Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - La vérité née du mensonge
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La vérité née du mensonge
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Dernière réponse le 26/04/2012 à 20:03

el Par Elen  le 12/04/2012 à 20:10

Entourée par les arbres, elle marche. La forêt lui semble obscure, oppressante. Mais à ses côtés se tient fidèlement un magnifique loup noir, aux prunelles étincelantes. Elle n’a pas peur de lui. Elle est sécurisée par sa présence. Il semble n’être là que pour elle.

Ils arrivent à une intersection. Deux choix s’offrent à eux : une route obscure et brumeuse, et une autre parsemée de lumière. Le choix instinctif du loup est de se diriger vers la route la plus facile et qui semble la moins dangereuse.

Ils entendent un léger tressaillement dans les buissons environnants. Un corbeau spectral surgit en travers de la route. La créature fantomatique lui parait étrangement difforme : de ses flans jaillissent trois paires de pattes supplémentaires et inertes. Sur sa tête, une multitude d’yeux les regardent, elle et le loup. Et en fait de bec, il possédait quatre crochets chitineux.

L’apparition bondit sur le loup, pénétrant son corps et fusionnant un court instant avec lui avant de ressurgir de l’autre côté et s’évanouir. Le quadrupède tituba un instant, puis il se dirigea d’un pas mécanique vers le second chemin, le plus obscur. Elle se sent obligée de le suivre, même si elle pressent que cette route là n’est pas la bonne.

Le loup gronda, tandis que sur le chemin se trouvaient un corbeau, un cerf et un faucon. Il bondit, toutes crocs dehors, les attaquant sans relâche, les dépeçant sous ses yeux. Puis il s’attaqua à ce qui semble être un notable de Na’Helli qui, alerté par le massacre, a eu le malheur de vouloir voir ce qu’il se produisait. L’Elfe fut tout autant massacré que les animaux.

Un feu puissant embrase ensuite la forêt, tandis que le loup se tourne vers elle. Il la darda de son regard vide, ses yeux sans iris ni pupilles, d’un blanc terne fixés sur elle.


Isa se réveilla en sursaut et chercha dans la pénombre les orbites blafardes qui la dévisageaient. Mais le faible halo du bourdon ne se refléta dans aucun oeil... Que s’était-il donc encore passé pour qu’elle fasse un tel cauchemar ? Elle alluma rapidement la lampe à huile et consulta son journal.

Ma soeur,

Cette journée s’est avérée un peu plus compliquée que les précédentes.

Tout d’abord, Elen a signifié à Nil’nelia qu’il la quittait. Une nouvelle vie va bientôt commencer. J’en suis si heureuse !
Lui ne parait pas très affecté par cette rupture. Je n’arrive pas à décider s’il ne s’agit que d’une façade ou s’il est soulagé d’en avoir terminé avec cette situation difficile.

Hélas la suite sera moins agréable à lire :
Alors que nous étions partis nous promener, nous sommes tombés dans une embuscade tendue par Xeis. Un piège à ours s’est ouvert sous nos pieds et le Corbeau en a profité pour attaquer Elen. Étant sortie la première, j’ai dû le combattre. Et le tuer. Je vais te passer les détails mais ce que tu dois retenir est que la magie des Éclats Divins n’est qu’un outil. En aucun cas une finalité. Surtout n’oublie pas cela, ou elle te dévorera toi et tes proches.

Elen a été victime d’une hallucination. Kowü lui est encore apparu. Mais cette fois, j’ai clairement vu que son Finyë était altéré. Quelque chose est en train de changer en lui et lui fait perdre cette passion créatrice et juste que je lui ai toujours connue.

Il en veut terriblement au Clan des Corbeaux et emploie des mots qui me font craindre le pire. Je l’ai incité, autant que faire se peut, à tenter le dialogue. Peut-être qu’Aileen et Calith iront aussi dans ce sens, avant que tout ne dégénère.

Tu dois chercher à la bibliothèque tout ce qui a rapport avec les transes, les altérations du Finyë, les possessions, etc. L’ouvrage qu’Elen consulte souvent devrait contenir un certain nombre d’informations utiles. Cela te prendra sûrement plusieurs jours mais il faut bien commencer quelque part.

Ah et... Si d’aventure Elen se blesse, la forteresse dispose d’une infirmerie digne des meilleurs dispensaires de Lardanium. Demande à Evonis, il ne risque pas d’oublier, lui !


Ainsi Xeis était mort. Dire qu’hier elle était bien décidée à le traquer et à en finir... Hier ? Non évidemment. Mais le dernier jour de lecture devenait “la veille” permanente.
Elle se prépara rapidement, le programme était chargé.
Arrivée à la salle commune, elle regretta de ne pas y trouver Elen. Quelques minutes plus tard, elle en repartait, un solide petit déjeuner dans l’estomac.
Son plan initial consistait à aller potasser les ouvrages de la bibliothèque, mais ses dernières heures de sommeil, peuplées de monstres et de symboles étranges la poussèrent à réviser ses priorités. Pour ne pas inquiéter Elen, elle décida d’aller en parler à Evonis et retourna dans les étages inférieurs de la forteresse... En croisant les doigts pour ne pas y rencontrer Nil’nelia.

Elle toqua trois petits coups à la porte de l’Ashka. Il y eu un léger mouvement dans la pièce, comme si quelqu’un s’habillait à la hâte, puis ce fut un Evonis, les cheveux en bataille, qui entrebailla la porte.

- Oh... Bonjour. Fit-il, se glissant à l’extérieur, tandis que Aileen, assoupie sous ses couvertures, fut visible un bref instant. En quoi puis-je vous aider ? demanda-t-il poliment, refermant doucement la porte derrière lui.

Isa haussa les sourcils, l’air embarrassé. Elle ne s’attendait pas à ce qu’Evonis soit encore couché, les Titans étaient déjà levés depuis quelques heures...

- Hum... Bonjour Evonis, veuillez m’excuser, dans mon idée vous étiez déjà levé. Je peux revenir plus tard si vous préférez. J’aurais certains sujets à aborder avec vous, si vous le permettez.
- Ce doit être important pour vous, sans quoi vous n’auriez pas pris la peine de venir jusqu’ici. Voyons ce que je peux faire pour vous renseigner...
- J’ai... J’ai fait une sorte de cauchemar, à vrai dire.

Vu comme ça, il allait se dire que non finalement, elle le dérangeait pour rien...

- Et je voulais aussi vous parler d’Elen. Fit-elle beaucoup plus bas.
- Aaaaah les rêves ! Une vraie calamité à interpréter ! Pire que la numérologie ou l’astrologie ! Quant à Elen... C’est un mystère bien plus profond encore !
- Comme vous dites...
- Peut-être devrions-nous trouver un autre endroit où parler. Proposa-t-il, ne désirant pas réveiller la Cerf qui dormait à poings fermés.
- Oui bien sûr ! Je peux vous attendre à la bibliothèque ?
- Volontiers. Je vous rejoins dans quelques minutes.
- Merci Evonis, à tout de suite alors.

Elle lui sourit avant de prendre congé. Elle pourrait rassembler quelques ouvrages dans l’intervalle.

Evonis rentra dans sa chambre, jetant un oeil sur Aileen. Autant la Cerf éveillée possédait un caractère si trempé et affûté qu’elle pourfendait d’un mot ses adversaires, autant quand elle dormait elle ressemblait à une frêle jeune femme... Il s’habilla plus correctement, se coiffa et prit son indispensable épée. Il écrivit un mot court à la Cerf expliquant où il se rendait, qu’il déposa sur la table de chevet. Il hésita un instant, puis se pencha pour murmurer au creux de son oreille, avant de déposer un baiser sur son front :

- Dors, Aileen... Je reviendrai plus tard.

Puis il s’en fut en direction de la bibliothèque. Sa chambre ne se trouvait pas loin de la retraite préférée de son Chaman. Il fut rapidement sur place, cherchant l’Olympienne du regard.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 12/04/2012 à 20:13

- Evonis ! Lança-t-elle par dessus la pile de livres qu’elle avait empruntés.

L’ouvrage qu’elle avait vu Elen lire à propos de malédictions s’annonçait riche en informations et elle avait commencé à recopier minutieusement certaines choses.

- Alors, dites-moi, en quoi puis-je vous être utile ? Fit-il, observant d’un air surpris les livres qu’elle comptait lire.
- Et bien... Je ne sais par où commencer...

Elle posa sa plume et s’adossa de façon un peu plus confortable à son siège.

- Elen vous a-t-il parlé de... De l’incident d’hier ?

Elle ne put se retenir de jeter un coup d’oeil dans l’immense salle. L’impression d’être épiée, voire menacée, ne la quittait guère dès qu’elle évoquait le Corbeau.

- Oh... Il a vaguement dit que Xeis vous avait attaqués tous les deux et qu’il avait eu la monnaie de sa pièce. C’est assez surprenant. Je connaissais vaguement Xeis. C’était un type solitaire, vous voyez. Un peu sinistre. Mais pas mauvais. Quand il était jeune, nous nous fréquentions de temps à autre. Mais depuis deux siècles environ, il s’est tourné vers des arts obscurs. Et il a dû se laisser entraîner sur une pente trop glissante pour qu’il ne la remonte. Je pensais très honnêtement qu’il était venu à la Tanière pour renouer le contact entre les Loups et les Corbeaux. Certainement pas pour commettre un attentat.

Isa écoutait attentivement Evonis et essayait de tirer ses propres conclusions. Si elle avait parlé à l’Ashka après sa première rencontre avec le Corbeau, cela aurait-il changé quelque chose ? Elle ne le saurait jamais.

- Et bien... J’aurais moi aussi préféré lui laisser le bénéfice du doute. Il est si difficile de savoir si les gens agissent de leur plein gré ou s’ils sont manipulés... A ce propos, puis-je vous narrer mon cauchemar ? Vous verrez qu’il y a un lien flagrant. Mais peut-être est-ce simplement mon inquiétude notoire qui monte cet assemblage de toutes pièces.
- Les rêves ont toujours une signification. Enfin, je crois... Parfois, c’est celle à laquelle on s’attend, d’autre fois c’est un assemblage d’évènements qui se sont produits. Elen envisage les rêves comme des transes avortées. Si vous voulez mon opinion, il a partiellement raison...

A voir des transes partout, le Chaman allait un jour foncer droit dans le mur, cela ne faisait aucun doute. Il fallait parfait laisser aux rêves leurs nature oniriques intrinsèques, sans s’imaginer que les Totems se trouvaient derrière chaque songes. Il avait dû bourrer la tête d’Isa avec ses interprétations farfelues. L’ennui, c’est que dans son délire, le Chaman avait trop souvent raison. En somme, il ne perdrait rien à écouter ce qui avait pu inquiéter la jeune femme.

- Je vous écoute.
- Je ne connais pas l’art des transes de toute manière alors je ne vois pas comment j’aurais pu communiquer avec le monde des esprits. Voici ce que j’ai vu...

Elle lui raconta précisément son cauchemar, n’oubliant aucun détail. Elle avait bien sûr fait d’elle-même des rapprochements évidents, comme l’illustration de l’influence de l’Ennemie derrière tout ceci. Néanmoins dans une enquête, les évidences étaient souvent antithétiques avec la vérité. L’avis d’un tiers ne pouvait pas être inutile.
Evonis formula ses hypothèses à voix haute, réfléchissant à mesure qu’il avançait dans son interprétation. Elen, lui, aurait tout noté, et pris les choses dans l’ordre. Mais tant de formalisme ne lui semblait pas nécessaire pour un simple rêve.

- Un banal cauchemar, provoqué par votre combat contre Xeis, voilà ce que l’on peu penser au prime abord. Mais je vais me faire l’avocat d’Hadès et imaginer que vous n’avez pas rêvé mais que, pour une raison qui m’échappe, vous étiez dans un état de transe. Partant de cette hypothèse, et avec les informations que je connais, il est possible de l’interpréter. Dans ce cas, ce corbeau difforme a tout les attributs d’un ennemi. Son côté spectral suggère qu’il est mort. Xeis donc. Attention, je ne dis pas que c’est la vérité, n’est-ce pas ? Seulement compte tenu des faits et des images que vous avez vues, cela laisse penser qu’il pourrait s’agir de lui. Les deux chemins indiquent un choix. Pour vous. Ou pour le loup. Le loup pourrait représenter n’importe lequel d’entre nous. Mais c’est Elen que vous connaissez le plus et que vous avez côtoyé le plus longtemps. Imaginons qu’il s’agisse de lui. Donc vous, ou Elen, êtes confrontés à un choix. Ou à un changement. En tout cas, il semble que Elen préfère la route la plus simple. Hum... Comme tout un chacun. Xeis, ou votre ennemi, semble avoir exercé un quelconque contrôle sur notre loup pour lui faire changer de trajectoire. L’envoyer sur une fausse route. Le fait qu’il ait pénétré son corps peut montrer soit qu’il est intervenu directement sur l’âme de Elen, ce qui est hautement improbable, soit sur son essence. Xeis étant un Corbeau, et un mage aguerri à ce que je sais, ce pourrait être un sort. Une malédiction. La suite suggère que cette malédiction a eu un effet néfaste sur Elen, et qu’il pourrait être amené à détruire les clans et à s’attaquer à Na’Helli... Voilà...

Evonis fronça les sourcils, plongé dans la perplexité par son propre discours. Certains détails avaient un fond de vérité trop dérangeant pour n’être qu’une coïncidence. Isa avait peut-être finalement bien fait de s’adresser à lui, plutôt qu’à un autre, ou pire au Chaman lui-même.
Isa avait sensiblement pâli durant l’exposé d’Evonis et ne l’aurait interrompu pour rien au monde.

- Je crois... Que quelque chose comme ça s’est produit. Il y a des éléments qui tendraient à me faire penser que sa destinée est modifiée. Mais...
- Doucement. Doucement. Pas de conclusions hâtives. C’est vrai qu’il a changé. Quand il était minot, c’était une vraie plaie. Toujours à faire des bêtises. Et en grandissant, il ne s’est pas arrangé. Heureusement que Kowü nous en a fait un type respectable, sinon ça aurait été de la bonne graine de Quatarite. Il riait toujours de ses bêtises. La joie incarnée dans une véritable tempête. Ce n’est que quand il a pris les rênes de l’Intendance qu’il s’est... Il s’interrompit peinant autant à la convaincre qu’à croire lui-même en ses arguments. Le changement, s’il s’agissait bien de cela, devait avoir eu lieu récemment. Maintenant que vous le dites... C’est vrai qu’il passe beaucoup de temps en forêt. Ou ici... Seul... Trop de temps...
- Il y aussi autre chose... Puis-je avoir votre promesse que vous garderez cette conversation pour vous seul ?
- Certainement... D’autant plus s’il s’agit d’une malédiction... L’Opalescencia, c’est un vrai fléau...
- La magie n’est qu’un outil, ensuite tout dépend des mains qui l’utilisent... Ne put-elle s’empêcher de répondre avant de donner plus de détails.
- Croyez-moi... Si l’Opalescencia a été créée, c’est uniquement pour interférer sur la vie des autres... Et généralement pas en bien...
- Il semblerait que Kowü rende visite à Elen. Qu’il lui parle. Mais j’ai pu assister à l’une de ces “apparitions” et plusieurs choses me semblent aussi étranges qu’importantes. Et je vais encore avoir besoin de vos connaissances.

Une fois qu’elle fut sûre qu’elle avait toute l’attention d’Evonis, prompt à laisser filer ses pensées sur ses propres cheminements, elle expliqua :

- J’ai d’abord crû à de simples hallucinations dues à la fatigue ou au souci permanent qu’il se fait pour les uns ou les autres. ”Ah ça...” Songea le Loup. Mais Elen souffre d’une vraie perturbation de son Finyë lors de ces hallucinations. Son aura se transforme, j’en suis sûre. Cela fait presque deux ans maintenant que nous nous connaissons. C’est sans doute ridiculement peu dans la vie d’un Elfe... ”Le temps n’est pas relatif. Deux ans, c’est deux ans...” ... Mais nous avons traversé des épreuves difficiles et il y a des choses que j’ai apprises sur lui, que je ne pourrais mésestimer. D’autre part...

C’est là que ça devenait compliqué et qu’elle aurait besoin des lumières d’Evonis.

- Curieusement, je le sens parfois distant, presque froid. Mais pas avec moi. Comme si... Dès qu’il réfléchissait pour lui-même, cela le détachait de ses habitudes de toujours vouloir protéger tout le monde... Vous voyez ? Je crois qu’il a envie de faire payer au Clan du Corbeau ce qui s’est passé à la Tanière. Et il en veut aussi énormément aux Nobles. Cela ne lui ressemble pas, ou du moins... Je ne vois rien de si dramatique qu’il puisse être excédé à ce point. ”Et on ne peut pas se le permettre...” Mais étonnamment... Kowü se montre de bon conseil, loin de l’hostilité qu’Elen peut témoigner par ailleurs. C’est là que je ne comprends plus. Pourrait-il être hanté par deux entités ? Est-ce que c’est son identité qui lutterait contre une malédiction ? Comment peut-on faire pour être sûrs ? ”Tout ça est... Très préoccupant.”



el Par Elen  le 13/04/2012 à 07:30

L’Ashka contourna la table, et vint à côté d’elle. Dans son esprit, les informations n’avaient fait qu’un tour : une malédiction, quelque chose qui tendait à s’y opposer. Il tourna plusieurs pages du livre qu’elle avait ouvert et sur lequel elle avait commencé travailler. Et il pointa de l’index un passage, en Loup Ancien, évidemment. Ces lignes ne pouvaient être familières à Isa, pour la bonne et simple raison que la dernière fois qu’on les lui avait montrées, ce n’était pas le jour de son rituel.

- C’est ici... Le “phénomène de rejet”... Répondit-il simplement.
- Elen m’en a parlé. Mais pour qu’il soit affecté par une malédiction qui dure depuis... Vraissemblablement plusieurs saisons, il faudrait que le mage soit immensément puissant, non ?
- Ou tout simplement très astucieux. Suivez-moi...

Il tourna les talons, et l’invita à entrer dans une pièce que l’on appelait communément la réserve. Les Loups stockaient en ces lieux les livres les plus rares et les plus précieux, et tout un bric-à-brac d’objets plus ou moins utiles.
Isa glissa ses dernières notes sous un paquet de feuilles vierges et referma les ouvrages qu’elle avait consultés pour ne rien laisser de facilement visible à qui viendrait à l’improviste dans la bibliothèque. Puis elle rejoignit Evonis.
Le Loup dégagea plusieurs objets, avec précaution : clepsydre ancienne et poussiéreuse, parchemins en vrac et autres antiquités. Et il trouva ce qu’il recherchait : une toile où l’on voyait deux parties distinctes. D’un côté, elle représentait une scène banale de la vie quotidienne : un repas dans la salle commune. De l’autre, un carré brunâtre plus ou moins homogène.

- Selon vous, quelle est la différence entre ce côté-ci et celui-là, en sachant que les mêmes couleurs ont été utilisées ?

La jeune femme haussa un sourcil, perplexe. Ou Evonis voulait-il en venir ? Les deux dessins n’avaient rien à voir l’un avec l’autre...

- Je ne sais pas...
- Ici, le peintre a déposé toutes les couleurs en même temps... Dit-il, désignant le carré brun. Et là, il a peint par petites touches successives, éloignées dans le temps... A l’instar de la peinture, la magie est un art... Vous comprenez ?
- Donc... Vous voulez dire que la malédiction aurait été forgée petit à petit depuis très longtemps ?
- J’avoue volontiers mon incompétence dans le domaine de la magie. Mais ce que je sais, c’est qu’un sort trop puissant épuise son lanceur. Et pour maudire quelqu’un aussi longtemps sans risquer de perdre soi-même la vie, il faut soit être un Dieu, soit un Totem ou je ne sais quelle entité toute puissante. Mais pour un simple mortel, je ne vois que cette approche.
- Et si Xeis n’avait été là que pour la touche finale ? Elen avait des visions de Kowü avant que le Corbeau ne vienne à la Tanière. C’est que le rejet devait déjà être en court... Elen a toujours cru que l’Ennemie gardait une main sur lui. On lui a dit que c’était faux, qu’il l’avait vaincue. On s’est peut-être trompés. Et elle aurait tissé sa toile autour de lui... Xeis serait arrivé comme un pion de plus, avec ses talents de mage....
- C’est... Peu probable. Xeis avait été signalé dans les parages au retour d’Elen dans la forêt des Cendres. Je me demandais combien de temps il allait attendre avant de nous rendre visite... Elen fait beaucoup de promenade nocturnes...
- J’ignorais qu’il était là...
- Je vous l’ai dit, c’était quelqu’un de très solitaire. Mais les Loups ont des yeux. Et nous savons nous en servir. Dommage que nous n’ayons pas flairé ce qu’il mijotait. Déclara-t-il, sur un ton légèrement coupable.
- Que pouvons-nous faire, alors, maintenant ? Comment vérifier ? Comment faire que ça cesse ?
- Je ne connais pas grand chose à la magie. Et ce genre de malédiction est d’une rareté légendaire... Je crains fort que les seuls qui possèdent de telles connaissances ne soient Elen, les Corbeaux eux-mêmes et certains ouvrages...
- Elen s’est beaucoup documenté sur le sujet. Il doit être le mieux placé pour s’aider lui-même. A condition que nous l’aidions nous à rester dans l’optique de ne pas céder à la malédiction. Est-ce que vous croyez que des Corbeaux seraient prêts à nous prêter main forte ? Il ne leur accorde aucune confiance, et vous-même vous méfiez de leur magie autant que lui. S’il se braque, ce sera pire que tout.

Evonis s'apprêtait à répondre quand il entendit une porte qui s’ouvrait à la volée. Il déposa la toile à la va vite et se saisit du poignet d’Isa, la guidant précipitamment hors de la pièce. Si Elen apprenait qu’il avait fait rentrer l’Olympienne dans cette pièce, sauf-conduit pour elle ou non, le Chaman le punirait. Un jeune Loup vint à leur rencontre :

- Evonis ! Evonis ! Elen fait mander tout le monde, sans exception, tous les Loups et tous les Éclats dans la clairière...
- Allons donc... Qu’est-ce qu’il nous veut encore...
- Il a dit tout le monde...
- Je sais, je sais... Vous devriez nous accompagner, Isa...

Mais auparavant, ils devaient mettre les ouvrages en sécurité. Si quelqu’un apprenait qu’ils faisaient de telles recherches... Qui sait, peut-être que Xeis avait un complice ici, à la Tanière !

- Je... Je vous rejoindrai là-bas. Allez-y, ça a l’air important. Je vais ranger. En fait elle ne tenait pas particulièrement à imposer sa présence dans une quelconque réunion de clan. Il était surement beaucoup trop tôt pour cela...
- Toi, va là-haut ! Je vais aider notre invitée. Fit Evonis au Loup, sur un ton qui ne laissait pas la place à la contradiction.

La jeune femme roula avec soin toutes ses notes et les entassa dans sa besace. Evonis, lui, se saisit de la pile de bouquins, et invita Isa à le suivre du regard. Il lui montra silencieusement un symbole Loup représentant un numéro de rangée. Il appuya dessus, donnant un coup de la pointe de sa botte sur la dernière bande de bois au bas du rayonnage pour fit jouer l’astucieux mécanisme qui permettait à la plinthe de pivoter, dévoilant une cache sous le meuble. Evonis y plaça les précieux livres, puis les y enferma.

- Presque personne ne connaît ce petit tour... Fit-il, visiblement assez satisfait. Je l’ai découverte il y a deux siècles... Et jamais rien n’y a été placé. Vous devriez vraiment venir... Ajouta-t-il, avant de tourner les talons, se dirigeant vers les étages supérieurs à une allure soutenue.

Isa vérifia une dernière fois que tout était en place et se retourna. Evonis avait déjà disparu. Elle préféra repasser par sa chambre pour y déposer ses affaires puis retourna dans la salle commune. Si jamais Nil’nelia assistait à la réunion, qu’elle y participe les mettrait mal à l’aise tous les trois. Et quand bien même, les affaires du clan ne la regardait pas... du moins pas encore officiellement... Pourtant elle aurait aimé savoir de quoi il retournait et surtout observer Elen dans l’espoir d’obtenir de quoi alimenter leurs thèses, à Evonis et à elle. Aussi décida-t-elle d’attendre dans la salle commune que la réunion commence à l’extérieur. Elle se faufilerait ensuite dans un coin discret d’où elle pourrait tout voir.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Elen  le 14/04/2012 à 12:31

Evonis arriva au pas de course à l’extérieur, cherchant Aileen du regard. Ils avaient certainement dû la réveiller.

En réalité, la Cerf était partie se chercher à manger à la salle commune après son réveil, projetant de rejoindre Evonis à la bibliothèque, comme indiqué sur son message. L’annonce de la convocation l’avait vraiment surprise. Elle repéra Evonis qui arrivait en courant - difficile de louper un colosse pareil même dans une foule de Loups - et se dirigea vers lui.

- Qu’est ce qu’il se passe ? Fit-elle, sans même le saluer, inquiète.
- Aucune idée Ailou. Il va sans doute nous improviser un discours...

Elen, debout sur une grande racine, surplombait l’assemblée de ses ouailles. Il les avait tous fait appeler : Loups et Éclats. Il les observait, fier de voir à quel point ils lui étaient soumis. Ils s’agitaient tous à la moindre de ses injonctions. Pour des Loups, ils faisaient de parfaits moutons. Les Éclats, eux, seraient plus durs à convaincre.

- Mes frères ! Mes soeurs ! Je vous salue ! Vous n’êtes pas sans savoir la provocation dont nous avons été les victimes ! Xeis, du clan du Corbeau, a tenté sobrement et simplement de m’éliminer.

Il y eut plusieurs murmures surpris dans la foule. Evonis, lui, pinçait les lèvres. La tournure que prenaient les choses ne lui plaisait pas, mais pas du tout.
Aileen ignorait tout de ce Xeis. Elle apprenait la nouvelle en même temps que beaucoup d’autres, visiblement. Elle interrogea Evonis du regard.

- L’Ennemie, damnée soit-elle d’avoir emporté notre Reine, a souillé notre forêt. Les brumes maléfiques qui s’étendent sur nos bois nous le prouvent : il existe encore des forces malveillantes qui jouent contre nous. Je ne parle pas de l’Empire, ni de leurs comparses Nains et Géants que nous avons encore une fois dû bouter hors de nos terres. Non. Je vous parle de Sa présence, parmi nous.

Elle a corrompu les Corbeaux, les asservissant. Xeis en est la preuve. Si Elle a pu berner un Ashka, alors Elle aura su faire des autres ses instruments. Ils sont tombés sous sa coupe. Désormais, ils servent ses noirs desseins. Mes soeurs ! Mes frères ! Qu’allons-nous faire tandis que le mal se répand ? Qu’il vient souiller jusqu’au coeur même de notre communauté ? Allons-nous La laisser gagner ?

II est temps que nous prouvions au monde que nous n’avons rien perdu de notre superbe. Il est temps de contrer ses artifices. Il est temps d’écraser les maudits qui la servent. Montrons lui qu’Elle ne sera jamais maîtresse en notre domaine !

Mes soeurs ! Mes frères ! Marchons ensemble, pour la toute dernière fois. Purifions les clans définitivement. Purgeons-les de leurs brebis galeuses. Qu’une nouvelle ère de prospérité s’ouvre à nous !


Il y eut un mouvement d’approbation dans la foule des jeunes Loups. Des Ashkas ne restaient plus qu’Evonis et Elen. Leur enthousiasme à l’idée d’entrer en guerre pour venger l’honneur bafoué de leur Chaman avait quelque chose d’effrayant. Quand Elen avait-il acquis autant de pouvoir sur ses frères et soeurs ?

Pour les clans ! Pour la Reine ! Ajouta Elen, d’une voix puissante, levant les bras suscitant des vivats dans la foule.

Certains Loups reconnurent là l’hymne chanté par les Clans Libres durant la lutte contre le Dément. Et certains commencèrent timidement à l’entonner, tandis que la figure d’Evonis se décomposait. Puis, d’une seule voix et puissante, les Loups chantèrent, prêts à entrer en guerre :

-Pour les Clans,
Pour la Reine,
Pour l'amour des Totems,
Pour nos terres, nos foyers,
Pour le sang des deux Lunes,
Pour les Elfes, la forêt
Pour la gloire et la force,
Nos Saïkas, au combat, révéleront notre éclat !


Les mots du chaman laissèrent Aileen sans voix. Elle ne pouvait pas croire qu'il veuille faire ça... Ça ne lui ressemblait tellement pas... Les mots de l'inconnu lui revinrent en mémoire et résonnèrent dans son esprit comme une sentence terrible et implacable. Se pouvait-il qu'il ait raison ? Que se passait-il pour qu'Elen en vienne à de telles extrémités ? Les questions se bousculaient dans son esprit, elle ne pouvait décrocher son regard de la haute silhouette d'Elen, surprise et même un peu terrifiée. Elle songea aussi à Amhand. Qu'allait-il advenir de lui ? Elle sentit son estomac se tordre d'angoisse. Pourquoi Elen réagissait-il comme ça ? Il... Il ne pouvait pas décider comme ça de s'en prendre à tout un clan ! Ça n'était pas lui, ça... Dire que tout un clan était corrompu, juste à cause d'une action isolée ? C'était fou... Complètement fou. Elle serra les dents. Il faudrait lui faire comprendre qu'il allait trop loin. Elle se rapprocha d'Evonis, instinctivement.

- C'est pas possible ! C'est de la folie !

Elle aurait voulu crier ces mots mais sa voix s'était comme brisée. Lorsque les loups entonnèrent leur chant, d'une seule voix, elle sentit arriver une grosse boule dans sa gorge. Elle avait envie de pleurer... Pourquoi ?
Elle savait pourquoi. Elen n'avait pas seulement menacé les Corbeaux, en réalité. Il n'avait rien dit de clair mais... Il avait en fait menacé tout les clans, le sien y compris. Elle se rapprocha encore d'Evonis, se collant presque à lui. Elle avait vraiment peur cette fois... Peur pour ce qu’il restait de son clan, peur pour elle, intendante malgré elle. Il lui était déjà arrivé d’imaginer ce que serait une guerre des clans à l’heure actuelle, mais ça n’était que rêveries, histoires de batailles épiques à l’image des guerres passées. Juste de simples fables...
Et voilà qu’elles allaient devenir réalité.
Evonis prit la main de Aileen dans sa gauche tandis que sa droite se portait au pommeau de son épée. Il faudrait l’arrêter. Coûte que coûte. Il espéra que l’Olympienne trouverait une solution rapidement... La Cerf serra la main du Loup, essayant de trouver là un peu de réconfort.

Non... Non ! Ce n’est pas possible ! Pensa Isa en écho de la stupéfaction d’Aileen, recroquevillée derrière une pile de bois.

Son coeur s’était mis à cogner dans sa poitrine, au rythme du chant des Loups. Elle avait déjà entendu le Chaman se lancer dans des discours enflammés, pour convaincre les Olympiens et les Géants de ses théories à propos des piliers ou de l’influence de l’Ennemie. Mais jamais de cette façon ! C’était bon pour les tyrans et les fanatiques de parler ainsi ! Pas pour un guide éclairé et juste ! Une aura noire enveloppait désormais Elen. Son Finyë n’oscillait plus, comme si le combat intérieur du Loup était terminé. La malédiction était-elle arrivée au bout de son processus ?
Elle chercha Evonis du regard dans l’assemblée. Était-il à l’instar de la foule transporté par le discours du Chaman ? Pourrait-elle toujours compter sur lui ou aurait-il changé d’avis ? Elle le vit, Aileen à ses côtés. Il semblait tendu, de cet air qu’ont les combattants qui flairent un danger imminent.
Elle fut debout avant d’avoir mesuré si c’était raisonnable d’intervenir maintenant ou pas. Quittant son refuge, elle contourna les Loups pour se rapprocher de l’estrade improvisée. Elle accrocha un air surpris sur son visage, comme si elle découvrait la réunion à l’instant. Prise entre la foule en liesse et l’apprenti despote, elle eut l’impression de se placer entre le marteau et l’enclume.

- Elen ? Vous fêtez quelque chose ?

Elle put lire ce même éclat métallique que la dernière fois dans son regard tandis qu’il lui affichait un sourire empli de tendresse, lui tendant la main pour l’inviter à le rejoindre. Pendant un instant, elle discerna que toute trace de ce qu’il était n’avait pas disparu. De si près, elle constata d’infimes variations dans son aura, comme si une force à l’agonie luttait encore contre un ennemi déjà vainqueur.

- Nous fêtons le renouveau...

Il n’était pas trop tard... Elle prit sa main et monta d’un pas léger sur la racine puis passa son bras libre autour de la taille du Loup.

- J’ai foi en toi Elen, murmura-t-elle, gardant son regard rivé à celui du Loup. Je sais que tu feras tout pour le bien de ton peuple. Pour notre avenir. Comme tu l’as toujours fait. Luwö a confiance en toi.

Son coeur parla au Elen qu’elle aimait, même si les mots pouvaient être entendus aussi par celui qui essayait de prendre sa place. Mais elle croyait en lui, elle finirait par le trouver dans cette noirceur qui le corrompait. Ensuite il serait grand temps de l’en débarrasser définitivement.

- Oui... Pour notre avenir... Répéta-t-il, dans un état second.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 14/04/2012 à 13:08

Isa. Aileen la vit monter sur la racine aux côtés de ce fou qui était Elen. L’Olympienne était peut-être un des derniers espoirs qu’il restait pour arrêter tout ça.

Elle, elle ne voulait pas se plier à la volonté du Chaman, mais elle avait peur de s’y opposer. Si elle le faisait, elle... Non, elle ne devait pas y penser. Elle n’y tenait plus, elle lâcha la main d’Evonis et fendit la foule, s’éloignant le plus vite possible de cet endroit devenu si malsain.

- Aileen ! Il s’élança à sa poursuite, bousculant bon nombre de Louves et de Loups au passage. Il devait lui expliquer. Attends-moi !

- QUOI ?! Lâcha-t-elle, criant, pas seulement pour couvrir le bruit de la foule. Elle n’était même plus capable de parler normalement...

- Attends-moi... Lâcha-t-il, arrivant à sa hauteur, le souffle court. Il faut que tu comprennes...

- Comprendre quoi ?? Il est devenu complètement cinglé, c’est tout !

- Ce n’est pas lui... C’est... C’est Xeis ! Il l’a ensorcelé !

- Xeis ? Le Corbeau ? Qu’est ce que tu racontes ? Tu deviens fou aussi ou quoi ?

- Demande à...

- Ainsi donc, voici la première paire de déserteurs. Ou de traîtres ?

Evonis fit volte face, se trouvant nez à nez avec Elen, qui avait traversé à son tour la foule respectueuse de ses fidèles, accompagné par Isa. Aileen pâlit presque instantanément. Elle baissa les yeux, affichant un air penaud, pour tenter de cacher son malaise.

- Evonis, tu me déçois... Vraiment...

- C’est toi qui défailles, Elen ! Tout cela n’est que pure folie !

- Mais TAISEZ-VOUS tout les deux !! Cria Aileen, craignant de voir la situation dégénérer. Elen, tu... Pourquoi parles-tu de traîtres ? Pourquoi être si prompt à nous juger ? Tu me fais peur... Elle lança un regard désespéré à Evonis espérant qu’il se taise. Elle ne voulait pas savoir de quoi Elen était capable...

- Voyez tous comme Elle corrompt même les meilleurs d’entre nous ! L’interrompit-il. Et voyez comment seront châtiés les traîtres, à présent !

- Elen tu...

La phrase de Evonis fut suspendue par un hoquet de surprise. Aileen, juste derrière lui, put voir une pointe d’acier émerger des vêtements de l’Ashka. Elle en resta pétrifiée un instant, ne comprenant pas ce qu’il se passait. Quand elle réalisa, il était déjà trop tard. En un éclair, la lame du Chaman avait traversé la chair tendre du ventre de son aîné, qui le fixait à présent les yeux écarquillés de surprise. Lentement, la lame se retira, le regard glacial du Chaman fixant son homologue.

- Adieu, Evonis. Lâcha-t-il, sans émotion aucune.

L’Ashka s’écroula, face contre terre tandis que le Chaman faisait volte face, rejoignant la masse de ses fidèles, stupéfaits. Aileen se précipita, essayant de rattraper la lourde masse d’Evonis, mais ses forces n’étaient pas suffisantes. Elle tomba avec lui, elle pleurait, ne pouvant plus retenir ses émotions. Cette fois elle était vraiment terrifiée.. Et Evonis, il... Il... Le sang... Non ! Qu... Il fallait l’aider !

- Evonis ! Evonis ! Réponds !! Osa-t-elle, la voix déformée par la panique. Ca n’était pas Elen qui avait fait ça... Pas Elen...

- Tout... va bien... Parle... à... Isa...

- Non ! Non ça va pas, non ! Que... Il te faut un médecin !

Elle n’y voyait plus rien, les yeux embués de larmes. Elle voulait crier au secours mais Elen était encore dans les parages... Elle avait trop peur. Du regard elle cherchait désespérément de l’aide. Elle regrettait tellement de tout ignorer de la médecine.

- Laisse... moi... Laisse-moi... Ici... Va lui parler... Elle... Elle sait.

- Non ! Je veux pas te laisser ! J’irai lui parler si... Si tu veux mais... Non, je veux pas, pas maintenant ! Evonis... Je... Non...

- Aileen... Il faut... Il faut qu’il me croit... Mort... Sinon... Va... Laisse-moi... Rejoins-moi... A la Rivière... Vive... Ce soir...

Il sentait sa vue se voiler. L’effort conséquent qu’il faisait pour comprimer la plaie sur son ventre ne compensait pas le sang qu’il perdait dans son dos. Et parler n’arrangeait rien.

- Mais... Je veux t’aider ! Tu ne tiendras pas comme ça !

- Va-t-en... Ce soir... Rivière...

Elle ne répondit pas, cette fois. Il avait sans doute raison, mieux valait qu’il passe pour mort mais... Pourtant elle ne pouvait pas se résoudre à le laisser. Attendre le soir serait bien trop long ! Elle plongea son regard dans le sien, craignant qu’il ne s’éteigne à jamais, y cherchant un indice, un mince espoir qui pourrait lui dire quelle serait la meilleure chose à faire. Il grimaça de douleur et parvint à murmurer :

- Je t’aime, bourrique.

- Aileen, va-t-en. Intima Isa, d’une voix qu’elle contrôla pour ne pas alerter davantage les Loups autour d’eux.

Elen l’avait amenée jusqu’au couple avant d’infliger un coup terrible à son plus proche ami. Pétrifiée comme la jeune Cerf, elle était restée un instant sans l’ombre d’une idée puis Elen s’en était allé, aussi froid que la mort qu’il avait tenté d’infliger. Elle avait cherché dans la foule quelques Loups avec qui elle s’était liée, au gré des occupations quotidiennes. De bons bougres que le discours d’Elen et sa violence éphémère avaient dû abasourdir. Quatre grands gaillards se tenaient donc derrière elle, un oeil vigilant sur la foule incertaine. Elle leur chuchota :

- Faites comme s’il était mort. On l’emmène à l’infirmerie, on avisera là-bas. Et nous, glissa-t-elle à Aileen, on parlera plus tard.

La Cerf fixa Isa un instant, puisant un peu de cet espoir tant recherché dans le calme apparent de l’Olympienne. Elle acquiesça d’un signe de tête et lâcha doucement Evonis. Elle eut un dernier regard pour le Loup et s’en fut, dans une direction choisie au hasard, avançant lentement alors qu’elle traversait la foule. Puis elle se mit à courir, tout droit, sans s’arrêter. Comme poursuivie par un spectre. Elen le meurtrier. Elle n’arrivait plus à penser. Les images, les sons des derniers évènement se bousculaient dans sa tête, sans ordre, sans logique aucune. Mais toujours le rouge vif du sang lui revenait, et le visage d’Evonis, grimaçant de douleur. Et ses trois derniers mots... “Je t’aime, bourrique.”

Il fallait qu’elle tienne jusqu’au soir.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 14/04/2012 à 13:32

Isa suivit le cortège qui emballait le corps présumé de l’Ashka. Eux devaient bien savoir où était cette fichue infirmerie ! Lorsqu’ils y arrivèrent elle fouilla rapidement et tombat sur les réserves de potions dont Elen avait usé la veille. Elle en administra deux d’autorité à Evonis, l’une versée directement dans la blessure, l’autre qu’elle tâcha de lui faire boire, aidée par les Loups. L’hémorragie cessa et les chairs internes se réajustèrent. Néanmoins l’endroit resterait fragile un bon moment et elle lui fit un large bandage autour de la taille essentiellement pour atténuer les chocs éventuels.
Elle prépara ensuite un sac où elle entassa deux autres potions et un pot d’onguent au milieu de bandages roulés, si jamais la blessure se rouvrait.

- Expliquez-lui... J’irai... Je préviendrai les Corbeaux. Si je le peux... Fit-il, pâle mais en vie. Je sortirai discrètement...
- Et si les Corbeaux vous piègent ?
- Alors advienne que pourra... Mais je ne veux pas qu’un clan disparaisse à cause... A cause de la folie d’un seul.

Ils le mériteraient bien pourtant ! Une colère froide envahissait Isa. Corrompre Elen, l’amener à exécuter son ami... C’était tellement facile de se mettre à tous les détester, indifféremment. Mais elle ne pouvait pas commencer à réfléchir de cette façon.

- Il n’est pas fou. C’est...
- Xeis... Je sais. C’est de lui, dont je... Il se crispa douloureusement.
- Alors cessez, avant de perdre toutes vos forces. Je vais aller vous chercher des provisions, ensuite vos frères vous feront sortir. Tant que tous les autres sont en train d’applaudir au futur génocide, ils ne penseront pas à vous pourchasser, mais ça ne durera pas.
- Ils sont jeunes... Maléables... Aileen et vous... Vous saurez les convaincre. Ils pensent que Elen est la voix de Luwö... C’est ça que devait vouloir Xeis...
Mais il l’est ! Voulut-elle crier. Comment Luwö pouvait-il laisser faire ça ?!
- Il fallait que ce soit un Chaman... Pour la crédibilité. Il l’a déconnecté. Luwö doit chercher à l’atteindre. Mais... Il se releva. Il faut que je les prévienne.
- Très bien... Je passe par les cuisines et je vous rejoins.

Elle fit un signe de tête pour signifier aux Loups qu’il était temps de faire sortir Evonis avec discrétion, en le soutenant. Quand elle les retrouva, elle lui tendit le sac bien fourni.

- Soyez prudent, je dirai à Aileen que vous êtes sain et sauf, tout à l’heure. Ne me faites pas mentir.

Il la remercia du regard, puis ajouta, avant de disparaître dans le sous-bois :

- La toile... Retournez la voir.

La jeune femme s’adossa un instant au chambranle de la porte. Ses mains tremblaient maintenant que le pire était passé.

Ah bon, tu crois ça, toi ! Mais ma pauvre fille, qu’est-ce qui va le retenir de te passer au fil de l’épée si tu te mets toi aussi en travers de son chemin ? Et s’il va fouiller dans tes affaires pour voir ce que tu mijotes ?

Une onde glacée parcourut son dos. Elle releva la tête pour s’adresser aux Loups qui venaient de l’aider et qui commençaient à murmurer, de plus en plus fort, contre les derniers agissements d’Elen.

- Écoutez, vous allez vous disperser. Observez ce qui se dit dans les petits groupes, essayez de voir sur qui nous pouvons compter en cas de... De gros problèmes. Et surtout pas un mot ! Ne montrez aucune connivence entre vous surtout ! J’ai quelques détails à régler avant de rejoindre votre Chaman. Cet après-midi, avant de partir, je passerai auprès de vous pour faire un point. Elle les regarda, attendant leur approbation. Ils hochèrent la tête mais on voyait bien qu’ils étaient aussi dépassés qu’elle par la situation. Allons-y alors.

L’Olympienne fila dans sa chambre pour rédiger une version tronquée de sa dernière page du soir qui remplacerait la vraie parmi les feuillets de son journal. Elle griffonna aussi, à part, un résumé des derniers événements, insistant sur les pistes qu’Evonis lui avait données. Ensuite elle prit une fine bande de parchemin et y coda un court message, qu’elle roula pour insérer dans le appeau qu’elle portait à son cou. Il lui indiquerait où étaient cachés les vrais documents : même si elle pouvait ne plus dormir durant quelques jours en utilisant certaines drogues, la réussite de ce processus restait aléatoire et il fallait prévoir un plan de secours. Elle se rendit ensuite à la bibliothèque et, après avoir soigneusement vérifier qu’il n’y avait personne, dissimula les feuillets au même endroit qu’Evonis avait caché les livres. Dans le pire des cas, elle récupèrerait le tout pour l’amener à Aileen... Mais on n’en était pas encore là. Pour travailler dans de bonnes conditions, elle se ménagea un petit coin sur une table dissimulée derrière nombre d’étagères bourrées de livres.



olymp Par Rôde-la-Nuit  le 14/04/2012 à 14:21

Les chants et le remue-ménage avaient alerté ceux qui n’avaient pas été conviés à la réunion.
Rôde ne connaissait pas toute l’ampleur de la situation, néanmoins il en savait suffisammore là. En premier lieu, les conseils d’Evonis devraient la ramener vers la toile à étudier. Pour pouvoient pour déterminer que ce qui se passait en ce moment même n’était pas du ressort de Lardanium. Pourtant Isa semblait avoir à cœur de résoudre ce qui s’apparentait à une guerre des Clans. Il suivit donc l’Olympienne et profita qu’ils soient seuls pour aller à sa rencontre.
L’Olympien feuilleta sans grand intérêt les pages d’un livre posé sur une table, puis racla le fond de sa gorge afin de signaler sa présence. Se croyant seule, sa compatriote sursauta :

- Oh ! Rôde ! Son regard papillonna des étagères aux parchemins qu’elle avait disposés, de l’entrée de la salle aux objets rares à l’entrée de la bibliothèque, comme affolé.Je peux vous aider ?

- C’est moche....…. Ce qui se passe en ce moment ! J’avoue que je ne comprends pas.

L’Olympien continua de feuilleter le livre, tournant parfois cinq ou six feuilles d’un coup.

- Les Clans se divisent, certains murmures semblent se perdre au détour d’un couloir. Les alliés d’autrefois se jaugent, se méfient. Bref rien de rassurant surtout pour nous qui sommes étrangers à cette histoire, prendre part à ce qui ressemble à une guerre des Clans serait une pure folie, sans compter que cela nous placerait en fâcheuse posture.

Le Grand Pontife fixait son regard sur celui de l’Olympienne comme s’il attendait une réaction de sa part mais Isa ne put le soutenir bien longtemps. Elle se mit derechef à déplacer sans but défini quelques parchemins ici et là.

- Je sais bien, Rôde... Les plus mesquins des Impériaux ne se priveraient pas pour s’en réjouir... Autant d’ennemis de moins.
- Il s’agit bien plus de quelques impériaux ! Comment croyez-vous que réagirait Son Altesse en apprenant que certain de ses citoyens se sont investis dans une guerre qui n’est pas la leur, car croyez-moi, cela va se savoir rapidement ! Pensez-vous que les Forestiers vont facilement nous laisser intervenir dans leurs affaires sans broncher. Je les entends déjà crier au scandale sur la place publique !

L’Olympien jeta un coup d’œil en direction d’Isa, son comportement semblait étrange mais ce qu’il l’intéressait avant tout était de voir les réactions de son amie. Elle lui échappait de plus en plus chaque jour, telle de l’eau qu’on essaierait de retenir entre ses mains, au point d’être convaincu qu’il n’arriverait pas à la sauver, tout comme se fut le cas pour ses deux précédentes amies. Pourtant cette fois si, il était là, mais jusqu’où pourra-t-il la suivre en toute légitimité, allait-il devoir renoncer a son poste ?!

- J’ai cru comprendre qu’Elen était l’instigateur de tout ce remue-ménage ! Je crois qu’il s’est mis dans une situation qui le dépasse, ce qui est très étrange pour quelqu'un de si futé. Cela dit j’espère qu’il aura la décence de ne pas vous entraîner dans une situation qui pourrait vous porter préjudice !

Rôde venait d’arriver à la fin du livre dont il en ignorait le nom, d’un geste brusque il rabattit la couverture comme pour clore un chapitre. Il ne connaissait pas la raison de la présence de son amie en ces lieux, mais il se doutait que cela avait avoir avec le Chaman.

Isa n’osait pas regarder le Grand Pontife, gardien de la piété olympienne et haut membre de l’Héliée. Il la sermonnait, plus ou moins indirectement, elle en était sûre. Elle sursauta encore lorsque le livre fit un bruit sourd sous la main de Rôde, comme un maillet qui tomberait à l’énoncé du verdict.

- Je... Je comprends. Mais...Elle ne savait pas par où commencer.C’est en partie ma faute si Elen... Alors je dois...

Elle ne voulait faire du Grand Pontife ni son adversaire ni son complice. Pourquoi avait-il fallu que ça arrive maintenant ?

- Si Son Altesse n’approuve pas, je vous fais confiance pour assurer un jugement juste. Quant aux Elfes et bien... Je ne suis pas grand chose de toute façon. Chaque chose en son temps.

Et le temps lui manquait aujourd’hui cruellement. Les lèvres pincées, elle releva enfin la tête avec appréhension.

- Petite sotte !

Le sang de Rôde se mit à bouillir et il lui fallut une volonté hors norme pour ne pas gifler Isa. L’air filtrant entre ses incisives produisait un petit sifflement de désapprobation. Avait-elle conscience qu’elle venait de lui conseiller de la sanctionner comme s’il s’agissait d’une simple formalité ?

Après avoir fait quelques va et vient dans la pièce, l’Olympien se mit à rire nerveusement.

- Je souhaite que Zeus continue de vous préserver de ce genre de choses !

Il est vrai que vous trouvez la politique trop compliquée voir même ennuyeuse, mais je pensais que vous auriez l’intel…
Le grand pontife inspira un court instant avant de reprendre : ... La présence d’esprit de vous mettre à la place de ceux qui la dirigent !

Rôde poussa un profond soupir, comme pour évacuer quelque chose de lourd à porter, puis repris d’un ton agacé mais néanmoins posé.

- Vous rendez-vous compte de ce que vous me demandez ? Croyez-vous qu’il est simple de devoir condamner des gens qu’on apprécie, des amis, des compagnons de route, des membres de votre guilde…. Vous êtes-vous seulement demandé pour quelle raison aucune sanction n’a été appliquée à l’encontre d’Elsaria et de Mélodie ? Alors non !

L’Olympien qui s’apprêtait à marteler la table de son poing s’arrêta net à quelques centimètres de cette dernière pour au final tapoter nerveusement dessus.

- …Ne me demandez pas de faire une telle chose avec autant de légèreté ! Et que faites-vous des LEDA, de votre grand-mère, de vos amis ?! Avez-vous seulement conscience de l’ampleur que peuvent prendre les sanctions donc vous parlez, et n’oubliez pas que la direction suprême peut réviser les condamnations si elles leur semblent inadaptées.

La jeune femme se sentit rétrécir face à Rôde. Jamais elle n’aurait pensé le mettre dans une telle colère. La journée allait de catastrophe en catastrophe !

- Elles sont mortes, Rôde... Il n’y avait plus rien à juger, les Elfes s’en sont chargé... Les LEDAs ne risquent rien, cela n’a rien à voir avec eux, avec vous... Vous ne feriez que votre travail, je le comprends. Curieusement, tout ce qui touchait à la Cité Blanche devenait quelque chose de lointain dont elle avait commencé à se détacher inconsciemment. Elle continua en un murmure empli de peine :Rôde... Je ne crois pas que je retournerai à Lardanium. Ma grand-mère ne comprendra jamais. J’ai fait ce que j’ai pu pour l’Empire et je souhaite sincèrement qu’il prospère en paix. Mais ici, j’ai une place que je n’ai pas trouvée ailleurs.

- Vous ne comprenez pas ! Je ne parle pas du risque que vous pouvez faire courir a vos proches, mais de la peine que pourront ressentir ses derniers s’il vous arrivait malheur !

La suite des propos d’Isa foudroya littéralement l’Olympien qui préféra s’asseoir. Il se rendait compte qu’il venait de la perdre, encore un échec cuisant à ajouter à sa longue liste.

- Nom de Zeus, que vous est-il arrivé ? Vous qui étiez la voix de la sagesse et du bon sens, une citoyenne modèle qui défendait fièrement les couleurs Olympiennes !

Le Grand Pontife joignit ses deux mains dans son cuir chevelu, les faisant glisser lentement.

- J’aurais du agir pendant qu’il était encore temps, je me doutais que ce Chaman vous éloignait petit à petit… Et au lieu de ça, je me suis contenté de regarder ! ”Ce vil fourbe, sous ses traits de bienfaiteur a bien mené sa barque… Mais dans quel but ?!” C’est donc ainsi que tout doit s’arrêter selon vous ?!... …Soit... Nous avons dû être de piètres compagnons puisque vous ne semblez pas avoir trouvé de place à nos cotés !

Le grand Pontife poussa un nouveau soupir.

- Haaa si seulement Hadès avait bien daigné répondre à mes prières ! Au moins, une fois dans le cercueil en cristal, cela m’aurait évité bien des désagréments.

Isa resta sans voix un long moment. La réaction de Rôde la laissa paralysée. Tout paraissait si simple ce matin !

- Il ne m’arrivera rien si je reste ici. Je serai heureuse et mes amis seront heureux pour moi. Je ne pensais pas que cela ferait de moi une traîtresse ou que sais-je encore... Mais comme vous le dites, je n’ai pas toujours la présence d’esprit nécessaire pour tout mesurer... Je suis désolée, Rôde. Elen n’y est pour rien. Je l’ai apprécié depuis que je l’ai côtoyé sous le plateau de Zagnadar, jusque dans les Enfers. En secret, sans jamais rien dévoiler car je ne voyais pas d’avenir pour nous. Mais cela a changé récemment. Et j’ai envie de tenter cette chance, si Aphrodite veut bien me l’accorder. Votre amitié m’est chère mais... Aujourd’hui il a besoin de moi. “Comme j’ai besoin de lui.”

Son désir de fonder un foyer l’emportait sur toute autre considération.

- Traîtresse ! N’est-ce pas ainsi que vous avez qualifié les deux Olympiennes qui ont attaqué le Prince ?! C’est aussi ainsi que vous serez qualifiée par les autres Olympiens… Et ceci durera tant que les Forestiers et les Impériaux seront ennemis. C’est quelque chose d’immuable que même un Grand Pontife ne peut changer !
Le danger… Il sera permanent, car certains Forestiers et Impériaux peuvent ne pas voir d’un très bon œil qu’une Olympienne vive parmi les Elfes.
Et puis il y a les guerres ! Allons-nous devoir combattre l’un contre l’autre ?… Ceci est tout bonnement inconcevable !
Enfin bon, c’est votre décision et j’ai comme dans l’idée que ce ne sont pas quelques paroles qui vous feront changer d’avis.


L’Olympien se leva pour se diriger vers la sortie, il était inutile de continuer la discussion qui devenait de plus en plus douloureuse.

- Et puis vous n’avez pas à vous excuser Dame Cestia, ce serait plutôt à moi de le faire… Et ce pour maintes raisons, la principale étant de ne pas être votre ami…
… Car effectivement, on ne peut pas dire que votre choix me comble de bonheur !


L’Olympien avait terminé sa phrase sans même se retourner, effectivement si, pour être ami, il fallait se réjouir d’un éloignement mutuel alors il n’était sans conteste ami avec personne.
Le mot fatidique, prononcé par Rôde, prenait une ampleur incommensurable. Elle dut s’asseoir à son tour, les jambes coupées par des émotions contradictoires.
Elle voulut le retenir, lui expliquer encore... Mais il était probable qu’il ne lui accorderait pas sa bénédiction, comme elle n’aurait jamais celle de sa grand-mère non plus. Elle le suivit des yeux, sans pouvoir lui dire le fond de sa pensée. Allaient-ils se quitter ainsi, elle au bord du désespoir et lui plein de rancoeur ?

J’espère fonder une famille, pas retourner mes armes contre l’Empire. Je ne veux de mal à personne...

Mais si cela devait arriver ? Si elle avait à choisir ? Grands Dieux... Le prix de ses choix d’aujourd’hui serait exorbitant.



Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force

el Par Aileen  le 15/04/2012 à 14:15

- Je... Désolée... S’excusa Aileen d’une voix éteinte en tombant nez à nez avec Rôde, à l’entrée de la bibliothèque des Loups.

Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle s’excusait mais peut être l’air contrarié du pontife y était-il pour quelque chose. Elle n’avait aucune idée de ce qui pouvait bien se passer, mais à vrai dire, peu lui importait pour le moment.

- Mm..Mes hommages... Finit-il pas dire en desserrant les dents.

Si seulement il s’agissait d’Elen ou de n’importe quel autre forestier, excepté peut-être Lindorie, il se serait contenté d’un coup d’épaule. Mais Aileen affichait un visage innocent au point de se sentir contraint de rendre la politesse.

- Bonjour... Répondit-elle simplement, n’osant pas engager une conversation avec un Grand Pontife de si méchante humeur... Même si elle non plus ne devait pas être dans un bel état. Le souffle court après avoir couru à travers la Tanière et la forêt, les yeux rougis par les larmes, bref, abattue par ce qu’il s’était passé plus tôt.

Aileen passa l’entrée de la bibliothèque à pas feutrés.

Après le discours d’Elen, elle s’était enfuie, avançant au hasard, puis s’était arrêtée quelque part en forêt, hors d’haleine et paniquée. Il lui avait fallu un peu de temps pour reprendre ses esprits et trouver le courage de rebrousser chemin. Elle devait parler à Isa. Elle la chercha du regard parmi les tables et les étagères, craignant toujours de croiser la haute silhouette d’Elen.

Les yeux de l’Olympienne ne quittaient pas l’entrée de l’immense salle. Elle espérait y voir se dessiner la grande stature de Rôde et elle haussa les sourcils quand ce fut celle, frêle, de l’Intendante des Cerfs qui se découpa dans l’encadrement.

- Aileen ? Pourquoi es-tu revenue ? Fit-elle aussi bas que possible.

- Il... Il a dit que je devais te parler... Répondit-elle simplement.

Une seule question lui torturait l’esprit mais elle n’osait pas la poser. En fait, elle n’osait rien dire. C’était comme si parler suffirait à révéler sa présence ici...

- Il va bien Aileen, ne t’inquiète pas. Il a bien réagi aux potions et... Elle attendit que la jeune Elfe soit plus près pour se lancer dans d’autres confidences plus dangereuses. Il va essayer de contacter les Corbeaux, pour les prévenir.

- Il va... Bien... Elle se laissa tomber sur une chaise et se passa les mains sur le visage, lâchant un long soupir. Merci, Isa... Merci... Ajouta-t-elle à voix basse.

- De rien voyons ! Dit Isa, en esquissant un sourire rassurant.

La Cerf fixa le sol encore quelques instants, reprenant son souffle et ses esprits. Il allait bien. Il serait là ce soir. A la Rivière Vive, comme il l’avait dit. Elle reprenait un peu espoir, finalement. Puis elle leva les yeux vers Isa.

- Merci, vraiment... Est-ce que l’Olympienne pouvait imaginer à quel point elle était soulagée ? Dis... Je... C’est ce Xeis ? Evonis a essayé de me dire quelque chose à son sujet mais il... Ses derniers mots se perdirent dans un silence terrifié. ... N’en a pas eu le temps. Réussit-elle tout de même à dire.

- Il a maudit Elen... Je ne sais pas encore comment. Mais petit à petit, de façon pernicieuse. Je crois que l’Ennemie est derrière tout ça. Le Corbeau a dû devenir son pion, comme tant d’autres avant lui. Les guerres la servent. Et elle a à se venger d’Elen. Une pierre deux coups. C’est... Ce que je suppose. Évidemment. Pas de preuve. On n’a pas pu l’interroger. Si Elle lui a donné son nom véritable... Peut-être.

Son esprit se focalisait sur l’enquête, soulagé de ne plus avoir à ressasser la conversation houleuse avec le Grand Pontife. Elle réfléchit à ce qu’elle pouvait encore dire à Aileen. Il y a quelques temps, Elen m’a avoué avoir des... Des hallucinations. Mais grâce à Evonis, je sais maintenant ce que c’était. La perturbation de son Finyë. La malédiction qui a changé sa destinée. C’est son esprit qui lutte et qui s’accroche à ce qui est important dans ses valeurs. Et Kowü les personnifie. Tu sais, son Mentor. C’est pour ça qu’il le voyait, il ne faisait que se battre contre l’influence du maléfice de Xeis à travers lui.

Elle se passa la main sur son front. Est-ce qu’elle ne se fourvoyait pas ? Tant d’informations n’avaient été transmises que grâce à ses notes, de fait peu détaillées. Et si elle avait raté quelque chose qui pouvait tout remettre en question ? Si elle avait oublié le seul indice qui pouvait leur indiquer la bonne piste ?

Aileen écoutait, médusée... Alors c’était vrai, ça n’était pas vraiment Elen. Il avait été maudit... Elle eut un sursaut de surprise lorsqu’elle se souvint des mots de l’étranger qui lui avait parlé dans les cuisines de la Tanière, plusieurs jours avant... Elle l’avait pris pour un fou mais tout faisait sens maintenant ! Mais... Si c’était lui qui avait maudit Elen, pourquoi lui avait-il lancé un avertissement ? C’était bien trop étrange. Elle prit le parti d’arrêter d’y penser pour l’instant, autant se concentrer sur ce qu’avait appris Isa.

- Du moins je crois... Et là... Tout à l’heure, son aura n’avait plus rien à voir avec celle que je lui connais. La malédiction a évolué bien plus vite... Trop vite ! J’ai tant tardé à en parler à Evonis ! Le rêve cette nuit... Tout est ma faute Aileen !

Les pensées se heurtaient dans son esprit sans qu’elle ne puisse plus les assembler correctement. Elle étouffa un sanglot en collant sa main sur sa bouche. Elle devait tenir bon pourtant et arrêter tout ceci avant qu’une guerre éclate.

La Cerf posa sa main sur le bras d’Isa, dans un geste amical. Elle aurait bien aimé la réconforter mais... Elle ne savait que dire.

- Non, ça n’est pas de ta faute. Ou alors si ça l’est, c’est la mienne aussi, parce que nous n’avons pas su voir, pas su comprendre ce qu’il se passait...

- Il faut que Luwö puisse lui parler de nouveau. Il faut regarder la toile. Je ne sais pas Aileen... Je ne sais pas ce qu’il faut faire !

- On va trouver, ne t’en fais pas. Ça va aller.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 15/04/2012 à 14:20

Isa hocha la tête et ferma les yeux quelques secondes. Elle avait déjà appris énormément sur les rites des Loups, passionnée par le sujet. Mais elle était très loin de savoir tout ce qui était indispensable. L’art des transes était encore quelque chose d’obscur que ses pratiques religieuses propres rendaient difficile à cerner. Même avec l’ouverture d’esprit dont elle était capable, cela restait compliqué et encore confus.

- Est-ce que tu peux surveiller l’entrée ?
- D’accord.

A ces mots, Rôde qui était resté près du mur jouxtant la porte s’éloigna afin de ne pas être repéré. Les mystères avaient toujours attiré sa curiosité et même s’il savait qu’il ne pouvait plus rien faire pour convaincre Isa, l’Olympien comptait suivre tout ça de près.
Pour mieux les entendre, le Grand Pontife décida de monter à l’étage afin d’écouter leur conversation.
Rôde entra le plus discrètement possible. Il ôta son long manteau bordeaux et le mit sur l’envers, ce coté étant d’un marron foncé, il pouvait plus aisément se glisser dans la pénombre sans être vu.
Le plancher était légèrement craquant, rendant plus difficile ses mouvements qui trahissaient par moment le poids de ses pas. Cependant l’Olympien agissait avec prudence afin de ne pas attiser la méfiance des deux filles qui ne le remarquèrent pas.

Aileen se tourna vers l’entrée de la pièce, laissant sa comparse s’affairer. De quelle toile est-ce qu’elle parlait ? Ça ne lui disait rien... Elle n’était pas très attentive, ne pouvant s’empêcher de jeter des coups d’oeil en arrière pour essayer de voir ce que faisait Isa.
L’Olympienne se faufila jusqu’à la réserve et trouva la toile qu’Evonis n’avait pas eu le temps de dissimuler. Elle la récupéra puis alla jusqu’à la cachette et reprit le livre qu’Elen avait l’habitude de consulter. Elle rejoignit Aileen, les bras chargés.
La toile était composée de deux parties, côte à côte. L’une était une scène d’un repas dans la salle commune. Et l’autre un simple carré brunâtre peu homogène.

- Il faut qu’on trouve, on n’a pas le choix. Evonis a dit que la méthode de Xeis pour maudire Elen était comme la peinture de ce côté-ci, petite touche après petite touche. Contrairement à ce qu’on voit là, où tout a été mis en même temps et étalé ensemble.

Alors qu’elle lui montrait, elle put constater qu’il y avait une courte ligne au dos de la peinture, griffonnée à l’encre noire sur ce qui semblait être une doublure. Cela n’avait rien d’habituel, mais peut-être était-ce pour camoufler le squelette de bois de la toile. Le texte, le titre de l’oeuvre, avait été rédigé avec soin, en Loup Ancien, et dénotait d’une grande habileté pour la calligraphie : ”Omaeren Finye : Zitï ot Kritalï, jia Istares”

- Regarde ! Istares, c’est lui ! Fit-elle en tapotant de son index sur l’imposant volume qu’elle avait ramené. Puis elle ânonna :”La Magie de la Peinture : ... Mélanges et....” Je ne connais pas le dernier mot.... Et ça ? Est-ce que... Tu crois qu’on peut l’enlever ?

La Cerf examina la toile de plus près, fixant l’endroit de la couture.

- Je sais pas... C’est bizarre... On peut toujours essayer. Il nous faudrait quelque chose pour l’enlever sans tout arracher. Elle s’arrêta un instant. Attends, tu as dit “magie” ?!

Isa feuilleta rapidement le livre à la recherche d’une illustration de la toile. Peut-être que l’auteur y faisait référence ? Mais ses efforts furent vains : nulle gravure ne ressemblait, de près ou de loin, à la peinture dans l’ouvrage.

- Oui, la magie de la peinture. Tu as une idée ? Je peux aller fouiller les bureaux, il doit bien y avoir un coupe-papier quelque part...
- Non, je ne sais pas mais ça doit avoir un rapport avec notre problème et si on ajoute à ça ce que t’as dit Evonis... On doit être sur la bonne voie.

Elle se leva de nouveau et alla aussi discrètement que possible à d’autres tables. Lorqu’elle trouva une lame fine et bien affûtée parmi un matériel mis à disposition pour l’écriture, elle regagna le recoin où Aileen l’attendait et lui tendit le couteau.
La Cerf la remercia d’un signe de tête et s’avança près de l’étoffe, assurant sa prise sur ce qui ressemblait fort à un coupe papier. Elle devait faire attention. Non pas qu’abîmer l’oeuvre soit d’une réelle gravité dans une telle situation, mais si elle pouvait l’éviter, c’était toujours ça de gagné. Elle posa la pointe de la lame sur la couture et se mit au travail. Il s’avéra que la doublure et la toile formaient une sorte de poche.

- Il y a quelque chose dedans ?
- Oui, viens voir... C’est une sorte de double fond, je crois !

Isa se pencha pour essayer de voir entre les deux pans de tissu. Elle aperçut un fin papyrus, dont les bords avaient été légèrement gâtés par le temps.

- Fais doucement, ça a l’air abîmé... Dit-elle avant de retenir sa respiration machinalement tandis qu’Aileen procédait à l’extraction du document.

Le papier semblait avoir été rédigé par le peintre lui-même. Le texte, une fois encore en Loup Ancien, chaque lettre tracée avec minutie, doucha l’enthousiasme d’Isa :

”Anpeneg nany alanoven anmaoni ae elith, herane deldu lelie onolo i vecram. Ot ek vecram yonoey kanoven alanove, e perkaro nany i corbam hi any omaeren gave primino.”

- Il faut que je cherche dans d’autres ouvrages pour traduire, je ne connais pas tout... Attends...

Il lui fallut plusieurs minutes pour identifier les mots qu’elle ne connaissait pas et être convaincue qu’elle ne risquait pas un contresens. Une erreur pourrait ruiner tous leurs efforts.

- Voilà, ça dit... "Quelque soit la complexité ou la beauté de l’œuvre, une unique goutte de diluant peut la détruire. Et pour gâcher efficacement le labeur de l'artiste, il suffit de la déposer là où prend naissance la grandeur de la peinture." L’origine, ça pourrait être son Saïka ?
- Le Saïka... Non, je ne pense pas... Ça n’est pas comme ça que fonctionne l’Opalescencia... Elle réfléchit un instant. Ce sort doit être très puissant, mais je crois que pour obtenir un tel contrôle sur son Finyë, au point d’en changer son destin, il faut utiliser son nom de naissance, son vrai nom. Enfin, je ne sais pas si c’est très clair...
- Elen m’avait expliqué quelque chose comme ça. Qu’on pouvait agir sur lui par le biais de son nom. Mais quel serait le diluant ?
- Oui, je crois que c’est possible. Le vrai nom de chacun a plusieurs sens et c’est le Totem qui décide quel est le bon. C’est peut être là que le sort agit ! En modifiant la destinée grâce au nom ! Et le diluant... Elle se tut, son regard se perdant vers les hauteurs de la pièce alors qu’elle réfléchissait à nouveau.
- Evonis a dit qu’Elen était déconnecté du Totem... Tu sais l’autre jour, quand on est tous allés à la Rivière vive, il avait une blessure au bras. Il m’a dit qu’il avait parlé à Luwö, lors d’un rite particulier. C’était les marques d’une morsure. Il a dû faire ça à la statue. C’est peut-être un moyen de rétablir le contact... Mais je ne vois toujours pas ce que peut être le diluant.
- Je pense que ça doit être un contresort, ou quelque chose comme ça... Mais je ne suis pas vraiment experte en magie, à vrai dire. Quant à la statue, pour ce que j’en sais, elle est avant tout un moyen pour le Chaman d’être certain qu’il est bien... Qu’il est bien Chaman... L’utiliser pour reconnecter Elen, ça serait trop dangereux. Il me semble avoir entendu des histoires à son sujet : ceux qui avaient usurpé leur rôle de Chaman ou qui ne suivaient pas la voie que Luwö leur destinait ont connu un sort peu enviable, si tu me passes l’expression ! Ça n’était qu’une morsure la dernière fois. C’était peut être un simple avertissement... Mais Elen ne s’était pas encore perdu à ce moment là, j’en suis presque certaine. Sinon il ne serait déjà plus là...
- D’accord, on ne va pas prendre plus de risques que nécessaire. Elen m’a souvent dit que Luwö n’était pas du genre à punir pour rien, mais... Nous autres Olympiens avons l’habitude de rester prudents, les Entités qui nous gouvernent sont versatiles. Est-ce que je peux t’aider pour le contresort ? Si tu as les bases et que tu peux m’aiguiller, on doit pouvoir s’en sortir.
- Et bien, j’aurais bien aimé te répondre... Mais j’en ai aucune idée... Fit-elle en soupirant. Mais le texte, il parle d’une goutte... Une goutte de dilluant. Dans ce genre d’énigmes, les mots sont rarement choisis au hasard... Une goutte de diluant, posée là ou prend naissance la peinture... Qu’est-ce que ça peut vouloir dire ?

Isa se remit à feuilleter l’ouvrage. Elle mettait un temps infini à traduire certains passages qui l’interpellaient, aidée d’autres tomes où elle trouvait les équivalences de mots. Elle abandonna plusieurs chapitres en cours de route car ils ne tenaient pas leur promesse. Ce travail de fourmi, alors qu’elles étaient si pressées, dilapidait sa patience à une vitesse vertigineuse. Elle s’aperçut qu’elle avait néanmoins rédigé un certain nombre de notes.

- Apparemment, tout maléfice peut être contré. Il faut connaître le focalisateur du sort et le réutiliser contre lui. Pour les malédictions d’envergure de ce type... Elle montra du doigt le carré brunâtre sur la toile. Il faut aussi connaître le point faible de la cible. Mais je ne crois pas que l’on soit dans ce cas de figure...

Elle s’adossa à son siège, les nerfs à fleur de peau.

- Tu revois Evonis ce soir, n’est-ce pas ? Il est le plus érudit ici après Elen, il te dira si l’on tient quelque chose. Et si les Dieux le veulent, il aura trouver les Corbeaux. Pour nous aider pour le contresort. Il doit déjà être très tard... Tu devrais partir.

L’un des Titans avait passé son zénith lorsqu’Elen avait entamé la réunion. Elles avaient travaillé d’arrache-pied de longues heures pour trouver à peine quelques informations. Pire qu’un chercheur d’or ne récoltant que d’infimes paillettes au creux de sa cuvette... La Cerf hocha la tête. Elle n’avait aucune idée du temps qu’elles avaient passées à la bibliothèque, mais elle ne préférait pas s’attarder plus longtemps dans les parages. Ne serait-ce que pour éviter une... Mauvaise rencontre...

- Des Loups sont restés à surveiller dehors, je dois les retrouver. Et puis Elen va finir par se demander où je suis passée. Cette nuit j’essaierai de construire les bases de la contre magie, en adaptant les processus des Eclats Divins. Je verrai bien si j’arrive à quelque chose, au cas où Evonis n’aurait rien de mieux à nous dire.
- Oui, tu... Tu as sans doute raison. Je lui demanderai. Je ne sais pas si ça t’aidera, mais je connais un sort de purification de l’Opalescencia, il n’est pas très puissant et pas difficile à lancer, mais ça doit être un des rares sorts qui n’est pas une malédiction... Je ne sais pas si c’est possible mais peut être qu’il pourrait être adapté pour... Pour purifier une âme, en quelque sorte ? Enfin, je ne sais pas trop...

Elle se leva en soupirant, s’apprêtant à partir. Les recherches avaient certes avancé mais elles étaient encore loin d’arriver au contre sort.

- Oui, cela pourrait nous servir pour l’une des bases de la construction. L’Opalescencia doit bien posséder son propre antidote. Creusons cette piste chacune de notre côté et dem...



el Par Elen  le 15/04/2012 à 15:00

Soudain, une porte s’ouvrit à l’étage où elles se trouvaient, et une voix familière appela, sur un ton empli d’une sincère inquiétude :

- Isa ? Tu es là ?

Les yeux de l’Olympienne s’écarquillèrent et elle se tourna brusquement vers Aileen, un doigt sur la bouche pour lui conseiller le silence. Les pas lents du Chaman le rapprochaient peu à peu de l’allée au fond de laquelle elles se trouvaient. Le coeur de la Cerf manqua un battement lorsqu’elle reconnut la voix d’Elen. Elle chercha autour d’elle un endroit où se cacher, terrifiée qu’il puisse la trouver ici en compagnie d’Isa... Si il la voyait, que ferait-il ? Se disait-elle, paniquée.

Isa referma le livre d’Istares doucement pour ne pas faire de bruit, quelques-unes des notes les plus importantes laissées en marque-page à l’intérieur, prit la toile et le précieux papyrus pour tout cacher dans l’espace sous la plinthe de bois.
En chemin, elle répondit au Chaman :

- Oui, je suis là Elen !

Sa voix le mènerait dans les rangées transverses et Aileen aurait largement le temps de se cacher dans l’un des recoins obscurs qui ne manquaient pas dans l’immense bibliothèque. Celle-ci en avisa un, non loin de là et s’y glissa le plus discrètement possible. Son soeur battait la chamade, à tel point qu’elle craignait même que le Loup puisse l’entendre. Elle retint son souffle alors qu’elle l’entendait se rapprocher.
Elen finit par retrouver Isa. Il lui adressa un sourire plein de tendresse. La franchise des sentiments qu’il éprouvait pour elle ne laissait aucun doute : la malédiction n’avait pas altéré cette facette de sa personnalité.

- On peut dire que tu sais comment te cacher, toi ! Je me suis inquiété.
- Navrée Elen, je n’ai pas vu le temps filer !

Loin de la peur qu’elle avait éprouvée tout à l’heure, sous le coup de la scène terrible avec Evonis et même là lorsqu’il avait failli les surprendre, cela lui faisait un plaisir immense de le revoir. Elle passa doucement ses bras autour de son cou.

Il ne l’avait pas repérée, pensa Aileen. Mais elle ne se détendit pas pour autant, terrée dans sa cachette, attendant qu’il s’en aille. Mais s’il restait ?...

- Tu as raison, je devrais retourner prendre un peu l’air avant qu’il ne fasse nuit. J’ai travaillé dur sur des traductions de Loup Ancien. Tu sais, je m’améliore rudement !
- Je suis très fier de toi... Je vais t’accompagner. On ne sait jamais. Avec tout ce qui se trame dans nos bois...
”Et pas que dans les bois...” Songea Aileen avec amertume, toujours immobile, dans l’ombre.

Il l’embrassa avec tendresse, ses bras s’enroulant autour de la jeune femme, dans une étreinte passionnée. Comme elle lui avait manqué. Rechercher des hommes de confiance pour sa guerre, après la trahison de Evonis, n’avait pas été chose simple. Et pour autant qu’il puisse en juger, à part Isa, personne ne méritait le titre.

- Allons-y alors, je finirai dans la soirée peut-être. Ou demain. Peu importe. Il n’y avait plus rien sur la table que ses longues listes de vocabulaires et de point de grammaire de Loup Ancien au milieu de livres qu’ils avaient l’habitude de prendre pour travailler la langue archaïque.
- Comme tu veux, mon ensorcelante Olympienne. Tu sais que la bibliothèque t’est toute ouverte.

Il l’accompagna vers l’extérieur, remontant un à un les étages avec elle, main dans la main. Aileen leur laissa prendre un peu d’avance, puis, profitant de l’obscurité relative des lieux, sortit de sa cachette en catimini, restant à bonne distance du couple.

- Alors, dis-moi, comment s’est passée la fin de la réunion ? J’avoue que la foule m’a fait un peu peur... C’est pour ça que je suis venue travailler ici, au calme.

Si Aileen pouvait entendre leur conversation, elle pourrait toujours en rapporter quelques bribes à Evonis.

- Beaucoup approuvent. Et les autres... Les autres laisseront les choses se faire. Bientôt, Isa, je ramènerai l’ordre dans cette forêt. Et une fois que ce sera fait, je ne me consacrerai plus qu’à toi et à toi seule. Tu deviendras le symbole rayonnant de la paix que nous aurons obtenue... ”Et je ferai de toi la reine...”
- Tu n’as pas peur d’aller un peu vite ? Je suis sûre que les autres clans font aussi de leur mieux pour faire barrage à l’Ennemie, mais ils vont penser que tu fais encore cavalier seul... Aileen a été très surprise, visiblement.
- Mais elle ne s’opposera jamais à ma volonté. J’y ai veillé. Répondit-il froidement. Le temps de l’oisiveté est terminé. Trop longtemps les Clans se sont laissés bercer. C’est l’immobilisme qui nous condamne face à Elle. A présent, nous allons tous bouger, d’une seule est même vague. Vois comme les Éclats m’ont approuvé par leur silence... Les Clans respecteront mes choix. Et ils m’appuieront.

Aileen serra les dents... Il y avait veillé en essayant de tuer Evonis, hein... Ça aurait pu marcher, mais l’Ashka en avait réchappé et elle n’avait pas l’intention de laisser ce despote fou se faire passer pour Elen. Le vrai Elen.
La Cerf les suivait à bonne distance, profitant de l’ombre pour ne pas être vue. Elle prenant également grand soin de ne pas faire de bruits, avançant prudemment. Heureusement, étant petite et plutôt légère, ça n’était pas vraiment difficile. Néanmoins elle continuait de craindre le moindre son qui trahirait sa présence... Si Elen savait qu’elle les suivait...

- Nous verrons bien... Et sinon, tu te sens bien ? As-tu... Vu Kowü aujourd’hui ?
- Non... Il ne s’est pas montré. Et je me sens bien mieux maintenant que je t’ai auprès de moi... Si tu savais comme cela me pèse de les diriger... Ils sont si... Si... Manipulables.
- Plains-toi ! Fit-elle avec un petit sourire. Rôde voudrait bien gouverner sur des gens obéissants, les Olympiens sont de vrais pénibles parfois !

Puis son regard se voila. Elle réalisa qu’elle faisait désormais partie de cette population incontrôlable... Et la conversation avec le Grand Pontife revint cruellement à sa mémoire.

Malgré l’angoisse d’être découverte, Aileen ne pouvait s’empêcher d’admirer l’intelligence des questions d’Isa. Grâce à elle, elles venaient d’en apprendre un peu plus sans qu’Elen se doute de quoi ce soit ! Il ne voyait plus Kowü... Le spectre personnifiant sa lutte contre le maléfice.

- J’aimerais qu’ils sachent penser par eux même... Comme toi. Je n’aurai pas à me montrer aussi dur. Ils auraient eux-mêmes pu mettre en marche cette révolution. Tous les indices étaient là, au creux de leurs mains.
- On aime tous notre confort et notre sécurité. La guerre bouscule tout et fait prendre des risques. La plupart n’en ont pas envie et je les comprends, tu sais.
- Et c’est exactement ça qui Lui donne du pouvoir... Ses pions, à Elle, sont toujours en mouvement. C’est pour ça qu’il faut s’opposer à eux avec la plus grande fermeté.
- Sans toutefois déraper. Elle est avide de confrontations, elle les provoque partout où Elle peut. On l’a bien vu. C’est un équilibre précaire de la combattre sans lui donner plus de force.
- Je sais bien... Mais je n’ai pas d’autre choix, Isa. Je ne veux plus qu’ils s’en prennent à toi. Plus jamais. Je ne veux pas te perdre.
- Allons bon... Ne t’inquiète pas tant. Je suis une grande fille, tu as bien vu !
- Je sais... Et je ferai en sorte que tu n’aies plus jamais à t’exposer de la sorte. Je t’aime, Isa.

Elle lui sourit tendrement. Elle aussi ferait en sorte de le sauver, d’une manière qu’il ne présumait pas encore... Puissent les Dieux et Luwö les aider, Aileen et elle, dans cette tâche.
De son côté, la Cerf estima qu’elle avait déjà prit trop de risques. Maintenant qu’ils étaient à l’extérieur, il suffirait qu’Elen se retourne pour la voir... Elle fit volte face, abandonnant son écoute discrète et se dirigea vers les bois, profitant de la brume pour disparaître discrètement. La journée se terminerait bientôt...

[...]



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

Par Google  

el Par Aileen  le 15/04/2012 à 15:04

Evonis l’attendait, dissimulé à l’ombre d’un grand arbre. Il restait encore un peu pâle. Mais il avait récupéré des forces. Les Corbeaux, comme trop souvent depuis ces dernières années, s’étaient montrés introuvables. Ils avaient peu de temps, et Elen disposait d’un grand nombre de Loups qui se laissaient abuser pour quadriller la forêt. Mais il avait promis à Aileen qu’ils se retrouveraient là. Et il ne voulait pour rien au monde lui faire faux bond.

Elle arriva au crépuscule.

La journée avait été incroyablement longue. Comme Evonis l’avait souhaité, elle avait parlé à Isa et elle lui avait expliqué ce qu’ils avaient découvert le matin même. L’olympienne lui avait aussi certifié qu’Evonis était en vie. Le soulagement de la Cerf avait été visible, et immense. Pour autant l’angoisse n’en avait pas été de plus en plus forte à mesure que l’heure fatidique approchait. Et si il s’était fait prendre ? Et si... Non, il avait promis. Il serait là.

Elle avait veillé à ne pas être suivie, terrifiée par les conséquences qui en auraient découlé.

Entendant les pas feutrés de la Cerf, malgré les clapotis réguliers de la rivière, il prit tout de même la précaution de jeter un rapide coup d’oeil depuis sa cachette pour s’assurer qu’il s’agissait bien d’elle, et qu’elle était venue seule. Dans son état, Elen aurait été capable de la contraindre à trahir, quoi qu’il n’eut aucun doute : jamais elle ne donnerai une telle satisfaction au Chaman. Il se glissa alors hors de sa cachette, une épaule appuyée contre le tronc en soutien.

- Evonis... souffla-t-elle, en approchant.

Elle se mit à courir vers lui. C’était vrai, alors, il allait bien !

Elle en mourrait d’envie, mais elle se retint de lui sauter au cou, craignant de lui faire mal. Elle avait toujours en tête le souvenir de cette pointe acérée traversant le corps du pauvre Loup...

- Tout va bien. Fit-il, ouvrant ses bras. Et toi, comment vas-tu ?

- Je... J’aurais aimé dire que ça va bien mais... Elle se serra contre lui. Au moins, toujours mieux que ce matin...

Il réprima une grimace. La potion avait refermé les plaies et accéléré la cicatrisation. Mais il avait la désagréable impression que son corps était décidé à lui fournir toute la douleur qu’il aurait du ressentir avec une blessure normale.

- Il ne faut pas t’inquiéter autant que ça ! Je n’ai pas atteint mon âge en me cachant dans une pièce remplie d’oreillers !

- Fallait me le dire ce matin, ça... Fit-elle en souriant, sans le lâcher, comme si elle avait peur qu’il parte à nouveau. Elle laissa passer un court silence. Y a quelque chose que je dois te dire...

- Quoi donc ? Il ne s’en est quand même pas pris à toi ? Demanda-t-il, inquiet.

- Non, non. Je suis partie comme tu l’as dit et il n’a pas dû juger bon d’envoyer quelqu’un me retrouver... Elle répugnait même à prononcer le nom d’Elen... Non, ça n’a aucun rapport, ce que je veux te dire... Silence gêné. Ça n’était pas simple à formuler, à vrai dire...

- Ne lui en veux pas, s’il te plaît... Ça aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous... Il faut que nous comprenions comment Xeis s’y est pris pour trouver le contre sort...

Aileen connaissait mieux la magie que lui, pourtant, Xeis, lui, excellait dans ce domaine. Et un esprit rendu aussi puissant par des arts interdits ne pouvait avoir laissé des traces évidentes de ce qu’il avait fait. Isa en apprendrait peut-être plus dans les livres qu’ils avaient dissimulés...

Il se sentit très las, et éprouva le besoin de s’asseoir. Il se laissa glisser le long du tronc, pour s’y adosser. Quel piètre figure il devait faire à présent, devant elle, si belle, si inquiète, si parfaite à ses yeux. Que voulait-elle donc lui dire ?

Elle s’assit également, se pelotonnant contre lui, répugnant à rompre le contact. Une journée, ça avait été si long...

- Je lui en veux pas... Enfin, j’essaye de pas lui en vouloir... C’est pas sa faute. J’espère qu’on arrivera à l’aider. Il me fait peur...

Elle se tut quelques instants, cherchant ses mots pour expliquer ce qu’elle avait en tête.

- … Tu vas peut être trouver ça bizarre mais au début, je... Je pensais que je t’aimais pas vraiment...

- Ah ? Et tu pensais quoi alors ? Que tu pouvais m’échapper ? Fit-il, sa première phrase sur un ton relativement sérieux, avant de passer au registre de la plaisanterie, puis de la grimace alors qu’il s'apprêtait à rire.

- Non... Enfin, peut être, en fait ! Fit-elle en souriant. En réalité, je... Je crois que j’ai fait l’impasse sur ce que je ressentais. Il n’y a pas si longtemps, je... Quelqu’un s’est servi de moi... Il s’est servi de sentiments qu’il avait insinué en moi, mais j’ignore comment... Et c’est Elen qui m’a ouvert les yeux. Il m’a montré que ce que je ressentais était faux. C’est pour ça, je crois. Je ne voulais pas que ça recommence, alors je ne me suis pas soucié de ce que je ressentait pour toi, j’ai tout ignoré... Pour me faire croire que je pouvais garder le contrôle... Mais voilà, je sais maintenant que c’était vrai. Elle s’arrêta quelques secondes avant de murmurer quelques mots de plus. Je t’aime...

- Je t’aime aussi, tête de mule que tu es.

Il lui adressa un sourire puis il l’embrassa langoureusement, l’attirant contre lui. Fidèle à lui-même, il ne put s’empêcher d’énoncer une énormité pour briser la glace, cette dernière pourtant déjà en morceaux après les déclarations de la Cerf.

- Tu m’auras abusé tout ce temps. Et moi qui te prenais simplement pour une dominatrice...

- Andouille... Fit elle simplement, l’embrassant à son tour.

Elle avait craint qu’il ne le prenne mal mais, et elle aurait du s’en douter, c’était... Presque l’inverse.

- Tu sais, si ça peut te rassurer, le type qui t’a fait ça, je crois savoir de qui il s’agit. Et n’eut été Elen pour m’en empêcher, je l’aurai bien transformé en descente de lit.

- Ha bon ? Tu savais !? Répondit-elle, surprise. Je savais pas que mes mésaventures étaient aussi célèbres...

- Pour tout te dire, quand je t’aie vue revenir de là haut avec lui, j’ai juste eu envie de lui faire la tête au carré... Une crise de jalousie, tu vois ?

- Ça te va bien, d’être jaloux !

- En même temps, une beauté sauvage comme toi avec ça, c’était juste du gâchis...

Elle lui répondit par un rire. Si seulement elle pouvait rester là contre lui, pour toujours... Et juste oublier les problèmes du monde extérieur. Oublier la peur qui la tiraillait, et l’angoisse permanente...

- Alors comme ça tu aimes les vieux croulants ? Dit-il, pour la détendre.

Il la sentait tellement contractée, une vraie boule de nerf. Peut-être qu’avec un massage approprié, elle se sentirait mieux ? Il haussa les épaules. Il verrait plus tard. D’abord, la rassurer, en minimisant la situation dramatique.

- Vieux croulant ? T’es pas gentil, dit donc... Je te trouve plutôt en forme, moi !

- Que veux-tu... Passés les six cents ans, il faut bien s’entretenir un peu. Sinon, pas moyen d’aguicher les petites jeunes !

- Tu devrais avoir honte, tu sais ? Je pourrais être ta fille ! Répondit-elle, levant les yeux vers lui et affichant un sourire taquin.

- Ou mon arrière petite fille. Peu importe. Même si j’étais ton père, maintenant que tu m’as dit que tu m’aimes, tu ne peux plus rien changer... Et ne t’avise pas de m’appeler papa !

- Oui mais heureusement, tu n’est pas mon père ! Répondit-elle avec une moue de dégoût.

- Heureusement, oui... Sinon tu ferais cette tête trop souvent ! Je préfère tes sourires !

- Alors arrête de me raconter des trucs dégoûtants et tu les verras peut être plus souvent ! Le taquina-t-elle.

- Promis...



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Elen  le 15/04/2012 à 15:16

De se sentir aussi près d’elle, toute la pression de cette terrible journée s’évanouissait. Et la fatigue tapie dans l’ombre n’attendait qu’une occasion pour l’emmener dans les bras de Morphée. Pourtant, Evonis lui, n’aspirait qu’à être dans ceux de Aileen. Ou au moins la sentir blottie contre lui, comme elle l’était déjà.
La Cerf se redressa un peu et contempla quelques instants le visage du Loup... Il avait l’air tellement épuisé. “Mais rien d’étonnant après... “tout ça”.” Se dit-elle. Elle non plus ne devait pas avoir fière allure. Elle passa une main dans les cheveux de l’Ashka.

- Tu devrais te reposer...
- Pourquoi faire ? Pas maintenant que tu es là ! Fit-il, en guise de bravade.
- Justement, tu devrais te reposer, maintenant que je suis là ! Répondit-elle non sans un sourire où transparaissait un brin d’inquiétude.
- Mais euh... Protesta-t-il.
- Je veux pas le savoir ! Fit-elle en riant. D’habitude c’est toi qui me regarde dormir quand je ne suis pas encore réveillée, y pas de raisons pour que ça ne soit pas l’inverse, pour une fois.

Elle se redressa tout à fait et s’assit l’attirant contre lui. Lui, le colosse Loup blessé, contre elle, la frêle Cerf inquiète...

- Dominatrice... Souffla-t-il, installant confortablement sa tête sur ses cuisses.
- Mais non, je prends juste soin de toi, puisque tu ne le fais pas toi même.
- Et qui prendra soin de toi, après ? Hein ? En plus ce n’est rien du tout. D’ailleurs, il n’y a plus rien.
Je viens de te le dire, je veux pas le savoir ! Répéta-t-elle en souriant, passant de nouveau une main dans les cheveux d’Evonis.

Il soupira d’aise. Il était bon, parfois, de se laisser aller. Et quelqu’en furent les raisons, il avait apprécié que Aileen soit la décideuse du couple, au moins pour un temps. Cela avait quelque chose de sécurisant pour lui : il avait bien moins de chance de la décevoir en faisant ce qu’elle lui demandait.
Elle leva les yeux vers l’horizon, regardant s’éteindre les dernières lueurs du jour. Les étoiles commençaient déjà à briller et les deux lunes se lèveraient bientôt. Elle n’allait pas dormir, cette nuit. Pourtant, elle était lasse. Mais le pire était peut être encore à venir. Alors elle allait veiller sur Evonis pendant qu’il se reposait. C’était en partie de sa faute si il avait été blessé. Si elle ne s’était pas enfuie si vite... Et puis, si quelqu’un les trouvait, qui sait ce qu’il se passerait ?
Qui plus est, peut être qu’elle ne le reverrait pas avant que tout ne soit terminé. Elle resterait éveillée, quoi qu’il lui en coûte.

- Aileen... Demain... Il faudra que tu retournes là-bas... Sans moi. Aide Isa... Et cherchez le contre sort... Avec ce que tu sais de l’Opalescencia, je sais que tu sauras trouver une réponse...

Elle n’avait aucune envie d’y retourner, trop effrayée qu’elle était, elle aurait préféré rester avec Evonis. Mais il avait raison, il fallait aider Isa. Et puis elle n’avait pas non plus la force de protester... Elle acquiesça simplement. Épuisé et bien installé, le Loup s’endormit finalement, sur ces dernières paroles...

[...]

Il s’éveilla doucement, quelques heures avant l’aube. La nuit avait été fraîche. Mais il se sentait étrangement bien, confortablement installé sur une surface chaude et douce. Et étrangement familière. Il s’était déjà retrouvé dans une telle position. En des temps plus favorables. Il tenta de bouger et grimaça de douleur.

- Hé doucement, reste calme ! Fit une voix inquiète. ...Bonjour ! Ajouta-t-elle, sur un ton un brin plus guilleret.
- Bonjour, toi... Qu’est-ce que tu fiches ici, dans le froid ? Fit-il, sachant pertinemment ce qui avait amené la jeune femme aussi près de la Rivière Vive.
- Je fais attention à ce que les dormeurs imprudents ne tombent pas à l’eau ! Répondit-elle en riant. Bien dormi ?

En vérité elle connaissait la réponse. Son sommeil avait été de plomb, pas une seule fois il ne s’était réveillé au cours de la nuit.

- Plutôt, oui... Et toi ?
- Oui, ça va. Mentit-elle.

Elle n’avait pas fermé les yeux de la nuit, se contentant de regarder le Loup dormir ou d’écouter les paisibles clapotis de la rivière toute proche.

- Menteuse... Fit-il, avec un brin de tendresse, levant un bras pour caresser l’un des joues de la jeune femme. Tu as vu les cernes que tu as sous les yeux ?
- Ha... Non, mais on dirait qu’elles m’ont trahies !
- Je t’aime, petite effrontée...

Il se redressa, lentement et précautionneusement. Les potions faisaient effet. Et le repos aussi. La douleur devenait plus supportable. Il piocha rapidement une fiole dans son sac, celui que Isa lui avait préparé. Il but d’une traite le liquide à la forte amertume, et sentit presque immédiatement les effets bénéfiques du breuvage.

- Oh... Pardon ! Quel impoli je fais. Je me sers et... Tu en veux ? Proposa-t-il, visiblement d’humeur à plaisanter.
- Ha, non merci, garde ton alcool frelaté pour toi ! Répondit Aileen du tac au tac, sur le même ton que lui.

Il se retourna brusquement et colla ses lèvres aux siennes, l’embrassant. Puis sa langue se fraya un chemin vers la sienne, caressant cette camarade de jeu avec douceur. Il l’avait prise par surprise. Dans son état de fatigue, elle n’avait pas dû le voir venir. Lorsqu’il rompit leur baiser, il se releva et fit quelques étirements, de rigueur. Il voulait récupérer rapidement de cette petite blessure qui aurait dû le tuer. Et fanfaronner devant sa belle lui plaisait assez...
Elle le regarda faire en souriant, rassurée de constater qu’il allait mieux. Son baiser sauvage l’avait prise par surprise ! Elle se leva à son tour, grimaçant lorsque ses jambes ankylosées protestèrent douloureusement. Elle n’avait presque pas bougé de toute la nuit, craignant de troubler le sommeil du blessé si elle remuait un peu trop. Elle s’étira à son tour, de toute sa -relative- hauteur, histoire de faire taire ses muscles endoloris une bonne fois pour toute.

- Tu as l’air en forme !
- Ça t’étonne ? Tu devrais pourtant avoir l’habitude, non ?
- Non, ça n’était qu’un constat ! Fit-elle en éclatant de rire. Je te préfère dans cet état que dans celui d’hier !



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 16/04/2012 à 20:29

Elle s’approcha de lui et, se hissant sur la pointe des pieds, lui déposa un baiser du bout des lèvres, feignant de ne pas oser aller plus loin. Il l’attira contre lui, déposant ses mains en bas de son dos... Très bas même... Il lui rendit son baiser avec fougue, loin des demi-mesures de la jeune femme. Elle lui assena une petite tape sur les mains, prenant un air offusqué, sans pour autant esquisser le moindre mouvement de recul.

- Hé ! Pas sans mon autorisation !

Cela n’empêcha pas le Loup de raffermir sa prise, et de l’attirer plus près encore de lui.

- Et si je décidais de m’en passer ?

- Alors il t’en cuira, petit effronté ! Dit-elle en fronçant les sourcils, l’air sévère.

- Et si c’était ça que je cherchais ? Fit-il sur un ton enjôleur.

- Alors tu ne vas pas être déçu ! Répondit-elle, adoptant le même ton.

- Je suis impatient de voir ça... La défia-t-il, plongeant intensément son regard dans le sien.

Elle lui répondit par un sourire mystérieux et, posant sa main sur la nuque du Loup, l’attira à elle pour un long baiser. Lorsqu’elle y mit fin, son visage à quelques centimètres de celui de Evonis, elle murmura, un sourire aux lèvres :

- Et ça c’était juste un avant goût...

- Traîtresse... Répondit-il, tout bas, le souffle court.

- Moi ? Oh non, tu me vexes ! Fit-elle, s’amusant de la réaction du Loup.

- Tu sais que tu as de la chance ? Lui chuchota-t-il au creux de l’oreille, avant de la lui mordiller tendrement.

- Ha oui ? Pourquoi ça ?

- D’autres n’auraient pas autorisé une telle esquive...

- Et pourquoi tu le tolérerais, toi ? Fit-elle, le provoquant volontairement.

- Parce que c’est toi... Murmura-t-il, avant de l’embrasser tendrement à plusieurs reprises au creux du cou, ses mains conquérantes toujours en occupations de la zone dont elles avaient pris le contrôle.

Ils pivotèrent de concert, dans un ballet improvisé. Elle s’adossa contre le tronc de l’arbre témoin de leur sommeil, l’attirant au plus près. Les mains du Loup remontèrent vers de plus chastes horizons : les hanches de sa cavalière. Ils s’embrassèrent avec tendresse. Il aimait leurs jeux au moins autant qu’elle et ne lui laissait aucun répit, sans rien négliger de la douceur soyeuse de sa peau et ses lèvres traçant un chemin de tendresse au creux de son cou. Heureuse de partager ces instants avec lui, elle laissait courir ses mains sur son torse puissant. Ses baisers, elle les lui rendait, toujours plus ardents et passionnés. Elle avait eu si peur de le perdre...

Elle sembla couper court aux ardeurs du Loup, le repoussant. Elle plongea son regard dans le sien, un bref instant, puis le poussa encore une fois, un peu plus fort, le faisant chuter au sol. Sans perdre un seul instant, elle joignit ses lèvres aux siennes, ses mains délicates emportées par le tourbillon épicé de la situation. Puis, les Titans dardant la forêt embrumée de leurs premiers rayons, les flammes de leur passion les enveloppèrent de leur douce étreinte...

[...]

Ils se séparèrent finalement, avec cependant la promesse de se revoir bientôt. Aileen aurait aimé rester avec Evonis mais elle devait se rendre à l’évidence, elle devait retourner à la Tanière. La tâche n’allait pas être facile, mais ils devaient faire tout ce qui était en leur pouvoir pour sauver Elen. Elle s’enfonça dans l’épaisse brume qui recouvrait la forêt, déterminée tandis que Evonis repartait à la recherche des Corbeaux...

[...]



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 16/04/2012 à 20:32

Lorsqu’elle arriva à la Tanière, Aileen se mit immédiatement à chercher Isa. Elles n’avaient pas pu se donner de lieu de rendez-vous, interrompues par l’arrivée d’Elen. Elle se dirigea tout d’abord vers la bibliothèque, craignant toujours de croiser le Chaman au détour d’un couloir. C’était l’endroit le plus logique, pour elle. Elle pouvait s’y cacher facilement en cas de problèmes et c’était aussi là-bas que les deux jeunes femmes avaient mené leurs recherches.

Effectivement, elle y vit l’Olympienne penchée sur ses parchemins, comme si elle n’avait pas bougé depuis la veille.

- Tu as trouvé quelque chose ? Fit-elle en arrivant, étonnée de la voir déjà en plein travail.
- Oh, bonjour Aileen. On est déjà le matin ? Elle avait relevé la tête, surprise de voir la Cerf.
- Les Titans ne sont levés que depuis peu, mais oui... Tu n’as pas dormi non plus, on dirait ! Fit-elle avec un sourire.
- Non je ne pouvais pas... Mais cela a porté ses fruits. Enfin je crois.

Elle tendit des schémas à Aileen qui représentaient le tracé majeur de la construction d’un contre sort. Elle avait trouvé des bribes d’informations sur les sorts de base, l’art d’assembler les énergies magiques pour former l’architecture des sorts de l’Opalescencia. Avec des instructeurs compétents, cette phase n’aurait pris qu’une heure ou deux à être enseignée à des novices, mais sans ces érudits sous la main, il s’agissait pour l’Olympienne de faire des parallèles avec les concepts de la magie olympienne, et d’y associer toutes les modifications que cela impliquait vis-à-vis des Esprits.

- Il faudrait que tu vérifies, et que l’on affine ça pour que cela soit au plus près de ce que l’on sait de la malédiction. Si l’on tape à côté, ça ne servira à rien. Tu as faim ? Je voulais aller aux cuisines prendre quelque chose...

Aileen n’avait pas mangé depuis la veille...

- Je dois dire que oui... Les cuisines... Attends, Isa ! Je viens de me souvenir de quelque chose... Xeis, il m’a parlé, une nuit, dans les cuisines... J’étais venue prendre quelque chose à boire, et il m’a prévenue à propos d’Elen. Je n’ai pas comprit sur le moment... Pourquoi est-ce qu’il aurait fait ça, à ton avis ?
- Je ne sais pas... Il m’a abordée aussi. Que t’a-t-il dit exactement ? Tu t’en souviens ? Isa n’avait pas marqué les mots exacts et s’en mordait aujourd’hui les doigts. Elle n’avait que des allusions à une grande méfiance mutuelle entre Xeis et Elen.
- Il m’a dit qu’Elen avait changé, que je devais faire attention... Il m’a dit de faire le bon choix...
- Peut-être était-ce juste pour semer le doute parmi nous, pour qu’on ne cherche pas à trouver une cause extérieure, qu’on le condamne plutôt que d’essayer de l’aider.
- Oui, ça semblerait logique. Ou peut être que ça faisait partie d’un plan plus large qu’il n’a pas eu le temps de mettre en place, grâce à toi...
- Si l’Ennemie a voulu en faire son pion, Elle se nourrit des peurs et des rancoeurs. C’est un vivier de puissance pour Elle, bien plus qu’un empilement de cadavres. Quelque chose a peut-être échoué dans son plan pour que tout s’accélère à ce point. La mort de Xeis ? Je ne sais pas...
- Bah, on aura bien le temps d’en reparler plus tard, quand on aura retrouvé notre Elen ! Fit-elle avec un sourire, déterminée.

Elle se saisit des feuillets qu’Isa lui avait montrés et se mit au travail.

- Oui, tu as raison.

Cela fit un bien fou à Isa de ne plus se sentir seule dans cette immense pièce sombre. Et Aileen semblait prête à se battre. Elles le feraient d’autant mieux l’estomac plein.

- Je reviens vite, fais attention à toi.

Elle fila, vérifiant que personne n’était là pour voir ses allées venues. Elen n’était pas apparu à la bibliothèque cette nuit. Elle ne l’avait pas vu non plus dans la salle commune ni aux cuisines. Pourtant elle avait parcouru ces endroits plusieurs fois. Était-il encore parti en forêt ?
Elle remplit un petit panier de plusieurs fruits et y cala aussi une théière avec deux tasses. Elle fit main basse sur une assiette de petits biscuits secs... Elle se promit de refaire des gâteaux aux enfants lorsque elle aurait plus de temps, pour se racheter de leur piquer leurs friandises du matin...

- Voilà ! Sers-toi ! Fit-elle à Aileen, en posant le panier sur leur table. Elle continua, plus bas :Evonis a t-il trouvé des Corbeaux ? Vont-ils nous aider ?
- Non... Ils sont bien cachés, mais il n’abandonne pas pour autant. Il est reparti à leur recherche ce matin.
- Ah... Tant pis.

Isa avait sincèrement compté sur le soutien du clan incriminé. Cela leur aurait permis de montrer qu’ils n’y étaient pour rien. Mais la réalité ne correspondait pas souvent à ses aspirations. Dépitée, elle laissa quelques minutes à Aileen pour terminer d’étudier ses diagrammes puis elle demanda :

- Alors ? Verdict ?

L’Olympienne craignit d’avoir fait beaucoup d’erreurs et cela retarderait d’autant la mise au point du contre sort. Elle prit un biscuit et servit les tasses de tisane. Son prochain jour de lecture n’était pas très loin et elle avait opté pour ne plus dormir jusque là, si les circonstances l’y obligeaient. Les drogues qu’elle utilisait la rendait à l’usage plus distante et moins concentrée, mais c’était ça ou oublier les multitudes de détails qui pouvaient être cruciaux. Pour éviter d’en prendre trop, elle adaptait son rythme de vie afin que son corps ne soit pas tenté de s’assoupir : éviter les gros efforts physiques évidemment, manger peu mais plus souvent, autant d’astuces qui lui permettaient de tenir plus facilement.



el Par Aileen  le 16/04/2012 à 20:40

- Je n’ai pas vu d’erreurs... Par contre, si on utilise une version modifiée du sort de rafraîchissement, celui dont je te parlais hier... Il va sans doute falloir se débrouiller pour qu’Elen soit immobile. Normalement, c’est un sort qu’on ne peut utiliser que sur soi-même. En le modifiant, on doit pouvoir s’arranger pour le lancer sur autrui mais si la cible est en mouvement j’ai peur ça devienne trop difficile.

Elle attrapa à son tour un biscuit dans le panier et commença à grignoter, l’air perplexe.

- Et il va nous falloir son nom de naissance comme point de départ du contre sort... Je ne le connais pas... Elle leva les yeux vers l’Olympienne, l’interrogeant du regard. Elle était peut être assez proche de lui pour qu’il lui ait dit... Ou peut être connaissait-elle quelqu’un qui le savait ?

- Il...

Un profond sentiment de trahison l’étreignit. Elen lui avait fait un cadeau d’une valeur inestimable en lui confiant son nom véritable et elle allait le retourner contre lui... Non, pas contre lui. Pour lui. Elle devait s’en convaincre. Le Elen qu’elle aimait lui crierait de l’utiliser car il avait toute confiance en elle...

- Il me l’a dit, il y a quelques temps déjà. L’immobiliser... Grands Dieux...

Cela commençait à faire beaucoup pour la jeune femme. S’il refusait, s’il y avait une bagarre... Elle eut l’image d’Evonis qui s’écroulait, son sang imbibant ses vêtements...

- Il y a quelques Loups qui pourront nous aider pour... Ça.

Elle pensa de manière incongrue à Rôde. Lui serait de taille à maîtriser le Chaman et elle était sûre qu’il ne voudrait pas lui faire de mal. Sans compter ses capacités de soin. Mais après leur conversation de la veille, elle ne voyait pas comment oser lui demander. Aileen acquiesca, fronça les sourcils.

- Ça sera peut être ça, le plus difficile... Plus que le rituel en lui même. D’autant plus qu’il nous faudra nous débrouiller pour qu’il ne puisse pas appeler de secours, sinon nous ne pourrons rien faire...

- Tu crois que Rôde accepterait ? Je n’ose pas lui demander... Tu comprends, il ne veut pas intervenir dans ce qui se passe. Mais vous aviez l’air de bien vous entendre.

- J’irai le voir si tu veux ? Proposa-t-elle, se souvenant de l’air peu enjoué que le Grand Pontife affichait la veille. S’il ne veut vraiment pas s’impliquer, je pense qu’il se contentera de refuser mais il n’en parlera sans doute pas à Elen...

- Merci, on va faire comme ça alors. Non, dans le pire des cas, il n’ira rien lui dire, j’en suis quasi sûre. Il n’est pas haineux envers les Elfes des Lunes au point de souhaiter votre annihilation.

Aileen se servit de nouveau dans le panier de fruits. C’est qu’elle avait vraiment faim...

Isa finit sa tisane et reprit les parchemins, parée pour une nouvelle séance de cogitations magiques.

- Il faut terminer. Ensuite il faudra trouver Rôde. Puis Elen...

- Oui, tu as raison. Il y a quand même un point qui me parait encore un peu obscur... On sait qu’on doit partir du nom d’Elen pour annuler la malédiction, ça serait ça, le diluant et le sort serait l’oeuvre. Mais on ne sait pas encore où mettre la goutte de diluant... On ne sait pas quoi viser avec le contre sort...

- C’est pour cela que je pensais au départ au Saïka. Car c’est là que se regroupent ses forces magiques. Mais... Ça ne colle pas trop avec l’explication d’Istares pour les malédictions de bloc, qui dit qu’il faut viser le point faible. Sauf qu’on n’est pas dans ce cas de figure... Alors je ne sais pas si cela s’applique pareillement. Et quel serait le point faible de cette malédiction ? Ou d’Elen ?

- Peut être qu’il ne fait pas se concentrer sur ce que dit le livre. Il ne parle pas vraiment de ce type de malédictions, contrairement à la toile. La phrase en elle même m’intrigue... C’était quoi, déjà ? “Et pour gâcher efficacement le labeur de l'artiste, il suffit de la déposer là où prend naissance la grandeur de la peinture." je crois... Ca doit vouloir dire qu’on doit viser... Je ne sais pas trop... La même chose que le sort d’origine ?

- Mais qu’est-ce que ça peut être ? Une partie physique ? Un concept ? Sa manière de voir le futur des Clans ?

- Peut-être plutôt un concept... C’est le nom qui a été utilisé, le nom qui est lié au destin ! C’est ça ! Xeis a utilisé le nom de naissance d’Elen comme base pour son sort et il a visé son destin pour le modifier !

- Ça se tient. Reste à savoir comment on vise un destin... Tu saurais écrire ça dans le contre sort ?

Et cette solution ne plaisait guère à Isa. C’était l’apanage des Dieux de s’occuper des destinées, pas l’affaire des simples mortels. Allaient-elles commettre une hérésie ?

- Ça doit être possible. Bon, si on récapitule, il faut utiliser le nom d’origine d’Elen pour le ramener à son vrai destin, celui choisit par Luwö, après s’être débarrassé de la malédiction d’origine. Le Rafraîchissement peut se charger du second point... C’est bien ça ?

- Oui je pense... Isa n’arrivait pourtant pas à en être certaine et cela la glaçait d’angoisse. Je te laisse modifier le sort pour qu’il puisse jouer son rôle sur Elen. Et j’intégrerai un schéma de la magie Olympienne qui créera une faille. A ce moment-là le maléfice devrait être assez affaibli pour que le nom véritable puisse retrouver sa destinée. Je vais chercher des phrases rituelles où l’on appelle la bienveillance du Totem. Je ne sais pas si notre contre sort sera assez puissant pour détruire le maléfice mais une fois débarrassé de ses chaînes principales, je suis sûre que l’esprit d’Elen pourra combattre le reste lui-même.

- Ça devrait marcher, je pense. Fit-elle avec un sourire pour Isa.

Elle sentait que ça ne rassurait pas vraiment l’Olympienne, ce qu’elles allaient faire mais elle non plus n’était pas à l’aise dans ce genre d’exercice. Pourtant, quelque chose lui disait qu’elles étaient sur la bonne voie. Elle prit de nouveau quelques fruits dans le panier.

- La puissance du contre sort, je ne sais pas si c’est réellement important. Si on arrive a créer une faille, ça devrait suffire, en théorie. Enfin bon, ne t’inquiète pas, je suis sûre qu’on va y arriver !

Elles travaillèrent encore un long moment pour mettre leur plan en forme. Puis elles mémorisèrent très précisément toutes les étapes et les incantations nécessaires. Comme il y aurait sûrement plusieurs témoins, Isa choisit de traduire l’appel à Luwö en Loup Ancien, pour y dissimuler le nom de naissance d’Elen.

Ensuite il ne resta plus qu’à convaincre Rôde...



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Rôde-la-Nuit  le 17/04/2012 à 11:40

Aileen quitta la bibliothèque et se mit à la recherche du Grand Pontife, pas vraiment à son aise dans ces lieux qui lui semblaient autrefois si accueillants. Elle réfléchissait tout en parcourant les couloirs de la forteresse des Loups... Par où commencer ? Tenter de voir si il était encore dans sa chambre ne lui semblait pas une mauvaise idée, aussi prit-elle la direction des quartiers des invités. Si elle ne l’y trouvait pas, elle chercherait du côté de la salle commune, peut être même les cuisines ?

Rôde avait obtenu pas mal d’informations lors de la filature de son amie. Hélas certains détails lui échappaient encore mais sans doute allait-il en savoir plus lorsque Aileen finirait pas le retrouver, mais pour cela il fallait que leur chemin se croisent.

Le Grand Pontife quitta donc à regret son poste d’observation, laissant Isa seule. Que se passerait-il si le Chaman s’apercevait de la manigance de celle qu’il aimait ? Lui ferait-il du mal ? Sûrement vu qu’il n’était plus maître de ses actes.

- Sois prudente… Petite sotte ! Murmura Rôde avant de sortir discrètement de la bibliothèque par l’étage du dessus.
Il fallait maintenant anticiper les réactions d’Aileen, sans doute le chercherait-elle dans chambre.

La Cerf frappa timidement à la porte des quartiers de l’Olympien, écoutant le silence en quête d’un indice éventuel de sa présence.

- Mmmoui ! Répondit froidement l’Olympien.
- Euh, je... Rôde ? Je peux te parler, s’il te plaît ? Fit Aileen, timidement.
- Entre ! Il était assis sur son lit et caressait lentement son furet.

Elle s’exécuta et entra, soulagée de le trouver si vite. Et si elle pouvait lui parler ici-même, ils seraient aussi à l’abri d’éventuels espions.

-J’espère que je ne te dérange pas...
- Que me vaut ta visite ?! Rôde éluda volontairement la question, il ne voulais ni rassurer, ni angoisser son interlocutrice.
- Hé bien... C’est assez compliqué et pas facile à dire. Je... On a besoin de ton aide. Elen ne va pas très bien. En fait, avec Isa, on pense qu’il a été maudit, et on a besoin de ton aide pour rompre la malédiction, sinon... Sinon il va... Il veut déclencher une guerre ! Il veut annexer les autres clans, le mien y compris... Et c’est à cause de la malédiction. Il faut qu’on l’en empêche ! Je sais que ça ne te concerne pas directement, mais on a vraiment besoin d’aide, Elen a tout son clan pour le soutenir, nous, nous ne sommes que deux pour l’instant... A mesure qu’elle expliquait la situation à Rôde, sa voix se faisait plus pressante, comme si elle était sur le point de céder à la peur que les plans d’Elen lui inspiraient. C’est vraiment important. Il ne reconnaît même plus ses amis... Hier, il a essayé de tuer Evonis... Juste parce qu’il a osé se montrer en désaccord avec ses plans de conquête !

Faire de nouveau référence à ces évènements ne faisait que l'inquiéter encore plus, mais ce n’était là que la vérité et Rôde devait comprendre à quel point Elen pouvait être dangereux sous l’emprise de cette malédiction.

Rôde feignit de tout ignorer et haussa un sourcil interrogateur :

- Oui… Et ?! Je vous signale au passage que je suis Olympien, comme vous venez de le dire, cela ne me concerne pas ! Intervenir dans une guerre de clans pourrait avoir d’énormes conséquences qui pourraient entacher la Cité Blanche.
Je ne suis pas comme… Elle ! Je n’ai rien qui me retient ici au point de négliger mes impératifs.

De plus je ne connais pas votre Ennemie, ni la raison qui la pousse à vouloir désunir vos peuples… Et puis qu’attendez vous de moi au juste, que je sermonne Elen, que je le désenvoûte ?!... Désolé mais nous n’avons plus de magistères de dissipation en stock.


L’Olympien espérait qu’Aileen dévoile l’intégralité de ses plans… Il lui manquait certains détails qu’il n’avait pas pu entendre.

- Non, c’est pas ça... Elle s’adossa à la porte en soupirant. Comment lui faire comprendre ? Il s’agit d’empêcher une guerre, justement ! L’Ennemie est renforcée par les conflits et les guerres, elle s’est servie d’Elen, et maintenant qu’il est hors de sa portée elle continue de l’influencer pour ses projets grâce à d’autres pions. Avec Isa on a travaillé sur un contre sort pour rompre la malédiction mais on a besoin de ton aide pour maîtriser Elen. C’est tout, juste ça... Le reste, on a tout préparé avec Isa... Mais on a vraiment besoin d’aide. Je sais que ça peut être dangereux, que ça soit pour toi ou même pour nous mais une guerre, ça serait tellement...

Sa voix mourut alors qu’elle baissait les yeux, terrifiée par la perspective de l’avenir sanglant qu’Elen comptait mettre en place. Non, pas Elen... Celui qui prétendait être Elen...

- Vous voulez que je vous aide mais à quel titre, quelle conséquence néfaste cela pourrait-il avoir sur Lardanium pour que je puisse vous apporter mon soutien ?! C’est dur à dire, mais notre entente est uniquement motivée par le respect du traité. Que vous vous affaiblissiez en vous affrontant dans une guerre de Clans ne fait pas partie de ce traité et pire encore, cela fait le jeu des Impériaux.

Jusqu’ici le Grand Pontife avait pu agir en toute discrétion, les Luneux étaient si occupés à se méfier les uns des autres que personne ne se souciait de sa présence. Il faut dire qu’il n’avait pris aucun parti dans cette histoire et s’était tenu éloigné des Forestiers. Si jamais les complices d’Elen s’apercevaient du complot contre le Chaman, sa seule chance d’aider Isa disparaîtrait à tout jamais.

- Vous feriez mieux de partir !
- … Oui sûrement. Désolée pour tout ça...

Elle fit volte face et sortit de la chambre sans un mot de plus, l’estomac noué par l’angoisse qui la reprenait. Elle avait échoué à le convaincre, et elle allait désormais devoir se débrouiller seule, avec Isa... C’était faisable mais... Bien plus difficile. Elle se remit en route vers la bibliothèque, espérant qu’Isa lui pardonnerait d’avoir échoué à rallier Rôde à leur cause.

Isa avait profité de ce délai pour tout ranger. Un seul tome en Loup Ancien se trouvait encore sous ses yeux, donnant le change tandis qu’elle attendait Aileen avec impatience.



Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force

el Par Aileen  le 17/04/2012 à 20:07

- Il a refusé, Isa... Dit-elle simplement en revenant, l’air lasse, dépitée. Je suis désolée... Il va falloir qu’on se débrouille autrement...

- Je vois... Je m’en doutais un peu, après notre conversation d’hier. Ne t’en fais pas, j’ai quelques alliés dans la Tanière. On va s’arranger avec eux, ça va aller.

Elle n’était pas certaine qu’une fois au pied du mur les Loups qui avaient surveillé l’ambiance de la Forteresse iraient jusqu’à lever la main sur leur Chaman. Même pour son bien. Mais c’était tout ce qui leur restait comme solution...

Aileen hocha la tête.

- J’espère. De toute façon, on n’a pas le choix. Il faut qu’on le fasse. Fit-elle avec un pauvre sourire...

Une petite silhouette pénétra dans la bibliothèque :

- Je sais que vous voulez immobiliser Elen… Ne craignez rien, nous nous en chargerons en temps voulu !

- Tizi ?! S’étonna Aileen en reconnaissant la lutine. Mais comment... Comment tu sais ça ?

La lutine esquissa un petit sourire :

- Le plus important n’est pas de savoir comment, mais que ça soit fait… En attendant…

Tizi posa son doigt sur ses lèvres et leur fit un petit clin d’œil puis sortit aussi vite qu’elle était venue afin de ne pas attirer l’attention sur le petit groupe.

- Je me demande bien ce qu’elle a pu faire... Fit Aileen en se tournant vers Isa. On peut lui faire confiance, tu crois ?

Isa ouvrit la bouche pour dire quelque chose puis la referma, sceptique. Si Tizi prenait tout cela pour un jeu les deux jeunes femmes, elles, ne pouvaient rien laisser au hasard.

- Dans l’absolu je dirais que oui... Elle a peut-être convaincu Rôde. Mais si l’on ne peut pas se mettre d’accord avec précision sur la méthode, j’aime autant ne pas compter dessus. On ne peut pas se baser sur de simples suppositions. On n’aura droit qu’à un essai, s’il rate ce sera désastreux. Et le fait est que trop de gens commencent à être au courant. Va savoir si certains des nouveaux fanatiques ne vont pas avoir vent de ce qu’on prévoit... On ne peut pas atermoyer plus longtemps. Pendant que tu étais partie, j’ai un peu réfléchi au meilleur endroit et je crois que c’est ici.

Elle énuméra ensuite les autres possibilités pour voir si Aileen émettait un avis différent.

- A l’extérieur, il faudra s’éloigner de la clairière et Elen a peu de chance d’accepter sans escorte désormais. Dedans, on ne peut pas faire ça dans des salles de passage, comme les cuisines ou le réfectoire. Le quartier des invités est truffé de gardes, nos amis vont attirer l’attention à s’y regrouper sans véritable raison. Reste les quartiers des Loups mais cela ferait beaucoup de monde qui pourrait rappliquer si jamais Elen donnait l’alerte. Les bains : il aime profiter des bassins et viendrait sans difficulté majeure, nos amis pourraient s’y dissimuler avec toute la brume qu’il y a. Mais cela reste un endroit dangereux en cas de bagarre. Bref, je ne vois qu’ici... Les Loups pourront y venir un par un sans qu’on trouve cela étrange et se cacher près des accès. J’y mène Elen, ils verrouillent tout discrètement et puis... Elle passa sous silence l'agression du Chaman, se contentant de se mordiller les lèvres pour exprimer son malaise avant de terminer : On lance le contre sort, toi et moi. Qu’en penses-tu ?

- Ca me va. De toute façon, je ne vois pas comment on pourrait faire d’autre !

Le plan était enfin prêt alors ? Rien que d’y penser, Aileen sentait déjà l’angoisse lui retourner l’estomac... Et si ça échouait ? Non, ça marcherait, ça devait marcher ! Tenta-t-elle de se persuader...

- Bon... Je vais chercher nos amis. Trouve-toi une cachette en attendant, on ne sait jamais...

- Ouais. Tu as raison.

La Cerf s’exécuta aussitôt, se trouvant un recoin sombre dans lequel se cacher tout en essayant de garder le maximum de visibilité sur l’extérieur. “Voir sans être vu”, en somme. Sans doute qu’Isa mettrait plusieurs heures à revenir avec Elen et ses complices, mais au moins avait-elle le temps de se préparer mentalement à ce qui allait se passer. Et peut être même se reposer un peu après sa nuit blanche. Il lui faudrait bien ça... L’ennui c’est que l’attente favorisait aussi l’imagination et elle ne tarda pas à voir son esprit divaguer en tout sens, créant tout les scénarios possibles, et surtout les pires... Elle songea à Evonis, espérant qu’il aille bien...

Isa quitta la bibliothèque, fit le tour de la Forteresse et alla jusqu’à la clairière. Les Titans avaient passé tour à tour leur zénith lorsqu’elle eut prévenu de leur plan la dizaine de Loups de confiance que les sauveteurs d’Evonis avaient trouvés. Les deux plus fiables furent choisis pour maîtriser Elen. Elle ne voulait pas prendre le risque qu’ils s’énervent et donnent un mauvais coup à leur Chaman dans la précipitation. Quatre autres s’assureraient de fermer les issues et devraient amener de quoi bloquer les portes. Trois prépareraient une diversion dans un autre endroit de la Tanière, si jamais quelque chose compromettait le plan au tout dernier moment. Et le dernier serait chargé de les prévenir, en faisant un guet discret.

Lorsqu’ils furent tous mis au courant, ils se dirigèrent séparément à leur place. Isa se chargerait de faire venir Elen à la bibliothèque, s’il ne l’y rejoignait pas en rentrant.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Elen  le 17/04/2012 à 20:12

Le Chaman revint plus tôt qu’elles ne l’escomptaient, une petite troupe d’Elfes des Lunes à sa suite. Visiblement, il avait recruté du côté des indépendants et de tous ceux qui s’étaient éloignés du coeur de la Meute. Ils portaient leurs armes, comme toujours. La vie, seul en forêt, n’avait rien de tendre. Et ceux qui choisissaient de quitter la Tanière devaient lutter chaque jour pour leur croûte.

Il semblait épuisé. Il convia les Loups qu’il avait invité à se restaurer. Il s’entretint quelques instant avec certains gardes, qui se dirigèrent promptement vers les étages inférieurs. Il grignota ensuite un morceau, l’air de rien avant de partir à la recherche de sa bien aimée. La nuit et le début de sa journée l’avaient séparé bien trop longtemps d’elle, l’héroïne de toutes ses pensées. Telle qu’il la connaissait, elle devait être entrain d’étudier des ouvrages dans la bibliothèque. Elle avait une telle soif de connaissance ! Et elle voulait tellement comprendre les Loups. Il aurait donné cher pour la débarrasser de son fardeau.

Arrivé aux étages inférieurs, il salua les six gardes qui flanquaient la porte. L’un d’entre eux la lui ouvrit et les trois des cinq autres l’aidèrent à les tenir, s’effaçant pour laisser le passage à Elen. Il s’avança d’un pas dans la pièce aux multiples livres, écoutant attentivement, cherchant à entendre le bruit caractéristique de pages tournées.

- Isa ! Je suis rentré ! Tu es là ?

Les “comploteurs” avaient à peine eu le temps de se cacher dans les travées de l’immense pièce qu’ils avaient entendu les gardes se placer à la porte principale.

”Déjà ?!” S’étonna Aileen, toujours silencieuse, dans l’ombre. Elle espérait qu’Isa avait eu le temps de tout mettre en place... Sinon elles allaient devoir improviser. Cette fois ça y était. Elle bougea un peu, discrètement, adoptant une position plus pratique s’il lui fallait bondir de sa cachette d’un seul coup...

- Elen, tu étais encore en vadrouille ? Je t’ai cherché partout ! Fit-elle alors qu’elle allait juste se réinstaller à sa table.

Elle fit deux ou trois pas dans la direction du Loup et lui tendit la main, l’invitant à la rejoindre. Cela l’éloignerait d’autant de la porte d’entrée... Son coeur se mit à cogner dans sa poitrine.

- Grands Dieux, s’exclama-t-elle quand elle le vit de plus près. Promets-moi de passer une vraie nuit à dormir, tu as une mine à faire peur.
- Ne t’inquiète pas... Bientôt nous pourrons dormir sur nos deux oreilles... Mais avant toutes choses... Il claqua des doigts, et les six gardes pénétrèrent dans la bibliothèque, le précédant. Aileen ! Je sais que tu n’es pas loin. Tes allées et venues ne sont pas passées inaperçue. Je ne sais pas ce que tu mijotes... Mais nous allons ensembles y mettre un terme...

La Cerf se mordit la lèvre, retenant un juron. Elle aurait du se douter qu’il avait des espions au sein de la Tanière ! Quelle idiote... Que faire maintenant ?
Autant jouer le jeu. Il ne semblait pas soupçonner Isa, peut-être qu’elle pourrait sauver la situation.... Elle fit un pas en avant, sortant de la pénombre protectrice, affichant l’air le plus déterminé possible.

- Je suis là. Fit elle simplement, pour dissimuler le fait qu’elle était terrifiée.
- Aileen est venue me voir ce matin, broda instantanément Isa. Pour savoir si le dialogue était encore possible entre Intendants et Chaman des différents clans. Tu lui as fait vraiment peur hier. Et comme on s’entend plutôt bien...
- Elle tente de te pervertir, oui. Et je vais y mettre un terme...
- Que tu dis, Elen !

Le Chaman fit volte face, pâlissant devant le vivant censé être mort qui le dardait de son regard depuis la porte. Sa garde personnelle l’entoura, pour le protéger de la Cerf et de l’Ashka. Ils ne semblaient pas, ou très peu, se méfier de l’Olympienne. Leurs ordres probablement.
”Evonis !! Non !" Pourquoi était-il là ? C’était trop dangereux ! Et avec sa blessure ! Aileen pâlit à son tour, craignant que les évènements de la veille ne se reproduisent. Il devait simplement chercher les Corbeaux ! Pas prendre tant de risques !

- Elen ! Arrête avec ces histoires de perversion, tu connais Aileen ! La chose la plus pervertie qu’elle côtoie c’est... C’est un lapin !
- Je la connaissais... Mais ce traître l’a changée ! Avant, elle me respectait. Jamais elle n’aurai comploté contre moi, pour la sauvegarde d’un clan déjà perdu pour notre cause !
- Tu cherches des noises aux Corbeaux, Elen ? Eh bien les voilà !

Des Elfes vêtus de noirs atours, un peu comme Xeis, bardés de divers objets rituels entrèrent dans la bibliothèque à la suite de Evonis, tandis que le Chaman et sa garde reculaient vers Isa, visiblement dépassés par les évènements. Les Corbeaux, au nombre de quatre, à la peau nimbée de reflets bleus, ne laissaient aucun doute quant à leur niveau : ils étaient tous des Ashkas confirmés.

Il les avait trouvés ! Evonis les avait trouvés ! Aileen se sentit reprendre espoir en voyant les mages entrer. Elen et ses gardes étaient en infériorité numérique, leurs chances de victoire sur les “rebelles” s’amenuisaient de plus en plus.

A découvrir les mages elfes, Isa sentit sa peau la picoter de façon très désagréable, comme si son corps se souvenait bien mieux que son esprit du combat contre Xeis.

- Traître ! Tu amènes nos ennemis jusque chez nous ! Le Chaman cracha à terre de dédain. Soit ! Puisque tu as décidé de ton sort...

Elen dégaina son épée, et s’appuyant sur les épaules d’un de ses gardes, il fit un bond prodigieux dans la direction d’Evonis, son Saïka s’illuminant instantanément. Les Corbeaux, rompus aux combats en lieux confinés comme les sous-bois denses s’écartèrent, tandis que le choc de l’acier contre l’acier se fit entendre. Evonis avait paré sans difficulté ce coup prévisible.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 17/04/2012 à 20:18

- Elen ! Arrête ça !! cria Aileen, essayant de temporiser, en vain. Il n’y a pas d’autre traître que toi ici !

Pourquoi disait-elle ça ? Aucune idée. Peut être parce que le Elen qu’elle connaissait n’aurait jamais fait ça... Il s’était trahi lui-même, en quelque sorte mais ça n’était pas sa faute... C’était Elle, et la malédiction... Il fallait à tout prix annuler le sort et arrêter Elen avant qu’il fasse de nouveau du mal à Evonis !

-Evonis ! Il faut l’arrêter ! Il faut qu’on l’immobilise pour lancer le contre sort !

”Pourvu qu’il ne lui arrive rien...” Songea-t-elle, ne pouvant détacher son regard du combat qui venait de débuter, plus haut. ”A aucun des deux...” Même fou et maudit, même s’il l’avait menacée, Elen restait son ami. Jamais elle n’aurait souhaité qu’il lui arrive du mal...

A la stupeur générale, les gardes ne semblèrent pas oser bouger. En vérité, ils avaient immédiatement porté leurs mains à leurs oreilles, les Corbeaux ayant vaguement soufflé des syllabes grinçantes familières à Isa. Les inquiétantes lueurs de leur Finyë réunis illuminaient la pièce.

Le remue-ménage n’allait pas tarder à attirer d’autres problèmes, les couloirs répercutant facilement tous les bruits des combats. Isa cria aux Loups cachés dans la bibliothèque :

- Fermez tout !!

Le plus jeune des duellistes avait la vitesse et la précision pour lui, mais Evonis contrait habilement chacune des attaques de son Chaman, et sa force colossale lui donnait un avantage non négligeable lorsqu’il s’agissait de repousser les ardeurs de son adversaire.

- Ne lui faites pas de mal ! Supplia l’Olympienne, devinant qu’Evonis pourrait donner des coups d’une violence inouïe à son ami.

- C’est mou, Elen ! C’est mou tout ça ! Montre à Isa quel grand combattant tu es, pas cette chiffe molle qui me fait face ! Provoqua Evonis, conscient des enjeux et ayant entendu la supplique de Isa.

Aileen serra les dents, en le voyant fanfaronner de la sorte. Il n’avait pas le droit à l’erreur...

- Et que dis-tu de ça, pourceau des Enfers ? Lança Elen, son épée s’enflammant.

Evonis esquiva ce coup de justesse, ses vêtements déjà tâchés du sang de la veille noircissant là où la lame l’avait frôlé. Elen savait sans nul doute bien mieux percer les défenses de ses adversaires que lui, mais aveuglé qu’il était par sa rage, ses coups avaient largement perdu en précision. Cela ne l’empêchait pas de se montrer redoutable, à sa manière. En fait, Elen semblait bien plus doué pour utiliser son environnement à son avantage. Comme s’il avait les yeux partout.

Aileen baissa les yeux en voyant l’épée de feu d’Elen montrer sa puissance. Elle sentait son coeur cogner dans sa poitrine comme jamais. Elle serra les poings. Rien n’était encore joué... Evonis savait ce qu’il faisait... tout du moins elle l’espérait...

- J’en dis que c’est très idiot ! Tu vas mettre le feu à cet endroit...

- Nous verrons bien...

- Elen, tu n’est qu’un idiot ! Lâcha Aileen. Tu crois vraiment que tu peux gagner contre lui ? Tu n’es même pas digne d’être Chaman !

Elle avait plus ou moins compris le plan d’Evonis. Déstabiliser Elen pour le pousser à commettre une erreur... Alors elle jouait le jeu.

Dans sa folie, Elen ne se rendait pas compte que les précieux ouvrages qu’il avait tant chéris feraient un excellent combustible. Et Evonis, lui, savait quels trésors renfermaient les lieux. Il décida de reprendre l’avantage du combat, redoublant d’ardeur, acculant Elen contre un des murs de la pièce. Il para un coup, et frappa avec précision du plat de sa lame sur le poignet du Chaman. Cela délogea l’arme qui retomba plus loin, dans un bruit métallique.

- Abandonne, Elen... Tu ne l’emporteras pas... Pas cette fois... Fit Evonis, la pointe de son arme pointée vers la poitrine du Chaman. C’est fini...

- Tu crois ça ?

D’un geste vif comme l’éclair, Elen dévia l’arme de Evonis d’un coup de coude, puis d’une détente prodigieuse, il bondit à mi-hauteur de l’une des bibliothèques. Prenant appui sur l’étagère, il sauta au sommet du meuble d’en face. Il se tint là, debout, dominant la scène du regard. Il les voyait tous, les vils comploteurs : les Corbeaux, Evonis, Aileen, ces loups qui bloquaient les portes et ces gardes inutiles ! ”Tous des traîtres ! Tous ! Tous !” Et Isa... Pauvre Isa prise dans cette tourmente... Au milieu des conjurés ! Il échangea un bref regard avec son aimée. Il vit une peur intense dominer la jeune femme alors que ses yeux à elle observaient tour à tour tous les belligérants.

- Tu vas faire quoi, maintenant que t’es là-haut ? Fit Aileen, ne lâchant pas le Chaman du regard. Elle était terrifiée comme jamais elle ne l’avait été. Mais perché sur son étagère, il était presque hors d’atteinte, il fallait trouver un moyen de le faire descendre. Si elle pouvait l’attirer vers elle... Elle ne pourrait peut être pas le maîtriser, ou pas sans aide... Mais elle et Isa n’étaient plus seules désormais. Tu as perdu, tu devrais reconnaître ta défaite avant qu’il ne soit trop tard.

Elle jeta un coup d’oeil à Isa. Quitte à passer pour une traîtresse, autant le faire jusqu’au bout. Si il ne bougeait toujours pas, elle ferait semblant de menacer l’Olympienne. Si ça ne marchait pas non plus, alors rien ne fonctionnerait !

Les gardes d’Elen s’écroulèrent en un bruit sourd, inconscients. La lutte avait été des plus inégales ici. Les Corbeaux ne leur avaient laissé aucune chance sans pour autant chercher à les tuer.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Rôde-la-Nuit  le 25/04/2012 à 14:36

Rôde qui était posté juste à l’étage du dessus avait assisté a la scène, la situation dégénérait et les risques qu’un des acteurs soit blessé devenaient trop grands pour ne pas agir. Il aurait préféré une situation moins tendue pour prendre le Chaman par surprise mais il n’avait plus trop le choix.
L’Olympien enjamba le balcon pour atterrir sur une étagère qui surplombait Elen, puis bondit sur ce dernier : le Chaman n’était pas le seul à posséder des aptitudes de saut même s’il fallait reconnaître que celles du Grand Pontife étaient loin d’égaler celles de son opposant. Elen sursauta un bref instant, mais il n’eut pas le temps de réagir avant qu’il ne soit trop tard.
Une fois à son contact, l’Olympien le ceintura par la taille et se jeta dans le vide avec lui. Au sol Rôde tenta d’immobiliser le Chaman en le maintenant avec ses jambes tout en réalisant un clé de bras. La force suffisante de l’Olympien couplée au choc de la chute clouèrent Elen au sol.

Tandis que Elen reprenait peu à peu ses esprits, tentant de plus en plus fermement de se libérer des entraves du Grands Pontife, Evonis intervint à son tour et de ses bras puissant il assista l’Olympien.

- Lâchez-moi ! Traîtres à votre sang ! Traitres à votre rang ! Lâchez-moi ! Vous me le paierez ! Hurlait Elen à tout va, son aura méconnaissable, le visage déformé par une haine si pure qu’elle aurait pu cristalliser.

Isa en était restée sans voix. Comment étaient-ils arrivés à ne pas se rompre le cou avec une telle dégringolade, cela resterait un grand mystère. Et d’où sortait Rôde ?? Les espionnait-il depuis longtemps ? Elle ne tergiversa pas plus : le fait est qu’Elen était désormais coincé. Les Corbeaux, l’air visiblement étranger à la scène, comme s’ils n’avaient pas vécu le combat, se dirigèrent vers les portes, pour aider les fidèles de Isa à les maintenir closes.

- Aileen ! Commence !
- Je... Oui !

L’arrivée de Rôde l’avait au moins autant surprise que l’arrivée d’Elen... Mais cette fois, c’était une autrement bonne nouvelle. Lui et Evonis tenaient le Chaman, tout allait enfin se terminer.
La Cerf s’approcha d’Elen et tendit la main vers lui. Elle eut un geste de recul à ses cris, hésitante. Mais elle se reprit et posa sa main sur lui.

- Désolée, Elen...

Elle savait qu’il détestait la magie. Mais il le fallait, pourtant. Elle se concentra sur ce qu’elle avait à faire, lancer un simple sort d’Opalescencia. L’un des plus rudimentaires que les novices apprenaient très tôt. Mais cette fois il était modifié pour pouvoir être lancé sur autrui et dans le but de chasser une puissante malédiction. Malgré son peu de maîtrise magique, la difficulté relative de l’exercice ne devrait pas être insurmontable. Néanmoins, elle ne pouvait pas se départir de cette irrésistible peur d’échouer. Elle chassa ces pensées de son esprit et laissa faire la magie alors qu’elle incantait. En quelques secondes, les énergies purificatrices issues de la jeune Cerf se dirigèrent vers Elen, suivant le chemin tracé par son bras et sa main... Et ce fut terminé. Pour l’instant... Pas le temps de se demander si ça avait fonctionné...

- A toi, Isa !

La jeune femme avait suivi de près le processus et elle fut certaine qu’Aileen avait créé la première fissure dans la construction du maléfice. Il s’agissait maintenant de corrompre l’ensemble de l’architecture du sort et Isa conduisit son énergie magique à travers l’ouverture suivant les schémas tortueux de la magie olympienne, dans les méandres de l’oeuvre de Xeis. Elle s’infiltra profondément dans le sort et comme une eau peut briser la roche la plus dure simplement en gelant, elle disloqua la trame de la malédiction. Lorsque celle-ci fut suffisamment fragilisée, la jeune femme invoqua Luwö pour qu’il vienne au secours d’Elen. Dissimulé dans le phrasé rituel de l’Appel du Totem, le nom de naissance du Chaman ouvrit la voie à sa destinée véritable, celle que le Grand Loup Borgne avait choisie pour lui.

Presque instantanément, une force étrangère et puissante passa à travers le corps et l’âme de l’Olympienne, lui laissant une douce impression de chaleur paternelle. Cette puissance s’engouffra ensuite au travers de la brèche, guidée par les suppliques de l’Olympienne et par le nom de celui à qui elle devait porter secours. Elle s’insinua au plus profond du Chaman, le purgeant des derniers artefacts et bruits laissés après que la malédiction se fut effondrée comme un château de carte. Le Saïka de Elen brilla intensément, un bref instant. Tous les muscles de l’Elfe tétanisèrent. Puis un hurlement de douleur déchira le silence tendu qui avait suivi l’invocation, son esprit déchiré par les trop fortes contraintes qu’on lui imposait. Enfin, la lueur disparut, et le Chaman sombra dans l’immobilité la plus totale...

Aileen n’avait pas pu retenir un violent mouvement de recul, tombant à terre. Elle se redressa à demi. Était-ce le contre sort qui provoquait ça ? Est-ce qu’elles avaient fait une erreur ? Qu’est ce qu’il se passait ? La jeune Intendante n’y comprenait plus rien...

Evonis relâcha sa prise, peu rassuré. Il plaça sa main au dessus de la bouche de Elen, pour tenter de sentir son souffle. Puis il écouta la poitrine immobile de son guide, à la recherche d’une pulsation. Il se redressa, vaincu par l’appréhension, lançant un regard lourd de sens à l’Olympienne. Et s’ils avaient commis une erreur ?...

Rôde lâcha à son tour le Chaman, posa ses mains sur la poitrine de l’Elfe et se concentra pour savoir si son état était dû à sa chute. Mises à part quelques côtes fêlées qu’il profita pour soigner, l’état d’Elen ne semblait pas lié au domaine de la médecine.

Non, ce n’est pas possible ! Pas ça ! Isa crut que ses jambes allaient la lâcher. Pourtant elle rassembla ses forces et courut rejoindre le Loup à terre.

- Elen ! Réveille-toi ! Cria-t-elle en le secouant par les épaules.

Du sang poisseux gicla : il avait une mauvaise plaie au crâne que Rode n’avait pu voir jusqu’ici.

- Non !! Elle mit sa main sous la tête d’Elen, comme si cela pouvait arrêter l’hémorragie. D’une voix suppliante gorgée de sanglots, elle appela son ami au secours. Lui seul pourrait refermer cette plaie avant qu’il ne soit trop tard. Rôde...
- Elen... Lâcha la Cerf, d’une toute petite voix... Qu’est-ce qu’elles avaient fait ?

Rôde s’empressa d’intervenir, posant ses mains de chaque coté de la plaie il libéra un flux d’énergie bleutée qui enveloppa la blessure, le saignement diminua assez rapidement mais, si la cautérisation de la plaie avait été rapide, la guérison des cellules nerveuses prit plus de temps.
Le cerveau était quelque chose de compliqué pour les médecins, et les compétences de Rôde ne pouvaient soigner les séquelles éventuelles provoquées par des dommages mentaux… Était-il trop tard ?!
Le Grand Pontife s’adressa à son amie d’une voix grave :

- Isa… J’ai fait mon possible mais... Il faut que tu saches qu’il se peut qu’il ne se réveille pas !

L’Olympienne regarda Rôde, l’air sonnée. Elle hocha la tête et voulut le remercier mais aucun mot ne put sortir. Des larmes commencèrent à déborder de ses yeux. Elle s’assit à côté d’Elen et lui prit sa main au creux des siennes.



Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force

Par Google  

el Par Elen  le 25/04/2012 à 19:35

Evonis se redressa, désolé, cherchant un soutien dans le regard de Aileen, mais la jeune Elfe était sans doute aussi perdue que lui. Peut-être même plus... Finalement, ce fut un Corbeau qui intervint :

- Son esprit s’en est allé, temporairement. Tant que son corps demeure, il saura trouver le chemin du retour. Et il le fera rapidement. Vu la perturbation de son aura, son esprit aura déserté son corps, le temps que l’équilibre soit restauré... Regardez...

Le corps du Chaman tressaillit, tandis qu’il prenait une grande inspiration. Pourtant, ses yeux demeurèrent résolument clos.

- C’est une complication... Courante. Pas de quoi s’alarmer. Il va rester dans cet état quelques jours encore, probablement. Il ne dort pas. Mais il n’est pas éveillé. Ne forcez pas les choses. Laissez-lui le temps...

L’Ashka Corbeau regarda avec dédain les gardes à terre, avant de reporter partiellement son attention sur Evonis..

- Evonis... Nous avons restauré notre honneur bafoué par ce chien de Xeis. Mais n’oublie pas que tu nous dois une faveur. Nous saurons te le rappeler.
- Je sais, je sais... Laissez-moi d’abord remettre un peu d’ordre dans tout ça. Nous avons frôlé une nouvelle Démence...
- Fais ce que tu crois juste... Mais n’oublie pas...

Les Corbeaux s’éclipsèrent, sans plus un regard sur la scène, comme si tout cela n’avait aucune importance pour eux. Leur détachement, aussi complet fut-il, n’empêcha pas l’un d’entre eux de donner un discret coup de pied dans le corps gisant d’un garde inconscient...

- Ça... Y’a peu de chance que j’oublie... Lâcha-t-il, frissonnant.

Aileen les regarda partir, ne comprenant toujours pas la situation... Elen respirait ? Mais pourquoi il ne se réveillait pas ? Les paroles du Corbeau lui demeurèrent obscures. Son regard passait successivement de Rôde à Isa, puis à Elen et enfin Evonis... Une faveur ? Qu’est ce qu’il avait fait ? Elle avait l’impression d’avoir quelque chose ressemblant à une grosse boule coincée dans la gorge. Le brusque retour au calme, après les combats qui avaient eu lieu et la déferlante de magie lui laissaient une étrange impression. Comme si tout ce qu’elle voyait n’était pas réel. Et elle se sentait si lasse... Un sifflement aigu lui vrillait les tympans. Et Isa qui pleurait. Elle eut envie de faire de même, en la voyant...

Tizi tapota sur le front d’un garde allongé sur le sol.

- Toi mon grand tu vas avoir mal à la tête un petit moment !

Caressant la crosse de son arbalète, la lutine regarda Elen qui n’était pas en meilleure forme :

- Et bien... Il ne va pas fort !
- Tizi... Appela Aileen. - Merci...

Elle ignorait comment elle avait fait pour le convaincre de les aider mais Rôde était venu... Et le caractère bien trempé de la Lutine n’y était sûrement pas pour rien.

La lutine esquissa un large sourire

- Oh de rien Aileen, c’est normal ! Comment aurais-je pu refuser d’aider des amis... d’autant plus que l’ordre venait du Grand Pontife...
- Je dois dire que vous nous avez bien eu, tout les deux... Fit-elle en soupirant.

Elle jeta un coup d’oeil en direction d’Isa, toujours aux côtés d’Elen...

- Il faut... Il faut l’emmener... Il va avoir froid sinon...

Evonis hocha la tête, soulevant sans difficulté son Chaman. Les gardes commençaient à émerger, les coups de crosse de la Lutine aidant probablement... Evonis leur lança un regard courroucé.

- Vous, vous allez finir rétrogradés au rang d’Edoniel, c’est moi qui vous le dis ! Je me demande même si repasser l’épreuve de Iltarion ne vous mettrait pas un peu de plomb dans la cervelle...

Les gardes se recroquevillèrent, penauds. Si le colosse avait vaincu le Chaman, c’était donc la volonté de Luwö. Et eux avaient choisi le mauvais camp... Et ils connaissaient Evonis, il le leur ferait payer. Chèrement.

- Disparaissez, vermisseaux ! Fit-il, haussant le ton, tapant du pied par terre, achevant de les effrayer.

Ils quittèrent la pièce, aidant et transportant ceux qui ne pouvaient pas marcher, à une vitesse ahurissante pour des convalescents d’une série de sortilèges Opalescencia.

Isa se releva avec peine. Elle s’approcha de Rôde, passa ses bras autour de son cou et lui fit une bise sur la joue avant de suivre Evonis là où il emmenait Elen. L’Ashka consulta Isa du regard :

- Où veux-tu que je te le mette ? A l’infirmerie ? Dans sa chambre ? Dans la tienne ? Je suppose que tu voudras le veiller...
- Oui... Dans ma chambre s’il vous plaît, c’est confortable. Répondit-elle d’une voix éteinte.

Evonis vérifia par dessus son épaule que Aileen, le Grand Pontife et la Lutine étaient en sécurité dans la bibliothèque, puis il bomba volontairement le torse, prenant l’air le plus terrifiant qu’il pouvait se concevoir, celui que la plupart des Loups espéraient ne jamais voir. Et il se mit en route, gravissant un à un les étages, jusqu’aux chambres des invités. Sur leur passage, les Loups, alliés ou non du Chaman, s’écartaient avec respect. Il se campa devant celle d’Isa, attendant qu’elle lui ouvre.
La jeune femme poussa la porte et entra pour aller allumer une lampe.

- Isa, je vais aller distribuer quelques punitions ici et là... Si tu... Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites-moi appeler. Précisa Evonis, après avoir déposé le gisant sur le lit de l’Olympienne.
- D’accord... Merci Evonis. Je vous donnerai des nouvelles. Très vite j’espère.
- C’est à moi de vous remercier... Je vous dois la vie et le salut de mon clan... Prenez soin de lui. Termina-t-il, s’éclipsant en faisant craquer ses doigts : les claques allaient tomber, maintenant...

Isa suivit des yeux Evonis qui s’en allait. Elle se demanda quand ce mauvais rêve allait se terminer... Pas tout de suite apparemment. Son regard s’attarda ensuite sur Elen. Elle s’assit au bord du lit et voulut lui prendre la main... Elle découvrit les siennes pleines de son sang... Mécaniquement, elle se releva, alla se les laver en vidant un broc d’eau dans la petite bassine de son coin de toilette, ôta les chaussures d’Elen et son ceinturon. Elle n’osa pas le bouger davantage et vint se rasseoir, la main d’Elen sur ses genoux et son esprit toujours aussi cotonneux. La longue attente pouvait commencer...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 26/04/2012 à 13:37

Aileen n’avait pas encore quitté la bibliothèque, regardant la pièce se vider sans bouger. Elle s’était assise au sol, ramenant ses genoux près d’elle. Le sifflement désagréable avait bien diminué, déjà. Pour autant, elle ne se sentait pas mieux. Epuisée, encore un peu perdue, elle avait un mal de chien à trouver l’énergie de se relever. Elle finit par y arriver, manquant de tomber de nouveau. Elle fit quelques mal assurés vers Rôde...

- Je ne sais pas ce qui t’a fait revenir mais... Merci. Merci pour ton aide. On n’aurait peut-être pas réussi sans ton intervention... Elle soupira longuement. ”Et sans ton intervention, certains d’entre nous seraient peut-être morts à l’heure qu’il est...”

L’Olympien, la main gauche sous son flanc droit, faisait rouler son épaule endolorie. Il s’arrêta à l’approche d’Aileen.

- Oh vous savez, je ne suis jamais vraiment parti ! J’ai préféré garder de la distance pour pouvoir agir en tout liberté… Désolé d’avoir joué cette comédie tout à l’heure. En tous cas Elen vous doit une fière chandelle !

- On n’aurait pas réussi sans toi, même si ce que tu as dit n’était pas forcément facile à entendre, sur le moment. Ça va aller, ton épaule ? Demanda-t-elle, notant le geste du Pontife. Vous avez fait une sacrée chute, quand même, toi et Elen...

- Oh, ça ira mieux dans quelques jours, et puis je suis un habitué des chutes. Généralement ça ne se termine pas aussi bien, Hadès en est témoin, donc je ne vais pas me plaindre !

Aileen, se passa une main fébrile dans les cheveux. Elle était tellement fatiguée... L’après-midi venait à peine de commencer pourtant elle avait l’impression de ne pas s’être reposée pendant plusieurs nuits. Elle ne voulait plus qu’une chose, dormir... Et être aux côtés d’Evonis, sentir la présence rassurante du Loup à ses côtés et oublier ces deux terribles journées... Mais il devait avoir fort à faire pour remettre de l’ordre dans son clan en attendant qu’Elen se réveille. Elle attendrait pour lui dire combien il lui avait fait peur cette fois encore.

On entendant l’Ashka s’activer ci et là, sa voix puissante retentissant et résonnant dans toute la Tanière. Nul n’échappait longtemps à Evonis. Il traquait chacun des Loups pour les remettre sur ce qu’il appelait “le chemin qui évite les beignes”. Aileen put distinctement l’entendre rugir dans les quartiers des Loups :

- Moi ? Mort ? Sacrebleu ! Certainement pas ! Par contre vous allez me réparer toute cette pagaille que vous avez foutue sans quoi vous allez bien regretter ma prochaine visite parmi vous autres, les vivants !

Elle entendait parfois des rires tonitruants lorsque les plus jeunes, effrayés, s’égayaient en tous sens devant la fureur très exagérée de Evonis.

- Je veux revoir mon Chaman conquérant... Gnagnagna... Vous en avez d’autres des comme ça ? Bougonnait Evonis en rentrant dans la bibliothèque. Ça y est, Ailou, j’ai remis tous ces bougres d’emplâtre au travail. Ces fainéants pensaient qu’avec Elen dans les choux ils allaient se la couler douce ! Ahah ! Mais je suis là ! Evonis toujours veille ! Annonça-t-il, dans un état d’excitation nerveuse avancé, sans doute dû à la fois au combat et au “ménage” qu’il venait d’effectuer.

Elle ne put réprimer un sourire. Ça ne l’étonnait pas vraiment de le voir comme ça... Même s’il en faisait sans doute un peu trop. Elle s’approcha à pas timides de lui.

- Déjà terminé ? T’as fait vite... fit-elle, sur un ton qui se voulait plus guilleret qu’elle ne l’était vraiment...

- Oh bah... Ils écoutent celui qui crie le plus fort. Tu l’as bien vu... Tu aurais dû les voir courir ! Comme des petites oiseaux qu’on dérange dans un buisson.

Elle ne répondit pas, se contentant de se serrer contre lui.

- Idiot...

- Bourrique ? Ah non... Pas cette fois... Voulut-il plaisanter.

Elle lui asséna un coup de poing dans les côtes.

- Plus jamais... Jamais tu me refais peur comme ça... Imbécile...

- Mais... C’est lui qui... Enfin il te... Balbutia-t-il, toute envie de fanfaronner soudain envolée. Bon... Bon... Je ferais de mon mieux... Mais je ne peux rien te...

- Plus jamais !! Répéta-t-elle, se serrant de toutes ses maigres forces contre lui.

- Promis... Abdiqua-t-il, incapable de dire non à une femme aussi persuasive et... Collée à lui.

Il l’entoura tendrement de ses bras, lui le loup colossal finalement soumis par une frêle Cerf aux yeux de biche. Quelle ironie de voir un prédateur tomber aussi bas ! Lui qui avant se trouvait si fort courbait l’échine devant ce merveilleux petit bout de femme qui lui offrait tellement de bonheur !

- Merci... Fit-elle à voix basse.

- Tu feras pareil, hein ?

Elle hocha la tête, sans répondre, fermant les yeux. Elle ne voyait pas à quel moment elle avait bien pu lui faire peur mais elle n’avait plus l’énergie de le questionner, quelque soit le sujet...

- Grand Pontife... Dame Tizi... Aileen se sent lasse. Je vais la conduire à son lit... J’irai ensuite en cuisine. Moi, les combats, ça me creuse. Surtout quand on vient de passer sa journée à chercher des gens qui ne veulent pas être trouvés... Je peux vous préparer un bon repas, si vous le voulez... Mais avant tout, je vous remercie pour votre aide. Sans vous, rien n’aurait été possible.

- Vous n’avez pas à nous remercier, nous avions chacun nos raisons…. Même si elle avait choisi de se détacher de Lardanium, Rôde ne pouvait pas laisser Isa risquer sa vie sans rien faire. … Et puis il fallait bien vous remercier pour votre hospitalité !... Mais si vous insistez un bon repas fera l’affaire.

Evonis souleva la Cerf, avec bien plus d’égards que pour Elen, la laissant se blottir contre son torse. Il la porta jusqu’à sa propre chambre, qu’ils partageaient depuis quelques temps par... Commodité. La Cerf ne se trouvait jamais loin de lui, et à portée de câlins, ainsi. Et la situation n’avait rien de déplaisant. Il la déposa sur le lit, lui retirant ses bottes et l’aidant à ôter le superflu d’étoffe qui couvrait chastement son corps, l’installa sous les couvertures et promit qu’il l’y rejoindrait bientôt. Mais avant toute chose, il avait un petit creux... Et besoin d’ingurgiter une nouvelle potion pour sa blessure, aussi...

Il rejoignit donc le Grand Pontife à la salle commune, après avoir demandé à des jeunes effrayés de préparer un plat pour le dignitaire Olympien, la Lutine et lui-même.

- Nous vous devons beaucoup... Il fut un temps, vous savez, où mon clan n’aspirait qu’à la paix avec les Olympiens. Un rêve brisé par Na’Helli, bien entendu. Nous avons tellement à apprendre les uns des autres... Bref, trinquons, cela fera du bien à votre épaule ! !



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Rôde-la-Nuit  le 26/04/2012 à 18:05

Evonis avait amené une corne d’hydromel chacun, Tizi comprise, ainsi que deux fioles, une pour le Grand Pontife et une pour lui, dont l’Olympien put aisément reconnaître le contenu : il s’agissait d’une potion, une de celles que l’on prenait pour soigner les blessures. Evonis se saisit de la sienne, bien décidé à en finir une bonne fois pour toute avec cette douleur dans le ventre, là où Elen l’avait pourfendu.

- Au Grand Pontife de Lardanium, puisse-t-il guider à jamais son Peuple avec la sagesse d’Apollon ! Fit Evonis, levant sa potion avant de la boire cul sec. Alors, mis à part ce regrettable incident, la Tanière vous est agréable ?

“Guider son peuple !” Evonis était loin de s’imaginer à quel point ses propos étaient ironiques. Son peuple s’était terré dans un profond mutisme, certains citoyens échappaient à son contrôle et il était incapable de retenir ses amis. En ajoutant à ça l’échec du traité ainsi que de la restauration des piliers, on pouvait dire sans conteste que son dernier mandat était un fiasco total.
Rôde qui avait levé son verre également, ne pu s’empêcher de lâcher un petit rire en repensant à cet échec politique.

- A la vôtre Evonis ! En espérant que ce drame consolide les liens qui unissent vos clans….

Portant son verre à ses lèvres l’Olympien esquissa un sourire avant de reprendre.

… Et à son impératrice qui me pendrait haut et court si elle venait à m’entendre !

Le Grand Pontife bu également son verre d’un trait et une fois ce dernier vide, Rôde s'installa plus confortablement dans sa chaise.

- Si la Tanière m’a été agréable ?! Ma foi vous avez là un beau petit coin de paradis ! Cela dit, il est assez étrange de côtoyer des personnes qu’on a affrontées dans le passé.
- Les ennemis d’aujourd’hui sont potentiellement les amis de demain. Sinon comment les alliances pourraient voir le jour ?
- Ce n’est pas faux… Sauf qu’une alliance ne se forme pas à la volonté d’une seul personne !Le regard de l’Olympien se posa sur son verre vide. Oh... j’allais oublier de vous remercier pour la boisson, il est quand même navrant pour un soigneur de devoir compter sur les autres pour se rétablir. D’ailleurs, à ce propos, si votre blessure vous fait toujours souffrir, je peux jeter un œil dessus.
- Oh... Non, non, ne vous en faites pas. Dame Isa a fait des merveilles. J’ai appris aussi, Grand Pontife, que la Juge ne répondait pas à vos attentes. Pour changer de ses habitudes... Est-ce que vous pensez que nous pourrions vous aider ?
- Vous parlez de l’affaire Totor concernant l’elfe Fëanaro Calaelen ?!
- Non, enfin, tout dépend. Je ne sais pas du tout ce qui vous a mené ici, à l’origine. Je sais juste que vous êtes un invité courtois, que vous êtes fidèle en amitié et que vous me donnez une impression de droiture. Bref. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous aider, je n’hésiterai pas.
- En fait, cela va faire un petit moment que je souhaitais visiter votre territoire, alors lorsqu’on ma proposé une petite visite je me suis dit pourquoi ne pas allier plaisir et travail. Dans tout les cas je vous remercie pour votre proposition, j’en prends bonne note.
- Vous savez, Grand Pontife, depuis le Seigneur Dakon, je n’avais plus eu l’occasion de rencontrer d’Olympiens dignes de confiance. Je veux dire que j’ai rarement pu côtoyer des Olympiens de Lardanium à cause de cette guerre. Et sans ce traité, vous voyez, je serais bêtement resté sur de mauvaises impressions, alors qu’il semble y avoir bien plus de gens d’honneur à Lardanium qu’à Kazad ou Na’Helli, si vous voyez ce que je veux dire...
- Vous savez, chaque cité comporte son lot de perturbateurs, escrocs, et meurtriers… Il est tout bonnement plus simple de généraliser ses ennemis en prenant exemple sur eux que de chercher les éléments les plus respectables. Ainsi donc il est facile de les combattre sans avoir à lutter contre sa conscience. Voyez-vous, si maintenant nous devions nous affronter, j’aurais énormément de scrupules, je pense même que je serais incapable de me battre contre certains d’entre vous.

Rôde repensait à ce qu’il avait dit à Isa : ”Comment pouvait-on affronter des personnes qui ont pendant longtemps été de votre coté.”

- C’est justement ce qui me laisse penser que le rapprochement de certains d’entre nous ne peut être une mauvaise chose, pour l’avenir.
- Peut-être ! Mais la politique d’une cité est loin d’être simple, et d’ici à ce que nos peuples s’entendent nous ne serons déjà plus de ce monde.
L’utopie est quelque de louable, mais ce ne reste qu’un rêve, et ceux qui poursuivent cette chimère sont souvent voués à un destin peu enviable.
Notre monde a déjà connu ce genre d’alliances, et ça n’a donné vie qu’à une cité maintenant en ruine, Sigdil, la cité des traîtres !
Tant qu’il y aura des esprits étriqués pour refuser le changement, les choses n’évolueront pas ou peu... Mais qui sait, peut-être un jour le monde que vous semblez entrevoir verra finalement le jour.

- Peut-être, peut-être pas... Mais en six cents ans d’existence, je n’ai jamais vu le monde changer aussi rapidement que ces cinquante dernières années. J’ai l’impression que nous sommes à une époque charnière, et que nos décisions respectives changeront la face de toute Olympia...
- Seul le temps nous le dira. Rôde manipula son verre vide d’un air songeur, peut-être avait-il raison, mais serra t-il toujours la pour le voir !



Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force

el Par Elen  le 26/04/2012 à 20:03

Elen savait Isa auprès de lui, présence apaisante et rassurante. Ces derniers jours, alors qu’il s’était senti la vulgaire marionnette d’un destin absurde, elle avait été un phare, sans cesse illuminé, qui l’avait empêché de se perdre totalement. Quels terribles actes il avait été forcé de faire ! Et Evonis... Pauvre Aileen. Il avait dû tellement l’effrayer. Mais étrangement, le clan, ses amis, tout cela le préoccupait bien peu, en comparaison de son aimée.

Il l’avait entendue pleurer, lui parler et l’appeler. Il avait senti ses mains, dans les siennes, sur son front, sur ses joues.. Et il avait cherché à lui répondre. De toutes ses forces. Il avait voulu lui crier que tout allait mieux. Mais tout son corps, gagné par l’immobilité, avait refusé de lui répondre. Aussi, il avait pensé. Pensé à elle, à eux, à tout ce qu’elle représentait. A la place qu’elle occupait dans sa vie, puis à celle qu’il lui réservait.

Tard dans la nuit, il sentit comme un picotement électrique dans son dos, le long de sa colonne vertébrale. Il parvint à remuer un orteil. Puis un doigt, dans la main de la jeune femme. Ses lèvres remuèrent, lentement. Puis dans un souffle, il parvint à articuler...

- I... sa...

Une étincelle vint ranimer le regard terne de la jeune femme. Les drogues la tenaient éveillée mais son esprit errait Zeus seul savait où. Pourtant les syllabes à peine murmurées furent pires qu’une décharge d’énergie.

- Elen ? Avait-elle bien entendu ? Parle-moi Elen, je suis là...

Elle passa sa main libre sur le front puis la joue du Loup. Qu’elle lui semblait douce, cette main amie... Douce et réconfortante...

- ...Je... ui... é...so...lé....
- Tu n’y es pour rien... Tout est réglé. Evonis veille au grain, en attendant que tu te remettes. Tu peux être fier de toi, tu nous as collé une sacrée trouille au dernier moment...

Elle essayait de sourire mais c’était encore difficile.

- I..sa..

Il serra les poings, luttant contre l’engourdissement de toutes ses forces. Toutes ces pensées qu’il avait eues pour elle, il devait les formuler. Il devait faire la synthèse de tout l’amour qu’il éprouvait pour elle. Elle ne l’avait pas seulement sauvé. Elle lui avait donné un avenir. Si Ereinlen était l’un des Titans, alors elle devait être l’autre. Il ferma les yeux, prit une grande inspiration, puis il se lança, d’une seule traite, sa voix libérée de toute entrave :

- Isa, acceptes-tu de devenir le soleil qui illuminera mes nuits, d'engendrer avec moi l'aurore sereine d'un jour nouveau et d'à jamais briller à mes côtés ?

Pendant de longues secondes elle ne put répondre, sa gorge trop nouée par l’émotion : elle ressentait toute la force de l’engagement qu’il lui demandait. Chaque parcelle de son corps et de son âme était prête à lui offrir. Se penchant doucement vers lui elle murmura :

- Je l’accepte, Elen. Et cela me comblera de bonheur. Ses lèvres vinrent déposer un tendre baiser sur celles du Loup. - Repose-toi maintenant. Je serai là à ton réveil.
- Merci... Merci d’être si... Parfaite...
- Allons bon, Rôde n’a pas dû bien soigner ton coup sur la tête !

Il lui adressa un demi sourire, le summum de ce que ses muscles engourdis parvinrent à lui offrir.

- Attends...

La jeune femme se leva et rabattit la couverture sur les jambes du Loup. Puis elle vint s’installer un peu plus confortablement, assise à côté de lui, comme il l’avait lui-même veillée alors qu’elle était empoisonnée. Il remua lentement, son corps encore assoupi, s’allongeant sur le côté. Il se glissa au plus près d’elle, enfouissant sa tête au creux de l’une de ses cuisses. Il sentit une main de la jeune femme se poser sur la sienne, non loin de son visage et l’autre sur sa nuque, en une caresse apaisante. Il ferma les yeux, une douce torpeur l’envahissant. A présent, tout irait bien...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes