Ils arrivaient devant les portes de Na’Helli. Non pas que Syi ne les ait pas déjà passées cent fois, mais aujourd’hui elle était exceptionnellement en une bien noble compagnie. A quelques centaines de mètres au travers de la forêt, même s’ils ne pouvaient pas encore les voir, elle savait que se dressaient les deux temples de Na’Helli. Elle jeta un regard à la dérobée à son hôte et à ses gants. Quelques saisons auparavant, elle n’aurait jamais imaginé pouvoir être dans cette situation, et aujourd'hui elle avait bien du mal à contenir sa joie.

Tout était allé si vite qu’elle avait du mal à se remémorer tous les événements. Du soufflet qu’elle avait reçu, en passant par sa nomination au poste de juge de Na’Helli et jusqu’à cette invitation bien des choses s’étaient passées. Mais la jeune pisteuse, plus excitée que jamais, ne regrettait rien.

_ Excusez-moi, j’avais l’esprit ailleurs, se ressaisit-elle. Je vais m’en occuper, vous n’avez plus rien à craindre, il ne recommencera pas. D’habitude, il n’est pas si agressif, puisque vous êtes étranger, peut-être a-t-il pris peur...

Evidemment, elle parlait de Lapinou. Celui-ci caché dans un terrier avait bondi sur son hôte avec un appétit impressionnant et ce n’était que de justesse que son assaut avait été esquivé. Syi s’était alors saisi d’un morceau de citron, et l’avait tendu au noble olympien pour qu’il puisse se défendre.
« Un citron vous dites... Vous êtes sûr qu’il n’y a pas d’autres moyens? Je préfère ne pas me salir les gants » avait-il répondu immédiatement, très digne.

« Que va-t-il penser de toi ma pauvre, lui disait une petite voix dans sa tête. Une jeune fille qui élève un lapin, ça doit être à des années de sa conception de la noblesse elfique ! Faudra que tu sois plus convaincante si tu veux qu’il ... » Affichant un grand sourire, Syi venait de faire taire ses pensées. Au moins Lapinou ne les avait pas évités : car tous les forestiers qu’ils avaient croisés s’étaient éloignés d’eux comme s’ils étaient porteurs d’une étrange maladie. Toujours souriante, elle se retourna vers Anastase.

_ Peut-être souhaitez-vous découvrir dès maintenant vos appartements, messire ? Vous aurez tout loisir de revoir la forêt durant votre séjour !

Le chemin s’était fait très rapidement. Entouré de quelques domestiques qui transportaient ses affaires personnelles, le prince était arrivé sur sa monture aux abords de la forêt. La lisière présentait un paysage particulièrement beau. Comme une muraille de verdure, elle s’élevait vers le hauteur sans véritable mesure. Pour autant, elle dégageait une certaine harmonie et tranquillité que toute personne normale saurait apprécier. Hélas, il en fallait beaucoup plus pour impressionner Anastase de Khylion ou rompre son ennui. S’il venait, c’était pour profiter du luxe de la noblesse elfique et voir s’il était plus apte à briser la monotonie de ses jours.

L’accueil avait été des plus étranges. Perdu en pleine forêt, il avait été accueilli par la juge et par un lapin des plus encombrants. Syi lui avait fait une rapide visite des abords de la forêt où se tenaient des sièges de guilde. L’ennui ressentit lui augura les pires supplices pour la suite. La juge montra ensuite un intérêt beaucoup trop important pour un terrier similaire à celui de Lardanium, et il essaya d’habilement écourter cette visite de la forêt qui n’avait réussi qu’à lui faire craindre le pire pour le bal.

Il ne s’attendait pas à être reçu en grande pompe, mais de là à ce que les gens le fuientou que les animaux sauvages l’attaquent... Cela ressemblait presque à une comédie, jouée par l’une des personnes les plus importantes de la cité elfique.

-Ce serait avec grand plaisir que je visiterai mes appartements. Je dois avouer qu’un peu de repos avant les festivités serait un luxe que je ne me refuserais pas. Et si cela peut m’éviter la compagnie encombrante de ces animaux sauvages…

Le lapin continuait à lui tourner autour, et il se refusait à tenir un citron pour l’écarter. Et puis quelques hommes sauvages rodaient aussi dans le coin, troublant les senteurs forestières de la forêt des cendres. Le prince n’avait pas osé réduire le lapin à l’état de cendre, de peur d’aller à l’encontre d’une croyance animiste de la part des elfes. Cependant, ce n’était pas l’envie qui manquait.

-Juge Syi, froisserais-je quelques croyances en réduisant ce lapin en un gibier mort ? N’y voyez aucune incorrection de ma part, mais je dois avouer, que je préfère voir ces bêtes mortes ou loin de moi.

Son attention fut cependant attirée par un déplacement fugace de la juge. Il aperçut au loin un daim passer entre les branchages.

-Oh, est-ce courant de voir ce genre d’animal dans vos régions ? A-t-on l’habitude de pratiquer la chasse à courre dans votre noblesse ? Voilà qui pourrait certes rompre la tranquillité de cette forêt mais qui pourrait ajouter beaucoup de plaisir à ma visite.

Il était sorti du terrier en bondissant comme un diable, comme il l'avait fait longtemps auparavant, à l'époque où il n'était pas le seul lapin vorpal d'Olympia... Et pourtant, le drôle de type qui regardait l'entrée du terrier, l'air profondément ennuyé aux côtés de celle que le lapin ne quittait plus (pas vraiment par choix) avait réussit à esquiver l'attaque fulgurante.
Autour d'eux, une espèce de troupe de gens qui avaient l'air -d'après leur odeur- de venir du même endroit que l'inconnu...

Quoi qu'il en soit, que son attaque soit esquivée avait vexé Lapinou. N'était-il pas l'un des plus grand prédateurs de la planète?
Enfin, vexé ou pas, Syi, qui le nourrissait sans qu'il ai à faire le moindre effort, semblait lui reprocher quelque chose...

« -Toi...
-Quoi, moi? C'est lui qui a commencé!! »

Évidemment, tout ce que comprirent les auditeurs de cette réponde, ce fut un "gniiiiii" plaintif.
Et puis le type louche avait parlé, après que Syi lui eu proposé un citron, ces affreux trucs jaunes au goût immonde... Sans doute la seule denrée qu'il se refusait à manger tant son goût lui déplaisait. A cause de cette faiblesse, il se faisait souvent piéger par les deux elfes qui l'avaient capturé.

« -Un citron vous dites... Vous êtes sûr qu’il n’y a pas d’autres moyens? Je préfère ne pas me salir les gants »

Des gants? Ca se mange? se demandait-il, tout en tourant autour de l'homme. Le lapin ignorait tout de ce mystérieux objet... Aussi suivit-il le regard de Syi...
Alors, il bondit...
Cette fois il ne manqua pas sa cible et ses dents pointues se plantèrent dans la main de l'olympien, à deux reprises. Mais celui-ci ne se laissa pas faire et l'animal eu tôt fait de retomber au sol, sur ses pattes.

« -Ha, je t'ai bien eu! Ça t'apprendra à vouloir me renvoyer dans mon terrier! » ("Gniiii", encore...)

L'ennui pour le lapin, c'est que le type bizarre semblait avoir l'intention de répliquer... Non pas qu'il avait peur, loin de là, mais il préféra tout de même aller se cacher derrière les jambes de Syi. Juste au cas où.

Et, oh!! Un daim!
Manifestement, il n'était pas le seul à l'avoir vu et le cervidé semblait susciter l'intérêt...

« -Tiens, je vais leur en ramener un, pour leur montrer comme je suis fort!! »

Lapinou quitta l'abri relatif que lui offraient les jambes de Syi et partit comme une flèche dans les fourrés, bien décidé à prouver qu'il n'avait rien predu de ses talents de prédateur.

_ C’est le dernier représentant de son espèce, il ne faudrait pas lui faire de mal ! En plus, même si vous avez l’impression qu’il est encore sauvage, ce lapin est presque domestiqué. Il s’appelle Lapinou. Vous verrez, il est très gentil. Comme vous êtes étranger, il a du prendre peur. J’espère que vos gants n’ont pas...

Si Syi en avait eu le temps, elle aurait pensé que les choses s’étaient bien mal engagées avec le Prince de Khylion. Bien qu’elle n’était pas experte en relations humaines, il n’aurait pas été dur pour elle de remarquer que son lapin préféré et son invité n’allaient pas devenir les meilleurs amis du monde. Qui plus est elle était en train de présenter un vulgaire mammifère vorpal à l’une des plus grandes personnalités d’Olympia, et elle aurait du se l’avouer, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus impressionnant. Pire que tout, elle aurait eu le temps de se rendre compte que son lapin venait peut-être de détruire des gants d'une valeur inestimable. Mais elle n’eut jamais le temps de songer à tout cela.
Un bruissement, suivi des craquements de quelques brindilles avaient capté toute son attention. Elle fit quelques pas dans cette direction et aperçu le bel animal. Un daim, comme on n’en voyait que rarement se tenait là, la tête haute.

Le Prince venait à peine de la rejoindre que de quelques sauts gracieux la bête disparu à travers arbres et buissons, suivi à la trace par les bonds, plus petits, d’un lapin affamé.

_ On n’en voit pas souvent si près de Na’Helli. Généralement, nous les croisons plus au sud et nous ne les chassons pas. Mais lors des grandes occasions, c’est un sport très prisé. La Reine nous a donné l’autorisation de la lancer il y a peu, car elle reçoit des invités. Si cela se fait comme d’habitude, les chasseurs devraient rabattre le gibier vers Na’Helli, pour qu’il rende son dernier souffle dans la forêt des Cendres. Traditionnellement, c’est là où la chasse se termine, mais ce n’est plus très appliqué. La viande n’en pâtit pas, alors...
D’ailleurs, la nourriture de la bête sera utilisée en cuisine : il nous faut être très vigilants sur la manière dont nous la tuons ! L’idéal serait de posséder un arc, mais je n’en ai pas sur moi. Vous aurez certainement l’occasion de goûter les plats traditionnels forestiers à base de daim. Vous devriez apprécier !

Au regard de Syi, on sentait qu’elle-même appréciait d’avance les plats qu’ils allaient bientôt déguster. Mais encore fallait-il réussir à abattre un daim, ce qui n’était pas chose aisée.

_ Suivons sa trace, peut-être aurons-nous notre chance. Cela vous dirait-il d’essayer ?

La juge sourit à Anastase tout en quittant le chemin et en s’avançant vers l’endroit où l’animal se tenait quelques minutes auparavant.

D’habitude, les étrangers ne participent pas à ce genre pratique, mais nous pouvons faire une exception si vous vous montrez discret et respectueux envers votre proie. Certains pourraient ne pas apprécier. Mais si vous pratiquez régulièrement la chasse, vous voulez peut-être nous montrer votre talent ?

Le Prince regardait avec surprise les méthodes de chasse des Forestiers. À voir ce spectacle, il comprenait mieux la raison de la supériorité de l'Empire sur eux. Tapant un peu en désordre, les forestiers avaient fait fuir la bête au loin, sans vraiment réussir quoique ce soit. Apparemment tout projet de chasse s’était un peu envolé dès les premiers instants. Désormais, tout n’était qu’une course précipitée pour tenter de rattraper l’animal qui de toute évidence, était bien plus doué pour la course que toutes les personnes présentes.

Ne voulant pas montrer sa désapprobation face à l’art de la chasse pratiqué par les elfes, Anastase montrait le plus grand enthousiasme à voir les elfes courir entre les arbres pour rattraper la bête disparue.

-S’il m’est possible de participer, ce serait avec une grande joie. Mais je préfère ne pas trop me faire remarquer, vu la réaction des personnes que j’ai rencontré pour l’instant.

La bonne chose fut que le lapin avait décidé de s’enfuir, et de laisser Anastase tranquille. Cette course elfique après la bête avait un bénéfice finalement. Il avait été sur le point d’envoyer le lapin dans les violettes. Les elfes n’avaient pas idée de vivre au milieu de ces lieux remplis de trucs qui mordent et sentent mauvais. Surtout, la défense perpétuelle du lapin par la juge l'intriguait au plus au point.

-À propos de ce lapin, j’ai du mal à vous croire quand vous dites qu’il est domestiqué. Il est encore sauvage, et il mérite simplement de mourir avant de faire réapparaître d’autres spécimens de son espèce qui ont tout de même massacrer une bonne partie des lutins de la cité blanche. Vous cherchez vraiment à le domestiquer? Vous lui donnez un lutin par jour à manger?

Cachant derrière ce qu’il considérait comme des banalités, il ajouta une réflexion sur un ton léger, comme une prolongation de ses propos.

-Tout du moins, en ce qui concerne le daim, si vous arrivez à l’attraper, je serais ravi d’en manger. Vous dites que cette prise sera réservée pour la Reine et ses invités? Quels sont-ils pour être gratifiés d'un tel repas? Mériterais-je moins de votre part?

Lapinou se retourna près plusieurs minutes de course à travers les sous bois, guidé par la trace olfactive qu'avait laissé le passage du daim.
Il attendit quelques secondes, pour voir si les autres l'avaient suivit... Mais rien ne bougeait. En son for intérieur, le lapin se disait qu'il ne pouvait pas en être autrement, ces êtres étant trop sous développés pour comprendre qu'il était le seul capable de savoir par où était parti le daim.

Cela dit, s'il arrivait à en débusquer un, il n'était pas sûr de pouvoir le tuer seul... Après tout, il avait toujours chassé en meute, accompagné d'un nombre incroyable de ses semblables, harcelant et mordant toutes les proies qui leur passait sous la truffe.
Mais même seul, il restait capable de chasser, il en avait eu la preuve, toutes ces fois où il avait bondit sur un elfe innocent, finissant même par en dévorer certains...
Mais un daim, ce n'était pas la même affaire. Plus gros et plus lourd, ce genre de gibier présenterai plus de difficultés à coup sûr.

Cette constatation faite, il repartit de plus belle dans les bois, remarquant également que la piste odorante diminuait. Il espérait que personne n'aurait achevé sa proie...
L'animal déboula hors de la forêt, où se trouvait une importante quantité d'elfes chasseurs... Et pas un seul daim en vue.
Son odorat ne pouvait pas l'avoir trompé, c'était impossible. La seule chose qui pouvait expliquer l'absence des cervidés était... Leur décès, ou leur fuite. Et vu la quantité d'elfes présent, la bonne réponse était évidente.
Déçu, il lâcha un « Gniiiii » plaintif. C'est à peine s'il remarqua l'arrivée de Syi. La pisteuse étant sans doute la plus apte à le suivre dans les bois...

Par contre, il n'y avait pas une seule trace de l'autre individu louche, dont le lapin ignorait toujours le nom, si tant est qu'une telle créature puisse en avoir un alors qu'elle était à peine capable de se déplacer en pleine forêt....

Suivant, la trace de Lapinou, Syi avait écarté deux ou trois buissons à peine lorsqu’Anastase reprit la parole. Elle se retourna, apparemment contente de voir que son invité appréciait cet événement. La juge écarta les feuillages pour que l’olympien puisse passer sans avoir à se salir.

_ Lapinou est un peu agité des fois, c’est vrai, mais je vous assure qu’il est bien élevé. Il mange de tout, ou presque : il n’est pas difficile en ce qui concerne l’alimentation. La plupart du temps on le nourri de viande animale, mais on le laisse chasser un peu, ce serait dommage qu’il devienne dépendant de nous. Le citron est l’un des seuls aliments qui le révulse : on l’utilise pour lui faire comprendre ce qu’il a le droit, ou non, de faire, et ça fonctionne plutôt bien.

La vérité était tout autre, mais aux yeux de la juge, elle semblait de déformer étrangement. S’écartant toujours plus du chemin à la poursuite des deux animaux, Syi en arriva tout de même à se demander ce qui, à propos de Lapinou, pouvait bien intéresser Anastase. Ne voyant aucune réponse, elle se résolu à ne rien ajouter à ce sujet et de revenir à des choses un peut plus distinguées et infiniment plus valorisantes.

_ Vous ne le savez peut-être pas, mais dans quelques jours aura lieu l’inauguration du Sanctuaire de l’Olivier. C’est un temple que nous avons bâti en l’honneur d’Athéna. D’ailleurs, vous souvenez-vous quand je vous disais que la Tour de Jade avait un membre elfe des lunes? C’est à son initiative que ce projet a été lancé. Maintenant que la construction est finie, nous préparons la célébration. Je ne pense pas que la fête sera réservée aux invités de la Reine et de Gaver, vous en serez partie aussi. En tout cas, je ferai ce qui est en mon pouvoir pour que ce soit le cas : je ne suis pas la Reine, mais je pense que cela sera tout à fait possible.

Au moment de parler des invités royaux, Syi se concentra un peu plus que nécessaire sur les traces au sol.

Ils sont passés par ici. Si cela vous intéresse, les amis de Gaver viennent pour une ancienne tradition Olympienne : je crois qu’on ne la pratique plus beaucoup de nos jours, en dehors de Lardanium, mais peut-être en êtes vous coutumier ? De ce que j’ai compris, ils visitent tous les temples d’Olympia pour obtenir la bénédiction des dieux. Mais...

La juge s’interrompit soudainement. La tête levée, l’oreille tendue, elle s’était arrêtée. D’un bond elle se lança à travers la forêt. "Par ici !", se contenta-t-elle de lancer à son hôte, et elle disparut entre les arbres.
Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes que, revenant sur ses pas, elle retrouva le Prince.

Excusez-moi de vous avoir délaissée ainsi, mais j’ai aperçu le daim, et la chasse nécessite de réagir rapidement. Je suis désolée. C’est la responsable de la Tour, Ambre, qui a abattu le daim, je les ai vus de loin et je suis immédiatement revenue. On dit qu’il y en a encore quelques uns à l’Est de Na’Helli.

La chasse au daim se révélait finalement peu enthousiasmante. Les elfes ne suivant pas des règles établies chassaient à qui mieux mieux, faisant fuir le gibier avant de l’abattre. Après avoir fait rapidement connaissance avec le consul Earenïel Resiae, Anastase suivit les traces du daim accompagné de Syi.

Les questions se multipliaient dans sa tête. Pourquoi les elfes construisaient un temple à Athéna ? Se mettaient-ils à adorer les dieux ? Et cet olympien qui suivait cette vieille tradition noble de demander la bénédiction du panthéon olympien, qui était-il ? Et que faisait-il dans la forêt des cendres? Avant même d’avoir pu poser une de ces question Syi lança un rapide « Par ici » et disparut.

Anastase tenta d’aller dans sa direction mais ne retrouva pas la juge. Ainsi, il se retrouvait perdu à la lisière de la forêt des cendres, se trouvant un peu stupide seul. Méprisant dans son fort intérieur les manières rustres de Syi, il attendit noblement en ruminant son mécontentement. Le laisser ainsi, lui, sans autre escortes que quelques domestiques qui le suivaient. Et ce n’était pas le regard vindicatif des forestiers qui l’entouraient qui le rassurerait. Heureusement pour elle, Syi revint rapidement.

-Excusez-moi de vous avoir délaissée ainsi, mais j’ai aperçu le daim, et la chasse nécessite de réagir rapidement. Je suis désolée. C’est la responsable de la Tour, Ambre, qui a abattu le daim, je les ai vus de loin et je suis immédiatement revenue. On dit qu’il y en a encore quelques uns à l’Est de Na’Helli.
-Ne vous excusez pas. Ces bêtes sont si rapides qu'il vaut mieux ne pas les perdre de vue quand on les aperçoit. Il est bien dommage cependant que nous ne puissions abattre nous même un de ces animaux. Mais vous vous êtes arrêtée alors que vous parliez des invités de la reine...

Devisant de la chasse, ils arrivèrent sans le vouloir au sanctuaire de l’olivier où la reine No’irin recevait les invités dont Syi parlait. La surprise ne fut pas petite lorsque Anastase reconnut l’olympien.