Re-Incarnation | |
Topic visité 559 fois Dernière réponse le 05/05/2012 à 15:34 |
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HRP : Avec la participation d'Aileen, Elen, Rôde et Fulminor.
********** Quelque part, près du lac de l'Étoile. Les brumes avaient amené nombre de voyageurs de divers horizons et l’enquête à propos de cet étrange phénomène allait bientôt commencer. C’était sans compter sur un imprévu qui obligea Isa à revoir ses priorités... Elle alla trouver l’Intendante du Clan des Cerfs, dans le campement qui s’était monté autour du nouveau siège de guilde des Eclats. Elen s’était absenté avec un groupe de Bakanys auquel il dispensait son enseignement sur les transes et ne pouvait sur l’heure lui accorder les documents qui lui seraient nécessaires. - Aileen, Je suis navrée, je vais être obligée de m’absenter quelques jours, ma grand-mère tient absolument à venir pour... euh... pour discuter de certaines choses avec moi. Elen tient aussi à lui parler. Et je ne peux pas la laisser faire toute cette route seule. Aileen, est-ce que tu pourrais lui accorder un visa pour qu’elle puisse nous rejoindre s’il te plait ? J’aurais préféré te le demander plus tôt mais... Elle s’est décidée comme une furie, songea-t-elle... Comme ça. Isandre avait l’air plus que colère après le message que lui avait envoyé Isa. Il fallait s’attendre à de longues soirées d’orage dans les chaumières... - Ta grand mère... Ha oui ! Oui bien sûr, il n’y a pas de soucis ! Fit la Cerf, surprise aux premiers abords par la demande de l’Olympienne. Elle n’avait jamais rencontré cette dame et Isa n’en avait parlé que de rares fois en sa présence, aussi n’avait-elle pas compris tout de suite de qui elle parlait... - Dans combien de temps arrivera-t-elle ? Ajouta-t-elle en jetant un vague coup d’oeil aux personnes présente près du lac... ”Et certains nouveaux arrivant ne lui plaisaient pas vraiment”, songea-t-elle non sans amertume. - Merci beaucoup Aileen. Il ne nous faudra qu’une poignée de jours pour revenir. C’est que ma grand-mère a bon pas lorsqu’elle est décidée. Et hélas la vieille l’était largement pour deux. Isa espérait juste que les récriminations de son ailleule s’épandraient sitôt leur rencontre accomplie et qu’elle se montrerait à peu près agréable avec ses hôtes forestiers par la suite... [...] Isandre apparut avec un air si déterminé qu’on l’aurait cru capable de descendre jusqu’au Désert de Yaacov d’une seule traite. Malheureusement, elle s’arrêta près de la bâtisse nouvellement construite par les Eclats et, sans un regard pour Elen ou les autres Forestiers présents, toisa le Grand Pontife et Fulminor, de pied en cap : - Qui m’a donc donné de grands dadais pareils ! Aucun de vous n’est capable de charger une écervelée sur son épaule pour la ramener chez elle ? Il faut encore que je bouge mes vieux os jusqu’au bout du monde pour régler la chose ? Elle se fendit cependant d’une petite courbette devant le Prince et ses lombaires craquèrent comme du bois sec. - Votre Excellence, puis-je compter sur votre clairvoyance pour faire cesser cette farce ? A quel Dieu faut-il donc se vouer pour que ce genre d’ignominie ne se produise, je vous le demande ! Isa, en retrait, affichait son air éteint qui lui était de moins en moins connu depuis qu’elle fréquentait Elen. Cela faisait plusieurs jours qu’elle supportait l’ire de sa grand-mère, et, même si elle n’accumulait pas les rancoeurs de multiples disputes, chaque quotidien lui paraissait bien long. |
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Elen semblait préoccupé par le départ de Isa : sa fiancée était partie, sous escorte elfico-olympienne fournie par le Grand Pontife et les Loups, à la rencontre d’Isandre. Le simple fait de songer à la vieille Olympienne, ou plutôt incarnation ainsi qu’il l’avait identifiée, faisait naître en lui des sentiments confus, à mi chemin entre la terreur et la haine viscérale. La présence du Prince, ô combien irritante, ne pouvait le détourner de ses pensées.
”Pourvu que tout se passe bien... Pourvu que la vieille n’ait pas piégé Isa...” Songeait-il, faisant les cents pas. Lorsqu’il aperçut enfin sa future femme, il ne put s’empêcher de sourire. Mais la silhouette familière et voûtée de Isandre lui donna un léger élan de panique : un frisson lui parcourut le dos et il eut la certitude que son coeur avait manqué un battement. Pourquoi la vieille le paniquait-elle à ce point ? Quand Isandre s’adressa aux Olympiens, snobant royalement tous les Forestiers présents - lui compris, lui son ancien jouet, lui son esclave - il sentit comme un pincement dans sa gorge. Comme une vague envie de hurler. Et de placer ses mains en collier mortuaires autour de sa gorge fripée. Mais son regard se coula vers Isa, qui semblait aussi mal à l’aise qu’il était possible de l’être. Et il comprit : l’ennemie se trouvait là. Et il allait falloir l’amadouer. Rapidement. Et la petite idée qu’il avait à l’esprit aiderait probablement à la convaincre... Encore fallait-il qu’il puisse organiser une entrevue en privé avec elle. Loin des autres... Et même loin de Isa... Sa fiancée n’approuverait jamais... Le Grand Pontife ne répondit pas à Isandre. Il comprenait son agacement, mais qu’aurait-il pu faire ! Enfermer Isa sous bonne garde dans une des plus belles pièces du palais ?! Rôde était convaincu qu’aucune « cage » aussi dorée soit-elle ne réussirait à retenir Isa. A la moindre occasion elle serait retournée auprès d’Elen. La vielle ne souhaitait quand même pas qu’il mette sa petite-fille aux cachots ?! Et puis il avait peur qu’elle ne commette une bêtise si on tentait de l’éloigner de celui qu’elle aimait… D’ailleurs en avaient-ils le droit ? Aussi se contenta-t-il, tout en serrant le poing, de feindre de ne pas l’avoir entendue. Elen se décida finalement à bouger : après tout, n'avait-il pas demandé à Isa de la faire venir. Il se rapprocha de l'Incarnation, droit et raide, la mâchoire crispée. Il parvint à peine à adresser un sourire à Isa. D'une voix aussi neutre que possible, malgré son envie de se montrer aussi glacial qu'elle l'avait été en arrivant. - Soyez la bienvenue, Dame Isandre. Je crois savoir ce qui vous amène ici. Et j'aimerai pouvoir m'entretenir avec vous, seule à seul, si vous le voulez bien. Et si toi aussi tu l'acceptes, Isa, bien sûr. Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes Responsable de l'Éclat des Lunes ♥ |
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Etait-ce sa vieillesse ou la colère grinçante qui obligeait Isandre à mâchonner sans répondre, toujours est-il que le silence s’appesantit sur le groupe malgré la demande du Chaman. Finalement l'aïeule lâcha, un profond dégoût affiché sur son visage parcheminé :
- Il semblerait que la fine fleur de la Cité Blanche ne souhaite pas intervenir. A moins que leurs oreilles ne soient en plus piteux état que les miennes. Mais ne dit-on pas “Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre” ? Peuh ! Alors je vais suivre leur bel exemple : je n'ai donc plus rien à faire ici. - Grand-Mère, ne sois pas si vexante... S'il y avait eu un trou de souris à portée, Isa aurait été capable de s'y faufiler pour échapper à la scène. - Ah parce que c'est moi qui suis blessante ? Au lieu de jouer la grande dame pleine de bons conseils, balaie donc un peu devant ta porte, ma pauvre fille ! Qui est venue avec son minois dégoulinant de niaiserie m'annoncer qu'elle convolerait avec... Ça ?! Tu te serais faite engrosser par un bouc que ça n'aurait pas été plus humiliant ! Voilà la vérité ! La canne, agitée un bref instant, vint claquer durement le chemin empierré tel un maillet qui s'abattrait pour ponctuer un verdict. Le visage de la jeune femme se décomposa et son regard d'ébène ne put quitter le sol. A cet instant précis, Isandre devait à elle seule concentrer toute la colère du monde car Isa n'en éprouvait pas le moindre frémissement. Seule une immense peine pour sa grand-mère l'étreignit. - J’aime Elen, personne ne devrait s'en sentir froissé... N'as-tu jamais été amoureuse, Grand-Mère ? Tu as bien eu un mari, une fille... - Compare ce qui est comparable ! Celui que j'ai choisi était un homme, lui ! Un enfant des Dieux ! Même simple paysan, ce n'était pas un... "Animal" Voulut-elle asséner. Elle se retint néanmoins de justesse et désigna Elen qu'un vague geste de la main. Les ingénus opteraient pour “Elfe”, les cyniques pour “esclave”.Depuis quand faut-il aimer pour procréer ? Pas besoin d'être amoureuse pour savoir desserrer les genoux ! Elles ne t'ont donc rien appris au Havre ? Moi au moins j'ai fait mon devoir envers l'Empire ! Isa accusa le coup. Pourtant habituée aux éclats d'Isandre, cette fois elle ne put que battre en retraite devant la férocité de la vieille. - Je vais vous laisser...Fit-elle d'un pauvre filet de voix autant pour sa grand-mère que pour son fiancé. - C'est ça, va-t-en ! Et ne t'avise pas de rentrer à Lardanium tant que tu seras dans de telles dispositions ! Je trouverai bien là-bas quelqu'un capable de faire respecter la voix sacrée des Dieux et de notre Impératrice et je veillerai à ce qu'il te remette les idées en place ! Isa se détourna, manquant de chanceler. Ses yeux ne se relevèrent que le temps de déposer un baiser fugace sur la joue d'Elen et de lui chuchoter : - Tu n'es pas obligé... Laisse-la repartir. Peu importe. - Ne t’inquiète pas, nous allons discuter. Juste discuter... Fit-il, sans quitter la vieille des yeux. Fulminor, le chef des LEDA s’approcha finalement de la vieille, agacé : - Hé ho mamy Isandre, ça commence à suffire avec les noms d’oiseaux, d’animaux et autres joyeusetés sur tout ce qui n’est pas olympien. Au cas où vous l’auriez oublié je suis Géant et votre chef par-dessus le marché. Je dois dire que bien des verdeux se sont mieux comportés que certains de votre espèce avec tout le respect que je vous dois. Le Géant bomba le torse faisant jouer sa musculature dénudée en haut du corps : - Non parce qu’en plus, c’est vous qui avez fourré le promis sous le nez de votre petite fille ! Il ne faudrait pas l’oublier des fois. Demandez-vous plutôt pourquoi elle n’a pas choisi un Olympien pur jus ! Au passage avoir des enfants c’est bien beau, mais encore faut-il pouvoir les élever. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, votre petite Isa avec son minois dégoulinant de niaiserie, elle a sauvé le monde, rien que ça ! Et aidée par qui s’il vous plait, hum ? Par ça... Désignant l’assemblée d’elfes présente autour d’eux. J’ajouterais poétiquement que pour faire des enfants il faut faire l’amour et l’amour ça vient du coeur par forcément de heu... Par là où vous vous vantez d’avoir fait votre devoir. Sinon ça s’appelle se reproduire et ça c’est pour les animaux... A présent que j’ai dis ce que j’avais sur le coeur c’est à vous de décider si vous voulez passer le restant de votre vie toute seule comme une vieille peau aigrie ou alors tâcher d’influencer au mieux votre descendance en restant aux côté d’Isa. Au pire, prenez ça comme votre devoir envers l’empire, et si ça se trouve vous n’aurez pas besoin de desserrer les genoux. Enfin après vous faites ce que vous voulez dans ce domaine, je ne veux rien savoir. Bien campé sur ses deux jambes il attendit la réaction éventuelle de l'aînée des LEDA. Isandre avait bien des défauts mais elle respectait l’autorité, du moins quand ses dépositaires daignaient en faire usage. Et la taille du Géant, sans compter son air définitivement guerrier l’impressionnait malgré tout. Elle soupira, comme si recevoir une leçon d’un plus jeune qu’elle était inconcevable. Peut-être que d’ici quelques temps, les mots de Fulminor finirait par la toucher. Avec plus de déception que de hargne, elle lui répondit : - Je ne sais comment elle a réussi à vous embobiner mais pfff... Enfin... Vous verrez un jour... Et je serai là pour claironner “je vous l’avais bien dit !”, comptez sur moi ! |
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Elen était resté stoïque tandis qu’elle lançait ses insultes, envers lui, les Elfes et pire que tout, envers Isa. Mais il avait besoin de la vieille bique et, d’une manière ou d’une autre, il fallait qu’il l’amène à coopérer. Il patienta, le temps qu’Isa ne s’éloigne des deux opposants. Il aurait pu faire une longue introduction du type ”Vous ne m’aimez pas et c’est réciproque, mais il faut que nous apprenions à vivre ensemble, pour Isa. Pour elle, que vous aimez malgré tout, à votre manière. Et pour son avenir.” mais il se doutait bien qu’Isandre n’écouterait pas ce genre d’appel à la modération.
- J’ai une proposition. Mutuellement avantageuse. Pour vous, Isa et moi. ”Silence, Esclave !” Eut-elle juste envie de lui répondre. Mais elle se contenta d’étrécir ses yeux, comme on surveille un serpent, de loin sans geste brusque. Après tout ce qu’elle venait de dire, il avait encore quelque chose à proposer... Si ce n’était pas de l’étrangler, c’est que ça pouvait être intéressant, quoi qu’elle en pense de façon tout à fait épidermique. - Fais vite. Grommela-t-elle. - Une existence plus longue, ça t’intéresse ? Beaucoup plus longue. Répondit-il, sur un ton tranchant, imitant le tutoiement imitant la vieille. - Quelle idiotie as-tu encore inventée ? Ne me crois pas aussi sotte que la gamine pour croire toutes tes histoires à dormir debout ! - C’est simple. Elle vit, tu vis. Elle vit plus longtemps, tu vis plus longtemps. Il la jaugea, la regardant aussi froidement qu’il était possible de l’être. La vieille n’avait rien d’une idiote. Elle comprendrait rapidement où il voulait en venir. - Et je crois savoir qu’une - “garce” - personne telle que toi, vu nos dernières interactions, doit disposer d’un certain... Talent. Ou de connaissances. L'aïeule inclina la tête, pas certaine qu’Elen envisage sérieusement d’utiliser son savoir des arcanes du sang. - Les leçons que tu as reçues n’ont pas dû être assez claires. Tu ne sais pas de quoi tu parles. - Au contraire. Tu m’ajoutes à l’équation. Tant que je vis, elle vit. Tant qu’elle vit, tu vis. C’est simple. C’est clair et ça se passe de tes commentaires. La vieille haussa un sourcil et ses doigts pianotèrent sur l’arrondi de sa canne à laquelle elle se soutenait. Elle estima que le Loup n’avait que de vagues notions sur ce qu’il demandait... Pouvait-elle abonder dans son sens ? Peut-être... Une idée tordue germait dans son esprit, qui méritait d’être cultivée mais il lui fallait du temps. - On peut toujours étudier la question... Fit-elle prudemment. - Si arrangement il y a, alors ça ne se fera pas sans contrepartie. - Ah le Loup sort du bois ! Lacha-t-elle avec un petit rictus. Annonce donc la couleur, que je soupèse combien vaut la vie de ta future femme, pour voir. - Un, tu ne t’approcheras plus de notre famille, à Isa et moi. Deux, tu ne l’insulteras jamais plus. Libre à toi de cracher ta bile à mon propos. Mais jamais plus tu n’insulteras ta petite-fille. Est-ce clair ? - Parce que tu crois sérieusement que j’aurai envie de m’éterniser ici... Quant à vos petits bâtards, soyons clairs, j’aimerais mieux avoir les yeux brûlés au fer rouge que de les lever un jour sur eux... Pour le reste tant pis, je trouverai bien à m’occuper autrement. - Je te laisse repenser à tout ça, et chercher dans ta musette le mauvais tour adapté à la situation. Il fit volte face, lâchant par dessus son épaule en s’éloignant... Il va de soi que nous comptons sur toi pour assister à nos noces. Laisse au moins ce plaisir à Isa... - Il se pourrait que ce soit un mal nécessaire... Elen, EdL
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La Cerf n’avait pas pu s’empêcher d’afficher un air vaguement dégoûté à l’approche de la grand mère d’Isa... De loin, elle semblait plus agréable que de près... Enfin, de loin... Assez loin pour ne pas l’entendre geindre et vomir ses méchancetés. Elle se demanda fugacement comment la pauvre Isa avait pu vivre avec quelqu’un d’aussi mal luné ?
Sa réaction n’avait certes rien d’étonnant suite à l’annonce que la jeune Olympienne lui avait faite mais, aux yeux de l’Elfe, ça n’était pas suffisant pour l’agonir d’insultes en public... Elle fixa la vieille d’un air désapprobateur lorsqu’elle se dirigea vers Elen mais quand Isa s’éloigna de l’étrange duo, c’est bien l’Olympienne qu’elle suivit des yeux. La pauvre semblait vraiment mal en point, constata la jeune Elfe. Elle attendit qu’elle se fut éloignée un peu plus de sa grand-mère avant de se diriger vers elle, se faufilant entre les personnes présentes. - Hé Isa ! Ça va ? ”Bien sûr que non, ça ne va pas, andouille ! Comment ça pourrait aller après ça ?! Se fustigea-t-elle mentalement avant de reprendre. Ça va aller, t’en fais pas. C’est toi qui m’as dit de ne pas faire attention à ce qu’elle dit, hein ? Tu devrais faire pareil ! Lui dit-elle d’un air assuré. - Oui... C’est gentil Aileen... Mais ça va, j’ai l’habitude... C’est pour Elen que je regrette. Il a fait des efforts pour me faire plaisir, en disant qu’elle finirait par comprendre. J’aurais dû lui dire que... Que ce n’était pas la peine. Et le pire dans tout ça, c’est que je sais qu’elle ne sera pas la seule à penser ce qu’elle a dit. Combien d’Olympiens se diront exactement la même chose ! Rôde avait raison... Je suis désolée pour le spectacle qu’on a donné... La Cerf secoua vivement la tête en signe de dénégation. - Mais non... La vieille a réussi son coup, je crois ! M’est avis que c’est toi qu’elle voulait faire culpabiliser ! Mais tu sais, tu n’as pas besoin de regretter autant, après tout, Elen sait ce qu’il fait... Enfin, j’espère pour lui en tout cas. Ajouta-t-elle avec un sourire avant de poursuivre. Et puis quoi qu’en pensent les autres Olympiens, ils ne te connaissent pas. Ils n’ont pas leur mot à dire. - C’est vrai. Ceux que je connais ne m’en veulent pas. Ou pas trop... A part elle. Isa soupira. C’était le prix de son bonheur, elle était prête à le payer. Je serai une Louve bientôt, tout cela n’aura plus d’importance. Et Elen sera fier de moi. - On le sera tous ! Lui assura-t-elle avec un grand sourire. En plus tout le monde t’aime bien. Ça serait dommage de continuer à faire une tête pareille, non ? Plaisanta-t-elle ensuite. - Tu as raison Aileen. Sa grand-mère était déjà assez difficile à supporter sans qu’elle aggrave la situation avec sa propre humeur désastreuse. Heureusement, Aileen savait toujours trouver les bons mots pour la remotiver. Je vais aller à la Tanière et préparer des gâteaux pour tout le monde, histoire de me faire pardonner pour la mauvaise tête. Tu voudrais m’aider ? Ça nous occupera au chaud au moins... - Bonne idée ! Je te suis ! Répondit-elle avec entrain. Elen chercha Isa du regard, se désintéressant totalement de la vieille et vit son amie elfe s’éloigner avec sa fiancée en direction de la Forteresse des Loups. Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle ! ♥ |
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Ah l'amour ! Quelle subtile perversion de l'âme ! Si la haine aveuglait celui qui la cultivait, la passion quant à elle rendait définitivement idiot.
Comment ce Chaman qui devait bien avoir, enfoui quelque part, un soupçon d'intelligence pouvait-il croire un seul instant qu'il était si facile de partager une vie... Pauvre fou ! Mais si c'était le cas, les caves olympiennes regorgeraient d'Elfes enchaînés, vidés de leur substance jour après jour pour prolonger l'existence de leurs propriétaires ! Évidemment certains Grands de ce monde obtenaient des vies plus longues, mais les Dieux étaient jaloux de cet avantage et ne le permettaient pas à n'importe qui. Il fallait au bas mot s'appeler Salminar pour qu'ils ne soient pas heurtés par ce bénéfice octroyé à de vulgaires mortels, alors que l'éternité passait pour l’un de leurs plus glorieux attributs. Et Isa n'était plus rien. Sa vie serait celle d'une Olympienne rendue misérable par ses choix désastreux. Quel gâchis... Alors qu'elle avait tout pour mener une carrière exceptionnelle au plus haut niveau ! Isandre y avait veillé, leçon après leçon. Elle l'avait forgée au prix d'un sacerdoce quotidien : magie, art de la guerre, moeurs... Oui tout ! Elle lui avait tout donné ! Mais jamais le coeur d’Isa n’avait pu s’imprégner de l'ambition de diriger ce peuple amorphe qui ne bêlait même plus. Ni de la prétention de conclure un brillant mariage qui l'aurait sortie de sa condition de plébéienne. Ce qui pouvait assurer une existence facile et luxueuse à l’aïeule, ce qu’elle méritait plus que beaucoup d’autres, lui filait encore entre les doigts. Pourquoi rien ne se passe-t-il donc comme prévu... Se demandait souvent Isandre, perclue de désillusions. Tout avait basculé lorsqu'elle avait dû fuir les Chevaliers Noirs. Un mariage insultant pour ses talents, une progéniture taillée à l'aune de la défaillance intellectuelle du mari qui n'entendait rien aux arcanes et, en ultime brimade, comme si les Dieux avaient pris un malin plaisir à la harceler de poisse jusqu'à la fin... Ses souvenirs filèrent à l'intérieur de cette cahute froide et malpropre où sa fille grosse donnait les derniers coups de reins pour extraire de sa chair cette petite coquille vide... Isoria sanglotait autant de douleur que de soulagement. La gamine avait pris son temps pour sortir. Plus d'une saison après le terme théorique, l'enfant montrait enfin sa trombine - il faut dire que le maléfice d'Isandre n'y avait pas aidé. - Enfin ! Gémit la parturiente alors que la vieille posait l'enfant sommairement emmailloté sur son sein. Son regard plein d'espoir fixé sur le bébé, elle demanda : Un garçon ? - Une fille. Sois déjà heureuse qu'elle ait survécu. Et il fallait qu'elle vive, cette gosse. Car Isandre avait de beaux projets pour elle. D'ici quelques années elle deviendrait la nouvelle demeure de son propre esprit. Depuis qu'Isoria avait pris époux, sa mère fomentait son plan et tissait ses enchantements. Tout ce qui lui restait de fortune était parti en composants rares, en formules d'un autre âge retrouvées à grands frais. Des saisons d'études et de sacrifice, de manipulation et de conseils à sa fille pour que tout se déroule à sa convenance. Elle l'avait, désormais, ce corps fort et robuste dépourvu d'âme. Il n'avait plus qu'à grandir, à s'épanouir en un beau calice prêt à recevoir le nectar des connaissances d'Isandre. Dix ou douze ans suffiraient et un nouveau tour de roue commencerait pour elle qui délaisserait son corps actuel en pleine décrépitude. Mais les Moires ne devaient pas l'entendre ainsi car le fil de la destinée d'Isandre qui devait selon ses plans être noué à celui de sa petite-fille, fut finalement tranché par les Lestrygons. La nature ayant horreur du vide, quelque chose avait fini par remplacer l'âme originelle d'Isa. Un empilement hétérogène d'expériences et de sentiments, ballottés, oubliés, recréés au cours des ans, comme des ouvriers peineraient à terminer une riche demeure, ne sachant où placer portes, fenêtres, âtre, sans les directives d'un maître d'oeuvre. Bien plus tard, certains finirent par comprendre. Au Havre, ce précepteur trouva la clef des bizarreries d'Isa. Mais les Soeurs du Temple et lui conclurent qu'il serait bien plus sage de garder cela pour eux. Défier les Dieux par de tels maléfices n'étaient pas sans conséquence et ils se garderaient bien de révéler que de telles choses étaient possibles pour ne pas attirer sur eux l'ire des Immortels. Alors on jeta un mouchoir pudique sur les causes réelles et l'on fit croire à la petite que c'était un magnifique don des Dieux pour soulager son coeur des vicissitudes de l'existence, si elle oubliait tout ainsi. Et bien sûr elle devrait leur en être très reconnaissante de préserver ainsi son innocence, cela allait sans dire ! Brave fille... Isandre s'était longtemps dit que ces gens, aussi pleutres que retors, avaient incité Isa à l'invoquer dans l'unique but de la mettre face à son échec. Et ô combien cuisant était-il ! Pourtant Isa s'était avérée une créature prometteuse et la vieille s'était mise à espérer un nouvel avenir radieux à travers sa progression. Mais il avait fallu que cet esclave de malheur compromette tout encore une fois ! Elle le haïssait pour cela, au-delà de la répulsion naturelle qu'une Olympienne bien née pouvait éprouver pour ces sauvages. Mais Isa était encore jeune et la situation, bien que mal engagée, était encore rattrapable. Ironie suprême : c'était Elen qui lui servait l'occasion sur un plateau. Bientôt elle pourrait rire du romantisme niais de sa petite fille qui allait si bien servir ses plans... |