La Plume de Sang | |
Topic visité 1129 fois Dernière réponse le 31/12/2010 à 00:36 |
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Le râle d’agonie d’Amallya avait résonné dans les galeries englouties de Kazad jusqu’à la salle des archives où se tenait le groupe uni des forestiers. C’était le signal tant craint qu’ils n’attendaient plus personne et que l’Empire avait décidé de rompre cette trêve fébrile. D’un geste de colère et de rage, les mages usèrent de magie et firent éboulés l’entrée de la salle, s’emmurant ainsi avec le Livre des Anciens et la sortie vers la surface que les Ondins fidèles à Poséidon avaient montrée à Raksha.
Il était désormais temps de quitter ce sanctuaire. Nithan et Thunziel devenaient particulièrement nerveux à l’idée que cette pièce ne devienne leur ultime tombeau. Ils pressaient les autres pour que tous sorte enfin de cet enfer souterrain. Après tout, ils avaient gagné. Si les impériaux arrivaient à mettre la main sur le marteau, cela ne changerait rien au fait que le Livre resterait entre les mains des forestiers. D’après ce qu’ils avaient pu apprendre auprès du corps expéditionnaire de l’Empire, ceux-ci avaient besoin des deux artefacts pour dévier la trajectoire de la comète… mais ils ne les auraient pas et Kazad serait définitivement détruite par l’astéroïde. Poséidon serait apaisé et lèverait son épée de Damoclès des villes forestières. La galerie menant à la surface était en très piteux état, loin de son éclat d’antan comme Raksha avait pu le voir dans les souvenirs des Ondins. Ils ne pourraient s’y engager qu’un par un, en laissant de l’espace entre chaque personne afin de minimiser les risques d’éboulements. L’ordre de passage fut déterminé rapidement. Nithan et Thunziel passeraient les premiers. Après tout, c’était de solides combattants qui feraient de bons éclaireurs à la surface et puis, ils ne tenaient vraiment plus dans cet endroit confiné. Raksha viendrait ensuite, porteur du Livre qu’il avait trouvé. Le jeune sauvage avait imaginé deux cas de figure pour sa sortie. Soit la galerie déboulerait dans le Radar Bek, alors il n’hésiterait pas un instant à lancer l’ouvrage dans la lave brulante des volcans éveillés pour le détruire définitivement. Soit le tunnel le mènerait à proximité des terres de l’Alliance et il tenterait de rejoindre le Temple des Eaux pour offrir l’artefact à Poséidon en signe de réussite dans sa mission. Lorsque vint son tour, il prit le temps pour faire ses adieux aux créatures qui les avaient aidées dans leur quête. Les combats contre Lalastia et ses troupes avaient été éprouvants mais Sembal et son frère avaient retrouvé la foi envers le Dieu des Mers à travers Raksha. Le jeune sauvage savait qu’il les abandonnait à un funeste destin mais il savait aussi qu’il recommanderait leurs âmes auprès de Poséidon pour la vaillance de leurs actes et il conterait leur bravoure à tous ceux qui voudraient bien écouter son histoire. L’Ombre pénétra alors dans le tunnel de sortie. S’il était agile, son avancée était entravée par le fait de porter le Livre des Anciens. L’ouvrage était trop volumineux pour se ranger dans sa besace et puis, le sauvage avait toujours cette peur que le livre ne se dérobe à nouveau à son regard s’il perdait le contact physique avec lui. Raksha s’écorcha donc de nombreuses fois sur la roche avant d’apercevoir la lumière des soleils. Lorsqu’il refit surface, il lui fallut plusieurs minutes avant que ses yeux ne se fassent à la luminosité de la surface, lui qui avait passé de nombreux jours sous terre… et qu’il se rende compte dans quel merdier il se trouvait… La sortie émergeait hors d’un tumulus contre lequel l’Empire avait dressé un campement lors de ses affrontements avec l’Alliance au pied du Radar Bek. Il se sentit tirer en avant par quelqu’un qu’il finit par identifier comme Thunziel mais c’était déjà trop tard, les sentinelles du camp les avaient déjà aperçu, lui, ses amis et son précieux chargement. Les flèches et les sorts fusèrent dans leur direction tandis que des soldats impériaux les prenaient en chasse. Déjà exténué par la traversée, Raksha n’arrivait pas à les éviter comme son agilité naturelle lui permettait d’ordinaire de le faire et il fut rapidement blessé. A chaque blessure, il invoqua rapidement l’eau bienfaitrice qui lui permettait de les cicatriser en un rien de temps. Par chance, ils étaient non loin du Temple des Eaux. Ils seraient bientôt à l’abri et ils seraient trop tard pour sauver Kazad. Ils avaient gagné. La course poursuite touchait à sa fin. Raksha bondit sur les marches dans un geste de soulagement. Une vive douleur se fit alors sentir au niveau de sa poitrine. Est-ce que l’adrénaline de la fuite avait occulté qu’il s’était sans doute froisser une ou deux côtes dans la galerie ? Non, la vérité était encore pire… un carreau d’arbalète lui avait traversé le corps au niveau du coeur. Ses jambes se dérobèrent sous lui et ses bras lâchèrent le Livre des Anciens sur le sol. Il voulut le saisir et ramper à l’intérieur du temple pour terminer sa mission mais son regard croisa un autre objet qui était tombé lui aussi au sol… ![]() Une plume… Celle que lui avait offerte Thelxiopé, la plume qui devait le protéger un temps du danger se trouvait là, par terre, souillée par le sang dans lequel elle baignait… le sang de Raksha. Le jeune sauvage se mit à pleurer. Il se rappelait de la mise en garde de la sirène. « Mon Maître est en colère. Je crois qu’il attend beaucoup de toi. N’échoue pas ou je crains fort que nous ne nous revoyions jamais. » Ce fut à peine s’il entendit les bruits de pas venir derrière lui. Ce fut à peine s’il remarqua qu’on venait de lui prendre sa vie. L’Empire venait de retrouver le Livre des Anciens. Raksha avait failli… … … et son âme se réveilla, transie de froid. Ce n’était pas le contact glacé des Enfers d’Hadès qui l’accueillait mais il se trouvait sous l’eau. Il se débattit en tout sens, pris de panique, prisonnier de l’élément liquide avant de retrouver par hasard le chemin de la surface. Il cracha l’eau qui avait commencé à emplir ses poumons avant de pouvoir de nouveau respirer avec peine. Il examina l’environnement dans lequel il se trouvait. Des ruines plongées dans la pénombre. Il n’y avait nul ciel, nulle étoile en ce lieu. « Raksha… » L’homme sauvage se retourna pour repérer l’être qui venait de prononcer son nom mais il n’aperçut rien. « Raksha… » Le son venait d’une autre direction et l’Ombre ne distinguait toujours personne parmi les vestiges de la cité où il se trouvait. « Mon beau prince… » Cette fois-ci, plusieurs rires, particulièrement sinistres, répondirent au murmure comme si d’invisibles créatures se gaussaient du désarroi dans lequel elles plongeaient le jeune sauvage. Après tout, c’était comme ça que l’appelait tendrement Thelxiopé mais ce n’était pas la voix de la sirène. « N’as-tu point composé quelques belles poésies pour moi ? » Un nouveau rire résonna dans la pièce. L’une des créatures se montra enfin. Mi-femme, mi-oiseau, à la beauté froide avec un rictus cruel émaillant le visage. Voila donc à quoi ressemblait les sirènes dont Hosl lui avait toujours répété de se méfier. Une autre voix reprit derrière lui. Une autre harpie apparaissait, lui coupant toute retraite s’il avait espérer un instant pouvoir fuir. « Poséidon est en colère. Tu l’as déçu, mon beau prince,… terriblement déçu… » La première sirène qui s’était montrée sauta d’un bond pour le rejoindre. Raksha était à présent tétanisé par la peur, à moins que ce soit ce chant qu’il n’avait pas encore remarqué qui l’empêchait de se mouvoir. La harpie tendit un doigt griffu vers son visage et lui effleura la joue, faisant perler le sang sur le visage du jeune sauvage. C’était une sensation étrange car ce dernier ne ressentait aucune douleur de la blessure. « Il n’y avait pas d’alternative, mon beau prince, on ne peut échouer face aux dieux… » La sirène lui lécha la joue, prenant une grande lampée de sang alors que de son autre main, elle lui ouvrait une nouvelle plaie au niveau de la gorge. Derrière, de nombreux bruits de pas commençaient à affluer comme si les charognards se rassemblaient à l’idée de pouvoir se repaître d’une carcasse fraîche. « Mmm… savoureux… quel dommage que Thelxiopé ne puisse y goûter… Elle a tant fait pour nous empêcher de te dévorer la première fois… mais peut-être que nous serons clémente et nous lui garderons le meilleur… » A cet instant, la sirène lui sourit, emplie de fausse compassion. D’un geste vif, elle enfonça ses griffes dans sa poitrine et lui arracha le cœur. Le sauvage put le voir palpiter dans ses mains. A moins qu’il délirait ? Que tout cela n’était qu’un horrible cauchemar ? « Oh et puis non… Le reste est pour vous, mes sœurs » D’un geste gourmand, la sirène engloutit le cœur du sauvage en s’éloignant alors que ses sœurs se jetèrent sur le sauvage pour le dévorer. Rien ne lui faisait plus plaisir que d’ennuyer sa sœur Thelxiopé, elle qui avait le plus souvent les faveurs de Poséidon. Elle se délectait déjà de la colère qui s’emparerait d’elle lorsqu’elle saurait qu’elle avait perdu ce repas qu’elle mettait tant de temps à assaisonner car la perte de Raksha lui passerait bien vite. Il y avait tant de mortels à faire soupirer de désespoir… |
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![]() C'était la Légende de Raksha... |
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... Bel chronique, vraiment, j'ai toujours aimé tes écrits, mais celui ci annonce rien de bon. Alors j'aime pas.
Pourquoi t'as pas écouté papy??? |
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Je te trouve en forme ces temps çi, très active niveau chronique.
Comme d'habitude, c'est un plaisir de les lire, sauf que je culpabilise pour le carreau maintenant ![]() |
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Superbe récit vraiment, en espérant que ça ne soit pas vraiment la fin de Raksha ![]() |
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J'espère qu'un jour j'arriverais à écrire comme toi !
J'adore ! Tout comme les autres, j'espère que ce n'est pas la fin de Raksha. |
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Dans un salon privé des appartements de la Reine, Palais de Na'helli
Il était tard et dans le parc largement arboré, les lanternes suspendues aux branches devenaient autant de lucioles balancées doucement au gré du vent. Plus loin, les fenêtres des riches demeures de la noblesse elfique attiraient le regard tandis qu'elles s'illuminaient. Un panorama tranquille en apparence. Si ce n'était cette chaleur étouffante qui jetait les populations sur les terrasses, dans les jardins ou vers les pièces d'eau à la recherche d'un peu de frais qu'ils ne trouvaient pas. Les Terres Connues auraient dû être gelées à cette époque de l'année. La pluie, la neige, ce blizzard qui dissuadait le promeneur juste curieux de céder à ses habitudes… Rien de tout cela n'était arrivé. Un froissement de soie sortit No'irin de ses pensées. Elle jeta un dernier coup d'oeil sur les lumières du parc, sa main quitta la rambarde sculptée qui ornait le balcon et elle rentra dans le salon sans faire cas de cette chape minérale qui remplaçait désormais une partie de la voûte céleste. Son invitée se tenait debout, près d'un duo de fauteuils. C'était une grande et belle femme. Sa chevelure dense à la couleur d'ébène encadrait un visage atypique au teint d'albâtre. Ses yeux et ses lèvres d'un noir empourpré rompaient définitivement l'illusion qu'elle puisse être une simple mortelle. - Litihn… La Reine avait interpellé la nouvelle venue par ce petit mot d'affection que l'on donne aux gens de sa propre famille, sans distinction de rang ou d'éloignement. - Je suis heureuse de te revoir. Elle se força à sourire mais son invitée ne montrait pas le même allant pour cette rencontre. Au contraire, son regard implacable détaillait tous les bibelots de la pièce, s'attardant longuement sur chacun pour ne pas avoir à croiser celui de la Reine. - Venons-en au fait, No'irin. Que veux-tu ? La voix profonde et monocorde de la femme lui fit comprendre, si elle avait encore des doutes, que les liens du sang ne feraient pas tout. Dans son malaise soudain, No'irin oublia de l'inviter à s'asseoir. - Litihn… Je sais que ce n'est guère facile pour toi non plus mais pouvons-nous continuer de la sorte ? Elle se déplaça légèrement pour accaparer l'attention de son interlocutrice, mais rien n'y fit. La colère lui fit immédiatement hausser le ton. Sa voix changea et reprit cette tessiture étrange qu'elle possédait il y a longtemps, comme si des dizaines de voix se mélangeaient pour n'en faire qu'une. - Regarde-moi ! Cela plus que l'ordre fit tourner la tête de la visiteuse qui daigna enfin considérer son hôtesse : sa frêle silhouette, sa chevelure blonde et lisse, tout était conforme aux nouvelles générations elfiques et pour cela, elle aurait pu la haïr. - N'avons-nous pas assez sacrifié ? L'invitée en était bien consciente. Mais tout n'était pas si simple. Il y avait des éons, elle n'avait eu la vie sauve que par le bonheur d'avoir plu à Zeus. Depuis elle imposait l'ordre divin aux mortels, sans état d'âme, sans se soucier des torts et des raisons. C'était une place de choix, tout bien considéré. Pourquoi risquerait-elle maintenant de tout perdre ? Parce que la Première Née le lui demandait ? Allons donc… - Notre peuple se meurt Litihn… Dans quelques générations le contact avec la Source sera devenu impossible. Ils n'y arriveront plus. Peut-être me suis-je réveillée trop tard pour les remettre sur le bon chemin… No'irin se tut le temps de quelques battements de cœur. Elle savait qu'étaler ses regrets ne servirait à rien. L'histoire ne retient les actes manqués qu'au travers de leurs conséquences, jamais par leurs causes. - Nous avons besoin de véritables amis parmi les dieux. Nous avons besoin de gens à l'esprit libre, auxquels tu auras ouvert les yeux… Aide-moi. La femme ne voyait pas où la Reine voulait en venir précisément. Mais le simple fait qu'elle cherche encouragea No'irin à continuer. - Dans sa colère, Poséidon vient de commettre une erreur et je compte en profiter. Il y a une âme à sauver, un regard qui ne sera plus voilé par les manœuvres des dieux qui ne font que se servir de nous. Grâce à toi, il aura la légitimité pour poser la première pierre du chemin vers la Source. D'autres sont d'ores et déjà prêts à le suivre. C'est notre dernière chance, Litihn. Ou le temps se chargera d'achever ce que les Dieux ont commencé. La terreur et l'espoir. Des émotions que l'invitée croyait à jamais oubliées et qu'elle but aussi avidement qu'une assoiffée avalerait l'eau d'une oasis en plein désert. Elle hocha la tête, presque malgré elle. - Advienne que pourra. |
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Dans les Marais profonds d'Héliké
Les bottines de la femme s'enfoncent légèrement dans la boue mais cela ne l'empêche pas de parcourir à grandes enjambées les buttes qui entourent quelques plans d'eau miséreux. La faune et la flore sont particulières ici, pour s'accorder à des prédateurs hors du commun. Tout parait calme dans les environs mais un peu plus loin… Une créature ailée tombe tel un éclair sur l'une de ses congénères. Une éclaboussure carmin, un râle. La proie s'effondre, la gorge arrachée d'un simple coup de griffes. Thelxiopé lèche sa main baignée de sang, les yeux braqués sur celle qui a fini de la trahir, puis essuie ce qu'il reste de liquide pourpre de sa rivale sur l'épaule d'une autre de ses sœurs, tétanisée par l'attaque fulgurante. Puis des feulements, des cris. La plupart des sirènes s'accroupissent autour du cadavre encore chaud, bougent ses membres pour vérifier l'évidence, se tournent et se retournent sans logique, comme des volailles décapitées. Pendant ce temps, Thelxiopé qui s'éloigne avec la démarche souple du traqueur satisfait de son travail aperçoit l'observatrice. Elle hésite à partir mais poursuit finalement son chemin. Plus rien ici ne la concerne. Les Sirènes étaient restées là où elles s'étaient repues. Sous le cadavre, la femme repère l'âme qui s'enfonce lentement vers l'un des endroits les plus reculés des Enfers. Là où vont ceux qui ne croient en rien et ceux qui ont été désavoués. A ce sujet, les légendes des Géants disent vrai. La pérennité des âmes ne passe que par les croyances. Les athées, les incrédules, les reniés se retrouveront dans ce plan et erreront sans but durant des centaines d'années avant de se dissoudre dans le Néant. Elle poursuit sa marche rapide vers le groupe de Sirènes. Des sifflements hostiles essaient de l'arrêter. La vision du glaive qui apparaît à sa main droite les fait taire immédiatement. Tels des moineaux apeurés, elles se dispersent sans demander leur reste. Encore un pas. La femme saisit de sa main libre les quelques hardes qui ceignent le buste de la sirène morte, la soulève avec et la jette plus loin, sans ménagement. Pressée, elle met un genou à terre avant de psalmodier : - En vertu du Jugement à venir, je t'ordonne de m'accompagner pour comparaître devant le Dieu des Dieux. Les Enfers te seront fermés, jusqu'à ce qu'Il en décide autrement. L'âme cesse sa chute. Alors qu'elle s'étiolait comme un voile de brouillard blafard qui se déchirerait sur de hautes herbes, à l'injonction elle se rassemble dans la paume de la femme en une petite boule éthérée mais dense. - Bien. La seconde preuve maintenant… Sur le parvis du Temple des Eaux Le sang a séché sur les marches du temple de Poséidon. Et il a enfermé la plume de Thelxiopé dans une gangue poisseuse. La femme se baisse pour la ramasser. Elle n'a plus qu'à convoquer le Panthéon, ou plutôt… Inviter ceux qui n'auraient rien de mieux à faire. |
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Sur l'Olympe
D'habitude, Zeus se pliait à l'exercice de bonne grâce, surtout pour le plaisir de voir sa protégée et plus si l'envie l'en prenait. Hadès serait intéressé de savoir qu'une âme pourrait éventuellement échapper au Néant, car pour être clair, les laisser filer ainsi était un gaspillage notoire de marchandises. Poséidon, évidemment, en tant que partie prenante du Jugement. Athéna, dont le sens inné de la stratégie lui faisait pressentir quelque chose et qui s'était mise à avoir quelque sympathie pour ces "peuples des arbres", depuis qu'ils étaient entrés dans son jeu pour polluer l'existence d'Arès, sa brute de frère. Sans succès hélas, mais elle ne leur en voudrait pas pour cela – ou pas trop longtemps. Et enfin Héra, qui s'infligeait cette corvée uniquement pour surveiller son volage d'époux. Les autres, s'il y en avait, n'assisteraient au Jugement que pour être aux premières loges des potins à venir. Thémis monta les dernières marches pour accéder à la place centrale de l'Olympe avant de mettre un genou au sol devant Zeus, installé confortablement comme à son habitude sur un fauteuil en marbre recouvert d'une épaisse toison immaculée, avec de quoi boire et manger à porter de main. Les autres convives, debout, formaient un arc de cercle de part et d'autre. - Dieu des Cieux, je suis ici car vous m'avez confié la charge de faire respecter l'Ordre Divin. Je combats la Démesure et redresse le Chaos pour que votre Règne et celui de vos Pairs durent à jamais. - Oui ma bichette, nous savons tous pourquoi tu es là. Répondit Zeus, avec un clin d'œil appuyé. Il passa outre le regard noir d'Héra et continua. - Si nous faisions court, pour une fois ? Qu'avons-nous là ? Thémis ne releva pas la boutade. Les Dieux n'étaient pas réputés pour leur constance et même Zeus, pourtant parmi les plus versés à l'humour, pouvait prendre ombrage d'une réplique déplacée. Et ce n'était pas le moment de le mettre de mauvaise humeur. Elle se redressa et leva sa balance pour la montrer à l'assistance. Une petite boule brillante emportait le plateau qui la soutenait jusqu'à sa position la plus basse. - Voici une âme qui a toujours été fidèle envers Poséidon. Celui qui la possédait a prêché pour Lui avec zèle et humilité. Il a voulu Le servir en toutes circonstances et a donné plusieurs fois sa vie. Mais il échoua dans une seule mission malgré toute sa bonne volonté. Pour son ultime erreur, voici la punition que lui infligea Poséidon. Thémis montra la plume de Thelxiopé, engluée de sang. Un objet des plus simples, qui pourtant devenait le symbole de la manipulation du Dieu des Mers et d'un sacrifice non-reconnu. Elle la posa sur l'autre plateau et pencha la tête en arrière alors qu'elle invoquait son pouvoir de Juge divin. L'étroit foulard de sa tenue voleta jusqu'à cacher ses yeux en signe d'impartialité et la plume fit descendre le plateau, lentement. Poséidon trépignait, s'appuyant d'un pied sur l'autre et jouant du bout des doigts sur la hampe de son trident. Les jours passés avaient été une calamiteuse source d'embarras pour lui et ses colères avaient été légion au point d'en avoir fatigué sa divine Famille. Zeus ne se retiendrait pas de lui dire qu'il y avait été un peu fort, cette fois encore. - Quelle mascarade, vociféra-t-il quand le plateau de la plume croisa celui de l'âme qui remontait. Nous faire perdre notre temps pour une chose aussi ridicule. Mon frère, fais cesser cette farce ! Les plateaux s'immobilisèrent, indiquant une punition trop lourde pour les torts de l'âme. Zeus haussa les épaules pour toute réponse à son frère avec l'air de dire : "C'est pas moi, c'est la balance !". - Rhaa ! Vexé, Poséidon fit tournoyer son trident et un maelstrom aquatique l'emporta en son domaine. L'assemblée divine prit le temps d'essuyer les quelques gouttelettes dont le Dieu des Mers l'avait gratifiée au passage. - Le Jugement a été rendu. Que décidez-vous, ô Zeus ? Lança Thémis pour ramener l'assistance au sujet de la réunion. - Que je vais lui interdire de remettre ses grosses palmes sur mon marbre ! Il m'agace avec ses tourbillons ! Ah euh oui… Hum… Et bien… Remets cette âme dans le circuit et euh… Qu'il soit discret cette fois hein ? Thémis inclina la tête en signe d'obéissance, ce qui lui permit de dissimuler le petit sourire qui étira légèrement ses lèvres. Il était temps que cette âme reprenne forme, pour que les espoirs de tout un peuple renaissent. |
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o/ "-Pas la peine de parler des papillons j'me suis dit. Ce pauvre type les verra bien assez tôt..."
Green - Pizgup ; Association de Mâles Fêteurs pour vous servir... Notre peuple vaincra ! |
Par Google   |
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![]() Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force |
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J'suis fan! *_* Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |
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Magnifique |
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génial, vraiment.
(même si le Dieu des Dieu fait un peu neuneu lol) |
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Ror, tu devrais faire attention à ce que tu dis. D'abord je ne suis pas vraiment d'accord avec toi. Ensuite ton âme risquerait d'avoir une destinée à l'opposée de ce qui s'est passé ici si tu foules encore les sentiers de l'impertinence ! ![]() Pour en revenir à Raksha, je dis qu’il méritait bien ça. Merci encore pour son implication dans le jeu. Et merci aux anim pour leur réaction. Je crois que j’irai même jusqu’à ajouter une ligne dans son CV (dans la partie « Bon petit soldat en certaines occasions »), un truc du genre : « Bienveillance divine – préservation de son âme » ![]() |
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Bravo =) |