Un spectre douteux | |
Topic visité 399 fois Dernière réponse le 06/04/2012 à 13:23 |
![]() |
HRP : Texte coécrit avec Nil.
Alors que les préparatifs de défense battaient leur plein, Nil pu constater que Elen semblait totalement absorbé par son rôle : diriger les travaux menant à la création de hautes palissades bardées de pieux taillés pour casser les charges de cavaleries et ralentir l’infanterie. Et ce fut au cours d’un de ces préparatifs qu’un Elfe, vêtu à la mode Louve, l’aborda : - Tout va bien Nil ? demanda-t-il. - Bien ? Ce n’est pas exactement le mot que j’avais en tête. Tout va... tout passe plutôt à ce qu’on dit. Pourquoi donc cet elfe venait l’interrompre au milieu de ses pensées. Elle était bien pourtant... jusqu’à ce que ce petit lapin ne l’énerve. Une foudre et c’en était presque fini de lui. Et voilà qu’un Loup, qu’elle ne reconnaissait pas d’ailleurs, venait l’aborder. - Je suis désolée... je ne vois pas qui tu es. Sa voix, faible, ses yeux, secs, des larmes qui n’avaient que trop coulé, elle n’était que l’ombre d’elle-même. Il la jaugea, l’espace d’un instant, avec un sourire étrangement satisfait, comme si la situation l’amusait. Il prit un air faussement désolé, éludant complètement la question informulée de Nil. Il se rapprocha, et lui murmura au creux de son oreille son un ton doucereux : - Il n’est plus lui-même. C’est ce que tu craignais. Et c’est de sa faute. Elle le tient. Il s’écarta d’elle, avec des mouvements lents et calculés. Ses cheveux ébènes contrastaient avec la pâleur de son visage. Mais son regard étincelait, comme s’il assistait à une pièce, un drame que lui seul comprenait. - Qui ça ? Cette... Garce ! Olympienne ? Ou alors Elle... l’Araignée ? Dans le premier cas, elle pouvait faire quelque chose, même si les règles de bienséance l’en empêchaient. Mais dans le second... que pouvait-elle faire ? Le retenir dans ce monde ? Le surveiller ? - Qui êtes-vous ? Vous n’êtes pas un Loup, malgré ce que suggèrent vos habits. Qui êtes vous ? demanda-t-elle en élevant la voix, des arcs électriques apparaissant au bout des doigts. Elle n’était pas en état de se faire aborder de la sorte, avec autant de mystères. Il lui adressa un grand sourire, très sûr de lui. il s’inclina avec courtoisie devant Nil’Nelia, dans une caricature de révérence Noble. Il ne semblait pas faire le moindre effort pour paraître crédible en tant que notable ou quoi qu’il fut. - Je ne suis qu’un messager... Puis il ajouta, affichant toujours ce faux air contrit. - Je crois que tu sais pertinemment qui elle est. Regarde comme il a invité tous ces Impériaux ici. Demande à Aileen. Les Olympiens peuvent se montrer si... charmants parfois. Il s’éloigna de la jeune femme de quelques pas, à reculant. Malheureusement il n’avait pas tort... Mais seulement dans les faits. Ceux des Impériaux qui étaient venus dans la forêt étaient ceux qu’elle-même avait côtoyé au nord, pour sauver Olympia. Il réfléchissait comme un vieil elfe irascible qui vouait et vouerait une haine viscérale aux Impériaux. - Tu te méprends... Je ne les aime pas, certes, mais tu n’es là que pour causer d’autres guerres. Pour nous faire se battre. La guerre Lui permettra d’atteindre Ses buts. J’aimerai que cette Isa s’en aille, qu’Elen me revienne mais il n’est plus celui avec qui je me suis mariée. Mais jamais, pour sauver mon mariage, je ne serai à l’origine d’une guerre. Elen a manipulé la statuette, a été en contact avec Elle. Un jour peut-être les Dieux Olympiens voudront sa vie. Là, je le défendrai, si je me trouve toujours à ses côtés. Elle fulminait tout à coup. - Les Olympiens sont dangereux, mais plus encore l’est l’ennemie. Je trouverai un moyen de faire partir les Olympiens, de briser ces relations qui risquent de nous rendre trop proches et trop vulnérables, mais pas en risquant de créer une guerre. Elle se calma un instant. Les nerfs à vif, elle réagissait sans aucune logique. Comme si elle pouvait créer une guerre en demandant aux Olympiens de quitter la forêt. Comme si elle pouvait faire quelque chose. Elle devait parler à Evonis. Lui seul pouvait écouter ses tourments et la conseiller. Mais Evonis était aussi un Loup en qui Elen avait confiance. Et Elen, son Chaman. Elle se sentit tout à coup seule, plus seule même qu’après avoir quitté sa famille. ”Je ne suis qu’un messager” avait-il dit. Mais de qui exactement ? - De qui es-tu le messager ? - Je suis le messager de la vérité... Une brume opaque, poussée par les vents, s’abattit sur la plaine et la forêt. Si épaisse que l’on ne distinguait pas même ses pieds. Pourtant, ce n’était absolument pas la saison... La voix de l’Elfe, plus lointaine, réduite à un murmure se fit entendre pour la dernière fois : - Demande à Aileen... Ceux qui louent Aphrodite savent se montrer convaincants... Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de la silhouette massive de Elen de l’interrompre dans sa tâche. Il semblait avoir hésité. Comme indifférent à la brume alentour, son objectif semblait clairement être de lui parler, à elle. Comment pouvait-il passer à côté d’un tel phénomène ? - Nil... Je... Il avait tourné et retourné tout ce qu’il devait lui dire dans sa tête mais il ne parvenait pas à le formuler simplement. Aussi énonça-t-il toutes ses pensées, sans distinction, sans prendre le soin de les connecter aussi logiquement qu’elles le pourraient. - J’en ai assez. Je suis désolé. Cela fait deux ans, maintenant, à l’exception de nos retrouvailles, que nous ne nous sommes plus parlés. Et cela me pèse. Je ne crois plus que nous ayons un avenir ensemble. Nous aurions pu. Je croyais sincèrement que nous saurions nous retrouver après mon enlèvement. J’ai même cru que nous pourrions avoir des projets. Mais nous nous sommes ignorés mutuellement. Nous sommes tous les deux fautifs, Nil. Je t’aime, toujours, mais plus comme avant. Plus comme je le devrais si tu étais mon épouse. Je t’ai poussée à tant sacrifier... Et crois-moi, j’aurais aimé que nous n’en arrivions pas là. Mais il est trop tard pour réparer ce qui a été brisé. Je ne te demande pas de comprendre. Sache simplement que tu occuperas toujours une place particulière dans mon coeur... Voilà... Il lui avait dit... A présent, il avait une vague idée de ce qu'il allait se produire. Et il devrait se montrer aussi compréhensif que possible... Terrassée... C’était à peu près ce qu’elle ressentait. Elle avait beau le savoir, se l’entendre dire, c’était pire que n’importe quoi. Les enfers se seraient ouverts sous ses pieds qu’elle l’aurait à peine remarqué. Ses jambes flageolèrent, son coeur se brisa au creux de sa poitrine. - Elen... Nous... avons... eu de bons moments. Ce n’est pas... C’est à cause... Les larmes inondèrent son visage. Elle se détourna pour les essuyer d’un revers de la main. Mais, lorsqu’elle se tourna à nouveau vers lui, c’est un étrange regard qu’elle revêtait. Ses yeux brillaient d’une étrange intensité. Pas la même que lorsque la puissance de Lodgé s’était insinuée en elle, mais cela faisait presque peur à voir. Sa main partit, sans aucun geste préalable s’écraser sur la joue du Loup en une incroyable baffe, mêlée d’électricité statique. - Tout ça c’est de ta faute ! De ta faute ! Tu es parti seul, pour aider le monde ! Je t’ai défendu alors que Calith et d’autres te traitaient d’inconscient. Inconscient tu l’avais été mais je croyais que c’était pour le bien de tous. Par cette action stupide, tu t’es fait capturé, tu es devenu esclave. De TA faute, tu as rencontré cette poufiasse d’Olympienne. Les impériaux s’insinuent à cause de toi dans notre forêt ! LA NOTRE pas la leur. Tu m’as un jour avoué avoir aimé une Olympienne. Apparemment, tu veux de nouveau tenter l’expérience. Nous aurions pu être heureux, fonder une famille à la Tanière. J’ai TOUT quitté pour toi. Elle ne contenait plus le flot de larmes. Elle ne contenait plus ses émotions. Sa peau brilla d’un doux halo. Mais sa langue continuait à cracher sa rancœur, sa tristesse et son désespoir. - Tu as osé la ramener ici. Pourquoi ? J’ai cru t’avoir retrouvé. Tu étais différent mais j’ai cru que tu étais le même. J’ai été distante parce que tu as été distant. Parce que tu as disparu pendant si longtemps et, quand je t’ai retrouvé, tu l’avais, elle, penchée sur toi. Je sais que c’est de ma faute aussi, mais si nous étions restés côte à côte, rien ne serait arrivé. Je... Je... ”...t’aime encore”, pensa-t-elle. ”Tu m’as brisé le coeur...” Mais, la bouche sèche, le regard brouillé, elle préféra courir, courir plus loin pour lui échapper. Pour échapper à cette fausse vie qu’elle avait espérée. Ainsi l’avait-il blessée. Il aurait aimé qu’elle réagisse autrement. Pourquoi ne comprenait-elle pas ? Il lui aurait même offert d’entrer dans le clan malgré tout, en tant que son amie. Il éprouvait encore quelque chose de confus pour elle : des sentiments plus forts que l’amitié, mais clairement moins intenses que l’amour. Pourtant, il n’avait eu aucune autre réaction que de porter bêtement sa main à sa joue qui le brûlait à présent. En la voyant si peinée, il aurait dû ressentir de la tristesse. Il aurait dû ressentir quelque chose. Se mettre en colère, en retour, alors qu’elle avait insulté Isa. Son coeur aurait dû se retourner plusieurs fois de honte, tandis qu’elle lui énonçait ses quatre vérités. Mais il n’éprouvait rien. Il avait conservé cette apparence monstrueusement inerte face à elle. Elle lui garderait une rancoeur éternelle pour ce qu’il lui avait fait. Elle le haïrait comme personne ne l’avait haï. Puis elle oublierait, elle se forcerait à oublier son existence. Sans cela, il ne lui resterait qu’une vengeance sourde et aveugle. Et jamais il ne s’opposerait à elle. De leur relation, il conservait intacts tout ce respect et ces souvenirs de joies qu’ils avaient partagées. Et en plus, elle avait raison. Ses arguments étaient irréfutables. Ne les aurait-elle pas prononcés qu’il s’en serait chargé lui-même. Tout ce qu’elle avait dit était vrai. En somme, il semblait qu’il fut l’unique responsable de la situation. Calith aurait bien ri... Non. Calith n’aurait pas eu ce genre de réaction. Peut-être un rire jaune avant de lui ôter la vie pour avoir frayé avec l’Ennemie. Mais le Faucon n’était pas là. Et à présent qu’elle s’évanouissait, happée par le brouillard, à cet instant primordial où il aurait dû éprouver quelque chose de puissant qui, comme un choc, l’aurait ramené à la réalité et qui l’aurait poussé à la suivre pour la consoler, la libérer de ses souffrances, il ne ressentit que le bris de son âme mortelle qui venait de s’évanouir. Il entendit, en écho diffus à la fin de cet âge révolu, deux voix qui se mêlaient et s’imbriquaient. Elle semblaient se compléter et pourtant s’affronter, se disputant ses convictions à venir. - La route que tu as choisie n’est pas simple, mais c’est la bonne, tu le sais... - ... Et ce chemin de souffrance que tu traverseras te mènera là où tu dois te rendre. - La peur disparaîtra de ton coeur... - ... Et elle naîtra dans celui des autres. - Tu deviendras plus grand encore... - ... Et ils se soumettront. - Et elle sera heureuse ! Terminèrent les deux voix en coeur. Et si la scène avait eu des témoins, ils auraient pu distinctement voir se dessiner un implacable sourire sur le visage du Chaman... Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes Responsable de l'Éclat des Lunes ♥ |
![]() |
HRP : Texte coécrit avec Nil
____ A travers le brouillard, l’elfe errait. Elle ne savait pas où elle allait. Elle n’en avait cure d’ailleurs. Ce qu’elle désirait, simplement, c’était se réveiller, émerger de ce cauchemar éveillé. Mais cela était impossible. Elle buta contre une racine et s’affala. Prostrée, elle le resta pendant de très longues minutes. Puis, elle se souvint des paroles de l’inconnu. Il savait ce qui allait se passer... Il lui avait dit de parler avec Aileen. Parler des adeptes d’Aphrodite. L’amour... Elle aurait craché dessus si elle avait pu. Combien de temps passa avant qu’elle ne sorte du creux, entre les racines d’un vieil arbre, elle n’aurait su le dire. Le brouillard lui cachait totalement le ciel, obscurcissant sa perception de la journée. Mais, elle avait décidé d’une chose, il fallait qu’elle parle avec Aileen. Elle l’avait vu, pas si longtemps auparavant et se doutait à peu près de où elle se trouvait. Après quelques questions, elle aperçut l’elfe, de dos. - Aileen... dit-elle, tentant tant bien que mal de dissimuler les sanglots qui l’agitaient de temps à autre. Aileen... ça va ? Aileen faillit sursauter en entendant la voix de Nil. Elle se croyait seule et s’était plongée dans ses pensées, ne prêtant pas grande attention à ce qu’il se passait alentour. Ce brouillard était décidément très étrange. Elle se tourna vers Nil, surprise. Sa voix... -Je... Oui, ça va... Nil, qu’est ce qu’il y a ? Elle n’eut pas besoin de lui retourner sa question pour savoir qu’elle n’allait pas bien : Aileen le voyait, même si la noble semblait faire des efforts pour se contenir. La Cerf s’avança vers elle, inquiète, posant amicalement sa main sur son avant bras. Elle ne voyait qu’une seule raison pour que Nil soit aussi mal en point... Elen avait du lui dire, sans doute. Elle se sentait vraiment désolée pour elle. Elle n’avait pas mérité ça. - Elen... C’est Elen... Elle n’avait jamais vraiment eu de confidente mais aujourd’hui, elle devait parler. Au risque de paraître fragile et stupide, elle avait besoin d’en parler. - Il m’a... quitté. Pour cette Isa. Il ne m’aime plus. Mais est-ce de ma faute s’il est parti là-bas, s’il a tant changé ? Je suis... écœurée. Tout aurait pu bien se passer. Mais... je n’étais pas venue pour ça... J’étais venue pour savoir certaines choses. Elle inspira un grand coup, laissant une larme couler le long de sa joue. Puis elle se lança. - Quel est le secret des adeptes d’Aphrodite. Que s’est-il passé là-bas ? Ne me dis pas qu’il ne s’est rien passé. Je sais qu’il s’est passé quelque chose. Mais quoi ? - Nil, je... ”Je sais”, faillit-elle dire. Mais elle n’était pas persuadée que c’était une bonne idée d’avouer à la noble qu’elle savait déjà dans quelle situation elle se trouvait avant même qu’elle, la principale concernée, ne le sache. - Je suis désolée... C’était vrai. Aileen était triste de voir Nil dans cet état, et tout ceux qui avaient pu la voir sous un autre jour auraient sûrement ressenti la même chose. Elle s’inquiétait de la voir aussi mal en point. Malgré les efforts évidents qu’elle faisait pour contenir ses émotions, la Cerf pouvait tout de même discerner sur son visage les traces des sentiments de Nil. Cela dit elle n’eut pas le temps de se préoccuper de ça, les questions qu’elle lui posa ensuite la laissèrent franchement perplexe, et sans doute pouvait-on le voir sans mal sur son visage. Aphrodite ? Passé quelque chose ? Elle ne comprenait même pas... - Nil, ça va ? Fit-elle, inquiète. Je ne comprends pas de quoi tu parles... Je... Aphrodite, c’est qui ? Ca... Ca ressemble à un nom de dieu olympien mais j’y connais rien ! Je ne sais pas non plus s’il s’est passé quelque chose ou non, j’ignore ce que tu veux dire par là... Je ne comprends pas... Elle fixa un instant Nil, penaude. - J’suis désolée. Crut-elle bon d’ajouter. Ses mots lui semblaient complètement obscurs, si elle savait vraiment quelque chose dont Nil avait besoin, alors elle ignorait totalement de quoi il s’agissait ! Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |