Présage et collage. | |
Topic visité 430 fois Dernière réponse le 21/03/2012 à 20:32 |
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[HRP : Quoi qu'il en dise, tous les textes ont été coécrits avec Elen !]
_____________________ Aileen se frottait vaguement la tête, regardant à droite, puis à gauche. Personne... Pas étonnant, vu l’heure qu’il devait être. Tout le monde dormait encore et ne se réveillerait pas avant plusieurs heures... Sauf elle. Allez savoir pourquoi elle s’était réveillée en sursaut et pas moyen de se rendormir. Puis elle s’était aperçue qu’elle avait soif. Elle s’était donc levée en quête de quelque chose à boire. Qui plus est, elle avait étrangement chaud. Drôle de nuit. Elle fit un pas en dehors de la salle commune, écoutant les quelques sons émanant de la Tanière déserte. Elle hésita quelques instants sur la direction à prendre pour rejoindre les cuisines puis décida que ça devait être à droite. Elle se mit en route, pensive, essayant de se souvenir de ce qui l’avait réveillé. Un rêve, sans doute. Mais quoi ? Elle se rappelait vaguement une histoire de labyrinthe. Oui, c’était ça, elle était dans un drôle de labyrinthe avec plusieurs pièces, se souvint elle en rejoignant les escaliers. Les cuisines, deux étages plus haut, si elle ne se trompait pas. Ha, oui et elle était arrivée dans une étrange pièce dans le noir et il y avait un chat avec elle. C’était amusant de voir comme les souvenirs de son rêve lui revenaient à mesure qu’elle y repensait. Donc, elle était entrée dans la pièce, le chat lui avait dit de reculer mais elle avait insisté et avait voulu allumer la lumière. Et une grosse bestiole lui avait grimpé dessus... Une espèce de scarabée, très gros, noir. En plus il voulait la manger. Comment elle le savait ? Elle haussa les épaules. On n’a que des certitudes, dans les rêves, jamais de doutes. Elle avait essayé de l’enlever d’un geste de la main mais il s’était accroché à sa manche... Et ce faisant, un second était apparu ! Oups, elle avait continué un peu trop loin dans le couloir. Demi tour. Et la suite ? Ha, oui, à chaque fois qu’elle avait essayé de se débarrasser d’un des insecte, il se dédoublait ! Jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive qu’en réalité ils provenaient de... Ils sortaient littéralement de son propre corps ! C’était ça qui l’avait réveillée. Elle eu un petit frisson de dégoût. Des rêves pareils, elle s’en passerait bien, tiens ! Au moins elle était arrivée aux cuisines. Tant qu’à faire, elle allait aussi en profiter pour grignoter un peu. Oh, non, on ne mangeait pas mal à la Tanière, au contraire, mais se promener en pleine nuit, ça donne faim. Elle poussa doucement la porte des cuisines, presque timidement, comme si elle avait peur d’être prise la main dans le sac. Pourtant elle savait très bien que ce n’était pas interdit de venir chercher de quoi se sustenter en cas de fringale nocturne, loin de là. Pour ce qu’elle en savait, nombre de loups le faisaient plus ou moins régulièrement. Et aux dires de certains, il y avait même parfois des fantômes ou des rats gros comme des sangliers qui rôdaient la nuit. Enfin, ces histoires là c’était plutôt les enfants qui les inventaient. - Je t’attendais... Fit une voix, surgissant de la pénombre. Elle sursauta. - Quoi ?? Elle ne s’attendait pas à croiser quelqu’un à cette heure mais encore moins à ce qu’on lui dise qu’on l’attendait... Il devait sûrement y avoir méprise. Peut être que deux elfes s’étaient donné rendez vous en pleine nuit, un couple qui se cachait, peut être, ou n’importe quoi d’autre. En tout cas, ça ne devait pas être elle qu’on attendait, c’était presque certain. - Comment ? Il ne t’a pas parlé de moi ? Est-il déjà devenu paranoïaque à ce point ? Elle venait juste boire quelque chose histoire de se rafraîchir avant de se rendormir et voilà qu’un inconnu caché dans l’ombre lui posait des questions incompréhensibles... - Euh.. Je... Je crois qu’il y a erreur sur la personne... Lâcha-t-elle, perplexe. J’veux pas vous déranger, je fais que passer... - Méfie-toi de lui, Aileen. Il a changé, tu l’as constaté lorsqu’il t’a parlé à ton retour. - Comment tu connais mon nom ? Lacha-t-elle, son ton se faisant plus sec à mesure que sa méfiance grandissait. Qu’est ce qu’il pouvait bien lui vouloir ? Elle ignora les dernières paroles de l’homme, comme si elle ne les avait pas entendues. Quoi qu’il veuille dire, il avait l’air d’en savoir un peu trop à son goût... Elle recula d’un pas, posant la main sur la poignée de la porte, prête à la lui claquer à la figure s’il osait s’approcher un peu trop. La silhouette, toujours dissimulée dans les ombres de la pièce, se glissa vers la porte, d’un pas presque irréel, comme un fantôme. - Bientôt il te parlera de moi. Et il te demandera de participer à sa folie. Fais le bon choix... Souffla l’autre, passant la porte. Aileen recula vers le fond de la pièce, se tenant le plus loin possible de la silhouette. Méfie toi de lui... Lui rappela son interlocuteur, dans un souffle, disparaissant dans le couloir obscur. - Mais de QUI ?! Lacha-t-elle, exaspérée par ces énigmes nocturnes et incompréhensibles, alors que l’inconnu s’en allait. Ça n’était pas plus mal qu’il parte, songea-t-elle, elle n’avait pas envie de subir ses énigmes toute la nuit. Mais il n’en était pas moins inquiétant... Il avait l’air de savoir beaucoup de choses. Et son avertissement, qu’est ce qu’il voulait dire ? Elle doutait cependant qu’il ait une valeur quelconque. Elle ne savait même pas de qui il parlait. Une chose est sûre, il mériterait une bonne gifle histoire de lui remettre les idées en place. Elle resta quelques minutes là, debout à l’entrée des cuisines, fixant la porte, aux aguets... S’il lui prenant l’envie de revenir, à ce type, elle n’allait pas le louper. Rien. Rien ne se passa. Le silence seul lui tint compagnie alors qu’elle attendait, ruminant les paroles qu’il lui avait adressées. Elle n’y comprenait pas grand chose. Qui était paranoïaque ? De qui devait-elle se méfier à ce point là ? Elen ? Rode ? Isa ? Evonis ? Quelqu’un d’autre..? Elle se dit non sans ironie qu’elle ferait mieux de se méfier des types louches qui traînent dans les cuisines en plein milieu de la nuit... Elle n’avait même pas vu de qui il s’agissait. Peut être qu’il y avait des Loups somnambules ? Ouais, peut être. Et elle aurait simplement écopé du délire d’un dormeur en plein rêve. Et pour son nom, alors..? Si ce n’était qu’un hasard, il était quand même un peu gros... Se trouver dans la même pièce qu’un somnambule au moment exact où il prononce votre nom, ça paraissait plutôt suspect. Elle en avait même oublié la raison de sa venue ici. Ha, oui. Elle avait soif. Par contre, elle n’avait plus du tout faim, l’estomac noué par l’angoisse provoquée par l’étrange rencontre. Elle attrapa une cruche et se servi un grand verre d’eau qu’elle avala d’un trait, puis un second qu’elle garda en main. Elle s’assit à même le sol, le dos contre le mur, contemplant son verre d’un air renfrogné. Le temps passa. Combien ? Elle n’en avait aucune idée. Elle retournait les paroles de l’inconnu dans tout les sens, essayant de leur trouver un sens, caché ou non. Mais rien. Elle était dans le brouillard. Un bâillement l’arracha à ses pensées et la ramena à la réalité. Elle termina son verre d’eau et se leva, un peu difficilement. elle était restée assise dans la même position un peu trop longtemps et elle avait les jambes ankylosées, maintenant..! Elle sortit des cuisines, peu rassurée. Et si “il” était encore là, quelque part, dans le noir ? Attendant son heure ? Elle s’arrêta sur le pas de la porte, attentive aux moindres sons et aux moindres mouvements dans les ténèbres. Elle fit quelques pas timides vers l’avant. Personne... Elle se remit en route d’un pas vif, pressée de retrouver la sécurité des quartiers des Loups. Elle mit deux fois moins de temps qu’à l’aller pour faire le chemin inverse tant elle craignait de croiser qui que ce soit. A l’approche de son but, cependant, elle ralentit le pas sans même s’en rendre compte. Elle était un peu calmée et ressentait maintenant une étrange lassitude. Quelle que puisse être l’importance de cette affaire, elle aurait autant préféré ne jamais en entendre parler. Elle se glissa sous ses couvertures, entièrement, comme si l’étoffe aurait pu la protéger du monde extérieur. Peut être que retrouver la paix du sommeil, pour les quelques heures qui restaient, suffiraient à lui éclaircir les idées quant à ce qu’il venait de se passer..? Elle se tourna et se retourna plusieurs fois, incapable de trouver le sommeil. Ce drôle de sentiment suite à son étrange rencontre ne la quittait pas et semblait vouloir l’empêcher à tout prix de dormir. Elle émergea de sous les couvertures, fixant les silhouettes des autres dormeurs. Une idée saugrenue venait de la frapper. Peut être que ça ne l’aiderait pas, mais bon. Elle se leva. Par chance, elle savait à peu près ou aller. Elle enjamba discrètement quelques corps endormis, sortant de la salle, sa couverture roulée en boule sous le bras. Elle ne mit pas longtemps à trouver la chambre du Loup qu’elle cherchait, Evonis. La porte n'était pas fermée, elle entra, se faisant toute petite et s'avança vers le lit où l'Ashka dormait. Elle se roula en boule contre lui, lui tournant le dos et s'emmitoufla dans sa couverture. On pourra dire ce qu’on voudra elle s’en fichait. Au moins, là, elle ne craignait pas de croiser des types bizarres tout les dix mètres. Elle finit par s’endormir alors que l’aube était proche. Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
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Evonis s’éveilla bien plus tard, la jeune Cerf lovée contre lui. Il s’était retourné dans son sommeil, et son bras massif et protecteur entourait à présent Aileen. Les yeux exorbités par la situation, il eut le réflexe légitime et stupide de vérifier qu’il portait toujours ses vêtements. Constatant avec soulagement qu’il n’avait vraisemblablement pas échangé à ce point avec elle, il se demanda tout de même ce qui avait bien pu lui siphonner le cerveau au point d’oublier qu’il s’était endormi avec la belle à ses côtés. Avait-il bu ? Il n’en avait pas le moindre souvenir. Possible, néanmoins, qu’il ait bu un peu trop de breuvage Loup au point d’en oublier même la consommation.
Finalement, il décida qu’il pourrait éclaircir ce mystère avec Aileen, plus tard, lorsqu’elle se réveillerait. La position et le contact ne lui étaient pas désagréables. Il serait toujours temps de s’expliquer plus tard, si la jeune femme protestait. En attendant... Il se serra aussi respectueusement que possible contre elle. Est ce qu’il est tard ? Songea-t-elle en s’éveillant, quelques temps plus tard. Elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il pouvait être. Et puis elle avait chaud. Elle s’étira, bousculant par inadvertance Evonis qui semblait s’être bien rapproché d’elle. A tel point qu’elle n’était plus seulement couverte par sa couverture mais aussi par le bras du Loup... Il y eut alors une saccade dans la respiration du Loup, qui s’était rendormi. - Humph... Il se pelotonna plus encore contre elle, par réflexe, raffermissant son étreinte tout en émettant un grognement pour signifier qu’il avait été dérangé dans son sommeil. ”Oups...” Elle n’osa plus bouger, de peur de le réveiller... Mais d’un autre côté, le sentir si proche d’elle, ça avait quelque chose d’un peu... Dérangeant..? Elle ne se sentait pas très à l’aise mais, paradoxalement, elle ne fit pas un mouvement de plus. Et puis lui vint l’idée qu’elle n’aurait peut être pas du venir... Elle était arrivée en pleine nuit, sans prévenir. Comment est ce qu’il allait réagir ? Ça n’était pas vraiment dans son habitude de s’introduire subrepticement dans les chambres des gens... Finalement, il émergea. Il sentit d’abord l’agréable et douce chaleur de la Cerf lovée contre lui. Puis il se souvint de la situation et roula sur lui-même pour s’écarter d’elle, s’allongeant sur le dos. - Bonjour... Murmura-t-il. Est-ce qu’on... Est-ce que tu as... Enfin... Demanda-t-il, gêné. Ouf. Au moins il n’avait pas l’air de le prendre mal. Elle se sentait soulagée. Par contre, elle ne comprenait pas vraiment de quoi il parlait... -Que... Hein ? De quoi tu parles ? Non non, je... Bah j’arrivais pas à dormir et... Je me sentais pas très bien. ”J’avais peur...” Du coup, je suis venue... Enfin, j’aurais peut être pas dû... C’était un peu maladroit de ma part, désolée...! - Oh euh... Non, non, tu as bien fait. J’ai juste imaginé que tu... Enfin oublie. Ça va mieux ? -Oui, je crois que oui... Un peu... Enfin, c’est pas grave ! T’as imaginé quoi ? Demanda-t-elle avec un grand sourire. - Rien du tout... Oublie donc ça. Répondit-il, fixant obstinément le plafond. Elle éclata de rire à sa réaction. -Bon, bon, si tu penses ne pas pouvoir me faire confiance, c’est comme tu veux ! Elle se leva. Je n’ai plus qu’à m’en aller, alors ! Tu l’auras cherché. Ajouta-t-elle l’air faussement offusqué. - Oh bah non... Tu ne me déranges pas... Reste... Dit-il, tournant la tête vers elle. Peut-être qu’en me cuisinant un peu, tu en sauras plus. Mais sache que les informations que je dissimule ne te plairont peut-être pas ! - Ha ouais ? Je demande à voir ! Elle croisa les bras d’un air déterminé. T’as plutôt intérêt à parler, et vite, sinon... Elle se tut, laissant planer un doute parfaitement calculé. - Approche, si tu veux savoir ! Annonça-t-il, malicieux. Elle s’approcha, sans hésiter une seule seconde. Il l’attira sur lui, et lui murmura au creux de l’oreille, sur un ton entendu : - Je sais que tu imagines aussi bien ce que j’ai pu penser. Ce que je me demande, c’est pourquoi tu t’en amuses autant... Elle resta muette un instant, un peu surprise. Bien sûr qu’elle avait compris. Mais les mots du Loup la ramenèrent plus ou moins brutalement à la réalité. -Ha je... Non, c’était juste ta réaction qui me faisait rire... Répondit-elle, penaude. C’était peut être pas très fin de ma part, je dois dire... ”Surtout après tout ce qu’il t’es arrivé il y pas si longtemps, idiote !” ajouta-t-elle mentalement. - Bien sûr... Bien sûr Tu entres pas effraction dans ma chambre... Tu te colles contre moi... Et tu espères t’en tirer ? Voici ma sentence ! Et sans autre forme de procès, il la chatouilla ! Elle s’était faite avoir. Tout ce qu’elle pouvait faire maintenant, c’était tenter de s’échapper des grosses pattes du Loup en se tortillant dans tout les sens, secouée d’éclats de rire, incapable de quoi que ce soit d’autre. -Aaaah ! Arrête !! Réussit-elle à lui lancer avant de se rouler en boule, tentant de protéger ses côtes de ses bras. Il la repoussa sur le côté, s’allongeant de manière à pouvoir lui faire face. Il la fixa dans les yeux. Comme pour se protéger un peu plus, elle rentra la tête dans les épaules, s’arrachant au regard de l’Ashka. - Alors ? Tu restes un peu ? -J’bouge p’u !!! T’es méchant ! Réussit-elle à dire alors qu’elle reprenait son souffle. Tu fais rien qu’à m’embêter ! Ajouta-t-elle sur un ton enfantin. - C’est vrai ? Demanda-t-il, boudeur. - Bah oui. Ça se fait pas, d’attaquer les gens sans passer par les sommations d’usage ! - Parce qu’il est plus courtois de s’introduire dans ma chambre pendant la nuit ? Non pas que cela me déplaise, notes-le bien... Ben voilà, alors ! De quoi tu te plains ? Répondit-elle, relevant la tête et lui tirant la langue, toujours roulée en boule comme le plus farouche des hérissons. Il caressa tendrement la longue chevelure de sa voisine. Elle fit mine de vouloir lui mordre les doigts lorsque sa main passa près de son visage. Cela n’empêcha pas le Loup de poursuivre, peu impressionné. Il laissa glisser ses doigts le long du bras de Aileen, caressant sa peau, puis sur son épaule et sa nuque. Sa main se glissa sur la joue de la Cerf, avec tendresse. Son index effleura ses lèvres. Instinctivement, elle recula la tête, d’un mouvement vif, lançant un regard interrogateur au Loup. - Tout va bien ? L’interrogea-t-il dans un souffle. N’aie pas peur... Cela t’est-il désagréable ? Euh... Je... Elle ne savait pas vraiment quoi répondre à ça. Non, ça n’était pas vraiment désagréable non plus... Mais quelque chose la troublait sans qu’elle parvienne à savoir quoi. Elle se redressa et s’assit sur le lit, toujours sans savoir quoi dire. - Tu t’en vas maintenant ? Dit-il, déçu. Alors c’était vraiment désagréable... - J’ai jamais dit ça ! S’exclama-t-elle. - Je te fais peur, peut-être ? S’amusa-t-il, observant les cheveux cascadant dans le dos de Aileen, croisant les bras derrière la tête. - Tu devrais savoir que non ! Elle se retourna à demi vers lui. J’ai peur de rien, moi ! ajouta-t-elle, insistant lourdement sur le dernier mot. - Et donc ? Murmura-t-il, affichant un sourire tendre. -Heu... Bah quoi ? Elle le regarda, sans comprendre. Il se redressa, l’entourant tendrement de ses bras, posant sa tête sur son épaule, observant la porte de la chambre. - Qu’est-ce qu’il se passe, maintenant ? ... Je sais pas. Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
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Elle n’osait pas bouger d’un pouce. Evonis en profita pour déposer un baiser sur l’épaule de la jeune femme. Instinctivement, elle se raidit, ne sachant pas quoi faire. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Et qu’est-ce qu’elle devait dire ? Faire ? Elle fixa la porte de la chambre, tentée de s’en aller sans un mot de plus. Finalement, elle aurait peut-être mieux fait de ne pas venir, songea-t-elle. Il fallait bien qu’elle fasse quelque chose, non ? Qu’elle ne reste pas là, sans réagir... Exactement ce qu’elle faisait à l’instant...
Il l’attira contre lui, se rallongeant et l'entraînant contre lui. Il cessa de l’embrasser instantanément, se contentant de l’étreindre tendrement. - Cela te convient-il ? Fit-il, amusé par la timidité de la Cerf. Elle ne répondit pas, se contentant de remuer vaguement, comme si elle amorçait le geste de s’en aller, n’osant cependant pas aller jusqu’au bout. Son esprit s’affolait un peu, elle avait beau essayer d’y penser, elle ne savait pas vraiment comment réagir. Elle avait même du mal à penser, à vrai dire..! - Pourquoi veux-tu absolument me fuir ? -Je...”Ne te fuis pas” Faillit-elle dire avant de se rendre compte que ça serait sans doute mentir... - Tu ? -...Non, rien, laisse tomber. Et si on y allait ? Je commence à avoir faim ! Elle essayait délibérément de changer de sujet. La conversation prenait une tournure trop étrange pour elle. Elle se releva, s’appuyant sur un coude, prête à... Fuir ? - Allons-y, alors. Je te suis... Elle acquiesca simplement de la tête avec un sourire. Elle était quelque peu soulagée qu’il n’essaye pas de la forcer à répondre. Elle ralentit le pas après seulement quelques dizaines de mètres, sans s’en rendre compte. Elle venait de se souvenir de son aventure nocturne... Et l’inquiétude la reprit. - Tout va bien ? Elle s’interrogeait. Est-ce qu’Evonis pourrait l’aider à trouver qui était ce drôle de type ? Sûrement pas : Elle n’avait pas pu voir son visage. Sa voix ne suffirait pas à le retrouver... Est ce que l’Ashka pourrait l’aider à comprendre ce que l’inconnu avait voulu dire ? Il fallait qu’elle se méfie de quelqu’un qui avait “changé” mais qui ? -Je repensais juste à quelque chose... Elle lâcha un soupir. Enfin, je devrais arrêter d’y songer sinon ça va me donner mal au ventre et je pourrais plus rien manger ! Ajouta-t-elle sur le ton de l’humour en continuant sa route. - Alors cesse d’y penser, bougre d’andouille ! Lui ordonna-t-il avec une fausse sévérité. -Oui monsieur !! Répondit-elle en riant. ”Et je vais aussi essayer de ne pas penser à ce qu’il vient de se passer. Ça vaut mieux pour le moment, je pense. Un problème à la fois. Se dit-elle, bien qu’elle ne fut pas certaine de la réelle nature “problématique” du second sujet. Ils se retrouvèrent bientôt en cuisine, et Evonis alla immédiatement récupérer de quoi préparer un déjeuné copieux pour chacun d’entre eux. - Hé attends ! Protesta la Cerf en voyant Evonis s’agiter tout seul. J’vais t’aider ! - Pourquoi faire ? Je suis un grand garçon. Dit-il, faisant cuire du jambon dans une poêle. -Bah j’sais pas, je me suis toujours figurée que c’était plus drôle à deux ! - Je ne sais pas... Je n’ai jamais cuit de jambon à deux, je te l’avoue... Répondit-il, cassant et brouillant des oeufs sur la viande. -Oh t’es pas drôle... Soupira-t-elle, sans savoir quoi dire d’autre. Il avait raison, à vrai dire, elle n’avait pas grand chose à faire. - Tu nous sélectionnes quelques fruits ? Proposa-t-il. -D’accord ! Elle se mit au travail immédiatement, trop heureuse d’avoir quelque chose à faire pour se changer les idées. Elle avait dit qu’elle n’y penserait plus, mais revenir dans la cuisine lui avait de nouveau rappelé l’inconnu... Les fruits sentaient vraiment bon. Elle ne savait que choisir parmi la multitude de pommes, baies et diverses agrumes. -Waaah, y en a trop... Tu préfères quoi ? Demanda-t-elle à l’Ashka. - Les citrons. Répondit-il, en éclatant de rire. -C’est ça moque-toi ! Fit-elle, tentant d’avoir l’air vexée mais ne pouvant pas réprimer un sourire. Bah je prends au hasard, et si t’es pas content, tant pis pour toi ! Il lui adressa un sourire, retirant sa poêle du feu. Il servit dans deux assiettes distinctes. Puis il alla fouiller dans les réserves pour trouver un fromage sec et du pain. Il posa le tout sur un plateau, avec les deux assiettes. - Tu as choisi ? Elle ne répondit pas, se contentant de poser sur le plateau une bonne quantité de mûres, quelques prunes et des pêches. - Où mangerons-nous ? Demanda-t-il pour lui laisser un peu l’initiative. -Euh... Je sais pas... Où tu veux ! Répondit-elle, surprise par la question. - Allons dans la salle commune... -Attends, j’ai une idée ! On... On pourrait aller dehors ? Avant qu’il fasse trop froid pour ça ? Nan ? Elle marqua une courte pause avant de reprendre. -T’as l’air... Un peu bizarre, ça va pas..? - C’est toi qui es bizarre ! Il lui tira la langue, puis il se dirigea d’un pas vif vers l’extérieur de la Tanière, emportant avec lui le précieux plateau. Il courait presque, amusé, cherchant faussement à lui échapper. -Hé attends-moi !! Elle se lança à sa poursuite, courant pour rattraper l’avance qu’il avait prise. Presque arrivée à sa hauteur, elle accéléra et le dépassa, sortant de la Tanière en trombe. - Tu triches ! Tu ne portes rien ! Il accéléra le mouvement, la suivant pour voir où elle souhaitait les installer. Il courait bien moins vite qu’elle, mais il appréciait le spectacle de ses cheveux voletant à chacune de ses foulées. Et les mouvements de ses... jambes ! Si frêles et si vives ! Et elle ne lui échapperait pas ! Cette Cerf était sa proie, à lui, le Loup ! Et il allait la dévorer... Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
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Elle s’arrêta un peu plus loin, une fois qu’elle eut prit une avance confortable. Puis elle se planta là, face au Loup qui arrivait et, avec un sourire espiègle, lui fit une de ses plus horribles grimaces ! Ce à quoi le Loup répondit à l’identique, en prenant garde à son plateau précieux. D’abord attirer le gibier avec des fruits succulents, lui faire des yeux de biche puis la dévorer comme un loup ! Encore que Aileen aurait sans doute de l’avance sur lui concernant les regards de biche...
-On s’installe là ? Demanda-t-elle lorsque l’Ashka l’eut rejointe, désignant l’endroit d’un vague geste du bras. - Oui, oui... C’est très bien... Il posa le plateau sur le sol et s’installa par terre, observant Aileen en contre plongée. Il semblait heureux de partager quelques instants avec elle. Elle s’assit à son tour et attrapa une pêche, mordant dans le fruit avec entrain. C’est qu’elle avait vraiment faim ! -Alors ? Je t’ai pas trop dérangé cette nuit ? Lança-t-elle avec malice. elle commençait à oublier sa mésaventure nocturne. - Oh, non, non. C’est plutôt agréable de se réveiller aussi bien accompagné. Répondit-il accompagnant ses paroles d’un clin d’oeil. Alors, tu avais fait un cauchemar ? Ou tu venais voir le grand méchant Loup ? -Ha, non pas vraiment... fit-elle, un peu embarassée... Plutôt une mauvaise rencontre, en fait... Est ce qu’elle devait aller plus loin ? Elle n’avait pas vraiment prévu de parler de ça au départ mais la question de l’Ashka l’avait un peu prise au dépourvu. Elle n’avait pas eu le temps de penser à un mensonge. - Une mauvaises rencontre ? Ça devait être Gordo... Il mange à toute heure. C’était un gros loudreau ? -Non, pas vraiment. Répondit-elle après un instant d’hésitation. Mais... C’était étrange. Je ne sais pas qui c’était mais lui savait, visiblement. Il m’a appelée par mon nom... - Par ton vrai nom ? -Mon vrai nom...? Comment ça ? - Oh... Laisse tomber. Qu’est-ce qu’il te voulait ? -Je sais pas... J’ai pas compris ce qu’il a dit... Elle jeta le noyau de la pêche au loin avant de reprendre, l’air soucieuse. Il a dit que je devais me méfier de quelqu’un, mais je ne sais pas qui. Il ne l’a pas dit... Quelqu’un qui aurait changé depuis la dernière fois que je l’ai vu... Je ne sais vraiment pas quoi en penser ! Lâcha-t-elle, en soupirant. - Quelqu’un ? Si tu veux mon avis, tout ça ressemble à des propos d’ivrogne. -Il n’avait pas l’air d’être un ivrogne... Il a même dit qu’il m’attendait... Et puis, comme je te le disais, il savait qui je suis mais je suis presque certaine de ne pas l’avoir déjà vu. - Bah ! Tout ça n’est qu’un ramassis d’inepties ! Qui aurait changé ? Le Loup éclata de rire. Quel crétin ! -Si tu le dis... Répondit-elle avec un vague sourire. Mais c’était quand même... Pas très rassurant. Elle attrapa une prune, cette fois. Je devrais peut être éviter la Tanière quelques temps, non ? Il se saisit d’une assiette et la tendit à Aileen. - Oh, mais de toute façon, tu sais, nous changeons tous ! Elen revient et il fait toutes ces étranges sorties en forêt chaque nuit ! La dernière fois qu’on l’avait vu à la Tanière, il s’enfermait dans la bibliothèque et il hurlait comme un dément ! Maintenant il est Chaman ce benêt ! Et la Juge qui s’entiche d’un Olympien ! Ça c’est la meilleure blague ! Tu imagines ? Syi avec ce crétin prétentieux de Prince ? Regarde-toi ! Tu reviens après un an et tu entres par effraction dans une chambre ! Tu imaginais faire ça auparavant ? Il éclata de plus belle de rire ! Aileen, par contre, n’avait pas vraiment gouté la plaisanterie au sujet de Syi. Mais elle préféra passer l’éponge sur le sujet. Ce qu’Evonis avait dit au sujet d’Elen, en revanche, ça lui donnait matière à réfléchir. Qu’est ce qui pouvait bien l’inciter à faire tout ça ? Ça l’inquiétait un peu à vrai dire. Peut être qu’il avait des soucis... Elle attrapa l’assiette que lui tendait Evonis et commença à grignoter, pensive. Il faudrait qu’elle parle à Elen. Revenant à l’instant présent, elle releva les yeux vers Evonis qui mangeait à belles dents le jambon et les oeufs de sa propre assiette, tout en observant la jeune femme. - Nan, je dois dire que j’y pensais pas vraiment ! Par contre, j’n’imaginais pas non plus me faire aborder par des types louches en pleine nuit ! ...Et finir par prendre un petit déjeuner dehors avec un autre type encore plus louche ! Ajouta-t-elle avec un un grand sourire taquin. - Ça me blesse, ce que tu dis. Fit-il, reposant son assiette et récupérant une pêche odorante. C’est vachement méchant. - Parce que c’est pas méchant de chatouiller les gens sans prévenir ? Répondit-elle du tac au tac, sans se départir de son sourire. - Parce que venir aguicher un Loup respectable dans sa propre chambre c’est respectable ? Il fronça les sourcils un instant, puis il lui adressa un clin d’oeil entendu. - J’voulais pas t’aguicher, j’voulais un nounours ! Protesta-t-elle, d’un air enfantin. - Juste pour cette nuit ? Demanda-t-il d’une voix faussement plaintive. - Ha ? tu voudrais que je recommence ? Pourtant tu n’arrêtes pas de me reprocher d’être entrée par effraction ! En plus, c’est faux, la porte était ouverte ! - Ce que je te reproche, c’est de ne pas m’avoir réveillé ! - Ha bon ?! Lacha-t-elle, un peu surprise. - J’aurai pu te réconforter ! Fit-il, désinvolte, jetant les restes de la défunte pêche dans les bois. Elle lui sourit. C’était un bête, mais entendre ça avait suffit à la réconforter un peu. - C’est gentil... - Bah pas plus que toi ! -Heu... Ha ? Qu’est ce que tu veux dire ? Demanda-t-elle, le regarda sans comprendre. Elle attrapa quelques mûres, dans l’intention non camouflée de les dévorer. -Tu m’es sympathique, à de nombreux égards. Répondit-il, haussant les épaules. Et tu es drôlement jolie. -Je... euh.. M... Merci. Bredouilla-t-elle en détournant le regard. Ça, elle ne s’y attendait pas du tout ! - Je ne t’apprends rien de toute façon, je suis certain qu’on te l’a déjà dit... Assura-t-il, comme si c’était banal. Non, même pas ! T’es bien le premier à me le dire ! Fit-elle en riant. Et c’était vrai. Ho, à part ses parents, bien sûr, mais quels parents ne trouvent pas leur enfant magnifique, après tout ? Mais elle se sentait un peu gênée de ces compliments. Elle aurait bien dit quelque chose en retour mais, à tout les coups, ses mots auraient maladroits, et, à vrai dire, elle préférait autant éviter... - Les gens sont idiots. C’est pourtant évident que tes yeux sont deux diamants purs et que ta crinière virevolte derrière toi comme un millier de plumes soyeuses. Et quand tu ajoutes tes sourires à l’équation ”et au reste” Songea-t-il, balayant le corps de la Cerf du regard, tout en poursuivant sa flatterie : ...c’est tout simplement incompréhensible que personne ne te l’ai déjà dit. Impossible ! -Je... non, personne... Fit-elle, détournant le regard. Elle sentit que ses joues commençaient à la brûler. Ça ne lui arrivait pas souvent de rougir autant mais là, c’était visiblement le cas. - Tous des idiots... Elle ne répondit pas, regardant fixement le sol. Incapable de trouver ses mots. Elle se frotta vivement les joues, espérant futilement en faire partir cette sensation de chaleur qui persistait. - Je... Je suppose que ça sert à rien que je discute... Osa-t-elle. - Tout dépend de ce dont tu souhaites discuter... -Bah... Ce que tu viens de dire... Enfin, tu... Elle commençait à s’embrouiller. Euh... Non, laise tomber. - Alors c’est entendu. Tout ça c’est un fait ! - Non, ce qui est un fait, c’est que personne ne me l’a jamais dit avant ! Répliqua-t-elle avec un sourire, reprenant doucement ses esprits. - Modeste avec ça. Ça ne fait qu’ajouter à ta valeur ! Enchaîna-t-il, l’air de rien. - Ha, arrête de dire n’importe quoi ! Fit-elle en riant. Je ne me vois pas comme si exceptionnelle, c’est tout ! Et puis... Tu as tes qualités aussi... - Bien sur, bien sur. Eluda-t-il, se saisissant d’une autre pêche qu’il attaqua à pleine dent. -Bah quoi ? C’est toi qui as commencé ! Insista-t-elle, attrapant encore quelques fruits. - La prochaine fois, c’est moi qui vais dans ton lit ! Et on verra qui aura commencé ! Elle éclata de rire. - Pourquoi ? T’as peur du noir, maintenant ? - Seulement si tu le désires... Evonis lui tira la langue, tout en jetant au loin le fruit qu’il venait de terminer. Sa proie se débattait héroïquement. Elle l’impressionnait. Quel caractère ! Quelle force ! Quelle femme ! - Ha, c’est intéressant, ça... Répondit-elle, faisant semblant d’y réfléchir. Il prit un air innocent en réponse, lorgnant un instant sur les fruits, avant de revenir à la jeune femme, bien plus alléchante à ses yeux... - Et si je fermais ma porte à clé ? Tu ferais quoi ? Demanda-t-elle d’un air taquin. - Tu n’oserais pas ! S’offusqua-t-il. - Ça dépend... J’aurais quoi en échange ? - C’est à toi de décider... Fit-il, hochant la tête, avec un sourire entendu. - Hahaaaa... Marché conclu, alors ! Elle rendit son sourire à Evonis. - J’ai hâte de connaître la nature de ta demande... - Ha bah tu verras bien ! Répondit-elle en riant. - Là tu me fais peur... - Quoi ? Moi j’te fais peur ?! s’exclama-t-elle, feignant la surprise. - Tu devrais t’en douter ! Evonis caressa tendrement l’un des mains de la jeune femme qu’elle avait posée à terre. Il planta volontairement son regard dans celui d’Aileen, admirant sa bouche rougie par les mûres qu’elle avait mangées. Il laissa glisser avec douceur un doigt sur les lèvres de la Cerf pour retirer les restes de jus des fruits, puis il lécha son doigt. Cette fois, Aileen ne détourna pas les yeux. Elle rendit son regard au Loup et le laissa faire, sans broncher. Pourquoi est-ce qu’elle sentait son coeur s’emballer ? - Hé... On croirait que tu veux me manger ! Sa voix s’était fait plus soudain plus basse, plus confidente, sans même qu’elle s’en rende compte. - Cela te ferait fuir ? - Hum... J’en sais trop rien, je me suis jamais faite manger ! Et puis... Ce n’est que toi, après tout, je n’ai pas à avoir peur ! Elle afficha un sourire légèrement triomphant. - Si tu le prends aussi bien, alors c’est le cas ! Répondit-il, lui bondissant dessus. - Hééé !! Eut-elle à peine le temps de lâcher avant de réceptionner tant bien que mal le Loup, bien plus massif qu’elle. Il la contempla, à quatre pattes au dessus d’elle avec un grand sourire amusé. Il planta son regard droit dans le sien. Et il l’observa, immobile, à l'affût de la moindre réaction de la part de la jeune femme. Elle resta immobile, son esprit cherchant un moyen d’échapper à son prédateur, guettant elle aussi le moindre mouvement de sa part... Le renverser sur le côté ? Le pousser ? Aucune chance, il était trop fort. Ne lui restait plus que le bluff... Elle afficha une moue contrariée. -Humpf... Et on fait quoi, maintenant ? Elle n’attendit pas la réponse, sa main se leva et fusa en direction des côtes du Loup, complètement à découvert. Il l’avait chatouillée, le matin même. Elle comptait bien prendre sa revanche ! Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
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Il tenta de lui résister quelques instants. Cependant, les doigts agiles de la Cerf ne lui laissaient aucun répit. Elle ne put réprimer un sourire, mi amusé, mi triomphant, en voyant que sa stratégie portait ses fruits. Finalement, il ne parvint plus à se soutenir, et il s’affala contre elle, secoué par des rires incontrôlables. Elle ne s’attendait pas à ça, mais peut importe. Au moins elle avait sa vengeance ! Se mettant à rire elle aussi, elle tenta de se dégager. Elle réussit à libérer sa deuxième main, revenant à l’attaque de plus belle.
- Arrête ! Arrête ! Je vais... T’écraser ! Arrête ! Supplia-t-il. - Un peu plus ou un peu moins ! C’est pas grave ! Répondit-elle, sans cesser d’agresser les côtes de l’Ashka. - Naaaaaaaaan argl... -Tu es en mon pouvooooooooir !! Cria-t-elle. Il se débattait comme il pouvait, en essayant de ne pas écraser la Cerf, mais si elle poursuivait ainsi, elle ne lui laisserait pas le choix. Il tomberait et elle en pâtirait ! Indéniablement. Mais tant pis, elle en profitait. Et même, s’il tombait, ça serait encore une victoire de plus pour elle. Même si elle se retrouvait coincée en dessous..! Et ce qui devait arriver arriva, il ne parvint plus à se maintenir en sustentions et pesa de tout son poids sur la jeune femme. -Aouch ! Ha, alors ? Vaincu ? Réussit-elle à articuler, le souffle coupé par la masse qui venait de s’écrouler sur elle. Il roula avec souplesse sur le côté, l'entraînant avec lui. Elle se retrouva bien tôt perchée sur le corps massif du Loup. Il souffla, récupérant un peu de contrôle sur sa respiration et un peu de contenance. - Depuis longtemps... Murmura-t-il. Elle croisa les bras, triomphante. - Ha ! Alors j’imagine que tu n’as plus très envie de me manger. Si ? - Bien sur que si ! Je m’y prendrai juste différemment. - Hum... Ouais, l’attaque frontale, c’est pas très efficace ! Dit-elle, souriant toujours. Alors, tu vas faire quoi ? Ajouta-t-elle, se penchant sur lui, comme pour l’intimider. - Ça ? Il l’attira tout contre lui, et il l’embrassa tendrement au creux du cou, sur le front puis la joue. Il plongea son regard dans le sien. Puis il embrassa fougueusement les lèvres brûlantes de sa proie. Ses mains glissèrent le long de son dos et se posèrent sur ses hanches, ses baisers redoublant d’ardeur. Surprise, elle recula, mettant un terme aux baisers fougueux du Loup. -Hé ! Elle sentit à nouveau le rouge lui monter aux joues. -Je... Je savais pas qu'on faisait comme ça pour manger les gens ! Elle lui sourit, d'un air un peu timide. Elle s'étonnait elle même de ses réactions, bien loin de celles qu'elle avait eu un peu plus tôt. Mais peut être qu'au matin, elle n'avait simplement pas encore réalisé pourquoi ses pas l'avaient conduit à la chambre de l'Ashka en pleine nuit... - Oh et comment croyais-tu que nous nous y prenions ? - Ha, je sais pas... Je... Je dois avouer que j’y ai jamais réfléchi...! Elle hésita un instant. Mais c’était... Enfin, c’est original ! Et pas... Désagréable... Elle se sentit rougir un peu plus. Elle devait avoir l’air furieusement stupide à déblatérer de telles âneries ! - Et ça te fait moins peur ? - Mais j’ai jamais dit que j’avais peur ! - Prouve-le ! La défia-t-il, ses mains toujours posées sur les hanches de sa proie. - Et comment je peux te le prouver ? - Devine ! Elle lui écrasa une poignée de mûres sur la figure avant de se relever et de courir aussi vite que le vent. - Tu m’auras paaaaaaaaaas !! - Je ne m’attendais pas à ça... Fit-il en soupirant... Aileen représentait un défi à sa mesure. Et elle succomberait. Il n’en doutait pas un seul instant. Mais pour cela, il faudrait d’abord qu’il l’attrape. Il se leva d’un bond puis s’en fut aux trousses de la jeune Cerf. Elle allait voir ce qu’il lui en coûterait ! Il s’essuya la bouche d’un geste vif, la cherchant du regard. Elle n’était pas très loin, ayant profité du temps qu’il avait mit à se relever pour se cacher derrière un arbre au tronc épais, prête à reprendre la course à tout moment. Evonis huma l’air, à la recherche de l’odeur douce et sucrée de la Cerf, un parfum entêtant qu’il reconnaîtrait entre mille à présent. Quelle erreur grossière. Elle avait progressé face au vent. Il s’élança dans sa direction, se pourléchant les lèvres. Il restait encore du jus de mûres. Les sens aux aguets, il était à l'affût du moindre mouvement, du moindre son et de quoi que ce fut qui la trahirait. Aileen attendait... Les bruits de pas se rapprochaient, doucement. Encore un peu. Trop près ! Elle bondit de son abri provisoire et reprit sa course, prenant soin de laisser l’arbre entre elle et le Loup. Il ne se pressait pas. Il n’avait aucune raison de le faire. A l’image des meutes qui pouvaient poursuivre une biche toute une journée, inlassablement, jusqu’à ce que épuisée elle ne tombe entre leur pattes, il se montrerait patient. Il ne courrait que pour donner le change, se fatiguant peu. Alors qu’elle, elle détalait comme un lapin, à vive allure. Ces efforts brefs et intenses auraient tôt fait de la mener, haletante, droit dans ses bras. Elle avait prit assez d’avance, visiblement, se dit-elle en se retournant. Elle était arrivée près d’un bosquet d’arbres relativement proches et touffus. Elle profita de son avance pour grimper et se percher sur une branche, se cachant dans le feuillage. Elle avait souvent vu des Faucons faire ça, mais avec bien plus de discrétion qu’elle. Le Loup se faufila près du tronc, puis entama tranquillement l'ascension, sans l’avoir repérée réellement, belle et agile. Il voulait qu’elle le croit, pour la pousser à faire une erreur, et à descendre, voilà tout. Il avait juste aperçu un mouvement dans les branchages, de loin. Elle fronça le nez, l’air contrarié. C’était raté, la prochaine fois, il faudrait qu’elle demande conseil à un Faucon, pour faire mieux. Il arrivait sur sa droite. Elle descendit de l’arbre, d’un bond, sur la gauche, et repartit de plus belle. Et il bondit à sa suite, en profitant pour observer le balancement gracieux de ses hanches lorsqu’elle courait. Étrangement, la tournure des évènements lui plaisait de plus en plus. Elle éveillait en lui des instincts prédateurs qu’il appréciait. Et elle ne serait pas déçue de cette petite chasse, se promit-il. Il se débrouillait pour la garder en vue, autant que faire se pouvait, tout en surveillant les alentours, pour qu’ils ne s’aventurent pas dans un domaine dangereux de la Forêt des Cendres. Elle continua à courir encore un temps, mais il fallait avouer qu’elle se fatiguait, alors qu’Evonis... Hé bien, il se contentait juste de la suivre, gardant ses forces. Si elle s’était un jour demandé ce que ça faisait d’être une proie, au moins le savait-elle, maintenant ! Mais elle ne se rendrait pas sans combattre. Elle ralentit le pas et se retourna, essoufflée, marchant à reculons alors qu’elle surveillait l’avancée du Loup. Il ne lui en faudrait pas beaucoup plus pour être incapable de courir plus. Il fallait qu’elle trouve autre chose. Et vite... Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
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Il se rapprochait inéluctablement d’elle. Il commença à exécuter des cercles autour d’elle, pour la déstabiliser. Il prenait bien soin de croiser son regard, affichant un sourire très satisfait. Ce n’était plus qu’une question de seconde : il allait pouvoir l’achever.
Malgré tout, elle soutint son regard, toujours pas décidée à se laisser avoir. Rassemblant ses dernières miettes d’énergie, elle fonça une dernière fois en avant, dans une fuite éperdue. Mais elle savait qu’elle n’irait pas bien loin et lorsqu’elle s’arrêta, elle était une fois de plus à bout de souffle. Cette fois, elle n’aurait pas la force de repartir. Son cœur cognait dans sa poitrine, elle avait l’impression qu’il allait exploser. Elle sentit des bras puissants la saisir et la soulever. Elle fut plaquée avec ménagement contre un arbre, des grandes mains se posant sur ses hanches et des yeux bruns braqués dans les siens. Maintenant, la mise à mort ! Il souleva la Cerf, ses mains placées judicieusement, jusqu’à ce que son visage soit à la hauteur du sien. Il échangea un bref mais intense regard avec elle, puis son visage se rapprocha doucement de celui de Aileen. - Et maintenant ? Souffla-t-elle, haletante. Elle s’était finalement faite avoir... - Maintenant ? Je vais consommer ma proie... Murmura-t-il, avant de frôler ses lèvres. Elle retint un rire. - Pourtant t’as déjà mangé ! Toujours pas rassasié ? Il éloigna son visage du sien, sans pour autant la lâcher. Elle lui semblait si légère, si fragile. Et pourtant, il savait que son caractère bien trempé ne laissait place à aucune erreur. - Tu voudrais que je me lasse de toi ? Surtout maintenant que je t’ai attrapée et à ma merci ? Certainement pas ! Et il l’embrassa avec fougue. Cette fois, elle ne put pas le fuir, prisonnière des bras puissants du Loup. Alors elle lui rendit son baiser, hésitante. ”Ça... Ça n’engage à rien, hein ? Se disait-elle tout d’abord. Puis elle se laissa doucement emporter par la fougue du loup, oubliant tout, ne pensant plus à rien. La sentant fondre, il se blottit contre elle, la plaquant plus encore contre l’arbre. Elle dégagea ses bras et les passa autour de son cou, lui rendant son étreinte sans même y prêter attention. Lorsqu’il se sépara d’elle, il lui murmura tendrement : - Alors, douce Aileen ? La situation est-elle a ton goût ? - C’est... C’est pas si mal... Fit-elle, timidement. - Ce n’est pas suffisant. Il l’embrassa derechef, prisonnière de son étreinte et de l’arbre. Alors ? - Hum... Et si j’essayais de fuir ? Répondit-elle, un sourire espiègle aux lèvres. - Je ne crois pas que ce soit ce que tu désires ! - Ha bon ? Comment tu le sais ? - D’abord, tu l’aurais déjà fait... Il l’embrassa une fois encore, avec plus de tendresse qu’à l’accoutumée. Ensuite je te sens convaincue... Il s’éloigna de l’arbre, la jeune femme dans ses bras, ajoutant malicieusement : Enfin, je te tiens... Enfin ? Comment ça, “enfin” ? Fit-elle, sans faire le moindre geste pour se dégager. - Pour structurer mon argumentaire... Encore que ta façon de le comprendre ait un petit côté vrai... - Ha... Et tu veux pas m’en dire plus ? Demanda-t-elle, intriguée. - Je dirais que tu ne me laisses pas indifférent, voilà tout. Fit-il, haussant les épaules, prononçant là un des plus gros euphémisme de son existence. - Ha, ça, j’avais cru le remarquer ! Ironisa-t-elle, non sans un sourire. Mais ça fait depuis combien de temps, au juste ? - Qu’en penses-tu ? - Je sais pas... En fait j’y avais pas fait attention jusque là ! Il la déposa délicatement à terre, ses mains se glissant de leur actuelle position vers le creux de son dos. Il planta son regard intensément dans le siens. Il laissa glisser tendrement ses doigts le long de la chevelure de la Cerf. - Alors quelle importance ? - Je sais pas... Juste par curiosité ? - Quand je t’ai vue à la Tanière, pour la première fois, avec les Sylphes, je me suis dit : “Oh, le joli brin d’Elfe” Et ensuite, j’ai constaté que tu avais un certain nombre de qualités qui me plaisent et qui nous ont invariablement conduits à cette situation... - Woah... Je me doutais pas que ça datait d’il y a si longtemps ! fit-elle, un peu étonnée. Je ne te connaissais même pas, à l’époque ! Ajouta-t-elle en riant. - Bah... Pour te trouver jolie, je n’avais pas besoin de te connaître. Juste de te voir... Pour le reste... J’avoue qu’il vaut mieux savoir qui l’on embrasse avant de le faire... - C’est juste. Enfin, maintenant qu’on en est là, on devrait rentrer, non ? […] Elle ouvrit les yeux, immobile et toujours roulée en boule contre Evonis. Elle sentait sa poitrine se soulever au rythme lent de sa respiration alors qu’il dormait toujours. Elle ferma les yeux quelques instants, l’esprit encore partiellement embrumé. Est-ce qu’elle avait rêvé ? Elle soupira doucement. Ça avait été un rêve si doux... Elle ouvrit de nouveau les yeux, souriant et se tournant à demi vers Evonis. “Pourquoi pas ?” se dit-elle. ”Ça n’engage à rien...” songea-t-elle en écho à son rêve. Son rêve ? Elle se redressa sur un coude, la couverture glissant le long de son épaule... Ça n’était pas sa couverture, mais celle d’Evonis... Elle jeta un coup d’oeil autour d’elle et repéra ses vêtements, un peu plus loin, éparpillés au pied du lit. Et ceux de l’Ashka qui avaient subi le même sort. Elle étouffa un rire quand ses souvenirs lui revinrent. La Cerf s’enfonça de nouveau sous les couvertures, presque totalement. Elle se sentit rougir une fois de plus en se remémorant ce qui l’avait conduite à cet épilogue. Qu’est-ce qui lui avait pris ?! Jamais elle ne s’était connue aussi... Audacieuse ! Elle ne regrettait pas ce qui s’était passé mais elle n’aurait jamais imaginé être capable de se montrer si entreprenante ! Et si elle devait le refaire... Elle espéra qu’Evonis ne verrait pas cela d’un mauvais oeil... ”Bah, tant, pis.” songea-t-elle. ”Je verrai plus tard.” Elle s’étira, prenant soin de ne pas bousculer le Loup, puis elle posa sa tête doucement contre son torse et ferma les yeux, écoutant son coeur battre à un rythme régulier. Elle laissa son doigt glisser quelques instants sur les impressionnants pectoraux de son amant puis elle s’en retourna dans les bras de Morphée, et ceux d’Evonis au passage... Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
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