvent ...

La glace bouillonne en moi ! Autour de moi, les autres Elfes font de même, avec plus ou moins de succès. Quand le signal sera lancé, je sais que nous libérerons toute la puissance emmagasinée.




L'entrée

L’instant fût d’une rare intensité. Il avait fallu rester concentré et ne plus se dévier de l’objectif de créer de la glace.

Les quatre mages se tenaient côte à côte, l’énergie qu’ils dégageaient était remarquable.

Voronwë semblait absent, hors du temps, les yeux vides de toute pensée. Une main sur son bourdon, l’autre agrippant un fin collier au bout duquel se trouvait un minuscule fragment de cristal de Mana. Seul l’objectif importait : créer une quantité de glace gigantesque à un instant t afin de stopper l’écoulement de la lave.
Cette solution fût la bonne : Une fois la lave stoppée, l’eau se refroidit peu à peu et les bulles qui martelaient la surface de la rivière s’estompèrent.

Les mages avaient été d’une efficacité redoutable. Quelques minutes après qu’ils eurent stoppé l’écoulement de la lave, l’eau cessa de bouillonner. Elen, après un dernier baiser furtif à sa fiancée, s’élança dans l’eau, encore tiède, sans hésitation.

: « Allons y ! Nous avons du chemin à faire. »

Il plongea le premier et nagea vers les profondeurs, en direction d’une fissure vers la rivière souterraine. Il se retrouva alors dans un réseau de galeries envahies par les eaux.

Il avait emporté avec lui un récipient lui permettant de déplacer une poche d’air, comme Nil’Nelia l’avait conseillé. Et cela s’avéra bien utile : il dut s’en servir à deux reprises avant d’émerger dans une vaste poche d’air.

Ici, l’eau n’avait plus une grande profondeur. Elle montait jusqu’à ses hanches. Mais cela compliquerait leur progression...

: « Zut ! Il va falloir que je graisse tout mon équipement, sinon il va rouiller. J’espère que les autres vont suivre rapidement. »

Il regarda à droit puis à gauche. Le couloir se prolongeait dans les deux directions. Peut-être faudrait-il envoyer des éclaireurs en direction de l’est... Mais la ville naine était à l’ouest. Et le temps pressait.

Voronwë regarda une dernière fois les forestiers présents puis saisit son récipient et sauta à son tour.
Trouver une poche d’air fût compliqué et il but une quantité abondante d’eau avant de pouvoir, enfin, remplir ses poumons et respirer. Il était déboussolé, le gel de la glace l’avait vidé de toutes ses forces.
Il atteignit enfin un tunnel où tous pouvaient respirer normalement. Elen était là. Le tunnel partait dans deux directions, et Voronwë était incapable de distinguer celle qu’ils devraient suivre. Il n’avait plus de repères.

Amallya avait laissée les mages elfes utiliser leur magie pour solidifier la lave et empêcher celle-i de faire bouillir l’eau de la rivière. Les guerriers elfes avaient aussitôt plongés dans la rivière de son dieu pour tenter de pénétrer la montagne. La femme sauvage admirait ces courageux guerriers qui se lançaient à l’assaut de ce tunnel englouti sans savoir si de l’air les attendaient au bout.

Nithan s’élança alors, seulement ralentit par un lutin qui, voulant sans doute donner un aspect comique à la situation, avait décidé d’entraver l’avancer du jeune Loup en le faisant trébucher. Cet accident clos, l’elfe bondit dans la fissure...

Il fut chahuté, bousculé par une chute d’eau rapide et abondante, mais il finit par arriver dans un long tunnel. Celui-ci s’étendait à perte de vue à gauche comme à droite. Pataugeant dans une eau tiède et fumante, il tourna alors vers ses compagnons un regard interrogateur.

Amallya secoua la tête, elle préférait ne pas y penser. A nouveau un elfe la dépassait pour courir en direction de la rivière et y plonger. La conseillère regarda avec détermination l’eau encore fumante de la rivière. Elle serra les poings, couru dans sa direction et plongea.

La femme sauvage n’avait pas emmenée de poche d’air avec elle. Elle pensait que cela ne ferait que la ralentir. De toute façon elle était agile et ses mouvements n’étaient pas entravés par de lourdes armures comme l’étaient certains guerriers. Si eux avaient réussis elle réussirait aussi.

Après avoir longuement nagée dans les eaux troubles de la rivière, et alors qu’elle commençait à manquer d’air, Amallya atteignit enfin une poche d’air prisonnière d’une galerie visiblement creusée par les nains. Elle regarda autour d’elle pour vérifier que les elfes étaient bien à ses côtés.

Elen voyait ses compagnons émerger un par un. Voronwë, Nithan, Amallya, Ambre... L’eau montait jusqu’à mi-cuisses. Ils étaient trempées, mais en vie. Ils allaient sans doute attraper un rhume, car ils ne pourraient pas se sécher avant quelques temps...

Après qu’Elen eu fait un bilan de la situation, et en attendant que le reste du groupe ne les rejoigne, la conseillère prit à son tour la parole.

: « La solution la plus sûre me semble être de rester groupés et de prendre la direction de l’ouest comme le propose Elen. Nous prendrions ainsi la direction de la ville et non celle de la rivière. Quoi que nous décidons nous devons cependant nous dépêcher d’agir. Je n’apprécie guère l’idée de patauger dans cette eau qui pourrait se mettre à bouillir d’un moment à l’autre. Il serait par ailleurs peut-être plus raisonnable de monter sur les rochers qui dépassent de l’eau afin d’attendre que le reste de notre groupe nous rejoigne. »

: « Je suis tout à fait d’accord avec la Conseillère Amallya. Les rochers devraient nous mettre à l’abri en cas de montée subite des eaux. Et la direction de l’ouest semble indiquée car c’est là bas que se situe la ville. Mais avant toute chose, regroupons nous... »

: « Pas la peine de séparer les groupes. Je suis sûre de pouvoir aller bien plus vite que vous. Je peux aller voir ce qu’il y a à l’Est, s’il le faut. Mais je pense qu’il faut se dépêcher... »

: « Si vous le voulez, Ambre, mais au moindre danger, vous faites demi-tour et vous nous rejoignez. Nous allons explorer l’autre côté pendant ce temps là. Appelez nous si vous découvriez quoi que ce soit d’intéressant. »

La Noble acquiesça, et s'engagea vers l'est. Il faisait très sombre devant elle. Mais après seulement quelques dizaines de mètres, elle sut qu'elle ne pourrait aller plus loin. Elle retourna alors vers les autres.

: « Bah. Au fond, j’ai seulement vu une autre fissure. Je pense que cela rejoint aussi la surface ... mais où ?! Est-ce que ce sera notre porte de sortie, ou l’entrée des Impériaux ? »

Thunziel avait mis plus de temps que ces compagnons pour atteindre la fissure. Avant de plonger dans la rivière, il jeta un coup d’œil autour de lui pour remercier les mages qui ne venaient pas. Ainsi qu’un regard plus insistant sur son Intendant, Calith...

Puis se fut le plongeon, Thunziel fut surpris par la température de l’eau. Les mages avaient vraiment fait un travail remarquable ! L’elfe fut soulagé d’arriver car il commençait à manquer d’air.

Il prit de grande bouffée d’oxygène et fut obliger de se plier en deux pour que cela soit plus facile. Le faucon regarda autour de lui, apparemment il n’était pas le dernier, ouf !..

Le vieillard ronchonna quand il entra, il n’avait pas été invitait, mais « Qu’à cela ne tienne ! », il allait pas laisser le gamin y aller tout seul. Le gamin ? Oui, c’était le surnom affectueux qu’il avait donné en Raksha, ce dernier pouvait fort bien se débrouiller tout seul et certainement mieux que le vieux Hosl, mais il s’était pris d’affection pour lui, transposant certainement dessus son amour paternel disparut en même temps que ses enfants.

Il s’était donc engouffré à la suite des explorateurs de la cité et lâcha un ”bordel de merde” quand il émergea de l’eau, révélant sa présence à tous, ainsi que celle de Raksha.

Raksha était revenu au pied du Radar Bek in extremis pour pouvoir accompagner le groupe d’exploration de l’ancienne cité naine. Ce voyage lui avait semblé si rapide et la fatigue avait été très peu présente. Était-ce un signe que le Dieu des Mers voulait qu’il participe à l’aventure? Quel serait alors son rôle?

C’était ces questions qui le taraudaient alors qu’il remontait le tunnel obscur où coulait la rivière souterraine de Poséidon, avant d’émerger à l’air libre et de former le magnifique cours d’eau qui entourait les terres du Refuge du peuple sauvage. L’obscurité ne l’enchantait guère mais n’était pas trop gênante pour lui. Ses sens félins lui permettaient de relativement bien voir dans la galerie et puis si vraiment les ténèbres devenaient trop opaques, il pourrait user de sa boule de mana comme d’une lanterne. L’eau était tantôt froide, tantôt tiède selon sa proximité à la lave qui émergeait à la surface.

Pendant le voyage, le groupe s’était présenté pour que chacun puisse juger de la valeur de chaque membre du groupe.

: « Je suis Raksha et je suis, parmi le peuple sauvage, ce qui ressemble le plus à un prêtre. Je vénère le divin Poséidon et j’effectuais un pèlerinage le long de sa Rivière lorsqu’Il nous ordonna cette mission sacrée. Je fus le premier sacrifié des combats mais dans sa magnanimité, le Dieu des Mers m’a permis de revenir parmi vous. En tant que Disciple des Méandres, je ne suis pas un grand guerrier mais je peux plutôt bien esquiver... »

La jeune Ombre se souvient de la pluie de rochers qui l’avait pris au dépourvu dans les montagnes naines.

: « … enfin, en général. Je manipule l’élément aquatique pour ma magie. Je ne suis pas un grand expert en cet art mais je dispose d’une belle panoplie de sorts curatifs et offensifs »

D’un geste circulaire, il cristallisa l’humidité ambiante en quelques flocons de neige et sourit, avant de poursuivre sa route.

Nul ne dit rien sur le moment... Seule Hosl, priant Poséidon dans un murmure, lui qui n’avait qu’une foi si incertaines qu’il avait fait un pèlerinage pour se mettre à l’épreuve, perçant le silence par ce simple son...




20.000 Lieue sous Kazad...

Le groupe avait finalement réalisé l’impossible. Ils avaient, au terme d’efforts ardents, réussi à pénétrer dans les galeries souterraines de Kazad.

Le premier contraste qui marquait les esprits était le silence. A force d’éclairs, d’explosion, de fumée et de bruits, la cacophonie extérieure avait fini par paraître superficielle.
Le soudain retour au calme n’en était que plus oppressant, le silence dénaturé de ces longs boyaux tortueux qui s’ouvraient en spirale était difficilement supportable. Seul le floc-floc régulier de gouttes qui mourraient sur le sol changeait la donne.

La température ambiante était fraîche, mais semblait bien moins altérée par l’extérieur que ce qu’on aurait pu le croire. Du reste, il faisait presque nuit noire, excepté les quelques reflets de lumière sur la roche polie. Alors que le couloir se divisait en deux, il était bien impossible de dire s’il s’agissait d’est ou d’ouest, tant le caractère sinueux des boyaux était troublant.

Une seule solution, explorer les deux endroits...

Ils progressaient plus ou moins péniblement dans les eaux. Ambre semblait être la moins gênée par l’élément aquatique et se mouvait avec une fluidité déconcertante. Aileen n’avait pas suivi le groupe, finalement, mais Hosl et Raksha les avaient rejoint. Les capacités des deux Hommes Sauvages ne seraient pas de trop, d’autant qu’ils semblaient plus ou moins être en communion avec Poséidon et qu’ils avaient été les premiers sur place lors de l’appel de la divinité.


: « Mes amis, je pense qu’il faudra que l’on se trouve un endroit sec. Je n’aime guère laisser mon équipement au contact de l’eau et encore moins demeurer mouillés dans des cavernes froides. Hum... Il serait idiot d’échouer à cause d’une fièvre attrapée à cause de ce froid... »

Ils débouchèrent finalement devant un passage. Amallya interrogea Ambre à ce sujet :

: « Ambre, es-tu sûre que le passage éboulé situé à l’est menait à la surface ? As-tu vu de la lumière de l’autre côté ? »

: « Amallya, la fissure que j’ai vu de l’autre côté ressemble à celle-ci. Je ne me suis pas aventurée plus loin. On a beau avoir fait le plus difficile, on a encore de grandes épreuves à traverser. Entre autres, trouver Kazad et les Reliques! »

Sa voix résonnait plus qu’il ne le fallait, dans ces couloirs sombres et sinueux. Le son rebondissait partout. Nul doute que le groupe serait averti rapidement si d’autres chercheurs arrivaient au même endroit qu'eux.

: « Si Kazad est engloutie et enfouie, dame Amallya, je suppose que nous aurons fort peu de lumière. »

Au bout du tunnel, Voronwë emprunta le premier le passage éboulé. L’eau ruisselait le long de la roche, ses vêtements étaient trempés. Il s’agrippa aux parois glissantes, évitant tout juste la chute il parvint tout de même à sortir.

Lorsqu’il posa ses pieds hors du tunnel, le terrain était toujours humide, marécageux. Au loin il aperçut une silhouette, une créature se présentait devant lui, un trident à la main elle paraissait fort agitée.

L’endroit était enclavé et l’elfe n’était pas rassuré. Il était pétrifié devant la créature, parvenant à peine à mettre un pas devant l’autre.



Elen suivit Voronwë et fut tout autant stupéfait que son compagnons d’infortune : les lieux étaient hantés par des créatures peu engageantes. Et ils étaient seuls face à elles. Il murmura à son comparse :

: « Sieur Voronwë... J’ai aperçu une ombre, plus fine, plus loin. Elle portait des runes naines. Néanmoins, j’ai eu le réflexe fâcheux de reculer et j’ai bien peur de l’avoir perdue de vue... Elle m’avait tout l’air d’être une dominante, si vous voyez ce que je veux dire, comme la chef d’une Meute... C’est l’effet que cela m’a fait... »

Il balaya la salle de son regard pour trouver des lieux où, éventuellement, se dissimuler. Il y avait des tourbières où ils avaient une chance de passer inaperçus, le temps que leurs compagnons ne les rejoignent... Des tourbières... Et des livres détruits par le temps... Ils étaient dans une sorte de bibliothèque, peut-être...

Parlant tout bas :


: « Accroupissez vous, sieur. les marécages pourraient nous dissimuler le temps que les autres ne nous rejoignent... »

Elen subit le premier assaut avec la plus grande surprise. L’incantation lui provoqua une intense douleur dans son bras droit, celui qui portait son bouclier, et il ne parvint pas à dévier totalement l’assaut de la créature qui l’attaquait de son trident. Son épaule fut touchée puis un autre lui porta un coup... Les choses commençaient mal...

Voronwë entendit des murmures venant de l’autre bout de la pièce, puis des jaillissements de lumière surgirent. Il entendit un bruit sourd. Relevant la tête il aperçu des rochers lui tombant droit dessus, ceux ci le percutèrent de plein fouet.


: « Voronwë, mettez vous à l’abri ! Reculez ! »

Il tenta à son tour de reculer mais il était empêtré dans la marais et ne pouvait pas bouger pour l’instant... Au sol, pieds et mains enlisés dans le marais Voronwë entendit le bruit métalliques des tridents sur l’armure d’Elen tandis que l'Intendant tentait tant bien que mal de dévier les coups. Ce fut à ce moment même qu’un trident vint l’empaler, ses vêtements furent déchirés. Il crachait déjà du sang.





A ce moment là, de l'autre côté :

Un cri retentit, de l’autre côté du passage. Il y a des combats. Elen et Voronwë sont seuls là-bas.

: « Tenez bon ! »

Je franchis avec peine la dizaine de mètres pour atteindre l’ouverture et m’y engouffre. De l’autre côté, une vaste pièce. Rien à voir avec les couloirs d’où nous venons. On y est. A Kazad. Je crois que c’est une sorte de bibliothèque. Il y a des livres par terre. C’est sans doute ici qu’on trouvera le Livre que les Nains recherchent !

Je m’aperçois que le sol est boueux, mou. Ça va être dur de bouger vite. Et toutes ces choses qui nous observent ! Elles bougent, elles combattent drôlement bien d’ailleurs ! Mais qui sont-elles ? On dirait des sirènes ... mâles ... et faites de roche. Les Ondins manient leur trident à merveille. Que défendent-ils ?

Et au centre, je ne l’avais pas vue ! Je m’avance aux côtés d’Elen, subjuguée par le mystère de ces créatures. Loin devant nous, une femme. Je veux dire, une Sirène. À coté d’elle, les Ondins paraissent presque ridicules. Plus grande, plus menaçante aussi, bien moins humaine encore. Les Sirènes sont sensées être mi-femme, mi-poisson. Celle-ci n’a plus rien à voir avec les deux, si ce n’est sa morphologie. Mais elle a ce quelque chose en plus qui détruit le charme naturel des créatures de Poséidon. Les griffes acérées peut-être ... ou le teint cadavérique. Sur sa peau, des symboles complexes que je ne comprends pas.


: « Maîtresse de ces lieux ! »

J’avais trouvé la formule qui me convenait le plus pour parler d’elle. Les combats deviennent plus intenses à côté de moi, mais je n’y prête pas attention. Ma voix brise le flux monotone des sons. Je me suis surprise à penser tout haut. Et si ...

: « S’il vous plaît... »

Je n’attends pas de réaction.

: « C’est votre Seigneur qui m’envoie. Je suis ici parce que Poséidon le souhaite. N’étiez-vous point, autrefois, celle que l’on appelle Sirène ? »

D’un regard, j’invite mes compagnons à se calmer mais à garder toute leur prudence ... Qui sait si elle répondra ?



Une invitée surprise

Les mages avaient fait vite et bien, malgré la difficulté de la tâche. La rivière ne bouillonnait plus, l’eau semblait avoir été apaisée par la glace.
Aussitôt après, les flots se remirent en mouvement, cette fois à cause du passage rapide d’elfes et d’hommes sauvages, certains portant de lourdes cloches de glace leur permettant de piéger de l’air avec eux...
Aileen aussi en avait une, bien qu’un peu plus petite que celle des autres. N’étant pas très forte, elle aurait eu trop de mal avec quelque chose de plus grand.

Elle s’apprêta à s’élancer, mais un coup d’œil en direction des montagnes et des rivières de lave la firent hésiter... Peut être un peu trop longtemps d’ailleurs. Tout le monde était déjà entré et elle n’avait pas encore bougé.
D’habitude, elle n’hésitait pas à braver le danger, mais pour une obscure raison, la roche en fusion l’effrayait plus que quoi que ce soit d’autre. Même si affronter les flots de la rivière se révélait moins terrifiant pour elle, la lave était toujours à proximité...

Mais le passage allait bientôt être à nouveau inaccessible.

Elle prit donc une grande inspiration, à la fois pour se forcer à ne pas réfléchir à ce qui pouvait se passer mais aussi pour plonger dans l’eau à son tour.

L’eau, elle était chaude, la glace ne l’avait pas complètement refroidie... Ou peut être était elle déjà en train de se réchauffer?
Aileen nagea tant bien que mal à travers la faille, gênée par ses longs cheveux et l’encombrante cloche de glace, tout en espérant ne pas finir bouillie avant d’être sortie...
A deux reprise, elle s’arrêta sous pour reprendre son souffle sous le dôme glacé qui lui engourdissait les doigts, mais prestement, elle reprit sa route, malgré la panique qui menaçait de la gagner à tout instant. Les nains devaient être fous pour aimer les galeries et autres endroits exigus, où n’importe quoi pouvait vous tomber dessus sans que personne ne le sache...!
Mais pour l’instant, les plus fous étaient sans doute les elfes qui tentaient d’entrer dans une ville en ruine, malgré la lave, malgré les troupes ennemies.

Soudain, Aileen sentit le fond de la rivière sous ses pieds... elle se redressa et se trouva enfin à l’air libre, dans la grande galerie qu’ils espéraient tous atteindre. Elle lâcha un soupir de soulagement qui résonna dans le tunnel.
Dans l’obscurité, elle trouva un rocher affleurant la surface de l’eau et y grimpa, pour essayer de distinguer dans la pénombre les silhouettes de ses camarades.

Raksha et Nithan étaient dans la direction qu’elle supposa être l’ouest. Les autres ne devaient pas être très loin, mais elle ne les voyait pas. Ne lui restait plus qu’à les rejoindre.




Fermeture

Les Mages étaient en cercle. Nil’nelia, les yeux fermés se concentrait. Ils avaient repéré la zone de contact entre l’eau et la lave. La Température infernale n’allait pas être facile à faire baisser. Nil’nelia sentit l’aura d’Ambre s’amplifier, sitôt suivie par celles des autres mages. Nil’nelia étendit sa conscience vers la rivière. Toute cette eau à profusion. Au moins, son énergie allait servir à déplacer des masses énormes. Les autres étaient prêts. C’était la fin de la coulée, il était temps d’agir.


« Maintenant ! »

Elle sentit le flot d’énergie émaner d’elle. Une onde progressa le long de la rivière. L’eau monta d’un coup et s’enfonça dans la lave. La vapeur jaillit. Ce fut presque une explosion. Nil rouvrit les yeux pour apercevoir un grand sourire sur le visage d’Ambre. Une pellicule de glace se forma instantanément sur la rivière. Le combat entre la lave et la glace fut rude. Nil’nelia, après avoir arrosé copieusement la lave laissa libre cours à la magie de glace. A quatre ils allaient en mettre du temps. Mais le jeu en valait la chandelle.

« Tenez-vous prêts ! »

Les bulles disparurent petit à petit de la surface de l’eau. La voie était libre. Elen s’approcha de Nil, lorsqu’elle s’arrêta, épuisée. Il la regarda de ses grands yeux verts, l’embrassa tendrement. La jeune elfe lui attrapa la main.

« Fais attention. Je fermerai après vous. »

Il plongea. Une larme coula le long de son visage. Elle s’essuya la joue tentant de dissimuler sa tristesse. Les explorateurs plongèrent les uns après les autres. Voilà, la dernière personne était passée. Il ne restait plus qu’à faire éclater le bouchon. Une fois le processus fini, ils devraient trouver une autre route.

La Sylphe attrapa une potion dans son sac, de quoi récupérer un peu. Le mieux, c’était de faire s’infiltrer de l’eau dans les failles, puis de la faire chauffer. Ça ne devait pas être si différent des geysers. Nil’nelia étendit son pouvoir. L’eau pénétra partout. Elle commença à bouillonner. Toutes les énergies alentours convergèrent dans cette direction. Un lourd craquement retentit.

CRAAAAAAAAAAAAC

Une explosion terrible. Les jets de pierre jaillirent. Nil’nelia ne se déconcentra pas pour autant. Le passage devait être reboucher, sans tuer ceux qui s’y étaient infiltrés. Elle sentit la lave revenir. Plus vite. Il n’y avait pas assez de place. L’énergie magique s’engouffra à l’état pur, allant chercher cette lave brûlante. Des craquements indiquèrent que tout allait bientôt céder.


« ÉCARTEZ VOUS DE L’EAU ! » eut-elle juste le temps de dire. Des volutes de vapeur s’élevèrent. Modelant la course de la lave, l’entrée fut rebouchée et inatteignable. Voilà, ils étaient seuls, dans la cité engloutie. Puisse Poséïdon avoir pitié d’eux...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Elen  le 29/11/2011 à 23:10

Pendant ce temps, à l'intérieur

Lalastia, la sirène, sembla un instant troublée par Ambre et son discours. Pendant un instant, elle la contempla, comme tétanisée par les mots qu’elle prononçait, qui provoquait un écho désagréable.

Poséidon... Son maître.. Son cerveau s’embrouillait un peu, jusqu’à ce qu’elle se souvienne. Poséidon. Celui qui les avait abandonnés. Abandonnés à des décennies d’exil et de solitude dans une prison noire comme l’enfer. Abandonnés alors qu’ils avaient été ses fidèles servants. Et elle osait se réclamer du dieux de la mer?

Un hurlement strident explosa de sa gorge, vrillant les tympans des combattants. Et, au même moment, une décharge d’énergie mentale, condensée de vices et de haine, un déferlement de violence inouïe s’empara du cerveau d’Ambre.

: « TUER, TUER, TUER! Je vAiS VoUs TuZr! SeEvAnTs dE PoSéiDoN VoUs AlLeZ MoUrRiR iCi! TUER! »



Et, comme commandé par ce nouvel élan, un nouvel ondin émergea de l’eau pour lacérer la chair d’Ambre de trois coups de tridents bien placés, avant de se réfugier dans l’eau.

Une chose était sûre, elle avait fait pire que mieux en essayant de la convaincre. Pire encore, si le commando forestier ne trouvait pas une solution rapide et ne se regroupait pas rapidement, Ambre et Elen ne feraient pas long feu face à ses ondins en colère...

Parer devenait de plus en plus difficile, et plusieurs plaies loin d'être superficielles dans un tel environnement, lui barraient la peau par endroit.


: « Dès que les autres seront à l’intérieur, c’est à leur chef que nous devrons nous attaquer en priorité. C’est elle, à mon avis, qui conserve les ondins sous son joug, par la magie. Ils semblent sans volonté alors qu’elle a gardé un semblant de conscience, bien qu’altérée par la magie... »

Il espérait que les autres arriveraient vite... Voronwë parvint à s'extirper du piège dans lequel ils s'étaient fourrés. Thunziel aperçu Voronwë revenir dans le tunnel, il était couvert de sang ! D’après ce qu’il avait comprit des ondins les attendaient et leur intentions étaient tout sauf amicale. Une lueur de détermination apparut dans les yeux de l’elfe, il ne fallait pas fléchir maintenant !

Il prit de grande bouffée d’air et saisit une flèche, il voulait être prêt le plus vite possible à combattre. Il entra dans le passage et constata que sa n’allait pas être une tache aisée de se déplacer rapidement parmi les décombres.

Il y arriva cependant plus vite qu’il ne l’espérait. Il jeta un regard autour de lui pour faire un rapide diagnostic de se qu’il se passait. Apparemment aucun de ses compagnons Forestiers n’étaient blessés. Soulagement. Il remarqua un ondin couvert d’entailles et visiblement mal au point. Il tira 4 flèches rapidement, chacune arrivèrent à l’endroit désiré. Deux dans chaque bras, peut être que cela générait ses mouvements.

La mort de l’un de leur compagnons déclencha une violence inouïe chez la sirène Lalastia. Son attaque précéda le déluge de tridents qui s’abattirent sur Nithan dans une gerbe de sang furent rapides, soudain, et d’une précision redoutable.
Bras, jambe, torse, cou, aucune cible ne fut épargnée, et alors qu’une bruine de sang se mêlait à l’eau, Nithan fut laissée quasi pour mort.

Une chose était sûre, plus la situation se prolongeait, plus les attaques étaient synchronisées, terribles, et potentiellement mortelles.

Une stratégie devait être élaborée d’urgence, avant que la mort ne s’abatte sur l’un des compagnons du commando...



Thunziel avait été le témoin de l’effroyable attaque sur Nithan. Celui-ci avait été assailli de toute part, un sort, un coup de trident, une flèche... les bras, les jambes, le torse, rien n’avait été laissé au hasard. Cette scène était d’autant plus effroyable que de là où il était, Thunziel ne pouvait en aucun cas aider son compagnon. Il contempla donc avec horreur le massacre, Nithan était couvert de sang, de son sang. Puis quelques instants après les assauts, il s’affaissa lourdement sur le sol, entre la mort et la vie.

Le jeune Faucon n’avait jamais assisté à un tel massacre. Il n’avait jamais été aussi impuissant. Mais que pouvait-il faire pour arranger cette situation ? Il n’en savait rien, strictement rien. L’elfe allait commencer à prier son Dieu lorsqu’il lui vint une idée. Poséidon. C’était lui la clé, la solution. Du moins, il l’espérait. Il devait au plus vite expliquer son point de vue aux autres.


: « Je viens d’avoir une idée ! Comme vous l’avez constaté les Ondins et la sirène sont de plus en plus puissants, de plus en plus agressifs. »

Comme pour donner du poids à ses paroles, Thunziel montra Nithan d’un mouvement de tête. Ce qui était complétement inutile car tous avaient été témoin de cet assaut.

: « Je pense que Poséidon peut nous aider. En effet, Lalastia lui en veut pour les avoir laisser pourrir dans Kazad. Je crois que nous pouvons essayer de lui demander de leur rendre leur splendeur d’antan. De cette manière, les Ondins et Lalastia ne seraient plus agressifs envers nous. Bien sur ce ne sont que des suppositions. Toutefois pour convaincre Poséidon, nous pouvons toujours lui rappeler que c’est lui qui nous a demandé de retrouver les reliques avant les Nains. Et qu’il pourrait nous rendre un dernier service pour le bien de tout le monde. »

Thunziel espérait que cette proposition ne paraîtrait pas complétement stupide, folle. Mais il sentait qu’il lui manquait quelque chose, mais quoi ? Un petit détail pouvait peut être encore les aider. Bien sur !

: « J’oubliais ! Raksha et Hosl ! »

Il se tourna vers les deux Hommes sauvages.

: « Vous êtes tous les deux les plus fidèles croyants de Poséidon, surtout depuis le pèlerinage. Pensez-vous que le Dieu des Mers serait susceptible d’accepter plus facilement si c’est vous qui le lui demandait ? »

Elen assista lui aussi à l’assaut contre Nithan, complètement impuissant car il s’était encore malencontreusement pris dans les tourbières. Néanmoins, voir un autre Loup se faire agresser de la sorte, même un Loup qui semblait vouloir rester indépendant de la Meute, provoqua chez l’Intendant une forte colère.

: « Ah c’est ainsi ! Vous allez voir de quoi est capable un Ashka ! »

Avec un léger effort de concentration, il déploya son esprit, se plaçant dans un léger état de transe : trop léger pour sombrer dans l’inconscience liées aux connexions profondes avec le monde des esprits et des Totems. A ce moment là, son épaule commença a légèrement étinceler, son Finye s’accumulant dans son Saïka.

Comme il l’avait fait avec Logdé Pyros, il chercha à effleurer l’esprit des ondins des roches, tentant d’établir une connexion limitée avec eux pour tenter de décrypter le lien existant entre eux et la sirène : étaient-ils sous l’effet d’une sorte de domination ? Ou agissaient-ils en toute liberté ?

Cela dit, sa transe pouvait être bien trop légère pour percevoir quoi que ce soit, mais les émanations magiques dans la pièce lui laissaient entendre qu’il en serait autrement et qu’il pourrait avoir un indice sur le lien unissant les créatures... Et il espérait que son sondage serait suffisamment léger et indétectable pour que la sirène n’en profite pas pour tenter de lutter contre lui esprit contre esprit. Il n’aurait alors plus aucune chance de combattre physiquement s’il était entraîné sur ce terrain là...


: « Faites en sorte de vous dépêcher, si vous devez contacter Poséidon. Je ne sais pas si nous pourrons résister au prochain assaut... »

Ambre tentait de détourner l'attention de la sirène, ou peut-être de la calmer, pendant que le reste du groupe s'organisait.

: « Poséidon ne vous a pas abandonnée ! Vous faîtes partie de sa mission, tout comme nous. Il nous a demandé d’aller récupérer les reliques encore enfouies quelque part ici. Regardez vous. Il vous a rendue bien plus puissante qu’avant. Il nous a demandé de venir ici, il savait très bien que nous nous rencontrerions. Finissez d’accomplir votre mission, et je suis sûre que Poséidon vous rendra votre apparence et votre liberté. »

Ambre commit l’immense erreur de reparler de Poséidon. Elle n’avait de toute évidence pas compris la haine féroce que lui vouait la sirène, ni le fait qu’elle avait passé le cap de la discussion.

S’il avait été possible de la raisonner, cela aurait été fait longtemps auparavant. En dépit de toute logique, Lalastia poussa un cri de folie et somma ses soldats de mettre Ambre à mort... immédiatement... pour la faire taire.

A ce moment précis, la transe d’Elen lui apporta la réponse. Il ne pouvait quasiment rien sentir des Ondins. Rien, sinon une incroyable passivité. A la place, toute l’énergie malveillante de Lalastia lui revint en pleine face.

Un condensé de haine, de violence, de rancœur, accumulé pendant de nombreuses années et distillé pour parvenir à un point de non-retour. Et cette haine lui avait donné une telle puissance de domination..

Aussitôt que Lalastia sentit l’esprit d’Elen effleurer celui des Ondins, le sien se mit immédiatement en contact avec celui de Elen, le soumettant en partie, gênant ses actions...

De toutes évidences, des tactiques trop élaborées ne marcheraient pas. Ils n’avaient ni le temps, ni les moyens, et le dialogue ne rendrait Lalastia que plus dangereuse et surtout impitoyable.

Elen sentit son esprit vaciller sous le choc de sa rencontre avec celui de la sirène. Il tenta, bien sur, de passer au plus vite dans un état de transe plus profond, et ses compagnons purent voir qu’il avait finalement fermé les yeux, chancelant. Mais l’esprit de la sirène était bien trop fort et il ne pouvait prendre le risque de passer dans un état de transe plus profond afin de fermer son esprit.

Remarquant qu’il ne pourrait repousser totalement l’esprit de la sirène mais que celle-ci ne pourrait totalement s’emparer du sien, il rompit et reprit une transe modérée. Il allait avoir bien plus de mal à se concentrer sur le combat, maintenant qu’il sentait à quel point la haine de cette sirène était intense...

: « C’est elle... C’est elle qui les contrôle... C’est elle qui est la source... Abattez la... »

Lorsque Raksha pénétra à son tour dans la pièce, il fut surpris tant par le combat que par les créatures. Dans ce labyrinthe souterrain, il était difficile de repérer la direction que prenait la galerie mais le groupe finit par déboucher dans une grotte plus importante et plus sèche. Néanmoins, le lieu était peuplé de créatures sous-marines mais qui avait subie d’étranges mutations. C’était comme si la roche et les runes naines avaient fusionné avec ces êtres de légendes pour leur donner une apparence monstrueuse. Mais, même s’ils étaient rongés par la folie, les créatures n’avaient pas oublié qu’elles étaient les gardiens de ce lieu et elles attaquèrent immédiatement les intrus, leur férocité s’amplifiait alors que Poséidon était nommé. Elles se sentaient abandonnées. Ses alliés se tournèrent vers le sauvage et lui demanda s’il ne pouvait rien faire pour elles.

Raksha acquiesça et bondit en avant. De sa besace, il sortit une plume évanescente et translucide qui illumina un instant la pénombre des lieux. C’était la plume que lui avait confié Thelxiopé, l’émissaire du Dieu des Mers. Il prit une voix autoritaire...


: « Il suffit, Ondins et Sirène! Nous reconnaissons votre valeur supérieure. Il était logique que nous rencontrions certains de ses meilleures éléments. A qui d’autres aurait-Il pu confier une tâche si ardue? »

Le sauvage prit une profonde inspiration et poursuivit.

: « Longtemps, vous avez gardé ce lieu. Ce sanctuaire ne devait être profané par leurs anciens occupants... mais le Dieu des Mers ne vous a pas oublié et l’heure de la délivrance est proche. Les nains ont apporté leurs pioches et vont ébranler le Radar Bek. Ils vont souiller l’oeuvre d’un Dieu et vous devez l’en empêcher. Ceci sera votre dernière bataille. Ceux qui survivront seront libérés à jamais! »

Le sauvage ne mentait pas. La comète dans le ciel détruirait à jamais les ruines de la cité naine.

: « Nous sommes les émissaires de notre Dieu. Il nous a confié l’importante mission de vous avertir de la menace qui arrive car il ne s’agira pas de quelques nains égarés mais de légions de l’Empire. Nous avons été mandé par le Dieu des Mers pour récupérer le Livre des Anciens. Quand Thelxiopé, votre soeur, m’a conté la vaillance de ceux qui le gardaient, je n’ai pu m’empêcher d’écrire ce texte pour vous »

Il improvisa.

: « ô fidèles gardiens sous la roche,
Vaillants guerriers du Dieu des Mers,
Longtemps tu as attendu le son des pioches,
Ceux-ci annonceront bientôt l’ultime guerre,

Voilà que je rencontre les Protecteurs,
Sentinelles vaillantes emplies de ferveur,
Ceux qui n’ont pas oublié leur Créateur,
Le Divin Poséidon, dieu des Profondeurs,

Fiers ondins, n’entendez pas les reproches,
Car votre foi et votre volonté sont de fers,
La libération est désormais si proche,
Dans le combat qui s’annonce, soyez donc fiers,

Voilà que je rencontre les Protecteurs,
Sentinelles vaillantes emplies de ferveur,
Ceux qui n’ont pas oublié leur Créateur,
Le Divin Poséidon, dieu des Profondeurs,

Ne croyez pas aux souverains fantoches,
Ceux qui vous font oublier la prière,
D’un élan de foi, ravivez la torche,
Celle qui brûle pour Lui, le Roi des Mers,

Voilà que je rencontre les Protecteurs,
Sentinelles vaillantes emplies de ferveur,
Ceux qui n’ont pas oublié leur Créateur,
Le Divin Poséidon, dieu des Profondeurs! »


Il répéta sa litanie un long moment. Le sauvage cherchait avant tout à faire renaître la présence de Poséidon dans le cœur de ces créatures. Si la sirène était sans doute perdue, peut-être que les Ondins pourraient s’éveiller de nouveau à leur Maître. Raksha essayait de donner à son chant une tonalité captivante comme Thelxiopé savait si bien le faire... mais le sauvage n’était pas une sirène, le duel des volontés se faisait à lutte inégale.

Après les échecs successifs des négociations tentées par le groupe de forestiers auprès de la sirène Lalastia, il était devenu évident pour tous que tout dialogue était désormais écarté. Chaque tentative s’était en effet soldée par d’avantage de rage de la part de la créature et par l’apparition de nombreux ondins toujours plus violents et sanguinaires.

Cependant, malgré toutes les bonnes intentions de Raksha, l'Intendant du Clan du Loup avait été écouté : c'était la sirène qui causait leurs ennuis et allait les mener à leur perte s'ils ne faisaient rien.

Ambre fut la première à réagir. La jeune elfe incanta des sorts de glace en direction de la créature en espérant geler l’eau qui recouvrait ses écailles. C’était sans compter sur la puissance magique de la sirène qui réussit à contrer ses sorts de justesse.

Amallya, regarda autour d’elle. La situation semblait désespérée. La plupart des combattants étaient blessés, elle l’était d’ailleurs elle-même. La fille de Gaïa ne savait plus qui soigner. Dans un accès de colère la femme sauvage tourna alors son regard vers Lalastia et incanta trois sortilèges à son encontre.

La puissance magique de la sirène n’avait pas faibli et bien qu’elle ne put contrer les attaques, celles-ci ne semblaient pas être parvenues à entamer l’émaille de la moindre de ses écailles. Les attaques magiques, bien que n’ayant visiblement pas permis de blessé la créature, avaient pourtant réussies à affaiblir ses défenses.

Les loups Elen et Nithan profitèrent de cette perte d’attention pour bondir sur leur proie et fondre sur la sirène comme sur un festin. Les lames tranchèrent les écailles de la créature et les premières gerbent de sang jaillirent.

Attiré par le bruit des combats, l’archimage Voronwë, l’un des plus puissants mages de l’alliance, pénétra à son tour dans la bibliothèque pour incanter deux puissants sorts contre la créature. La sirène recula sous la force de l’impact, le souffle coupé.

Malgré la puissance des attaques subies Lalastia était cependant toujours debout. La sirène continuait à faire face au groupe de combattant et à contrôler les ondins sous ses ordres. Les craintes des forestiers se renforçaient à chaque instant. L’ancienne servante du dieu des mers possédait en effet la faculté de soin dont elle avait déja usée sur un ondin blessé. Si Lalastia parvenait à se soigner et à prendre la fuite le groupe serait probablement perdu.

Sachant la situation critique, l’elfe Thunziel se concentra alors et décocha une ultime flèche d’une mortelle précision qui vint se loger entre les écailles de sa poitrine. Lalastia s’écroula dans une gerbe d’eau et de sang pour ne plus se relever. La créature maudite était vaincue. Elen sentit son esprit s’apaiser.

Tous les regards des forestiers se tournèrent aussitôt vers les Ondins. Comment ces créatures allaient-elles à présent réagir ?

Après cette victoire, pour le moins inattendue, sur la matriarche des ondins, la haine de la créature s’était évaporée lorsque la sirène avait perdu la vie. La pièce, cependant, resterait emplie des échos de cette rage meurtrière pendant encore des lustres, probablement, mais l’esprit du Loup était enfin libéré... Cela avait d’ailleurs été une des raisons qui l’avaient poussé à agir...


: « On se répartit la pièce ! De toute façon, on va pas tous les ouvrir un par un, si ? Il faut profiter de ce qu’on sait. C’est un livre qui renferme les secrets des runes Naines. Je sais que la magie Naine est très différente de la nôtre, mais on doit pouvoir la reconnaître ... Le peuple Sauvage ! Les ennemis jurés des Nains. Amallya, les autres, vous devriez être capable de sentir où les runes sont concentrées ... ? Non ? »

Le vieil homme regarda les étranges créatures, et à la réflexion d’Ambre, il lâcha :

: « Une chose me semble simple, ces livres doivent être abîmes par le temps et l’humidité, la magie protège certainement un écrit d’une telle importance des outrage du temps. Ainsi, cherchions les livres qui semblent en bon état. »

Les runes ornant le corps de la sirène renégate s’éteignirent en même temps que sa vie. Si le groupe des forestiers avait pensé qu’elle serait la gardienne du tome tant recherché, il se trompait et le livre devait se trouver là, quelque part dans les rayonnages noyés de la salle des archives de Kazad. Cela n’allait sans doute pas être une partie de plaisir de fouiller ce lieu mais au moins, les ondins des roches, libérés de l’emprise de Lalastia, se montrèrent nettement moins agressifs. Deux ondins curieux se rapprochèrent du jeune sauvage qui n’avait eu de cesse de chanter une litanie en l’honneur du Dieu des Mers durant l’affrontement. L’objet de leur curiosité, ou de leur convoitise, était la plume magnifique que lui avait donné Thelxiopé. Le moment était venu de leur rappeler leur devoir, celui de servir la cour marine, leur rappeler leur devoir et leur serment envers Poséidon.

Raksha semblait néanmoins incertain sur la méthode a utilisé. Il tenta d’allier la parole et le geste pour communiquer avec les ondins, une méthode qu’il avait autrefois appris auprès de Djalrië, une jeune sauvage muette qui rendait grâce à Gaia à l’aide d’un chant muet.


: « Pou-vez-vous-par-ler? »

Il utilisa une main pour les désigner, l’autre pour accentuer les syllabes lentes qu’il prononçait. Il semblait à Raksha que toutes les sirènes et ondins étaient dotés de la parole mais qui savait quelles autres mutations la pierre avait provoqué et la sirène renégate semblait avoir toutes les peines à prononcer des paroles cohérentes.

: « Je-suis-Rak-sha! Je-sers-Po-Sé-I-Don! »

Il se désigna et ensuite montra du respect envers un symbole du trident inscrit sur sa tunique.

: « J’ap-par-tiens-à-Thel-Xi-O-Pé »

Il mit en évidence la plume translucide avant de la serrer contre lui, comme si c’était la plus précieuse des reliques... ce qui n’était pas loin de la vérité.

: « Nous-cher-chons-un-li-vre-très-vieux-très-pré-cieux-a-vec-des-ru-nes. »

Il mima quelqu’un qui lisait un ouvrage et effectua quelques figures géométriques dans l’air avec son doigt pour représenter les runes...

: « Po-Sé-I-Don-et-Thel-Xi-O-Pé-veu-lent-le-li-vre-car-mé-chants-nains-vont-bien-tôt-ve-nir-le-cher-cher »

Le sauvage désigna à nouveau le trident et la plume avant de faire un geste de « recevoir » à l’aide de ses deux mains, figurer à nouveau le livre et puis, il se courba le dos, tira la gueule et mima d’un geste de la main avoir une longue barbiche. Ensuite, gardant son expression mauvaise, il fit semblant de piocher le sol et désigna le plafond. Raksha n’avait aucune idée d’où viendrait l’Empire mais la surface devant se trouver au-dessus, cela lui avait semblé le plus logique de désigner le haut de la caverne.

: ”Vous-sa-voir-où-li-vre-être? »

Il attendit quelque peu pour voir la réaction des ondins, voir s’ils comprenaient, voir même s’ils ne se moquaient pas de lui et de ses mimes alors qu’ils étaient parfaitement capables de comprendre lorsque le sauvage parlait normalement.

Thunziel écouta Raksha et ne put s’empêcher de sourire quand il entendit ” mé-chants-nains ”. Après tout, les nains veulent juste récupérer des reliques qui leurs appartiennent de droit... Ce serait donc nous les méchants ? Hum... Ce n’est pas le moment de se poser ce genre de questions ! Nous devons protéger les notre et pour cela récupérer le livre !

Raksha... Heureusement que l’Homme sauvage était là. Grâce à lui, la relique sera certainement trouvée plus rapidement ! Thunziel se rapprocha du fidèle de Poséidon pour lui apporter un quelconque soutien. Mais aussi pour écouter l’hypothétique réponse des Ondins. En apercevant la plume de Raksha, une idée traversa l’esprit de l’elfe.


: « Raksha, j’ai en ma possession une plume de Lalastia. Peut être que je pourrais également leur demander où se situe le livre ? Pour l’instant, je vous laisse faire. J’espère que cela suffira. »

: « Ce ne serait pas une bonne idée. Regarde comme ils semblent nous craindre. Cela pourrait ranimer la rancœur qu’ils ont à notre égard, et relancer les hostilités. Or nous ne sommes pas prêts à une telle chose. Laissons leur ancienne maîtresse là où elle repose, car il est regrettable que nous en soyons arrivés là. Mais nous n’avions pas le choix... »

Il décida de rester auprès de Raksha, au cas où les ondins curieux ne décident finalement de s’en prendre à lui...

: « L’ondin va probalement montrer à Raksha où se trouve le livre des anciens. Une fois que cela sera effectué il nous faudra découvrir où se trouve la seconde relique. Il n’est peut-être donc pas nécessaire de s’éloigner de l’entrée de cette bibliothèque.

Une fois que nous aurons récupéré cet artefact nous devrons en effet retourner dans la galerie inondée afin d’aller explorer l’autre extrémité de celle-ci où se trouvait une autre issue. Le second artefact nous y attend sûrement.

Pour ma part je vais donc commencer à m’y diriger afin de gagner du temps et je souhaiterais vous inviter à faire de même. Je pense que les ondins sont à présents inoffensifs et que nous pouvons laisser Raksha seul avec eux. Nous pourrions éventuellement laisser un combattant à ses côtés pour assurer sa protection.

Nous ne savons pas quelle est la situation à la surface mais étant donné les importantes troupes de l’Empire je doute que nos compagnons puissent résister longtemps à une telle pression. Nous devons nous hâter de mettre la main sur ces reliques car le temps presse et chaque instant compte. Nos ennemis pourraient en effet surgir d’un instant à l’autre en ces lieux. »


: « Je vais tâcher de le rejoindre au plus vite mais il faudra encore attendre un peu pour que jarrive dans le secteur sud-ouest. Je ne suis malheureusement pas encore aussi à l’aise avec l’eau que les ondins. Nous verrons bien ce que contient la cache de l’ondin mais je pense en effet que vous pouvez commencer à vous diriger vers la galerie pour explorer le reste du secteur. Je ne pense pas que je risque quelque chose avec les ondins. »

L’ondin glissait dans l’eau avec une étonnante facilité, se levant, attendant que Raksha arrive. Il semblait étonnement joueur, comme un jeune chien ou un animal naturellement cordial.

Son compagnon réagissait avec le même entrain, le même plaisir.

Mais à mesure que les deux se dirigeaient vers un coin de la pièce, les réactions du reste des ondins étaient de plus en plus nerveuses. Le choix de remettre le livre ne faisait clairement pas l’unanimité.

Finalement, l’ondin s’arrêta et désigné un promontoire où était posé un livre. Il était presque aberrant que le groupe des forestiers ne l’ait pas vu plus tôt. Mais un regard plus poussé sur le livre révélait l’enchantement puissant dont il était le sujet.

En effet, pour peu qu’on se mette à y regarder sans le chercher particulièrement, le regard glissait imperceptiblement vers autre chose. Un mur, une colonne, une étagère, une page flottant dans l’eau... Il y avait toujours quelque chose qui déviait l’œil, comme si l’esprit, naturellement, ne pouvait s’empêcher d’être happé ailleurs.

Un sortilège qui consistait, non pas à rendre le livre invisible, mais à rendre tout les éléments autour beaucoup plus importants.

Il serait très difficile de se concentrer pour extirper le livre de son lutrin d’acier...


« C’est difficile de se déplacer, par ici... Donc, si j’ai bien compris, on se rejoint tous devant le second passage et on entre tous en même temps? Ca me va, au moins, cette fois je ne serais pas en retard... Et puis avec un peu de chance, si on se dépêche assez, on arrivera avant les impériaux ! Je me met en route tout de suite. »

: « Hum je sais vraiment pas ! »
Je sais pas vous mais on en veut tellement qu’on risque de finir par tout perdre ! Vous ne pensez pas qu’on devrait déjà mettre en sûreté la première relique ?

: « Nous pouvons en effet demander aux ondins de trouver une sortie sécurisé affin que l’un de nous sorte avec la première relique. Il cependant déjà que nous mettions la main sur celle-ci. Si cela était possible, l’un de vous serait-il volontaire pour ramener l’artefact en sûreté seul ? »

« Bah, l’un n’exclut pas l’autre, je pense... Je ne sais plus qui avait dit que celui qui récupérerait le livre pourrait aller le mettre à l’abri pendant que les autres continuent. De toute façon, pour le moment, on ne sait même pas comment on va sortir... »

Finalement, Raksha allait avoir plus de mal qu’ils ne l’avaient imaginé à trouver le précieux artéfact. Aussi, une partie du groupe décida de se joindre à lui dans ses recherches : Ambre, Tanysh, Nithan et Elen.

Ils scrutaient ensemble le promontoire, mais un puissant sort détournait leur esprit de leur recherche en les focalisant sur d’autres objets. En vérité, comme ils n’avaient aucune idée de l’aspect que devait avoir ce recueil, ils avaient du mal à se concentrer uniquement sur lui et à former une image nette du manuscrit. Ils ne faisaient que l’entre apercevoir de temps à autre. Mais, au fur et à mesure, l’image se faisait de plus en plus nette, comme s’ils additionnaient chaque bribes qu’ils parvenaient à capter lorsque leurs yeux se posaient un instant dessus...

Ce ne serait qu’une question de temps, finalement...

Mais le temps jouait contre eux...


: « Compagnons ! Il nous faut détruire ce bouquin ! Si au moins cet artefact ne tombe pas entre leurs mains, nous n’aurons pas tout perdu ! Débarrassons nous des Ondins et détruisons le livre ! »

L’esprit de l’Intendant cherchait déjà une solution pour anéantir le livre magique. Une voix parvenant de la porte, celle de Thunziel, confirma les craintes du Loup :

: « Hum, oui effectivement, les Impériaux arrivent ! Je suis d’accord avec toi Elen ! Détruisons cette relique ! J’ai peut être une idée, assez simple pour une fois. La lave... on pourrait s’en servir pour détruire la relique. Nous savons que les êtres vivants ne peuvent pas survivre à celle-ci. Peut être que le livre n’aura pas la protection nécessaire pour s’en protéger. »

Thunziel regarda les deux Impériaux qui venaient d’arriver. Il savait que sa mort était proche mais de toute manière il le savait depuis qu’il avait plongé dans la rivière. Le jeune Faucon n’avait pas peur et comptait bien emporter un ou deux Impériaux dans sa mort...

: « Le problème est que pour trouver la lave, il faut sortir. Or c’est exactement ce que nous ne pouvons pas faire. Tanysh, Hosl et Raksha, avez vous quelque magie qui pourrait nous permettre de détruire ce livre ? »

: « ... Nous pourrions geler le livre et le détruire... A moins que quelqu’un ne connaissance la magie de feu... Peut être même pourrions nous user du livre, ne contient il pas une magie de téléportation? »

: « Ne devrions nous pas commencer par le ramasser ? Ou l’ouvrir, le lire ? Capter son pouvoir puis leur donner en ”toute bonne fois” alors qu’il est devenu inutile ? »

« Je suis totalement pour ! Lisons le, puis jetons le dans le marais, ou brûlons-le ! »

Il était de toute évidence impossible de lire le livre tant qu’un examen attentif n’aurait pas été mené... Parallèlement, le détruire était une chimère. Le livre des runes avait survécu près de cent ans et il semblait comme neuf. Il se murmurait même que ce livre était là depuis le début de la civilisation naine... La lave peut-être aiderait, mais là encore, il fallait sortir!

: « Le lire ? Mais comment ? Ce ne sont que des runes ...! »

Raksha tenait enfin le livre des anciens dans ses mains. L’une des précieuses reliques naines qu’avait réclamé Poséidon était en leur possession mais déjà, le sort s’acharnait sur eux pour leur reprendre l’ouvrage serti de runes. Des ondins renégats d’une part, des impériaux plus proches que jamais d’autre part, la peur de l’échec apparaissait. L’esprit de Raksha restait cependant limpide. Il fallait s’attaquer à un problème et puis l’autre. D’un geste serein, il comprima le livre contre son corps et de sa main libre enchaîna trois courts sorts offensifs contre l’un de leur agresseur ondin. Sa carapace minérale était entrain de céder.

: « Patience mes frères, Poséidon saura nous montrer le chemin le moment venu. Je doute que le Livre des Anciens ne soit si aisé à détruire sinon l’humidité de la caverne l’aurait déjà anéanti. Occupons nous de nos ennemis proches et je tenterais de négocier une autre voie de sortie avec nos alliés. Cela m’étonnerait qu’il n’y ait encore qu’un chemin d’accès à cette salle. Néanmoins, je prie pour nos frères dans la galerie au prise avec les impériaux... »



Pendant ce temps, dans le couloir

Thunziel trembla de peur devant l’arrivée impressionnante des Impériaux. Des Géants, des Olympiens, des Nains, ils étaient tous venus pour récupérer les reliques. Il regarda autour de lui pour trouver un échappatoire, son regard croisa celui de Aileen. C’est vrais, il n’était pas tout seul, Aileen, Voronwë et Amallya étaient proche de lui. L’Elfe des Lunes se calma presque immédiatement ! Il serra un peu plus fort son arc, prêt à attaquer s’il le fallait.

La tension était de plus en plus forte, Thunziel n’avait jamais été aussi proche de l’ennemi. Le temps avait étrangement ralenti, il pouvait discerner les moindres traits de Akriénor et Charoue. Tandis que plus loin, Erkeos, Vrugar, Tom de Longe et Rorschach Karnage paraissaient étrangement calme pour la situation. Thunziel continua à inspecter les lieux et aperçut Ghormy, le roi des Nains. Il n’était pas comme les autres, il semblait se préparer.

Soudainement la passivité de la scène explosa, Ghormy était rentré en action ! Les cris de Aileen ne pouvait que confirmer la vérité de ce qu’il avait vu. C’était elle qui avait subit les attaques puissantes du Nain. L’elfe eut à peine le temps de constater qu’Aileen n’était pas sévèrement blessé, qu’une flèche se plante sur le mur juste derrière lui. Grâce à ses capacités de Faucon, l’elfe avait vu le projectile arrivait et s’était décalé in extremis. Il se précipita vers Aileen pour la soutenir.

: « Sa va ? Tu vas tenir le coup ? »

: « Forestiers, que faites-vous ici ? Avant d’être un ”Sanctuaire de Poséidon”, cet endroit reste les ruines de notre ancienne cité. Quoiqu’il en soit, nous sommes venus récupérer ce qui nous appartient. Je ne sais pas ce qui vous emmène ici, mais je suis prêt à faire une trêve. Nous ne sommes pas venus pour combattre, juste pour retrouver nos biens. »

Amallya fut surprise par les mots du roi des nains. La femme sauvage ne s’attendait pas à ce que les impériaux tentent une approche diplomatique. La conseillère tenta de masquer sa surprise avant de répondre, sereine.

: « Je tiens tout d’abord à rectifier un point, votre altesse. Le droit d’un dieu passe avant le droit d’un peuple, fusse-t-il le votre. Ces montagnes ont peut-être été par le passé votre cité mais ce temps est désormais révolu. Ce lieux est désormais le sanctuaire du dieu des mers et un avertissement à tous ceux qui oseraient le défier. Ne provoquez pas la colère de Poséidon ou vous risqueriez de le regretter. Les purs-sang que vous avez dus combattre n’étaient qu’un avant-goût de ses pouvoirs. »

La voix d’Amallya devint plus grave et plus dure au fur et à mesure de la discussion.*

: « Vous dites être venus pour récupérer vos biens. Il semblerait donc que les rumeurs sur la cupidité naine ne soient pas exagérées. Pour être prêts à défier un dieu pour quelques vulgaires reliques, la folie doit s’ajouter à la cupidité. »

Amallya marqua une pause dans son discours, voyant la supériorité numérique apparente des impériaux formant une barrière au milieu des galeries inondées. Elle reprit plus calmement.

: « Mais soit, il semblerait que je n’ai pas le choix, je vous montrerais donc le chemin vers les reliques que vous convoitez. Vous irez cependant seuls défier le dieu des mers, je ne participerais pas à votre folie. Je vous montrerais le chemin et vous serez ensuite seuls maîtres de votre destin. »

Amallya interrompit alors son discours et attendit la réponse des impériaux. Thunziel sourit en constatant l’aisance du discours d’Amallya. Les arguments se suivaient, percutants, véridique et lourd de sens. La ville n’était plus celle des Impériaux mais bien celle de Posèidon. L’Elfe des Lunes se demandait comment elle pouvait encore leur tenir tête. Malgré le nombre d’Impériaux qui étaient arrivé et la haine qu’avait montré le Roi des Nains, Amallya ne se démontait pas.

Il fut tout de même soulagé de constater qu’Amallya était prête à discuter et à leur montrer le chemin vers les reliques. C’était aussi la proposition à laquelle Thunziel avait pensé lorsqu’il s’était rendu compte que les Impériaux ne savaient pas quoi faire. Il prit donc la parole pour renforcer la proposition d’Amallya.


: « Impériaux, vous avez entendu Amallya. Nous sommes prêt à vous montrer le chemin pour accéder aux reliques. Vous avez montré votre sagesse en nous proposant cette trêve. Ne cassez pas tout en refusant cette proposition.

Bien entendu, si nous vous montrons le chemin, nous voulons être sur de pouvoir retourner chez nous sain et sauf... »


Ghormy était désormais bien plus calme, il écouta les propos cinglants d’Amallya sans s’en soucier. Il fît une petite révérence envers Amallya avant de lui répondre.

: « Chère dame, crachez votre venin si vous le souhaitez, je ne m’abaisserais pas à riposter.
Trouvez nous cupides et fous si vous le souhaitez. Etant donné que la trêve semble avoir été adoptée, pour ma part, j’essaierais de me montrer courtois. »


Il se tourna ensuite vers Thunziel pour lui répondre.

: « Pour ce qui est de votre retour sain et sauf, je peux vous le garantir. Si nous récupérons bien ce que nous cherchons, nous n’avons aucune raison de vous abattre. »

Il sortît un petit bout de papier et y griffonna quelques mots avant d’attacher ce dernier à la patte de la chouette qui était posée sur son épaule. Il lui caressa doucement la tête et lui murmura.

: « Vole Hulotte ! »

La chouette déploya ses ailes et commença son ascension vers la surface en repassant par là où les Impériaux étaient venus.

: « Voilà, nos troupes à l’extérieur sont désormais au courant de cette trêve. Si vous respectez vos engagements, il ne vous arrivera rien, mais bien entendu si vous nous trahissez, vous serez abattus. »

Après quoi, il s’approcha de Aileen pour vérifier si elle allait bien et sortît un bout de tissu pour lui faire éventuellement un bandage.

: « Excusez ma rudesse... Vous voulez de l’aide ? »

Les impériaux étaient entrés dans la grotte, soudainement. Aileen avait pris le partir de se replier un peu plus loin, pour ne pas rester isolée... Mais sans qu’elle comprenne comment, une avalanche de sorts s’étaient abattus sur elle. En fait, avalanche ou pas, elle n’aurait pas pu le dire. Toujours est il que le choc fut rude et très soudain...
Elle s’attendait à se réveiller une fois de plus au milieu des damnés, ou à ne pas se réveiller du tout, d’ailleurs... Mais rien ne bougea, elle pataugeait toujours dans l’eau du tunnel, les impériaux étaient toujours là... Sauf que cette fois, l’eau autour d’elle était devenue bien plus rouge... Elle avait la tête qui tournait, et des conversations alentours, elle n’en comprenait que quelques mots épars. Un nain parla, puis Amallya, ET puis... Et puis Thunziel, aussi, et puis le roi des nains se tenait davant elle, il lui tendait quelque chose... elle leva les yeux vers lui, il était grand...
Grand?

Elle s’aperçut alors qu’elle était tombée à genoux. Tant bien que mal, elle se releva, tout tournait, autour d’elle...


« Me... Merci... »

C’est tout ce qu’elle réussit à bredouiller quand Ghormy essaya de l’aider. Elle croisa le regard inquiet de Thunziel et lui fit un signe de main, autant pour se convaincre elle même qu’elle n’était pas morte que pour rassurer le faucon.

« J’suis encore là..! »

La question était peut être simple, mais traduisait en réalité une certaine inquiétude, qui concernait aussi bien les volontés divines que les conflits avec les impériaux...
Amallya semblait prendre les choses en main, mais quand on était presque exsangue, à côté d’un nain qui décide de vous aider après vous avoir accablé de sorts, la situation était loin d’être bien compréhensible..!

La trêve semblant être établie, Erkeos prit le soin d’examiner plus attentivement son environnement. La galerie de roche sombre faisait résonner les sons comme les pas de chacun dans l’eau qui inondait totalement le passage, ou comme le ressac de l’eau contre les parois. L’air était humide et chaud. Mais l’Olympien semblait s’en accommoder.

Puis il dévisagea Amallya. Son visage semblait plus marqué et fatigué depuis leur dernière rencontre. Mais le cadre géographique de cette nouvelle rencontre en était une justification évidente.


: « Nous serons en mesure de vous suivre dès que nous serons au complet. Mais je souhaiterais vous poser quelques questions en attendant. Et j’espère que vous ne ternirez pas la confiance que je vous porte… »

L’Olympien avait toujours entretenu des relations courtoises à l’égard de la Femme Sauvage et espérait bien que cela dure le plus longtemps possible.

: « Dites-moi… Combien êtes-vous dans ces galeries souterraines et où sont vos autres compagnons ? De plus, vous êtes prêts à nous conduire jusqu’aux reliques et cela nous amènerait à penser que vous n’y avez pas touché. Quelque chose vous en aurait-il empêché ? Quelles mauvaises rencontres avez-vous fait ? »

Amallya écouta Erkeos s’adresser à elle sans un mot. L’ancien ambassadeur avait toujours été loyal dans ses paroles et dans ses actes envers la femme sauvage. Sa présence en ses lieux ne faisait que compliquer la tâche d’Amallya.

Lorsque l’olympien eu terminé de la questionner, la femme sauvage détourna son regard songeur pour le plonger dans l’eau sombre qui emplissait les galeries. Elle ne souhaitait pas trahir ses compagnons mais elle savait qu’elle devrait prouver sa bonne foi envers les impériaux.

Amallya releva alors le regard pour le poser à nouveau sur Erkeos, lui répondant d’une voix calme mais ferme.


: « Vous aurez l’occasion de rencontrer mes autres compagnons bien assez tôt, ne vous inquiétez pas pour celà. Je n’en dirais pas d’avantage sur leur position actuelle ni sur leur nombre pour le moment, ne voulant pas leur nuire. Comprenez-moi bien : je vous ai répondus sans les avoir consulter au préalable. J’ai accepté, en mon nom, de vous conduire aux reliques que vous cherchez et Thunziel a semblé approuver mon avis. Je ne souhaites cependant pas trahir mes compagnons et tant que ceux-ci ne nous auront pas rejoints je ne donnerais aucune information pouvant leur porter préjudice. En ce qui concerne les reliques, celles-ci sont effectivement gardées. Afin d’atteindre l’objet de vos convoitises vous devrez probablement défaire leur gardien. Ne comptez pas sur mon aide pour y parvenir, je ne souhaites pas m’opposer à mon dieu et protecteur en aidant mes ennemis à aller contre sa volonté. »

Amallya plissa les yeux, tentant de percevoir la réaction des impériaux dans la pénombre. La conseillère espérait que sa réponse suffirait à calmer l’impatience de ses ennemis.

Aileen était encore sonnée, pourtant, elle se concentra un instant pour tenter de faire le lien entre les bribes de conversation qu’elle avait entendu. Et puis l’évidence lui sauta aux yeux.


« Une... Une trêve? Que... Comment c’est possible? Pourquoi... D’accord, une trève... Mais... Ca va nous mener où? »

: « Où va nous mener cette trêve ? La question est des plus pertinentes ! Et ma réponse sera des plus sincères. Sachez que notre unique but en ces lieux, est la récupération d’un trésor nain. Nous ne sommes pas venus pour vous éliminer. Si nous accédons à notre quête, alors il n’y a vraiment aucune raison de faire couler plus de sang. Voilà à quoi se résume cette trêve. De plus nous sommes ici en comité restreint et dans un endroit exigu. Une trêve peut donc plus aisément se concevoir et se respecter. »

Puis le Lardanien porta à nouveau son attention vers Amallya. Il comprenait parfaitement la situation de la Femme Sauvage. La loyauté envers ses amis et le respect envers ses ennemis étaient souvent des disciplines bien difficiles à concilier. Il vivait aussi dans cet état d’esprit. Il n’insista donc pas pour obtenir plus des précisions sur ses précédentes questions.

: « Votre prévenance envers vos amis est très naturelle, Dame Amallya. Et votre franchise est toute à votre honneur. Soyez assurée que je les mesure à leur juste valeur. Et je vous en remercie sincèrement. M’autorisez-vous cependant à vous poser une autre question ? »

Cette demande de permission était évidemment une formule de politesse et il n’attendit pas la réponse de son interlocutrice.

: « Vous semblez ne porter finalement que peu d’intérêt pour ce que nous sommes venus chercher. Et donc... peut-être pourriez-vous m’aider à comprendre la raison de votre présence ici ? »

Les négociations semblaient avoir pris le pas sur la violence. Les armes étaient toujours tirées, les regards toujours méfiants, mais c’était les langues qui se délièrent en premier.

Ainsi réunis, coincés dans une alcôve de silence, isolés du bruit de l’extérieur qui leur parvenait dans un bourdonnement diffus, elfes et olympiens, hommes sauvages, nains et géants, toutes ces races qui se vouaient une haine séculaire vivaient un moment de grâce qui avait tous les échos de la fin du monde.

Qui aurait cru, en effet, que face à des considérations aussi importantes, chacun aurait su rejeté son animosité pour aller vers l’autre? Dans un flottement silencieux, personne ne disait plus rien. Chacun s’observait... jusqu’à ce que...

CRAAAACK!!!!

Un bruit d’enfer éventra ce silence si fragile et ramena tout le monde à la réalité. Un son affreux, pareil à une explosion, à un débordement de catastrophes, envahit le tunnel. Le couloir inondé trembla violemment, comme s’il n’était plus qu’une cage qu’un Titan secouait frénétiquement entre ses mains.

Des morceaux de marbre tombèrent du plafond, de gros pans de roche s’écrasèrent au sol en une gerbe d’eau, manquant souvent de fracasser la tête d’une des personnes présentes.

Le couloir par lequel était entré les Impériaux venaient de s’effondrer. Pire. Le couloir tout entier semblait sur le point de s’écrouler et de les enterrer vivant.

Était-ce un tremblement de terre? Était-ce la comète qui arrivait? Sans relation avec l’extérieur, aucun d’eux ne pouvait le savoir désormais.

Une chose est sûre. Le temps leur était désormais compté s’ils espéraient sortir d’ici vivants...



Pendant ce temps, dans la bibliothèque engloutie

: « AaaAaaAaaAhhh ! »

Ambre se jetta au sol par réflexe. Un réflexe stupide. Aucun morceau de roche ne lui était tombé dessus, et elle s'était toute encrassée. Encore plus qu’avant en fait.

: « Ça va, tu n’as rien ? » se fit-elle pour elle-même.

: « Non, c’est bon, merci. »



Pendant ce temps, dans le couloir

: « Et bien, il semblerait que cette trêve n’aura été que de courte durée. La galerie ne va pas tarder à s’effondrer, rentrez chez vous. Moi, je ne laisserais pas les trésors de mes ancêtres ici. »

Il commença à patauger dans l’eau.

: « Bonne chance. »

Après qu’Erkeos eu posé sa dernière question, Amallya était restée silencieuse. Elle regardait l’entrée par laquelle étaient arrivés les impériaux sans dire un mot. Le regard dans le vide, la femme sauvage semblait attendre quelque chose. L’absence de réponse de la conseillère semblait rendre nerveux les impériaux. Certains semblaient se demander si la femme sauvage avait bien entendu l’olympien, d’autres tentaient de percevoir ce que la femme sauvage observait.

Soudain la terre se mit à trembler, encore. La femme sauvage ne fut pas surprise, elle s’attendait à cet événement. Depuis leur arrivée à proximité des montagnes de Radar Bek le sol n’avait cessé de trembler, à des intervalles plus ou moins réguliers. Cela faisait longtemps qu’un nouveau tremblement n’avait pas secoué le sol et la conseillère comptait sur cet événement. Le tremblement de terre fut cependant plus violent que les précédents et la femme sauvage eu du mal a garder l’équilibre sur ses jambes courbées. Elle resta immobile, tentant de garder l’équilibre alors que le plafond s’écroulait autour d’elle.

Soudain la secousse prit fin. Comme prévu le souterrain par lequel les impériaux étaient venus s’était écroulée. Amallya ne put dissimuler un sourire de satisfaction en contemplant cela. Elle tourna alors son regard vers Erkeos pour lui répondre, enfin.*

: « Pour répondre à votre précédente question, sieur Erkeos, la raison de ma présence en ce lieu n’a pas changé depuis mon arrivée. Mon but est de vous empêcher de vous emparer des reliques que vous êtes venus chercher. Cette mission m’a été confiée par le dieu des mers, Poséidon en personne et je ne m’y soustrairais pas. Soyez toutefois rassurés, sieur Erkeos, car malgré les apparences, nos buts ne sont pas aussi opposés qu’il n’y paraît.

Je vous ai promis que je vous mènerais à vos reliques et je le ferais. Je n’ai en effet nullement l’intention de vous empêcher de les acquérir. Ma seule mission consiste à vous empêcher de ressortir avec celles-ci. »


Amallya tourna alors son regard vers le souterrain effondré et reprit.

: « En effet, et comme vous pouvez le constater, il ne sera pas aisé de sortir de ce qui sera probablement notre tombeau à tous. »

Les impériaux dévisageaient à présent la femme sauvage qui avait parlée d’une voix sereine. Amallya semblait résignée au sort qui l’attendait. Aucune peur ni aucune angoisse ne pouvait se lire sur son visage.

Rorschach serra de toutes ses forces le pommeau de son épée en entendant les propos d’Amallya. Ce ton détaché et condescendant l’exaspérait au plus haut point.


: « Comment voulez vous que cette trève soit crédible si vous nous promettez de nous empecher de sortir d’ici, en sous entendant que vous vous arrangerez pour que nous y laissions tous notre peau. Vous venez au nom d’un dieu qui a maudit votre peuple, et qui vous a pris ensuite sous son aile. Qui vous dit qu’il ne se sert pas de vous, avant de se débarrasser de votre peuple? Vous trompez votre créatrice Gaïa en vénérant un Dieu qui n’a à priori aucune correspondance avec votre peuple. Êtes vous un peuple sous marin? non !

Avez vous songé à une machination divine? Je suis intimement persuadé que tout a été prévu depuis des disaines d’années, pour que vous lui apportiez ces reliques. Je ne sais pas si cela apportera puissance ou pouvoir à son possesseur, mais si c’est le cas, vous risquez de déséquilibrer le panthéon des dieux de l’olympe, et précipiter la fin d’Olympia. Laissez le peuple nain disposer de ces artefacts, qui lui ont toujours appartenu, afin qu’ils puissent honorer leurs ancêtres. Il s’agit de la seule chose sensée à faire. »


Le regard noir, Rorschach se faufila dans un tunnel annexe, extrêmement étroit, dans lequel il eut beaucoup de mal à avancer. Des éboulis bloquait ici et la le chemin. Sa stature imposante ne l’aidait pas. Un géant plus grand ne pourrait certainement pas passer...

Amallya tourna son regard vers le géant. Ses paroles n’avaient aucun sens et la femme sauvage avait du mal à comprendre le raisonnement de son interlocuteur. Peut-être celui-ci avait-il reçu un rocher sur la tête ou peut-être la peur de la mort lui faisait-elle parler sans réfléchir. Quoi qu’il en soit Amallya ne pouvait laisser ce géant proférer de telles stupidité sans rétablir la vérité. Elle prit la parole d’une voix dure et sèche.


: « Vos critiques à l’égard de notre culte envers le dieu des mers et de l’affront que celui-ci pourrait porter à Gaïa sont infondées et déplacées. Notre dévotion pour notre mère est toujours intacte, nous n’avons jamais cessé de vouer le culte que Gaïa méritait. Ce culte ne nous empêche cependant pas d’honorer notre Protecteur en remerciement pour ses actes.

Vous affirmez que la puissance de ces artefacts seraient tels qu’ils pourraient déséquilibrer le rapport de force régissant le panthéon des dieux de l’Olympe. Pourquoi dans ce cas voudriez-vous que nous les remettions à de simples mortels, à nos ennemis ?

D’après vous je devrais faire d’avantage confiance au peuple nain qui a détruit notre précédente cité et avec qui notre peuple est en conflit depuis toujours, plutôt qu’au Dieu qui nous a protégé toutes ces années depuis la destruction de Luminaë, qui a puni nos ennemis et qui a empêché la destruction de notre refuge, Fernliaë, il y a de cela quelques saisons ?

Pensiez-vous vraiment réussir à me convaincre en disant cela ?

Ne soyez donc pas ridicule, géant, vous n’arriverez à rien en agissant ainsi. Laissez donc les personnes raisonnables discuter entre elles et occupez-vous donc plutôt de dégager les éboulis. Vous ne serez guère utile à autre chose. »


Amallya se retourna alors vers Erkeos et Ghormy avant de reprendre d’une voix plus calme.

: « En outre, je n’ai jamais dit que mon but était de donner ces reliques à Poséidon. C’était en effet la raison première de notre venue en ces lieux mais votre arrivée a quelque peu contrariée nos plans. Quoi qu’il en soit, le dieu des mers nous a simplement ordonné de vous empêcher d’acquérir ces artefacts. Que ceux-ci restent prisonniers de ces lieux ou qu’ils soient engloutis dans la lave me conviendrait tout autant. »

Entendant un tel tas d’ineptie, Rorschach s’arreta, fit demi tour tant bien que mal, puis répondit à la femme sauvage :

: « Je vous demande si cela avait pu vous passer par la tête? Un objet entre les mains d’un mortel, ou entre les mains d’un dieu, n’a plus du tout les mêmes vertus.

Je crois en TERRE, et lorsque mon élément m’ordonne de faire telle ou telle chose, bien entendu que je vais m’exécuter de prime abord, mais je vais aussi essayer de comprendre le pourquoi du comment. C’est la différence entre être un mouton et quelqu’un de civilisé et réfléchi.

Avez vous seulement entendu parler dans l’histoire d’Olympia de nains se servant d’artefacts pour semer la discorde et le chaos? Moi jamais, et pourtant cela fait 105 longues années que je suis sur ces terres. S’ils avaient du se débarrasser d’un peuple grâce à ces objets, je pense que vous ne seriez pas la aujourd’hui pour discuter avec moi.

Votre dieu vous a t il dis pourquoi il avait le besoin absolu de ces reliques? Ou d’empêcher les nains de pouvoir les récupérer?

Je suis curieux de connaître votre réponse, vous qui avez l’air d’avoir toujours quelque chose de plus intelligent que les autres à dire. »


Le géant toisait la sauvage attendant une nouvelle réponse, dégoulinante de ce sentiment de supériorité qui animait la conseillère.

L’insistance du géant commençait à énerver Amallya. Non seulement il ne savait pas de quoi il parlait mais en plus il était convaincu de la véracité de ses propos. Il était temps de mettre les choses au clair une fois pour toute. La femme sauvage s’adressa à nouveau au géant d’un ton méprisant.

: « Je n’ai pour le moment fait que vous répondre en prenant en compte vos suppositions ridicules qui voudraient laisser entendre que ces reliques détiendraient un pouvoir capable de déséquilibrer le panthéon des dieux de l’olympe lui-même. Chez les personnes civilisées cela s’appelle un raisonnement par l’absurde.

Pensez-vous réellement que de simples mortels, fussent-ils le peuple nain, seraient capable de créer des artefacts d’une telle puissance ? Évidemment non !

Vous ne semblez pas écouter ce que je dis, ou peut-être ne comprenez-vous pas le sens de mes mots. Je vais donc devoir me répéter une dernière fois et je vous conseille de tenter de vous concentrer pour comprendre le message suivant, je ne le répéterais plus. Poséidon ne nous a pas demandé de lui rapporter ces reliques, il ne les désire pas et n’a que faire de leur existence. Le dieu des mers nous a simplement ordonné de vous empêcher de bafouer ce sanctuaire qui est le sien et qui constitue un avertissement.

Nous ne sommes pas parvenus à vous empêcher de pénétrer ce lieu mais nous pouvons toujours vous empêcher d’en ressortir avec ces reliques. Comme je l’ai déja dit, il nous importe peu que ces reliques soient remises à notre Protecteur ou bien que celles-ci restent prisonnières de ce lieu.

Avez-vous bien compris cette fois, géant ? Pouvez-vous nous laisser discuter sans avoir besoin de répéter des évidences ? »


Le théâtre souterrain devenait très instable. Les galeries pouvaient s’effondrer à tout moment. Le rocher qui s’était détaché de la voûte et qui faillit broyer Erkeos quelques instants plus tôt, l’avait rendu beaucoup moins tranquille dans ses gestes et beaucoup plus brefs dans ses propos.

: « Rorschach, il est inutile de prolonger cette discussion. Quels que soient les convictions de chacun, nous savons qu’une entente est impossible. »

Il se retourna vers la Femme Sauvage :

: « Dame Amallya, encore une fois je vous remercie pour votre franchise. J’espérais que notre rencontre actuelle soit encore plus cordiale que la dernière fois, et surtout moins éphémère… Mais je crains que ce ne soit finalement pas pour aujourd’hui. »

La conversation entre Rorschach et Amallya s’intensifiait. Rôde n’en avait saisi que quelques bribes mais décida d’intervenir à son tour , il s’adressa donc aux forestiers.

: « Bonjours messieurs dames, Sir Erkeos m’à averti de la situation. Je suppose que vous devez savoir pourquoi nous recherchons les deux reliques ?!...mis a part leur valeur sentimentales ?

Vous n’êtes pas sans savoir qu’une comète est en chemin, je suppose que vous avez ressenti les violents tremblements de terre. Je ne pense pas que c’est l’œuvre de Poséidon sinon pour quel raison Fernliae aurait-t-il été impacté ?!

Pour ma part je pense que la comète en est la cause, et Farfine le Gardien des Ancien à besoin de ces deux artefacts pour espérer empêcher un désastre. »


Il y eu un long blanc, et la voix de Rôde paru plus grave

: « Certains ne voient en la comète qu’un tas de cailloux, mais est-ce réellement le cas ?! Ou allons nous revire les mêmes événements d’il y à trente ans ??

Une simple boule de feu dans le ciel, c’est ce que pensaient les gens de mon village, avant l’arrivée des Lestrygons !

Ce jour là, aucun de nos dieux n’est a ma connaissance intervenu, nous étions plus nombreux, les cités étaient mieux défendu et pourtant nous subit de lourde pertes.

Pensez vous que, si cela se reproduisait maintenant, nous aurions des chances de les repousser ?! Pour ma part je ne pense pas, et si je peux tout faire pour que cette comète ne s’écrase ici, je le ferais.

Alors voyez vous, ce n’est pas dans le but de défier Poséidon que je suis ici, je respect votre décision de ne rien faire qui vous opposerait a la volonté de votre dieu mais nous avons besoin de ses reliques et pas seulement pour notre profit, cela serait bénéfique à tous.

Apparemment votre dieu s’oppose à ce que nous obtenions les artefacts, alors je voulais savoir si vous pouviez communier avec lui et lui transmettre la raison de notre venu dans l’ancienne Kazad ?

Peut être se méprend t’il sur nos intentions ! »



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Elen  le 29/11/2011 à 23:11

Pendant ce temps, dans la bibliothèque engloutie

Après un lent et minutieux travail, le groupe des forestiers arrivèrent enfin jusqu’au promontoire.

Se tenir autour du livre était déjà très difficile en soi, tant la puissance des runes qui marquaient le flanc du promontoire était grande. Quand Raksha mit la main sur le livre des runes, un vertige le prit, un vrombissement puissant résonna dans toute la pièce, si puissant qu’un mal de crâne vivace foudroya tout ceux qui étaient présents aux alentours.

Mais Raksha tint bon, et parvint à extraire le livre de son socle. Aussitôt, la source de la douleur disparut, même si la sensation de vertige persistait, comme un écho.

Enfin eut-il juste le temps de murmurer, avant qu’un soudain mouvement en arrière les surprit tous!

Brusquement, les ondins se jetèrent sur eux, les tridents à la main, prêt à en découdre!!

Immédiatement, les deux ondins dissidents, qui semblait fidèle à Raksha et Thelxiopé se mirent en bouclier, mais leur nombre serait loin de suffire...

Les Ondins les avaient à nouveau attaqués. Et du tunnel s’élevaient une clameur qui ne présageait rien de bon : les Impériaux étaient entrés dans le tunnel. Ils seraient probablement en nombre car cela signifiait qu’ils avaient pris la montagne !

Le corps du dernier ondin hostile retomba mollement sur le sol lorsque la vie lui fut ôtée. Sa carapace minérale présentait de longues fissures là où la magie et les lames l’avaient frappé. La secousse ébranla alors les cavernes de la cité. Quel était le message qu’elle délivrait ? La fin était-elle proche ? Où en était la météorite dans le ciel ? Sans perdre de temps, dans une cohésion presque surnaturelle car nul n’avait dit mot, les forestiers encore présents dans les archives de Kazad se ruèrent vers la galerie engloutie, principalement pour aider leurs frères au prise avec les impériaux mais sans doute aussi pour voir ce qu’il était advenu de la porte de sortie de l’Empire ? Ils laissèrent là le jeune prêtre de Poséidon avec les ondins alliés, lui jetant un ultime regard qui en disait long.


Tous : « On compte sur toi »

Raksha sentit alors tout le poids de la mission qui lui était confiée. Il laissa aller son regard sur les dépouilles des 2 ondins morts et eut un geste de compassion à leur égard. Il ferma leurs yeux et récita une courte prière recommandant leur âme à Poséidon. Ils avaient été de vaillantes sentinelles jusqu’à la fin. L’Ombre se retourna alors pour s’entretenir avec ses alliés. Il croisa les bras sur son torse, serrant le livre des anciens contre sa poitrine et inclina légèrement le buste en signe de respect.

: « Mer-ci »

Il prit une profonde dose de courage et commença à articuler lentement les mots qui sortaient de sa bouche.

: « Nous-a-vons-en-co-re-be-soin-de-vot-re-ai-de. Vous-con-nais-sez-bien-les-lieux !
Mes-a-mis-veu-lent-sa-voir-si-vous-con-nais-sez-un-che-min-pour-re-tour-ner-de-hors ? Il-y-a-peut-ê-tre-des-gal-le-ries-ca-chées-i-ci-et-qui-re-mon-tent-vers-la-sur-fa-ce ?
Nous-de-vons-ra-me-ner-le-liv-re-au-tem-ple-de-Po-Sé-I-Don
Nous-a-vons-aus-si-be-soin-de-vo-tre-for-ce-car-il-y-a-des-en-ne-mis-de-Po-Sé-I-Don-dans-les-ga-le-ries »


Le jeune sauvage essayait d’appuyer ses mots avec des mimes convaincants mais la tâche était ardue car il tenait toujours le livre dans ses bras. Il ne voulait pas le lâcher de peur qu’il se dérobe encore à son regard le cas échéant. Enfin, ses pensées étaient plutôt focalisées pour l’instant sur la réaction des Ondins.

Les deux ondins bougèrent de concert, dans un pantomime étrange qui les faisaient ressembler à des marionnettes dans un ballet. Ils tournaient, s’entrelaçaient, écoutaient et regardaient Raksha avec un drôle d’air.

Puis, finalement, ils hochèrent la tête comme pour marquer leur compréhension.

Un des deux ondins quitta la pièce, pendant que l’autre s’approchait de Raksha d’un air plus grave. Avec un geste calculé, comme pour bien lui laisser entendre qu’il ne lui voulait pas de mal, il posa ses deux mains écailleuses sur chaque côté de la tête du jeune homme sauvage.

Le contact était froid et humide, glacé même, et il avait la consistance du grès, comme si les écailles de poisson avaient été frottées dans du sable brut. La fusion de la roche et de leur corps d’ondins, sans aucun doute.


: « Ainsi nous pouvons nous comprendre. Il existe en effet un passage, ou il existait. Mon frère Sembal est parti vous l’ouvrir, en espérant que cela fonctionne toujours.

Mais je tiens à vous prévenir, près d’un siècle s’est écoulé depuis, et je ne vous garantis rien. »


Le contact télépathique était à la fois puissant et étrange. Puissant, car il vibrait jusqu’aux tempes de Raksha, lui laissant augurer à quel point la magie de l’ondin était forte, et combien Lalastia avait du être encore plus forte pour le manipuler à sa guise.
Étrange, car à mesure qu’il communiquait, ce n’était pas juste des mots mais aussi des images qui frappaient Raksha.

Il put ainsi voir les archives d’un tout autre œil. Elles avaient été, par le passé, construite en étoile de douze branches, chaque branche pour un couloir, et le centre un promontoire où s’était trouvé le livre des runes. Il put instantanément voir comment, par le passé, la salle avait été grande, trois fois plus grande que maintenant, bien qu’un éboulement l’avait définitivement amputée.

Et il vit le passage, au Nord ouest, où déjà l’autre ondin s’affairait...

Thunziel entendit un vrombissement important. Le sol se mit à trembler si fortement que le jeune elfe tomba à terre, sans qu’il comprenne encore ce qui s’était passé. Il poussa un hurlement de terreur lorsqu’il aperçut des morceaux de marbres tombant du plafond. Il resta pétrifié lorsque un pan entier de roches s’écrasa tout près de sa tête, puis se fut la panique, l’horreur. Détresse infinie.

Le faucon en restait sans voix. Les membres de son clan avait une peur qui surpassait toutes les autres. Mourir ensevelis était la pire des morts, le sacrilège le plus terrible... Mourir n’était pas un problème pour les Faucons car ils la considéraient comme une élévation spirituelle, mais aucun d’eux n’étaient enterrés...

Thunziel se releva rapidement, ignorant tout ce qui passaient autour de lui, il se précipita vers la sortie la plus proche. Le seul objectif qu’il avait en tête était de sortir d’ici vivant qu’importe ce qui se passerait après. Il souffla légèrement quand il arriva enfin dans la seconde salle, celle-ci était apparemment plus solide et l’on pouvait y respirer plus aisément.

Il s’adressa aux Forestiers présent d’une voix tremblante. On pouvait encore y trouver la détresse du faucon.


: « Nous devons trouver une sortie. Vite. Je ne veux pas mourir ensevelis ! »

Raksha avait réussi à obtenir de précieuses informations pour le groupe des forestiers et il lui tardait de les partager avec ses frères d’armes. Cependant, il devait se cacher pour ne pas que les impériaux ne remarquent qu’ils étaient en possession du Livre et justement, un nain avait fait irruption dans la salle des Archives. Ses compagnons semblaient indécis quant au sort à lui réserver.

Quant il reconnut Gourlx, ce nain qui avait mené l’assaut des Chasseurs d’Immortels contre Fernliae, Raksha espérait que ses camarades prendraient la bonne décision... Après tout, il ne savait rien de la trêve en cours.

Nithan observa un instant le nain. Aileen et Thunziel l’avait avertit de la trêve, mais la présence du court sur patte en ce lieu l’importunait. Néanmoins il n’avait qu’une parole, ses deux compagnons devaient la vie à ce pacte, il le respecterait. Les Ondins avançaient toujours auteur d’eux, menaçant, mais il préféra les ignorer, espérant ainsi éviter le conflit.

Ses compagnons lui avaient rapporter que les nains pensaient pouvoir sauver Olympia du cataclysme grâce aux deux artefacts. Il ne savait à qui se fier. Poséidon voulait il se jouer d’eux? C’était peu probable, il était protecteur du peuple sauvage, pourquoi lui nuire... Mais les impériaux semblaient si sur d’eux... Peut être une ruse...

Les murs recommencèrent à trembler. Nithan observait le plafond avec inquiétude, esquivant aisément quelques morceaux de roches. Il devait se presser, la pièce ne tarderait pas à s’écrouler...

Gourlx s'en fut rapidement, entendant ses compagnons se battre à proximité de la faille, à l'autre bout du couloir. Elen en profita pour s’adresser à ceux présents dans la bibliothèque.


: « Si la dame Amallya restait coincée dans le couloir ou s’il lui arrivait le moindre mal, je veux que vos sorts soient prêts pour faire ébouler cette entrée. Aucun Impérial ne doit pénétrer dans cette bibliothèque avant que nous ne l’ayons quittée. »

Le plafond semble fragile. Tout pourrait s’écrouler d’un instant à l’autre. Nous allons juste accélérer un peu les choses. VOus avez bien compris ? Aucun Impérial ne doit accéder à ces lieux !

Elen observait les Ondins encore tapis dans les marais. Il espérait que les créatures s’attaqueraient aux Impériaux, si ceux ci entraient, puisqu’ils semblaient avoir peur des Forestiers... Peut-être seraient-ils moins effrayés par les Olympiens, les Nains et les Géants...


: « Raksha ! Où en sont vos recherches ? »

Nithan observait avec inquiétude la plafond vacillant. C’est alors qu’il aperçut les Ondins semblant entouré une issue étrange vers laquelle se dirigeait Rashka. Une sortie... Pourrait il fuir par là?

La position des Ondins et l’empressement de Rashka a les suivre semblait le signifier. N’écoutant que son instinct, il rengaina son arme et bondit sur l’homme sauvage, s’accrochant difficilement à son bras pour ne pas s’écrouler piteusement au sol, ce qui en soit aurait pu au moins ajouter une touche burlesque à cette situation désespérée.


: « Est-ce bien une issue que tes ”amis” nous montre? Si oui partons vite, je peux ouvrir le chemin ou te laisser passer en premier afin que tu préserves le Livre, mais nous devons nous hâter... »

Encore abasourdi par l’expérience télépathique qu’il avait partagé avec l’ondin, Raksha arriva à l’issue déblayée par le dénommé Sembal. La réalité se superposa au passé dans un contraste inquiétant. Fini le lustre d’antan, le passage semblait toujours praticable pour autant qu’on y aille doucement et que quelques contorsions ici ou là soient envisageables. L’Ombre se concentra quelques instants pour tenter de forcer son esprit à se souvenir où se rendait l’issue mais l’exercice était difficile.

Finalement, il voulut se retourner pour prévenir ses comparses maintenant que le nain était sorti de la pièce mais un mouvement en périphérie de sa vision mit ses sens en alerte. En se décalant légèrement sur la gauche, il évita le bond de Nithan qui avait une lueur paniquée dans le regard. L’elfe avait l’air pressé de s’enfouir à ce qui ressemblait de plus en plus à un tombeau et non plus à un sanctuaire divin ou une ancienne cité naine.


: « Oui, c’est vrai Nithan. C’est peut-être notre voie de sortie… Nous n’avons du moins pas d’alternative possible pour quitter la cité naine et nous allons devoir tenter notre chance par là. Mais il faut procéder intelligemment, nous avons besoin de définir un ordre de passage et d’enterrer les impériaux dans cette cité qu’ils ont profané. Discutons en tous ensemble mais il est certain que nous aurons besoin d’un… éclaireur »

Nithan savait qu’il fallait se dépécher, peu de ses compagnons désiraient mourir sur place. Il était le plus avancé et sans doute un des plus préssé. En effet, si les monstres ne l’inquiétaient guère, l’idée de finir engloutit le traumatisait davantage. Il s’approcha alors lentement de l’issue, faisant signe à ses amis. L’étroit tunnel semblait sombre et humide. Il s’y engouffra alors, ayant fait un dernier signe à ses compagnons.



Pendant ce temps, dans le couloir.

Une nouvelle secousse ébranla la galerie souterraine… Erkeos en perdit l’équilibre et se rattacha à ce qui se présentait à lui pour ne pas tomber dans l’eau sombre. Il se retrouva accroché au bras d’Amallya.

: « Je... Excusez-moi ! »

Il reprit son aplomb tout en tenant le bras de son ennemie. Il la regarda droit dans les yeux. Un frisson le parcourut. Savait-elle lire dans les yeux ? Il détourna son regard et tenta de masquer ses émotions et son embarras. Il préféra alors tourner la situation en dérision, en imitant une soirée mondaine de Lardanium. Il fit un baisemain sur le bras qu’il tenait encore, avant de reprendre la parole.

: « Madame, je crains que l’activité sismique ne nous fasse presser le pas. Et je pense que vous n’aurez pas à vous acquitter de la tâche que vous vous étiez fixée à notre égard : nous trouverons les reliques par nous-même. »

Il lâcha délicatement la main de la femme et ajouta :

: « J’espère que nous nous retrouverons... ailleurs que dans le royaume des morts ! »

La réaction d’Erkeos surpris Amallya et celle-ci eu un moment de recul lorsque l’olympien tenta de baiser sa main. Elle écouta perplexe l’ancien ambassadeur avant de lui répondre.

: « Eh bien soit, si ma présence n’est plus souhaitée je rejoindrais donc mes compagnons. N’oubliez cependant pas mes avertissements, il n’est pas question que nous désobéissions à notre Protecteur. »

Amallya se tourna alors vers Rôde-la-nuit dont les paroles l’intriguaient. Cet olympien était-il sincère ou tentait-il de la duper ? Ces reliques pouvaient-elles détenir un tel pouvoir ? Pour en avoir le cœur net, la conseillère s’adressa à ce nouvel arrivant.

: « Vos paroles me laissent perplexe, olympien. Vous dites que ces reliques auraient le pouvoir de repousser la boule de feu qui se dirige vers notre monde. Serait-ce vrai ? Avez-vous des preuves de ce que vous avancez ?

Si le peuple nain possédait réellement un tel pouvoir, pourquoi n’a-t-il alors rien fait pour repousser la précédente catastrophe qui s’est abattue sur notre monde ?

Quoi qu’il en soit je m’en vais retrouver mes compagnons pour leur faire part de vos paroles et de votre proposition. »


La femme sauvage détourna son regard pour le diriger vers l’entrée de la salle des runes qu’un géant avait déjà pénétré et autour de laquelle nombres d’impériaux se trouvaient.

: « En attendant il semblerait que vous ayez trouvés l’une des reliques sans mon aide, de même que son protecteur. Je vous souhaite bonne chance. »

Elle se retourna alors et prit le chemin de la bibliothèque tout en adressant quelques dernières paroles à l’olympien.

: « La seconde relique ne sera pas si aisée à obtenir, croyez-moi. Mieux vaut dès à présent chasser de votre esprit l’idée de l’acquérir. »

Rôde poussa un long soupire de dépit :

: « Si seulement j’avais les réponses à ses questions ! »

…. Il y eu un long moment de silence dans lequel Rôde s’efforça a à s’extraire de ses pensées, les propos d’Amallya semblaient lui avoir donnée matière a réfléchir.

: « Je n’ai pas pu interroger le gardien des ancien en personne, mais j’ai entendu certains nains parler de cette possibilité.
A l’heure actuelle, peu m’importe de connaitre les détailles. Des nains prétendent que c’est possible de repousser cette comète, alors plutôt que de ne rien faire et de la regarder bêtement tomber, je préfère tenter ma chance et risquer ma vie pour avoir une infime possibilité que cela ne se produise pas.

Les preuves, je ne pourrai vous en fournir, de plus, je pense que le temps nous ait comptés. Les secousses sont de plus en plus fréquentes, et les galléries ne résisteront pas très longtemps.

Mais si vous tenez à avoir plus amples précisions, je pense que les principaux intéressés pourraient mieux vous répondre.
Rôde se tourna vers les nains plus précisément vers Ghormy, en attendant une réaction de sa part. »


: « Dame Amallya, Notre Héliaste Rôde-la-Nuit pourrait avoir raison. Je ne connais pas l’étendue des pouvoirs de ces reliques. Mais elles pourraient calmer la colère de la terre et du ciel. »

: « En effet, nous cherchons ces reliques afin d’empêcher la comète de s’écraser sur nous. Je ne sais pas exactement comment nous pourrons y arriver, mais notre Gardien des Anciens nous a affirmé que lui le pouvait. N’êtes vous pas étonnés de ne pas le voir à nos côtés pour une quête si capitale ? Ce n’est pas sans raisons, il est en ce moment affairé à préparer le rituel qui pourra empêcher cet énorme rocher de nous écraser la tête.
Après, je ne suis pas non plus aveuglément sa demande, j’ai déjà pu lire des passages du livre des Runes, et dévier un astre peut effectivement bien faire parti de ses capacités. Cependant il nous faudra absolument récupérer la deuxième relique qui contient assez de puissance pour forger les runes qui seront nécessaires à tout ce travail. »




Un peu plus tard

Le visage grimaçant, et le bras masquant le trou dans son épaisse armure. Rôde essaya malgré tout d’afficher une mine des plus présentable.

: « Alors, de votre coté comment cela se passe-t-il ? Avez-vous réfléchi à ce que je vous ai dit ?

Si la comète s’abat sur cette terre, nous pourrions tous être perdant, Fernliae a apparemment subit pas mal de dégâts, qui sait quels dommages supplémentaires la comète pourrait engendrer, Il faut tout faire pour éviter cela !
Et encore dans le cas ou ce ne serait qu’un tas de cailloux ! Rôde serra le point en pensant a ce qui était arrivé trente ans auparavant

Au fait, il y à quelque chose qui me trotte dans la tête depuis notre dernière discutions.
Si j’ai bien comprit, votre protecteur souhaite que vous nous empêchiez de posséder les reliques, or le simple fait d’accepter cette trêve devrait aller à l’encontre de sa volonté non ?!

En tout cas, si nous ne trouvons pas le moyen de sortir, les artefacts devraient pouvoir nous y aider, vous ne pensez pas ?! Rôde regarda derrière lui espérant que ces compagnons lui réponde positivement

Si seulement vus pouviez communier avec votre dieu en lui expliquant que notre intention n’était pas de le défier mais simplement d’éloigner une menace qui plane sur Olympia, et qu’il daigne finalement nous laisser récupérer ces reliques, cela nous faciliterai grandement la tache ! »


Amallya faisait route vers la bibliothèque lorsque Rôde-la-nuit s’adressa à elle. Les cris de douleur et le fracas des armes qui résonnaient sur les parois des galeries quelques heures plus tôt avaient cessés. La conseillère en déduisit que les impériaux avaient vaincus le gardien de la relique. Elle se retourna pour faire face à l’olympien et lui adressa la parole.

: « Je croyais avoir été claire sur ce point, olympien. Notre protecteur nous avait ordonné de vous empêcher de profaner ce lieu. Nous avons déjà échoué sur ce point. Nous pouvons cependant encore racheter notre faute en vous empêchant de ressortir. »

Amallya porta un rapide regard vers le couloir écroulé, comme pour le désigner à son interlocuteur avant de reprendre.

: « Étant données les circonstances, il ne me semble pas nécessaire de faire quoi que ce soit pour y parvenir. Le fait d’accepter cette trêve ne va pas donc pas à l’encontre de sa demande puisqu’il n’existe pas de sortie. De plus, je doute que vous tenterez de sortir en l’absence de la seconde relique qui, si j’en crois vos paroles, est celle détenant les pouvoirs que vous recherchez.

Je vais à présent rejoindre mes compagnons pour leur faire part de vos paroles et de votre proposition. Je vous tiendrais au courant de notre décision dès que celle-ci sera prise. D’ici là ma position restera la même et j’obéirais aux ordres de Poséidon, à savoir vous empêcher de quitter ces lieux. »


La femme sauvage fronça soudain les sourcils et reprit d’une voix grave et ferme.

: « En attendant je vous conseille de garder vos distances. Toute nouvelle approche de votre part pourrait être considérée comme menaçante. L’entrée de ce nain, ce chasseur d’immortel, et sa récente présence au milieu de mes compagnons ne fut pas très rassurante. Gourlx a juré de tuer certains de mes camarades et moi-même.

Celui-ci a, de plus, toujours crié son dégoût pour le dialogue entre nos peuples, préférant prôner la guerre inconditionnelle. Il n’est pas digne de confiance et pourrait, à tout moment, sortir sa hache et rompre la trêve dont vous parlez. Je souhaiterais donc que ce nain s’éloigne rapidement pour rejoindre vos troupes et que vous restiez à bonne distance de votre côté de ces galeries.

Allez donc explorer la salle d’où est sortie la créature que vous venez de vaincre si vous le voulez. Nous n’avons pas eu le temps de le faire et si vous souhaitez avoir une chance de vous en sortir je vous conseille d’explorer ces lieux en profondeur. »


Vrugar se retourna vers ses compagnons.

: « J’en ai marre de cette petite chose qui nous endort avec des belles paroles. Depuis le début ils n’ont rien fait pour nous aider, ils ont juste discuté pour pouvoir sauver leurs vies, ce qu’ils ont réussi à faire. Pourquoi est-ce qu’on discute encore avec elle ? Ils n’ont jamais eu l’intention de nous donner la moindre information utilisable de toute façon. »

Le géant regardait d’un air préoccupé l’Olympien Erkeos. Ce dernier avait un air ... bizarre ... depuis leur entrée dans les tunnels. Il était persuadé qu’il allait prendre la parole pour défendre la femme sauvage.

Erkeos reprenait lentement l’usage de son ouïe. Les paroles se superposaient de nouveau avec le mouvement des lèvres et il put entendre l’intervention de Vrugrar. Cet aspect médical et personnel lui fut une source de soulagement. Mais cet état ne dura pas. Car la situation dramatique dans laquelle il baignait toujours, avec ses amis et ses ennemis, réaccapara très vite ses pensées. Il resta silencieux le temps de la réflexion. Le Géant avait raison de s’interroger sur le devenir de cette trêve. L’Olympien avait beau placer et replacer les morceaux de cette situation dans tous les sens, il ne trouvait pas l’issue favorable qu’il cherchait.


: « Dame Amallya... »

La séparation des deux antagonistes avait finalement été de très courte durée. L’Olympien souligna ce fait de manière enjouée et superficielle avant de devoir entrer directement dans la gravité du sujet.

: « ... j’espère que vous avez autant de plaisir à constater ma survie que je n’en ai à vous revoir. Ceci étant dit, nous sommes tous assez lucides pour comprendre la fragilité du statu quo actuel. Vous avez une mission. Nous en avons une autre. Et elles ont des objectifs strictement opposés. De plus, nous sommes obligés d’emprunter la même direction que vous, ne serait-ce que pour trouver une issue vers la surface ! Et cela, quelles qu’en puissent être les conséquences ! Cependant, vous avez évoqué « une chance de s’en sortir en explorant les profondeurs de l’endroit que nous quittons »… Vous avez le don d’attiser ma curiosité en vous parant de mystères… Si vous avez une alternative plus pacifique que celle qui semble se dessiner, je suis en mesure de vous apporter toute mon attention ! »

Vrugar ne comprenait pas l’insistance d’Erkeos à vouloir trouver une solution diplomatique, cette femme sauvage avait l’air d’exercer une mauvaise influence sur lui. Peut-être un enchantement quelconque. Le shaman avait entendu parler de pommes aux propriétés étranges qui modifiaient le comportement des gens. Il sortit discrètement une poupée vaudou de son sac et commença à la modeler pour lui donner l’apparence d’Amallya. Il serait prêt le moment venu.

: « Erkeos, cela ne sert à rien, elle cherche encore à gagner du temps. Laisse là retourner près des siens ! La prochaine fois que nous nous verrons je doute que les choses se règlent par des discussions ! »

Amallya écouta l’intervention de Vrugar sans réagir, puis vint le tour d’Erkeos. Après avoir écouté l’intervention du diplomate, la femme sauvage prit à nouveau la parole.

: « Si c’est une sortie que vous recherchez, nul besoin de vous diriger dans cette direction. »

La conseillère désigna l’entrée de la bibliothèque où se trouvaient es compagnons.

: « Il n’existe aucune issue praticable dans la salle qui se trouve de ce côté. Mes compagnons sont actuellement en train d’explorer celle-ci et ils souhaiteraient bénéficier de calme pour mener leurs investigations. Votre présence en ces lieux n’est par conséquent pas souhaitée pour le moment.

D’ailleurs je ne vois pas pourquoi vous tenez absolument à venir dans cette salle où nous nous trouvons alors que vous n’avez même pas explorée celle qui se trouve de votre côté. Je vous rassure, nous n’avons pas encore eu l’occasion de visiter ce lieu non plus, le gardien que vous venez de vaincre nous en aurait empêché.

Je vous demande donc de vous montrer raisonnable et de ne pas venir chercher de conflit là où nous trouvons. Vous êtes libres d’écouter mes conseils et d’en tenir compte ou bien de les ignorer. Tout dépend de la manière dont vous souhaitez que tout ceci se termine. »


Erkeos sentit un percement au cœur. Rien de physique ; l’affliction le rongeait. Il venait de perdre un être qu’il estimait bien plus qu’il ne voulait le montrer. Son avis ne pesait pas lourd et ses compagnons étaient passés à l’action. Son alerte n’avait pas suffit…



Au même instant, dans la bibliothèque

Ils entendirent des cris dans le couloir. L’ennemi avait attaqué la conseillère ! Et comme les bruits de lutte cessaient, ils surent qu’elle avait été tuée.

: « Bloquez la voie ! Vite ! » hurla Elen.

Il fallait qu’il fassent s’effondrer le chemin.




Un sursaut:

Ils n’ont pas fait ça ... ? Je me tourne vers Elen, en silence, et en un seul regard, il me fait savoir que j’ai raison.

Ma vision se trouble, mes yeux deviennent lourds. Mes mains tremblent, je crois que mon corps tout entier se rebelle. Mon coeur s’accélère dangeureusement ...

Je ne hurlerai pas, non. Je ne préfère pas. Il me semble même qu’un sourire malsain est en train de se dessiner sur mon visage.

Je ne prête pas attention aux Forestiers encore présent à côté de moi. Plus un son ne m’arrive. Plus rien. Il n’y a que moi, et l’esprit d’Amallya qui s’est éteint. Le plan était prévu à l’avance. Il a juste été précipité par l’action des Impériaux.

Une vague de puissance m’envahit. Je n’ai jamais ressenti ça avant. C’est incroyable. Inimaginable. Ça me donne le tournis, et une dangereuse sensation de vertige. La fissure par laquelle nous étions entrés ne fera pas long feu face à ça.

Ma tête bascule vers l’avant, je ne vois plus rien. Je ne crois pas que mes yeux soit fermés, ce doit être cette puissane qui m’aveugle. De légers tremblements m’envahissent, comme des milliers de frissons. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il m’arrive.

Je ne sais pas non plus comment modeler la magie que j’invoque. Est-ce la glace ? Est-ce la roche ? Je ne pense pas.
Je crois que c’est de la magie brute que j’invoque.

Seulement la puissance.




Au même instant

Il attendait l’ordre d’Elen. Lorsque le bruit sourd de lutte s’éteignit dans le couloir Elen hurla.

L’elfe avait repéré un pan de mur qui vacillait grandement à chaque secousse dans la bibliothèque, juste au dessus du trou par lequel ils étaient arrivés quelque jours auparavant.

Il avait récupéré des pierres aux sols, de différentes tailles et les avait regroupées dans un même tas, il voulait utiliser sa capacité à faire de simples pierres des objets mortels.

Lorsque l’ordre fut donné il envoya un flux de magie dans ces pierres qui s’élevèrent et vinrent frapper le mur avec une violence effroyable. Le mur vacillait toujours plus et commençait désormais à s’affaisser...

Ambre avait suivi le mouvement, il la contemplait. L’énergie qu’elle dégageait était immense. Leurs actions combinées devaient bloquer les impériaux.

Pour ne pas être en reste, Tanysh joignit également toute sa puissance aux 3 autres mages. Une pluie de pierres s’abattait sans relâche, amplifié par la rage de chacun devant le meurtre de leur amie.

L’écho de son cri ne s’était par encore éteint, et pourtant déjà le mur semblait céder sous la pression magique, et il condamnerait certainement bientôt le tunnel...

Ils l’avaient tué, les enfants de salauds! Ils avaient malgré leur ”promesse”. Quel bande de fils de...
Hosl n’alla pas jusqu’au bout de sa pensée, il se concentra, il allait user de sa colère comme une force, déjà ses vieux membres tremblèrent de rage, il usa alors de tout son savoir pour aider ses compagnons à faire effondrer l’entré. Ces impériaux allaient crever comme des chiens, ensevelis sous terre, il le jurait!

Les efforts du petit groupe payèrent. En un clin d’oeil, l’entrée fut bouchée, obstruée par des tonnes de rocher. Une chose était certaine, se frayer une sortie jusqu’à eux serait très, très compliqué. Voyant qu’ils avaient obstrué l’entrée, Elen décida qu’il était temps pour eux de quitter les lieux !


: « Et maintenant, dépêchez vous ! Tous vers Raksha et la sortie ! Courrez ! »



Un peu plus loin

Les parois tremblaient de plus en plus, les pans de roche qui tombaient étaient de plus en plus gros. Tout s’intensifiait ! La détresse de Thunziel également. Il se voyait déjà mourir enseveli. C’était la fin...

Au moment où l’espoir le quittait, il entendit Raksha au loin. Apparemment il y avait une sortie !

Une sortie ? Il y a vraiment un moyen de s’échapper de ce tombeau ? Je ne peux pas rester ici plus longtemps. Je... je dois aller voir !

Thunziel s’élança en direction de l’Homme sauvage, trébuchant plusieurs fois par sa précipitation. Il aperçu l’entrée, juste à côté des Ondins. Heureusement que Raksha avait réussi à communiquer avec eux ! Il se tourna vers ses compagnons.

: « Je suis désolé, je ne peux pas rester. Je ne servirais à rien dans l’état où je suis... »

Il avait convenu que Nithan prendrait la tête pas mesure de sécurité. Thunziel attendit patiemment, le tunnel était très étroit et visiblement pas d’une très bonne solidité. Puis le jeune Faucon sentit que c’était le moment d’y aller. Il prit une grande inspiration et avança dans le passage.

: « De l’air ! Nous avons réussi Nithan ! J’ai cru que je n’allais jamais ressortir de ce tunnel. Il ne fallait pas que je sois plus gros, ni plus grand... »

Thunziel arrêta sa phrase. Une grande masse se dirigeait droit vers Olympia. Tout simplement immense, écrasante !

La terre avait tremblé, les murs s’étaient fissurés, le plafond s’était en partie écroulé... Tout ceci était de bien mauvais augure... Tant bien que mal, Aileen avait réussit à rejoindre la bibliothèque, déséquilibrée par le tremblement de terre. Elle avait faillit tomber et s’était retenue tant bien que mal aux montants de l’antique porte de pierre. Mais il n’était pas encore tant de souffler. Elle se redressa et jeta un dernier coup d’œil dans le couloir inondé. Elle ne les voyait pas, dans la pénombre, mais les impériaux se rapprochaient. Aileen pouvait les entendre...


« ...J’pensais pas que c’était possible d’être aussi bruyant... » pensa-t-elle, très fort...

Elle entra dans la bibliothèque pour de bon et embrassa l’immense pièce d’un regard mi figue mi raisin... Elle avait du être plus belle dans le passé...

Mais le temps n’était pas aux discussions esthétiques. Le groupe avait l’air au complet... non, en fait il ne l’était pas. Amallya, qui était avec les impériaux, n’était pas encore arrivée. Et elle n’arriverait jamais.

A peine avaient-ils appris la nouvelle de la mort de la femme sauvage, assassinée traitreusement, que les mages forestiers, d’un commun accord, déchaînèrent leur magie sur la roche déjà fragilisée, dans le but de l’ébouler sur leurs ennemis. Aileen, dans la précipitation qui régnait cherchait désespérément un moyen d’aider ses compagnons...


« -Euh... bon, qu’est ce qu’aurait fait Lapinou, si il était là...? Il aurait essayé de sortir pour manger la comète ou de manger les mages... Et Syi, elle aurait fait quoi? Elle aurait retenu Lapinou, sûrement.... Ouais mais moi, je fais quoi?! »

Et puis elle arrêta ses pensées réflexives et fixa son regard sur les lourdes étagères emplies de livres qui encadraient la porte. Elle courut dans leur direction, en évitant soigneusement de gêner les flux de magie des mages.
La suite fut très simple : Elle se jeta sur l’étagère et poussa très fort. Elle était très lourde, mais la situation d’urgence et l’adrénaline aidant, elle réussit un peu miraculeusement à faire basculer l’étagère, alourdie par d’anciens volumes nains. Ce n’était peut être pas grand chose, comparé aux rochers que la magie Elfique et Sauvage faisait tomber progressivement, mais c’était le moins qu’Aileen pouvait faire...
Elle passa derrière les mages et fit de même avec une seconde étagère, de l’autre côté de la porte...


Le reste du groupe suivit, tant bien que mal. Mais ce fut pour retrouver le corps de Raksha, atrocement blessé. Ils n'avaient rien pu faire. Les Impériaux l'avaient attendu dehors...

Ils avaient échoué...




[HRP : RP posté (un peu tard) à partir des BALs de Aileen, Amallya, Ambre, Earenïel Resiae, Eladar, Elen, Erkeos, Ghormy, Hosl, Narrateur (Farfine), Nil'Nelia, Nithan, Raksha, Rôde-la-Nuit, Rorschach Karnage, Syi, Tanysh, Thunziel et Vrugar]



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Erkeos  le 29/11/2011 à 23:23

HRP : Sympa ! On a la vison, des Forestiers !

(faudra juste que je trouve le temps de lire )



Par Google  

hs Par Raksha  le 29/11/2011 à 23:53

[HRP]Hé bein, j'ai été pris de court. J'avais ressorti aussi mes vieilles archives de bal pour faire le compendium quand j'aurais un peu plus de temps. Très beau travail (avec ma mise en plage en plus ^^)[/HRP]



el Par Elen  le 30/11/2011 à 00:37

[HRP : Si tu vois des écueils dans le texte Raksha, dis le moi. Si tu as des idées de nom de chapitre, que ça colle avec l'ambiance de ta première BAL ^^

J'ai du changer l'ordre de certaines BAL pour tenter de conserver une logique, et comme on s'était séparés... Enfin, y'a des enchainements malheureux probablement.

De même, si vous avez des screens ou des suggestions d'emplacement pour les avatars des mobs au sein du texte, je veux bien...]



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

admin Par Olympia  le 30/11/2011 à 10:41

Merci pour ce travail de fourmi, Elen



~ Adepte de la pédagogie à balles réelles ~
~ Dans le savoir, la liberté. Dans l'ignorance, le bonheur ~

elfe Par Ambre  le 30/11/2011 à 12:08

Merci Elen, mille mercis !
C'est un immense plaisir que de revivre cette partie de l'histoire que nous avons vécue !



el Par Aileen  le 30/11/2011 à 15:30

Super boulot ! Franchement bravo ! Que de souvenirs !



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !