Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Doubles jeux
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Doubles jeux
Topic visité 764 fois
Dernière réponse le 20/11/2011 à 09:27

el Par Elen  le 12/10/2011 à 11:06

L'ascension a débuté là...

L'Intendant marchait quelques pas devant Isa Cestia, visiblement épuisée. Depuis combien de temps ne dormait-elle pas ? Il n'aurait su le dire. Mais les rares fois où les combats avaient perdu en intensité dans la caverne, elle s'était contentée de s'asseoir contre les parois et de se maintenir éveiller. Quel lourd secret cachait-elle pour à ce point éviter les bras de Morphée ?

Elen, lui, avait mieux dormi que jamais. D'un sommeil agité et inquiet, certes, sans doute du à l'atmosphère pesante du lieu et la présence dissimulée au plus profond de son âme, mais il avait dormi. Ainsi, il avait eu l'opportunité de reconstituer une à une les barrières qui avaient été détruites, d'en former des nouvelles, qu'il jugeait plus complexes et plus résistantes. Il n'avait cependant pas réussi à trouver quoi que ce fut ayant une essence suffisamment pure et spirituelles pour se créer un nouveau talisman.

Puis il fut décidé qu'ils devaient rejoindre la surface. Pour protéger Lardanium, ou quelque chose comme ça. Cela lui importait peu, en définitive. Il se devait de savoir si Isa Cestia pourrait-être un soutient. Si elle l'aiderait par exemple à trouver l'Origine, s'il le lui demandait. Pour la sécurité de tous les peuples.

Il gravirent la pente qui les ramenèrent aux galeries passablement inondées qu'ils avaient parcourues plusieurs jours auparavant. A mesure qu'ils progressaient dans les couloirs, Elen sentait que l'atmosphère devenait bien plus pesante. Comme si quelque chose de sombre se préparait autour d'eux. Lui ne pouvait pas le constater, mais la lueur dans ses yeux regagnait en intensité, à mesure qu'ils se rapprochaient de la surface...

Il frissonnait tandis que des sueurs froides parcouraient son dos. Quelque chose n'allait pas dans ce couloir, il en aurait mis sa main au feu. Mais il ne savait pas exactement quoi. Une ombre rampait, là, quelque part, il pouvait le sentir. Elle prenait des chemins tortueux, se glissait partout où elle le pouvait. Et inexorablement, elle se rapprochait.


« Dame Isa, reculez vous, s'il vous plaît... Éloignez vous de moi... »

Cette sensation, il la connaissait. Ses yeux se plissèrent sous l'effort mental qu'il faisait pour contenir ce raz de marrée qui détruisait une par une ces défenses qu'il pensait imprenables. Le souffle court, contre la paroi, il ne savait pas exactement si Isa Cestia s'était éloignée de lui mais il n'était plus en mesure de le savoir : sa vue se troublait, tandis qu'il pataugeait dans le bourbier qui les entourait.

Son Saïka s'illumina sur son épaule droite. Il n'était plus la cible facile à laquelle
Il s'était habitué ces deniers temps. Ce passage aux Enfers lui avait rendu ses forces et l'envie de luter. Il mobilisa toute son énergie contre cette vague, formant un mur. Son esprit se heurta à une force comme jamais il n'avait eu à en affronter.

Il engagea le bras de fer, prêt à tout pour contenir son adversaire loin de sa conscience. Il frappa, frappa, frappa encore. Il lui asséna les coups les plus puissant qu'il pouvait, tentant de percer les défenses de l'entité millénaire et de s'insinuer en elle pour saper ses forces de l'intérieur. Il parvint à trouver une brèche et il s'y fraya un chemin, taillant, tranchant et brisant les barrières que l'ennemi avait mis en place et...

Il fut piégé. Encerclé par un adversaire bien plus fort qu'il ne le serait jamais, qui avait su profiter de l'abus de confiance qu'il avait en ses capacités soi-disant retrouvées.

Pire ! Les défenses adverses qu'il croyait avoir abattues étaient en fait les siennes, habilement maquillées. Il avait détruit ses propres défenses pour se retrouver exactement comme au point de départ....

Exténué, l'Intendant se laissa retomber au sol, dos contre la paroi, son Saïka faiblissant alors que la lueur dans ses yeux avait gagné une intensité telle qu'elle n'en avait jamais eue auparavant.

Humilié, brisé et désespéré, les larmes perlèrent sur ses joues salies par les combats passés...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 13/10/2011 à 09:06

Ce long défilé rocheux qui n'en finissait pas… Puis cette boue qui pesait aux jambes et les faisait paraître de plomb…
Avancer était devenu quelque chose de mécanique et Isa s'était refermée sur elle-même au point qu'elle ne remarqua pas Tizi avec l'esclave que sa grand-mère lui avait amené.
La brume des corridors marécageux l'isolait petit à petit et son esprit recroquevillé dans un coin de sa tête ne faisait plus l'effort d'en percer l'épaisseur.
Il fallait qu'elle sorte des Enfers, qu'elle retrouve l'air libre et les couleurs du ciel, le scintillement des étoiles et la bénédiction des Lunes. Sinon le rituel ne fonctionnerait pas et elle oublierait les mille détails cruciaux de ces derniers jours. Ce n'était pas envisageable.
Ses pages du soir avaient gagné en épaisseur mais elles n'étaient pas suffisantes. Isa ne pouvait tout noter et cela se limitait à une poignée de noms, quelques descriptions, des brides de conversation. Mais tout le reste… Il avait fallu se battre contre des horreurs revenues d'entre les morts puis affronter les remarques désobligeantes des uns et des autres quant à la situation d'Elen. Difficile d'assumer son rôle d'esclavagiste impérial lorsque le cœur n'y est pas… Mais elle s'était redressée face aux Géants accusateurs et n'avait rien laissé paraître de ses sentiments. Une bonne petite Olympienne… Sa grand-mère n'avait pas eu l'ombre d'un reproche à lui faire.
Heureusement la délivrance se rapprochait. Il y aurait l'escarpement glissant à gravir puis les galeries naines enfumées et pleines de décombres et enfin le plateau de Zagnadar. A moins qu'ils ne se fourvoient et débouchent sur un des sentiers d'accès qui serpentaient à flanc de falaise. Cela n'avait pas d'importance tant qu'ils étaient bien retournés dans le monde des vivants.

La voix d'Elen lui parvint comme dans un songe. Elle ne comprit pas les premiers mots, juste interpellée par le timbre qui était devenu familier.

- ... Éloignez-vous de moi...

Elle ne put que s'arrêter et tendre une main vers la paroi rassurante, aussi inquiète qu'intriguée. Est-ce qu'une nouvelle crise de démence allait dominer l'esprit de l'Elfe ? Il paraissait pourtant lucide, même quand son regard papillonna sans plus rien voir et que ses poings blanchis d'être trop serrés trahirent un combat intérieur intense. Et cette lumière qui le nimbait, qu'était-elle ?

Isa n'osa pas s'approcher et sa grand-mère ne fut qu'une spectatrice attentive, comme si elle décortiquait chaque mouvement de l'esclave. Quand il s'écroula, la jeune femme le rejoignit et s'accroupit à ses cotés.

- Que vous arrive-t-il ? Demanda-t-elle en chuchotant pour ne pas faciliter la tâche aux curieux indélicats. Si vous êtes souffrant, je connais de bons herboristes à Lardanium, on vous soignera…



el Par Elen  le 13/10/2011 à 18:34

L'Olympienne semblait réellement vouloir l'aider, contrairement à son aïeule qui semblait relativement satisfaite tout autant que stupéfaite par le précédent spectacle. La jeune femme, qui semblait à présent sincèrement inquiète de son état lamentable, le stupéfiait. Elle semblait avoir elle aussi un lourd fardeau à porter, comme le suggérait son attitude, et pourtant elle trouvait encore l'énergie ou l'envie de se porter au secours de ce qui se rapprochait le plus d'un ennemi, malgré son titre présent d'esclave.

Ses larmes séchèrent. Non pas que la tristesse s'était évanouit, ou que la sympathie de l'Olympienne l'avait calmé. Mais tout simplement parce que son corps, à bout de force, ne pouvait plus se permettre de gaspiller de l'énergie pour des sanglots qui ne feraient pas évoluer la situation. Elle parlait tout bas, comme si elle ne souhaitait pas que sa grand-mère surprenne ce qu'elle lui avançait. Et cela concordait parfaitement avec le désirs du Loup, qui répondit tout aussi bas :


« L'herboristerie ne peut rien contre ce mal. Je ne peux que lutter autant que faire se peut pour... »

Il s'interrompit, ne sachant s'il pouvait révéler son secret à la jeune femme. Jouait-elle un jeu avec lui, pour lui soutirer des informations pour le compte de Isandre ? Tel qu'il s'imaginait connaître la vieille, la chose lui semblait plus que probable. Et il ne pouvait se permettre de risquer d'offrir une ouverture à un ennemi qui gagnait en puissance à chaque instant.

« C'est ma punition pour mon orgueil. C'est un fardeau qu'il me faut porter seul, madame... »

Il lança un regard latéral à Isandre, pour voir comment elle réagissait à tant de promiscuité entre sa descendante et l'esclave. Jubilait-elle de l'imaginer fournissant les informations qu'elle avait tant cherchées ? Ou comprenait-elle que finalement sa petite-fille ne châtierait peut-être pas l'elfe comme elle le souhaitait?



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 14/10/2011 à 12:19

Les messes basses d'Isa devaient fleurer bon les niaiseries habituelles, sa grand-mère aurait pu en mettre sa canne à scier. Mais c'était une bonne chose. Exercer la force sur l'esclave avait des conséquences bruyantes, salissantes et surtout peu constructives. La manière douce de sa petite-fille serait au final, peut-être plus efficace. Il fallait tester. Faisant mine de ne plus s'intéresser à leur conversation, elle reprit son chemin, pestant qu'il soit si pénible pour une personne de son âge.

Perplexe, Isa pencha la tête à la réponse d'Elen et l'interpréta tel que ses croyances bien ancrées le lui permettaient.

- Avez-vous fâché les Dieux ? Demanda-t-elle avec une pointe de frayeur dans la voix. J'ai été longtemps servante au Havre d'Aphrodite. Nous irons, les Dieux peuvent se montrer cléments si nous les louons sincèrement. Mais pour l'heure…

Elle avisa autour d'eux les terres gorgées d'eau où ils finiraient d'épuiser leur énergie à lutter contre les miasmes putrides et le froid engourdissant.

- On ne peut rester là. Venez.

Elle passa son bras sous celui d'Elen pour l'aider à se relever.



el Par Elen  le 17/10/2011 à 09:21

Il ne voulait certainement pas froisser la jeune femme, aussi se retint-il de dire que si les Dieux avaient quelque chose à voir là dedans, cela lui simplifierait grandement la tâche. Il se demanda par ailleurs si finalement tout ceci n'était pas orchestré par une divinité. Après tout, la chose demeurait possible. Les facéties divines n'avaient aucune limite, disait-on. Et ils ne se privaient jamais d'éprouver les mortels qu'ils avaient choisis, soit de tourmenter, soit de tester. Mais quel dieu voudrait se faire une idée de ses forces à lui, un simple Elfe des Lunes ? Cela lui semblait impensable.

Elle passa son bras sous celui du Loup et il eut un léger mouvement à la fois de répulsion de de curiosité. Ce contact avec l'ennemi lui rappelait un passé qu'il ne souhaitait pas oublier. Et en même temps, la confiance n'était pas au rendez vous. Et pas seulement en elle, mais aussi en ce que
lui pourrait lui faire par son intermédiaire...

Il accepta son aide, malgré lui. Il ne pouvait pas la repousser, après tout, et il voulait la remercier du regard, mais ils songea que ses yeux avaient à présent un aspect inhabituel, si ce n'est effrayant. Il se releva, chancelant. L'effort mental qu'il avait dû fournir, en vain, lui avait sapé toutes ses forces.


« Merci... » dit-il simplement. « Sauf votre respect, je ne crois pas avoir provoqué la colère d'un dieu. Je ne leur ai jamais manqué de respect, si ce n'est peut-être en les ignorant autant qu'ils m'ignorent. Je doute qu'un temple me libérerait du mal qui m'habite... »

Il appréhendait le retour la la surface. Vu les forces qu'avait gagnées son ennemi simplement en émergeant un peu des enfers, quels seraient ses pouvoirs à la surface ? Pourtant, il ne pouvait rester éternellement dans la demeure des morts. Si l'Olympienne lui laissait l'occasion de parler seul à seul, sans sa grand-mère, peut-être envisagerait-il de lui exposer son problème. S'il la jugeait digne de confiance... Ou si tel était le dernier choix qui lui restait... Au rythme où le mal grandissait...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 19/10/2011 à 12:26

L'Intendant ne semblait pas réfractaire à la conversation, mais il restait sur ses réserves. Isa pouvait comprendre. Tout était compliqué entre eux et la surveillance permanente d'Isandre qu'elle devinait malgré l'air détaché de la vieille dégradait l'ambiance déjà affectée par leur faiblesse physique.
Ni une maladie ni une malédiction… Isa n'avait pas la même culture magique d'Isandre et ne pouvait envisager facilement d'autres options. Puisqu'elle n'avait pas de solution immédiate aux soucis de l'Elfe et qu'elle n'avait pas envie de le harceler de questions, elle dit simplement :

- Nous en reparlerons plus tard alors, si vous le souhaitez.

La remontée était un cauchemar. Le cœur d'Isa cognait dans sa poitrine au rythme d'un bélier géant qui attaquerait les portes d'une forteresse. Lent et fracassant. Un effet secondaire des drogues qu'elle prenait pour lutter contre le sommeil. S'ils n'arrivaient pas vite à la surface elle devrait renoncer à en prendre, elle était déjà trop proche du malaise. Les étoiles adoptaient la bonne configuration quelques jours, il ne fallait pas les rater ou tous ses souvenirs seraient perdus. Sauf les notes, qu'elle écrivait désormais avec parcimonie. Il fallait choisir entre le temps de repos et le temps de marche, inconciliables.

Les Nains se réappropriaient leurs galeries, petit à petit. On voyait des Géants en armes monter ou descendre. La civilisation reprenait ses droits au cœur même de la montagne. Ils finirent par déboucher sur un des cols et la chaleur encore sensible de la fin de saison leur parut douillette par rapport au froid souvent humide des souterrains.

- Enfin ! Soupira Isa. On s'arrête là.

Peu importait s'ils campaient au beau milieu de la voie, le soulagement d'être à l'air libre venait de lui couper les jambes. Elle ne grimperait pas une toise de plus vers le plateau pourtant proche.
Ils mangèrent sommairement avant qu'elle ne s'attelle à la préparation de son rituel. Il ne fallait pas grand-chose, quelques morceaux d'ambre à consumer, un peu d'eau consacrée par les Sœurs du Havre d'Aphrodite, un parchemin qui rassemblait des prières ornées de glyphes. Elle s'arracha une demi-douzaine de cheveux qui devraient brûler dans une petite coupelle.

Il fallait maintenant qu'elle relise avec soin ses notes mais elle luttait pour se concentrer. L'air abattu d'Elen l'inquiétait, comme les regards calculateurs d'Isandre d'ailleurs. Et la nuée d'étincelles qui voletait comme si de rien n'était…

- Est-ce que… Tenta-t-elle pour attirer l'attention de l'Elfe. Est-ce que vous voudriez jouer un air de flûte ? Nous sommes dehors, il fait bon, nous allons avoir une belle soirée… Je ne serais pas contre un peu de musique.



el Par Elen  le 20/10/2011 à 09:29

La jeune femme lui parut absorbée dans ses pensées, comme assaillie par la crainte ou le soucis. Était-ce de la faute de l'esclave ? Ou était-ce à cause de ce secret qu'il avait su déceler en elle, sans en connaître la nature ? A ce qu'il pouvait juger, l'Olympienne n'aspirait qu'à une chose : retourner à la surface. Or, lui, n'aspirait qu'au contraire ! Quelle étrange pensée ! Désirer à ce point séjourner dans les Enfers, sans pour autant être mort...

La remontée fut pénible pour lui. En vérité, ce fut plus une descente qu'une remontée. Plus ils s'éloignaient de l'influence des Enfers, plus son âme glissait dans le monde des esprits, il le sentait bien. L'autre avait du s'acharner à élargir le passage. Ses yeux luisaient plus que jamais, sans émettre de lumière. Lui n'en avait aucune idée, mais à voir les traits de la jeune femme lorsqu'ils échangeaient un regard, il comprit qu'elle avait remarqué.

A la surface, Isa Cestia sembla soulagée et demanda immédiatement à ce qu'ils s'arrêtent. Le Loup fut en quelque sorte soulagé car la nausée le prenait et ses forces vacillantes ne lui auraient pas permis d'avancer plus encore. Il s'installa à même le sol, le plus loin possible de Isandre et le plus près qu'il l'osa de sa maîtresse, tandis que l'élémentaire de feu tournoyait dans leur dos, réchauffant l'air. Elle lui offrit de la nourriture, bien plus correcte que celle que la vieille lui avait donné dans la geôle, et qu'il accepta avec gratitude. Il devait récupérer ses forces, aussi futile que cela soit.

Il observa ensuite avec une certaine curiosité le manège de sa maîtresse. Etait-ce là un rite dédié à ses divinités ? Elle sortit de l'ambre, des fioles d'eau et un parchemin dont il ne put qu’entrapercevoir le contenu. Ensuite elle s'arracha des cheveux et elle se saisit d'un carnet, qu'elle avait remplit chaque soir. L'Elfe ne comprenait rien, mais elle semblait relire ses notes. Qu'est-ce que cela signifiait ?


« Est-ce que… Est-ce que vous voudriez jouer un air de flûte ? Nous sommes dehors, il fait bon, nous allons avoir une belle soirée… Je ne serais pas contre un peu de musique. »

De la musique ? Il lui restait bien la flûte de Kowü. Mais il la conservait pour des occasions spéciales...

De la musique... Après tout... Peut-être était-ce la dernière fois qu'il en aurait l'occasion ? Il hocha la tête, sortant l'instrument de sa poche. L'objet était ancien. Aussi vieux que son mentor ou presque. Ce dernier avait taillé l'instrument durant l'une de ses errances. Il l'avait orné de divers symboles Loups à demi effacés par le temps. C'était la flûte la plus finement ouvragée qu'il lui avait été donné de voir. La sienne, lorsqu'il l'avait encore sur lui, faisait pâle figure à côté de celle-ci. Et le son qui sortait de l'instrument de son mentor était à la fois d'une grande pureté et plus justesse.

Il porta l'instrument à sa bouche et joua le premier air qui lui vint à l'esprit : « La fête des étoiles ». Un morceau emprunt d'espoir et de nostalgie, à la mélodie douce, lente et envoûtante. L'élémentaire de feu sembla réceptif au morceau, modifiant la chorégraphie des nuées ardentes qui le formaient, s'adaptant au rythme de la musique. Le Loup se sentit comme allégé d'un poids, alors qu'il jouait. Comme si l'emprise de
l'Autre se désagrégeait.

Les Titans jouaient avec l'horizon, se couchant loin à l'ouest. Zagnadar s'illuminait, sur les plateaux, comme pour répondre au chatoiement des étoiles, apparaissant progressivement dans les cieux, au milieu de ces dégradés de bleu, d'orange et de pourpre que formait le couchant.

L'atmosphère et la musique inspirèrent le Loup qui, lorsque le morceau fut terminé, posa sa flûte sur ses genoux, et commença à chanter. Sa voix, ces derniers jours brisées, semblait à présent normale. En vérité, l'Elfe avait toujours été un bon chanteur, d'après l'avis des siens. Elle s'élevait, cristalline, entonnant une mélopée ancienne, dans la langue de son clan : « L'amour d'Aelio et Neleth »

Cela narrait l'histoire d'un Loup, Aelion, qui, dit-on, s'était épris d'une nymphe, Neleth. Les premiers couplets, aux accents tristes, contait comment un tel amour semblait impossible. Les suivants, pleins de joie et d'espoir, la rencontre des deux amants et l'éclat de leur amour qui émergeait enfin au grand jour. Ensuite venait un couplet emprunt de colère qui narrait comment Neleth avait été enlevée par le Dieu des Dieux, Zeus lui-même et le défi que lança le jeune Loup aux Dieux afin de récupérer sa belle. Ensuite l'histoire se poursuivait, mélancolique, avec la punition que Zeus lança sur le mortel qui l'avait insulté : le Loup serait condamné à ne plus jamais pouvoir voir ou entendre sa promise, mais toujours être capable de la sentir, lorsqu'elle se trouvait près de lui. Puis le chant, aux accents clairement tristes, contaient comment le pauvre Elfe se retrouvait auprès de sa belle et comment il l'appelait, en vain. La suite contait comment la nymphe implora la pitié de Zeus et dans quelle condition celui-ci la lui donna, les paroles mêlant la colère que la soupirante ressentait pour la divinité et l'espoir qu'elle avait d'enfin être auprès son amant. Enfin, la fin de la chanson, triste en somme, expliquait comment Neleth retrouvait son amant, dans les bras d'une autre : la mort était venue chercher celui qui avait perdu espoir, alors même que la malédiction était enfin levée. La chanson s'achevait sur les derniers mots, pleins d'espoir et de foi en l'avenir, d'Aelion pour son amour enfin retrouvé : à quel point il n'aimait qu'elle et que son amour transcenderait la mort...

Enfin Elen se tut, la chanson ayant duré plusieurs dizaines de minutes...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 21/10/2011 à 09:43

Isa en termina avec ses feuillets. Etait-ce la musique qui l'apaisait ? Ou les effets de ses décoctions qui s'envolaient ? Le rituel s'achevait sous le scintillement des étoiles. Tandis qu'Elen s'était mis à chanter, elle rangea ses affaires rapidement et s'installa pour dormir, presque en boule sous une fine couverture, sereine désormais. Tournée vers Elen, elle ne pouvait détacher son regard de ses yeux luisants. Il paraissait plus fort et moins fatigué maintenant qu'il y avait quelques heures. Elle savait qu'au lendemain elle aurait toujours cette image et cette chanson en tête. Elle en fut heureuse, sans trop savoir pourquoi et un petit sourire s'accrocha à ses lèvres.
De la ballade, elle n'avait compris que "Zeus" et les accents tragiquement émouvants de la mélodie. Une histoire d'amour impossible peut-être : le Dieu des Cieux n'avait jamais été en reste pour compliquer les affaires sentimentales des mortels.

Quand Elen eut terminé et que le silence revint sur le campement, les yeux d'Isa étaient prêts à se clore.

- Merci Elen, murmura-t-elle. Dites… Vous êtes marié ?

La question venait sans doute comme un cheveu sur la soupe, orientée par l'émotion que suscitait la chanson. Trop ensommeillée, elle ne mesurait pas si son interrogation troublerait son prisonnier. Elle s'attendait juste à un oui ou à un non laconique, voire un simple mouvement de tête comme il répondait souvent.

********

La question, non seulement troubla le Loup, mais plus encore elle fit s’envoler quelques idées folles à propos des pensées actuelles de l’Olympienne. Elle semblait sur le point de s’assoupir. Et dans ces moments, lorsque l’on y prenait pas garde, l’esprit s’égarait et les pensées se formulaient d’elles-mêmes sous forme de paroles...

”Hum... Euh... Je suis marié, oui... Pou...”

Il suspendit sa phrase, décidant de ne pas poursuivre...

********

- Oh… Fit-elle avec une pointe de surprise qui s'éteignit vite.

Elle se trouva de nouveau honteuse de le retenir captif et elle baissa les yeux, n'osant plus le regarder.
Avait-il aussi des enfants ? Pourquoi avait-il pris autant de risques, s'était-il tant éloigné au point d'être pris ? Pourquoi ne cherchait-il pas à s'enfuir, avec l'aide de l'esprit du feu qui semblait un adversaire tout à fait respectable ? Etait-ce pour éloigner ce fameux mal des siens ? Etait-il devenu dangereux pour eux ?
Elle ne formula pas vraiment toutes ces questions qui flottèrent un court instant aux abords de sa conscience. Elle constata simplement, en quelques mots qui pourraient passer pour une interrogation si l'on n'en distinguait pas les nuances :

- Vous ne vous enfuirez pas, n'est-ce pas.

Isandre croirait qu'elle s'inquiétait uniquement de leur sécurité. Elen lui-même aurait sûrement intérêt à mentir. Mais Isa savait qu'elle avait mis le doigt sur quelque chose et que ça serait important. Plus tard. Sa main se referma sur son appeau tandis qu'elle attendait la réponse du Loup.

********

Il trouvait quelque chose à la fois de touchant et de... Quelque chose d’honnête, en elle. Une honnêteté débridée, probablement par ce qu’elle dissimulait en elle. Et cela titillait une fibre en lui qui n’avait que très rarement été atteinte ces dernières années. Cela lui évoquait un autre être, porteur d’un fardeau, comme elle, et qui ne voulait que le bien autour de lui, bien que le monde refusait de lui donner. Cela lui rappelait Kowü.

Peut-être fusse pour cela qu’il se rapprocha d’elle, plus encore, dans un mouvement fluide et silencieux, et qu’il murmura, pour qu’elle seule entende :


”Il serait préférable que je le fasse... Mais à présent, je n’en aurai pas la force...”

Il se redressa, s’éloignant promptement d’elle, non sans jeter un coup d’œil à la vieille. Il aurait pu jurer qu’elle enrageait de ne pas avoir entendu ce qu’il avait annoncé à Isa Cestia...

********

Ce fut comme si elle l'avait invoqué. Aussi soudain qu'effrayant. Il se glissait vers elle, félin, intangible et pourtant tellement présent. Il lui murmura :

- Si tu te sens assez forte pour affronter ces obstacles avec moi…

Non… Ce n'était pas lui. Un autre. Mais qui ? Elle eut peur. Vraiment.
Avant que son esprit perdu entre deux époques ne reconnaisse Elen, il était déjà retourné à sa place. Elle l'avait pourtant entendu. Un sens… Une vérité… Plusieurs… D'autres questions viendraient. Demain… Oui demain tout irait mieux, elle aurait oublié. Non, pas cette fois… Par les Dieux, qu'avait-elle fait…

- On a… On a tous besoin de repos… Bonne nuit Grand-Mère… Elen, fit-elle comme en réponse et, encore sous le choc de l'hallucination, elle remonta soigneusement sa couverture jusqu'à ses yeux qui se bordaient de larmes.



el Par Elen  le 24/10/2011 à 10:22

L'Elfe s'installa en tailleur, après qu'elle eut souhaité bonne nuit à tout le monde. Il leva les yeux vers les cieux étoilés, contemplant les astres. Quelles lumières brillaient à ce point dans l'obscurité qui entourait le monde pour que les mortels puissent la contempler ? L'élémentaire de feu s'était rapproché de lui, tournoyant et s'agitant. Les nuées s'étaient installée dans le foyer encore ardent du feu qu'avait utilisé l'Olympienne. Leur caverne leur manquait-elle ? Et que faisait Logdé Pyros, à présent ? Considérait-il toujours l'Elfe comme un allié ?

Son regard se porta vers la vieille, elle aussi allongée, à quelques pas de Isa Cestia. Il surprit un bref éclat. Elle le surveillait, elle ne dormirait pas, ou peu, comme lors du précédent voyage. Elle devait enrager que sa petite-fille ait repris les choses en main. A moins que tout cela ne soit qu'une manœuvre de plus pour lui soutirer son secret.

L'Elfe se désintéressa de la petite vieille, lui souhaitant bien du courage pour veiller, car il comptait bien ne laisser aucune opportunité au Néant pour gagner en puissance. Ses chants de tantôt avaient apaisés son esprit. Peut-être chanterait-il encore le lendemain, pour son propre plaisir. Il appréciait l'exercice, tant autant que de jouer de sa flûte ou danser. Mais depuis qu'il avait pris la tête de son clan, chanter, jouer ou danser lui avait été impossible. Il s'était acharné à défendre les intérêts des siens tout autant qu'il l'avait pu, à manœuvrer comme le faisaient les autres écœurant politiciens, surtout ceux de Na'Helli, mais aussi certains conseillers de Fernliae. Mais il n'avait pas leur niveau. Il se sentait comme étranger à la politique, de même qu'il avait l'impression de ne pas mériter sa place.

Il songea à ceux qui l'avaient plébiscité pour ce poste : Ash, Lastalaica, Isilher, Laron, Hevens, Millie et Evonis. Les derniers Ashkas du clan du Loup. Les derniers espoirs d'un clan qui se meurt depuis la disparition de son chaman. Et de ceux là, que restait-il ? Ash et Laron s'étaient retirés, loin de la forêt. Lastalaica devait fumer des violettes quelque part, perdant peu à peu ce qui lui restait de son esprit d'antan. Hevens avait disparu lui aussi, pour une mission importante et de longue durée. Et Millie...

Ne restaient plus que Evonis et lui. Deux Ashkas pour défendre le droit de vie d'un clan tout entier. Deux seulement. Dans toute l'histoire du clan du Loup, jamais ce nombre n'avait été autant réduit. Jamais. Et il avait lu tout ce qu'il y avait à lire sur les Temps de la Nuit. Et à cette déliquescence s'ajoutait l'impossibilité pour le clan d'effectuer des transes.

En regardant bien, c'était tout le peuple des Lunes, avec ses rites, ses traditions, qui se mourait. Les Corbeaux étaient si effacés que cela ne l'aurait en rien étonné que le clan ait déjà sombré. Les Cerfs se débattaient, depuis la défection de Eladar. Aileen, si jeune, si pleine d'entrain, comme lui l'était seulement vingt ans auparavant, avait pris la place d'Intendante. Si jeune et déjà tant de responsabilité. Quant aux Faucons, il ne doutait pas qu'ils se débattaient pour survivre. Calith y veillait. Mais le vieux Faucon se lasserait peut-être de porter seul le fardeau de l'avenir de son clan.

Olympia ne voulait peut-être tout simplement plus des Elfes des Lunes, peuple à la fois antique et usé. Mais s'ils disparaissaient, au profit des Elfes Nobles, qui protégerait la forêt ? Il n'y avait qu'une poignée d'Elfes qui ne vivaient pas à la cité, à part le peuple des Lunes. Et tous ceux là devraient probablement déménager, vers la ville, pour se protéger derrière ses murs. Comment en étaient-ils arrivés là ?

Par le passé, il le savait, il y avait eu de nombreuses guerres intestines, opposant les Clans. Le Clan du Loup avait d'ailleurs été parmi les plus belliqueux ainsi que les Faucons. Pourtant, lorsque Kowü avait pris sa fonction, il avait non seulement uni plus que jamais les suivants de Luwö, mais aussi les clans entre eux. Une grande alliance avait vu le jour : Loups, Cerfs, Corbeaux, Ours et Caracals. Les Faucons avaient suivi peu après. Mais cela n'avait pas empêché la dissolution des Ours et des Caracals qui sombrèrent à leur tour dans l'oubli...

Ses pensées vagabondaient, le rendant mélancolique. Son regard se porta sur sa maîtresse, à présent endormie, son visage éclairé par les lunes. Comme elle semblait sereine, à présent. Cette Olympienne était-elle la clé de sa délivrance ? Ses paupières se refermèrent quelques secondes, alors que la fatigue se faisait sentir, et...

Elle était là. Penchée au dessus de Isa Cestia, semblant la contempler. Il ouvrit les yeux. Mais la vision ne disparut pas. Elle perdit certes en netteté, mais cela ne la rendit que plus terrifiante pour l'Intendant.


« Je ne vois pas ce que tu lui trouves... » murmura la gamine, se tournant vers lui.

Ne pas répondre. L'ignorer, faire comme si elle n'avait aucune emprise sur lui. Voilà à quoi il songea. Il avait la certitude qu'elle ne pourrait pénétrer totalement dans le monde des mortels sans assistance de sa part ou de quelqu'un d'autre, mais elle ou plutôt il commençait à avoir une telle emprise sur lui qu'il songea que la fin se rapprochait, inéluctablement.


« Elle est vraiment quelconque. » poursuivit-elle, contournant la tête de l'Olympienne pour se rapprocher de l'Intendant et de l'élémentaire.

L'Intendant blêmit. La gamine le contourna, et lorgna l'élémentaire, affichant un air contrarié.


« Lui, je ne l'aime pas. Ses pensées sont... Différentes... »

Cela éveilla un sourire sur le visage de l'Elfe. Les élémentaires étaient peut-être la solution à son problème ! Si leur pensée étaient...

« Mais il va m'ignorer, tu sais. Ils sont comme ça, lui et ses congénères. Ils se battent entre eux, voilà tout... »

Son sourire et son fugitif espoir s'effondra. La gamine baissa les yeux sur lui.

« Tu as chanté pour elle. Pourquoi ? »

Il ne voulait pas répondre.

« Alors que tu n'as même pas voulu le faire pour moi. Je suis triste. »

Mais à quoi jouait-elle, au juste ? Il tentait, si la chose était possible, de ne pas regarder l'enfant infernale. Mais c'était bien trop tentant. Il préférait connaître ses faits et gestes.

« Tu sais... Elle pourrait me servir...

– Comment ? » laissa-t-il échappé, surpris, avant de se rendre compte qu'il avait parlé à voix haute ; probablement pas assez fort pour réveiller sa maîtresse, mais suffisamment pour attirer l'attention de Isandre. « Comment ? » crut-il bon de murmurer à nouveau.

La gamine étouffa un rire moqueur, enfouissant sa bouche dans ses mains. Elle lança un regard sur Isa Cestia, puis sur lui, avant de lui adresser un sourire empreint de mystère. Cependant, elle ne daigna pas lui répondre.


« Que comptez vous lui faire, au juste ? »

La gamine haussa les épaules, moqueuse.

« Est-ce une menace ? »

Le sourire qu'elle affichait s'élargit, comme s'il avait énoncé une énormité.

« Vous croyez que je vais céder devant un tel chantage ?

– Oh... Je sais bien. Tu as des idéaux. Des idées que tu refoules mais auxquelles tu t'accroches désespérément. Qui a bien pu te mettre de telles idioties dans la tête ?

– Si vous lui faites le moindre mal je...

– Tu ? » demanda-t-elle, haussant un sourcil, l'air amusée.

Il ne savait comment poursuivre. Il ne pouvait rien contre la puissance du Néant, il l'avait constaté. Il baissa le regard, vaincu avant même d'avoir commencé le combat. La gamine afficha alors un sourire cruel.


« Tu es désespérant. Tu veux la protéger alors que tu la connais à peine. »

La gamine marqua une pause de courte durée. Son esprit s'égara, songeant à...

« Je le sais bien. Ce sont ces pensées qui me barrent la route. Ces stupides pensées auxquelles tu t'accroches avec tant de vigueur que je ne parviens pas à te les arracher. Oh, mais ne t'inquiète pas, Ereinlen. Ma clé s'en occupera. Nous lui en donneront l'occasion, je te le promets. Regarde comme elle trépigne d'impatience à l'idée de me rencontrer ! »

L'enfant éclata de rire alors qu'il tournait le regard vers Isandre, pour surprendre une nouvelle fois cette lueur qui lui indiquait que la vieille ne dormait pas.

« Mais pas pour l'instant. Je n'ai pas le temps avec tout cela. »

Elle s'éloigna enfin de lui. Son soulagement lui arracha un soupire perceptible.

« Oh ne t'inquiètes donc pas, Ereinlen, je ne suis jamais bien loin de toi... »

L'apparition disparut dans un rire guttural alors qu'il sombrait dans un sommeil agité de cauchemars...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 25/10/2011 à 17:56

Après que la jeune Olympienne eut dormi de tout son saoul, tandis que l’Intendant avait tout fait pour limiter son propre sommeil, le petit groupe se remit en marche, lentement, quittant peu à peu les montagnes de Zagnadar. Il firent halte rapidement pour la nuit, car Isa Cestia avait dormi plus de la moitié d’une journée.

Le sol devint plat au bout d’une bonne moitié de journée de marche. Décidément, il sembla à Elen qu’il était plus aisé de descendre que de monter, pourtant l’exercice l’épuisait tout autant ! Isa décida d’une halte, pour qu’il puisse se restaurer. Elle semblait vaguement inquiétée par l’élémentaire de feu et l’Intendant, probablement marquée par leur échange de l’avant veille.

Il tenta de la rassurer, en évitant de révéler quoi que ce soit à Isandre. La jeune femme l’émouvait, en un sens, et il ne pouvait s’empêcher de vouloir étendre vers elle les instincts protecteurs qu’il réservait à son épouse, à son clan, à ses amis et aux Elfes des Lunes en général.


« Tout va bien ? » dit-il avant de poursuivre plus bas: « Je ne chercherai pas à vous nuire... »

************

- Oui. Ca va. Répondit Isa avec un léger sourire.

Comment pouvait-on se sentir plus proche de quelqu'un et à la fois obligé à plus de distance. C'était très étrange comme sentiment. Elle aurait bien voulu en savoir plus sur lui. Mais en tant qu'ennemi il pourrait prendre cela comme une tentative pour avoir des informations stratégiques ou de futurs chantages quant à sa famille ou ses amis. Alors il ne restait désespérément plus que les lieux communs pour converser, cela tournerait court.

- Moi non plus… Elle soupira.

Ce n'était pas en le gardant enchaîné qu'elle en faisait la meilleure démonstration mais elle avait peur de le libérer. S'il n'avait toujours agi que pour provoquer cet instant de faiblesse ? Elle se mordilla les lèvres. Elle redoutait que ces questions la rongent indéfiniment. Mais elle ne pouvait pas le relâcher. C'était un Intendant, il devait bien avoir un certain pouvoir. Il retournerait chez lui et continuerait la guerre… A moins que sa fuite des territoires forestiers soit réelle et pas juste un accident de parcours lors d'une mission d'espionnage quelconque à propos de laquelle il aurait menti.

Elle avait pourtant envie de discuter et trouva un terrain plus neutre pour l'Elfe mais qui lui tenait à cœur.

- Il y a quelques temps, j'ai rencontré un Homme Sauvage et nous sommes allés ensemble au temple de Poséidon. Je m'inquiétais pour lui avec le passage des Tourmentes au-dessus de son Refuge mais je n'ai plus eu de nouvelles. Il s'appelle Raksha, il voyageait souvent avec un vieillard du nom de Hosl. Les connaissez-vous ? J'aimerais savoir s'ils vont bien.

************

A la mention de Raksha, Elen se figea. L’Homme Sauvage était celui qui avait éloigné les Sylphes de la cité de Fernliae. Cela avait été un repositionnement difficile à gérer pour le Guide, et ses collaborateurs avaient eu des difficultés à s’adapter. Il appréciait Raksha, du peu qu’il le connaissait, lors de leur collaboration dans les ruines de Kazad. Mais à présent le destin les avait opposés. Lorsqu’elle parla des Tourmentes, Elen se raidit instantanément. Il avait attiré par mégarde ces créatures au Refuge.

« Je les connais oui... Pas très bien, cependant. Pas autant qu’il me plairait. Mais la dernière fois que je fus à Fernliae, durant l’attaque de ces Tourmentes justement, il semblait aller bien. Je ne peux pas vous dire exactement, car je n’ai fait que l’apercevoir tandis que j’attirais deux des créatures élémentaires plus au sud pour éviter qu’elles ne ravagent la ville... Lorsqu’elles se sont dissipée, je suis resté un peu à la cité du Peuple Sauvage, pour veiller un ami. Ensuite j’ai dû me séparer de mon groupe et quitter la ville, pour... Pour certaines raisons... »

Il hésita un instant avant de reprendre plus bas, sur le ton de la confidence...

« …que je vous exposerai plus tard, si vous le voulez bien. »

Isandre en apprendrait trop si elle écoutait ces révélations. Et Luwö sait ce qu’elle en ferait!

« Ce fut la dernière fois que je vis Raksha et mes compagnons... »

Voyant clairement que la jeune femme faisait des efforts pour discuter avec lui, il chercha un sujet à son tour qui pourrait peut-être détendre l’atmosphère. Sans réfléchir, il lança la première chose qui lui passait par la tête en pensant à l’Olympienne et lui dit :

« J’ai été fiancé avec une Olympienne, il y a 25 ans... »

************

- Et bien… Si cela n'a pas coûté de vies c'est le principal.

Isa se demanda pourquoi Elen semblait disposé à évoquer son voyage. Cherchait-il de l'aide ? Alors pourquoi se méfiait-il tant d'Isandre ? Elle allait lui demander ce qu'il s'était passé après qu'elle l'eut acheté quand il lui parla de ses fiançailles. Ses yeux s'agrandirent :

- Ah oui vraiment ? Comment… Comment vous étiez-vous rencontrés ?

La jeune femme se demanda aussi ce que sa congénère était devenue…



Par Google  

el Par Elen  le 26/10/2011 à 10:00

« Nous nous sommes rencontrés dans l'endroit le moins romantique du monde : une taverne. Celle d'un lutin, il me semble. Du nom de Bouliziss. Elle était belle comme l'aurore et douce comme le crépuscule. Et ses yeux ambrés m'ont tout de suite attirés. Enfin, vous savez ce que c'est... Quand l'attirance est réciproque et intense dès les premiers instants, la suite logique est de vouloir finir ses jours ensembles. Et puis... Et puis le destin me l'a arrachée...

Elle avait rejoint les Rebelles de Sigdil, voyez vous. Je pense qu'avant tout elle l'a fait pour moi, pas pour suivre une idéologie. Mais quand la ville a été démantelée, elle a fuit au sud avec le seigneur Dakon, et je ne l'ai plus jamais revue. J'espère qu'elle va bien et qu'elle est heureuse là où elle se trouve... »

************

- Vous n’avez pas cherché à la suivre ? Les Rebelles accueillaient les Elfes aussi il me semble. Mais ce ne devait pas être facile de vivre avec ces barbares… Si tout ce qu’on raconte à Lardanium sur eux est vrai… Je ne comprends pas qu’on puisse détester son peuple au point de s’enfuir à l’autre bout des Terres Connues. La Cité Blanche est agréable à vivre… Et votre épouse ? Comment l’avez-vous connue ?

Prise dans la conversation, Isa ne s’aperçut pas que ses questions pouvaient devenir embarrassantes. Elle était juste heureuse de connaitre ces détails qui étaient somme toute des moments plutôt agréables dans la vie des gens.

************

« Oh, j'ai cherché à la suivre, vous savez. Mais cela ne fut pas possible. Vous devez comprendre ceci : la longévité des Olympiens n'est malheureusement pas celle des Elfes. Je pense qu'elle ne désirait pas que je la voies vieillir et mourir, surtout pas dans le désert. »

L'Intendant haussa un sourcil à la mention de la barbarie. Bien sur, il ne pouvait pas renier les liens diplomatiques qui unissaient les peuples. Mais il avait pour coutume de penser que c'étaient les crétins des différents peuples qui organisaient les guerres et les gens sympathiques qui les perdaient. Mais les haines demeuraient tenaces et aveuglante. Lui non plus n'était pas à l'abri d'un abus de langage ou de généraliser un comportement qui le faisait souffrir...

« Les Rebelles étaient... Différents. Pas barbares. Il y avait beaucoup d'Elfes des Lunes parmi eux. Mais c'était surtout leur mode de pensée qui différait, vous comprenez. Un peu comme celui des peuples de l'alliance Forestière et celui des peuples de l'Empire. Tout n'est qu'une question de point de vue. Quant à mon épouse, c'est par la force des choses que je l'ai connue. Nous faisons tous deux parti d'un groupe qui a soutenu la construction de la cité du Peuple Sauvage. C'est en travaillant ensembles que nous avons fini par nous lier. Et vous ? Y a-t-il quelqu'un d'autre que votre grand mère dans votre vie ? »



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 30/10/2011 à 08:15

- C'est vrai…

La longévité. C'était un réel problème entre certaines races… D'ailleurs… Quel âge pouvait bien avoir Elen ? Il paraissait vieux. Et jeune à la fois. Est-ce que tous les Elfes étaient comme ça ? Elle n'avait pas noté ce genre de détails lorsqu'elle les avait combattus, en de rares occasions.

- Oui, je sais que d'un point de vue à l'autre, bien des choses changent… Veuillez m'excuser, j'ai lu beaucoup à leur sujet car la politique m'intéresse particulièrement mais les bibliothèques de Lardanium font rarement leurs éloges. Et je suis bien placée pour me méfier des partis pris…

Mais la longévité était source d'expériences multiples. Et de ce côté-là, les Elfes étaient enviables : c'est plusieurs vies qu'ils pouvaient mener tour à tour !

- Ca doit être fascinant de participer à quelque chose d'aussi grand que la construction d'une ville. On doit en retirer beaucoup de satisfaction. Et de là à avoir envie de fonder une famille, il ne doit y avoir qu'un pas.

La question suivante la laissa muette quelques secondes. Etait-ce la première fois qu'on lui demandait ça ? Peut-être… Et alors qu'Elen l'avait faite voyager autour du monde en quelques phrases, elle sentit de plein fouet que sa petite existence solitaire n'avait pas eu beaucoup de sens jusqu'à maintenant.

- Euh… Et bien, pas au quotidien, si c'est ce que vous voulez dire. Mais j'ai quelques bons contacts avec mes compagnons LEDA. Nous sommes aussi toujours par monts et par vaux, c'est compliqué…

L'explication tournait en pirouette peu élégante, elle s'en rendit bien compte. Aussi préféra-t-elle revenir à la vie de son interlocuteur, largement plus passionnante.

- On m'a dit que vous étiez Intendant… Qu'est-ce que c'est exactement ? Une sorte de comptable ?

************

L’Intendant fut peiner qu’une jeune femme si sympathique doive demeurer seule, ou tout au moins avec une vieille grue acariâtre comme Isandre, sans le doux contact de la tendresse et de l’amour. Elle semblait déjà posséder l’amitié, ce qui était un début.

Quant à la satisfaction de participer à la construction d’une citée, il préféra se taire, pour ne pas briser les illusions de la jeune femme. Le Peuple Sauvage avait utilisé les Sylphes quand ils en avaient besoin, même si la mission de ses derniers étaient à l’origine de canaliser les élans des Fils de Gaïa. Et lorsque la ville eut été bâtie et qu’un Guide plus proche des libertés des Peuples eut été placé à la tête des Sylphes, ils avaient mis la faction dehors ! Elen sentait l’amer goût de la déception lorsqu’il songeait à tout cela.


« Comptable ?.. Certes non. Comment vous expliquer cela simplement ? »

Il réfléchit, choisissant avec soin ses mots.

« Chaque Clan vénère un Totem, voyez vous. C’est un esprit très puissant, moins que vos dieux de manière brute, je pense, car ils existent ailleurs. Sur un autre plan d’existence. Chaque Elfe des Lunes apprend à entrer en contact avec son Totem. Pour parfaire sa technique, cela peut prendre deux à trois siècles.

Une fois les transes maîtrisée, l’Elfe peut en contact avec le Totem relativement aisément. Or les Totems choisissent parfois au sein d’un clan un individu qu’ils jugent digne pour en faire leur interlocuteur privilégié. Nous appelons cela un Chaman.

Le Chaman est souvent le plus doué d’entre nous, pour ce qui est de parcourir le monde des esprits. Et il est souvent relativement âgé, à de rares exceptions près.

Cependant, malgré sa force et le fait que l’énergie du Totem le nourrisse, il n’en reste pas moins un mortel. Or, lorsqu’il décède, il n’y a que très rarement quelqu’un de désigné par le Totem pour le remplacer. Un autre clan a eu l’idée de nommer parmi les plus doués d’entre eux un gardien, quelqu’un qui servirait d’intermédiaire entre deux Chamans, bien que non désigné par leur Totem. Il appelèrent cela Intendant.

Et c’est ce que je suis. J’ai été désigné par mes pairs pour mes compétences, bien que je ne comprenne pas très bien leur choix, et mon jugement, pour guider mon clan, en attendant qu’un nouveau Chaman émerge. Oh, n’imaginez rien de très prestigieux là dedans. Je ne suis pas leur chef, ils font ce que bon leur semble. Je ne fais que les représenter auprès des autres clans, des autres peuples et j’essaye tant bien que mal de les guider sur le chemin que le précédent Chaman avait tracé pour eux. »

Songeant à la déliquescence actuelle de son clan, Elen grimaça et marmonna :

« Même si je ne suis visiblement pas très doué pour cela... »

************

- Au contraire… Je trouve que c'est plus prestigieux d'être choisi parmi les siens que par une entité. Les proches peuvent être très critiques et l'Histoire est pleine de tyrans qui ont falsifié une pseudo légitimité divine pour asseoir leur pouvoir. Et vous êtes accompagné d'une créature peu commune, il doit bien falloir un certain don pour l'avoir obtenue… Est-ce que vous savez parler aux esprits ? Je me suis toujours demander où était celui de ma grand-mère avant qu'elle ne revienne. On dit que les âmes ne ressortent normalement pas des Enfers mais peut-être que l'âme n'est pas l'esprit… Comme le cœur n'est pas la raison… Je ne sais pas…

Isa s'interrompit :

- Ils doivent s'inquiéter pour vous… Voulez-vous… Voulez-vous leur écrire ?



el Par Elen  le 04/11/2011 à 13:20

« Leur écrire ? Cela ne ferait que les inquiéter d’avantage. Mieux vaut qu’ils pensent que je suis une cause perdue, croyez moi. »

Il murmura plus bas, afin d’éviter que Isandre ne l’entende :

« Et vous serez de cet avis, lorsque vous saurez... »

Il reprit à voix haute:

« Vous savez, Luwö ne permettrait pas à un tyran de prendre place au sein de notre clan. Lorsqu’il désigne l’un d’entre nous, les autres Ashkas sont soumis à toute sorte de vision confirmant la nomination du nouveau Chaman. De plus, par le passé, cela est déjà arrivé que quelqu’un prenne la place de Chaman sans être désigné. Croyez moi, son sort fut peu enviable. On peut se jouer des mortels mais pas des dieux ou des esprits.

Quant à communiquer avec les esprits, certes je le peux. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse du type d’esprit auquel vous faites allusion. Ceux qui peuplent le monde des transes ne sont pas issus de notre monde à nous. Ils n’ont rien à voir, je crois, avec les défunts. Je ne sais pas comment fonctionne la magie qui anime vos ancêtres, cela demeure très mystérieux, vous comprenez. Aucun Forestier n’a pu étudier le sujet avec attention, mais si je suis ce que mon instinct me dis, je dirai que vous et votre grand-mère êtes en résonance. Ainsi, cela vous permet de susciter par magie un être tel que fut votre grand-mère et de lui donner vie. »

************

Un être tel que fut votre grand-mère… La formulation interpella Isa. Elle se souvenait des rares moments qui précédaient ses jours de lecture et dans ses bribes de mémoire, elle voyait l’évolution de sa relation avec son aïeule. Isandre n’était pas comme ça au début, pas si méchante. Elle se rappelait leurs rires, leur complicité. Bien sûr la vieille avait toujours été stricte, mais pas si dure. Elle était devenue injuste et égoïste, continuellement. Et tellement aigrie…

- Elle a changé… Je comprends que vous ne l’aimiez pas. Moi-même ai du mal à la reconnaître, parfois. Elle est difficile à supporter mais… C’est ma grand-mère, elle est toute ma famille.

La jeune femme regarda Elen, se demandant s’il la comprenait. Lui qui venait de tout quitter pour une raison qu’il se gardait encore de lui dire.

- Ecoutez, nous allons arriver à Lardanium. J’ai prétendu que j’allais prospecter pour acquérir une demeure et c’est ce que nous allons faire. Pendant ce temps, j’enverrai ma grand-mère faire des courses. Le temps va changer rapidement, nous devons nous équiper un peu mieux. Vous surtout… Comment a-t-elle pu vous laisser ces loques sur le dos… Nous serons tranquilles quelques heures. Ensuite nous quitterons la ville, quitte à camper alentour. Je me sens un peu à l’étroit dans la foule depuis… tout ça.

Si Elen avait vraiment des révélations à lui faire, il saisirait l’occasion, sans nul doute.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Elen  le 08/11/2011 à 09:44

Le groupe avait bien progressé. La route de Zagnadar vers Lardanium fut assez tranquille et ils parlèrent peu, en vérité. Elen faisait des efforts surelfiques pour tenter de cacher sa fatigue et ses faiblesses tandis que Isandre passait ses nuits à l'observer se débattre et parler avec le Néant, invisible pour l'Incarnation. La Cité Blanche fut rapidement en vue du petit groupe, illuminée par le soleil levant ce jour là.

Ils arrivèrent bientôt au pied des remparts et une surprise attendait Elen : deux Elfes, attachés par ces mêmes chaînes qui le privaient de liberté, aux côtés de Machin, comme il l'avait été une saison auparavant.

Aileen, quant à elle, eut droit à un bien étrange tableau. En fond, la plaine du Basileus, immense, et les Titans gravissant petit à petit les cieux. Sur la scène centrale, un groupe hétéroclite. L'Olympienne, sa peau pastelle, lisse de toute émotion, semblait comme égarée dans un songe. Elle tenait en ses mains les chaînes d'un Elfe qui la dépassait de plusieurs têtes, vêtu de haillons. Légèrement effacé derrière le personnage central il avait quelque chose de familier pour l'Intendante ; et ce malgré sa peau et ses cheveux aux touches bleutée et ses yeux scintillant d'une bien étrange lueurs jaunâtre et surnaturelle. Une petite vieille marchait en retrait, en appui sur sa canne, les yeux plissés prononçant plus encore les rides de son front tandis que de son regard attaché à l'esclave, elle le surveillait. Il y avait un air de famille indiscutable entre elle et la plus jeune, mais d'elle transparaissait une volonté de fer et l'inflexibilité du tueur froid et méthodique. Enfin, l'ensemble des trois personnages était suivi par une nuée d'étincelles orangée, contrastant avec la palette de couleur du reste de la vision. Familières, elle avait pu en apercevoir au Gouffre des Lunes, les flammèches s'agitaient en un ballet ininterrompu, rendant la scène plus surréaliste encore qu'elle ne l'était.

L'Intendant reconnu enfin son homologue. Il allait l'interpeller mais, jetant un coup d’œil derrière lui, il surprit la main de Isandre qui raffermissait sa prise sur sa canne. Le message était on ne peut plus clair. Aussi baissa-t-il les yeux, priant mentalement Luwö d'avoir pitié d'eux...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 08/11/2011 à 10:38

Des jours qu’ils étaient là, près de la cité blanche, à attendre. Des jours qu’Aileen et Fëanaro contemplaient les tours et les murs de la ville proche. Machin les avait prévenus, une fois qu’ils auraient l’autorisation d’y entrer, ils auraient les yeux bandés. Qu’ils contemplent de tout leur soûl en attendant, s’ils le désiraient...
Aileen n’aimait pas cette ville. Elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce qui l’attendait là bas, et plus elle y pensait, plus elle se renfrognait. Des jours qu’elle était sur le qui-vive. Depuis sa capture, en fait. Une grosse boule d’angoisse, de frayeur ou d’autre chose ne la quittait pas et pour peu qu’un impérial pose le regard sur elle un peu trop longtemps et elle les incendiait du regard, faute de pouvoir utiliser de vraies flammes...
Il y avait d’ailleurs un drôle de type enturbanné qui l’observait. Elle lui lâcha un regard furibond alors que Machin ne se préoccupait pas d’elle. Lorsqu’il était là, mieux valait faire profil bas.
Elle détestait ses chaînes, tout comme ses geôliers...

Alors qu’elle était assise, testant une énième fois la solidité de l’acier, elle leva les yeux vers les titans. Les choses traînaient en longueur pour leur admission dans la ville, mais elle ne s’en plaignait pas, ici elle aurait plus de chance de trouver un moyen de s’échapper... Si moyen il y avait, en plein territoire ennemi...
En baissant les yeux, éblouie par la lumière des astres, son regard passa rapidement sur un petit groupe qui remontait la plaine.
Elle continua de tirer machinalement sur ses chaînes sans y prêter plus grande attention, mais c’est lorsqu’elle aperçut une étrange lueur orangée qu’elle cessa de les ignorer. Ces flammes, elle en avait déjà vu... Au gouffre des Lunes...
Elle avisa ensuite l’elfe qui avançait, vieux, il lui rappelait quelqu’un... Il était accompagné de deux personnes, une olympienne, qui ? Bonne question. Et un esprit, une incarnation. Aileen ne leur prêta pas grande attention, se contentant de fixer l’elfe, incapable de se rappeler où elle l’avait vu... Les flammes, peut être au gouffre des Lunes ? Un loup qu’elle y aurait croisé ?
Sans doute pas, il n’y a avait que des Sylphes, à ce moment là... Et aucun d’eux n’était si âgé. Sur les avis de recherches des gens qui, comme elle, s’étaient fait enlever ? Elle se repassa mentalement les descriptions qu’on lui avait faite des disparus, aucun ne correspondait, mais alors qui ?

« -Elen ?!! »

La réponse la frappa comme une évidence lorsqu’elle associa le visage qu’elle connaissait au Gouffre des Lunes et au statut d’esclave. Le nom franchit ses lèvres dans un cri de surprise sans même qu’elle s’en rende compte. Elle se dressa sur ses pieds d’un bond, agitant ses chaînes dans un ferraillement aussi soudain que violent.

« -Elen, c’est toi ? C’est bien toi ?? Qu’est ce qu’il t’es arrivé ? »

Elle n’avait pas vu le regard inquiet qu’il avait porté sur Isandre, ni le geste que cette dernière fit sur sa canne. Elle n’en avait cure, à vrai dire, et l’espace d’un instant, elle avait même oublié Machin, Gourlx, Fëanaro et les Chasseurs d’Immortels. Elen baissa les yeux mais elle ignora ce geste.
Elle essaya de faire un pas vers son homologue intendant mais ses fers faillirent la faire tomber. Elle leur jeta un regard furieux, en fronçant le nez comme si elle eût voulu les arracher à coup de dents. Puis elle jeta un coup d’œil vers Fëanaro. Avait-il reconnut le Loup ? Elle pouvait bien se tromper, après tout, cet Elen ci semblait si différent de celui qu’elle connaissait...
Quand à Machin, non loin de là... Elle l’ignora royalement, tout à l’étude qu’elle était des nouveaux arrivants.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Elen  le 08/11/2011 à 11:49

Isandre était partie faire des courses. Mais elle devait avoir des espions, à n'en pas douter. Et la punition, s'il osait communiquer avec Aileen, serait plus que cuisante, il en avait la certitude. Aussi se contenta-t-il d'ignorer la jeune Cerf, qui l'avait reconnu malgré son apparence actuelle. Le cri n'échappa pas à Isa Cestia qui s'enquit :

« Qui est-ce ? »

Le Loup sembla gêné. S'il lui répondait, sa maîtresse l'autoriserait certainement à échanger quelques mots avec Aileen, ce qui ne serait pas un mal en somme. Après tout, vu les changements physiques qu'il avait subi à cause de sa transe malheureuse, éclaircir la situation ne ferait pas de mal. Mais il restait l'inflexible position de l'Incarnation. Isandre, si elle apprenait qu'il avait parlé avec un autre Elfe, même sous le couvert d'une autorisation de sa petite-fille, trouverait un moyen de lui faire du mal juste parce qu'il avait su contourner son interdit. Et il ne voulait plus qu'elle le frappe. L'Autre profiterait sans doute de ces instants pour se montrer à la vieille, sa clef comme Il l'appelait. Il hésita puis il accrocha le regard de sa maîtresse, l'air tiraillé par ses réflexions :

« Elle se nomme Aileen... Elle est... Elle est mon amie... Et... Je... Protégez la, s'il vous plaît. Protégez là et je resterai avec vous à jamais. Je vous promets que je vous aiderai autant que faire se peut, dans la limite de mes pouvoirs. Je ferai tout ce que je pourrai pour vous libérer de la malédiction qui semble vous accabler mais dont la nature m'échappe pour l'instant... S'il vous plaît... Elle a l'innocence de la jeunesse... Et si quelqu'un de mal intentionné venait à l'acheter, elle... S'il vous plaît... »

Il était tombé à genoux devant l'Olympienne, et il l'implorait. Isandre le punirait certainement aussi pour cela, mais au moins peut-être qu'Aileen serait sauve. Peut-être... Il s'accrochait à cet infime espoir. Il savait que Isa Cestia faisait parti de ces Olympiens qui avaient bon fond. Elle était juste endoctrinée, comme les Elfes l'étaient chez eux, forcée à haïr un peuple qu'elle ne comprenait pas.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

ldf Par Machin  le 14/11/2011 à 15:06

Machin semblait prendre avec légèreté l’attente des autorisations. Pavaner avec ses ”prises” l’emplissait d’une grande fierté, même s’il s’en cachait en adoptant une attitude sévère avec les prisonniers, veillant au grain.
Les papiers nécessaire venaient d’arriver depuis peu quand il remarqua l’étrange attitude de la jeune elfe à la vue d’Elen, leur première prise. Ce manège piquait sa curiosité, mais son attention fût détournée par l’arrivée de Gourlx, le pas lourd, le souffle rauque, avançant comme toujours de manière gauche mais étrangement vive. Le suivait de prés, accompagné de sinistres et pénibles grincements, son golem Charoue, retapé et remis en fonction à la va-vite.

Un ricannement grave s’échappa de la barbe sale du nain, qui fixait intensément les deux prisonniers.



el Par Aileen  le 14/11/2011 à 15:08

Grincements et pas lourds, ricanement vaguement étouffé par une barbe sale et touffue. Gourlx et Charoue étaient de retour. Aileen se retourna dans leur direction seulement le temps de comprendre ce que leur présence impliquait... Les autorisations de les faire entrer en ville étaient sans doute arrivées et, en conséquences, ils n’auraient plus aucune chance de s’échapper.
Elle s’y attendait, mais -peut être à cause de la présence d’Elen- elle sentit monter en elle un vent de panique. Elle se détourna de ses geôliers, masquant de son mieux ses sentiments, pour revenir vers le loup et l’olympienne.
Il valait mieux qu’aucun d’eux ne sache ce qu’elle ressentait. Surtout Elen, vu son état...

Il était tombé à genoux et semblait supplier l’olympienne de tout son être, il ne parlait pas suffisamment fort pour qu’Aileen puisse entendre mais elle se doutait vaguement de la teneur de ses suppliques. Sous son affolement, elle sentit poindre de la pitié... Le voir si pathétique, réduit à supplier une impériale... Non, il n’avait pas besoin de savoir qu’elle avait peur... Mais qui n’aurait pas été terrifié à l’idée d’être vendu ?

Elle fit un pas vers lui, hésitante. Elle voulait l’aider, mais que pouvait-elle faire ? Elle n’était déjà pas capable de s’aider elle même... Et des mots ne pourraient pas le réconforter, lui dire qu’elle allait bien, que ça irait, à quoi bon ? Il n’était pas idiot au point de gober des mensonges pareils.
Elle se mordit la lèvre tout en jetant un autre coup d’œil vers les chasseurs d’immortels.
Encore un peu de temps, juste un peu...
Il fallait qu’elle parle à Elen.

Mais pour lui dire quoi ?



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Fëanaro Calaelen  le 14/11/2011 à 15:09

Cela fait un moment que Feanaro ne cesse de penser au sort qui les attend, tellement fort qu’il en est absorbé, rien de ce qui se passe autour de lui ne l’affecte, il divague, il sombre…

« Une mort digne m’aurait sans doute épargné la vie de supplices qui m’attend … si seulement j’en avais eu l’audace, j’ai été faible, le suis et semble parti pour le rester ».
Faisant l’effort de sortir de sa torpeur, Feanaro lève les yeux, d’abord vers le ciel, implorant les dieux, puis porte son regard vers Aileen.
Il remarque que les yeux d’Aileen sont résolument fixés au loin, ils semblent exprimer une profonde mélancolie, comme le propre visage de Feanaro, sauf qu’ils semblent nuancés de compassion… Mais pour qui ? pour quoi ?
Se tournant dans la même direction qu’Aileen, Feanarao comprit rapidement ce qui faisait briller si intensément les yeux d’Aileen, il reconnut au loin Elen, et il fut pris de compassion à son tour… se posant mille questions sur l’état physique d’Elen en même temps. Enfin, il se vit à la place de ce dernier, son futur proche.

Et Machin donna un ordre que Feanaro n’écouta pas tout d’abord, mais il sentit les châines se tendre, Machin tirer et il entra dans la cité, perdant de vue Elen, perdant de vue la lumière, perdant de vue la liberté..



el Par Aileen  le 14/11/2011 à 15:13

Un coup sec sur les chaînes, un coup d’œil rapide vers l’arrière, ça y est. On y allait. Fëanaro se leva sans rien dire, l’air résigné, s’apprêtant à suivre Machin et Gourlx.
Aileen ne broncha pas, elle ne voulait pas bouger. Il fallait qu’elle reste, même si elle ne savait toujours pas pourquoi, elle ne lâchait pas Elen du regard.
Une secousse plus forte faillit lui faire perdre l’équilibre, sans doute le nain ou l’un des olympiens présents... Elle n’aurait jamais assez de force de résister. Il lui faudrait les suivre dans la cité. Sa peur gagna encore en intensité, mais elle continuait de lutter farouchement pour n’en rien laisser voir.
Elle retrouva l’équilibre et l’assura de son mieux, tournant toujours le dos aux Chasseurs d’immortels et puis elle se mit à crier dans la direction du loup.

« -Elen ! Elen, je... Ça va aller ! T’inquiètes pas pour nous, ça ira ! (Derrière, quelqu’un tira de nouveaux sur ses fers, elle recula d’un pas.) On s’en sortira !!! »

« Menteuse ! » songea-t-elle.
Peut être qu’elle en avait déjà trop dit pour ses geôliers, peut être qu’ils étaient simplement lassés de la voir faire de la résistance, toujours est-il que la saccade suivante fut si violente qu’elle tomba à terre. Elle se réceptionna sur un genou et se releva tant bien que mal. Elle faisait maintenant face à Lardanium, la cité tant haïe...
Alors qu’on lui bandait les yeux, tout comme à Fëanaro, elle se mordit de nouveau la lèvre inférieure, presque jusqu’au sang, de colère, et de peur aussi.

Les mots étaient sortis tout seuls, pourtant elle savait bien qu’ils n’avaient aucun sens, qu’Elen ne les croiraient jamais.
En avançant dans le noir, guidée par les chasseurs d’immortels, elle ne pouvait s’empêcher de fulminer contre elle même... Qu’est ce qu’elle aurait pu faire pour éviter tout ça ? Plein de choses, sans doute... Ne pas s’éloigner autant de la forêt, déjà...
« Je suis trop stupide », se répétait-elle. Et puis même maintenant, elle trouvait le moyen de tout faire de travers... Elen allait s’inquiéter encore plus, après, ça... Elle aurait du se taire. Il ne la croirait jamais, c’était sûr...
On ne peut pas faire croire à quelqu’un une chose qu’on ne croit pas soi même.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

Par Google  

el Par Elen  le 14/11/2011 à 19:31

Aileen fut entraînée dans Lardanium, tandis qu'elle lui lançait que tout irait bien bien pour elle, désespérant plus encore le Loup. Sa maîtresse le rassura, lui disant qu'elle ferait ce qu'elle pourrait pour éviter le pire à la nouvelle esclave. Il fut heureux que Isandre n'aie pas assisté à la scène, qui aurait fait sa joie. Le voir ainsi s'humilier devant les Impériaux lui aurait donné ce petit sourire sadique qui précédait la torture qu'elle lui avait fait subir par le passé.

Isa Cestia le conduisit dans des quartiers marchands. Les commerçant affichaient encore leurs étales, malgré les vents forts qui s'engouffraient pas les portes de la ville. Elle était censée prospecter pour trouver une maison, mais elle semblait attachée d'abord à son idée de lui fournir des vêtements plus corrects. Elle le mena dans une boutique modeste, tenue par un Olympien propre sur lui et à l'air plus honnête que ses voisins. Elle détailla les tenues exposées, sous la surveillance attentive du commerçant. Elle jeta son dévolu sur une tunique à la teinte bleue pastelle, relativement en vogue dans le milieu modeste de Lardanium, et une culotte noire très simple.

Elle désigna son choix au marchand qui lui assura qu'il ne lui faudrait pas beaucoup plus que trois heures pour confectionner des vêtements à la taille de l'Intendant. Tandis qu'on prenait ses mesures, Elen observa Isa Cestia du coin de l’œil. Elle rassemblait trois capes fourrées, sans doute pour l'expédition qu'ils devraient entreprendre plus au nord, puis elle resta passive, attendant que le vendeur termine sa tâche. Elle observa les autres vêtements, plus raffinés, et l'elfe crut déceler dans son regard l'émerveillement de quelqu'un qui découvre des choses nouvelles.


« Peux-tu retirer le haut, s'il te plaît ? »

Le vendeur le tutoya, évidemment. Un Elfe ici restait un esclave. Il obtempéra, retirant son vêtement. Il crut surprendre un regard en coin de la jeune femme, mais elle se retourna si vite qu'il ne fut pas certain qu'elle ait vu quoi que ce soit de son anatomie. Il rosit légèrement, se demandant si la jeune femme l'avait vu. Et si oui, était-elle curieuse de savoir si un Elfe ressemblait à un Olympien ? Ou n'avait-elle jamais eu l'occasion de voir un homme dénudé ?

Le tailleur termina ses mesures puis demanda à Isa Cestia de payer d'avance. Quelle étrange procédé. Cependant, il lui offrit un petit peigne en argent, décoré de gravures représentant des motifs floraux. L'Intendant lorgna sur l'objet puis, le jugeant aussi peu intéressant que Isa Cestia semblait-il, il remercia sa maîtresse de sa bonté. Elle rosit légèrement, comme prise dans ses pensées.

Elle le mena ensuite chez un cordonnier, à qui ils commandèrent une paire de chausses simples mais fourrées et deux paires de bottines, Isandre faisant sans doute une taille de chaussure proche de celle de sa petite-fille.

Enfin, avant de récupérer les vêtements puis les souliers que les artisans préparaient pour eux, ils firent quelques courses en nourriture pour le voyage : aliments et fruits secs, viande salée... Il quittèrent la cité avec leurs achats, en direction du nord, Elen participant à porter les affaires comme il le devait. Isa Cestia soupira d'aise une fois qu'ils eurent quitté l'agitation de la ville et que plus personne ne se trouva aux alentours.


« Tout va bien ? » lui demanda-t-il, n'obtenant qu'un discret haussement d'épaule et un léger sourire en guise de réponse.

L'Olympienne devait apprécier les villes au moins aussi peu que lui. Un point commun étrange, sachant que la plupart des Impériaux étaient élevés dans des grandes cités, à l'exception du monde paysan. Était-elle d'extraction rurale ?

Il fit signe à Isa Cestia de se rapprocher, s'installant par terre. La jeune femme l'imita, s'installant à côté de lui. Ils observèrent quelques instants les Titans qui déclinaient vers l’horizon, silencieux. Il hésita, mais le crépuscule lui rappela ce qu'il devait dire à l'Olympienne. Il devait la mettre au courant, par honnêteté. Elle ne pourrait rien pour lui, sinon...


« Il... Il faut que je vous parle. »

Il plongea son regard dans le sien, déglutissant sans bruit à cause du stresse. Ce qu'il avait à lui dire n'avait rien de facile. C'était quelque chose d'intime. Et cela pourrait les mettre tous les deux en danger si quelqu'un d'autre l'apprenait...

« Je vous l'ai promis. Je vous ai dit que je ne vous mettrai pas en danger. Je veux que vous soyez consciente des risques que vous prenez en me gardant auprès de vous. Mais je veux avant tout que vous me promettiez : ne répétez rien de ce que je vais vous dire à votre grand-mère... »

La jeune femme hésita, comme si cette introduction lui avait fait passer l'envie d'en savoir plus. Mais elle lui en fit la promesse, dans un souffle. Il lui adressa un sourire franc. Pouvoir se confier à quelqu'un chassa pour quelques instants ses inquiétudes quant à l'avenir.

« Je vous ai dit que les Elfes des Lunes sont capables d'entrer en contact avec les esprits, vous vous souvenez ? Eh bien depuis peu, cela ne fonctionne plus vraiment. Les totems ne répondaient plus à nos prières et les transes sont devenues anarchiques. On y pénètre trop aisément et il est impossible d'en ressortir. Et lorsque le corps et l'esprit sont séparés, bien que l'Elfe ne soit pas mort au sens propre du terme, son enveloppe est une coquille vide qui finit par dépérir. Vous comprendrez, sachant cela, que j'ai fait interdire les transes. J'ai perdu trop des miens, des jeunes, des anciens, dans le monde des esprits.

Après le passage des Tourmentes, le Peuple Sauvage a rejeté l'aide des Sylphes, composés majoritairement d'Elfes des Lunes. Et les Nobles n'ont jamais eu tendance à se soucier du sort de mon peuple. Et sans transe, sans contact avec nos totems, mon peuple est condamné à disparaître, à s'effacer derrière la noblesse de Na'Helli.

J'ai donc bravé l'interdit que j'avais moi-même imposé. Je suis allé dans le monde des esprits, à l'aide d'un rituel complexe visant à créer une ancre dans le monde des vivants. Je m'y suis plongé plus profondément que jamais. Si loin que j'ai bien cru ne jamais en revenir. Lorsque je suis remontrer à la surface, j'ai malheureusement sans doute laissé quelque chose derrière moi : une part de mon esprit est toujours de l'autre côté. Et vous pouvez en voir les conséquences... »

Il désigna ses yeux, puis balaya d'un geste son visage pour lui montrer sa peau bleutée.

« En vérité, je suis resté quatre jours entiers de l'autre côté, soit une éternité là bas. Et malheureusement, un esprit doit demeurer entier. C'est pourquoi je suis devenu comme une passerelle entre le monde des vivants et celui des esprits... »

Il fit une pause. Tout ceci était sans doute bien difficile à comprendre, pour une Impériale. Cela l'était déjà pour les Naos, à tel point que certains Ashkas ne maîtrisaient pas complètement ces concepts...

« Dans le monde des esprits, il n'y a pas que nos totems. D'autres entités le peuplent, bienfaisantes ou malfaisantes, certaines que nous ne pouvons même pas comprendre. Lors de mon voyage de l'autre côté, j'ai rencontré ce que j'appelle le Néant. Il s'agit d'une chose d'une puissance inimaginable, qui capture les esprits des mortels qui s'aventurent dans son domaine au plus profond des strates des transes. Et elle se sert de moi comme d'une porte vers notre monde, à présent que le passage est ouvert...

J'ai érigé de nombreuses barrières en moi, pour le contenir. Mais c'est une bataille que je ne peux gagner. Le temps n'a aucune importance pour le Néant, mais il se joue de moi. Je m’affaiblis de jour en jour. Lors de nos combats en Enfers, le passage vers notre monde s'est atténué, et j'ai pu reconstituer une part de mes forces. J'ai pu renforcer mes défenses et me reposer. Mais lorsque nous sommes sortis, et que j'ai tenté de l'attaquer de toutes mes forces, j'ai été vaincu. Il avait tout autant que moi profité de ce répit dans nos affrontements pour se renforcer.

Je peux le ralentir, encore longtemps, je pense. Mais pas éternellement. Tôt ou tard, il gagnera, si je n’ai pas trouvé d'ici là de solution pour refermer le passage. Et tout le monde sera en danger. Je cherchai justement une solution à ce problème et à celui lié aux transes de mon peuple lorsque j'ai été capturé... Je suis parti seul pour éviter de mettre les miens plus en danger qu'il ne le sont déjà. Lorsque j'ai été vendu à votre grand-mère, pardonnez moi, mais je n’ai eu aucun scrupule à l'exposer à ces risques... Mais je ne peux pas vous faire ça à vous... »

Il laissa quelques instants à Isa Cestia, qui lui semblait contenir son effroi devant une telle révélation. Elle devait se débattre avec des concepts moraux et l'envie de se mettre à l'abri du danger inconnu qu'il représentait. Mais il devait poursuivre, l'effrayant probablement plus encore:

« Dame Isa Cestia... Votre grand-mère... Le Néant la désigne comme une clef. Il sait que s'il lui en donne l'occasion, elle ouvrira le passage, nous exposant tous... Et elle a deviné bien assez pour que sa curiosité ne la pousse à quelque action inconsidérée menant à l'ouverture de la brèche... C'est pour cela que je la crains, tout autant que pour le mal qu'elle pourrait me faire à nouveau si j'étais seul avec elle...

Je peux vous protéger de bien des choses, je vous l'ai promis. Mais si qui que ce soit ouvre le passage, c'en sera fini du monde tel que nous le connaissons, j'en a bien peur... »



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 15/11/2011 à 10:20

- Mais… Non ! Elle m'a dit qu'elle allait juste au marché ! Je ne comprends rien à vos histoires de clef ! Elle ne ferait pas une chose pareille !

Les pièces du puzzle se bousculaient dans la tête d'Isa. Elle acceptait volontiers qu'on prête à sa grand-mère un caractère de cochon, mais de là dire qu'elle fomentait la fin du monde ! Elle ne pouvait pas laisser passer ces accusations.

- Elle vous a juste acheté ! Si vous voulez vous venger d'elle, trouvez autre chose mais vous ne me ferez pas croire n'importe quoi !

Elle aurait eu tendance à apporter crédit aux explications d'Elen, friande qu'elle était de contes extraordinaires, mais sa grand-mère qui aurait un rôle là-dedans ? Allons donc. Avait-il élaboré un mensonge aussi tortueux pour semer la zizanie entre les deux femmes ? Avait-il joué un rôle tout ce temps ? Quelle gourde elle avait été !

Dans son regard, il n'y avait plus que de la colère et ses traits affichaient la désillusion intense de s'être laissée tromper.



el Par Elen  le 16/11/2011 à 18:23

L'Elfe baissa les yeux. Il venait de perdre toute chance de la convaincre. Comment pourrait-elle croire que sa grand-mère l'avait torturé ? Les plaies n'étaient pas de bonnes preuves. Après tout, elle pourrait s'imaginer qu'il se les était infligé lui-même pour qu'elle puisse le croire. Comment lui montrer ? Comment lui faire comprendre qu'il disait la vérité ?

Le désespoir l'envahit. Finalement, il avait perdu une alliée de poids. Elle, une magicienne Olympienne, aurait pu l'aider, peut-être. Et elle l'aurait maintenu loin de sa folle grand-mère. Mais à présent, il n'aurait pas été étonné qu'elle le livre aux bons soins de Isandre...


"Dame Isa Cestia... Il faut que vous me croyiez... Il le faut..." la supplia-t-il. "Votre grand-mère a deviné que le mal qui me ronge n'est pas ordinaire. Elle cherche à comprendre. Elle m'analyse. Si jamais elle découvrait ce qu'il en est, je ne sais pas ce qu'il se passerait... Vous devez me croire..."

Il réfléchissait à toute vitesse. Comment lui prouver ce qu'il avançait sans l'exposer à un grand danger ? Il fallait qu'il lui montre quelque chose. Quelque chose... Mais le néant ne se montrerait pas à elle.

"Je ne peux pas vous apporter de preuve solide... Mais regardez..."

Il ôta son haut, rapidement, le vent frais le faisant frisonner.

"Regardez ces marques..." poursuivit-il, montrant une cicatrice brillante le long de sa poitrine. "C'est ce qu'elle a fait pour que je lui donne des informations... Et ça..." dit-il, montrant les étranges sillons parallèles cicatrisés qui lui couvraient tout le corps, semblable à des griffures. "...c'est ce que le Néant m'a fait, pour se révéler à elle..."

Elle croirait sans doute qu'il avait volontairement provoqué ces blessures, mais son corps en étant couverts, y compris le dos, il songea que peut-être elle s'interrogerait sur leur origine...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 17/11/2011 à 09:14

Isa s'était levée, excédée. Elle ne pouvait rien faire d'autre que trépigner sur place, aussi loin que possible de celui qui lui avait menti avec autant d'aplomb mais sans pouvoir le laisser seul de peur qu'il ne s'échappe. Il fallait attendre Isandre, préparer le campement et être encore là demain, pour que tout recommence… Rien que cette perspective la mettait hors d'elle.

Mais l'Elfe eut tôt fait de découvrir son buste et elle ne put s'empêcher de regarder les cicatrices tandis qu'une petite voix dans sa tête y applaudissait une certaine revanche "Ah ! Ca aussi ça a dû faire mal !"

Les marques n'étaient pas bien vieilles; on le discernait facilement malgré le teint étrange de la peau d'Elen. Alors qu'il lui montrait les prouesses supposées de sa grand-mère, elle secoua la tête, toujours incrédule. Isandre pratiquer ce genre de choses ?!
Puis des bribes de souvenirs lui revinrent… Ce livre qu'elle lui avait dit de consulter avant qu'elle aille à l'oscultation de l'Ambassadeur… Des paroles qu'elle lui avait dites lorsqu'ils s'étaient tous retrouvés à Zagnadar : "Et ne te fie pas à son air docile, je sais qu'il a certaines réserves insoupçonnées ! […] Oh ça va, je n'allais pas venir sans avoir testé un peu de quel bois il était fait. Tu verras toute la hargne dont il est capable ! Il faudra encore le mater pour qu'il devienne un esclave convenable mais il sait désormais qui est le maître !"

Le doute s'insinua dans son esprit. Isandre avait changé… A ce point-là ? Une cause ? Une conséquence ? Il fallait qu'elle en ait le cœur net.

- Rhabillez-vous, fit-elle à Elen d'une voix blanche. Et préparez le feu, les couvertures…

Ill repassa le haut de sa tenue, penaud, et exécuta la tâche que Isa lui avait demandé de faire, se demandant s'il l'avait convaincue.
Elle resta debout, les bras croisés, sur la petite butte où ils allaient passer la nuit, à surveiller l'arrivée de sa grand-mère.

- Qu'est-ce que tu fais là à attendre ? Lança Isandre en apercevant sa petite-fille, un long moment après. La soupe est prête ? Je meurs de faim ! Et de froid ! Toi et tes bonnes idées ! Une vingtaine d'auberges à Lardanium pour finir ici en plein vent !
- Quand tu as acheté Elen, où êtes-vous allés ? Lui demanda Isa tout à trac.

La vieille, surprise autant par la question que par le moment choisi pour la poser, s'arrêta dans l'ultime petite côte un instant puis fit les derniers pas pour arriver près du feu.

- Qu'est-ce que tu veux que je m'en souvienne ! Ca fait une éternité !

Isa lui saisit le bras pour l'arrêter.

- Tu vas me répondre cette fois.
- Ah oui ? Qu'est-ce que ça peut te faire ? On a fait le marché, si tu veux savoir ! Ensuite j'ai tout rangé à la boutique… Et voilà !
- Tu mens.
- Baisse d'un ton jeune fille, pas de ça avec moi !

Elle voulut se dégager mais Isa la retint fermement.

- Tu me sommes toujours de grandir, de m'affirmer, de jouer à la puissante magicienne qui sait ce qu'elle veut. Tu vas me dire si j'ai progressé.

Une rage froide lui permit d'immobiliser Isandre d'une seule main cramponnée autour de son avant-bras. D'une voix si basse qu'on l'aurait dit ressortie des Enfers, avec un calme vertigineux, elle énonça les premières paroles d'une magie olympienne capable de soumettre les esprits les plus récalcitrants.

- Tu es folle ma petite ! Glapit la vieille. Arrête ça tout de suite !

Ses yeux s'écarquillaient au fur et à mesure que le sort se construisait. Elle sentait déjà l'étreinte se refermer sur son esprit, alors qu'Isa n'en avait pas terminé. Il était inconcevable qu'on puisse la dominer elle ! Et pourtant l'étau se resserrait, inexorablement. Son pire cauchemar se réalisait…

- Arrête ! ARRETE !! Gémit-elle de terreur.

Il ne restait plus que quelques syllabes pour boucler l'arcane.

- Ordenum ! On est allés vers Ordenum ! Il y a des caches, je voulais… Je voulais…
- Le torturer, c'est ça ?

Isa venait de briser son sort. Mais aux traits décomposés de la grand-mère, elle n'avait plus besoin de la menacer. La vieille n'était plus qu'une loque pantelante qui hochait la tête, l'air complètement défait.
Isa lui ôta sa besace et la renversa au sol sans aucun égard. Au milieu des sachets d'herbes, du carnet, d'un petit nécessaire à écrire, d'un peu de nourriture, elle trouva le livre ouvert sur des dessins horrifiques… Elle aussi se sentait vidée. Elle eut juste la force de ramasser les herbes qu'elle glissa dans son propre sac et le grimoire qu'elle amena au feu pour l'y jeter. Isandre n'eut pas le courage de se rebiffer.

- Ramasse tes affaires et retourne à Lardanium, ordonna la jeune femme. Je t'enverrai un message quand il sera temps que tu nous rejoignes. Réponds-y sur le champ.

Elle regarda sa grand-mère plier bagage et rebrousser chemin dans la nuit tombante.



el Par Elen  le 18/11/2011 à 19:52

L'Elfe n'avait pas assisté à la scène, occupé à obéir à Isa Cestia, pour ne pas la contrarier plus qu'elle ne l'était. Mais, lorsqu'il se rendit compte que Isandre avait été chassée aussi rapidement qu'elle était venue, il ne pu s'empêcher d'éprouver de la crainte. L'Incarnation se vengerait, il n'en avait aucun doute. Il frissonna...

L'Elfe fouilla dans le sac de provision, et il dénicha de la viande salée mais non séchée. Il mit en place une casserole d'eau sur le feu qu'il venait de faire, afin de dessaler le morceau qu'il avait choisi. Il dénicha des herbes aromatiques qu'il connaissait bien dans un buisson non loin du campement, et il ajouta quelques légumes simples à la casserole. Les herbes donnerait un peu de goût aux aliments secs et fades qu'ils avaient du prendre pour le voyage. Ce n'était pas de la grande cuisine, bien entendu, mais cela aurait le mérite d'être un repas chaud et un peu plus élaboré que ce dont ils avaient eu l'habitude ces derniers temps. Il sortit une écuelle et il servit Isa Cestia, lui tendant l'assiette.


« Je... Je suis désolé... »

Il ferma les yeux un instant, n'osant affronter le regard de Isa Cestia. Elle ne le croyait pas, elle s'était brouillée avec son aïeule. Et tout ça c'était ça faute.

« Ereinlen... Je suis déçue... Très déçue... »

Il sursauta. Ce n'était pas Isa Cestia qui parlait. Un picotement dans la nuque le fit frisonner. Il avait la sensation que quelqu'un le regardait avec insistance. Il n'osait pas se retourner, où l'Olympienne pourrait le gronder...

« Tu as réussi à chasser ma clef... Tu sais ce que cela signifie, n'est-ce pas ? »

Il se détacha de ce que l'autre disait et rouvrit les yeux, observant Isa Cestia, toujours plein de remords.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 19/11/2011 à 09:44

Isa s'était assise en tailleur près du feu. Elle restait immobile, les mains tendues vers les flammes, le regard vide. Elen s'affairait à préparer le dîner et ce n'est que lorsque les odeurs du bouillon s'échappèrent de la marmite qu'elle reprit pied dans la réalité. A croire que son corps se moquait de tout : elle avait faim, trivialement.

- Merci, fit-elle au Loup quand il lui tendit l'écuelle.

La soupe à la viande était brûlante et sentait bon. Elle ne remarqua pas que l'Elfe se crispait quelques secondes.

- Ne vous excusez pas, ce n'est pas à vous de…

Et pas à elle non plus. Son regard se fit plus dur, sa colère revenait et remplissait de nouveau ce vide qui l'avait laissée épuisée. Mais elle détestait ce sentiment. Il rendait tellement malheureux… Etait-ce ce qui rongeait sa grand-mère ? Après quoi en avait-elle pour y avoir tant sacrifié ?

- Bref… Mangeons tant que c'est chaud.

Elle rompit une miche de pain et en passa un large morceau à l'Intendant.

- Considérez que je vous crois. Votre… "Problème" va nous contraindre à éviter les villes. Je ne peux pas demander à ma grand-mère de faire des recherches pour nous. Je ne peux pas vous laisser seul avec elle. Je ne peux pas vous laisser seul tout court puisque j'ai la responsabilité de votre garde. En d'autres termes, nous voilà liés dans une vie d'errance, jusqu'à ce que l'on trouve une solution.

Elle ne se connaissait pas cet esprit froid et analytique mais il s'avérait que c'était parfois utile lorsque la situation menaçait de déborder. Savoir où l'on en était pour mieux avancer. Oui mais… Vers où ?
Elle trempa un bout de pain dans le bouillon avant de le manger.

- Vous cuisinez bien, je vais vous laisser faire à l'avenir. On n'en a pas fini des racines bouillies et de la viande salée…

Elle termina son assiette avant de sortir quelques parchemins et de quoi écrire.

Ma sœur,
Ce que tu vas lire te paraîtra aussi incroyable que révoltant. Pourtant c'est la stricte vérité. Ne le répète à personne et surtout pas à Grand-mère, c'est capital. […]


Les mots venaient avec peine.
Ses yeux s'embuèrent à plusieurs reprises mais elle devenait aussi plus forte. Etait-ce ce chemin qu'avait emprunté Isandre ? Deviendrait-elle comme elle à force de luttes ?
Tout fut noté avec soin et le lendemain, sa "sœur" saurait à quoi s'en tenir.



el Par Elen  le 20/11/2011 à 09:27

« Je suis désolé de vous obliger à quitter les vôtres... »

Il grignota le pain, d'un air distrait, ne touchant pas à la soupe. Il observa le manège de Isa Cestia, écrivant encore dans son carnet. Il sentait toujours cette affreuse présence derrière lui, comme prête à bondir sur lui. Il se sentait terriblement mal d'avoir rompu l'harmonie qu'il existait entre Isa et sa grand-mère.

« Je... Je vous vois souvent écrire ainsi... Vous... Vous rédigez vos mémoires ? »

************

Isa termina un mot avant de relever la tête :

- Mes mémoires... Elle ne put retenir un demi-sourire devant l’ironie de la formulation. Un journal plutôt... Je dois avoir du sang nain pour m’appliquer autant à tout noter !

Elle préférait un peu d’humour pour camoufler la réalité. Personne ne devait savoir ou les conséquences ne seraient que désastreuses pour elle.

************

Le Loup préféra ne pas en dire plus. Il mangea peu, l'appétit n'étant pas au rendez vous. Cependant, il décida d'essayer de remonter le moral de sa maîtresse, chantant une chanson Olympienne qu'il connaissait, une balade décrivant la cité blanche dont les accents poétiques avaient sur toucher les Elfes du clan du Loup. Peut-être apprécierait-elle...

Quelques jours plus tard, ils se mirent en route, en direction du nord, rejoints par une Isandre silencieuse et abattue, ce qui ne présageait rien de bon pour Elen...



Et au nord ils se rendirent...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes