Ils émergèrent de là...

Elen avait eu une discussion vive avec Calith en sortant de la caverne. Pourtant, les deux Intendants semblaient s’être réconciliés. Elen avait piétiné l'insigne des Sylphes après que Calith lui eut donné la sienne Ils s’étaient ensuite quittés pleins de rêves et d’espoir.

Nil et Elen avait progressé rapidement vers le sud, suivi par le fidèle élémentaire de flamme qui s’accrochait à leurs pas. Ils avaient rapidement quitté les neiges du nord, rejoignant les pleines à l’herbe grasse. Et finalement, ils s’étaient installés sur une couverture, l’un auprès de l’autre. Elen avait alors saisit son épouse par la taille et dans un sourire, il avait glissé à Nil :

“Les Sylphes n’existent plus...”

Il prit les deux mains de son épouse dans les siennes, plongeant ses yeux dans les siens avec tendresse. Cela faisait si longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés seuls tous les deux, avec pour seules complices les étoiles. Il ne bougea pas pendant quelques instants, profitant de l’enivrante présence de Nil, prisonnier de ses yeux magnifiques. Il retenait son souffle, n’osant pas rompre la magie du moment. Et pourtant, il sentait que Nil était suspendue à ses lèvres...

“Nous avons de nouveaux projets, Nil, avec Calith. Et je veux que tu en fasses partie. Je t’ai promis de t’apprendre tout ce que tu aurais à savoir à propos de notre famille. Et je le ferai. L’histoire, les rites, la langue. Tu sauras tout.”

Il caressa tendrement la joue de Nil, lui murmurant au creux de l’oreille...

“Et en premier lieu, je vais t’enseigner ce qui lia les Guêpes aux Loups...”

Inclinant son visage vers celui de son épouse, il prit ses lèvres avec passion et...

Ils s’étaient enfin retrouvés et ils n’allaient pas risquer de perdre un instant. Jadis les Guêpes s’étaient unies au Clan du Loup dans les instants sombres qui suivirent la Guerre contre Acrim. Comme les Guêpes, Nil’nelia s’unit au Loup et comme elles, elle allait apprendre petit à petit les coutumes de son mari. Mais, sous les épaisses couvertures, fatiguée mais heureuse, Nil’nelia ne pensait pas à ces futurs cours. Simplement heureuse elle avait la tête posée sur le torse d’Elen, celui-ci jouant avec une mèche rebelle de la nouvelle Louve.

“Elen, les Sylphes ne sont plus... Nous avons accompli quelque chose... Mais mon meilleur souvenir en tant que Sylphe... c’est de t’avoir rencontré. Tu savais que pendant la reconstruction de Fernliae je t’avais déjà remarqué ? Le plus fort, le plus pressé... Tu rivalisais d’agilité avec les Hommes Sauvages. Mais...”

Lui murmurant dans le creux de l’oreille.

“Tu me faisais peur. Je me souviens encore de la jeune Noble timide et effrayée de l’époque. Les Elfes des Lunes étaient pour moi, presque des sauvages. Alors qu’aujourd’hui, c’est moi la sauvage.”

Le clin d’œil entendu ne laissait aucun doute quant à la référence à ce qu’il venait de se passer. Un large sourire illumina le visage de Nil’nelia alors qu’elle se relevait légèrement pour voir la réaction d’Elen. Ce dernier embrassa son front.

“Et tu n’as plus du tout peur de la bête qui se trouve en toi !”

Elen pouffa de rire. Leurs ébats avaient passablement abîmé les marques rituelles qu’il avait dessinées avec l’onguent de Isa Cestia. Mais il n’en avait cure. Après avoir retrouvé avec tant d’intensité sa femme, tant physiquement que spirituellement, il se sentait prêt à affronter tout ennemi qui se mettrait entre elle et lui.

“Tu sais, Nil, ma Nil à moi, j’ai du mal à comprendre comment j’ai pu t’effrayer ne serait-ce qu’une seconde.”

“Tu t’es déjà regardé montrer les crocs ? Tu es plutôt... convaincant dans ce rôle de carnassier. Et tu sais, il ne me fallait pas grand chose pour être effrayée. Maintenant, plus rien ne me fait peur. Enfin, rien qui ne soit fait de chair et d’os.”

Un moment, son esprit s’égara vers Fernliae. Il y avait eu de grosses tensions avec les autorités de la ville mais à jamais cette cité serait dans son cœur. S’allongeant à nouveau sur Elen, elle continua.

“Donc, maintenant que nous avons rejoué l’histoire des Guêpes et des Loups... Que vas-tu m’apprendre ? La fusion avec un autre clan ?“

“Aucune fusion ne fut aussi impressionnante que celle des Guêpes et des Loups. Nous jouerons peut-être quelques scènes de l’histoire de Neleth et Aelion... Mais d’abord, je veux que tu connaisses quelques mots de Loup ancien...”

Il déplaça ses mains du bas vers le haut, effleurant la douce peau de sa femme. Il parla tout bas, comme si les astres pouvaient les épier.

“Savais-tu que ton nom sied bien à une louve ?”

Nil souleva un sourcil, intriguée.

“Mon nom est digne d’une louve... Il a une signification en Loup ancien ?”

“Nil est un prénom précieux, mais bien moins que tu ne l’es. Cela signifie ‘argent’ dans notre langue.”

“Argent ? Quel dommage que j’ai les yeux turquoises... “

“Dommage ? Comment pourrais-je me perdre dans ton regard autrement ?”

“Sans vouloir t’offenser... J’ai l’impression que tu te perdrais dans mes yeux quelque soit leur couleur. Mais je suis heureuse d’avoir un sens dans ta langue. Comme quoi, le monde est bien fait. Apprends moi d’autres mots !”

“Nil, ne li lelo...” dit-il, l’embrassant tendrement. “Devine ce que cela signifie...”

L’elfe se prit au jeu et réfléchit.

“Argent, je t’aime toi ?”

Elen sourit de plus belle. Décidément, sa femme était douée.

“Presque. Je vais te donner la réponse... Nil, je t’aime...”

“Ainsi, lorsque les Loups prononcent mon nom en entier, ils me disent tous qu’ils m’aiment en une sorte de Loup ancien où des syllabes seraient avalées ?”

Le Loup fit la moue, affichant un air faussement vexé.

“Je n’y avais pas songé... Mais j’ai le monopole sur ce genre de déclarations !” dit-il avant d’ajouter : “Et ils t’appellent Nil, de toute façon !”

“En ta présence peut-être, mais lorsque tu n’es pas là, les jeunes Loups m’appellent Nil’nelia. Et leurs yeux brillent d’une étrange intensité.”

L’elfe regarda Elen avec un sourire mutin. Elle ne s’était plus sentie aussi bien depuis un moment. Il se renfrogna. Il était temps qu’il rentre à la Tanière : tous les Loups couraient après Nil, visiblement. Et il était exclu que quelqu’un lui dérobe sa précieuse Nil...

“Elen, ne li lelo...”

Il sursauta alors qu’elle l’arrachait à ses pensées, s’adressant à lui dans sa propre langue. Cela lui rendit le sourire.

“Tu apprends vite... Tu vas être ma meilleure élève, je le sens !”

“Des relations... comme les nôtres peuvent exister entre élève et professeur ? C’est assez malsain. Mais si je veux progresser plus vite, nous pourrions faire des heures supplémentaires après les cours.”

“Peuh ! Kowü a bien épousé son apprentie. Toi tu as consenti à te lier à moi avant de démarrer ton apprentissage. Pour une fois, je vais pouvoir me vanter d’avoir su faire les choses dans l’ordre ! Comme cela, tu pourras avoir toutes les heures supplémentaires que tu désires !”

Passant une main derrière l’épaule droite d’Elen, Nil effleura plusieurs fois le Saïka du Loup. C’était bien une des choses qu’elle ne comprenait pas vraiment chez les Elfes des Lunes.

“Elen, ce Saïka, tu m’en as parlé de nombreuses fois mais... je ne comprends pas vraiment comment il fonctionne. Pourquoi en avez vous besoin pour utiliser la magie ? Pour les Elfes Nobles, c’est un des mystères qui fait dire que les Elfes des Lunes sont inférieurs car ils semblent avoir besoin de ce tatouage pour manipuler les flux magiques.”

“C’est parce que nous ne manipulons pas la même magie, Nil. Celle des Nobles est liée à la nature et aux éléments. La notre est la manipulation des flux qui circulent entre nos corps et le monde des esprits. Pour faire appel à la magie de nos Totems, nous devons canaliser notre énergie afin de créer un pont. Et c’est pour cela que nous avons besoin de nos Saïkas, pour dompter les courants qui nous animent."

“M’apprendras-tu à maîtriser l’énergie qui vit en moi ? Une fois que j’aurai rendu aux Éléments ce qu’ils m’ont donné. C’est une magie si... Étrange.”

“Tu sais, les Loups, à l’exception de Kowü, n’ont jamais été doués pour la magie. Nous pratiquons les transes et savons invoquer la force de Luwö lorsque nous en avons besoin, mais je ferai de mon mieux pour t’enseigner ce que j’en sais. Je te le promets.”

“Votre magie a-t-elle un nom dans le Langage des Loups ?”

“Je ne crois pas... Opalescencia est le nom que nous avons en commun avec les autres clans. L’origine de ce mot m’est inconnue...”

“Nos futurs enfants seront doués pour la magie.”

Nil avait dit cette phrase sans s’en apercevoir. Elle avait du mal pourtant à voir un futur heureux mais là, sous les étoiles, tous ses espoirs étaient revenus.

“Je leur apprendrai tout, ma magie, celle des Loups... Ma seconde magie si jamais je réussis à la comprendre. Je leur apprendrai d’où ils viennent, je leur dirai comment j’ai rencontré leur père.”

“Et ils auront la meilleure mère d’Olympia. Une mère qui dispose d’une magie qui rend leur père ivre de joie. Et celle là, je doute que tu la leur apprendras”

Il embrassa tendrement sa femme. Autour d’eux, la neige commença à tomber. Les étoiles avaient disparues, cachées par des nuages cotonneux. Cependant, entre deux couvertures, l’un contre l’autre, tout près de l’élémentaire de feu invoqué par le Loup, le froid ne leur semblait être qu’une illusion. Elen en arrivait même à se demander comment il pouvait neiger par une telle température...

Nil’nelia étendit un bras hors des couvertures et tenta de capturer un flocon. Elle aimait jouer avec la neige, c’était quelque chose qui lui était tellement inconnu jusqu’alors. Dans quelques semaines ils seraient à la Tanière, ensemble. C’est, bercée par ces douces pensées qu’elle s’assoupit.“Argent, je t’aime toi ?” “Aucune fusion ne fut aussi impressionnante que celle des Guêpes et des Loups. Nous jouerons peut-être quelques scènes de l’histoire de Neleth et Aelion... Mais d’abord, je veux que tu connaisses quelques mots de Loup ancien...”

Ils profitèrent de la froide matinée pour se réchauffer une fois encore mutuellement. Ensuite, Nil put contempler l’un des rituels qui avait permis à Elen de déjouer quelque peu la mort ces dernières saisons, à ceci près que pour celui-ci il avait reçu une assistance inespérée.

Il traça sur son corps des lignes avec un onguent, celui-là même que Dame Isa Cestia lui avait donné. De son doigts, il faisait naître des formes et des symboles, en Loup Ancien, censés éloigner le mal. Plus besoin de marque de sang. Son Finyë se liait étrangement à la magie d’Aphrodite, lui offrant une bien meilleure protection que tout ce qu’il avait pu tenté par lui-même, hormis le talisman qu’il s’était taillé dans le Grand Chêne. Il s’habilla rapidement, pour échapper à la morsure du vent glacial.

Ils plièrent leurs couvertures, humides. L’élémentaire de feu se chargerait probablement de les sècher pour eux plus tard : en les plaçant près de lui, ce dernier pourrait sans doute les aider. Cela dit, la créature semblait souffrir du froid. Elle s’était réfugiée dans leur feu de camp avec assiduité et n’en avait pas bougé avant qu’ils ne sonnent le départ, profitant de la chaleur des dernières braises. Finalement, les élémentaires possédaient des limites semblables aux mortels...

Ils marchèrent quelques temps, main dans la main, en direction du sud. Vers leur maison. L’esprit de Elen échafaudait mille et un plans pour sauver le monde et combler son épouse. Elle porterait bientôt le Saïka du clan du Loup, et cela l’emplissait de fierté. A ce moment là, elle deviendrait une Louve, bien qu’elle l’ait toujours été aux yeux de son époux. Et leurs destins entremêlés auraient enfin l’aval le plus total de Luwö.

“Nil, tout va bien ? Tu es bien silencieuse, depuis ce matin... C’est les marques, c’est ça ?”

“Ces marques me ramènent dans la dure réalité... C’est une étrange coupure avec la nuit dernière... Le... Néant est-il toujours là ? Toujours quelque part dans ton esprit ?”

“Je suis désolé. Je le sens, oui. Mais il n’est plus aussi proche qu’avant. Soit cet onguent est d’une efficacité redoutable, soit il a autre chose. Je ne veux pas que tu t’inquiètes pour ça, tu sais ? Calith et moi allons trouver une solution. J’en suis certain.”

“Je n’en doute pas. De toute façon, je n’ai pas la tête à cela !”

Elen se demanda à quoi l’esprit agile de son épouse pouvait être occupé. Était-ce lié à l’affaire des Piliers ? Ou autre chose ? Nil’nelia se tourna vers l’élémentaire de feu. Il avait vraiment des difficultés à supporter le froid.

“Viens par ici toi...”

Elle s’accroupit, écartant les mains et incanta de petites flammes. Les étincelles qui composaient la créature s’agitèrent, dansant plus rapidement encore. De l’excitation ? Peut-être. Sentir la présence élémentaire du feu semblait plaire à la créature de Logdé Pyros. Elle s’approcha des mains de Nil, si proche que la jeune femme eut la désagréable impression qu’on allait la cuire.

“Voilà, tu es un peu réchauffé. Ne me brûle pas, sinon je ne t’aide plus.”

L’élémentaire ne semblait pas l’entendre ainsi. La présence de tant de chaleur le faisait s’agiter en tous sens et il progressait doucement mais sûrement vers elle. Elen fonça les sourcils et chassa d’une simple pensée la créature.

“Alors, tu es un des serviteurs de Lodge Pyros ? Et tu es lié à Elen ?”

Les nuées continuaient leur incessant balais, comme totalement désintéressées par les propos de Nil. Peut-être ne la comprenait-elle tout simplement pas ?

“Nil... C’est une créature très simple, tu sais. J’ai eu bien du mal à prendre contact avec son maître dans le Gouffre. Avec lui, communiquer m’est impossible. Je peux vaguement le diriger, lui dire qui suivre ou protéger, mais rien de plus. Mais sa présence fut des plus appréciable dans maintes situations... Que lui veux-tu, Nil ?”

“Rien de spécial, il est plutôt mignon. Il faudra qu’un jour je tente de revoir Lodge pour rendre ce pouvoir que je lui ai pris, sans vraiment le vouloir.”

Elen sembla songeur un instant.

“Ce pouvoir t’ennuie ?”

“De moins en moins mais quelques fois je ne me reconnais pas. Je... En fait il exacerbe une partie de ma personnalité. Et pas ce qu’il y a de meilleur en moi. Une volonté de blesser même au démarrage. Une volonté de détruire ce qui est sur mon chemin. Une volonté de pouvoir pour atteindre mes buts. Mais je me contrôle de mieux en mieux. Et surtout, j’arrive à arrêter l’afflux avant de mourir de fatigue.”

Nil’nelia tenta de sourire pour ne pas inquiéter Elen. Mais elle avait sûrement dit trop de choses pour qu’il ne remarque pas le danger de sa condition. Il s’arrêta, la prenant par la taille pour la rapprocher de lui.

“Tu sais, Nil... Cela n’exacerbe pas que des mauvais côtés de toi !”

Il lui adressa un sourire énigmatique, qu’elle n’eut sans doute aucune peine à déchiffrer. Il l’embrassa tendrement.

“Mais soit, nous trouverons un moyen pour te débarrasser de ce fardeau.”

Le front de l’Intendant se plissa immédiatement, tandis qu’il tentait de mettre les idées et les concepts dans l’ordre afin de trouver une solution au souci de sa femme. Nil’nelia ne voulait pas penser à cela. Changeant le fil de la conversation, elle s’aventura sur des sujets plus importants pour le moment.

“Je ne sais pas si tu es vraiment au courant... Aileen... Elle a été capturée, comme toi. Mais je n’ai aucune nouvelle. Je m’inquiète un peu pour elle.”

“Je l’ai rencontrée. Mais je ne sais pas à qui elle a été vendue... S’il lui arrive le moindre mal, je saurai la venger... Crois moi...”

Cette même détermination qu’il avait affichée devant Calith lorsqu’ils avaient fondé les Éclats, elle resurgit en cet instant. Et il devint plus semblable encore aux grands Elfes des Lunes du passés, craints pour leur courage, le force et leur infaillible détermination. Il enrageait encore que personne n’ait agi, ni les Nobles, ni le Peuple Sauvage... Son poing se serra involontairement, sur la main de sa femme.

“Elen, il faut qu’on aille rapidement à Fernliae ou Na’Helli, ils ont peut-être des nouvelles.”

Son étreinte se relâcha alors que la voix de sa femme lui faisait oublier sa déception.

“Peut-être... Mais nous devons d’abord retourner à la Tanière. Chercher les informations que nous pourrons trouver à propos de ton idée.”

“C’est si dur de savoir ce qu’il faut faire en premier. Aider les nôtres ou aider l’ensemble d’Olympia. Elen, nous avons besoin d’aide. Les Dieux ne sont plus là, nous sommes... seuls. Je ne les aime pas mais si les Dieux eux-mêmes ne peuvent rien faire qui pourra ? Les Elfes des Lunes ont eu les chamans légendaires pour les aider contre Acrim. Nous... Rien.”

“Je t’ai toi, Nil. Et tu me donnes plus de force que les Chamans des légendes en eurent ! Nous vaincrons.”

Elen caressa la main de sa femme, celle qu’il tenait. Il aurait voulu l’enlacer, encore, mais le temps pressait. S’arrêter, même pour un motif aussi doux, ils ne pouvaient se le permettre. Soudain, l’Intendant eut comme un sursaut. Il s’arrêta net, les deux mains sur les épaules de sa femme, son regard planté dans le sien.

“Nil ! J’ai trouvé ! Je sais comment tu pourrais rendre ce que le feu t’a donné ! Et sans avoir à faire le voyage vers le sud !”

Nil sortit de ses pensées.

“Comment Elen ? Comment ? Tu sais dissiper la magie des Éléments ? Les géants le pourraient sûrement, mais les seules réponses de leur part, c’était pour me dire que je ne devais pas combattre cette puissance.”

“Ils ont bonne mine, les Géants ! Incapables de comprendre ce qu’il leur arrivait sans me le demander ! Juste après avoir proposé de m’offrir en sacrifice au pilier, évidemment... Ils n’ont plus rien de semblables avec ceux que j’ai connu par le passé... Je pense que tu pourrais donner une part ou tout ce que le feu t’a transmis à l’élémentaire. Je pense qu’il se chargerai de faire la transmission à son maître...”

“Je ne sais pas vraiment comment transmettre cette énergie mais... pourquoi pas. Il vaut mieux essayer. Cependant cette puissance m’est très liée. Est ce que m’en séparer sera sans danger, je ne le sais pas. Je devrais lui donner une part chaque jour.”

Nil’nelia ouvrit la paume de sa main et une flamme y apparut. Il n’y avait pas encore si longtemps, elle n’était pas capable de canaliser aussi précisément la magie. C’était devenu une part d’elle-même et... Une part d’elle-même était malade à l’idée de se séparer de cette puissance.

“Je ne sais pas si c’est une si bonne idée.”

Elen posa sa main sur l’avant bras de son épouse, pour qu’elle abandonne sa tentative tandis que l’élémentaire s’agitaient dangereusement, encore une fois.

“Ne fais pas ça maintenant, Nil. Il faut que nous y repensions calmement, ce soir, avant. Peut-être que si tu n’en cèdes qu’une part, celle-ci va se régénérer. Peut-être te faudra-t-il te séparer de tout en une seule fois. Nous devons analyser, comprendre et te faire courir le moins de risques possible.”

Il serra son épouse contre son torse, caressant sa douce chevelure.

“Je ne veux pas te faire courir le moindre risque...”

Une étrange sensation de bien être s’empara d’elle lorsqu’Elen lui annonça qu’il fallait attendre. Devenir plus faible l’inquiétait. Surtout en de telles circonstances. Elle jeta un coup d’œil à l’élémentaire, qui lévitait sans comprendre ce qu’il se passait. Enfin c’est ce qu’elle imaginait. Une sensation étrange s’emparait toujours d’elle lorsqu’elle pensait à l’élémentaire. Elle sentait sa présence, elle se sentait proche de lui. Comme un frère, comme un semblable.

“Je ne veux prendre aucun risque... Mais tu as dit qu’il pourrait transmettre à son maître. Tu crois qu’ils sont liés, même à cette distance ?”

Elen haussa les épaules.

“Je le renverrai auprès de lui. Après tout, il m’a déjà bien aidé. Et les élémentaires ont peut-être leur propre combat à mener, nous aidant indirectement à vaincre notre ennemi.”

“Peut-être... Peut-être... De toute manière il est difficile de les comprendre. Ils sont encore plus énigmatiques que les dieux olympiens, c’est dire !”

“Et tu ne connais pas encore Luwö... Les Totems sont plus mystérieux encore, même pour leurs fidèles. Leurs desseins sont impossible à comprendre...”

“Je sens que tout ce qui est puissance supérieure n’est pas fait pour moi.”

“Luwö t’aime, Nil... Il t’a placée sur ma route. Et il nous a permis de nous marier. Peut-être nous donnera-t-il la joie d’élever une famille, ma douce.”

Il embrassa tendrement son épouse, l’invitant à reprendre leur progression...

Après une journée de marche, ils firent halte. Dormir à la belle étoile avait certains avantage, et c’était là que Elen parvenait le mieux à trouver le sommeil, hormis dans la douce quiétude de la Tanière. Mais Nil, plus habituée à avoir un toit au dessus de sa tête, ne parvenait pas encore à trouver sereinement le sommeil. Elen transportait la tente de la jeune femme, depuis qu’ils s’étaient retrouvés. Il monta adroitement la tente, interdisant explicitement à l’élémentaire de s’en approcher. Cependant, par égard pour la créature, ils allumèrent un feu à l’extérieur, avec l’aide de la magie de sa femme. Une fois abrités, il s’installa devant elle.

“Pas trop fatiguée ?”

“Un peu, mais c’est normal, on voyage assez vite, et c’est de la bonne fatigue. Et toi ?”

“Un peu, en effet. Ta foulée s’est améliorée, Nil ! Tu cours aussi rapidement qu’une vraie Louve !”

L’elfe avait vu des Loups chasser et elle savait qu’il exagérait un peu, mais en effet, elle marchait plus loin, plus longtemps et apprécia le compliment.

“J’en avais marre de toujours courir derrière toi... Il a bien fallu que je m’entraîne et comme ça je peux te surveiller. Tu as un tel don pour tomber dans les situations les plus périlleuses. Et ce soir, que vas-tu m’apprendre ? Du Loup Ancien ? Des histoires du Clan, des histoires des Clans ? Tu serais étonné de savoir tout ce que je connais sur les Clans, j’ai un peu arpenté la bibliothèque en t’attendant.”

“Que penses-tu de trouver une solution à ton problème, comme nous en avons parlé aujourd’hui ? Tu auras tout le temps d’apprendre ensuite.”

“Pourquoi pas...”

Elle serra à nouveau les dents. C’était étrange de se dire qu’il y avait une part d’elle qui allait partir. Mais c’était pour son bien.

“Je ne sais pas vraiment comment donner de la magie. Et s’il n’est pas très développé au niveau de la compréhension, n’y a-t-il pas un risque qu’il se rebelle et croit à une attaque ?”

“Je ne pense pas. Il a l’air d’apprécier le feu, à tel point qu’il pourrait te blesser, par contre. L’idéal serait que tu établisses le même genre de contact que celui qui t’a lié à son maître. Comment cela s’est-il passé précisément ? Tu m’as dit avoir cherché à communiquer avec lui, comme je l’avais fait. Décris moi comment cela s’est passé...”

“Je me suis assise près de Lodgé, malgré la chaleur. J’ai fermé les yeux. Tu m’avais dit que pour communiquer avec Lodge, tu avais ouvert ton esprit. Mais j’avais beau essayé, je ne comprenais pas comment ouvrir mon esprit. Je me suis donc tout d’abord refermée sur moi même, dans un état de stase quasiment. On nous apprend ça pour trouver l’énergie au fond de nous. Puis, une fois que j’avais isolé tout ce qui m’entourait, une fois que j’étais bien en phase avec moi-même j’ai ouvert mon esprit au feu et au feu lui seul. J’ai... J’ai essayé de ne faire qu’un avec l’élément. J’avais des flammes devant les yeux, et les flammes de Lodgé et les miennes s’effleurèrent. Pendant un bref instant j’ai senti un contact. Au delà des flammes, une conscience avait caressé mon esprit. Une conscience étrange. Puis...”

Nil’nelia s’arrêta. Tout lui revenait. La Douleur, l’impression de chute. Elle inspira un grand coup.

“Mon mana, à l’état pur s’est emballé. Une véritable décharge d’énergie a échappé à mon contrôle. J’ai même blessé les gens autour de moi. Une énergie qui n’était pas la mienne s’était mélangée à la mienne, était en train de s’associer à la mienne car j’avais levé toutes mes protections. C’est rentré en moi. Mon mana s’est enflammé. Je... Je ne pouvais rien contrôler. Sous l’effet de cette puissance, mon corps ne me répondais plus. J’étais une torche humaine. Et je mourais. L’énergie me quittait petit à petit. Je ne me souviens plus très bien de la suite. Je vois juste la Lumière irradier ma peau et les flammes se créer. Je me souviens d’eau, je me souviens de cris. Je me souviens qu’à un moment tout s’est arrêté. Je n’étais plus capable de marcher.”

Elen serrait fortement la main de Nil, pour l’enjoindre de continuer sa description tout autant que pour la rassurer. Tout ce qu’elle narrait appartenait au passé. Elle n’avait plus rien à craindre...

“A peine de respirer. J’étais pourtant secouée de décharge. Je ne reconnaissais plus totalement mon aura. Ce n’était plus tout à fait moi...”

“Je vois... Je n’aurai jamais du te parler de la transe sans t’en apprendre les rudiments. Je crois que tu as trop ouvert ton esprit. Lorsque nous effectuons une transe, nous nous efforçons de contrôler le flux et d’en limiter l’importance. Nous ne devons pas nous lier aux esprits, sans quoi ils nous entraînent dans les couches les plus profondes de la transe, sans retour possible, comme tu le sais. Heureusement pour toi, en un sens, ce n’était pas vers un esprit que tu te tournais. Mais il y a dû se produire une fusion momentanée. Et de la même manière que j’ai laissé une part de moi dans le monde des esprits, l’élémentaire a laissé une part de lui-même en toi...”

“Alors il faut que nous lui rendions... Autant pour moi que pour lui !”

“Il ne court aucun danger, Nil. Seule une fraction de lui-même s’est échappé de lui. Et la relation de force qui existe entre vous est celle d’un puissant qui a laissé une part de lui-même dans une créature plus faible. Il ne peut pas te dominer parce qu’il n’a placé que trop peu de lui en toi ou parce qu’il ne le souhaite pas.”

“Ou qu’il n’en a même pas conscience...”

Il hocha la tête.

“C’est possible aussi. Si tu n’es pas parvenue à communiquer réellement avec lui, il y a peu de chance qu’il ait perçu ta tentative.”

L’elfe était un peu rassurée. Mais pour autant, céder une part d’elle-même pour une seconde fois ne l’enchantait guère. Elle devait le faire, mais subir à nouveau cette expérience... Un frisson la parcourut.

”Elen... Est ce qu’il y a un risque que... au lieu de ne rendre que ce que j’ai dérobé, une autre part de moi-même s’égare ?”

Elen réfléchit un instant. Cette éventualité, il la connaissait tout aussi bien qu’elle. Mais l’élémentaire à son service était largement moins puissant que Logdé Pyros. Les rapports de forces étant inversés et son affinité avec le feu étant ce qu’elle est, le petit tourbillon d’étincelles ardentes prendrait probablement la fraction de feu qui vivait en Nil.

”Je ne crois pas, Nil. Il y a de bonne chances que cela fonctionne comme nous l’espérons. Il est sans doute moins puissant que toi. C’est peut-être même pour ça qu’il te suit plus que moi à présent. Il te prend pour un élémentaire supérieur, je pense. Il sera exactement comme toi tu étais dans le Gouffre des Lunes.”

Nil’nelia sourit... Elle n’avait pas vraiment l’impression d’être un élémentaire supérieur. Mais... Il était vrai que de temps à autre, lorsqu’elle perdait le contrôle, ses propres pouvoirs l’étonnaient. Elle était prête. Et, contrairement aux fois précédentes, la part du feu qui sommeillait en elle ne semblait pas vouloir l’empêcher de commettre cet acte.

”Je suis prête. Je ne veux pas attendre plus longtemps, sinon, je risquerais de changer d’avis... Il risquerait de me faire changer d’avis. “

La détermination apparut sur le doux visage de Nil. C’était auparavant chose rare, mais, ces derniers temps, le sourire laissait plus souvent place à ce visage dur. Elen tendit sa main à son épouse, pour la guider à l’extérieur.

”Viens...”

Il la conduisit auprès du feu au sein duquel se logeait l’élémentaire. Celui-ci sembla s’agiter à leur arrivée, comme s’il était content de se trouver auprès d’eux. Elen n’avait jamais réussi à décrypter la signification des chorégraphies de son compagnon. Mais ce dernier s’était montré d’une aide fort appréciable, pour les choses simples. Nil appréciait ce petit compagnon. Étrangement, à chaque fois, elle se sentait bien à coté de lui, alors qu’il aurait pu lui rappeler de terribles souvenirs. Certaines fois, elle imaginait qu’il les comprenait mieux qu’ils ne le pensaient.

”Viens petit être, dit-elle en tendant la main.

”Essaye de reproduire le contact que tu as eu avec Logdé, mais en donnant, plutôt que d’appeler. Je te tiendrai la main tout au long du processus. Je serais avec toi, quoi qu’il se passe.”

Nil’nelia acquiesça. Elle se mit en tailleur devant l'élémentaire. Elle prit la main d’Elen, et, de l’autre, la posa, paume vers le ciel, sur ses pieds, ainsi croisés. Elle ferma les yeux, tentant tout d’abord de se remémorer cette “première fois”. Elle fit le vide dans son esprit, comme on lui avait enseigné en cours d’arcanique. Puis, doucement, elle visualisa des braises. L’image se fit plus nette dans son esprit. Les braises s’allumèrent. Une petite flamme venait de naître. Tout à sa concentration, elle oublia la main d’Elen dans la sienne et la lâcha. Sa deuxième main, rejoignit la première. Elle visualisa cette braise isolée. Elle la chercha en elle. Elle chercha cette présence. Mais... ce n’était pas tâche aisée. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front, malgré la chaleur.
Ouvrant un peu son esprit, elle perçut la présence d’Elen. Et celle du petit Élémentaire... Quelque chose de fugace mais de réel. Elle ralentit sa respiration. Au lieu de chercher, elle décida de laisser la petite braise apparaître d’elle-même.
Assise en tailleur, face aux flammes, rien ne semblait réellement se passer. Puis, au coin de ses yeux, une ligne lumineuse apparut. Elle descendit le long de sa joue, rejointe bientôt par d’autres tracés. Disparaissant sous ses vêtements, elles refirent surface au niveau de ses mains. Une douce flamme tremblota dans la paume de ses mains. Elle venait d’isoler ce qu’elle voulait transmettre.

”Elen ?” appela-t-elle dans un murmure.

Il se pencha vers elle, murmurant au creux de son oreille d’une voix douce et rassurante :

”Continue...”

Le petit élémentaire avait cessé de s’agiter, comme s’il comprenait l’intensité de la situation et le don que Nil lui faisait. Il se rapprocha lentement de la jeune femme, sans pour autant la toucher, et il sembla entrer en communion avec l’elfe.

Un bref instant, Nil perçut la voix d’Elen. Rassurée, elle continua. Elle chercha comment rendre ce don. La réponse ne vint pas d’elle, mais de l’élémentaire lui-même. Alors qu’il frôlait la flamme, un étrange lien se forma. Un bref instant, elle sentit ce pont se former et capturer un peu de son essence. Par pur réflexe, ses défenses psychiques se fermèrent coupant court à tout échange. C’était ce qu’il s’était passé avec Lodgé... Mais elle n’avait pu fermer son esprit devant la quantité d’énergie qui avait tenté de rentrer. Aujourd’hui, il fallait qu’elle fasse le contraire. Qu’elle donne. Les flammes se transformèrent en cours d’eau. Elle traça la source dans le creux de ses mains. Le cours d’eau n’avait pas de destination, il débordait de part et d’autre. Mais, en dehors de son esprit, la flamme avait grandi dans ses mains. Calme, elle s’agitait seulement sous les brises du vent. De petits filaments de temps à autre s’échappaient et disparaissaient dans l’air.

”Prends, prends ce don”, murmura-telle et pensa-t-elle à la fois.

Une des étincelles vint frôler la main de Nil, entraînant avec elle la flamme offerte avant de rejoindre le reste de sa nuée. L’élémentaire sembla un instant plus grand, plus consistant, puis il reprit son ballet, comme si rien n’était différent.

Un contact avait été établi mais ce n’était pas suffisant. Elle devait donner plus que de laisser couler. Elle devait offrir cette magie, comme si elle était un joyau. Elle devait établir un véritable lien avec l’élémentaire. Au creux de ses mains, le feu se concentra. Sa peau brilla. De tout son être, elle appelait les flammes. Petit à petit, le joyau de feu qu’elle formait grandissait. La chaleur monta mais ne sembla pas inquiéter l’elfe. L’élémentaire avait commencé un ballet, quelque peu différent. Il bougeait plus vite. Les nuées fusant au creux de la main, arrachant des lambeaux de flammes. Petit à petit, la nuée croissait, le nombre d’étincelles qui la composaient évoluant avec elle. Le lien semblait des plus efficaces.

Bientôt, il n’y eut plus qu’une petite flammèche, légère et diffuse au creux de la main de Nil : son affinité naturelle avec le feu, trop différente et trop elfique pour que la créature en veuille. Les étincelles se rétractèrent et rejoignirent le corps dansant qui composait l’élémentaire.

”Tu as réussi, Nil !” fit Elen, l’enlaçant. ”Tout va bien ?”

”Je... Je crois. Je ne me sens pas si différente. Plus calme peut-être. J’ai réussi. J’ai ... J’ai réussi.”

”Tu es fatiguée, voilà tout, Nil... Viens, il faut te reposer.”

Nil essaya de se lever, mais, ses membres engourdis eurent du mal à répondre. Tout à coup, elle sentit le vent caresser sa nuque et elle frissonna de froid. Cela faisait si longtemps. Fatiguée ? C’était étrange, pas la même fatigue que lors d’un violent effort. Pas quelque chose dans ses muscles. Plus un ensemble de sensations. Mais c’était surtout l’absence de colère, sourde, qui laissait un vide. Elle avait fini par ne plus percevoir cette étrange facette d’elle-même mais, depuis qu’elle était partie, elle se sentait heureuse. Elen l’aida à se relever et ils se dirigèrent vers la tente où les attendait une couverture en peau, qu’elle accueillit avec bonheur.

”Ma Nil, ma douce Nil, laisse-moi régler un dernier détail, puis je te rejoins au chaud.

L’Intendant quitta la tente, se rendit près de l’élémentaire et s’adressa à lui, tant en lui projetant ses sentiments qu’en lui parlant :

”Tu as été un compagnon fort agréable. Et je crois qu’il est temps de te libérer de ton service. Va dire à ton maître que nous sommes quittes. Raconte-lui ce dont tu as été témoin, à ta façon, pour qu’il sache ce qu’il se déroule en ce moment dans les Terres Connues. Peut-être pourra-t-il intervenir, qui sait ? Et rends-lui son bien, involontairement emprunté.

A présent va, tu es libre.

A peine avait-il terminé sa phrase que l’élémentaire décolla, à une vitesse folle, comme si le don de Nil lui avait rendu toute sa vigueur. Il survola les plaines, et s’arrêta à Lardanium dans un feu de cheminée. Il prit la direction du sud, se glissant au passage dans la lave qui défigurait Olympia puis il fit le voyage d’une traite jusqu’à une certaine taverne nichée dans le désert où l’attendait un bon feu de bois. Il rejoignit enfin le domaine de son maître...

Elen se glissa quant à lui dans la tente, puis sous la couverture de peau, aux côtés de son épouse, qui se pelotonna contre lui.

”Je l’ai renvoyé... Il devait se languir de sa maison, tout comme nous...”

La chaleur d’Elen réchauffa Nil’nelia. De nouveau elle-même, de nouveau ensembles, la suite ne pouvait que mieux se dérouler. Mais...

...les choses se compliquent pour l’un d’entre eux...