Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - C'est une manie .... ou c'est glandulaire ?
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C'est une manie .... ou c'est glandulaire ?
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Dernière réponse le 20/12/2010 à 18:50

nain Par Runella Kronic  le 04/06/2009 à 15:34

Récit recueilli dans les bas-fonds de Lardanium par une petite naine poilue au joli minois

Il est des faits que l’imagination la plus débridée se refuserait à concevoir. Aussi me garderais-je bien de changer le moindre petit mot à l’histoire entendue un soir, dans les bas-fonds de Lardanium, qui par leur aspect vous font douter de l’existence des Dieux et où un nain malotru m’avait publiquement envoyée faire voir mon joli minois.

J’errai donc au hasard, rasant les murs avec la vague intention de n’arriver nulle part. Au fond d’une impasse infecte, une boutique minable abritait le maître des lieux, dont le physique à l’esthétique indéterminable ne pouvait démentir l’ambiance mystérieuse et morbide du lieu. De toute bonne foi, je ne pourrais l’assimiler à aucun représentant des peuples de ce monde. Des jambes tordues sur lesquelles il oscillait de façon inquiétante. Quant à sa face, Arès lui-même n’aurait pu en donner qu’une idée approximative. L’œil droit me fixait pendant que le gauche avait tendance à s’intéresser sournoisement à ce qui se passait sur la droite. Il donnait l’impression d’avoir reçu des coups sur le crâne qui avaient eu pour conséquence d’amasser sa matière cérébrale en un seul point situé au sommet de sa boîte crânienne. Une cicatrice partant de la pointe du menton contournait une espèce de radis tuméfié en contrebas duquel s’ouvrait le trou noir qui lui servait de bouche.

Voici ce qu’il me dit.

« Bientôt je rentrerai dans la période où les Dieux prévoyants retirent peu à peu la raison du cerveau des êtres de ce monde. Viens là petite naine poilue au joli minois, entendre ce que j’ai à dire. »

« C’était il y a bien longtemps, dans une région du centre du monde. Ton valeureux peuple nain était, comme le sont toujours tous les peuples de ce monde, en guerre contre l’Ennemi à cause de cette vieille et bonne et saine haine héréditaire dont on ignore et le motif et l’origine, mais qui donne un sens à la vie.
L’Honneur des peuples était en jeu et la sauvagerie généreuse des uns n’avait d’égale que la sauvagerie barbare des autres, car chacun sait que dans le tumulte, plus personne n’en a rien à foutre de la discipline. Ils se battaient de la façon la plus franche et la plus sincère, s’aidant des pieds, des mains, de la mâchoire, défendant d’un commun accord leur bon droit injustement attaqué.

L’un de ces belligérants était différent. Son vêtement n’était point comme les autres uniformément maculés des sanies boueuses des champs de bataille. Certes la boue l’imprégnait, mais il y avait quelque chose d’indéfinissable en plus. C’était par endroit des taches grasses et sombres, qui lustraient et rendaient le vêtement imperméable. Bref, aucun de ses camarades ne l’eut endossé, même pour une bonne barrique de bière. C’est dire !

Quel était donc le pouvoir de cet étrange guerrier inculte, issu de la valetaille zélée, qui bien que non gradé, bénéficiait de privilèges estampillés par le haut commandement de la Garde de Pierre ? Non seulement il était libre d’agir à sa guise, mais il lui suffisait d’apparaître quelque part pour qu’il fût aussitôt accueilli avec un respect teinté d’effroi par les plus prudents et les plus rebelles.
D’ailleurs à son arrivée, signalée par l’odeur fétide qui le précédait, car elle sentait un peu fort, cette pelisse qui le distinguait des autres, donc à son arrivée les chopes se tendaient vers lui, et les questions pleuvaient. Alors il parlait, donnait aux uns et aux autres les renseignements désirés et redoutés, avec parfois quelques paquets de hardes déchirées, et des fragments de métal cabossé en pièces détachées, comme autant de terribles pièces à conviction.
Après son passage les conciliabules allaient bon train, on s’interrogeait sur la vie, la mort, la vacuité du monde, le sens des choses, tout ça quoi ! et des regards furtifs et pensifs se perdaient au loin.
Partout il était attendu, guetté et il allait de groupe en groupe, continuant son étrange commerce.

Qui était-il exactement ? Espion, inspecteur des troupes pour le Haut Commandement, observateur, lui qui, au mépris de tout danger et de toute discipline militaire se promenait sur le lieu des batailles rangées et des tactiques savantes, sans casque, sans armure et sans arme, d’un air blasé et n’avait pas un seul regard pour les blessés ? Etait-il protégé par quelque divinité mystérieuse ?

A l’arrêt des combats, il déambulait partout, et chose vraiment bizarre, l’Ennemi ne tirait pas, alors qu’il faisait une cible idéale, comme s’il était connu là-bas aussi bien qu’ici.
Il cherchait du regard dans les fouillis des champs de ferraille abandonnée, dans les marécages pestilentiels, il s’arrêtait et fixait longuement un point, mais surtout il reniflait, inspirant l’air à pleines narines, repérant les directions d'effluves sucrées et putrides.

Et c’était tout !

À la tombée de la nuit il devenait un tout autre individu.
On l’apercevait soudain à la lueur blafarde d’une chandelle, des cordes enroulées sur l’épaule, partir seul à l’assaut de la plaine désertée. Telle une vision d’enfer, il traînait avec ses cordages des fardeaux informes qu’il cachait derrière des rocs.

Puis il disparaissait et quelques nuits plus tard surgissait dans la brume une carriole à bras qu’il traînait lui-même. Les roues étaient couvertes de chiffons de sorte qu’elle avançait sans bruit, et, presque clandestinement, il chargeait son butin amassé les autres nuits.

Longtemps, longtemps, sans pitié pour lui-même, il tirait son chargement brinquebalant. Enfin, fourbu, il atteignait une crevasse béante, l’antre du secret. Alors sans un mot, il prenait sa fourche et déchargeait dans le trou sans fond son fardeau, s’essuyant régulièrement les mains sur son vêtement.

SPLAF ! PLOF ! FLAC ! SPLAF ! PLOF !
Les troncs démembrés, splaf ! les torses décapités, plof ! les bras, les jambes, floc floc ! les corps sans tête, splaf ! les têtes sans corps, flac ! affreux pêle-mêle de lambeaux de chair dégoulinante et d'intestins verdâtres des valeureux Nains et des répugnants Ennemis ...... disparaissaient dans un choc mou.

Puis son chariot vide, il repartait en récitant la prière des trépassés et en rendant grâces aux Dieux Neurasthéniques faisant ici leur cure d’oubli.
Et de la charrette suintaient les gouttes grasses d’un liquide brun qui s’écoulait lentement ..... »


Alors l’estropié des bas-fonds de Lardanium se tut, les yeux vitreux. Farceur sinistre ou inconscient ?

En partant, je vis accroché au fond de l’arrière boutique un manteau d’une teinte indéfinissable, avec des taches d’un rouge brun, tirant sur le lie-de-vin, des taches grasses et sombres, qui lustraient et rendaient le vêtement imperméable ....

Et je pense à ces mots écrits à l'encre encore fraîche sur un grimoire sans âge :
« Alors que les Deux Empires se font face, que Salminar et No'irin engagent un affrontement qui pourrait secouer les Terres Connues jusqu'à l'Olympe........................ »
Et je me dis comme cela à moi-même et dans mon for intérieur :
« Décidément, c'est une manie .... ou c'est glandulaire ? »

A nouveau le vieux gnôme va reprendre du service et réendosser son éternel manteau .....



elfe Par Ambre  le 04/06/2009 à 21:52

"Cool" n'est pas le mot, pourtant c'est ce qui me vient! J'aime beaucoup!



nain Par Hoignar - Roi des nains  le 06/06/2009 à 19:08

Pas mal du tout. J'apprécie le clin d'œil. Les bas fonds de Lardanium ne sont pas si inintéressants finalement ^^



nain Par Runella Kronic  le 13/08/2009 à 15:42

Les clefs : récit à épisodes

Il est des faits que l’imagination la plus débridée se refuserait à concevoir. Aussi me garderais-je bien de changer le moindre petit mot à l’histoire entendue un soir, racontée à l’enfant que j’étais alors, par mon aïeule Hannah de Kazad a Gorog , grande et chère cité naine aujourd’hui disparue.

« Sous la caresse bienfaisante de ses deux étoiles jumelles, notre planète Olympia tournait voluptueusement. La vie y était plus ou moins clémente.
Cependant, pas loin de l’un de ses pôles, sous les rafales continues des bourrasques de neige, sur son sol durci et craquelé par le gel, deux nains, deux pauvres êtres transis de froid, avançaient péniblement.
Amis de toujours, du même sang non dilué et sans additif d’un glorieux ancêtre de la famille Hun, ils allaient, s’entraidant du geste et de la parole, s’encourageant l’un l’autre, harassés et tordus de fatigue mais heureux tout de même d’être deux.
Ils s’arrêtèrent soudain, intrigués, les yeux agrandis de curiosité, les mains prêtes à saisir.
A deux pas de là, sur une petite pente glacée balayée par le vent, émergeait d'une rosace de glace un petit objet.
C’était métallique, c’était un trousseau de clefs.

Et l’esprit d’Ilenbave, démon de la convoitise, s’empara des deux pauvres nains.
Qui le vit le premier ? et partant de ce principe, à qui devait revenir légalement cet objet ? Trop téméraire à dire. D’ailleurs les deux compères sans un mot et sans la moindre esquisse de diplomatie se ruèrent sur l’objet convoité laissant à la raison du plus fort le soin de la victoire. Hach-Hun et Hain-Hun, les deux amis de toujours se battirent.
La lutte allait bon train et comme les deux nains étaient jeunes et vigoureux, elle ne devait finir qu’avec l’anéantissement de l’un d’eux.
Mais un évènement imprévu vint contrecarrer la bonne foi des belligérants et porter la cause du conflit sur un terrain plus élevé.



elfe Par Ambre  le 13/08/2009 à 16:00

Hach-Hun et Hain-Hun, pas mal^^
Manque plus qu'il change de nom, pour s'appeler Hach-Saink



nain Par Runella Kronic  le 14/08/2009 à 17:12

(Mais un évènement imprévu vint contrecarrer la bonne foi des belligérants et porter la cause du conflit sur un terrain plus élevé).

Deux individus d’un peuple voisin passaient à proximité. Les cris, les piétinements éveillèrent leur curiosité et au loin de décamper sur le champ, ils observèrent de loin les combattants. Voyant l’état d’infériorité dans lequel ils s’étaient mis, ils estimèrent le moment opportun pour se ruer sur eux.

On sait en effet qu’il est indispensable aux êtres de ce monde de se dégotter vite fait un ennemi pour que l’individu prenne tout son sens. Pourquoi ? C’est compliqué, mais les mystères de la vie sont compliqués.

A vrai dire et pour situer un point historique, les deux assaillants des deux combattants jugeaient que l’occasion était propice pour vider un peu de l’antique querelle qui existait depuis des siècles entre les deux peuples. Cette querelle remontait aux temps immémoriaux où pour la première fois, leurs glorieux ancêtres respectifs s’étaient aviser de camper dans les mêmes parages.

Et le combat reprit de plus belle, car si la convoitise est un bon sujet de conflit, la vieille haine héréditaire dont on ignore les motifs et l’origine lui est infiniment supérieure.

Pour cette cause impérieuse, Hache-Hun et Haine-Hun, d’un commun accord et mus par une virile montée de ferveur guerrière se lancèrent à l’assaut de l’ennemi héréditaire.
Des rugissements féroces retentissaient et l’acharnement était tel qu’ils étaient prêts à dévorer la chair de l’autre et boire le sang généreux qui coulait abondamment des narines éclatées.

Hélas ! il advint un évènement imprévu qui fit redoubler l’ardeur des guerriers.



nain Par Runella Kronic  le 20/12/2010 à 18:50

(Hélas ! il advint un évènement imprévu qui fit redoubler l’ardeur des guerriers.)

suite

ELLE est là, cette petite dentelle floconneuse de glace cristallisée qui fouette le visage, et elle se mit à choir sur les guerriers, stoppant net les hostilités. Ce petit comité de bonshommes passablement laids s’émerveille devant la banquise qui se recouvre d’un blanc et poudreux manteau.Leurs visages illuminés par la joie, ils s’étreignent, et lisent dans leurs yeux tout le bonheur que provoque la chute d’un petit flocon musclé qui virevolte, telle une plume, et atterrit sur leur nez. Alors qu’ils s’entretuaient vaillamment sans mot dire, voilà qu’ils se roulent des petites boules de blanche neige avec leurs sept mains (l’un des quatre était manchot) et s’échangent d’amicales paroles :
« Il neige, c’est fou, tout est blanc » et « C’est joli la banquise sous la neige » , suivi de « Par contre, qu’est-ce que ça glisse ».


Ils s’échangent des conseils avisés pour se faire leurs petits tas de boules de neige :
"Circonférence de la boule de neige = 2 PI r
Surface projetée de la boule de neige =PI r²
Surface de la boule de neige = 4 PI r²
Volume de la boule de neige = 4/3 PI r³ "



......Et voilà que.......

Dans le lointain tous entendirent un tintement de clochettes qui se fit de plus en plus clair, puis quelques claquements secs de fouet dans l’air, et à nouveau les clochettes qui tintinnabulent. A travers les bourrasques ils épient l’horizon, les yeux sourcilleux et aux aguets. C’est sûr, à quelques crêtes d’ici l’ennemi est là.

Malgré la visibilité réduite, ils le voient enfin, cet étranger suspect. C’est un conducteur de traîneau qui essaie tant bien que mal de diriger son attelage de huit bêtes à travers les crevasses et les congères. Il slalome sur les bosses, avant de faire une descente avec schuss final sur le manteau neigeux et puis il y a le crash. Le traîneau rebondit et se stabilise au sommet d’une congère. Les bêtes restent suspendues à l’attelage, battant l’air de leurs pattes. Le courageux vieillard en traîneau tente de repartir, mais les patins patinent.

Quelle n’est pas la surprise de notre homme lorsqu’il essuie une première rafale, les balles blanches traçantes créant un curieux spectacle en frôlant l’attelage, sorte de clignotement stroboscopique. Les 4 compères ont oublié de prendre en compte le calcul d'écrasement de la neige en fonction de la vitesse du jet et de l'élasticité de la cible. Ils n’ont pas envisagé le sens et la vitesse du vent. Ils ont sous estimé l'effet de la fonte en surface, d'où variabilité du poids durant la course. Bref, ils ratent leurs coups.

Le vieil homme à la barbe voit une rafale blanche s’écraser sur la paroi droite du traîneau, puis une horde sauvage composée de Hache-Hun et Haine-Hun, haches tournoyantes au dessus de la tête, et de deux autres affreux fondre sur lui. Il est à deux doigts d’avoir le crâne ouvert. L’immense tranchant d’acier d’une hache s’abat sur le conducteur, mais, grâce à un sursaut inespéré des deux bêtes de tête, le traîneau bascule vers la gauche et la lame ne fait que le frôler, le mutilant quand même à la jambe droite en ripant sur le fémur.

Tandis que la pauvre innocente créature à quatre pattes sur la droite de l’attelage eut, elle, fort peu de temps pour assimiler l’idée de ne plus être du tout une bête à bois et à sabots.
Voilà la consignation de ses pensées pendant le bref moment où la hache reprit son élan pour se rabaisser vers elle :
« Ooooooooooh mais ? c’est quoi, ça ? Qu’est-ce que c’est que cette chose qui me fonce droit dessus très vite ? et ce sifflement ? peut-être … le vent ? à quoi ça sert ? Ooooh que c’est excitant, toutes ces choses à découvrir… » » .... et tout le reste, après un grand choc mou, ne fut que silence pour la pauvre bête.

Au milieu des cristaux de glace, sur le pourtour du traîneau, le sol est éclaboussé de fragments écarlates et marronnasses, humides, collants …et ....pendouillant sous l’attelage, dégoulinait le cadavre éclaté d’un mammifère qui n’avait pas vécu assez longtemps pour avoir eu le temps de se plaindre de son sort.

Le patin gauche du traîneau ayant repris contact avec le sol, le vénérable ancêtre repartit dare-dare, les barbares hurlant à nouveau. Le conducteur actionna le dispositif largage moteur et fit choir vers le sol la bête en lambeaux en la libérant de son collier. Mais avec 20 % de puissance en moins à droite par rapport à la gauche, le traîneau amorça une rotation vers la droite le ramenant au centre des 4 affreux d’humeur massacrante. Le vieux tenta bien son va-tout pour échapper aux assaillants, de nouvelles manœuvres, tout ça. Rien n’y fit. Ce fut la curée. Les pattes craquaient comme des fétus de paille, les crânes se fendaient comme des fruits mûrs. Les cervidés s’effondrèrent dans une traînée cramoisie, le traîneau se retournant dans un fracas épouvantable…Couvert de matière cérébrale de ses rennes, l’homme à la barbe blanche et au costume rouge bordé de fourrure blanche agonisa dans la neige, ce qui lui fut fatal, car c'était son destin.

Les quatre combattants cessèrent aussitôt de se passionner pour cette histoire et oubliant le motif qui les avaient rassemblés, passèrent à autre chose.