Lorsque la magie s'emballe | |
Topic visité 394 fois Dernière réponse le 11/09/2011 à 10:25 |
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Que m’est-il arrivé ? Jamais une telle chose ne s’était produite... Pourquoi ai-je failli mourir de ma propre main ? Ces questions martelaient sans cesse mon esprit. Quelques jours auparavant, j’étais dans la grotte connue sous le nom de Gouffre des Lunes. Nous avions enfin respecté notre accord et les roseaux avaient étaient replantés près de Lodge Pyros, l’élémentaire de feu. S’en était suivi un déferlement de puissance qui disait-on, avait aujourd’hui remodelé la face d’Olympia.
![]() Lodgé Pyros dans sa splendeur. Mais moi, j’avais essayé de communiquer avec l’élémentaire. Cet être si ancien devait bien connaître des secrets que même les elfes avaient oubliés. Mais… J’avais échoué lors de ma tentative… J’avais essayé de ne faire qu’un avec le feu, pour communiquer avec lui… Dans un sens j’avais réussi. Le mana s’était échappé de mon corps avec une telle violence que j’avais cru en mourir et… sans l’aide des autres Sylphes, c’est ce qu’il se serait passé. Je marchais avec difficulté. Les forces m’avaient abandonné et mon énergie n’était plus que l’ombre d’elle-même. Et surtout, je n’avais pas réussi à communiquer avec l’élémentaire de feu. Des personnes s’étaient inquiétaient de mon état. Faceo avait même communiqué à Elen mon état et, mon époux lui avait demandé de m’accompagner à la tanière. Je n’avais pas besoin de Faceo. J’avais besoin d’Elen… et aussi de comprendre. Même le consul, versé dans l’art de la magie m’avait proposé son aide et je l’avais déclinée. Pourtant j’étais au plus mal. Quelque chose s’était brisée en moi. Mais tout ça pouvait bien attendre. Car les rapports que je recevais chaque jour indiquaient que quelque chose de monstrueux s’était produit. Des lacs de lave avaient jailli du sol, formant une « barrière » entre l’Empire et les Forestiers… Nous avions entrepris cette mission pour protéger Fernliae mais jamais je n’aurais imaginé que c’était ce genre de protection qui allait être créée. Une douleur lancinante me jeta à terre. Le mana, affolé, jaillissait de temps à autre me brûlant, aussi bien physiquement que psychiquement. Il fallait que je trouve une solution à ce problème… Que je comprenne non seulement ce qui avait changé en moi, mais aussi ce que nous avions créé. Malheureusement je n’avais qu’une seule idée en tête pour résoudre un tant soit peu ce problème et cela ne me plaisait guère. Ils étaient pourtant les seuls à connaître assez ces mystères pour m’aiguiller. Les géants, ces fils des éléments devaient bien savoir quelque chose sur cette magie si mystérieuse. Le Gardien du Feu pourrait peut-être m’éclairer sur comment contrôler ce feu ardent qui brûlait mes entrailles. Et sur cette étrange alliance entre l’air et le feu. Peut-être en savait-il encore plus sur l’origine des forces élémentaires. Sur ce combat qu’elles mènent alors que chez eux, elles semblent toutes s’associer pour les protéger. Il fallait que je rencontre le Gardien. Mais comment ? C’était presque la mort assurée. Et me faire passer pour une Olympienne n’était plus la solution à cause des discordes. C’est pourquoi je décidai d’envoyer en secret une missive au Gardien du Feu pour qu’il m’accorde un peu d’attention. ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Salutations Gardien du Feu. J’espère que ce message ne se perdra pas dans les tourmentes qui soulèvent ce monde. Je me présente, je m’appelle Nil’nelia, elfe de Na’helli. vous devez vous demander pourquoi je vous envoie un message et moi-même je n’en suis pas très sûre. Mais, il se trouve que face à certains problèmes, je me tourne vers le peuple le plus à même de fournir des renseignements. Vous n’êtes pas sans ignorer les bouleversements qui secouent Olympia depuis quelques jours déjà. Il semblerait que les éléments se soient déchaînés. Que le feu soit sorti de ses gonds et se soit allié aux forces de l’air pour quelque chose d’inconnu, pour accomplir quelque chose que je ne comprends pas. J’aimerai pouvoir comprendre ce qui se passe et je crois que les seules réponses se trouvent à Zagnadar. De plus... je vous contacte pour un problème plus... personnel. Après une rencontre avec un élément de feu, j’ai essayé de communiquer avec lui... Je pense avoir surestimé mes capacités et, loin d’arriver à communiquer avec lui, c’est toute mon énergie magique qui est perturbée. Le mana qui m’habite n’est plus le même qu’avant. Il est quelques fois incontrôlable. Je sais qu’il n’est pas dans votre habitude d’aider les elfes, mais j’aimerai comprendre ce qu’il m’arrive. Comprendre comment communiquer avec ce feu qui m’habite et l’éteindre ou au moins le contrôler. Cordialement Nil’nelia ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Je n'avais plus qu'à attendre une réponse. Et si elle ne venait pas, je tenterais de contacter quelqu'un d'autre, voire même l'ancien Oracle. |
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HRP: Faceo peut remplacer Elen, ça le dérange pas ^^
enfin pour certains trucs, pas tout non plus |
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Le gardien du Feu n’avait pas d’idée sur ce mal qui s’était emparé de ma magie. Sa solution : Laisser le feu brûler jusqu’à ce qu’il s’éteigne. Je n’étais pas vraiment prête à suivre sa méthode… Car j’avais la conviction qu’il ne s’éteindrait que lorsque moi-même je disparaitrais en fumée. Je n’avais pas vraiment avancé. Enfin si… je savais déjà que les géants n’avaient aucune idée de ce qui se passait au centre d’Olympia et même le Gardien mettait ces faits sous la responsabilité d’une puissance divine. Il n’avait même pas conscience de la puissance de son élément.
Na’helli se dévoilà au milieu de mes sombres pensées. Remerciant Faceo je lui assurai que tout allait bien et que j’allais de ce pas à la clairière des Loups. Mais, une fois le dos tourné, je décidai de faire un détour par la capitale. Il y avait tant de choses à l’intérieur et, peut-être dans une vieille boutique d’objets magiques, des informations sur mon état. Ce que j’allais apprendre dans la capitale n’était pas du tout ce que j’espérais. Les rues étaient bondées et la présence d’autant de monde me rendait mal à l’aise. Je devais me concentrer sur autre chose que mon mana et celui-ci recommença à faire des siennes. Quelques passants me regardèrent avec des yeux étonnés lorsque ma peau se mit à luire. Alors qu’un badaud me ventait les mérites de sa liqueur elfique et que, malgré mes protestations il me mit un verre dans une main, quelque chose d’étrange se produisit. Agacée par son comportement, j’étais pressée, j’attrapai le verre pour qu’il ne tombe pas. Mais… à peine le touchais-je qu’il éclata en morceaux, la liqueur prenant feu. Les gens s’écartèrent et me laissèrent, abasourdie, regardant les flammes apparaître au bout de mes doigts. Je courus vers une fontaine pour éteindre les flammèches. Les gens me suivaient étrangement du regard se demandant sûrement ce que faisait en ville une elfe incapable de maîtriser la magie. Madame me souffla une voix nasillarde, je vous ai vue tout à l’heure… J’ai ce qu’il vous faut dans ma boutique… C’est une potion qui empoisonne l’énergie magique. Ce n’est que temporaire mais dans cette foule, ce serait plus sage d’en prendre un peu. C’était une vieille elfe, même les traits de la vieillesse avaient réussi à marquer sa peau. Je me tenais devant une étrange boutique d’apothicaire. Des fioles de toutes les tailles et de toutes les couleurs couvraient la devanture du magasin. Elle me tendit une fiole vert pomme et me dit d’en boire la moitié. C’est une recette ancestrale que certains nous demandent pour des enfants… particuliers aux dons magiques exceptionnels. Ils sont incapables de les maîtriser en cas d’énervement. J’imagine que ce doit être votre cas, même si je trouve cela étrange qu’une elfe des lunes maîtrise notre magie. J’avais donc tant changé ? J’avais troqué mes habits de nobles pour les vêtements des louves et, mon état m’avait tellement occupé l’esprit que j’avais négligé ma toilette. Ce jour, j’étais aux yeux des nobles une elfe des Lunes incapable de maîtriser sa puissance. Je sortis quelques pièces d’or pour payer la potion et, au détour d’une ruelle je bus ce qu’elle m’avait conseillé. Le goût, abominable me souleva le cœur. Mais c’était un mal nécessaire. Je sentis mon corps s’engourdir. La potion n’affectait pas que l’énergie magique… Elle calmait en même temps. Ma respiration ralentit. Les brûlures dans mon ventre cessèrent peu à peu. Je ne savais pas de combien de temps je disposais. Courant à l’université de magie, je décidais d’aller voir un professeur. « Maître, j’ai quelques problèmes… Je lui racontais brièvement ce qui m’était arrivé. J’ai donc quelque chose qui a modifié mon essence magique. Je pense que je dois communiquer avec cela pour que ça cesse, sinon je vais me consumer moi-même. - Parler avec les éléments ? Quelle idée ! Nos ancêtres ont appris à les maîtriser, à se les allier. Nous ne sommes pas des géants… Nous ne communiquons pas avec les puissances de la nature. Nous les utilisons. Là est la force des Arts illuminae. Mais d’ailleurs, je devrais vous signaler… Avez-vous une autorisation pour apprendre la magie des Elfes Nobles. - Je suis une Elfe noble ! Je suis Nil’nelia, femme d’Ereinlen, Intendant du clan du Loup, Ancienne Guide des Sylphes. Et je pense qu’aujourd’hui, j’ai besoin d’en savoir plus sur le feu. - Vous êtes connues ici… La noble devenue Louve. Malheureusement je n’ai rien d’autre à vous dire. Je vous dis ce que je sais. Et il partir, sans rien ajouter, me laissant seule avec mes problèmes. Ma vision se troubla. L’espace d’un instant, je l’imaginais s’embraser devant mes yeux. La potion ne faisait déjà plus effet… Ma peau s’illumina et je décidais de sortir rapidement de l’école, au cas où. Je ne remarquai pas l’elfe qui sortit juste après moi. Il était lui aussi professeur de magie. Il enseignait la magie de feu à l’université, sa spécialité étant la boule de feu. Madame, je me présente, Nirodel Nifel, je suis professeur à l’université et, sans le vouloir, j’ai entendu votre conversation. Malheureusement je ne pense pas être d’une véritable aide. Mais je tenais à vous dire que certains mages ne pensent pas qu’il faille asservir les éléments, mais simplement les utiliser. Visiblement, aujourd’hui, une part de vous est le Feu. Et, il a besoin d’un corps pour survivre, le votre. Votre corps rejette cet afflux de pouvoir. Je pense que vous devriez vraiment tenter d’aller voir des géants pour apprendre à vivre en harmonie avec cette nouvelle part de vous-même. Sinon, il y aura une bataille entre ces différentes parties et malheureusement, la bataille se fera au détriment de votre corps. Certains traités ici parlent des altérations des elfes dues à la magie. Elles sont souvent très graves. Mais je vous conseille une chose… ne reprenait jamais de cette potion. Elle ne fait qu’enfermer une partie de vous et, lorsque la magie se libère à nouveau, elle est encore plus destructrice. Sur ce, il partit sans que je puisse le remercier. Il me soutenait que je devais communiquer avec le Feu. Je ne devais pas renoncer à l’échec de ma discussion avec le Gardien du feu. Il fallait que je trouve un shaman géant, qui m’aiderait à comprendre. Et je ne connaissais alors qu’un géant qui avait parlé avec des elfes d’une manière plutôt amicale… Tobias. ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Salutations Tobias, Je ne sais si vous vous souvenez de moi, Nil'nelia des Sylphes. Vous avez eu il y a fort longtemps d'assez bons rapports avec certains de nos membres et, aujourd'hui, je crois avoir encore besoin de vous... Je vais vous expliquer ce qui m'amène... Il y a quelques jours déjà, plutôt semaines, nous avons eu un contact avec un élémentaire de feu. J'ai tenté de communiquer avec lui mais nous étions si différent alors, dans un sursaut d'idiotie ou d'orgueil, j'ai tenté de ne faire qu'un avec le feu. Je ne sais pas réellement ce qui s'est passé mais... Je me suis embrasée sans ne pouvoir rien y faire, ne pouvant plus contrôler la magie en moi. Sans l'aide des autres Sylphes je serai morte. Mais aujourd'hui, les choses ne sont pas mieux. Mon mana, mon énergie magique n'est plus... tout à fait la même. Si je ne me concentre pas, il s'échappe sous forme de flammes. Je ne le contrôle plus et je crains que "quelque chose" ne soit entré en moi et m'ait modifiée. Cela a sûrement un rapport avec les éléments et je me tourne tout naturellement vers le peuple qui maîtrise le mieux la question. De plus, vous n'êtes pas sans ignorer les choses qui se sont déroulées au centre d'Olympia, ces bouleversements. Chez vous, les quatre éléments semblent en harmonie, mais j'ai des raisons de croire qu'il n'en est pas de même partout... J'aurai aimé soit obtenir des renseignements sur les rapports des éléments entre eux, une façon de comprendre ces actes ou alors venir à Zagnadar malgré le danger pour y faire mes recherches. Amicalement, Nil'nelia ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ |
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Fait avec Elen
------------ Lorsque Nil’Nelia arriva à la Tanière, une agitation remarquable s’empara du lieux. De nombreux Loups l’accueillirent, la saluant et la congratulant pour son mariage. Des enfants couraient autour d’elle, faisant des rondes joyeuses. Certains lui lançaient des fleurs blanches, les dernières avant les grands froids. La jeune femme avait su se faire apprécier dès les premiers jours, surtout des jeunes Louves qui ne connaissaient pas grand chose à la coquetterie. La vie dans les bois les avaient un peu éloignées du luxe d’une manucure ou du maquillage. Nil leur avait montré comment utiliser des peintures corporelles et des fars pour souligner leur beauté et charmer les mâles, prendre soin de leur peau et de leur main. En échange, les Louves avaient montré à Nil les plus beaux endroits de la forêt alentour. Elles l’avaient emmenée à la Rivière Vive où se baignaient les jeunes membres du clan lors des saisons chaudes. Elles l’avaient accompagnée au sommet du grand chêne qui abritait la Tanière d’où l’on pouvait voir à l’ouest le grand magnolia de Na’Helli que l’on nommait l’Arbre des Murmures et à l’est les montagnes de Zagnadar. Elles lui avaient montré une grotte oubliée de tous où scintillaient de superbe cristaux de quartz. Le spectacle devenait magnifique, les formations réfléchissant la lumière des soleils couchants éclairant la grotte avec des lueurs orangées. Et bien d’autres endroits que le clan avait découvert au fil des millénaires. Les Loups, quand à eux, n’avaient jamais été indifférents à la beauté de Nil, surtout les plus jeunes qui la reluquaient plus ou moins discrètement, lorsque Elen avait le dos tourné. Les discussions allaient bon train dans le dos du couple, certifiant que l’Intendant du Clan avait dérobé l’un des plus beaux joyaux de Na’Helli. Ce dernier ne faisait rien pour démentir, trouvant bien entendu que Nil était la plus charmante Elfe qu’Olympia porta, portait et porterait. Un jour, un Edoniel, envoyé par un de ses aînés, avait demandé à Nil si elle ne possédait pas d’ancêtres parmi le clan des Guêpes ! La jeune Noble n’ayant su répondre à la question, l’Edoniel avait interprété sa gêne comme un oui. Ainsi était née la presque légendaire Nil, lointaine descendante cachée de la Chamane du Clan des Guêpes ! En vérité, Nil était au centre de toutes les attentions, à moitié pour les raisons déjà exposées mais surtout parce que Elen avait donne des instructions en ce sens. Bien sur, la Tanière n’avait rien à voir avec l’ancienne demeure de Nil : le complexe souterrain était relativement peu éclairé. Cependant, les Loups s’attachaient à utiliser le moins de feu possible : des torches, il n’y en avait que dans les pièces communes de repas, les fumées étant bien trop dégradante pour l’Intérieur de la Tanière, orné de peintures représentant les légendes du Clan du Loup. La Meute utilisait depuis des millénaires des lucioles, qu’ils piégeaient dans des globes de verre. Ils prenaient grand soin de bien nourrir les insectes. Une pièce était d’ailleurs dédiée à l’élevage de ces créatures si utiles au clan. La chiche lueur verte et les mouvements des insectes dans leur piège transparent emplissait la Tanière d’une atmosphère à la fois austère et magique. Dès son arrivée première à la Tanière, lorsqu’elle avait été chassée par ses parents de la ville, les Loups avaient accueilli Nil à bras ouverts. Ils avaient tout fait pour qu’elle se sente chez elle dès les premiers jours, octroyant à elle et Elen la plus grande chambre de la Tanière. Ils avaient même recréé le mobilier qui manquait tant à Nil, suivant ses descriptions. Elle était désormais considérée comme une Louve, bien qu’elle n’ait pas encore reçu de Saïka proprement dit. Aussi, son retour parmi, après les événements qui avaient secoué le clan, était un prétexte pour une fête. Elle avait été repérée très tôt dans la forêt par des chasseurs Loups, et ceux-ci avaient relayé la nouvelle de son retour. On lui annonça qu’un banquet serait organisé ce soir là, en son honneur... ---------------- J’attendais la réponse du Géant. Me répondrait-il ? Je ne pouvais le deviner. La langueur m’envahit. La capitale, déjà loin derrière, je pouvais marcher plus tranquille. La douleur s’était un peu estompée, tout comme ma nervosité. Dans quelques heures à peine je serais de retour à la Tanière. Cela faisait bien longtemps que je l’avais quittée mais c’était désormais mon chez moi et… je me surpris à être impatiente d’y être. Ma nouvelle famille me manquait. Mon ancienne aussi, mais je n’étais pas aussi impatiente de la revoir que l’ensemble de la meute. Ils avaient été tous phénoménaux, comme s’ils n’avaient pas vu en moi une Noble mais une elfe des Lunes. Et… j’en étais une. Peut-être pas de naissance, mais dans l’âme et c’était là l’essentiel. Ils avaient été aux petits soins avec moi et même si, quelques fois, cela me rendait presque malade d’être ainsi choyée, j’étais rassurée en voyant la joie dans leurs yeux. Ils ne faisaient pas sous la contrainte mais bel et bien pour me faire plaisir. Souvent, le soir, lovée dans les bras d’Elen, je lui racontais mes après-midi avec les petites filles à cueillir des fleurs ou avec les garçons à observer les Louveteaux qui s’égayaient, insouciant dans la clairière. Je ne lui parlais pas de mes contacts avec les filles plus âgées, qui découvraient certains aspects de la culture noble. De temps à autre, je craignais de pervertir leur nature presque sauvage, mais elles paraissaient aimer ces soins et… en y regardant de plus près, les jeunes mâles aussi. La chose qui me mettait un peu plus mal à l’aise était certains regards des Edoniels…Je connaissais ce regard et, même si j’étais flattée d’être l’objet d’une telle attention, je ne pouvais m’empêcher d’être un peu gênée. Je n’en avais jamais parlé à Elen mais, lorsqu’il me raconta l’histoire du clan des Guêpes, je pris conscience des pensées qui pouvaient traverser leurs esprits. Moi, descendante de guerrières farouches ? Non, c’était inconcevable. Et il y avait tant de beauté chez les elfes… Je devais leur paraître étrange avec mes manucures, mes parfums et mes robes compliquées. Mes pas m’avaient amenée à l’orée de la clairière. Il n’y avait pas encore de mouvements mais je savais que tous étaient déjà au courant de ma venue. Elen ne serait pas là… C’est ce que m’avait dit Faceo. Oh Elen, où es-tu ? Je sentis les larmes me monter aux yeux. Ces petits diamants, comme les appelait ma mère. Je devais me retenir de pleurer. J’étais maintenant la femme de l’Intendant, et je devais être forte. Mais comment être forte alors que son mari n’est on ne sait où, qu’il doit avoir des problèmes, que le monde s’emballe, que la magie devient incontrôlable ? C’est la gorge nouée, tant par le bonheur de rentrer que par la tristesse de ces événements que je passais les derniers arbres ceignant la clairière. Des éclats de voix retentirent d’un peu partout. Des enfants accoururent. Je pris la plus jeune dans mes bras. Un sourire éclatant de la jolie enfant me renversa le cœur… Je posais discrètement la main sur mon ventre. Un jour nous aurions nos propres enfants. Un jour, nous serions aussi à l’origine de ces éclats de rire qui seraient des puits de Lumière dans les heures Sombres. J’arborais fièrement l’anneau de bois que m’avait passé au doigt Elen ce jour merveilleux où nous nous étions promis en mariage. Ce jour-là, pour la première fois, j’étais officiellement la femme d’Elen et tous me félicitèrent. J’étais triste qu’ils n’aient pu être avec nous lors de la cérémonie. Mais ils avaient été avec nous, tous, dans nos cœurs. Un banquet ? En mon honneur ? J’étais surprise par tant d’attentions. Je n’osais demander de but en blanc s’ils avaient des nouvelles d’Elen. Je devais voir Evonis. Sûrement à cause des problèmes survenus dans la grotte. La brûlure revint à cette simple pensée. Je grimaçais légèrement mais ça passa inaperçu. Et bien ! Il fait beau ce soir ! Sortons tout ce qu’il faut et mangeons au clair de Lune ! Mais attendez-moi ! Je vais me changer, poser mes affaires et je viens vous aider ! Je courus vers notre chambre. Il n’était pas là mais… Les choses avaient bougé. Mon cœur s’emballa. Etait-il passé il y a peu ? Je me changeai prestement, enfilant une tunique mi-louve, mi-noble, style que quelques louves avaient copié et sortis, cherchant Evonis. Peut-être pourrait-il répondre à mes questions ? ---------------- Evonis, dernier Ahska présent à la Tanière, surveillait les Loups d’un œil attentif. Pas beaucoup plus vieux que Elen, en vérité seulement trois siècles de plus, il avait été apprenti à la même période que Millie et se trouvait être le cousin de Odeli, une jeune Elfe que Nil’Nelia connaissait bien. Evonis et la disparue avaient entretenu une relation ambiguë durant leur jeunesse, à mi chemin entre l’amour et le désintérêt. Il se trouvait perché sur l’une des massives racines du grand chêne lorsqu’il aperçu Nil’Nelia. Elle cherchait visiblement quelqu’un. Il sauta de son promontoire et se réceptionna avec agilité en contrebas. Il prit ensuite la direction de la jeune épouse de l’Intendant, d’un pas décidé. « Bonsoir, Nil. » Les Elfes des Lunes du clan l’appelaient toujours pas son diminutif, invariablement. C’était là une tradition ancestrale : le nom complet donnait du pouvoir sur une personne lorsqu’il était employé. Aussi, les Loups utilisaient fréquemment des diminutifs entre eux, quand ils avaient la chance de porter un nom suffisamment long pour être raccourci. C’était le cas de Elen, par exemple, et par extension celui de Nil’Nelia. « Tu as fait bon voyage ? » L’Ashka l’invita à s’asseoir sur les racines de l’arbre gardien de la Tanière, près de lui. Au regard éclairé de Nil’Nelia lorsqu’il s’était adressé à elle, il s’était immédiatement douté qu’il était la personne qu’elle recherchait. Et il devinait la raison, bien que cela ne lui fasse aucunement plaisir. ---------------- Je souris. Sa question, très gentille soit, dénotait avec la situation. Il savait ce que j’allais lui demander. Je savais que c’était des choses dont il ne fallait pas parler lors d’une fête, mais j’avais besoin de savoir. J’essayais de faire bonne figure, mais le tremblement de ma voix trahissait mes sentiments. Plutôt bon voyage, même si j’ai quelques petites problèmes dont je te parlerais peut-être plus tard. Mais… J’ai besoin de savoir. Je n’ai plus de nouvelles d’Elen, enfin pas directement. Est-il revenu ? Est-ce qu’il va bien ? Autre chose me brûlait l’esprit, plus que les flammes latentes de mon être mais que je n’osais prononcer. J’avais remarqué l’absence de certains Loups et savais que des problèmes étaient apparus dans les transes. Je baissai les yeux, inspirai et murmurai. Que s’est-il passé ? J’avais peut-être des problèmes, mais si le clan avait besoin de moi, ceux-ci devaient passer après, surtout en l’absence d’Elen. ---------------- Evonis s’assombrit. La jeune femme semblait pressentir que les choses n’allaient pas aussi bien que l’humeur festive le suggérait. Et, sans doute par une certaine empathie qui liait le couple, elle semblait avoir deviné que Elen n’était pas étranger aux malheureux qui s’étaient abattus sur le clans. Néanmoins, il devait la vérité à Nil’Nelia. Elle faisait parti du clan désormais et son destin était irrémédiablement lié à celui de Elen. Aussi, il décida de commencer par exposer la situation du clan. « Comme tu le sais peut-être, Nil, les transes sont interdites. La raison profonde à cela est que nous avons perdu un Ashka dans une transe de routine. Millie s’est égarée dans le monde des esprits pour ne plus en revenir. C’était il y a quelques saisons de cela. Elen a tenté de la ramener par divers moyen qu’il connaissait. Nous avons même tenté de chanter les Icarios. Ces chants, comme tu le sais, permettent normalement de ramener ceux qui se sont perdus. Malheureusement, tel ne fut pas le cas. Au contraire, cela fit sombrer trois d’entre nous dans une transe dont ils ne revinrent pas. » Evonis sembla se remémorer ces événements avec douleur. Il avait perdu des amis de longue date lors de cette tentative de sauvetage et Millie... « Nous avons veillé sur eux durant l’absence de Elen. Nous les avons nourri, nous les avons lavés, nous avons étiré leurs muscles. Mais jamais ils ne sont revenus. Nous les avons enterrés il y a quinze jours maintenant. C’est Elen qui a présidé la cérémonie. Puis il est parti, il y a dix jours. Il devait parler à la Reine, d’après ce que j’ai compris. Tu l’as manqué de peu. Mais je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose... » C’était pire que ce que je croyais. Et c’était de terribles pertes pour le clan. La tristesse m’envahit. C’était des heures bien plus sombres encore que ce que je croyais. Qu’Olympia soit bouleversée n’était rien comparé à la perte de membres de ma nouvelle famille. Je… suis désolée, soufflais-je, comme si cela pouvait changer quelque chose. Le son des instruments parvint à mes oreilles, me rappelant que ce soir n’était pas voué à la lamentation et au désespoir mais à la fête et, sûrement à s’évader un peu de ces peines. Mais qu’avait-il voulu dire par « je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose » ? Je n’osais lui poser la question. Elen était parti voir la Reine et je savais qu’il ne pouvait chercher meilleure aide. S’il n’avait pas voulu me dire ce qui lui était arrivé, je devais l’accepter. Et puis, un clan tout entier m’attendait. « Evonis, allons manger et ce soir, profitons de l’instant présent. Les Loups ne veulent pas crier leur peine à la Lune. » J’attrapai la main du Loup et l’emmenai dans la clairière où des Loups portaient de la nourriture, allumaient un feu ou encore jouaient de la musique. J’aurais bien tenté de divertir la foule en faisant des lumières de magie dans le ciel aux couleurs de l’arc-en-ciel mais c’était trop dangereux. La bête en moi risquait de jaillir à nouveau. Les enfants et même des adultes m’entraînèrent dans une ronde autour du feu. Ma peau brilla un court instant sous les étoiles alors que les rires réchauffaient mon cœur. ---------------- A la fin de la fête, lorsque tout le monde fut content et rassasié, Evonis décida qu’il était temps pour Nil d’apprendre ce qu’elle devait savoir. Tandis que les Loups regagnaient la Tanière pour la nuit ou partaient effectuer des promenades ou rondes nocturnes, il fit signe à Nil de le suivre. Il la conduisit un peu à l’écart, pour que personne ne surprenne leur conversation. Les lunes brillaient intensément ce soir là, derrière les nuages, rappelant à quel point le monde des esprits étaient devenu puissant. Elles projetaient l’ombre gigantesque du chêne sur la clairière et le vent faisait bouger les feuilles de l’arbre vénérables rendant son double fantomatique aussi mouvant qu’insaisissable. « Nil, je ne sais pas si cela pourra t’aider, ni si cela sera bon pour toi, mais tu dois savoir. Je suis très inquiet pour Elen. Il a certes officié la cérémonie mortuaire à la perfection mais il n’était pas dans son état normal. Il a fait quelque chose, Nil, quelque chose de terrible, je pense, bien que je ne sache exactement quoi. Mais cela a un rapport avec les esprits, c’est certain. En vérité, lorsqu’il est arrivé à la Tanière, c’est à peine si nous l’avons reconnu. Il semblait plus vieux, beaucoup plus vieux. Et ses yeux. On aurait dit ceux de Iltarion tels que décrits dans les légendes : ils brillaient dans la nuit. Je ne sais pas ce qu’il a fait, mais il n’en est pas revenu indemne. Il s’est enfermé pendant deux jours dans la bibliothèque. Il n’a pas mangé durant ce temps. Il ne voulait voir personne. Il avait l’air tourmenté, Nil. A dire vrai, il semblait avoir perdu la raison. Nous l’avons entendu lutter dans la pièce comme s’il n’était pas seul. Il est ressorti, a effectué la cérémonie puis il s’est taillé quelque chose à partir du Grand Chêne. Puis il est parti, en me disant de te dire tout cela et à quel point il t’aimait. Je n’ose imaginer ce que cela présage, mais j’ai peur qu’il ne se soit embarqué seul dans une affaire trop grande pour lui. Peut-être devrais-tu prévenir Calith ou tenter de le retrouver. Je ne sais pas. » L’elfe semblait sincèrement inquiet et peiné par les nouvelles qu’il apportait à Nil. De plus, il était obligé de rester à la Tanière, en temps que dernier Ashka. Il se devait de surveiller que les instructions de leur Intendant concernant les transes étaient respectées. En somme, il était pieds et poings liés, incapable d’aider son ami et homologue. Et il espérait que Nil, elle, saurait quoi faire... Les révélations furent nombreuses lors de cette fameuse soirée. Je ne pouvais imaginer Elen changé au point de créer de tels doutes chez Evonis. Tu as eu raison de m’en parler ! Je n’ai que trop tardé ici et le clan est en de bonnes mains. Je vais le plus vite possible à Na’helli. Peut-être rattraperai-je Elen là-bas. Je crains qu’il ne tente de porter un fardeau qu’un elfe seul ne peut supporter. Il aurait du m’en parler… Mais il veut toujours me…nous protéger. Une sourde colère montait en moi. Bien plus vite qu’habituellement d’ailleurs. Pourquoi avait-il décidé de tout subir seul ? Il méprisait par certains côtés son mentor, il lui en avait parlé, mais je commençais à trouver qu’il tentait de suivre la même voie. Il fallait agir avant qu’il ne devienne ce qu’il avait toujours craint. Ce n’est qu’en relevant les yeux que je surpris le regard interloqué d’Evonis. Ma peau s’était mise de nouveau à luire. Je devais au plus vite contrôler mes sentiments. Sinon ils allaient causer ma perte. Ce n’est… Pas grave, un petit problème lié à une tentative de communication avec un élémentaire de feu. Je parle en ce moment avec un géant qui accepte de m’aider, mais je dois d’abord voir Elen. La lueur s’éteignit petit à petit. Je devais me reposer un peu, préparer mes affaires et partir. Je remerciai rapidement Evonis et partis vers notre chambre. ---------------- Arrivée à Na’helli, je n’avais pu retrouver Elen malgré les rumeurs parlant de lui, demandant un entretien privé à la Reine. Mais s’il ne voulait pas être trouvé, je savais que je ne pourrai le suivre. Je partis vers le Sanctuaire de la Forêt, priant n’importe quel esprit de la forêt de veiller sur lui. Etonnement dans ces instants de calme, le feu, en moi s’éteignit presque, bercé par ma méditation. Je ne risquais plus de blesser ceux qui m’entouraient. Les jours passèrent, et l’indécision me gagna. Fallait-il que j’aille vers Elen, alors qu’aucune information sur sa route ne m’étaient parvenues ? Fallait-il que j’aille aider les Forestiers qui se battaient au sud des Lacs de Lave, ou devais-je d’abord régler ce problème plus personnel ? Je décidais d’aller directement aux lacs de lave. C’était le plus sage. Poursuivre Elen, c’était chercher une aiguille dans un botte de paille, me battre, c’était risquer l’autodestruction. Et pourtant, alors que je fuyais les combats, j’allais au-devant des blessures. Toujours dans la forêt, je fus attaquée. A l’ombre des arbres, je ne réussis pas à distinguer mon ennemi mais, vu la taille du premier rocher qui me percuta, j’en déduisis que ce n’était autre qu’un géant... La douleur m’étreignit. Les premières flamelles réapparurent. Je serrais les dents, encaissant les coups. Etrangement, malgré mon apparence fluette, je réussissais toujours à supporter les blessures, mieux que de nombreux elfes. Le géant avait du me croire morte et ses attaques cessèrent… Une voix en moi réclamait du sang. Je bouillonnais. La douleur s’évanouit. Remise debout je m’approchais de la lisière pour découvrir d’autres géants. Et aussi une détonation. A mes pieds furent lancées des grenades de destruction. Le souffle aurait du me projeter et me broyer contre les troncs. Mais, au lieu de cela, le feu m’enveloppa, le souffle fut une simple caresse sur ma peau. Mon corps souffrit, non pas de la grenade elle-même, mais de la réaction de cette nouvelle magie. Encore en feu, je courus loin de la forêt. Je n’étais pas si gravement blessée, mais, une fois les flammes calmées, je pris des potions. Cela aurait pu se finir ainsi… Mais dans leurs folies, les géants tentèrent de m’achever. La réaction des elfes fut prompte et les flèches et autres armes de jet s’abattirent. Enfin, c’est ce que me raconta Calith. Je ne me souviens plus de cette partie. Juste de cette envie de tuer. Et d’un corps calciné. Dans mes cauchemars, je cours vers cette géante, qui avait lancé les grenades. Elle est blessée, transpercée par les armes. Je tends une main enflammée vers elle et j’invoque la foudre. Mais ce ne sont pas de simples éclairs qui jaillissent de ma paume. Ce sont des éclairs de feu ! Un arc enflammé qui s’abat sur la géante. Elle agonise. Je souris. Une deuxième fois, je frappe l’ennemie avec cette étrange magie. Je sais qu’elle est morte et pourtant je continue jusqu’à ce que le corps soit méconnaissable. Je me réveille alors, en sueur, pas dégoûtée mais satisfaite et alors… je sais que ce n’est pas un simple cauchemar, mais bien la réalité. Je fus soignée par Thalie. Ma Prima Luwa. Enfin… Soignée de mes blessures physiques. Quelque chose grondait en moi, m’appelait. Les vapeurs de souffre à l’horizon déclenchait une irrésistible envie de rejoindre les lacs. |