Le groupe de Forestier, accompagné par Isa Cestia, arrivait à l’entrée de la caverne menant aux Enfers. Le Chaman avait organisé le regroupement des ressources. Mais il avait eu tant de choses à faire qu’il avait été obligé de différer le départ. Néanmoins, et vu l’intérêt qu’avait provoqué la reconstruction du Pilier, surtout parmi la Noblesse, il ne se sentait en rien coupable. Après tout, le Pilier ne serait jamais opérationnel sans le cocon de No’Irin, leur défunte Reine.

L’assemblée Noble avait refusé de répondre à la demande du Loup, l’ignorant froidement. Une insulte qu’il laissa passer. Après tout, Syi était très occupée. Parfaitement occupée avec son nobliau d’Anastase. Le Prince des vauriens, voilà ce qu’il était. Isa avait bien plus de noblesse dans ses actes que le mégalomane qui semblait attirer Syi vers lui comme un aimant. Mais qu’il la manipule, si cela lui chantait. Cela offrirait au Peuple des Lunes l’opportunité de démontrer à quel point les institutions de Na’Helli étaient aisément corruptibles.

La caverne s’ouvrait devant eux, profonde et sombre. Elen ne put s’empêcher de soupirer. Le destin s’acharnait à le pousser aux plus près des Enfers. Il ne faisait aucun doute que les évènements ne pouvaient le conduire qu’à une seule fin, inéluctable.

Ils croisèrent Feirsbus, qui avait longtemps été un compagnon de la plupart des Elfes des Lunes du groupe : il faisait parti du Cercle des Sylphes.

- Ah, Feirsbus ! Je suis content de te voir. Nil a un peu de mal avec son chargement. Pourrais-tu l’aider, s’il te plait ?

L’Homme Sauvage se porta immédiatement au secours de l’épouse du Chaman, la soulageant d’une partie de son fardeau.

- Merci, Feirsbus. Le voyage a été long, jusqu’ici. Et les charrettes ne peuvent pas pénétrer dans ces cavernes. Il nous faut tout porter. Le groupe envoyé par messire Rôde-la-Nuit est-il déjà là ?

En bas, le temps est long. Et aucun moyen de le mesurer. Aucun lever de soleil, aucune modification de la météo. Aucun message, non plus. On pourrait être mort que ça ne changerait rien pour nous.
Je pense que ça fait déjà plus de 10 jours qu’on attend. Moi qui pensais que tout serait là avant que je n’arrive ... J’ai traversé la moitié des terres connues et les ressources nécessaires ne sont toujours pas arrivées.
J’attends. Avec Tizi et Morgane. J’attends.

Lindorie est repartie. Je ne comprends même pas comment elle a pu réussir à descendre jusqu’ici, tant la dernière épreuve qu’elle a vécue a été éprouvante pour elle. Il faudra que j’apprenne à mieux la connaître. Quand je remonterai. Si je remonte.

Ah, j’entends des bruits plus haut. Ce doit être eux.

Le groupe avait croisé Lindorie. Elen ne lui avait pas demandé ce qu’elle faisait : la jeune femme avait déjà certaines responsabilités. Et si elle travaillait comme il le fallait, et qu’elle se faisait une bonne réputation auprès de la Juge, alors cela servirait totalement les intérêts des Elfes des Lunes. Ce serait encore une de ces choses que les Nobles ne font plus parce qu’ils n’en sont plus capables vu l’état de décadence dans lequel ils se complaisaient.

Lorsqu’il aperçut Ambre, il fut frappé par une chose : la noblesse qu’elle dégageait, elle, n’avait rien de factice. Il ne savait absolument pas si elle faisait partie des familles, ni même si elle était proche de Syi ou de qui que ce soit d’autre. Cependant, par ses actes et son ardeur à la tâche, elle lui avait prouvé qu’elle avait des qualité que d’autres ne possédaient pas.

Avec elle patientaient une Lutine, un Géant et une Olympienne, qui accompagnaient les ingénieurs. Pourquoi n’avaient-ils pas fait comme Isa : attendre au Siège des Eclats, confortablement installés ? Ils s’impatientaient à présent. Normal : en Enfer, tout devenait incertain. Le Chaman ne se félicitait absolument pas d’être de retour auprès d’un Pilier. Après avoir participé à la sauvegarde de deux d’entre eux, devoir s’affairer ici ne l’enchantait guère.

- Dames, fit-il, s’inclinant brièvement pour Ambre, Morgane et Tizi. Messire, fit-il à l’adresse du Géant. Je suis vraiment navré pour le retard. Des problèmes logistiques et une visite diplomatique imprévue m’ont retenu. Qui messire Rôde-la-Nuit a-t-il nommé responsable ? Les ingénieurs qui vous accompagnent ont-ils une idée de la procédure à suivre ?

La lutine leva légèrement la main puis toussa pour prendre la parole.

- Non le grand pontife n'a délégué personne officiellement. Cela dit, il ma demandé de conduire les ingénieurs ici même. C'est d'ailleurs pour cette raison que j’ai souhaitée aller ici directement, afin que que ces derniers puissent commencer à étudier les dégâts plutôt que de s'y prendre à la dernière minute.

Pour la procédure à suivre il va falloir leurs demander.

Les Forestiers étaient enfin tous rassemblés auprès des quelques impériaux motivés par la sauvegarde du monde. Voir si peu de monde mobilisé pour la sauvegarde de tous les Peuples Mortels ainsi que globalement de toute vie sur Olympia avait quelque chose de très triste. Finalement, Elen se demanda s’ils n’auraient pas mieux fait de détruire tous ces fichus Piliers. Les Mortels méritaient-ils d’être sauvés ?

Le Chaman s’était entretenu avec les ingénieurs, leurs avait demandé comment ils pensaient entreprendre la reconstruction du Pilier. Ceux-ci s’étaient montrés évasifs, voir méprisant, comme s’ils considéraient eux aussi le Peuple des Lunes comme une vague bande d’ignares qui couraient en Forêt des Cendres. Peu lui importait après tout. Tant que les choses étaient faites, et rapidement.

Il assura donc aux ingénieurs Olympiens que tous les Forestiers, et probablement les Impériaux, suivraient leurs directives. Et tel fut le cas. Tout le monde initia les travaux à leur signal. Chacun faisait de son mieux, semblait-il.

Elen profita des travaux pour se rapprocher de Ambre. Il fallait absolument qu’il profite de cette occasion pour lui parler. Les choses n’allaient pas à Na’Helli. Il ne faisait aucun doute que Syi et ses consuls n’agissaient pas au mieux des intérêts de la nation elfique, ni même probablement pour ceux de la Noblesse. Ambre, elle, semblait honnête et droite.

- Dame Ambre... Puis-je vous parler en toute sincérité ? fit-il, dans une question rhétorique.

Il poursuivit, aussi direct qu’il était possible de l’être.

- Je crois que vous feriez une excellente Consule, voir même une meilleure Juge que Dame Az’lissuë. Et je crois que vous serez d’accord avec moi pour dire que l’activité des Consuls est au plus bas, présentement. Et ceux-ci n’ont jamais fait montre d’une efficacité redoutable à prendre des décisions, que ce la soit en absence de la Juge ou non.

Peut-être serait-il temps de renouveler ceux qui sont à la tête de notre nation, vous ne croyez pas ? Et si vous vous présentiez, je crois que vous feriez l’unanimité parmi les miens. Vous avez toujours lutté à nos côtés, loin des frasques des politiciens, pour le bien de Na’Helli et du Peuple Elfique.

Je crois, si vous me permettez cette audace, que vous êtes celle qui consoliderait au mieux le pont entre les citadins et le Peuple des Lunes.

Il espérait sincèrement que Ambre souhaite accéder à une plus haute fonction dans Na’Helli. Au pire, elle tempérerait les ardeurs de la Juge, et peut-être verrait-elle ce que lui avait constaté. Au mieux, elle occuperait la fonction de Juge, sécurisant ainsi l’avenir du Peuple Elfique.

Un poste administratif ? Parmi tous les Nobles de Na’helli ? Je veux dire, avec les vrais Nobles ?
Est-ce que je deviendrai comme eux après ? Est-ce que je deviendrai comme Syi ?

Le doute monte en moi. Je ne sais pas. J’aime bien Syi, je l’aime beaucoup, même, mais je trouve que depuis qu’elle est Juge, elle n’est pas heureuse. Je n’ai pas trop fait attention avant, je ne sais pas si elle était heureuse, mais je suis certaine que, maintenant, elle est triste.

Je ne veux pas être triste comme elle. Mais Elen a l’air de tellement vouloir que j’accepte. Il m’assure que tous les Elfes des Lunes seraient d’accord.

Non, je ne sais pas, c’est trop tôt !

- ...

Ma voix ?!

Elen jugea bon de ne pas brusquer plus la jeune femme. Il adoucit son propos :

- Ambre, vous êtes libre de vous présenter ou non, suivant votre propre volonté et conception de la justice, du pouvoir et de votre avenir. Je voulais juste vous dire que vos qualités en tant que dirigeante de la Tour de Jade ont été remarquée, et pas seulement par la Noblesse de Na’Helli. Voilà tout.

Il s’éloigna d’elle, afin d’aider à l’assemblage d’autres matériaux un peu plus loin. Avec un peu de chance, l’idée germerait dans l’esprit de la jeune femme, et elle réclamerait de nouvelles élections. Peut importait aux Chaman qu’elle prenne ou non la place de Syi. Si Ambre devenait Consule, cela fournirait à Na’Helli un contre pouvoir que certains ne pourraient pas pervertir ou manipuler. Si la Juge Az’lissüe se laissait corrompre à l’avenir, ce qui devenait de plus en plus probable, Na’Helli entrerait dans un âge sombre. Et malheureusement, le Peuple des Lunes suivrait...

Les réparations avançaient à une vitesse raisonnable. Seules manquaient les pièces que devaient convoyer les Géants. Mais que faisaient-ils ? Elen décida de rédiger une missive :

Oracle Karnage,

Je vous écris concernant la reconstruction du Pilier. La livraison des ressources Olympo-Elfiques a été effectuée dans la caverne abritant les restes du Pilier.

Les ingénieurs Olympiens ont immédiatement tenu à ce que nous nous mettions au travail. Les choses avancent à une vitesse raisonnable. Cependant, nous ne tarderons pas à manquer de matériaux.

Messire Rôde-la-Nuit m’a informé que le Peuple de Zagnadar avait tenu à concevoir des pièces métalliques selon les plans fournis par les ingénieurs. J’aimerai savoir où en est votre progression dans cette tâche ?

La Juge est temporairement indisponible. Je ne crois pas que qui que ce soit puisse founir à VISA à ceux des vôtres qui transporteront les précieux matériaux en direction de la caverne. Aussi, je vous recommande de passer par le sud, à la lisière du désert. Vous éviterez ainsi le territoire Elfique.

J’espère que tout va pour le mieux de votre côté et j’attends avec une certaine impatience votre arriver pour en finir avec cette tâche.

Bien cordialement,

Elen,
Chaman du Clan du Loup

Tizi avais entendu l’elfe marmonner quelque chose à propos des géants, il était question de visa, aussi me mit-elle sur la point des pieds pour tenter d’apercevoir la teneur de la lettre de celui qu’elle surnommait « la grande asperge ».
Etant malgré cela trop court sur jambes, elle tira quelques peu la manche de l’Elfe, faisant fi des convenances, afin d’ajuster la hauteur du message.
Voyant que l’efle la toisait d’un air quelque peu indigné la Lutine se mit à sourire de toute ses dents. Puis tout en tapotant le bras du forestier, lui réajustant au passage la longueur de ses manches, elle lui lança :

- Si cela peut faire avancer les choses, vous pouvez leur dire que je me porte volontaire pour aller récupérer la marchandise, comme ça on évite de perdre du temps avec les visas et les différents détours.

Une fois terminer Tizi réafficha son sourire d’ange

L’Elfe fut plus surpris qu’indigné par les actes de la lutine, néanmoins, peu habitué à ce que qui que ce soit d’autre que les Olympiens eux même respecte son statut de Chaman, il ne s’offusqua pas le moins du monde. La Lutine se proposait de lui faire gagner du temps. Il ne doutait pas qu’elle pourrait emprunter les charrettes à présent vides pour ramener les ressources fabriquées par les Géants. Néanmoins, il se permit une remarque :

- Dame, mieux vaut attendre la réponse de l’Oracle. Il est probable qu’il soit en route. Et dans ce cas, votre voyage serait tout à faire inutile. Attendons de voir ce qu’il en retourne, et agissons en conséquence, si vous le voulez bien. Encore que je suppose que quitter ces lieux ne serait un mal pour personne...

- soit! j’attendrais! J’espère seulement que l’Oracle va donner une réponse rapidement!
Les ingénieurs on apparemment cerner les différents problèmes, ils serait malheureux que nous échouons à cause d’une pénurie de matériaux.

Tizi retourna s’assoir sur un rocher qui jouxtait l’arche, les marécages n’étant pas très appréciés par la luntine du fait de sa petite taille, cette dernière préféra se mettre en hauteur.

L'elfe des lunes Elen reçu une missive de l'Oracle Géant. Il s'empressa de l'ouvrir et de la lire.

Bonjour Elen,

J’ai eu des choses à régler à Zagnadar. J’attendais également un VISA qui n’est jamais arrivé.
Je me suis donc mis en route en essayant d’éviter au maximum votre territoire.
Je suis actuellement dans les plaines au sud est de Nahelli.

Je devrais être parmis vous rapidement.

Avez vous une position exacte à me communiquer?

merci d’avance

Le Chaman renvoya une réponse avec quelques précisions pour l'Oracle : il n'avait pas de temps à perdre avec ce Pilier.


Oracle Karnage,

Le Pilier se trouvait dans un réseau de cavernes creusées par les Xorns sous l’ancienne grotte de Chthonios. Les Géants ont déjà visité les lieux du temps de Sigdil, me semble-t-il. Son emplacement doit probablement figurer dans les archives de Zagnadar.

Je vous souhaite un voyage sans encombre.

Cordialement,

Elen,
Chaman du Clan du Loup

Faceo avait finalement pris parti du chaman du clan des loups et du consul de Na’helli. Même s’il trouvait inadmissible le fait que le peuple nain ne fasse rien pour sauver Olympia. Malheureusement, ce n’est pas parce qu’un peuple dénigrait les autres qu’il fallait en faire autant.

Faceo entreprit donc le voyage du cocon vers la lande des sables. Son familier ne serait pas du voyage, depuis sa récente morte, Nanawho ne semblait pas revenir du monde des esprits. Peut être que l’endroit semblait calme et reposant pour le cerf. En tout cas, Faceo ne tenterait pas de faire appel à son familier tant que ce dernier ne fera pas la demande pour venir dans le monde des vivants. Après tout chacun à besoin de ses vacances.

Le jeune elfe demanda donc l’aide de membres de la tour afin d’aider à transporter le cocon, les autorisations furent vite donnés, la Tour de Jade permet d’obtenir certaines autorisations et mêmes entretiens un peu plus vite que le commun des elfes.

L’expédition passa à coté du temple d’Athéna, Faceo se remémora le combat qu’il y avait eu dans l’ancien temple de l’oiseau de feu afin d’obtenir les artefacts pour refaire un nouveau temple pour Athéna. Finalement le temple a été construit et maintenant ce dernier sent une odeur putride, personne n’oserait s’y engager pour aller prier. Ce problème devrait être régler après la livraison du cocon. Athéna ne pouvait rester sans temple, si aucune solution n’ait trouvé dans les saisons à venirs alors le jeune luneux ira jusque dans les montagnes des dieux.

Le chemin se passa sans encombres jusqu’à la grotte. Lorsqu’il entra dans la grotte, les souvenirs lui remontèrent à l’esprit, la belle époque où la tour allait chercher les cristaux de mana. Faceo devint nostalgique de cette époque, puis plus les membres de la tour de Jade s’enfonçaient dans la grotte, plus l’air semblait empli de souvenirs de combat récents. Le jeune cerf se souvenait du combat avec les Xorns et les araignées, tant de combat pour rien. Car le pilier n’avait pu être sauvé, enfin peut être qu’avec le cocon, le pilier ferait de nouveau son travail.

La montée du cocon avait été rendu plus difficile par les rochers dans la grotte. Mais finalement le cocon était arrivé à bon port et fut livré à Elen au niveau au niveau de l’arche des songes.

Le voyage n'avait pas été de tout repos, mais Dalhia s'en fichait, il connaissait le chemin. Enfin, il était censé le connaître, du moins. Ils retournaient à l'endroit ou il avait trouvé ses jolis cailloux. Pour réparer le truc qui était cassé.
Bon, le truc en question, il avait oublié c'était quoi, une sorte de pilier, visiblement. Mais il n'avait rien vu de tel dans la grotte souterraine, juste une espèce de grande pyramide. Le pilier à réparer devait être ailleurs, sans doute.
Toujours est-il qu'il passa la plus grande partie du trajet avec le groupe de tête, trottinant d'un pas rapide à l'avant de l'expédition, il consacrait également pas mal de temps à dessiner pour Isa. Il était bien heureux de pouvoir rendre ce service à l'olympienne et faisait de son mieux pour la satisfaire. Il l'avait même vue plusieurs fois, par hasard, regarder ses dessins de la veille une fois le matin venu. Ça devait lui plaire pour qu'elle les regarde autant !

Il était content.
Puis ils avaient fini par arriver au « pilier ». Visiblement, c'était la pyramide qui était désignée par ce terme... Drôle d'idée.
Le groupe stocka donc les ressources en attente d'il ne savait quoi, une histoire d'oracle, il lui semblait. Et un truc qu'un elfe était en train de ramener, aussi. Ça ressemblait aux jolis cailloux qu'il avait, mais en plus gros. Elen, le monsieur qui lui faisait peur, semblait s'occuper de ça aussi ne prit-il pas la peine d'aller voir si il pouvait aider. Il avait peur, de toute façon.
Bon, l'attente promettait d'être longue d'ici à ce que l'oracle arrive. Il ne savait pas ce que c'est, un oracle... Ca se mange ? Il s'installa dans un coin, reprenant parchemins et fusains et se remit à dessiner. La pyramide d'abord. Et puis les gens autour après.
Son regard accrocha plusieurs fois la silhouette d'un autre lutin. D'une lutine plutôt. Tizi, qu'elle s'appelait, il avait entendu quelqu'un le dire.
Il n'y prêta pas grande attention au tout début et puis, au fur et à mesure que le temps passait, il portait de plus en plus souvent son regard sur la lutine. Il finit par en oublier son dessin pour rester à la regarder d'un air un peu idiot...
Puis quelqu'un de l'expédition fit tomber quelque chose, un gros lot d'acier qu'ils avaient emmené, non loin de lui, se répandant en excuses suite à sa bourde. Le petit lutin sursauta comme jamais et, reprenant peu à peu conscience de ce qu'il faisait, reprit son dessin alors qu'une petite idée germait dans sa tête.

Quelques temps plus tard, il avait terminé. Il trottina vers Isa et lui tendit le feuillet qui portait son dessin. Contrairement à son habitude, il ne s'attarda pas vraiment vers elle en attendant ses réactions, les yeux plein d'espoir. Non, cette fois là, il garda quelques feuilles et fusains à la main et se dirigea timidement, à tout petits pas, vers Tizi.

« -Je.... euh, excusez moi..? M... Made... Made... Mademoiselle ? Je v-v-voulais... Je voulais... » bafouilla-t-il. Ça ne commençait pas très bien, s'il perdait déjà ses moyens. Il se sentit rougir, jusqu'à la pointe de ses longues oreilles.

« -Je voulais vous d-d-demander si je p-p-p-pouvais... Si ça vous d-d-d-dérangeais pas... Que je vous d-d-dessine... ? Juste un peu ? Enfin je... D... D... désolé...»

Il commença à regarder ses pieds d'un air pitoyable, rouge comme une pivoine, regrettant un peu d'avoir demandé une chose pareille. Elle ne voudrait sûrement pas... Mais il pouvait toujours s'éviter la peine d'un refus en se sauvant à toutes jambes, aller se cacher derrière Isa ou ailleurs. Et pourtant ses pieds demeurèrent vissés au sol et il ne bougea pas d'un pouce...

La lutine semblait quelque peu décontenancer, elle n’était pas habituer à ce genre de proposition. Ses jambes était couverte de boue et son feuillage qui lui servait de vêtement était clairsemer par endroit, surement dû à la rudesse de son long périple. Elle ne se sentait pas trop à l’aise pour poser dans ces conditions et ne comprenais pas pour quelle raison ce lutin souhaiterait la dessiner, à moins d’aimer les monstres.
Pourtant pris de court elle n’opposa pas de refus

- Moi !...La…maintenant..ici-même...heuuu ma foi, si vous y tenez !

Ne sachant pas trop comment se positionner la lutine resta assise sur son rocher réajustant rapidement les quelques feuilles de son costume. Tout en raclant la boue qui commençait à sécher, Tizi s’adressa au lutin.

- Je suis navré... Je ne suis pas très présentable, il faut dire que je ne m’attendais pas à une telle demande...
...Au fait, je ne pense pas qu’ont ai été présenté, je m’appel Tizi.

La lutine attendais maintenant à ce que l’amateur d’art lui donne à son tour son nom, elle ne voulait pas non plus trop le brusquer car le pauvre semblait avoir quelques problème d’élocution en plus de la pigmentation anormal de son visage qui contrastait avec le reste de son corps.

« Oh ! Ce... ce... C'est pas grave, je veux dire, pour la boue ! Y a p... Pas de problèmes ! »

En fait, Dalhia trouvait même que ça lui allait bien. La boue sur ses jambes, la robe de feuilles qu'elle portait, ça lui donnait un petit côté sauvage qu'il aimait bien. Ça lui rappelait aussi la forêt, tiens.
Il resta un instant comme un idiot à la regarder alors qu'elle lui demandait son nom.

« -Ha ! Euh, pardon ! Moi c'est Dalhia ! Comme la fleur sauf que ça s'écrit pas pareil ! »

N'en restait pas moins qu'elle avait accepté son offre ! Il en rayonnait de joie et ça se voyait. Il était à deux doigts de sautiller sur place et ses yeux, loin de leur tristesse habituelle, pétillaient de joie.

« Merci ! Je... Je vais essayer de faire vite, pour pas trop vous embêter !! »

Il se trouva vite un endroit pas trop humide pour s'asseoir – un autre rocher – et, sans un mot, se mit au travail. Il aurait bien aimé engager la conversation avec la lutine mais il ne savait pas vraiment quoi raconter, à vrai dire... Il se contentait de travailler, affichant inconsciemment un sourire un peu niais.
Et puis finalement, il termina plus rapidement que ce qu'il aurait cru. Il considéra son dessin un instant. Puis Tizi. Puis encore son dessin. C'était bien. Enfin, lui, il trouvait que c'était bien... Mais elle ?

Il rougit de nouveau -un peu moins, tout de même, que précédemment- en descendant de son rocher et tendit son travail à la lutine.
Et si ça ne lui plaisait pas.. ? Bah... Il n'aurait plus qu'à aller se cacher derrière les jupes d'Isa...

Tizi resta, un bon petit moment, bouche bée devant le dessin de Dalhia, puis finalement laissa échapper une phrase qui n’aidait en rien à calmer le stress du lutin.

- Ah oui! quand même !

Mais avant que le lutin ne puisse réagir, Tizi décrocha son regard du dessin pour le poser sur celui de Dalhia.

- Je ne savais pas que j’avais affaire à un grand artiste ! Ce n’est pas de simples dessins que vous faites, mais de véritables œuvres d’art. Vous ne vous limitez pas qu’à copier un model, vous le sublimer également, à ce niveau je n’appel plus ça du talent mais plutôt un don.

Tizi regarda à nouveau le dessin

- On dirait même que votre dessin possèdent une âme, c’est vraiment fantastique!


Tizi, tout en affichant un large sourir, pencha sa tête sur le coté pour croiser de nouveau le regard de Dalhia.

- Puis-je le garder ?!... si vous le souhaitez vous pouvez en faire un autre pour vous, je sais que les artistes aiment bien garder certaines de leurs œuvres. .. . y’a qu’a voir Rôde, il conserve toujours les dessins qu’il fait !

Oh !... et sans vouloir paraitre indélicate, si vous pouvez me le signez également, ainsi je serais comment écrire votre nom

« -Ho je... Je... Non, je suis pas... Pas un grand artiste !! » Nia le lutin, secouant la tête d'un geste frénétique, presque paniqué par les compliments de la lutine. Il ne s'attendait pas à un tel engouement pour sa petite gribouille !
Mais il était également très heureux que le dessin lui plaise, il fallait l'avouer. Seulement il ne pensait pas mériter autant de compliments, il ne faisait que reproduire ce qu'il voyait et si ce qu'il dessinait était beau, c'est parce qu'il aimait dessiner ce qu'il trouvait joli, c'est tout ! Il tenta de l'expliquer, mais par deux fois ses mots se perdirent et il ne put qu'ouvrir bêtement la bouche puis la refermer. Avec ses grands yeux étonnés, il avait tout l'air d'un poisson qu'on aurait sorti de l'eau...
Il secoua encore une fois la tête, cette fois comme pour se remettre les idées en place.
 
« -C'est pas un don, madame ! C'est juste que... Ce que je dessine, c'est joli, parce que le modèle est joli aussi, c'est tout ! »
 
…
Il se remit à rougir lorsqu'il se rendit compte de ce qu'il venait de dire. Il venait juste d'avouer qu'il trouvait Tizi jolie... Oh, ce n'était pas faux, loin de là, mais il était timide...
Il tenta de changer de sujet, reprenant les dernières paroles de Tizi... Il espérait ne pas en avoir oublié une partie entretemps. Est ce qu'elle lui avait demandé de signer ? Il n'en était plus sûr... Probablement que non.
 
« -Mais oui v-v-v-... Vous p-p-p-p-p... » Son bégaiement nerveux reprenait alors qu'il se sentait incroyablement gêné. « Le... Le garder. Je... Ça me fait p... Plaisir ! Il... Il dess...D...Dessine quoi, R...Rôde.. ?»

Rôde. Il ne se souvenait pas de quelqu'un avec un nom pareil. Il ne l'aurait pas oublié, si il l'avait rencontré, si ?
Si.
Tant pis. Mais bon, savoir qu'il dessinait, c'était bien ! C'était forcément quelqu'un de bien !

Elen, relativement peu intéressé par tout autre chose que la réparation du Pilier, le bien être de son épouse, de Isa et de Aileen, tout en surveillant discrètement son apprenti, Landeras, fut heureux de l’arrivée de Faceo.

- Les Nobles se sont enfin décidés... Et bien sur, ils n’ont pas fait le travail eux même : il a fallu qu’ils envoient un Elfe des Lunes... Encore une de leurs astuces pour nous faire porter le chapeau en cas d’échec de l’opération... bougonna-t-il pour lui même.

Il s’adressa au Cerf. Il l’appréciait, même s’il désapprouvait sa connivence avec les Nobles et la Tour de Jade. Mais on ne pouvait pas obliger quelqu’un à suivre un chemin autre que celui qu’il s’était choisi. Elen était convaincu que le libre arbitre des Elfes des lunes était ce qui les différenciait, justement, de la Noblesse, attachée à des rites protocolaires aussi idiots qu’inutiles.

- Faceo, je suis bien content que tu ais pu arriver jusqu’ici sans problèmes. J’espère que le transport de cet objet ne t’aura pas provoqué trop de difficulté. Viens, nous allons le montrer aux Ingénieurs, pour qu’ils nous disent quand et comment le connecter.

Ils eurent la réponse rapidement : les ressources apportées par les Géants serviraient à achever le Pilier. Mais le Cocon devait être placé avant, sinon il serait impossible de le rentrer à l’intérieur. Et de toutes manières, ils avaient fini le gros du travail, il ne restait plus que cette partie, relativement complexe, qui ne saurait être faite par quiconque autre qu’un ingénieur fortement spécialisé...

Fortement spécialisé ? Certes.

Les travaux reprirent, avec minutie, pour insérer le cocon royal à la structure... Qui l’occuperait ? Elen grimaça en songeant à cela : cette relique appartenait à la Reine. Et celui qui l’occuperait n’y serait certainement pas à sa place. Mais ils n’avaient aucun autre choix...

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De loin, ils entendirent la voix de Faceo :

Excusez moi mais je suis entrain de ressortir de la fissure. Et j’aperçois l’Oracle de Zag en chemin. Mais il y a aussi un lutin dénommé Willow, est-il avec nous et fait-il parti de l’expédition ? Ou alors il se promène?

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La Lutine Tizi répondit, sur le même ton :

Willow traine souvent avec l’oracle, mais je ne peux vous dire s’il est en possession d’un visa ou non!

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Le Chaman ajouta :

- Faceo, tu sais, notre Juge n’est plus du tout ce qu’elle était. C’est moi qui ai dit à l’Oracle Karnage de se passer de VISA, puisque notre chère magistrate n’a pas daigné répondre à sa demande. Un peu comme lorsque j’ai demandé l’usage du Cocon pour réparer ce Pilier. Notre administration n’est plus ce qu’elle était... Et il va falloir changer ça... termina-t-il, énigmatique.

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L'Oracle cria, pour que tous entendent (décidément, tout le monde hurlait dans cette caverne) :

- En effet, Willow est un petit lutin avec qui je me suis lié d’amitié.
Il me suit dans la plupart de mes déplacement, et est très utile.
J’apprécierais qu’aucun mal ne lui soit fait.

D’ailleurs, un Roc du nom d’Hass’perg a tenu à m’accompagner. Il est complètement pacifique. Il devrait arriver très rapidement.

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Faceo poursuivit :

- D’accord, d’accord. Je vous dit si je croise ce géant en ce chemin. Si c’est le cas, je lui indiquerai l’emplacement de la grotte au cas où il ne la trouve pas. Bon courage à vous.

Quelques secondes plus tard, il ajouta :

- En fait, je le vois il est à l’entrée de la grotte.

Après avoir entendu les propos de dalhia, les joues de la lutine se mirent à rosir, elle enficha un peu plus son chapeau de feuilles sur sa tête, le déformant quelques peu.

- Oh merci bien ! C’est gentil

La voix de Tizi était plus faible qu’auparavant.
Cherchant à changer de sujet afin d’évacuer le malaise qui commençais à s’installer, la lutine repit :

- Rôde ! Il dessine différente chose, mais il semblerait que ses raisons soit différentes des votre. Ses dessins représente souvent des objets, des lieux, des bâtiments… parfois quelques animaux mais de se que j’ai pu entrevoir de ses dessins, il n’a jamais réalisé de portait.

- Sinon vous ne m’avez toujours pas dit comment s’écrivait votre nom ?

Le lutin avait effectivement éludé sa précédant demande, sans doute avait-il ses raisons. Tizi ne comptait pas le forcer, mais savoir orthographier son nom serait utile si jamais elle souhaitait lui écrire.

Quelque part depuis l'entrée de la grotte, on entendit la voix de Hass'Perg résonner contre les parois de pierre :

« -Salutations à tous, je viens d’entrer dans la grotte, j’ai juste fais un petit tour avant d’y entrer pour voir ce qu’il y avait aux alentours. »

Si je peux être utile, faites moi signe. »

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Ne s'en préoccupant nullement, le timide Dalhia continuait son étrange manège auprès de Tizi...

« -Ha ! Mon nom ! Je... Désolé ! Je m’appelle Dalhia, comme la fleur sauf que ça s’écrit pas pareil ! »

Est ce qu’il l’avait déjà dit.. ?

« -Et ça s’écrit... D-A-L-H-I-A ! »

Il ne chercha pas vraiment à comprendre pourquoi elle voulait savoir comment ça s’écrivait. Il se retourna brièvement vers le Pilier un peu plus loin et nota l’arrivée d’un géant avec d’autres matériaux. Ça devait être lui que tout le monde attendait... Alors quoi ? Ils allaient repartir, après ?

« -Ho, on dirait que c’est bientôt terminé... On va bientôt repartir, alors...» Fit il, l’air triste.

Il était un peu déçu que sa discussion avec Tizi s’abrège de la sorte. Il aurait aimé que ça dure un peu plus... D’ailleurs, tiens, il ne savait même pas par où allait repartit la lutine ! Peut être qu’il pourrait grappiller quelques instant de plus avec elle ?

« -Vous... Vous repartez par où ? » Demanda-t-il, les yeux pleins d’espoir... « Moi je vais au nord, et après, dans la forêt et... »

Et quoi ?
Il haussa les épaules. Il dessinerait sûrement encore pour Isa !

« -En fait, je vais avec madame Isa, elle m’a demandé de faire des dessins pour sa grand mère ! »

Ce que l’on pouvait affirmer, c’est que les Géants savaient se faire désirer. L’Oracle Karnage avait apporté avec ses compagnons les ressources qu’il manquait aux ingénieurs pour terminer le travail. Elen étant des plus pressé, à peine l’Oracle fut arrivé qu’il le dirigea vers les ingénieurs. Ceux-ci, aussi désireux que tout le monde de quitter les Enfers, ordonnèrent aux ouvriers, à savoir tous ceux qui n’étaient pas ingénieurs, de redoubler d’effort.

La structure fut consolidée, et le nouveau cercueil connecté. Les dernières structures métalliques, plus fines, nécessitèrent un arrangement particulier. Le Chaman laissait cependant Dalhia avec Tizi. Visiblement, la conversation pourrait prendre un tour intéressant pour le Lutin.

Et bientôt, la structure fut achevée. Et prête à être mise en service. Sitôt, bien sur, que quelqu’un prendrait place dans le cocon de No’Irin...

Elen s’approcha de l’objet, en présence de son épouse et Isa. Il serait tellement simple d’en finir avec tout ça. Il lui suffirait d’entrer dans ce Pilier, de l’activer, pour qu’il n’ait plus à se soucier du reste.

Mais ce serait bien trop simple. La Juge, les Nobles, ils devaient comprendre que les Elfes des Lunes était une force vive de la forêt des Cendres. Et que ces crétins imbus d’eux même, par le manque de vivacité, de répondant et le propension à toujours négocier des traités inutiles et non respectés, avaient non seulement mis en péril l’avenir des Elfes, mais aussi du monde. Il était plus que temps que tout cela cesse...

Et puis il y avait...

Il ne pouvait se le permettre ! Dès que les ingénieurs eurent déclaré que la tâche ici était terminée, le Chaman annonça :

- Il est temps de partir ! Je vous remercie tous pour votre coopération. Et je vous souhaite un bon voyage...

Il n’avait ni le temps, ni l’envie pour un long discours. Il fit signe à Landeras, Aileen et son épouse qu’il était temps de lever le camp, puis rejoignit Isa. Il parla à l’Olympienne, aussi discrètement qu’il le put vis à vis de ceux en provenance de l’Empire.

-Isa, veux tu nous accompagner ? Visiter la Tanière, plus amplement, et la forêt ?

Retourner dans les Enfers avait été un calvaire. L’atmosphère ici n’était pas pour les vivants, tout était fait pour le leur confirmer. Le silence des plaines immmuables, ces bruns gris ternes et maladifs de roche et de végétation improbable et moribondes mêlées...
Isa n’avait qu’une hâte, en terminer et ressortir. Tous les ordres que les ingénieurs voulaient bien lui donner étaient exécutés à la lettre dans la seconde. Le désert, première étape de leur chemin de retour, devenait un horizon agréable - et elle n’aurait pas parié la moindre piécette la-dessus quelques saisons auparavant - un but en soi, loin de ce bâtiment de malheur et des landes infernales.

Elle non plus ne se sacrifierait pas. Elle y tenait, à ses petits bouts de vie. Aller se battre sur un front était une chose, s’offrir tel l’agneau au pied de l’autel en était une autre.

Observer le cocon être mis en place lui glaça les sangs. Que pensait Elen de voir la dernière relique de sa Reine utilisée à une fin aussi morbide ? Bien sûr, c’est lui qui l’avait voulu ainsi mais il n’avait pas dû le faire de gaieté de coeur.

Le soulagement vint avec le signal du Loup. Ils partaient enfin !

- Volontiers Elen, nous avons le temps maintenant.

L’invitation datait mais ils y tenaient tous les deux. Rejoignant Fulminor, elle le prévint succintement :

- Lorsque nous serons remontés, je ferai un détour pour quelques jours par la Forêt des Cendres. Elen m’y invite.

Elle n’avait pas été sans remarquer le manège de Dalhia auprès de Tizi. Peut-être que la jeune lutine se joindrait à eux finalement.

Le lutin regardait les gens s'en aller, la plupart à grands pas, pressés de retourner à la surface. Il devait être le seul à ne pas en avoir vraiment envie... Bon, l'endroit n'était pas très joli mais au moins, c'était calme et il y avait...

Une petite idée commença à bourgeonner dans sa petite tête. Il fixa Tizi un instant. Elle ne semblait pas plus pressée que ça de partir... Ou alors peut être qu'elle attendait juste que les gens partent devant, histoire de ne pas encombrer encore plus les galeries. Au moins, rester un peu, ça lui laissait du temps pour prendre son courage à deux mains, et non pas ses jambes à son cou !

« -Euh... »

Ha oui mais comment demander ça? Il se sentit rougir à nouveau....

« -Je... »

Mincemincemincemincemincemince. Il ne savait pas du tout comment commencer.

« -Vous... »

Il devait être à peu près écarlate, maintenant...

« -Vous voulez venir avec moi voir la forêt des Cendres ? Je me disais, peut être que ça vous plairait, c'est joli, et c'est très différent d'ici, et puis y a plein d'endroits chouettes ! Madame Isa connaît un peu aussi, et elle connaît des gens qui connaissent des trucs jolis... Et... Et.... Et y a plein de choses bien à faire ! Y a des fruits et des arbres où on peut grimper et des gens gentils, et puis plein d'animaux ! Alors je me disais, peut être que ça vous plairait... »

Il avait tout débité d'une traite, presque sans respirer une seule fois. Et l'envie l'assaillit à nouveau de se défiler et de partir en courant très très loin et de se terrer dans un trou jusqu'à ce que tout le monde l'ait oublié pour de bon...

Tizi fut quelques peut étonner d’apprendre que la grand-mère d’Isa collectionnait les dessins, elle semblait assez rude avec sa fille et la lutine voyait mal la vielle Isandre être séduite par diverse esquisses, aussi jolie soient-elles. De plus avec son âge avancé il devait être de plus en plus difficile pour elle d’apprécier les dessins que réalisait Dalhia.

Mais Tizi ne fit pas part de son étonnement au lutin, elle se contentait d’approuver d’un signe de tête. Le bégaiement de ce lutin avait quelque chose de touchant et la tristesse qu’il semblait ressentir suite au départ imminent du groupe la mettait mal à l’aise.

Les mots avaient du mal à sortir, l’invitation du lutin êtait tentante mais sa mission n’était pas fini, elle avait encore a faire a l’opposé d’Olympia.

- c’est gentil mais je dois retourner cherchez ce grand nigot de Grand pontife qui semble s’être entêter à surveiller le pilier des glaces !

Voyant que Dalhia ne comprenais pas de qui elle parlait, la lutine reprit

…Rôde, mon ami qui réalise des dessins... c’est lui qui représente la loi à Lardanium, on appel ça un grand pontife.
Il est resté dans le grand nord pour surveiller un pilier ! S’il continu comme ça il va finir par se transformer en glaçon.
Puis comme pour se justifier elle ajouta :
- Et puis je dois également raccompagner les ingénieurs, je suis responsable d’eux, d’ailleurs mon visa ne couvre que la réparation du pilier, celui-ci étant maintenant en état de fonctionner, je n’ai plus le droit de rester ici...mais j’espère que nous nous reverrons bientôt.

Les impériaux était les ennemie des forestiers, la lutine le savait très bien, le fait de se lier d’amitié avec un d’en eux risquait d’être compliquer pour la suite, mais Tizi savait que maintenant il lui serait impossible de nuire à cet artiste très touchant.

Alors qu’elle fit quelques pas vers la sortie, Tizi se retourna vers le lutin.

- Par contre nous pouvons faire un bout de route ensemble jusqu’a l’orée de votre forêt, après je continuerais mon chemin.

Elle tendit la main en direction du lutin afin de l’inviter a la rejoindre. Elle marchait très vite en temps normal mais, bien que l’absence de nouvelles du grand pontife l’inquiètait, pour une fois elle était décidée à faire une exception.

Etrangement les ingénieurs semblaient mette pas mal de temps à rassembler tout leur bardas, laissant ainsi la Tizi et Dalhia prendre la tête du cortège, un sourire amusé se dessinant sur leurs visages.