Alors que dans le ciel d’Olympia les soleils s’éteignaient, une étrange lueur en descendait à une vitesse ahurissante. La Comète. La nuit, elle, illuminait de ses rayons les camps de forestiers au Sud de Fernliae. Si on n’avait pas eu à s’inquiéter, tous se seraient certainement émerveillés devant un tel phénomène.

_ C’est plutôt joli, non ? Toute cette lumière en plein milieu de la nuit…
_ Tu ne crois pas que c’est dangereux ?
_ Si, Poséidon l’a dit. Ca doit être vrai. Mais c’est beau quand même.

Le nez tourné vers les étoiles, Aileen et Syi avaient le regard tourné vers la boule blanche qui s’apprêtait à s’écraser. Elles étaient simplement allongées dans un coin d’herbe, les bras croisées derrière la tête. Lapinou, l’enfant terrible des jeunes inconscientes, gambadait joyeusement à leur pied à la recherche d’un steak juteux.

_ Dis Aileen, tu crois qu’il a conscience de ce qui va arriver, demanda Syi d’un ton inquiet ?
_ Tu veux dire, de la boule de Poséidon qui va tous nous tuer ?
_ Oui, sauf qu’on va pas vraiment mourir. On ne va pas vraiment mourir tous, précisa-t-elle. C’est un animal, il peut sentir des choses.
_ Comme les rats qui quittent les bateaux avant que ceux-ci coulent, proposa Aileen tout en regardant l’elfe noble ?
_ Oui, oui, comme ça. Tu penses qu’il est au courant lui ?
_ T’inquiète pas pour Lapinou, il est assez grand pour se sauver quand ça chauffera.
_ Oh ! Je m’inquiète pas pour lui, j’ai confiance. Mais… c’est quoi un bateau ?
_ Un truc en bois qui flotte sur l’eau. C’est Nephitos qui m’en avait parlé dans le temps.

Syi haussa simplement les épaules pas très très convaincue. Son amie devait avoir raison. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter. Surtout qu’il commençait vraiment à se faire tard, elles devaient aller dormir, car le lendemain la journée allait certainement être dure.

De jour en jour, la Comète prenait une allure de troisième soleil. Elle grossissait et grossissait tel un lapin vorpal s’empiffrant de gourmandises sans retenue. Et en bas, l’atmosphère se réchauffait tranquillement. Le temps des vêtements à manches courtes, aux petites pièces de tissus elfiques ne venait que bien plus tard dans l’année, pourtant Syi pestait de ne pas en avoir pris, à qui voulait bien l’entendre. Même l’herbe jaunissait sous l’effet de la chaleur.

_Syi ! Syi , s’écriait Aileen en débarquant à toutes jambes vers la toute nouvelle Juge.
_ Qu’est-ce qui se passe !
_ C’est Lapinou ! C’est notre lapin, je crois qu’il ne va pas bien, il doit être malade. Il reste comme ça tout le temps, et Aileen en profita pour mimer un lapin regardant vers le ciel sans trop de réussite. Il n’a pas bougé depuis ce matin, tu te rends compte ?
_ Tu crois qu’il s’est bloqué quelque chose ? Bon, on va voir ce qu’il a. Sinon on l’amène aux hommes-sauvages, ils pourront peut-être le soigner.

En effet, le lapin regardait vers le ciel la bouche grande ouverte. De temps en temps, il faisait un petit bon sur le côté. Mais il gardait les mâchoires grandes ouvertes prêt à gober quelque chose. La véritable performance résidait dans sa capacité impressionnante à se mouvoir tout en gardant le gosier suffisamment ouvert pour qu’on puisse y faire entrer une assiette sans problème. Ses grandes dents de devant menaçaient les nuages tandis que ces yeux rouges fixaient quelque chose. Les deux elfes suivirent le regard de leur petit animal et s’exclamèrent en même tant.

_ Syi, tu crois que…
_ Il serait pas en train de…
_ Si !
_ Ca alors…

_ Votre lapin semble avoir un problème.

Le consul Earenïel était intervenu alors qu’Aileen et Syi se tenaient chacune par l’épaule et regardaient le lapin vorpal d’un air stupéfait. Elle se regardèrent avec un air gêné et tâchèrent de répondre dans le désordre le plus total.

_ Non, non, pas de problème.
_ Oui, c’est-ça, aucun problème.
_ Faudrait quand-même lui faire comprendre.
_ T’as raison.
_ Mais je suis pas sûr qu’il comprenne pourquoi on le prive comme ça…
_ Tu sais, il…
_ Ouais je sais...
_ On peut pas le laisser faire...

T'as compris Lapinou? Tu peux pas la manger, la comète !