Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - La Vieille et le Loup
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La Vieille et le Loup
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Dernière réponse le 26/09/2011 à 15:08

el Par Elen  le 01/09/2011 à 06:01

La petite vieille s’était emparée de l’esclave avec une telle vélocité et un air tellement satisfait qu’il ne pu s’empêcher de craindre le pire. Elle lui replaça son bandeau sur les yeux, pour qu’il ne puisse pas observer la configuration des bâtiments de Lardanium, comme lorsque Gourlx l’avait traîné en ville. Isandre remercia chaleureusement les chasseurs d’Immortels puis elle partit sans demander son reste, sans doute pour éviter qu’on ne lui dérobe le précieux bien de sa petite fille.

Elen sentit de nombreuses odeurs en ville, mais il ne saurait jamais à quoi ressemblait l’intérieur des remparts de la cité blanche. L’Incarnation qui le possédait avait quelque chose qui dérangeait l’Intendant. Son regard laissait transparaître une certaine cruauté sous ses airs joviaux. Il espérait qu’elle allait se cantonner à lui donner des tâches ménagères, le temps qu’il trouve un nouveau moyen de se débarrasser de ce qui le poursuivait inlassablement.

La mégère lui ôta son bandeau et il constata qu’ils étaient à nouveau dans les plaines d’Olympia. Il regarda en arrière la cité qui se dressait fièrement vers les cieux, imprenable et majestueuse. Le Loup se demanda s’il serait libre un jour. Et que faisaient ses compagnons ? Sa disparition n’avait pas pu passer inaperçue.

Isandre tira sur sa chaîne, lui intimant de la suivre docilement, lui assénant un coup de canne préventif au mollet. Ils prirent la direction du nord-ouest, autant qu’il pu en juger.

Le voyage dura plusieurs jours. Elen profita d’un instant d’inattention de la petite vieille pour procéder à un rituel qui lui assurerait au moins des nuits de sommeil. L’Intendant se coupa un doigt puis traça des motifs en Loup ancien sur son torse. Les chaînes le gênaient mais il parvint, avec quelques efforts, au résultat souhaité.

Les marques qu’il s’évertuait à placer sur son corps serviraient à la fois d’encrage et de lien fort avec le monde des mortels. Cela l’empêcherait d’approcher au moins pour un temps, lui laissant un délais pour se sortir du pétrin dans lequel il s’était fourré.

Pour les rendre efficace, comme avec le talisman, il fut obligé de mobiliser son Finyë pour les charger de sa magie. Il se concentra, puissant dans ses réserves pour alimenter son tracé. Quelque chose frôla sa conscience, un instant. Quelque chose d’obscure et immensément grand. Puis, alors que la marque s’activait, il sentit son énergie se vider alors que le néant perdait peu à peu en intensité, perdant du terrain.

Il dut mobiliser bien plus d’énergie qu’il ne le pensait et se retrouva exténué lorsqu’il l’eut enfin placé à une distance respectable de son esprit. Visiblement, la brèche s’était élargie. Ou alors le Néant avait profité du temps qu’il avait passé sans talisman pour s’extraire bien plus encore du monde des esprits. Cela signifiait que malgré ses tours de passe passe, le temps lui était compté.

Il dormit pour la première fois depuis des jours, d’un sommeil agité empli d’images incohérentes, tandis que sa marque repoussait son assaillant à chacun de ses assauts. Il s’éveilla épuisé spirituellement mais frais pour une nouvelle journée de marche derrière la vieil et sa canne ! Ainsi se déroula le voyage, jusqu’à un bosquet sombre.

Isandre s’arrêta à l’orée du bois et réajusta le bandeau de Elen :


« Dommage, je les aime bien, tes petits yeux qui brillent... On verra ça plus tard. Viens. «

L’Intendant avait eu le temps de sonder la forêt du regard et, les yeux bandés, les sens aux aguets, il songea tout haut :

« Ces bois cachent quelque chose de sombre... »

La vieille les fit pénétrer dans la forêt. Les bois n’étaient pas grands mais Isandre leur fit faire tant de détour qu’il perdit complètement son sens de l’orientation. Il songea que c’était là ce qu’elle souhaitait. Où le conduisait-elle?



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 02/09/2011 à 09:01

Le Loup dormait visiblement mal mais il supportait le rythme de marche sans grande difficulté. Pourtant il semblait s'inquiéter bien plus de ce qui se trouvait derrière lui que devant. Ses nombreux coups d'œil par-dessus son épaule avaient fini par intriguer Isandre.

A part quelques gestes péremptoires, elle n'avait pas eu à le malmener outre mesure. Il suivait docilement et cela aussi la perturbait.
Car, si elle affichait une morgue hors du commun et si sa trempe faisait souvent baisser les yeux à bien plus gaillards qu'elle, elle n'était pas idiote au point de se sentir toute puissante ou plus forte que cet homme, tout elfe qu'il était.

Souvent elle vérifiait ses chaînes et cherchait dans son regard le petit détail qui la préviendrait d'une fourberie mais non, rien. Comme si son prisonnier utilisait déjà bien trop de force pour elle ne savait quoi et n'était plus en mesure de briser sa captivité.

Drôle d'énergumène, se répétait-elle après ses nombreuses réflexions.

Elle se demanda si elle avait fait le bon choix en l'embarquant. Son plan était simple pourtant…
D'abord faire d'une pierre deux coups : réviser ses pratiques d'inquisition, les grands principes d'interrogatoire et de tortures; saupoudrer quelques magies de soumission pour ne pas se mettre en danger, évidemment.
Puis, lorsque l'esprit du Loup serait chancelant, elle lui ferait abandonner toute trace de civilisation. Une bête sauvage, agressive et plus dangereuse que jamais… Un monstre de foire qu'elle mettrait sous les yeux d'Isa en lui disant "Voilà, c'est ça l'ennemi !".
Alors peut-être que sa petite-fille en finirait de ses niaiseries et qu'elle choisirait enfin son camp. Celui des Olympiens, celui des Vainqueurs !

Puis ils arrivèrent à l'orée du bois. Quelque part bien dissimulée se trouvait une cache des Chevaliers Noirs. Combien de décennies s'étaient écoulées depuis qu'elle y était passée ? Trop. Et malgré tout, pas assez pour avoir dissout son amertume… Elle qui avait été chassée après tant de services rendus pouvait tout de même se satisfaire d'une juste compensation : contrairement à elle, peu de la meute de Slash ne reviendrait jamais des Limbes.

Elle s'entoura de quelques précautions avant de se mettre sur la voie de la planque. Si bien qu'après moult détours pour déjouer les compétences d'orientation d'Elen, elle ne fut pas loin de se perdre. La topographie avait changé, les souches d'arbres avaient pourri, les empilements de rochers s'étaient éboulés et d'autres, chasseurs ou trafiquants, avaient rajouté leurs signaux vers quelque abri de fortune. Maugréant après ses souvenirs infidèles qui n'arrangeaient rien, contre un petit massif rocailleux, elle parvint néanmoins à localiser dans la flore exacerbée la porte de chêne bardée verrouillant un passage qui n'augurait rien de mieux qu'une vulgaire caverne d'ours.

Mais les Chevaliers Noirs étaient soigneux. En leur temps, ils établissaient ces repaires pour de multiples usages. A la fois cache d'armes et de munitions ou oubliettes pour otages importants, parfois lieu de regroupement avant une quelconque mission voire entrepôt de marchandises sensibles, ces constructions étaient solidement bâties et régulièrement entretenues. Les plus petites étaient simplement creusées sous la surface, étayées de poutres, mais les plus grandes pouvaient s'enfoncer sur plusieurs niveaux, assainis de sols et murs en pierre et disposaient d'un approvisionnement en eau. Et c'est ce genre de confort pour lequel avait opté la vieille, parmi la poignée de caches qu'elle connaissait.

Une fois la porte passée, une odeur glaciale de moisissure les entoura immédiatement et le dallage scintilla d'humidité sous les derniers rayons des Titans, qui peinaient à traverser les frondaisons. Elle fit entrer son prisonnier et il put s'engager sur la demi-douzaine de mètres du couloir en pente qui débouchait sur quelques marches, puis sur les pièces du premier niveau. Lui emboîtant le pas, elle entra, alluma une torche et referma la porte.

Elen fut guidé avec le strict minimum d'informations pour qu'il ne trébuche pas à tous les pas jusqu'à ce qu'elle trouve ce qu'elle cherchait : de solides fers accrochés au mur.

- Assis, lui ordonna-t-elle et elle referma sur ses chaînes les fixations que la rouille n'avait pas assez rongées pour qu'il s'en libère.

Elle lui ôta le bandeau des yeux et le considéra avec un petit sourire aussi satisfait qu'énigmatique.
Sans un mot, elle quitta la pièce. Elle devait inspecter les lieux et elle emmena la torche, avec un vice calculé. Bientôt la geôle d'Elen fut aussi sombre, silencieuse et froide qu'un tombeau…



el Par Elen  le 05/09/2011 à 15:24

L'obscurité tomba sur lui comme la nuit tombe sur le monde. Il observa les alentours. Le complexe dans lequel il se trouvait était visiblement souterrain. Nulle lueur émanait de la pièce, sauf celles de ses yeux. Mais ce halo fantomatique n'avait rien à voir avec de la lumière : bien que brillant, cela n'avait aucun pouvoir éclairant.

Il tira sur les fers qui lui entravaient les poignets mais il constata que les Olympiens avaient un excellent savoir faire dans ce domaine. Où était-elle partie, cette vieille ?


« Elle reviendra, ne t'en fais pas... » murmura-t-on dans le noir.

L'obscurité sembla s'épaissir, si la chose fut possible. L'air devint lourd et suffoquant, comme avant le déchaînement d'un orage. Une ombre dans l'ombre se forma, plus noire qu'une nuit sans lune ! Cette obscure apparition semblait flotter dans les airs et se mouvait avec une lenteur pesante, se dirigeant vers lui puis reculant.

L'Elfe ignora l'apparition. Etait-ce l'obscurité qui l'avait suscitée ? Ou gagnait-elle en force dans le monde des mortels ? A ce qu'il pouvait en juger, elle persistait à tester ses défenses et ses barrières mentales. Cela signifiait qu'elle ne pouvait pas encore passer complètement pour venir le chercher.


« Je sais être patiente... Tu es à moi... »

A qui appartenait-il, au juste ? A cette ombre surgie du fin fond du monde des esprits ? A cette vieille peau qui se préparait à le torturer ? Ou à cette « Isa Cestia » qu'il n'avait jamais vue ?

« N'en doute pas un instant, tu me reviens...

_ Vous croyez m'effrayer avec vos boniments ? Vous ne pouvez pas passer ! Jamais vous n'aurez accès à mon être ni à mon âme ! »

L'ombre sembla gagner encore en densité. Elle parut aussi grandir, heurtant violemment ses défenses mentales. Il manqua de sombrer dans l'inconscience tant l'assaut fut violent. Ses pensées vacillèrent et tombèrent dans une abîme sans fond tandis que la créature s'avançait vers lui, pouces par pouce, brisant une à une les défenses qu'il avait échafaudé.

Des sueurs froides coulèrent le long de son dos tandis qu'il sentit un poids sur sa poitrine. La créature se trouvait à présent tout contre lui. Elle le touchait, ou du moins touchait son esprit. Le contact violent disloquait douloureusement ses pensées.

Elle apparut, tout près, ses petites mains d'enfant posées sur lui. Elle affichait un sourire maléfique et plantait son regard dans le sien affichant une certaine tendresse qu'il ne comprenait pas. Son cœur accéléra, encore et encore puis sa respiration se figea. Elle avait brisé tout ce qui le protégeait d'elle. Elle avait réduit au néant tout ce que sa magie limitée savait faire. Si elle l'avait voulu, il le savait désormais, elle aurait pu l’entraîner dans ses limbes.

Au lieu de cela, la gamine approcha son visage du sien, et susurra au creux de son oreille :


« Tu es ma portes, Ereinlen... »

Il sentit sa poitrine se déchirer tandis qu'elle le griffait de sa petite main...

« ...et elle sera ma clé... »

Elle disparut, comme elle était venue. L'air repris sa consistance et l’obscurité sa forme originelle, laissant l'Elfe haletant, la poitrine en feu, percée de sillons sanglants et étincelants, comme des griffures d'ours chargées de Finyë...

Et la porte s'ouvrit avec rudesse, tandis qu'Isandre revenait après plusieurs heures d’absence, lançant d'un air narquois :


« Ta nouvelle maison te plaît ? »

Et c'est alors qu'elle aperçut du sang maculant les vêtements du Loup...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 07/09/2011 à 15:51

Ses petits yeux se bordèrent d'un peu plus de rides en même temps que ses sourcils grisés se fronçaient.

- Es-tu si impatient que tu commences le travail sans moi ? Lança-t-elle pour que l'ironie cache son étonnement.

Du bout de sa canne, elle souleva l'habit pour dégager le buste du Loup. Des griffures superficielles mais qui avaient taché ça et là le vêtement. Elle approcha la torche pour mieux les voir. Rien de grave en somme, sinon que le geste d'Elen était étrange… A la lumière vacillante, elle vit aussi des traces brunes de sang séché, plus anciennes mais qui ne relevaient de plaies. Le motif était incertain, maintenant qu'il était barré de stries fraîches…
Son regard fila vers les mains du Loup. En effet elles étaient aussi poissées de taches sombres.
Quelque chose, pourtant, gênait la vieille. Elle était habituée à observer, à examiner, à déduire… L'ensemble ne collait pas. Mais quoi ?

Elen était grand et les chaînes assez longues pour qu'il ait pu remonter aisément les frusques qui couvraient son torse, faire le dessin et s'infliger les griffures. Illogique mais faisable. Sauf que… Elen était grand, justement. Et ses grandes mains aux ongles épais auraient laissé des traces bien plus larges sur la peau.

La vieille émit un grognement. On avait décidé de lui gâcher son plaisir, mais c'était mal la connaître.

Elle fixa la torche dans un support métallique planté au mur et sortit de sa besace quelques lamelles de viande séchée qu'elle tenait à l'abri dans un linge. Elle en jeta au Loup et se mit à mâchonner les siennes.

Un carnet dans la sacoche avait aussi attiré son attention. C'est grâce à lui qu'elle entretenait parfois une correspondance avec sa petite-fille, pourvue d'un carnet identique. Il suffisait d'écrire et le texte s'inscrivait sur les deux en activant des runes sur la reliure. Des fois qu'on ait envie d'être dérangé…

Grand-Mère,

Voici plusieurs jours que je n'ai pas de nouvelles et je m'inquiète. Tu m'as dit que tu voulais aller au marché mais tes affaires ne sont toujours pas réglées ?
Quant à nous, la situation a beaucoup changé, j'ose croire en mieux. Cependant, j'ai le pressentiment que tout est loin d'être fini et je voudrais que tu nous rejoignes, ton aide sera précieuse.

Tu me manques. Réponds-moi s'il te plait. A bientôt.


- Ces jeunes qui ne savent pas se moucher seuls… Râla-t-elle pour la forme.

Mais l'inquiétude sincère d'Isa la touchait. Evidemment elle ne l'aurait jamais avoué, même saucissonnée sur un bûcher.

Elle s'assit finalement sur l'une des banquettes en pierre qui longeaient certains murs pour terminer de mastiquer sa viande, décidément récalcitrante. Déterminée à obtenir les réponses qu'elle attendait, elle braqua son regard sur Elen, aussi froid que la roche qui lui gelait les fesses.

- Tu as beaucoup de choses à me dire. Sois précis, ou crois-moi, tu n'es pas près de rejouer de ton pipeau sous les Lunes…



el Par Elen  le 08/09/2011 à 17:52

Ainsi, elle avait eu ce qu'elle voulait. La vieille s'intéressait au sang et à voir quel temps elle prit pour tenter de comprendre ce qui lui était arrivé, la chose lui semblait inhabituelle. Elle lui jeta des morceaux de viande séchée, qu'il délaissa. Sa précédente entrevue, dans le noir, l'avait à la fois épuisé et choqué : sa faim, aussi intense fut-elle auparavant, s'était évanouie.

Elle consulta par la suite un petit carnet. Consignait-elle ses expériences ? Ou était-ce quelque chose de plus personnel pour elle ? Et qui était-elle, au juste ? L'Intendant avait vaguement entendu parlé de la nature des Incarnations Olympiennes, mais il doutait que la chose fut réelle. Des ancêtres ? Plus probablement des fantasmes de mages imbus d'eux mêmes... Encore qu'il se demandait qui pouvait avoir des fantasmes tels que ceux qui se trouvaient devant lui à mâchonner la viande.

La vieille s'installa sur la pierre froide qui servait d'assise dans la pièce. Elle continuait à mâchonner son infecte viande, dont même les charognards ne voudraient pas. Et elle le jaugea, froidement, tandis qu'il détournait le regard pour éviter de croiser le sien.


« Tu as beaucoup de choses à me dire. Sois précis, ou crois-moi, tu n’es pas près de rejouer de ton pipeau sous les Lunes… »

Elle savait. A son ton, il comprit qu'elle avait acquit la certitude que ces marques n'étaient pas naturelle. Et derrière son air de petite vieille acariâtre, elle devait avoir certains talents pour ce qui touchait à la magie. Elle l'aurait s'il répondait honnêtement. Pire, elle pourrait causer l'irréparable : soit sa mort à lui, soit, et cette éventualité était bien pire, relâcher le néant sur Olympia. Et si cela arrivait, les esprits des mortels seraient perdus dans le monde des esprits à jamais.

Il devait gagner du temps. Il lorgna à droit puis à gauche, le plus discrètement qu'il pu, juste en bougeant ses yeux. L’Incarnation devait s'en rendre compte mais elle l'interpréterait peut-être comme un signe de nervosité de sa part. Il récupéra les morceaux de viande, poussiéreux et mordit vigoureusement dedans.

La viande était encore bien plus sèche qu'elle ne le semblait au premier abord. Mais aussi étrange que cela fut, cela lui rappela les cérémonies des pleines Lunes, avec l'échange : les Loups qui donnaient de la viande cuite et qui recevaient du peuple frère de la viande crue. La forêt, il espérait que tout allait bien. Évidemment, Calith et Aileen devaient veiller à ce que tout aille pour le mieux. Et la Reine. La Reine... No'Irin Kai'tlin... Ni Noble, ni Elfe des Lunes, elle protégeait son peuple, quelque soit ses croyances ou ses superstitions. Il songea combien la chance souriait aux Elfes d'avoir une souveraine aussi bienveillante, intéressée par les siens, puissante...

Ses pensées cessèrent soudainement de divaguer. La forêt s'effaça pour laisser la place à la geôle sombre éclairée par la torche que la vieille avait amenée.


« J'avais besoin de sang... »

Il reprit une bouchée, avec une nonchalance feinte tandis qu'une boule de stresse se formait dans sa poitrine.

« ...pour un rituel. Un rituel magique qui importe aux miens... Pour préserver mon esprit de l'obscurité.. »

Allait-elle gober ce mensonge ? Elle n'avait probablement aucune idée de la culture Elfe des Lunes. Et les rites sanglants devaient probablement être ancrés dans les esprits des Olympiens. Si ces derniers avaient des manières semblables aux Nobles, leurs vies étaient à l'opposé de celles du Peuple des Lunes. Ils devaient voir les clans comme des barbares vivant à la belle étoile...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 09/09/2011 à 12:58

L’obscurité, hein… Pensa Isandre en pesant ce qu’elle avait observé du manège d’Elen. Mais ce n’est pas l’obscurité qui est dangereuse, mon petit Loup. C’est ce qui s’y cache…

Elle se retint de trop parler. Après tout elle n’était pas là pour apaiser les phobies de son esclave, bien au contraire.

- Soit. Un rituel magique. J’ai vu et fait bien pire qu’étaler trois gouttes de sang… Et tu vas certainement trouver une excellente raison pour que ta main ait rétréci quand tu t’es griffé ?

******************

La vieille lui parut sceptique. Trop sceptique. Elle flairait le mensonge comme un chien le gibier ! Et elle ne le laisserait pas en paix avec cette histoire. Il mâchonnait la viande insipide, et il se lança dans une explication plus ou moins inspirée :

- C’est un rituel complexe. Les entailles doivent être faites dans un ordre précis, une par une. Et les marques doivent être renouvelées relativement souvent. Le sang sèche si vite...

******************

- Si vite… Comme tu dis.

Isandre n’y connaissait rien en ”Barbaries des Luneux” aussi les explications d’Elen pouvaient lui paraître réalistes. Mais la dernière affirmation, pourtant vraie, sentait la tentative de manipulation. Ce qui remettait en cause l’ensemble… Elle haussa les épaules. Elle viendrait à bout de ce mystère, à un moment ou à un autre. La patience était l’un de ses points forts et Elen se trahirait bien tout seul, il suffisait de guetter.

- Nous verrons demain, lequel de nous deux est le plus habile pour te faire de jolies rayures sur le corps, esclave. J’ai hâte de connaître de nouveaux rites. Tu m’apprendras. Et si je tremble un peu, je pourrai toujours refaire et refaire… Mais pour l’heure…

Elle se leva péniblement et vint jusqu’à Elen ouvrir les anneaux épais qui retenaient les chaînes du Loup.

- Fais donc un feu, on se gèle ici.

La cheminée était minuscule et il était sûrement peu prudent de laisser de la fumée s’échapper du conduit, mais le froid mordant des soirées dans cette cache rendue humide par son abandon serait franchement insupportable.

******************

La vieille le terrifiait, à présent. Il sentait bien à quel point il n’avait pas endormi sa méfiance et sa curiosité. Mais il ne pouvait rien faire pour l’empêcher de l’atteindre. Elle finirait par découvrir la vérité.

De plus, il la voyait a chaque instant, dès qu’il clignait des yeux. Elle demeurait proche mais n’intervenait pas. S’amusait-elle de le voir tenter de se dépêtrer du piège qu’elle lui avait tendu ? Ou était-elle insuffisamment encrée dans le monde des mortels pour faire plus que sa démonstration précédente ?

Allumer un feu... Isandre l’avait détaché. L’avantage des fers étaient qu’ils le maintenaient debout. Mais l’assaut mental qu’il avait subi peu avant l’avait tant affaibli qu’il vacilla, manquant de tomber. Il du s’adosser au mur, pour ne pas chuter.

La cheminée... Il prit la torche, et chercha du bois des yeux... Il restait quelque buches humides, près de la cheminée, qui pourraient servir à allumer un feu. Il écorça le bois, pour que les flammes prennent plus vite, et s’assit, dos à la vieille, devant l’âtre, s’affairant à faire naître un peu de chaleur dans l’obscure endroit...


******************

Les flammes avaient quelque chose de fascinant. Et c’était imparable. Un bon feu de cheminée captait toutes les attentions. Un petit instant de calme absolu, juste titillé par le crépitement du bois, où toutes les réalités du monde disparaissaient, y compris les plus atroces.

Isandre n’y échappa pas. Les couleurs chatoyantes attirèrent son regard et elle les aima juste pour ce qu’elles étaient, belles et réconfortantes. Tout était tranquille. Son esprit, libéré de sa gangue de colère, prit son essort et vagabonda.
La silhouette assise devant le feu n’était plus un luneux qu’elle haïssait, mais sa petite-fille qui préparait le repas. Elle imaginait son regard triste et à son cou les fétiches auxquels elle se raccrochait, son semblant de vie dont elle ne pouvait guère profiter. Alors pourquoi perdait-elle son temps à aider les autres ? A chercher à les découvrir ? A parcourir d’autres contrées que celles où elle était en sécurité ? Elle ne s’en souvenait même pas ! Quel intérêt ? Et pourtant, c’était dans ces moments-là qu’elle la voyait sourire, discuter… Des heures simples et heureuses, à mille lieues de ce que pouvait comprendre Isandre.



el Par Elen  le 12/09/2011 à 09:44

L'Intendant s'attendait presque à être rattaché, sitôt le feu lancé. Mais il n'en fut rien, à son plus grand étonnement. Il se déplaça lentement de côté, ayant aperçu à quel point les flammes fascinait l'Incarnation. Si cela la détournait quelques instant de lui, il lui laissait bien volontiers la vue sur les lueurs dansantes qui émanaient de la cheminée.

Il s'adossa au mur et sombre à son tour dans une triste et mélancolique nostalgie. Sa femme lui manquait. Oh, comme elle devait s’inquiéter ! Il était certain qu'elle remuait ciel et terre pour tenter de le retrouver. Elle avait probablement mis Calith au courant, voir les Sylphes dans leur ensemble. Ils ne tarderaient pas à monter une expédition punitive, à n'en pas douter. Cela dit, cette idée ne plaisait pas du tout à Elen : que ses compagnons d'armes, ses amis, se battent et meurent pour le libérer n'en valait pas la peine. Surtout depuis qu'il se savait condamné.


« Ainsi tu te résignes enfin à ton sort... »

Il sursauta. Ce n'était pas la petite vieille qui parlait. C'était dans sa tête. Il la chercha du regard mais ne la trouva point. La pièce ne contenait que la vieille, le feu, les fers et lui...

Là ! Elle est là ! Il avait cligné un instant des yeux et il l'avait aperçue, juste devant lui. Il dégluti avec peine et ferma les yeux. Elle se trouvait juste devant lui. Elle le fixait avec un sourire mutin, celui d'un enfant qui s'amusait beaucoup avec un frère ou une sœur plus petit que lui.




« Tu sais, ce n'est plus qu'une question de temps. Elle finira par comprendre. »

Il ne voulait pas disparaître. Il ne voulait pas devenir un simple souvenir encré dans les gens qui le connaissaient. Il se retint de répondre, érigeant autant de barrière mentale qu'il le pouvait. Sur son épaule droite, caché sous ses vêtements, une griffue de patte de Loup commençait à apparaître : son Saïka. D'abord noir, comme de l'encre posée sur sa peau, une légère luminescence s'en échappa. Avec le peu d'énergie qui lui restait, le phénomène était moins impressionnant qu'à l’accoutumée, mais perceptible.

« Tu n'as pas toujours pas compris ? C'est lorsque tu tentes de d'opposer à moi que je prends un peu plus de ton âme ! »

Il cessa instantanément ses efforts, le souffle coupé par ce qu'elle venait de dire. La gamine était un esprit malin ! La vérité ne sortait probablement pas de sa bouche. Mais pouvait-il risquer qu'elle prenne pied dans ce monde ?

Il posa sa tête sur ses genoux et lança un regard à la vieille, toujours absorbée par les flammes.


« Quel est votre nom ?.. »



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 12/09/2011 à 18:16

La chaleur que l'âtre dégageait était devenu un cocon de douce torpeur où Isandre s'enfonçait.
Elle entendit à peine la question mais celle-ci suscita des images à son esprit. Sa petite-fille l'appelait Grand-mère, invariablement. Les autres Isandre avec quelques ajouts ridicules comme "mamie", "mémé" ou tout à fait irrespectueusement "la vieille"… Fut un temps son nom était craint dans certains milieux fermés. S'il existait encore les anciens registres des Chevaliers Noirs, on l'aurait trouvée sous le nom d'Isana Landra. Mais elle avait laissé ce nom dans les sous-sols de leur forteresse, lorsqu'elle avait fui.

Alors la colère revint, acre et tenace. La bulle de quiétude vola en éclats. Son poing se serra sur le coude de sa canne et elle la leva haut comme pour l'abattre sur celui qui faisait naître ces illusions d'un autre âge, dérangeantes.

- C'est moi qui pose les questions ici ! Vociféra-t-elle.

Alors elle s'aperçut de l'oubli inexcusable qu'elle avait commis : l'esclave n'était pas rattaché.

- Là-bas ! Beugla-t-elle encore, en désignant d'un large geste du bras le mur où étaient les fers.



el Par Elen  le 12/09/2011 à 18:17

Il s'exécuta, sans mot dire. La colère de la vieille lui était aussi étrangère que la douleur qui le prit lorsqu'il se leva. Il s'installa contre le mur, pour qu'aucune faiblesse ne le fasse défaillir, et il attendit qu'elle le rattache. Quel bon exemple d'esclave soumis il devait faire !

Le regard attentif de la vieille le suivait, comme si elle s'attendait à ce qu'il tente quelque chose contre elle. Mais il n'en avait pas la force. Et il craignait aussi terriblement la réaction de l'autre s'il la privait de sa clef. Mieux valait attendre que les pièces de cet abominable puzzle se mettent en place avant d'agir. Avoir une vision globale, disait Kowü...

Tandis qu'il se laissait tranquillement rattacher, un papillon de nuit de taille respectable se posa sur son épaule. La bestiole agita ses antennes. Oh comme il aurait aimé parler le langage de cette créature ! Elle aurait peut-être pu prévenir les siens ! Tandis que la vieille ajustait une dernière fois les fers, il murmura imperceptiblement au papillon le désarroi et la peine qu'il éprouvait à l'idée de ne plus revoir les siens. Et la bête s'envola. Elle se glissa entre les barreaux de la petites lucarne qui ceignait la porte de la cellule et s'en fut, comme il était venu.



L'Intendant se tint coi le reste du temps, espérant que cela améliorerait l'humeur de l'incarnation qui lui servait de gardienne. Peut-être qu'il parviendrait à l'amadouer, s'il se montrait obéissant. Et peut-être renoncerait-elle à ses projets initiaux à son égard, quels qu'ils soient...



Plus tard, à Na'Helli, après une gifle retentissante de l'Intendante des Cerfs ayant rougit la joue de Evonis, puis une autre Nil'Nelia sur Calith...

Décidément, ce fut un festival de gifles. Evonis fut malgré tout content d'apprendre que Calith avait pris en main personnellement les recherche de l'Intendant Elen. Il savait le Faucon compétent, et, échangeant un regard avec ce dernier, il hocha la tête, lui faisant par là comprendre qu'il approuvait que ce fut lui qui se lança dans une telle recherche.

Nil était beaucoup trop impliquée sentimentalement pour se montrer efficace, comme d'ailleurs les Loups, à une échelle moindre. Cela dit, la femme de Elen avait, semble-t-il, acquis un tempérament de feu ! Jamais il ne l'aurait crue capable d'agir de la sorte ! Par le passé, un lointain passé, une telle gifle sur un guide de clan aurait suffi à déclencher une guerre ! Mais les Elfes des Lunes avaient évolués depuis, où plutôt ils s'étaient tant raréfiés qu'ils ne pouvaient se permettre de laisser naître des distensions internes qui mettraient sans nul doute en péril leur peuple et ses traditions.


"Nul doute, donc, que les Olympiens ont capturé certains des nôtres, alors. Et nul doute aussi que nous les récupérerons.

Quant à Ahenyel, la dernière fois que je l'ai vu, il trainait à l'est de la forêt... C'est aussi la direction que l'Intendant Elen a empruntée. Peut-être qu'en fait leur sort est lié ?"



Un papillon de nuit de taille respectable se posa sur ses épaules, agitant avec vigueur ses antennes. D'un revers de la main, il l'en chassa.


"Il est possible, d'ailleurs, qu'ils aient tous les deux été capturés. Mais cela serait des plus étonnant. Connaissant les Olympiens, ils auraient fanfaronné publiquement si par hasard ils étaient parvenus à capturer un Intendant."

Le papillon revint à la charge, se posant sur le dos de sa main et agitant frénétiquement ses antennes.

"Va-t-en sale bête ! Oui... Hum... Je disais... Peut-être ont ils simplement été attaqué par quelque créature ? Ce ne serait pas si étonnant, vu les derniers évènements qui ont terni la surface d'Olympia. Peut-être un élémentaire ?"

Le papillon voleta encore une fois tout près de lui, agitant ses ailes près de ses oreilles. Vivement, Evonis priva l'embêtant animal de sa vie, claquant de ses deux mains.

"Calith, souhaites-tu que je t'accompagne dans tes recherches ?"

S'en suivit bien d'autres discussions dans grand intérêt...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 13/09/2011 à 15:54

Après avoir rattaché Elen, Isandre s'installa en boule sur la dalle froide qui servait de banc. Le feu mourut dans la nuit mais elle ne broncha pas pour le rallumer. Au matin, cela l'indifféra qu'il fasse frisquet même si ses vieux os auraient préféré un peu plus d'attention.

- Tu as bien dormi ? Aujourd'hui, esclave, nous allons… Hum… Rentrer dans le vif du sujet, dit-elle en le détachant.

Elle le guida jusqu'à une pièce du niveau inférieur. La torche révéla une table de pierre où de courtes chaînes se terminaient par des fers. Dans un angle, la cheminée jouxtait un portoir de vieux bois vermoulu. Des pointes, des couteaux émoussés, des tenailles rouillées y étaient posés.

Le peu de réaction d'Elen commençait à l'inquiéter. Ou à l'agacer. Ou quelque chose entre les deux qui l'énervait, ça c'était sûr. Toujours rien quand elle l'obligea à s'allonger sur la dalle glacée et qu'elle referma les fers sur ses poignets et ses chevilles…

Il sera bien temps qu'il se tortille, je ne devrais pas être si pressée.

Elle ramena sa besace et en sortit un livre ancien. Elle en tourna quelques pages.

- Ah voilà. Fit-elle en le retournant pour qu'Elen voie les schémas.

Il s'agissait d'une silhouette humanoïde dont tous les organes avaient été sortis du corps, pour être mieux détaillés.

- On appelle ceci un éclaté. C'est amusant non ? Sûrement un apothicaire géant qui a donné un nom aussi… imagé. Et sais-tu ce qui est encore plus scientifiquement excitant ? Fit-elle en tapotant les tracés du doigt. C'est que ce brave homme était encore vivant lorsqu'on l'a dessiné !

Elle hocha la tête, sourire aux lèvres, comme si Elen lui avait demandé une confirmation pour ce détail si croustillant, avant de poser le livre ouvert sur une desserte à quelques pas.
Elle savait par expérience que la véritable torture résidait davantage dans la peur que dans la douleur. Laisser l'imagination déformer la réalité, enfler, déborder, submerger la conscience et la douleur devenait accessoire, inutile, voire contre-productive. La plupart du temps. Evidemment il y avait toujours ces bon sang d'exceptions…

- Alors je vais t'expliquer notre journée. Je te laisse la possibilité de me raconter tout ce que tu veux. Si cela m'intéresse, tu continueras à pouvoir parler… Intelligiblement s'entend. Sinon et bien… J'espère que tu as compris que, au mieux, tu n'es qu'un tas de viande à ma disposition. Au pire un ennemi que je peux éradiquer de la manière que j'aurai choisie avec la bénédiction de tout l'Empire. Je ne t'ai pas payé cher mais on m'a bien élevée, je ne gaspille pas. J'apprendrai de toi, d'une façon ou d'une autre. Parle-moi de ces rites.

Elle se dirigea vers la cheminée et chargea un peu de bois puis elle prit les ustensiles un à un, les soupesa, vérifia les tranchants. Il n'y en avait plus que quelques uns, rangés dans des pochettes huilées, qui ne s'étaient pas abîmés. Cela devrait suffire.

Lame en main, elle revint et laissa percer dans son regard une étincelle de folie, un artifice longuement répété. Elle avait vu des prisonniers s'effondrer dès qu'ils sentaient qu'ils étaient à la merci d'un fou. Car les fous n'ont pas de compassion, n'ont pas de limite. Les futurs suppliciés savaient que si la torture commençait elle ne s'arrêterait plus, quoiqu'ils fassent, quoiqu'ils disent. Comme captifs d'un chariot tiré par des chevaux qui se seraient emballés, tout droit jusqu'à la falaise…



Par Google  

olymp Par Anastase de Khylion  le 13/09/2011 à 21:58

(HRP// Hmmmm, j'adore cette version des contes des mille et une nuit sadique ^^. J'apprécie beaucoup cette chronique, et j'espère que cela va continuer!

Vas-y Isana Landra, rappelle nous la gloire des chevaliers noirs!)



olymp Par Isa Cestia  le 14/09/2011 à 08:30

Je ne sais pas si c'est ce qu'ils ont fait de plus glorieux ^^
Mais la suite devrait te plaire, je la conseille "interdite au moins de 16 ans" Si je ne suis pas trop à l'aise avec la glauk-attitude, Elen y est comme un poisson dans l'eau, âmes sensibles s'abstenir ^^



olymp Par Erkeos  le 14/09/2011 à 08:51

Je n'osais pas intervenir pour ne pas couper la narration. Mais maintenant que c’est fait, je peux vous dire que je suis aussi cette chro de près. Elle est vraiment géniale !



el Par Elen  le 14/09/2011 à 09:29

La vieille folle l'avait traîné dans une salle aux allures sinistres. L'atmosphère semblait plus lourde ici, comme si les échos de souffrances passées se répercutaient dans cette pièce. Il pouvait presque entendre leurs hurlements de douleurs, sentir leur peine et leur crainte. Tous. Olympiens. Elfes. Géants. Nains. Cet endroit, comprit-il, n'avait pas été conçu pour l'incarcération mais pour l’extorsion et l'exécution.

Il se tint bien droit, autant qu'il le put. Le fer de la pièce précédente lui avaient au moins offert une nuit de sommeil relativement complète, malgré la désagréable position. Son esprit avait probablement déjà atteint ses limites. Mais il se bornait à croire qu'il pourrait faire face aux assauts de la vieille. Tant qu'il contenait l'autre, tout irait bien.

Elle semblait se délecter des instants qui allaient suivre, comme si elle avait attendu ce moment toute son existence. Elle le méprisait autant qu'il était possible de mépriser un être sur cette fichue planète. Et elle lui faisait savoir que le jeu de cache cache avait pris fin. Avec ou sans son consentement, elle les aurait, ces informations.

Elle lui montra ces figures horribles. Il perdit quelques instants le contrôle de son faciès, en apercevant ce qu'elle se gaussait de lui faire. Et cela ne fit qu'empirer la situation. Comme un prédateur sent et se nourrit de la peur de sa proie, elle afficha un sourire terrifiant en le voyant, revigorée d'être parvenue à l'affecter par son discours.

Lorsqu'elle s'en fut tester les outils, l'esprit de Elen échafaudait mille et un plans, tous plus fous les uns que les autres. La torture, il l'imaginait, faisait fléchir même les plus courageux. Et, il n'en doutait pas, il n'avait jamais fait parti des courageux. Il avait toujours été un lâche, bien caché derrière Kowü d'abord et la folie de ce dernier, puis derrière ses fiancées. Même lorsqu'il avait pris la tête des Sylphes, il s'était dissimulé derrière les édits de la Reine.

Il songea à briser ses fers, mais il les savait trop solides. Il s'imaginait déjà terrassant la vieille, utilisant ses propres outils contre elle. Oh oui... Tellement bon... La saigner comme une truie !

Elle revint avec un objet tranchant, attendant qu'il parle. Mais il ne parvenait pas à ouvrir la bouche. Sa poitrine était prête à exploser. Il sentit les petites mains glacées de la bonne femme lui soulever ses vêtements, ceux qui couvraient son torse là où hier encore ses blessures l'avaient intriguée. Elle posa le bout de deux doigts sur lui, comme si elle calculait la distance de peau qu'il lui faudrait entailler pour qu'il se décide à émettre un son.


« Bon sang de bon sang ! Luwö ! Elle va le faire ! » songea-t-il.

Alors que la pointe de la lame touchait sa peau, son sang se glaça tandis que ses yeux roulaient dans leurs orbites. Se placer dans un état de transe. Pour éviter les souffrances physiques. Éviter la douleur et la peur. Se placer dans les bras de Luwö...

La lame l'entailla, à l'emplacement même de l'une des griffures, lentement. Le contact de l'acier dans sa chair lui fit bourdonner les oreilles. Oh il avait connu cela à la guerre ! Mais jamais on ne l'avait entaillé avec tant de... Tant de... Délectation. Elle prenait son temps. Elle était attentive à la moindre de ses réactions, comme une amante. A ceci près qu'elle représentait la mort, en ces lieux. Sa mort.

Elle entama la seconde entaille, aussi doucement que la précédente. Il tenta d'une secousse de se dégager des fers. Oh comme il aurait aimé être en pleine possession de ses capacités ! Sa réaction ne la fit pas accélérer. Elle se contentait de couper. Pour l'instant.

Le sang coula, léger, fluide, en un mince filet vermeille qui ruisselait lentement au creux de ses côtes. Elle ouvrit une troisième plaie, et il eut un soubresaut de dégoût. La lame s'enfonça alors plus profondément qu'elle ne l'aurait dû et il cessa tout mouvement.

Sa respiration s'était enfin calmée. Son cœur, presque arrêté. Le temps n'eut plus de sens. La douleur s'effaça.

Il redressa sa nuque, son regard plus flamboyant que jamais tandis que sous ses blessures, une autre trace de griffure apparaissait, pâle et luisante dans l'obscurité de la salle de torture. Les sourcils froncés, toute la force d'un Ashka émanant de son être, son esprit déployé, il dit :


« Ne o Elen, luwön duthn ereti. Ne aro me Luwön zetï. Ke rani i ewo. »

Sa voix s'élevait à présent claire et force, résonnant dans l'espace clos et dans les couloirs du complexe. C'était là celle d'un meneur, d'un guerrier que rien ne pouvait atteindre. C'était là là voix de l'Intendant du clan du Loup.

« Lano afo kerena, Olimpi. Res newar ni squo es Luwö newo ni rani. »

Il sentit qu'à présent elle hésitait. Devant un tel retournement de situation. Le Loup semblait plus grand encore qu'il ne l'était et il semblait avoir gagné en consistance, comme s'il n'était plus fait de la vile chair qui composait les mortels. Et...

La douleur ! Une douleur insoutenable. Sa tête semblait sur le point d'exploser. Tout son corps s'animait, par à-coups et par soubresauts comme si quelque chose lui perçait les entrailles. Sa respiration avait gagné un rythme insoutenable tandis que du sang commençait à couler de son nez. Les fers blessèrent ses poignets et ses chevilles, tandis que d'autres plaies, plus profondes, apparaissaient ci et là sur son corps.

Il sentait comme une déchirure dans son âme. Comme si quelqu'un tirait violemment dessus pour l'ôter de son corps. Son Saïka brillait plus que jamais. De ses yeux étincelants coulaient des larmes rouges. Son corps s'agitait de plus en plus, tous ses membres aussi douloureux que si on les cassait de l'intérieur.

Il crut entendre une voix murmurer :


« Voilà qui lui donnera matière à réflexion... »

Et soudain, plus rien. Son corps gisait inerte sur la table, couvert de sang...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 16/09/2011 à 13:59

Haa ! N'est-ce pas du défi que je vois là ? Jubila la vieille quand l'Intendant reprit l'allure qui aurait dû être la sienne bien plus tôt.

Cela la fit sourire, même si ce type de réactions ne l'enchantait guère pour tout dire, mais c'était mieux que l'indifférence soumise et peut-être feinte qu'elle avait constatée jusqu'à maintenant.

Elle ne comprit rien au "charabia luneux" mais il y avait peu de chance que ce soit la poésie d'un amoureux transi. Vouait-il son âme au Tartare ? Ne croyait-il pas que tout cela avait été déjà fait par d'autres bien plus loquaces que lui ?

Les scintillements la fascinèrent un court instant, avant qu'elle ne comprenne que quelque chose attaquait son objet d'expériences. Elle recula d'un pas, son regard virevoltant du haut en bas du corps d'Elen pour ne rien rater de la scène dans un émerveillement morbide. Puis le corps convulsa et elle craignit qu'il n'en meure. Alors qu'il s'affaissait, elle vérifia son pouls, chagrinée.

- Non ça va, tu n'es pas cassé. Dit-elle comme à une poupée qu'on aurait trop secouée.

De la pointe du couteau qu'elle n'avait pas lâché, elle mit en lambeau les habits imbibés de sang pour découvrir les plaies. Les griffures correspondaient. Elle avait bien fait de ne rien croire des mensonges de son esclave.

- Petit garnement, voilà ce qui arrive quand on ne dit pas tout à Mamie Isandre ! Serais-tu possédé ?

Son regard balaya la pièce. Elle-même n'avait pas été attaquée. Alors deux théories étaient envisageables : ou quelque chose habitait Elen et se nourrissait de sa force, ou cette chose était là quelque part et n'était attirée que par ces étranges lueurs qui émanaient du Loup…
Comment cela pourrait-il affecter Elen par la suite ? Le consumer, lui donner plus de pouvoir ? Avait-elle hérité de deux esclaves imbriqués aux pouvoirs contrôlables ou avait-elle commis une erreur qui pourrait la réexpédier dans les limbes ? Elle avait besoin de réfléchir, de se documenter et la curiosité l'émoustilla.

Passant dans une pièce adjacente, elle en ramena un seau d'eau qu'elle balança sur l'Intendant, en guise de soins.

- Tes égratignures auront un peu moins de chance de s'infecter.

Elle récupéra son précieux livre et le rangea dans sa besace. Les runes de l'autre livret brillaient.

- Quoi encore ? Elle roula des yeux, exaspérée par les messages de sa petite-fille.

Bonsoir Grand-Mère,

Le carnet reste désespérément vide de tes mots et cela m'effraie. Je t'en prie, dis-moi où tu es.

Il s'est passé des choses affreuses ici. On était devant les falaises de Zagnadar et tout a explosé. Je ne peux te dire à quel point nous avons tous été atterrés. Le feu a pris sur le plateau, on a lutté tout le jour pour que la ville ne s'embrase pas totalement.
Je suis épuisée mais que dire de toutes les victimes... On croit que les galeries des habitations naines ont cédé et les recherches des survivants devraient reprendre demain. Je redoute ce que nous allons trouver…
Puisse les Dieux m'accorder d'oublier ces images atroces ou elles hanteront mes nuits jusqu'à la fin de ma vie.

J'ai vraiment besoin de toi, Grand-Mère. Rejoins-moi. A bientôt.


Isandre relut le message et une réelle inquiétude la prit. Isa ne s'amuserait pas à de tels artifices pour l'obliger à venir. Au plus, son esprit sensible si peu préparé aux avatars avait-il grossi l'ampleur de la catastrophe... Mais le fond de l'histoire devait être vrai et elle ne pouvait prendre le risque de la laisser seule.

Elle rangea le peu d'affaires qu'elle charriait et vint secouer une des chaînes qui retenaient les bras du Loup. Si le seau d'eau n'avait pas suffi à le sortir de sa léthargie, le tapage des fers terminerait le travail.

- On s'en va.

Elle ne dit rien de plus lorsqu'elle détacha le Loup. Elle effaça de son visage l'appréhension pour sa petite-fille et la remplaça par un certain contentement qui ne manquerait pas de susciter chez le Loup de nouvelles interrogations. Qu'avait-elle vu ? Qu'avait-elle appris ? Que comptait-elle faire de lui et de son étrange compagnon ?



el Par Elen  le 19/09/2011 à 14:28

Froid... Mal... Mouillé...

Il ouvrit les yeux et sentit son esprit vaciller. Le plafond tournait à une vitesse alarmante. Il sentait le froid, sur sa peau, ses vêtements en lambeaux, trempés et collés. Que faisait l'Incarnation ? Il se redressa, mais sa tête retomba sèchement contre la dalle de pierre froide alors qu'un vertige le prenait.

Il eut droit à quelques minutes de répit, avant que les chaînes ne s'agitent, accompagnée de quelques mots de celle qui l'avait torturé :


« On s'en va. »

Elle s'en irait, sans doute. Il lui faudrait se lever, pour l'accompagner. Et s'il ne parvenait pas à faire le voyage ? L'abandonnerait-elle ? Sans aucun doute. Il sentit que le poids des chaînes augmentait, alors qu'elles retombaient après qu'elle l'eut détaché. Il faudrait se décider rapidement.

Il s'appuya sur ses avant-bras et se redressa. Sa vision se brouilla. Il ferma les yeux, se concentrant pour ne pas défaillir. Lorsqu'il les rouvrit, il aperçut l'air satisfait de sa geôlière. Qu'avait-elle appris qui le mette de si bonne humeur ? Avait-elle compris se qu'il se passait ?

Il posa un pied à terre, puis l'autre. Il s'appuya sur la table pour se relever, péniblement. A se tenait-il debout sur sa deux pied qu'il retomba sur la table.


« Fais un peu doucement, Ereinlein... » murmura une voix bien connue.
_ La ferme... » souffla-t-il entre ses dents.
«  Tu forces trop...
_ La ferme...
_ Je ne voudrais pas perdre ma porte...
_ La ferme ! » hurla-t-il.

Isandre sursauta. Elle lorgna du côté de l'Elfe qui semblait s'énerver dans son coin, sans se préoccuper d'elle. Avait-il finalement perdu la raison ? Ou communiquait-il avec ce qui semblait vivre en lui ? Elle n'aurait pu le dire.

L'Elfe tenait à peine sur ses jambes, serrant les dents à chaque pas. Dans un tel état, les chances pour qu'il ne se lève étaient bien maigres. Et celle pour qu'il parvienne à marcher n'étaient pas plus importantes. Et pourtant, il semblait disposé au voyage, résigné à son sort, quoiqu'un peu plus agité qu'auparavant.

Ils quittèrent la geôle. Les Titans lui agressèrent les yeux plus qu'à l'accoutumée. La vieille marchait relativement vite, pour son âge, et lui clopinait à quelques pas derrière. Elle le tenait en laisse et ne lui autorisait aucun arrêt. Ils furent bientôt en vue de Lardanium. Mais ce ne fut pas vers la cité qu'elle se dirigea, en premiers lieux. Elle avança vers un bâtiment militaire dont elle semblait posséder les accès et pénétra à l'intérieur avec son esclave. Elle fouilla un coffre et lui jeta des étoffes moisies en travers de la figure.


« Tiens, voilà ! Change toi ! »

Visiblement, elle se fichait pas mal de son intimité, ou de lui ôter la chaîne pour lui rendre la tâche plus aisée. Il ôta ses guenilles déchirées et ensanglanté, que Isandre jeta immédiatement au feu, et enfila à la place les vêtements poussiéreux sentant la moisissure. Il s'agissait d'un costume relativement vieux, sans doute démodé à Lardanium, unisexe et passablement moisi. Mais cela le couvrirait bien mieux que ce qu'il portait auparavant.

A peine eut-il terminé que déjà ils se remettaient en route. Mais où se dirigeaient-ils?



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 20/09/2011 à 13:19

Aux abords de Lardanium, un messager apporta à Isandre un pli de Tizi. La Lutine avait acquis un esclave elle aussi…

- Le monde marche sur la tête ma parole ! S'était agacée la vieille.

Mais la petite maudite demandait un service, elle qui fricotait au quotidien avec rien de moins que l'Ambassadeur et le Grand Pontife de Lardanium… Il aurait été stupéfiant que l'incarnation n'y voit pas une aubaine pour un investissement à long terme. La Lutine voulait qu'Isandre s'occupe de la dernière prise des Chasseurs d'Immortels.

Ah oui, le gamin chétif que l'Olympien portait sur l'épaule…

Ils se retrouveraient donc tous à Zagnadar. La marchandise devait être nourrie et soignée pour rester présentable.

Quand il verra dans quel état est son congénère, je ne devrais pas avoir besoin de le mater pour qu'il se tienne tranquille.

Isandre ne s'attarda pas sur plus de détails. A sa façon toute laconique, elle avait simplement répondu "J'arrive" à Isa, dans le carnet de correspondances qui leur étaient réservées. Et cela signifiait qu'elle devait se presser. Elle devait encore passer à la bibliothèque commander des copies de certains ouvrages puis retrouver Machin pour récupérer le Louveteau. Ensuite il y aurait quelques jours de marche…

Elle hésita un moment sur les moyens d'assurer sa sécurité. Son esclave semblait à bout de force, mais voir le second captif pouvait ranimer un feu hostile dans ses veines, sans compter "l'autre" dont elle ne savait pas grand-chose. Quand ils furent enfin tous sur le départ, elle fixa certaines règles.

- Toi tu marches devant, fit-elle à Elen. Et toi je te tiens.

Elle s'empara des chaînes de l'enfant et s'aperçut bien vite qu'il n'avait pas leur foulée. Il allait grandement les ralentir. Comme elle ne tenait pas à ce qu'ils communiquent entre eux, rajouter des jours de voyage et surtout des nuits à camper devenait problématique. Tant pis, elle les attacherait loin l'un de l'autre et dormirait peu, ce qui ne la changerait guère.



el Par Elen  le 21/09/2011 à 12:13

Lorsqu'il aperçut Ahenyel, l'Intendant ne put réprimer un long rire nerveux. Il baissa alors son regard, se tenant le front de sa main droite pour se calmer. Lorsqu'il parvint enfin à se contenir, il se redressa.

« Toi tu marches devant, lui lança l'Incarnation. Et toi je te tiens », ajouta-t-elle pour Ahenyel.

Elen s'exécuta, sans broncher, trop épuisé pour réfléchir. Que faisait donc le gamin dans les pattes des Olympiens ? Pourquoi n'était-il pas à la Tanière, avec les autres gosses, à jouer tranquillement tandis que le clan s'estompait peu à peu, sous l'effet des transes délétères ? Il avait été capturé, lui aussi ? C'était probablement le cas. Après tout, il se trouvait avec Machin et Gourlx, quelques minutes auparavant.

Il éclata une fois encore de rire. Le destin jouait contre lui. S'il en avait eu la force, peut-être aurait-il pu fausser compagnie à la vieille et prendre le risque de courir seul en plein territoire Impérial. Mais maintenant que Ahenyel se trouvait avec elle, il ne pourrait plus rien faire. Elle n'hésiterait pas une seule seconde à blesser ou tuer l'enfant, juste pour qu'il se tienne tranquille. Ahenyel n'avait aucune maîtrise de la transe, il ne disposait que d'aptitudes de combat peu ordinaire pour un gamin, mais rien qui ne puisse éveiller l'intérêt de Isandre. Sa vie serait donc mise en jeu à chaque fois qu'il se montrait peu docile...

Il rumina pendant quelques heures, secoué par un rire intermittent et totalement déplacé vu la situation. Puis, il lança, en arrière :


« Alors ils t'ont eu toi aussi ? »

La question, plus rhétorique qu'autre chose, permettrait surtout à l'Intendant de connaître la réaction de la vieille. Ahenyel étant trop jeune pour parler le Loup ancien, discuter dans la langue ancestrale du clan ne servirait à rien, si ce n'est à s'attirer les foudres de l'Incarnation. Mais établir un contact avec l'un des siens rassurait quelque peu Elen. Depuis une saison, maintenant, il ne communiquait qu'avec l'Incarnation acariâtre et le Néant terrifiant. Trouver un compatriote en ces lieu lui paraissait à la fois affligeant et inespéré.

La réaction de Isandre ne l'encouragea pas à poursuivre dans cette direction. En effet, elle lui jeta un regard glacial, en raffermissant sa prise sur les chaînes du jeune, lançant un message implicite au Loup : Ahenyel serait en sécurité tant qu'il l'ignorerait...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Elen  le 23/09/2011 à 14:57

Ils marchaient depuis plusieurs jours, déjà. La destination semblait se préciser. Ils longeaient une rivière au cours paresseux, qui serpentait dans les plaines à l'est de Lardanium. L'Incarnation décida de s'arrêter pour cueillir de la mandragore. L'Intendant ne voulait surtout pas savoir ce qu'elle souhaitait en faire. Outre le fait qu'il s'agissait d'un poison violent, on pouvait l'utiliser dans toute sorte de décoctions.

Soudain, tandis que la grand mère faisait sa cueillette, Elen tomba à terre, ses chaînes devenues extrêmement lourdes pour lui. Une douleur fulgurante lui traversa la cuisse gauche. Puis une autre dans le bras gauche et dans le ventre. Un géant, embusqué de l'autre côté de la rivière, l'avait pris pour cible. Quel idiot ! Quel Forestier serait assez fou pour se promener à découvert si loin dans les terres Impériales ? Ce ne pouvait être qu'un esclave ! Mais ces dernières années, le niveau de réflexion de certains Géant avait chuté au point qu'ils étaient devenus méconnaissables pour l'Intendant.

Sitôt qu'il eut remarqué les chaînes, et donc son erreur, le Géant s'empressa de quémander le pardon de Isandre. Elle le lui accorda rapidement tandis que Elen pansait ses plaies. Le grand balourd avait utilisé une de ces armes étranges, un Chakkrang, qui revenait toujours vers son propriétaire. Il n'y avait pas de flèches à retirer et les plaies n'étaient que superficielles...

Il se releva donc, non sans grimacer de douleur, prêt à poursuivre la route sitôt que sa « maîtresse » le lui ordonnerait.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Elen  le 26/09/2011 à 12:41

Les montagnes de Zagnadar ne cessaient de s'agrandir. Et la forêt des Cendres, qu'il apercevait au sud, silhouette indistincte à l'horizon, lui parut plus proche que jamais. Il aurait aisément pu fausser compagnie à Isandre, en temps normal, et ce malgré les deux Géants qui faisaient à présent le voyage avec eux, un certain Korad et un autre dont le nom lui échappait totalement Mais il ne pouvait pas abandonner Ahenyel aux griffes des Impériaux et ses blessures de tantôt le faisaient encore souffrir.

Mais plus important encore que ces raisons, il ne voulait pas provoquer le Néant outre mesure. Celui-ci avait décidé que Isandre serait « sa clef », l'Elfe ne souhaitait pas encourir le courroux du monde des esprits. Ou pire encore, que le Néant ne se libère en pleine Forêt des Cendres, là où vivaient sa femme et ses amis ! Il frissonna à cette seule idée. Que voulait au juste cette puissance d'un autre plan d'existence ? Pourquoi souhaitait-elle passer dans le monde des mortels ? Toujours est-il qu'il préférait largement voir le Néant se libérer en plein cœur du territoire Impérial ! Même si à terme, cela revenait probablement au même.

Il leva les yeux au ciel, évitant tout mouvement de tête : un oiseau attirait son attention. Là où pour les autres, il s'agissait probablement d'un simple et stupide animal, lui comprit qu'il s'agissait de bien plus que cela. Nivalis ! Le faucon de Calith ! Il l'aurait reconnu entre mille de ses congénères, l'ayant côtoyé tout autant que l'Intendant du clan de cet animal.

Si Calith envoyait son précieux ami dans les airs, au dessus même du territoire Impérial, c'est qu'il n'était pas loin. Peut-être le cherchait-il et avait-il retrouvé sa trace. Comment faire comprendre à son amis que ses recherches seraient vaines ? Que s'il le retrouvait, il mettrait en danger non seulement les Sylphes mais aussi les Forestiers dans leur ensemble ?

L'Intendant portait toujours sur lui ses flûtes, celles de Kowü et la sienne. Isandre les lui avait laissées car elle ne souhaitait pas s'encombrer outre mesure. Peut-être pensait-elle pouvoir amadouer quelqu'un par la musique... La main gauche dans la poche de son vêtement, il gratta de ses ongles l'instrument pour y graver deux idéogramme Loup simples, son autre main plaquée sur la blessure au ventre pour dissimuler l'opération.



Elen avisa un buisson, sur le chemin. Il se laissa choir, simulant une chute provoquée par la fatigue. Isandre le faisait marcher devant, cela lui profiterait, pour une fois. Discrètement, dans le mouvement de sa chute, il laissa tomber son instrument au milieu des buissons. Il resta quelques instants au sol, se mouvant lentement, comme sonné. Il se releva avec de réelles difficultés, à la fois parce qu'il avait tendu la chaîne dans sa course, mais aussi parce que les blessures provoquées par le Géant de l'autre jour le faisaient encore grandement souffrir, il déchira volontairement un morceau d'étoffe contre le buisson. Au moins Calith saurait qu'ils étaient passés par là récemment. Et peut-être trouverait-il le message...

Isandre lui donna un coup de canne pour l'intimer de se remettre en route, observant l'endroit de sa chute avec soupçon. Elen remercia intérieurement Luwö que l'Incarnation soit si pressée qu'elle n'ait pas poussé plus loin son inspection, car il avait deviné un certain côté paranoïaque chez elle qui ne faciliterait jamais aucune tentative d'évasion.

Et ils reprirent la route, Elen clopinant devant. Quelle malchance ! La plaie de sa cuisse s'était rouverte durant son petit manège. Rien de bien grave, en somme, mais il lui faudrait panser cela correctement au prochaine arrêt... S'il y en avait



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

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el Par Elen  le 26/09/2011 à 15:08

Zagnadar... L'Elfe se souvint avoir autrefois gravit les contre-forts rocheux de la montagne lorsqu'il lui avait fallu aller chercher Kyneth, alors sous la bonne garde de Deathscythe, un géant ami du clan du Loup. Mais jamais il n'avait progressé si haut dans la montagne. La route qu'ils empruntaient, pleine de cailloux qui avaient quitté les falaises à la faveur d'une pluie peut-être, serpentait de pics en pics.

Le chemin n'était ni aisé, ni pratique lorsque l'on portait des chaînes. Les Géants avaient su cacher leur cité ! La route qu'il fallait emprunter pour y accéder devait être une défense naturelle contre d'éventuels envahisseurs. Il initièrent la dernière montée, la plus ardue, lui sembla-t-il, d'après ce qu'il comprit de l'échange entre Isandre et Korad. Le groupe passa à travers une grande chape de brume.

Elen ne voyait pas même ses mains ! Pourtant, il le savait, les autres savaient exactement où lui se trouvait : ses yeux étincelaient dans la brume et, sans éclairer sa route, ils demeuraient visibles à plusieurs pieds de distance ! Aucune chance de filer en douce dans ces conditions !

Elen se demandait encore quel pouvait être la nature de ce changement physique : il savait qu'il s'agissait d'un lien avec le monde des esprits, cela ne faisait aucun doute, mais cette lueur fantomatique n'avait rien à voir avec de la lumière. Cela brillait, sans pour autant éclairer. Cela ressemblait plus à un halo permanent, à une brèche entre son esprit et l'autre monde. Il n'avait jamais rien lu de comparable dans les écrits de son clan. Et à sa connaissance, personne n'était revenu affublé de tels traits après une transe, même aussi profonde.

Ils pénétrèrent dans la cité par le nord ouest dans la cité, tombant nez à nez avec l'autel élémentaire du feu, à ce qu'en put juger Elen. Un vague patatoïde de lave rougeoyant s'élevait, gigantesque et brûlant ! La puissance élémentaire de feu semblait étrangement présente en ces lieux. Et Elen repensa à la découverte de l'élémentaire de feu, dans le Gouffre des Lunes...

Les rues de la ville avaient été désertées. Les bâtiments en ruines et les restes charbonneux qui jonchaient le sol offraient un spectacle de désolation sans pareil. L'Intendant ne connaissait rien de l'état du reste de la cité, mais il se sentait peiné pour le Peuple Géant, malgré la distance qui le séparait d'eux. Il adressa mentalement une vague prière à Luwö pour que le Totem prenne en pitié ceux qui semblaient avoir souffert, avant de se rappeler que le contact avec le Totem était rompu.

Isandre les guida sans grande hésitation vers un tunnel, qui semblait avoir été récemment déblayé. Ils pénétrèrent sous terre. L'obscurité, les pierres des maisons souterraines naines éventrées et la sensation oppressante qu'une puissante magie était à l’œuvre, que cela soit celle du Néant ou d'un autre, rappelèrent à Elen les ruines de Kazad a Gorog. Visiblement, rien n'épargnait le peuple Nain ! Les catastrophes semblaient devoir s'abattre sur eux aussi certainement que la pluie tombait du ciel !

Au bout de quelques heures d'exploration, alors qu'un grondement souterrain devenait de plus en plus important, le sens d'orientation de l'Elfe avait finalement rendu l'âme. Ils approchèrent d'une galerie qui descendait fortement, formant semblait-il un entonnoir peu naturel. Des cordages avaient semble-t-il été récemment installés pour faciliter une éventuelle remontée depuis la zone en contrebas.

L'Intendant allait emprunter le tunnel lorsqu'il sentit un souffle froid sur sa nuque. Sursautant, il se retourna vivement, son regard s'accrochant à une forme indistincte qui planait ci et là dans les couloirs ! Pâle et fantomatique, l'apparition lui semblait totalement désintéressée des vivants. Les avait-elle suivit ?


« Qu'est-ce que... »

Il plissa les yeux et distingua plus nettement la silhouette : elle était petite et trapue. En vérité, on aurait dit un Nain. La créature spectrale semblait préoccupée, comme si elle avait perdu ou besoin de quelque chose. Elen, contre tout ce que le bon sens aurait du lui enseigner, tendit la main vers elle et...

L'apparition sembla percevoir sa présence et se tourna brusquement vers lui. Il eut un violent mouvement de recul, et, malheureusement, il chuta dans la caverne qui se trouvait derrière lui, entraîné par le poids de ses chaînes...

Il s'affala sur le sol, dans un fracas métallique. Relevant la tête, il aperçu, peu rassuré, un Olympien,une Olympienne, deux Géants et un de leurs épouvantail. Que se passait-il donc ici ?




Et les galeries révélèrent leurs secrets...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes