Par Nil'nelia le 26/04/2012 à 15:11 Une main, ensanglantée, se posa sur l’arrête d’un rocher. Puis une autre, tout aussi lacérée. Plus de force dans les bras. Si proche du but et pourtant, si loin. Une tête dépassa du gouffre. Des cheveux noirs, secs et cassants. Ils étaient attachés par un simple bandeau. Des yeux mi-clos. Derrière de longs cils, des reflets turquoises et des larmes. Des lèvres craquelées par la sécheresse et la chaleur. L’elfe sortit enfin de ce gouffre. Elle s’allongea de tout son long, reprenant haleine. Elle n’avait presque plus d’eau. Elle devait continuer. Se redressant, elle tourna son regard vers le nord-est.
Na’helli, la forêt des Cendres, la tranquillité des sous-bois, le clapotis de l’eau… Toutes ces sensations lui semblèrent bien lointaines. Jamais plus elle ne poserait les yeux sur ces merveilles. Jamais plus elle ne retournerait là-bas. Bientôt elle serait enfin délivrée. Délivrée de cette vie qui s’était moquée d’elle. Délivrée de ce poids qui n’avait cessé de peser sur ses épaules depuis des saisons et peut-être même des années. Des regrets… elle en avait et plus que beaucoup n’en auraient jamais. Mais, sans ces moments de tristesse, jamais elle n’aurait vécu ces autres périodes de sa vie. Peut-être aurait-elle vécu des centaines d’années. Mais pour quoi ? Elle avait vécu, elle avait aimé, elle avait été brisée. Mais était-ce pire que ce qui l’aurait attendu en restant là-bas, dans son ancienne maison, à Na’Helli, à attendre que quelque chose perturbe sa vie ? Elle n’en était pas sûre.
Une ombre cacha les rayons du soleil, un bref instant. Bref, mais assez long pour qu’elle reprenne le fil de ses pensées. Na’Helli était loin, la Tanière était loin et Elen… Si loin et pourtant si présent. La simple évocation de son nom lui vrilla le cœur. Mais ce rêve aussi s’était bel et bien terminé. L’Ennemie avait peut-être été vaincue dans le monde des Rêves, mais dans le monde matériel, elle avait gagné. Elle avait détruit de nombreuses vies, causé la mort des plus grands.
Ma Reine… J’espérais un jour vous égaler… Mais il semblerait bien que même dans la mort, je ne sois pas aussi forte que vous.
Elle avait parlé à haute voix, seule. Car elle était seule, perdue dans ce désert de roches tranchantes, taillées par le souffle chaud du désert. Seule avec l’écho de sa voix, qui se répercutait contre les parois nues des gouffres alentours.
Une volée de sable lui brouilla la vue. De nouveau les larmes coulaient. Elle passa délicatement la langue sur ses lèvres gercées, récupérant quelques perles salées qui glissaient le long de ses joues. Les minutes s’égrenèrent. Son regard, perdu dans le vague se perdait vers le nord, vers Fernliae. La cité n’était plus rien. Cela avait été sa raison d’être pendant des années. Elle avait vibré pour elle. Bientôt, elle ne vibrerait plus. Ou plus de la même manière. Le sable crissa sur la roche lorsqu’elle se remit en marche. Devant elle, quelque part, dans les entrailles de la terre l’attendait sa fin. Ou un recommencement comme certains le croyaient.
Encore une journée de marche et elle y serait. Déjà, son esprit abandonnait son corps. La douleur, elle ne la ressentait plus qu’à travers un voile. Ses doigts pouvaient se couper, ses cuisses s’entailler sans qu’elle n’esquisse un geste.
Une nouvelle faille apparut devant ses pieds. Un nouvel obstacle dans sa vie. Attrapant son bandeau, elle noua une dernière fois ses cheveux, but une gorgée d’une eau brûlante et entama la descente. Dans son dos, un petit sac se balançait. A l’intérieur, seule une gourde, un livre et quelques plantes. Tout le nécessaire lorsqu’on n’envisage pas un retour.
Les étoiles clairsemèrent la voûte céleste. La douceur de la nuit transperça les vêtements de l’elfe. Un frisson la parcourut. Devant ses pieds, le trou béant l’appelait. C’était sa dernière nuit dans ce corps et elle n’avait plus peur. Un souffle chaud chatouilla les pointes des quelques cheveux récalcitrants qui s’étaient échappés du bandeau. Une nuit passa. Mais ce fut une vie entière qui défila devant ses yeux. Il était temps… Les premières lueurs de l’aube éteignirent les étoiles, une par une. Elle sourit en pensant qu’elle aussi s’éteindrait dans une douce lueur rouge orangée. Etait-elle une étoile ? Oui c’était bien possible.
Tout en descendant, elle fredonna la berceuse de son enfance.
Rien n’avait changé. L’eau, le feu, les roseaux. Mais il n’y avait plus aucune luciole enflammée. Plus de vie. Sortant son livre, elle lut à haute voix certains passages. Elle l’avait déniché dans la grande bibliothèque de la Tanière. C’était un traité sur les esprits et aujourd’hui, elle tentait de les joindre. Elle s’installa comme Elen le faisait lorsqu’il voulait entrer en transe et mis en application les quelques connaissances qu’elle avait. Son souffle ralentit. Le vide se fit dans sa tête.
« Elements, entendez mon appel, Vous qui vivez ici et un jour m’avez touché, aujourd’hui je viens pour vous remercier. La voie vous m’avez montré. Je viens vous rejoindre et ne faire qu’un avec le feu, pour l’éternité. Acceptez mon corps, mon cœur et mon savoir ou tuez-moi, ce sera plus doux que de vivre ici une éternité. »
Autour d’elle, elle avait disposé des plantes hallucinogènes. Sans ouvrir les yeux, sans prononcer un mot, elle les embrasa. Les vapeurs l’enveloppèrent. Des flammes l’entourèrent. Des flashs, des flashs de sa vie passée défilèrent, plus réels que jamais. Puis une immense silhouette apparut. La forme était indistinguable mais elle savait qui c’était. Lodge Pyros. Dans sa pseudo transe, elle se vit léviter, tournoyer. Sa peau s’éclaira en de multiples endroits, comme l’auraient fait des Saïka répartis sur l’ensemble de son corps. Les motifs lumineux ne cessaient de bouger jusqu’à former une flamme dansante.
Elle ouvrit les yeux. Etait-elle toujours en transe ? Etait-elle dans le monde matériel ? Elle n’en savait rien et, à vrai dire, cela l’importait bien peu. Sa peau luisait, comme elle avait lui lorsqu’elle avait tenté d’entrer en contact avec l’élémentaire de feu, le maître des lieux. Elle fut sur pieds sans s’en rendre compte. Ses vêtements avaient disparu, brûlés sûrement. Totalement nue, ses pas la portèrent vers la seule autre source de lumière en ces lieux, le lac de Lave. Lorsqu’elle posa un pied sur la roche brûlante, des gerbes de flammes jaillirent et l’enveloppèrent. Mais sans l’arrêter. Puis, dans un ultime effort, elle lévita au-dessus du torrent rougeoyant. Malgré la chaleur, les larmes coulaient à flot. Elle n’avait qu’un regret, qu’un seul. Posant ses mains sur son ventre, délicatement, elle prononça ses derniers mots :
Adieu.
Dans les cieux, une nouvelle étoile s’éteignait. Dans les profondeurs, la lumière disparut.
FIN
-----
Parce que tout doit avoir une fin, parce que certaines fois, il vaut mieux finir avant de ne plus pouvoir le faire correctement, parce que j'ai passé de très bons moments durant toutes ces années, parce que c'est pour moi la FIN de cette histoire.
Je remercie toutes les personnes qui ont participé à l'élaboration de ce jeu,
Je remercie tous mes compagnons de récits, de combats,
Je remercie plus particulièrement les Sylphes de cette partie,
Je remercie des géants de la partie d'avant
Je remercie mon ancien mentor qui m'a montré ce qu'était le Jeu de Rôle
Je remercie l'époux de ma petite Nil, même s'il l'a plaqué, parce qu'il en a du courage pour faire tourner tout ce qu'il a fait tourner.
Je... Non sérieusement, on s'en fout un peu ! Go on and Have Fun !
Na’helli, la forêt des Cendres, la tranquillité des sous-bois, le clapotis de l’eau… Toutes ces sensations lui semblèrent bien lointaines. Jamais plus elle ne poserait les yeux sur ces merveilles. Jamais plus elle ne retournerait là-bas. Bientôt elle serait enfin délivrée. Délivrée de cette vie qui s’était moquée d’elle. Délivrée de ce poids qui n’avait cessé de peser sur ses épaules depuis des saisons et peut-être même des années. Des regrets… elle en avait et plus que beaucoup n’en auraient jamais. Mais, sans ces moments de tristesse, jamais elle n’aurait vécu ces autres périodes de sa vie. Peut-être aurait-elle vécu des centaines d’années. Mais pour quoi ? Elle avait vécu, elle avait aimé, elle avait été brisée. Mais était-ce pire que ce qui l’aurait attendu en restant là-bas, dans son ancienne maison, à Na’Helli, à attendre que quelque chose perturbe sa vie ? Elle n’en était pas sûre.
Une ombre cacha les rayons du soleil, un bref instant. Bref, mais assez long pour qu’elle reprenne le fil de ses pensées. Na’Helli était loin, la Tanière était loin et Elen… Si loin et pourtant si présent. La simple évocation de son nom lui vrilla le cœur. Mais ce rêve aussi s’était bel et bien terminé. L’Ennemie avait peut-être été vaincue dans le monde des Rêves, mais dans le monde matériel, elle avait gagné. Elle avait détruit de nombreuses vies, causé la mort des plus grands.
Ma Reine… J’espérais un jour vous égaler… Mais il semblerait bien que même dans la mort, je ne sois pas aussi forte que vous.
Elle avait parlé à haute voix, seule. Car elle était seule, perdue dans ce désert de roches tranchantes, taillées par le souffle chaud du désert. Seule avec l’écho de sa voix, qui se répercutait contre les parois nues des gouffres alentours.
Une volée de sable lui brouilla la vue. De nouveau les larmes coulaient. Elle passa délicatement la langue sur ses lèvres gercées, récupérant quelques perles salées qui glissaient le long de ses joues. Les minutes s’égrenèrent. Son regard, perdu dans le vague se perdait vers le nord, vers Fernliae. La cité n’était plus rien. Cela avait été sa raison d’être pendant des années. Elle avait vibré pour elle. Bientôt, elle ne vibrerait plus. Ou plus de la même manière. Le sable crissa sur la roche lorsqu’elle se remit en marche. Devant elle, quelque part, dans les entrailles de la terre l’attendait sa fin. Ou un recommencement comme certains le croyaient.
Encore une journée de marche et elle y serait. Déjà, son esprit abandonnait son corps. La douleur, elle ne la ressentait plus qu’à travers un voile. Ses doigts pouvaient se couper, ses cuisses s’entailler sans qu’elle n’esquisse un geste.
Une nouvelle faille apparut devant ses pieds. Un nouvel obstacle dans sa vie. Attrapant son bandeau, elle noua une dernière fois ses cheveux, but une gorgée d’une eau brûlante et entama la descente. Dans son dos, un petit sac se balançait. A l’intérieur, seule une gourde, un livre et quelques plantes. Tout le nécessaire lorsqu’on n’envisage pas un retour.
Les étoiles clairsemèrent la voûte céleste. La douceur de la nuit transperça les vêtements de l’elfe. Un frisson la parcourut. Devant ses pieds, le trou béant l’appelait. C’était sa dernière nuit dans ce corps et elle n’avait plus peur. Un souffle chaud chatouilla les pointes des quelques cheveux récalcitrants qui s’étaient échappés du bandeau. Une nuit passa. Mais ce fut une vie entière qui défila devant ses yeux. Il était temps… Les premières lueurs de l’aube éteignirent les étoiles, une par une. Elle sourit en pensant qu’elle aussi s’éteindrait dans une douce lueur rouge orangée. Etait-elle une étoile ? Oui c’était bien possible.
Tout en descendant, elle fredonna la berceuse de son enfance.
Rien n’avait changé. L’eau, le feu, les roseaux. Mais il n’y avait plus aucune luciole enflammée. Plus de vie. Sortant son livre, elle lut à haute voix certains passages. Elle l’avait déniché dans la grande bibliothèque de la Tanière. C’était un traité sur les esprits et aujourd’hui, elle tentait de les joindre. Elle s’installa comme Elen le faisait lorsqu’il voulait entrer en transe et mis en application les quelques connaissances qu’elle avait. Son souffle ralentit. Le vide se fit dans sa tête.
« Elements, entendez mon appel, Vous qui vivez ici et un jour m’avez touché, aujourd’hui je viens pour vous remercier. La voie vous m’avez montré. Je viens vous rejoindre et ne faire qu’un avec le feu, pour l’éternité. Acceptez mon corps, mon cœur et mon savoir ou tuez-moi, ce sera plus doux que de vivre ici une éternité. »
Autour d’elle, elle avait disposé des plantes hallucinogènes. Sans ouvrir les yeux, sans prononcer un mot, elle les embrasa. Les vapeurs l’enveloppèrent. Des flammes l’entourèrent. Des flashs, des flashs de sa vie passée défilèrent, plus réels que jamais. Puis une immense silhouette apparut. La forme était indistinguable mais elle savait qui c’était. Lodge Pyros. Dans sa pseudo transe, elle se vit léviter, tournoyer. Sa peau s’éclaira en de multiples endroits, comme l’auraient fait des Saïka répartis sur l’ensemble de son corps. Les motifs lumineux ne cessaient de bouger jusqu’à former une flamme dansante.
Elle ouvrit les yeux. Etait-elle toujours en transe ? Etait-elle dans le monde matériel ? Elle n’en savait rien et, à vrai dire, cela l’importait bien peu. Sa peau luisait, comme elle avait lui lorsqu’elle avait tenté d’entrer en contact avec l’élémentaire de feu, le maître des lieux. Elle fut sur pieds sans s’en rendre compte. Ses vêtements avaient disparu, brûlés sûrement. Totalement nue, ses pas la portèrent vers la seule autre source de lumière en ces lieux, le lac de Lave. Lorsqu’elle posa un pied sur la roche brûlante, des gerbes de flammes jaillirent et l’enveloppèrent. Mais sans l’arrêter. Puis, dans un ultime effort, elle lévita au-dessus du torrent rougeoyant. Malgré la chaleur, les larmes coulaient à flot. Elle n’avait qu’un regret, qu’un seul. Posant ses mains sur son ventre, délicatement, elle prononça ses derniers mots :
Adieu.
Dans les cieux, une nouvelle étoile s’éteignait. Dans les profondeurs, la lumière disparut.
FIN
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Parce que tout doit avoir une fin, parce que certaines fois, il vaut mieux finir avant de ne plus pouvoir le faire correctement, parce que j'ai passé de très bons moments durant toutes ces années, parce que c'est pour moi la FIN de cette histoire.
Je remercie toutes les personnes qui ont participé à l'élaboration de ce jeu,
Je remercie tous mes compagnons de récits, de combats,
Je remercie plus particulièrement les Sylphes de cette partie,
Je remercie des géants de la partie d'avant
Je remercie mon ancien mentor qui m'a montré ce qu'était le Jeu de Rôle
Je remercie l'époux de ma petite Nil, même s'il l'a plaqué, parce qu'il en a du courage pour faire tourner tout ce qu'il a fait tourner.
Je... Non sérieusement, on s'en fout un peu ! Go on and Have Fun !
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