An 1980 du Calendrier Elfe, saison des Fruits

La Forêt des Cendres revêtissait ses couleurs verdoyantes, renouvelant sa protection au peuple elfique. Les feuillages denses et sombres devenaient plus clairsemés, à mesure qu'il avançait. Il marchait depuis l'aube d'un pas dynamique, ne se laissant nullement distraire par le chant des bois, ni entravé par les racines profondes. Des siècles d'habitude, des siècles à observer ces lieux s'épanouir, de ce regard saphir qui, lui, restait inchangé.

Bientôt, le couvert des arbres devint plus clairsemé, laissant apparaître par endroits de fins rayons de lumière. L'après-midi était déjà bien avancée, à première vue, rien d'étonnant que la fatigue commence à se faire ressentir. Mais il pouvait maintenant compter les enjambées restantes avant d'entrapercevoir la petite masure qui constituait son foyer. Il contourna un frêne, puis un second relativement plus vieux, continua sur une courte distance et, enfin, l'aperçut. Perchée sur un chêne au tronc solide, elle était le symbole parfait de la vie elfique au grand air. Uniquement constituée de bois, l'assemblage paraissait incertain au premier regard, même s'il était, en réalité, aussi coriace que l'arbre en lui-même, à tel point que la maisonnée se confondait parfaitement bien dans le bois de ce dernier.
L'elfe suivit la trajectoire d'un escalier scabreux aux marches particulièrement espacées. Il sentit que ce dernier effort lui en coûtait, ce qui lui rappela de ne jamais autant s'empresser sur le retour. Surtout lorsqu'il se savait repartir sur le champ... Un regard circulaire lui apprit que personne n'avait occupé les lieux de la journée, ce qui le força à nourir les rapaces impatients, ou à en libérer certains pour leur chasse journalière, avant d'enfin se poser à son bureau.

Une lettre reposait sous une lourde pierre, Calith s'en empara et reconnut immédiatement l'écriture de Nessa. Elle était passée s'occuper des faucons, tradition journalière en l'absence de l'Intendant, et ne fit aucun commentaire sur ces longues périodes sans nouvelles. Il devait pourtant lui en coûter de faire constamment le déplacement pour s'occuper ainsi des lieux. Son élevage avait fini par lui appartenir autant qu'à lui.
Elle était partie à l'entraînement dès l'aube et lui expliquait que ce dernier s'acheverait bientôt. Parfait. Il pourrait donc compter sur elle pour les prochains évènements. Il trouverait bien quelqu'un d'autres pour la remplacer aux tâches quotidiennes. Sans tarder, l'Intendant s'empara de sa plume et rédigea un mot, autant à Nessa qu'à sa soeur d'armes qui était particulièrement discrète mais jamais loin.

Aryalis, Nessa,

Heureux de constater que votre entraînement acharné dans la Cité Elfique prend fin. Vous semblez prêtes à prendre la route sans grand risque, à condition de se déplacer en groupe.

Je vous proposerais de prendre le large, à mes côtés et à ceux de Tiamath et Thunziel du Clan du Faucon. Nous nous devons de partir à l’Est à la Grotte de Marcus, vérifier si des indices ou des ressources peuvent s’y trouver. Nous serions alors seuls, et, des Impériaux rôdent mais ne devraient pas représenter un danger réel.

Je vous laisse me dire ce qui vous conviendrait le mieux.

Calith du Faucon

Il signait le papier quand il entendit des pas se rapprocher. Le Faucon n'eut pas besoin de lever la tête pour reconnaître sa fille, Tiamath, qui attendait sagement sur le seuil. Il s'empressa d'attacher la missive à la patte d'un faucon, qui savait être le favori de Nessa, et redescendit aussitôt.
Il lui suffit d'un détour au siège des Sylphes pour retrouver, par hasard, le dernier Faucon qui pourrait se sentir concerné. L'échange fut bref, avec Thunziel, qui n'eut rien à redire devant son Intendant. Apparemment, ce dernier le considérait déjà comme faisant partie du voyage. De son point de vue, ils n'avaient déjà perdu que trop de temps.

Les deux avant-bras appuyés sur son arc, le regard résolument fixé vers l'horizon, Calith attendait. A ses côtés, Tiamath et Aryalis imitaient le même immobilisme, alors que Thunziel rôdait aux alentours d'un air plus survolté. Le faucon à son épaule, l'habituelle Nivalis, le titillait par moments de son bec, lui faisant clairement ressentir son impatience. Nessa se faisait attendre ... A se demander ce qui pouvait la retenir aussi longtemps en ville.

Ils avaient décidés de prendre de l'avance et avaient gagné l'orée de la Forêt des Cendres. La plaine se dessinait devant eux, un océan vert et infini. Le voyage leur paraitraît bien long dans cette étendue interminable. Mais au loin, les Faucons aperçurent tous au même moment cette tâche d'une autre couleur qui s'avançait dangereusement. La silhouette s'aggrandissait à n'en plus finir, révélant la présence d'un Géant. Les elfes ne se firent pas attendre en remarquant cette intrusion si proche de Na'Helli. Quelques flèches fusèrent, d'une distance époustouflante, comme un avertissement. Si le Géant recula, d'autres se présentèrent en force et en nombre. Il fut bientôt évident que les Faucons n'auraient aucune chance si des renforts ne se présentaient pas. Et Nessa continuait de briller par son absence...
"Ne vous éloignez pas trop, nous devons encore attendre Nessa.
Vu leur nombre, il va être préférable de contourner leur groupe, le Sud me paraît plus approprié pour passer furtivement. Mieux vaut longer l’orée de la Forêt. Je me demande bien ce qu’autant d’Impériaux viennent faire dans les environs..."
Il suffisait de parler du loup pour qu'il pointe le bout de sa queue. Nessa adressa un semblant de sourire d'excuse avant de s'attarder à son tour sur l'horizon. Thunziel s'était avancé dangereusement et venait d'en faire les frais. Rien de grave, à première vue, mais cette guerre de position commençait à agacer l'Intendant. Qu'attendaient-ils ?

"Ils vont vers le sud Calith !" clama Thunziel en revenant à leurs côtés, quelque peu amoché.
Cette danse le lassait profondément. Il ne comptait pas s'attarder en des combats inutiles et, surtout, il était hors de question de perdre un seul membre de l'escouade. Or, leur cohésion laissait à désirer, tous n'ayant pas eu l'occasion de connaître les champs de bataille et leurs subtilités, sans compter qu'ils avaient relativement peu évolués ensemble par le passé. Mais les Géants ne paraissaient pas foncièrement agressifs, étrangement, certains s'avançaient même vers eux sans ouvrir le feu. Une voie diplomatique ? Peut-être.
"Je vais engager la conversation. Ne nous faisons pas d’illusions, ils sont trop nombreux pour nous et la forêt offre une retraite très peu confortable. En attendant, n’attaquez pas, sauf s’ils vous y forcent. De toute façon, ce n’est pas notre mission."

Il était resté à de bonnes distances pour s'exprimer, mais les Géants n'en prirent pas ombrage. Ce furent Orodreth, Ginteo et même Konrad, qui avait essuyé les premiers tirs, qui lui répondirent. Ils semblaient relativement avenants et acceptèrent volontiers l'arrêt des hostilités. Les Géants ne cesseraient pas de l'étonner, ce n'était pas la première fois qu'il arrivait à trouver une issue favorable pour leurs deux peuples, comme pour l'Oracle et la fameuse statuette du Faucon, objet de tant de convoitise. Les Faucons avaient attendu calmement ses réponses et il les en remercia, à sa manière.
"Un cessez-le-feu a pu être négocié. Nous allons passer plus au Nord de leur position en évitant au mieux de les croiser. Ne les attaquez sous aucun prétexte.
Je ne connais pas leur destination, mais ne ne pouvons rien faire pour les arrêter. Profitons de leur bonne foi et avançons vers notre objectif. Merci."
Ils évitèrent au maximum de croiser le plus gros du rassemblement, mais ceux qui eurent l'occasion de voir les Faucons leur passer juste à côté ne réagirent pas de manière vive. Parfait. Le voyage pouvait donc continuer. Et il risquaient d'en avoir pour un moment, de plaines vertes et infinies, sans âme qui vive...

En retard. Elle l’était, et pas qu’un peu. Pourtant c'était quelque chose qui avait tendance à l'agacer, elle qui se targuait d'être d'une rare ponctualité.

Elle était restée trop longtemps plongée dans ses pensées, perdant toute notion du temps avant de réaliser qu’elle était attendue depuis un moment déjà. Il faut dire qu'il y avait longtemps qu'elle n'avait pas fait preuve de la moindre trace de sociabilité ou de la vie en groupe, plus habituée à parler aux faucons avec qui elle passait de longues heures ou à s'entrainer avec Aryalis avec qui elle n'échangeait que quelques mots sans creuser bien plus avant.

Elle avait fini par rejoindre le groupe avec une grimace d’excuse, mais sans partir dans un flot de paroles qui aurait été contraire à ses habitudes. Ils avaient alors repris leur marche, la jeune elfe observant avec attention ses nouveaux compagnons de route.

Calith, qu’elle n’avait fait que croiser durant toutes ces années mais qu’elle avait fini par apprécier, à sa manière silencieuse. Sa fille dont il lui avait parlé quelque fois, sans entrer dans les détails bien évidemment. Aryalis avec qui elle avait développé des affinités depuis quelques mois, elle aurait presque pu parler d’elle comme une amie, bien qu’elle ne connaisse rien d’elle, hormis le quotidien qu’elles partageaient depuis peu.

Restait Thunziel, totalement inconnu mais qui semblait être proche de Calith, enfin si tant était qu’elle pouvait juger quelqu’un proche de lui. Elle s’approcha alors d’un pas décidé et tendit une petite main aux longs doigts fins dans sa direction.

- Je crois que nous n’avons pas été présentés, je suis Nessa, enchantée.

Elle esquissa un léger sourire, dont la nature était quelque peu difficile à définir, tandis qu’elle l’observait avec une attention non dissimulée.

Thunziel était en train de vérifier que toutes ses blessures s’étaient bien refermées lorsqu’il aperçut une petite main, se présentant devant lui.
Le jeune faucon regarda le visage de l’elfe qui le lui avait tendu. Nessa... une autre faucon... Thunziel ne la connaissait pas encore mais il avait remarqué ces traits particulièrement gracieux.
-Oui c’est vrai ! Eh bien moi c’est Thunziel, ashka du clan des Faucons.
Thunziel observa la main une deuxième fois. Il approcha sa main, hésita quelques peu et finit par parler.
-Je ne le ferais pas si sa te dérange mais je préfère t’embrasser !

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La jeune elfe reste la main tendue quelques instants, attendant visiblement qu’il la saisisse.
Au bout d’un moment elle a une moue interrogative qui se transforme en étonnement total lorsqu’il finit par parler.
M’embrasser ? Co... comment ça m’embrasser ? Mais quelle idée saugrenue ! Vous avez souvent des idées comme ça qui vous passent par la tête ou c’est juste une drôle de façon de vous présenter aux jeunes femmes ?

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Le sourire de Thunziel disparu immédiatement, il était désormais livide... Il n’aurait jamais pensé qu’elle réagirait comme ça.
Je... je m’excuse ! Je ne pensais pas que cela vous choquerez autant.
L’elfe mit sa main dans ses cheveux, mal à l’aise. Puis il comprit ! Tout du moins il l’espérait !
Attendez Nessa ! Je crois que nous nous sommes mal compris ! Quand j’ai dit ”embrasser”, cela signifiait ”se faire la bise”.
Thunziel jeta un regard plein d’espoir à Nessa, espérant qu’elle avait bien mal compris la première fois.

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L’elfe esquissa un sourire amusé tandis qu’elle voyait son interlocuteur visiblement gagné par la panique.
Elle laissa planer un silence suffisamment long pour le laisser douter encore l’espace d’un instant, puis, d’une voix amusée.
Et bien, vous avez un don certain pour vous mettre dans de beaux draps on dirait non ?
Elle passa sa main dans sa chevelure brune et son sourire se fit légèrement plus caustique.
Faites attention à vous, une jeune femme un peu moins sociable aurait surement laissé la marque de sa main sur votre joue.
Elle se mit alors sur la pointe des pieds et laissa claquer deux bises sonores sur les joues de son interlocuteur avant de s’éloigner d’un pas, l’air de rien et visiblement amusée.

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Thunziel n’avait pas bougé, toujours angoissé par la réaction qu’allait avoir Nessa. Ce n’est qu’au moment où il sentit le contact des lèvres de l’elfe qu’il comprit qu’elle ne lui en voulait pas.
Alors qu’il ouvrait la bouche pour lui reparler, il s’aperçut qu’elle s’en allait déjà. Ce n’est quand la regardant partir qu’il comprit que cette situation avait amusé la charmante elfe.
Eh bien, il semblerait que je me sois fait avoir ! Ce voyage promet d’être amusant.
Thunziel regarda les autres compagnons et aperçut Calith.
Sa me changera de sa compagnie.

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La jeune elfe continuait de marcher d’un pas décidé mais suffisamment lent pour le laisser la rejoindre rapidement, tandis qu’un sourire amusé continuait de flotter sur son visage.
Un coup d’œil à celui que désignait Thunziel et elle haussa un sourcil, visiblement curieuse.
Vous passez beaucoup de temps avec lui ?
Vous le connaissez depuis longtemps ?
Et ne vous en faites pas... d’autres se sont aussi fait avoir...

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Calith ? Si je passe beaucoup de temps avec lui ? Non, pas vraiment...
Thunziel réfléchit quelques instants à ces mots, est-ce vraiment le cas ? Qu’avait-il fait dernièrement ? Il ne put s’empêcher de sourire.
En fait à vrais dire, je pense que oui... Je suis plus souvent avec lui que sans lui. Toutes mes missions, mes expéditions, il était là... C’est étrange je ne m’en étais pas rendu compte ! Ah si, nous étions séparé à Kazad...
La mine de Thunziel s’assombrit à ses pensées, il les chassa d’un mouvement de tête. Ce n’était pas son habitude de ressasser les mauvais souvenirs.
Eh bien, je vais l’appeler ! Vous pourrez lui poser les questions directement !
Le jeune faucon se tourna dans la direction de l’Intendant et l’appela en lui faisant signe de venir vers lui. L’archer se retourna vers Nessa en lui adressant un léger clin d’œil.
Il arrive !
Il espérait la rendre légèrement mal à l’aise, comme elle l’avait fait pour lui. Pas dans un esprit de vengeance, mais plutôt d’un jeu. Thunziel désirait créer des liens avec les Faucons, mais surtout restait soi même... débordant d’énergie et joueur...

Le Faucon, initialement en tête du cortège avec sa fille, se retourna vivement aux appels de Thunziel. Il avait décidé peu avant de prendre une pause bien méritée, n’étant désormais plus très loin de leur point de chute. Sourcils froncés, il avança d’un pas vif vers les deux touts en détaillant les environs.
Rien. Aucun danger. Ces appels ne ressemblaient en rien à de la détresse, mais sait-on jamais... Thunziel commençait à prendre l’habitude des champs de bataille et il en fallait désormais beaucoup pour l’impressionner.
”Un problème ?”
Bien involontairement, avec sa voix rocailleuse et son air inquisiteur, Calith ne se montrait guère avenant.

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Le ton de la voie de Calith amusa Thunziel. Il ne changera donc jamais ! Mais c’était comme cela qu’il l’appréciait, bien qu’au fond de lui, un rire de son Intendant serait un souvenir précieux.
"Non aucunement ! Ne te tracasse pas. Nessa a quelques questions à te poser... "
Thunziel tourna la tête vers la jeune elfe pour guetter ses réactions.

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Nessa était restée surprise de voir Thunziel se précipiter vers Calith. Les rares fois où elle avait côtoyé l’intendant, il ne s’était guère montré ni loquace ni avenant et elle se doutait bien qu’il ne risquait guère de changer d’attitude en un clin d’œil.
Secouant la tête et un sourire un peu désabusé sur le visage, elle se rapprocha de Calith, adoptant une attitude plus révérencieuse même si elle se tenait toujours bien droite devant lui.
"Et bien notre compagnon de route ne sachant pas répondre à mes questions à propos de l’agrément que lui procure votre compagnie, il a préféré me mettre aux pieds du mur directement. Je ne le pensais pas timide, du peu que j’ai pu voir de lui c’est amusant.
Elle s’arrêta alors brusquement, aux aguets, fixant la grotte qui se dessinait au loin.
C’est là que nous allons alors ?

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Thunziel ne put s’empêcher de sourire tout en gardant une certaine retenue. ”Au pied du mur”.
"Timide ? Moi ? Pourquoi cela ? J’ai juste pensé que Calith satisferait plus facilement votre curiosité. Il est le centre de vos interrogations, après tout."

Il fixa à son tour la grotte que regardait Nessa.
"A en juger par l’expression qu’avait notre Intendant à sa sortie, je ne pense pas qu’il y ait quelques choses d’intéressants dedans."

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Un haussement de sourcils accompagna les paroles de Nessa. Un oeil attentif aurait pu remarquer l’ombre d’un sourire, alors que son regard venait trouver celui de Thunziel.
"Alors, on s’amuse ?"

Son regard revint bien vite à Nessa, alors qu’il s’appuyait à nouveau sur son arc pour leur faire face.
"Thunziel fait partie du Cercle des Sylphes, tout comme moi. Il est donc naturel que nous nous retrouvions sur de nombreuses missions. Tu as eu l’occasion de remarquer à quel point mes absences pouvaient se prolonger, par le passé, en voici une des raisons.
Les Faucons sont souvent employés comme éclaireur et nous sommes habitués à agir de concert. Thunziel n’a rien de timide, c’est plutôt quelqu’un d’optimiste et avenant. Nous ne sommes pas vraiment assortis."
Il marqua une pause, son regard acéré devenant plus vague, gagnant le lointain. "Nous pouvons compter en année le temps passé ensemble sur les routes. Tu découvriras bien vite que les voyages sont plus usants et monotones quand il ne fait pas partie du convoi."

L’elfe avait clamé ces dernières phrases avec sa neutralité habituelle, comme s’il constatait simplement des faits, ou même des évidences. Il tourna lentement la tête vers la Grotte des Sources et ses sourcils se froncèrent sous le coup de la contrariété.
"Oui. Elle est vide.
Nous allons établir notre campement en ces lieux, et puis il nous faudra songer à la suite des évènements. Soit nous pouvons rentrer à Na’Helli pour aider les forestiers face à la comète qui s’est abattue dans le désert, soit nous pouvons continuer notre périple dans le Nord où nous trouverons d’anciens vestiges d’une bataille où la statuette du Faucon fut le cœur.”
Un regard circulaire, venant cueillir l’expression des quatre Faucons l’entourant.
"Que voulez-vous faire ?"

Nessa écoutait Calith avec attention, un léger sourire en coin flottant sur son visage.

Il est vrai que cela explique bien des absences.
Et puis je trouve ça plutôt intéressant d’avoir des compagnons de route si différents. Ca permet de découvrir ses propres facettes et d’en apprendre sur des gens que l’on côtoie depuis des années sans vraiment les connaître...

A sa dernière question elle retrouva son sérieux habituel.

Et bien je vous avouerais que j’ai pris goût à cette promenade, je ne verrais pas d’inconvénient à la continuer un peu plus s’ils n’ont pas un besoin urgent d’aide.

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Aryalis, l’elfe au regard bicolore avait suivi les échanges avec son silence habituel. En fait, on aurait pu dire qu’elle tenait les elfes à l’oeil tout en scrutant régulièrement le ciel et les alentours.

Attentive, mais pas loquace. Pour changer.

Du moins jusqu’à ce qu’elle s’écarte pour recueillir un faucon sur son bras et aille s’installer plus loin pour lui parler à voix basse.

Sûrement une question de charme. Peut-être les plumes ?

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A la question de Calith, la réponse de Thunziel se fit, claire, sans équivoque, arrachant un léger sourire à Nessa.
Bien sur que je suis partant !

Tu ne pouvais pas faire plus court ... Je note l’enthousiasme.

Il n’était pas habitué à une telle concision de la part de Thunziel qui semblait subitement ne plus s’intéresser à taquiner Nessa.

Il reporta son regard sur Tiamath à qui il adressa un signe de tête entendu. Où il décide d’aller, elle n’était jamais loin derrière, ce qui lui épargnait bien des tracas. Quant à Aryalis, elle semblait entièrement absorbée par une autre tâche. Qui ne dit mot consent ?

Mettons-nous en route, alors. Nous risquons d’en avoir pour un moment. Nous allons suivre la chaîne des Dieux pour remonter dans les steppes au Nord où se trouvera la Grotte où notre ennemi fut vaincu. Ce fut aussi le dernier lieu où la statuette du Faucon, héritage de Marcus, a été aperçue.

Aussi rapidement, il reprit sa route sans un regard en arrière.

Et si vous avez des questions, nous avons tout notre temps d’y penser durant le trajet, alors n’hésitez pas.

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Après avoir fixé un harnais maintenant en place une épaulière en cuir sur laquelle elle avait fait passer le faucon, la très jeune elfe se mit en route à la suite des autres.

Après un moment à rester silencieuse, elle échangea un regard avec l’animal, puis se décida à parler. Comme toujours, elle semblait devoir faire un effort pour s’adresser à autrui.

Qui l’a créée ? ... La statuette.

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Une claque n’aurait pas fait plus d’effet sur Thunziel. Les paroles de son Intendant en aucun cas agressive avaient pourtant touché profondément l’elfe des Lunes. Il n’aimait pas décevoir, même un peu.

No-non... Calith ! Ce n’est pas ça ! Une phrase est parfois préférable à plusieurs... Je... Enfin tu dois comprendre ! Non ?

Le jeune Faucon regarda le ciel. Mais pourquoi je bafouille ses idioties ? Et surtout pourquoi je me mets dans un tel état ?

Thunziel fit de légère rotation avec ses épaules, tout en respirant profondément. Quelques secondes suffirent pour enlever la nervosité qui l’habitait.

Calith, bien sur que je suis enthousiaste ! Nous partons sur les traces de la statuette, symbole de Marcus. Rien que pour cette raison, je suis partant. Mais ce n’est pas tout ! Je suis avec vous et j’en suis vraiment très heureux ! C’est mon premier voyage avec les Faucons...

Après quelques pas en avant, le Faucon s’immobilisa à nouveau. Il pencha la tête sur le côté pour mieux voir les Faucons qui le suivaient. Tous maintenaient une allure soutenue même s’ils avaient déjà parcourus une distance certaine. La réputation de grand voyageur de leur Clan n’était pas à refaire...

Il haussa un sourcil à l’adresse de Thunziel. Pourquoi te mets-tu dans tous ces états ? C’était une simple taquinerie.” Un sourire asymétrique se dessina quelque peu sur ses lèvres, qui est pris qui croyait prendre, comme on avait l’habitude de dire.

L’Intendant reprit vite son sérieux habituel à la question d’Aryalis dont la langue se dénouait enfin.
Excellente question. Je crains que ma réponse ne vous convienne pas, cependant. Je vais prendre le temps de vous en parler plus en détails pendant que nous continuons de marcher.

Nous ne connaissions pas l’existence de la statuette du Faucon avant de nous rendre à la Grotte des Sources, lieu que nous venons de quitter, pour venir en aide à notre feu-chaman Marcus. Nous n’avions aucune idée du danger qui le guettait et nous avons découvert bien trop tard que des abominations, araignées géantes modifiées par les parois en cristaux de mana, nous l’avaient pris.
Il a fait ébouler cette Grotte pour éviter que ces engeances ne se répandent, mais nous l’avons rouverte pour lui venir en aide. Nous avons longuement lutés ... Pour découvrir son corps, inerte, dans un des cocons géants de ces choses. Il était mort, et entre ses mains crispées, il retenait un objet : La statuette du Faucon.

Je l’ai ramené à Na’Helli en espérant dresser un autel à sa gloire, avec cette statuette, héritage de Marcus. Nous ne soupçonnions alors pas encore l’intérêt qu’elle avait pour les Géants, qui pensaient que cette statuette permettrait de soigner leur Oracle, Hardaway, qui fut touché par un bien étrange poison, ou malédiction, de ces araignées. Il nous avait aidé à ouvrir la Grotte avec d’autres Géants, car ils avaient aussi un intérêt dans l’histoire ... Je ne sais lequel, mais cela leur a valu une bien amère défaite.

Nous avons décidés d’en apprendre davantage sur la statuette, qui était, selon des spécialistes, maudite et marquée par une empreinte noire qui la souillait. Il nous fallait la purifier, d’une façon ou d’une autre, et pour cela, nous devions connaître sa raison d’être. Avec Elen, l’Intendant du Loup, et Tiara, la Gardienne du Sanctuaire de Na’Helli, nous avons entrepris une transe en se concentrant sur le passé, le présent et l’avenir de la statuette du Faucon.

Cette vision, je vais vous l’exposer comme je peux ...

Tout d’abord, j’ai vu l’endroit même où nous nous trouvions, avec Elen et Tiara. Tout était identique, sauf la statuette qui semblait avoir pris vie sous la forme d’un faucon. Il piaillait, puis s’embrasa progressivement, en grandissant et grossissant jusqu’à atteindre bien quatre mètres de haut. Un rugissement de phénix, puis il se consume.

Pendant que le phénix renait de ses cendres, nous changeons de lieux ... Le Gouffre des Sources, cette fois-ci.
Le phénix grandit encore. Va pour rugir ... Mais un mord apparaît dans son bec, l’attachant à un chariot sur lequel se tenait ... Une silhouette, noire. Il devient griffon et rugit, la cravache fouette l’air pour le faire taire. Dans la grotte apparaît alors une lumière puissante et éblouissante qui fait finalement fuir la silhouette.

Le griffon redevient un faucon, plus petit. Et nous revenons à la forêt, où nos corps se trouvent encore.
Le faucon piaille à nouveau et devient un aigle, tenant une charogne pestilentielle dans ses pattes. Il crie puis redevient faucon, la charogne disparait. Le faucon va pour s’envoler, et devient un aigle de trois mètres de haut dès qu’il quitte le sol, un fléau dans ses serres. Il se retourne vers nous puis devient faucon ... L’arme disparaît.
Il se dirige ensuite vers un arbre et se change cette fois en un aigle géant ... Un roc. La forêt se met à brûler autour de nous, le roc ... Nous charge alors. Et dès qu’il passe au-dessus du feu, il disparait et reprend la forme de la statuette.

Puis le vide.

Il marqua une pause, son regard se faisant vague alors qu’il se remémorait cet épisode de sa vie.
De ce que j’ai compris, la statuette du faucon s’est retrouvée dans ces différents lieux. Le Sanctuaire de la forêt, la Grotte des Sources, le Sanctuaire à nouveau. Passé, présent, avenir. Le roc symboliserait les géants, donc que le futur se trouve auprès d’eux. Un bien mauvais présage, cependant. Comme un avertissement.
Les deux phénix symboliseraient les Chamans Icmalt et Marcus, chacun investis de la volonté de Cherug. Alors qu’Icmalt a rendu l’âme, Marcus n’a jamais péri en des millénaires d’existence.
Nous supposions que la statuette a été dominée par une puissance malsaine à la Grotte des Sources. C’est là-bas que son énergie a été pervertie, par cette silhouette noire ... Et le secret de la longévité de Marcus peut-être aussi reliée à la statuette du Faucon.

Son regard se posa finalement sur Nessa et Thunziel. Il continuait de marcher, malgré tout.
Voici la réponse à ta question, Aryalis. La suite ... Tu la connais autant que moi. Mais Nessa et Thunziel n’ont pas eu l’occasion de l’entendre, le voir.

Nous avons rencontrés les Géants pour établir un marché en leur proposant notre aide. Nous souhaitions ardemment purifier la statuette de sa souillure et nous savions que la clef de l’énigme était à leurs côtés. Elen a entrepris seul de leur communiquer le résultat de notre transe directement dans leurs esprits. Mais elle ne se passa pas comme prévue, Hardaway faisant irruption dans ce songe en réclamant la statuette. Elen pensa faire bien en lui remettant l’objet de sa convoitise afin de le soigner.
Mais à son réveil, il constata tout comme moi que la statuette avait disparue...

J’ai convoqué l’ensemble des Ashkas du Faucon de l’époque pour une transe commune, afin de ramener la statuette à nous de la même façon qu’elle nous fut dérobée. Quand nous avons commencés, nous nous sommes confrontés à une autre transe d’une nature tout autre ... Une transe élémentale, engagée par les Géants en parallèle.
Nous avons enfin pu voir notre ennemi, celui qui était la cause de tous ces tourments, un géant scarifié qui tenait une dague sacrificielle. Il avait relevé des morts dans un noir dessein, corrompu Hardaway et dirigé les araignées. Il nous avait volé la statuette du Faucon et s’en est servi contre nous, durant cette transe.
Nous avons alors pris entièrement conscience du pouvoir immense de la statuette qui a été capable de nous repousser comme des fœtus de paille. Nous avons réussi à porter un coup violent à notre ennemi commun, qui se serait enfui vers cette Grotte dans les steppes du Nord.

Il était trop tard pour nous mais les Géants étaient déjà sur place. Ils ont longtemps combattus pour le repousser dans ses retranchements et ont réussi à triompher. La statuette ? Elle fut introuvable.

Il poussa un soupir las avant de fixer le Nord. Ses sourcils se froncèrent alors que l’Intendant accélérait le rythme de sa marche, son récit achevé. Maintenant, vous savez tout. Ou au moins ... Autant que moi !

Quelle histoire ! J’en avais déjà entendu une partie mais celle que tu viens de nous donner est bien plus complète ! J’espère que nous allons découvrir des traces, des indices qui pourront nous aider à trouver la statuette !

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Un hochement de tête pensif, après un long silence, elle finit par conclure.
Donc, on sait rien de son origine. Ni si y en a d’autres. Ou si elle peut être reproduite.

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J’aperçois un Géant ! Restez sur vos gardes !
Thunziel avait prononcé ses mots le moins fort possible, il y avait peu de chance qu’il l’ait repéré. L’effet de surprise devait donc être préservé. Calith fit un signe de tête pour montrer qu’il avait compris et ouvrit les hostilités.
Le géant venait de mourir sous les yeux des Faucons, il n’avait eu aucune chance. Thunziel fit un rapide tour sur lui même pour tenter d’apercevoir d’autres ennemis. Apparemment ils étaient de nouveau seul, son regard s’arrêta sur Nessa. Le jeune faucon sourit en se remémorant les discussions qu’il avait eu avec elle. Il les avait appréciées. Il se dirigea donc tout naturellement vers la charmante elfe.
Tout va bien Nessa ?
J’ai appris que c’était toi qui t’occupais des Faucons durant les absences de Calith. Je m’étais toujours demandé qui le faisait.
Dis-moi, tu en es à quel niveau d’étude ? Donoï ? Kitalië ? Ashka ?

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Elle semble d’abord perplexe en avisant les étendues enneigées qui ne lui semblent guère à leur place en cette saison, puis finalement, c’est un air dubitatif qui se peint sur son visage. En scrutant les alentours, à la recherche de l’entrée de la ”grotte” comme le demande Calith, elle finit par prendre la parole, enfin, jeter quelques mots.
On cherche une grotte, ou une entrée de terrier enneigée ? Ça va pas être simple, si c’est sous la neige...

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Le Géant venait de tomber, il n’avait eu aucune chance. Calith balaya les environs du regard, s’attendant à en voir surgir d’autres, mais les lieux étaient déserts. Il pousse un soupir qui se mua en fin brouillard, la température de plus en plus basse, à mesure qu’ils avançaient dans le Nord.
Je me demande bien qui cela pourrait intéresser de connaître pareille information, Thunziel. Tu aurais pu trouver plus subtile ...
Il n’acheva pas sa phrase, laissant en suspens sa pensée. Son sérieux revint bien vite, le Faucon plissant les yeux pour détailler les steppes enneigées.
Nous cherchons une Grotte, Aryalis. Pas d’igloos, pas de terriers ... Un endroit assez grand pour contenir les mêmes monstruosités qui s’en sont prises à Marcus. Ce Géant ne devait pas être présent par hasard, donc nous ne devrions pas être bien loin. Ouvrez l’oeil, et votre vue de rapace fera le reste.

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A la réponse de Calith, elle regarde autour, puis hausse les sourcils.
On devrait chercher une montagne alors. Ou une colline...
Sauf si on tombe dans l’entrée en marchant dans la neige.

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Un froncement de sourcils accueilla la remarque d'Aryalis. L'Intendant hocha la tête en signe d'assentiment avant de distribuer les ordres, en corrélation avec les propos de la jeune elfe.
”Aryalis et Nessa, continuez à l’Ouest. Tiamath et moi allons continuer vers l’Est. De cette façon, nous finirons bien par retrouver un vestige. Thunziel, tu ... Fais comme bon te semble.”


Modifié le 01/02/2011 à 17:42:41 par Calith

Comme convenu, les Faucons s'étaient séparés, balayant large les steppes nordiques. La neige et la morsure du froid les ralentissaient fortement et Calith eut beaucoup de mal à maintenir Nivalis tranquille. L'oiseau supportait difficilement le climat et ne rêvait que de retourner dans les terres du Sud, poussant des piaillements plaintifs par moment en dardant de son bec la main qui la retenait. Mais elle ne rencontrait que le gant de cuir et l'expression de marbre de l'elfe.
L'Intendant avançait en silence, sa fille à ses côtés, sur des distances qui lui paraissaient interminables. Ça et là se trouvaient des igloos dans cette blancheur immaculée, seul repère valable. A chaque fois qu'il en apercevait un contingent, il pensait toucher au but, mais réprimait bien vite ce sentiment. Cette marche était sans fin et par trop difficile pour des elfes habitués à climat plus clément. Mais il lui était impossible de déclarer forfait. Pas maintenant. Pas si près du but.

Bientôt, Tiamath s'arrêta devant lui. Ils n'avaient pas échangés un mot depuis le début, mais l'elfe n'eut pas besoin d'entendre le son de sa voix pour comprendre. Il poussa un soupir de soulagement et la dépassa, toisant les nombreux igloos et trouva enfin la brèche parmi les congères. Il se souvint alors de l'aigle qui pénétrait les lieux pour s'y réfugier, la statuette entre ses griffes, mais un regard aux alentours ne lui suffit pas à confirmer la position. Ce n'était plus en adéquation avec son rêve, le terrain n'était plus vierge de batailles et d'occupations. A proximité de la grotte, le terrain était tantôt bosselé, tantôt creusé, différant avec les étendues planes et immaculées qu'ils avaient eu l'occasion de voir.
Mais ils ne pouvaient se tromper. Rapidement, il rappela les autres.

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Thunziel rejoignit Tiamath et Calith au point de rendez vous. Les deux elfes étaient apparemment assez nerveux car ils n’arrêtaient pas de regarder tout autour d’eux. Le jeune Faucon espérait que toute cette anxiété n’avait pas lieu d’être. La grotte était là, il allait probablement y passer du temps... Bien que faire maintenant ?

Après une brève discussion avec son Intendant, ils décidèrent que Tiamath resterait dehors car c’était elle qui serait la plus apte à discerner des ennemis. De plus elle servirait de repère pour Aryalis et Nessa qui étaient partis vers l’Ouest. Bien, ils pouvaient maintenant se diriger vers la grotte.

Deux trois pas suffirent à Calith et Thunziel pour atteindre l’entrée de la grotte. Ils rentrèrent dedans en étant le moins brusque possible. Les parois étaient extrêmement glissante et une chute pouvait s’avérer dangereuse. Après quelques minutes d’attention et de patience ils finirent par arrivés dans ce qui semblait être une pièce plus large.

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A l'intérieur, la glace avait tout envahi. Les parois étaient gelées, les marches presque invisibles sous la couche de verglas et les dernières chutes de flocons. Les plafonds étaient ornés de stalactites translucides, là où l’eau des rares dégels avait pu s’infiltrer à travers la roche. Si l’on ne jettait qu’un rapide coup d’œil, on douterait que l’endroit fut jamais habité.

En s'attardant sur les détails, on apercevait des dalles de pierre brisées qui donnaient un relief chaotique sur le sol : peut-être d’anciennes tables fracassées. Là où la couche de givre était plus fine sur les murs de larges traînées noires, comme de la suie défiguraient les montants. Quelques chaînes étaient encore fixées au mur, certaines munies de bracelets rouillés.
Au fur et à mesure de l'inspection, on réalisait l’atmosphère malsaine qui engluait l’endroit et la violence des combats qui y eurent lieu. Rien ne semblait intact de prime abord.

Alors que les minutes passaient, les visiteurs eurent l’impression que la luminosité baissait. Les plus sensibles se sentirent oppressés, comme si un danger imminent les guettait. Ils entendirent des craquements, des crissements qui rappelèrent à Calith les mêmes sons qu’il avait entendus un peu avant l’attaque des araignées au Gouffre des Sources. Mais ce n’était peut-être que le jeu de la glace qui tentait de fendre la roche… Leur instinct néanmoins les poussait à vouloir fuir : quelque chose de diffus, fugace et pourtant horriblement présent aimerait prendre sa revanche, ils en avaient la ferme intuition.

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Calith était resté sur le bas des marche dans un équilibre précaire imposé par le verglas. Sa position l'incommodait mais une possible chute l'inquiétait bien moins que ce qui pouvait encore être présent sous le gel. S'il avait besoin de faire retraite soudainement, mieux valait se tenir près de l'entrée et de leur source de lumière, même s'ils risquaient d'avoir bien des difficultés pour remonter à la surface rapidement.
Il se tourna vers son compagnon, lui pressant le bras d'une main. Sa voix se résuma à un chuchotis, comme s'il craignait de réveiller une antique menace. "Méfiance, Thunziel. Cela ne me dit rien qui vaille. Au moindre signe suspect, remonte aussi vite." Mais des signes suspects, ils en avaient déjà eu. Et l'endroit empestait la mort malgré le froid environnant.

Les crissements l'avaient rendus tendu et il manqua de sursauter quand Tiamath siffla, au dehors. Elle lui annonça l'arrivée d'Aryalis et Nessa, qui les rejoindraient très rapidement. Il n'était pourtant pas convaincu de vouloir rester dans ce lieu lugubre, maintenant, et encore moins d'y entraîner d'autres Faucons. Mais pourtant, l'elfe ne dit rien, partagé entre son désir irrésistible de regagner le ciel et son devoir envers Marcus. Sa résolution s'effritait à mesure que son regard balayait la salle. La statuette n'était pas là, évidemment. C'eut été trop facile.
Et il étouffait. Cette cruelle impression qu'un étau se refermait ne le quittait pas. Il ferma les yeux et chercha à se concentrer sur l'aspect de la statuette. Sans chercher à entrer en transe, comme les dernières fois, l'elfe voulait retracer ce lien tenu qui avait conduit l'ensemble des Ashkas du Faucon en rêve, sur la trace de cette statuette, dans cette même caverne. Il se souvenait avoir essuyé sa puissance de plein fouet, l'avoir appelé encore et encore en vain. Recommencerait-il une dernière fois ? Il espérait retrouver ce lien, sentir sa présence, si proche.

Thunziel était resté derrière son Intendant, extrêmement vigilant. Il fut à peine surpris quand Calith lui serra le bras. Le jeune faucon avait également sentit cette ”présence” mais peut être pas de la même façon. Il s’était, sans s’en rendre compte, aperçu du malaise et de la tension de son ami. Il posa une main sur son épaule et lui parla d’une voix posé.

Je suis là Calith, tu n’es pas tout seul. Nous sommes tous là, réunis pour retrouver la statuette.

Les pensées de Thunziel s’envolèrent vers un récit qu’il avait déjà entendu. Il y a de ça plusieurs années, Marcus, la statuette, la transe. De nouveau, son esprit s’envola vers un passé plus récent, son ascension céleste. Ashka ! Oui, il était capable de rentrer dans une transe. Légère mais réalisable.

Calith, n’oublie pas le fait que je peux moi aussi rentrer en transe désormais. Nous pourrons peut être trouver des indices.
J’ai également ressenti cette... présence. Mais nous devons essayer ! Nous n’avons pas fait ce long voyage pour ne rien trouver.

Aryalis et Nessa avaient passé des heures à marcher dans la neige. Maugréant parfois dans sa barbe, l’elfe n’avait pourtant pas fait de commentaires à haute voix, pas plus qu’Aryalis, aussi placide qu’à son habitude.

Et pas la moindre trace de grotte. C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin et en plus de sentir ses pieds de plus en plus ankylosés, elle sentait un léger désespoir quant à l’issue de cette mission l’envahir.
Calith avait pourtant l’air si confiant. Elle avait étonné de voir cet aura de commandement émaner de lui, mais il faut dire qu’elle ne l’avait que très peu croisé dans un contexte aussi ”officiel”.

Quelques heures plus tard, un message, enfin.
Ils avaient trouvé la grotte, il fallait rebrousser chemin au plus vite. Reprenant sa route avec une grimace, l’elfe se cogna le pieds dans une pierre qu’elle avait pris pour une congère. Réprimant un cri de douleur, elle plissa des yeux, fixant l’horizon d’une luminosité qui lui faisait presque mal au crane.

- Décidément je crois que je n’aime pas la neige...

La grotte finit par se dessiner au loin, avec les silhouettes de ses compagnons de route. Sans un mot, elles se joignirent à eux et Nessa ne put s’empêcher d’être étonnée par l’air absent de Calith.
Même les propos de Thunziel, qui se tenait tout près de lui, ne semblèrent pas le toucher.
Elle avait l’impression d’entrer dans un univers totalement inconnu et de n’être qu’au début de ses surprises.
Prenant une grande inspiration, elle les suivit, observant les alentours avec une attention décuplée.

Ça, la neige les avait bien retardées, c’est le moins que l’on puisse dire... Et pour ne rien gâcher, Aryalis aperçu une olympienne qui traînait dans le coin. Pour le moment, il fallait surtout rejoindre la grotte, elle s’était donc contenté de prévenir tout le monde, histoire de ne pas avoir de surprise.

Quand, enfin, elle finit par apercevoir Tiamath qui faisait le guet, voilà qu’elle aperçu à nouveau l’olympienne. Bon... Quelques flèches bien senties plus tard, il semblerait qu’elle continuait sa route vers l’Est. Parfait, on avait pas tellement de temps à perdre...

L’elfe se rapprocha donc de l’entrée de la grotte après ce nouveau retard -qui lui avait fait rater les échanges-. Après un coup d’oeil vers le faucon qui tournait dans le ciel, elle finit par pénétrer dans la grotte prudemment, tant à cause du sol qu’à cause de l’ambiance malsaine du lieu. Lorsqu’elle rejoignit les autres, elle avait les sourcils froncés et son arc en main. Pour une fois, elle ne mit pas longtemps avant d’ouvrir la bouche, mais à voix basse et d’un air circonspect.

- L’olympienne a l’air de continuer vers l’Est. Trouvé quelque chose ... ?

L'arrivée des compagnons fit entrer un peu de vie dans la grotte glaciale. De quoi rassurer ceux qui tenteraient de percer de nouveaux mystères.
Concentré sur ses sens et ses intuitions, Calith vit quelques lumières émerger du flou de temps plus anciens...

Des bougies dispensent leur chiche rayonnement et une silhouette d'une maigreur maladive se découpe à proximité d'une table de pierre. Avec des gestes saccadés, comme bousculé par l'urgence, il range des coupelles et des outils dans des caisses au sol. Les seuls sons audibles sont ceux de ses colifichets qui bringuebalent à son cou.
Des objets dont il se saisit pour les mettre à l'abri un seul finit dans les mains d'un autre personnage à la musculature des hommes rompus au combat. Celui-ci le place dans une besace serrée à sa taille avant de s'ajuster différentes protections en cuir.

Un étrange ballet de créatures cauchemardesques commence. Certaines entrent, d'autres sortent, toutes avec des plaies qui ne font que s'aggraver au fil du temps. Alors qu'elles s'estimaient seules prédatrices, leur frénésie aggressive devient peu à peu celle de la déroute.
Dans la profondeur de la grotte, les deux hommes attendent, l'un tordant ses doigts déjà peu gracieux, l'autre le regard fixe sur l'entrée, sa mâchoire crispée, l'air presque fiévreux malgré l'atmosphère polaire. C'est alors que ce dernier s'élance. L'autre d'abord surpris mais vite gagné par une colère fulgurante tente de le retenir. Mais le guerrier a déjà franchi l'ouverture que le Shaman n'a pas encore quitté son tabouret.

La vision s'estompa tandis que la silhouette disparaissait dans luminosité du dehors.

"Hardaway..."
Il fut traversé par un sursaut en regagnant la réalité. Ses genoux étaient douloureux, il ne se souvenait pas être tombé sur la couche de verglas. D'un regard absent, l'Intendant leva la tête vers la sortie de la Grotte, comme s'il espérait revoir la silhouette du guerrier se dessiner dans le lointain. Mais rien, rien. L'Oracle était mort et la statuette introuvable. Lui aurait-on menti ? Comment serait-ce possible autrement ? Il secoua lentement la tête, tout à ses réflexions, ne s'apercevant pas immédiatement qu'on l'observait. Les conversations diffuses semblaient lui revenir... Il avait la migraine. Cela devenait étrangement facile de se détacher ainsi. Nul doute que cela lui jouerait des tours, comme Elen. Il se releva lentement, tâchant de paraître sûr dans ses maintiens.
"Tu me parlais, Thunziel ? Je n'ai pas entendu."
D'un regard circulaire, il aperçut Nessa et Aryalis qui n'avaient pas osé s'enfoncer dans la Grotte. L'ambiance malsaine leur intimait tous de partir au plus vite. Il n'était pas judicieux de les retenir plus longtemps. "Aryalis, Nessa, pouvez-vous vérifier ce qu'il est possible de trouver en ces lieux ? Contentez-vous d'une brève inspection, autant ne pas s'attarder. Rejoigniez-nous rapidement dehors." Il prit une inspiration qui lui parut difficile et douloureuse. Le froid, sans doute. "La statuette n'est plus ici. C'est Hardaway ... J'en suis convaincu. Il est pourtant mort durant la bataille et la statuette n'aurait pas été retrouvé. Suis-moi, Thunziel, nous allons fouiller les alentours quant à nous. Ce ne sera jamais ça de perdu."
Le Faucon eut plus de mal que prévu à rejoindre la lumière du jour, les marches couvertes de gel représentant une certaine difficulté pour sortir de ce guêpier. Quand ses bottes s'ancrèrent à nouveau dans la poudreuse, il promena son regard acéré dans l'étendue neigeuse et s'attarda plus particulièrement sur les bosses et creux entourant la Grotte, espérant retrouver une trace infime dans cet ancien champs de bataille. Mais tout avait été depuis longtemps recouvert par la neige et il ne demeurait pas grand-chose.
"Thunziel, concentre-toi. Essaie de détecter une trace. La statuette est imprégnée d'énergie chamanique, j'ose espérer que le Finye nous aidera."
Il prit plusieurs inspirations avant de se concentrer à nouveau et de reproduire le même processus, se rappelant de la silhouette s'élançant au dehors, de la statuette, du lien, de l'appel. C'était sans doute vain. Peu de chances qu'on l'ait tout bonnement oublié dans la mêlée, mais il lui fallait tout de même essayer, sinon la piste s'effacerait définitivement...

Au moment où Thunziel allait répondre à Aryalis, Calith tomba lourdement au sol. Le jeune faucon se tourna immédiatement vers lui et commença à lui parler pour savoir s'il ne s'était pas fait mal. Les mots ne sortirent même pas de sa bouche, son Intendant avec les yeux grands ouverts, le regard perdu au loin. Ses lèvres bougeaient lentement comme dans un rêve. Cela ne servirait à rien de parler, Calith était sans doute dans un état second, peut être en transe. Thunziel n'en avait jamais vu, il ne pouvait pas en être certain.

Hardaway
Il venait de prononcer ce nom dans un murmure. Thunziel observa son Intendant se relever en remarquant la grimace que celui-ci fit pendant l'effort. Il était visiblement encore sonné mais cela ne dura guère longtemps. Calith avait déjà donné de nouvelles directives aux groupes. Malgré cela, Thunziel constata qu'il n'était pas pour autant remis de cette vision. Oui cela ne pouvait être qu'une vision pour savoir que Hardaway avait eu la statuette et l'avait transporté dehors...

Le jeune elfe sortit à son tour de la grotte et commença à observer les alentours. Les faucons possédaient la meilleur vue, nonobstant cette caractéristique, Thunziel ne distinguait rien d'autre que cette étendue de neige qui les entourait.
Il écouta les paroles de Calith attentivement. Si la statuette était bel et bien imprégnée d'énergie chamanique, il pouvait la retrouver.

La concentration et l'équilibre étaient la clé, il en était persuadé. Thunziel ferma lentement ces yeux et ralentis sa respiration. Il prit ensuite quelques minutes pour maintenir cette position de manière à ce que cela ne lui coute aucun effort, aucune concentration. Le plus dur restait à faire, ressentir l'énergie chamanique. L'elfe vida son esprit pour avoir la concentration la plus optimale possible. Il crut y parvenir mais au même moment le visage de ses parents commença à se dessiner devant lui. Cependant, il ne se laissa pas perturber, il avait déjà vaincu ce passé avec l'aide de Cherug. Il pouvait le refaire ! Plusieurs gouttes de sueurs firent leur apparition sur le front de Thunziel malgré le froid qu'il faisait. Le jeune elfe jeta toute son énergie pour chasser cette apparition.

Au Sud ! Non loin d'ici !

Le faucon avait ressenti une énergie, sans doute chamanique, cela ne pouvait être autrement. Il l'avait perçu au moment où le visage de ses parents disparaissaient. Malheureusement cela n'avait duré que quelques secondes avant qu'il ne perde le contrôle.

La jeune femme était restée interdite, fixant Calith à genoux au beau milieu de la grotte, visiblement assailli par une vision tandis qu’elle osait à peine y poser un pied.
Les secondes s’écoulèrent, les minutes peut-être, difficile de garder une notion du temps dans cette atmosphère peu rassurante.

Sans s’en apercevoir, elle s’était appuyée contre la paroi de pierre et un frisson la parcourut brusquement, l’enjoignant sans hésiter à reposer sagement sa main sur son arc, une sourde méfiance coulant dans ses veines.

Calith avait fini par se relever et les avait intimées avec Aryalis, de fouiller brièvement les lieux. Un hochement de tête silencieux, toute parole semblait désormais superflue, et elle était partie vers la droite, laissant à sa camarade le soin d’explorer la direction opposée.

Marchant en essayant de faire le moins de bruit possible, effleurant du bout des doigts les murs alentours, l’elfe avait cherché durant de longues minutes, ne tombant que sur des toiles d’araignée, des pierres quelconques et des débris d’une autre époque. Elle avait fini par arriver à la table de pierre mais là aussi, rien. Juste une table dont le contact lui tira une grimace involontaire tandis qu’un nouveau frisson lui parcourait l’échine.

Elle leva alors les yeux et jeta un regard aux alentours, ne remarquant qu’à ce moment là qu’elle était désormais seule avec Aryalis, elle aussi visiblement plongée dans ses recherches.

Resserrant sans le vouloir son étreinte déjà crispée sur son arc, elle héla alors l’elfe, d’une voix qu’elle essaya de rendre assurée.

- Rien de mon coté, juste de la poussière, de la glace et de mauvaises impressions.

Sa voix avait résonné dans la grotte et elle ne put s’empêcher de sursauter. Secouant la tête, elle soupira. Décidément cet endroit lui mettait les nerfs à fleur de peau sans même qu’elle comprenne pourquoi.

Ce qui était bien avec Nessa, c'est qu'elles n'avaient pas besoin de longs discours pour se comprendre. Aryalis pensait à prendre la gauche quand Nessa prit -fort judicieusement- la droite.

Pour le même résultat infructueux.

Elle rejoignit sa camarade près de la table et remue négativement la tête, et lui serra gentiment l'épaule lorsqu'elle sursauta. Avant de désigner la sortie d'un signe du menton, elles n'avaient plus rien à faire ici.

Elle pris donc les devants, confiant sans hésitation ses arrières à Nessa. Quand elle rejoignit les deux hommes, Thunziel était ailleurs, mais il n'avait pas tardé à indiquer la direction à suivre.

Sans commentaire, elle vérifia que tout le monde était en état avant de reprendre la marche.

Plus rien ne laissait croire que de terribles combats avaient eu lieu ici, si ce n'est cette irrégularité du terrain inhabituelle.
Thunziel était néanmoins persuadé que c'était bien là. Encore quelques pas et il surplomba exactement l'endroit où Hardaway était tombé...

Lourdement, la tête percutée de plein fouet par un rocher qui lui avait défoncé la moitié du crâne. Son hurlement de guerre avait figé les autres combattants et ils l'avaient tous vu courir, les traits déformés par une haine bestiale et pourtant... Qu'y avait-il dans ce regard que Thunziel croisa le temps d'un battement de coeur ?
Personne ne bougea alors que le corps s'effondrait, non plus que lorsqu'il s'enflamma dans un ronflement de forge, consumé par son Elément. Les hommes les plus proches durent protéger leur visage soudain agressé par la chaleur vorace qui se dégageait du feu.
Quelques minutes plus tard il ne restait que des flammèches qui s'éteignirent dans les flaques de neige fondue. L'Oracle de Zagnadar venait de disparaître et à leurs regards, il était facile de voir que certains Géants doutaient que tout cela fut vraiment arrivé.

Si réel... Thunziel n'en revenait pas.
C'était comme s'il y était, il aurait presque pu ressentir la chaleur qui se dégageait du feu. C'était donc ça une vision. Etrange ! Fascinant !

Le jeune faucon mit quelques temps à assimiller ce qu'il venait de voir. La scène l'avait profondément marqué, surtout cet hurlement, le dernier hurlement de l'Oracle de Zagandar. Il savait maintenant comment Hardaway était mort et quelle mort !

C'était donc là... sous ses pieds que ce géant était tombé, dévoré par les flammes. Plus aucune trace de ce drame, comme si la nature avait déjà oublié. Pourtant c'était bien là, Thunziel en était maintenant convaincu.

Ici ! C'est présisément à cet endroit... J'ai vu Hardaway tombé...

Thunziel ne savait pas pourquoi mais cette scène le rendait triste, il comprennait et ressentait dans un sens la peine des Géants. Il répondrait aux questions de ses amis s'ils en avaient mais pas tout de suite. Les Faucons l'avaient probablement compris car aucun n'assouvit sa curiosité.

C'est étrange, je ne ressens plus rien, plus aucune énergie. Je ne comprends pas.

Hardaway a... disparu dans les flammes. S'il avait bel et bien la statuette, nous allons devoir creuser.

Le vision de Thunziel se brouilla légèrement, l'elfe était pertubé par ce dernier regard...