Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Trahison sournoise
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Trahison sournoise
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Dernière réponse le 12/06/2011 à 17:01

olymp Par Erkeos  le 12/06/2011 à 16:58

Sa visite à Zagnadar et de ses environs avait été très plaisante, voire même très enrichissante pour l’ambassadeur qu’il était. Le peuple géant était assurément d’une grande valeur. Erkeos en était convaincu. Et il était satisfait de savoir que ce peuple était un allié fidèle, tout comme le peuple nain, à la nation olympienne. Une question lui venait à l’esprit. Les peuples forestiers étaient-ils pour autant moins valeureux ? Probablement pas… La Femme Sauvage, Vayl, qui eut le privilège de bénéficier de la même visite en territoire géant, avait fait preuve d’une incontestable sagesse et d’un respect sans faille.

Aujourd’hui, le Lardanien était de retour dans la Grande Citée Blanche. Bien qu’il ait été émerveillé par son voyage, et bien qu’à l’inverse son retour allait le mener vers de lourds dossiers de travail qui l’attendaient à l’Ambassade, il était ravi de retrouver son chez soi. Il allait pouvoir retrouver ses petites habitudes, son confort, comme par exemple dormir dans son lit douillet.

Quand Erkeos entra dans son office à l’Ambassade, il eut un sentiment étrange. Il n’avait quitté ce salon que depuis quelques saisons. Pourtant il avait l’impression de revenir après de bien longues années. Son bureau semblait changé. Le mobilier, les ornements, mêmes ses dossiers étaient pourtant bien à la place qu’il les avait laissés. Mais quelque chose de différent le gênait. Et ce qui le gênait davantage, c’est qu’il ne parvenait pas à en identifier l’origine. Il décida d’ignorer son trouble.

Le soir venu, après un bon repas, il se glissa dans son lit avec satisfaction. La nuit allait être, à n’en pas douter, moelleuse et réparatrice, sans racine ni pierre plantées dans le dos, et sans cris d’animaux sauvages. Il se délectait ainsi d’avance de son repos. Pourtant, quand le matin le tira de son sommeil, il en était désenchanté. Il se sentait moins ragaillardi qu’il ne l’avait imaginé.

Les nuits suivantes ne furent pas plus bénéfiques. Au contraire ! Son sommeil était mouvementé et la fatigue gagnait. Régulièrement, il se réveillait en sueur, à la suite de cauchemars ténébreux, qui au fil des nuits, s’assombrissaient de plus en plus, tirant d’abord sur l’oranger, le rouge, puis le noir. Il commençait à s’inquiéter fortement pour sa santé. D’autant que ses jours se ternissaient également. L’entrechoquement de lourdes chaînes, les résonnements sourds de pas sur les pavés et les rires mesquins qu’ils entendaient dans ses rêves noirs, lui semblaient désormais audibles même de jour. Dès qu’il se retournait pour identifier la source, plus rien n’était perceptible. Etait-ce réellement des hallucinations ? En tout cas, il se sentait surveillé.



olymp Par Erkeos  le 12/06/2011 à 16:58

Les journées étaient devenues anxieuses, et les nuits tourmentées. La fatigue se muait progressivement en effroi. Erkeos se surprenait à soupçonner n’importe qui. Quiconque croisait son regard, ne serait-ce qu’un bref instant, devenait un danger potentiel. Il en venait même à perdre confiance en ses amis. Pouvaient-ils lui faire du mal ? Et si oui, pourquoi ? Qu’aurait-il donc fait pour mériter un tel traitement ?

Il éprouvait des difficultés à penser de manière calme et posée. Il se sentait de plus en plus dépossédé de son propre esprit. Il essayait d’éviter la foule au maximum dans les rues de Lardanium. Mais il craignait aussi les ruelles étroites et désertes où il pressentait une agression tous les dix pas. Sortir lui était devenu très éprouvant.

Alors qu’il se rendait à l’Ambassade, un enfant s’amusait avec un bâton qu’il tenait comme une épée. Celui-ci courrait en criant derrière un adversaire imaginaire, tout en agitant son arme en bois. Son assaut épique l’avait mené au devant de l’Ambassadeur qui dut stopper sa marche, alors qu’il recherchait avant tout un parcours dégagé. Erkeos montra un visage fermé et grogna pour manifester son mécontentement et son impatience. Le gamin rétorqua par une grimace et un sourire narquois. L’homme se sentit agressé et reprit vigoureusement son chemin, bousculant sans aucun ménagement l’enfant qui tomba par terre. Les pleurs alertèrent la maman non loin, qui accoura en réprimandant l’Ambassadeur :

- Non, mais vous êtes malade ! Faites attention ! Malotru !

Erkeos ne se retourna même pas et continua d’avancer sans ralentir sa cadence.

Quand il fut enfin à son bureau à l’Ambassade, il prit un soin maladif à vérifier que personne n’était caché dans la pièce. Il tira les rideaux pour s’assurer que personne ne pouvait l’épier de l’extérieur, bien qu’il se trouvait à l’étage. Puis il s’assit à sa table. Il soupira en observant le tas de documents auxquels il devait se soumettre. Il ouvrit le premier dossier : « Traités des Alliances impériales ». Le titre en lettres capitales se détachait de son support pour venir se graver dans son cerveau. Chaque lettre, aussi aiguisée qu’une lame de guerrier, venait percuter douloureusement son esprit. Le chaos s’empara de ses pensées. Il se sentit d’un coup submergé par son devoir, incapable de remplir sa fonction. Une angoisse étouffante se propagea dans ses veines. Sa respiration s’accéléra. Sa tunique s’alourdissait de sa sueur.

Il pencha sa tête en arrière pour tenter de se libérer l’esprit et de reprendre son souffle. Le plafond était si bas, si écrasant. Il jeta son regard vers la sortie qui lui semblait minuscule. La panique lui glaça les os. Il se relava brusquement et se précipita vers la porte. Il parvint jusqu’au couloir dans lequel il se mit à courir. Le couloir était dramatiquement sombre. Il descendit les escaliers avec précipitation et arriva enfin à l’entrée principale de l’Ambassade. Il fit un effort extraordinaire pour reprendre le contrôle de ses réactions. Il le fallait, juste un instant. Il ne voulait pas paraître aliéné devant les factionnaires qui sécurisaient l’entrée. Mais le visage de l’Olympien était terriblement marqué par le tourment.

- Sire, quelque chose ne va pas, s’enquit l’un des factionnaires ?

- Non, non. Ça va… Merci !

L’Ambassadeur balbutia sa réponse tout en obliquant son regard vers le sol. Il ne pouvait manifestement pas dissimuler son affection, mais il ne voulait pas s’étendre sur le sujet. Son instinct de survie lui intimait le besoin de fuir de l’Ambassade.



olymp Par Rôde-la-Nuit  le 12/06/2011 à 16:58

Alors qu’il était en mission avec sa guilde, Rôde reçut son rapport journalier l’informant des dernière nouvelles de Lardanium. Ces dernier temps l’empire était bien agité, il faut dire que le gouverneur n’y avait pas été de main morte, mais aujourd’hui le calme semblait être revenu. Pourtant quelques lignes sur l’état de santé de son ami Erkeos, attiraient son attention.

Connaissant l’humilité de son ami, Rôde prétexta une raison professionnelle pour le contacter, il envoya donc un message auquel il joignit son dossier de projet de loi commun.

Bonjour sir Erkeos,

Je me permets de vous contacter pour vous faire part de mon projet de fusion de lois, j’en ai fait part à nos alliés, hélas les récents événements ont stoppé l’avancée de ce projet, mais je reste tout de même confiant.
Si je vous en parle, c’est que j’ai inclus les visas dans ce projet et je pensais que vous seriez intéressé d’y jeter un coup d’oeil.

Et sinon comment vous sentez vous ?! Il y a certaines rumeurs à propos de votre état de santé qui m’inquiètent grandement !
Je serais bien passé vous rendre visite, mais je suis actuellement en mission.


En espérant vous revoir en bonne forme

Rôde-la-Nuit




Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force

olymp Par Erkeos  le 12/06/2011 à 16:59

Erkeos était dans ses appartements. Il relisait pour la troisième fois la lettre de Rôde-la-Nuit. Car, bien que le message était court, la fatigue rongeait sa concentration. Il leva les yeux vers la porte d’entrée. Là-bas, il avait failli embrocher le messager qui venait de lui remettre le courrier. Accablé par ses tourments, Erkeos ne l’avait pas reconnu immédiatement et avait cru à une intrusion malveillante. Heureusement, il avait réalisé son erreur avant que le drame ne survînt. Il avait rengainé sa rapière et s’était excusé avec un dédain mal dissimulé. Et maintenant que le visiteur était reparti, l’ambassadeur tempêta contre lui.

- Quel abruti ! Ne pouvait-il pas s’annoncer plus clairement ?

Erkeos se rendit compte alors à quel point il était devenu acerbe et arrogant. Il ferma les yeux quelques instants pour se calmer.

Il ne sentait pas capable de travailler aujourd’hui sur le dossier qu’il venait de recevoir. Il alla cependant s’installer à une table et s’empara de son matériel d’écriture pour au moins répondre à Rôde-la-Nuit et le remercier de sa prévenance.




Bonjour Sieur Rôle-la-Nuit,

Je serais enchanté de pouvoir participer
[rature]. C’est d’ailleurs même un devoir pour moi de participer à ce projet. Et je vous remercie d’avoir penser à m’intégrer à ce travail.

[rature]

Je vais me pencher sur le dossier de lois que vous m’avez transmis et vous
[rature] rapporterai ultérieurement mon analyse à ce sujet.

Respectueusement,
Erkeos.

PS : Je vous remercie pour votre sympathie et l’intérêt que vous portez à ma santé. Une grande fatigue me submerge… Mais ne vous inquiétez pas… ça devrait aller mieux.





Outre les ratures inhabituelles de la part de l’ambassadeur, la lettre qu’il envoya était ondulée. La moiteur et la sueur de l’auteur en étaient la cause, témoignant de l’épreuve que fut la rédaction de cette simple lettre.



olymp Par Rôde-la-Nuit  le 12/06/2011 à 17:00

Le message d’Erkeos qui se voulait rassurant eut l’effet inverse, cela ne lui ressemblait guère de faire tant de ratures, et pourquoi la lettre était dans cet état ?! L’oiseau porteur du message se serait-il rapproché trop près d’un point d’eau ou était-ce la chaleur des coulées de lave de l’ancienne Kazad qui rendait ce papier aussi fripé?!

Rôde, bien que sachant que l’ambassadeur n’était pas de ceux qui étalaient ses problèmes, envoya une nouvelle lettre plus personnelle que la précédant.


Sir Erkeos,

Cette affaire ne presse pas, d’ailleurs je comptais attendre un peu avant de relancer le dialogue avec mes homologues. Vous devriez prendre du repos et laisser le travail de coté, êtes vous à Lardanium ?! Si c’est le cas, sachez que l’impératrice dispose de très bons soigneurs, notre récente promotion nous permet de bénéficier de quelques avantages, dont celle de la médecine. Vous comprenez, nous avons été élus par sa majesté et non par le peuple, les grands médecins ne peuvent décemment pas refuser une auscultation de peur d’aller à l’encontre de son altesse Salminar.

Désirez-vous que je contacte l’un d’entre eux ?

Cordialement Rôde




Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force

olymp Par Erkeos  le 12/06/2011 à 17:00

L’ambassadeur avait réussi à trouver un instant de calme et à maîtriser ses esprits. Il s’était mis à l’ouvrage sur le dossier de lois impériales, envoyé par Rôde-la-Nuit. De plus le travail lui évitait de ressasser toujours les mêmes idées noires.

Il retourna sous pli ses commentaires sur les textes de loi. Cette tâche accomplie lui donnait le sentiment d’aller mieux. Aussi avait-il répondu avec optimisme à Rôde-la-Nuit, qu’une consultation chez les médecins de hautes renommées, n’était pas nécessaire. Pas pour le moment. Il aviserait plus tard.

Car il pensait être sur la voie de la guérison... Comme il se trompait...



olymp Par Erkeos  le 12/06/2011 à 17:01

La salle était humide et sans fenêtre. La lumière était quasi inexistante. Seul le faible reflet d’un brasier vacillait sur les murs. Le foyer était invisible mais on entendait distinctement les braises qui étaient remuées, accompagnées par des rires mesquins. Le retentissement des lourds maillons d’une chaîne résonnait dans les couloirs ténébreux. Lui-même était rattaché au mur de pierre par de longues et solides chaînes. Dans quelle geôle était-il ?

« Erkeos... Erkeosss... », murmurait une voix sifflante.

Des ombres approchèrent. Les rires diaboliques aussi. L’Olympien voulut prier. Mais il ne se souvenait plus des prières. Aucun mot ne sortait. Soudain derrière lui, des mains l’agrippèrent au niveau des bras et des épaules. Des ongles, des griffes peut-être, pénétrèrent dans sa chair et il sentit les doigts se refermer autour des os. La respiration devenait saccadée et difficile Les silhouettes graciles et obscures l’entouraient maintenant. Toutes plongèrent leurs doigts aiguisés dans son corps pour le soulever par les os. Il fut amené et lâché au dessus d’une table massive en pierre. Il ne pouvait pas fuir. Les lourdes chaînes prolongeaient toujours ses membres.

« Erkeos... Erkeosss... », répétèrent les ombres.

Allongé le dos contre la table, il vit les ombres se pencher sur lui. Des ombres enveloppées dans une large cape noire. Des ombres sans visage. L’une d’entre elles s’approcha plus que les autres et immobilisa son bras tendu au dessus du corps de l’Olympien. Elle semblait se concentrer dans une incantation silencieuse. La tunique blanche immaculée d’Erkeos se souleva d’elle-même et s’écarta pour laisser paraître son torse nu et pâle.

« Le séjour à Zagnadar fut-il réjouisssssant ? », souffla sardoniquement l’ombre inquisitrice.

Le prisonnier voulut répliquer et exiger de ses geôliers qu’ils déclinassent leur identité. Mais il était pétrifié et resta muet. Les ombres allaient-elles le contraindre sous la torture à divulguer des informations sur l’Empire ? Quelles informations ? Et surtout… Serait-il assez fort pour résister ?

Mais Erkeos n’aura pas eu à tester sa résistance face à un interrogatoire forcé. Car aucune question ne lui fut posée. L’ombre sortit une dague étincelante qu’elle masquait sous sa longue cape sombre. La pointe de la lame dessina dans l’air une figure indescriptible pendant que l’ombre marmonnait dans un langage incompréhensible. L’Olympien était-il le sujet d’un sacrifice ? Il tremblait de tout son long. Sa respiration était hachée, rendue difficile par ses poumons comprimés par des muscles crispés au maximum.

La lame s’abaissa lentement sur le ventre d’Erkeos.

« Erkeosss... Ton âme nous appartient ! »

La dague s’enfonça superficiellement et entailla la peau. La victime ne parvenait pas à crier. Sa mâchoire faisait des mouvements spasmodiques. Bien qu’Erkeos ne sentait aucune douleur, la lame pénétra plus profondément et le sang s’échappa à grand flot. Terrorisé, il réussit à relever le haut de son corps pour se débattre.

Tressaillant, son cœur palpitant à l’excès, il regarda autour de lui. Rien. Tout était si calme dans sa chambre. Il faisait encore nuit. Il se dégagea de ses draps trempés par la sueur et souffla bruyamment. Par réflexe et pour chasser son cauchemar pour de bon, il passa la main sur son ventre pour vérifier qu’il n’avait rien. Ses yeux s’écarquillèrent en fixant le vide et sa respiration se coupa net. Un frisson lui glaça l’échine. Il se mit à geindre en écartant son vêtement de nuit. Malgré la pénombre, il vit une marque, horrible...

- NON ! Ce n’est pas possible, s’écria le Lardanien !

Il se précipita vers la chandelle éteinte qui reposait sur la table jouxtant son lit, manquant de trébucher et s’effondrer à chaque instant. Ses membres tremblants étaient engourdis par le poids de l’effroi. Il parvint tout de même à allumer la chandelle. Et il se mit à larmoyer comme un enfant... en constatant la réalité de sa cicatrice...



olymp Par Erkeos  le 12/06/2011 à 17:01

Il était resté reclus chez lui toute la journée. Tremblotant et sursautant à chaque bruit. Il pria longuement tous les Dieux de l’Olympe pour le salut de son âme. La nuit approchait. La fatigue était accablante mais il redoutait encore plus le sommeil. Le cauchemar de la veille avait été cruel. Et ses conséquences dévastatrices !



« Erkeos... Erkeosss... », murmurait une voix sifflante.

Les ombres dans leur longue cape ténébreuse approchèrent de nouveau dans la même salle humide et obscure. Les mêmes rires mesquins hantèrent l’atmosphère. Toujours attaché à ses énormes chaînes, l’Olympien fut amené sur la lourde table en pierre. La scène se répétait. Les ombres s’étaient toutes réunies autour de lui. Les convulsions et les crispassions animèrent le corps du prisonnier. Les yeux de ce dernier percèrent les ténèbres et croisèrent enfin le regard des ombres. Erkeos pouvait presque voir leur visage. Mais les traits restaient flous et mystérieux.

« Erkeosss... Te sssouviens-tu de ton séjour à Zagnadar ? »

Que s’était-il donc passé dans la cité géante ? Que lui reprochait-on ? Un bruit proche de braise remuée précéda de nouveaux rires diaboliques. Il déglutit pour avaler sa salive, mais celle-ci formait comme une boule dans sa gorge. Sa respiration devint difficile, rompue, et soumise à une cadence extrêmement rapide. Puis les sombres silhouettes laissèrent le passage à l’une d’entre elles, qui s’approcha en tenant face à elle une lame, chauffée au point qu’elle rougeoyait vivement.

« Erkeosss... Tu ne peux pas nous échapper... Ni dans cette réalité... ni dans l’autre ! »

Une immense épouvante oppressa le Lardanien. Ses yeux troublés par l’effroi tentèrent malgré tout d’identifier ses tortionnaires. Les visages flous semblèrent se préciser. Et soudain, une lumière lunaire révéla les faces et les formes. Des Géants ! Erkeos crut reconnaître des Géants. Pourquoi ? Mais que diable s’était-il donc passé à Zagnadar ?

Derrière les ombres géantes, il reconnaissait désormais les hauts plateaux et les falaises de Zagnadar. Il n’était plus enfermé dans la salle aux murs de pierre. Le Géant détenant la lame incandescente s’était approché au plus près. Son visage semblait familier. Non... Impossible... Etait-ce vraiment... ?

La lame descendait lentement vers le torse nu du captif. Le Gardien de la Terre prenait un malin plaisir dans l’exécution de la torture. Rorschach... C’était bien lui ! Il avait été le guide de l’Olympien dans la cité géante. Et maintenant il appliquait la pointe rougie de son arme sur le buste d’Erkeos. La peau de ce dernier grilla et crépita.

Le réveil fut brutal. Et comme la nuit précédente, un profond traumatisme le submergea quand, isolé dans sa chambre, Erkeos constata en gémissant la deuxième cicatrice, l’ignoble cicatrice d’une brûlure qui rayait dorénavant sa poitrine.

- Rorschach... Pourquoi ? ... Mais pourquoi donc ?

L’Olympien se lamentait, déchiré entre la souffrance et la colère...



olymp Par Erkeos  le 12/06/2011 à 17:01

Erkeos avait la conviction que quelque chose de monstrueux s’était passée à Zagnadar, et Rorschach en était l’un des acteurs principaux. Mais il ne se rappelait de rien, mis à part ses cauchemars. Il était assis, recroquevillé sur une chaise. Il tenait sa tête entre ses mains tremblantes et se forçait à se remémorer tous les détails de son voyage. Il croyait se souvenir de choses qui alimenteraient les thèses les plus horribles… Mais cela était-il vraiment possible ?

BriseFer était affligé de voir dans quel état son ami Erkeos se trouvait. Il vint apposer sa main sur l’épaule de l’Olympien pour le réconforter. Il eut l’effet inverse. Car Erkeos tressaillit au contact et se leva en vociférant et en dégainant sa rapière.

- Du calme, Erkeos, répliqua BriseFer en le repoussant brusquement ! Ce n’est que moi !

Le malade dévisagea son camarade pendant un instant comme s’il avait du mal à le reconnaître. Puis il se laissa choir sur sa chaise, empoignant toujours fermement sa rapière.

Plus tôt dans la journée, il avait alerté ses amis proches pour se confier sur son état et sa situation dramatiquement mystérieuse. C’était la seule sortie de la journée qu’il s’était autorisé. Devait-il aussi consulter les grands médecins comme le suggérait Rôde-la-Nuit ? Sans doute le prendraient-ils pour un fou ! Il avait donc préféré s’en remettre à ses amis pour le moment.

A présent, la nuit s’emparait de la Cité Blanche. Il savait qu’il ne pouvait rester indéfiniment éveillé. Et il ne sentait plus capable d’affronter seul ses épreuves nocturnes. Voilà pourquoi ses amis étaient là. BriseFer, Tristemer, Sans-Os, Berzerker, Aspic et Tizi allaient s’employer à maintenir une bulle de sécurité autour d’Erkeos durant toute la nuit.

Erkeos avait un sommeil agité. Il s’était réveillé et rendormi à plusieurs reprises. Il était incontestablement tourmenté. Mais pour le moment, son terrible cauchemar ne s’était pas répété. La surveillance nocturne autour de l’Ambassadeur fonctionnait-elle ?

L’Olympien dormait calmement depuis un moment. Tizi se reposait également dans une pièce voisine. Elle venait de terminer son tour de garde et avait été remplacée par BriseFer. Ce dernier surveillait donc patiemment les moindres faits et gestes à l’intérieur des appartements d’Erkeos. Il s’était posté contre une fenêtre de la chambre. Il avait partiellement tiré le rideau et il pouvait ainsi regarder discrètement les allées et venues à l’extérieur. Depuis sa position, il pouvait aussi observer ses compagnons qui formaient dehors une deuxième ligne de garde, devant l’entrée. Tristemer et Aspic bavardait doucement pour tuer l’ennui de leur tâche nocturne dans la rue. Ils venaient eux aussi de débuter leur tour de garde. Sans-Os et Berzerker étaient partis se coucher.

Tout était paisible. Intérieurement, BriseFer se posait tout de même la question sur l’origine des événements qui traumatisait son ami. Comment des cicatrices pouvaient-elles apparaître au milieu de la nuit, par le biais d’un simple cauchemar ? Une agitation dans la pièce le tira de ses pensées. Erkeos commençait à beaucoup remuer dans son lit et sa respiration s’accélérerait.

Le guerrier bondit jusqu’au lit. Le dormeur était en train de suer à grandes gouttes. Son agitation devint des tremblements. Ses tremblements devinrent des convulsions. BriseFer tenta de le réveiller.

- Erkeos ! Je suis là ! Tu m’entends ?... Réveille-toi ! Je suis là !

Il lui attrapa le bras et tenta encore de le secouer. Mais rien n’y faisait. Bien qu’endormi, l’Olympien semblait sous l’emprise d’un malaise, voire d’une panique. Sa température commençait à monter anormalement. Le guerrier se mit à crier.

- ERKEOS ! ERKEOS !... REVEILLE-TOI BON SANG !

Tizi, réveillée et alertée par les ébranlements et les cris, sortit de la pièce voisine. Elle accourut auprès de BriseFer. Ce dernier ne parvenait toujours pas à réveiller leur compagnon. Il commença à le gifler, puis pour lui faire de l’air, il écarta le haut de sa tunique. Les deux témoins furent catastrophés. Ils virent de leurs propres yeux, une sérieuse cicatrice se dessiner toute seule, sur le ventre de leur ami.

L’Ambassadeur se réveilla subitement. Il aperçut deux silhouettes penchées au-dessus de lui. Dans la panique, Il frappa immédiatement et violemment l’une d’entre elles. Alors que le coup fit basculer Tizi à la renverse, Erkeos se rua sur sa rapière qu’il avait discrètement cachée à côté de son lit.

- Arrête Erkeos ! C’est nous, protesta BriseFer ! … ERKEOS… C’EST NOUS, JE TE DIS !

Pointant son arme devant lui, essoufflé, Erkeos s’immobilisa. Clignant et papillotant sous la fatigue, la terreur et la sueur, ses yeux finirent par saisir la réalité. BriseFer lui faisait face et avait interposé sa double-lame… au cas où.

Tandis que Tizi se relevait en massant mollement sa pommette contusionnée, Erkeos quant à lui, s’effondra à genou, tout en découvrant sa troisième cicatrice. Il releva la tête vers ses amis, et exprima sa rancœur.

- Ces Géants sont des traîtres et des lâches !