Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - S'escrimer à apprendre
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Dernière réponse le 11/06/2012 à 19:58

el Par Elen  le 09/06/2012 à 16:59

Il faisait beau à la Tanière et cela incitait à poursuivre les entraînements à l’extérieur. Dans la Clairière des Ombres Cendrées, on vit bientôt un duo s’installer, armé d’épées de bois.

- Tu es sûre que tu te sens prête ?
- C’est toi qui insistes !

Isa n’aimait déjà pas les couteaux, encore moins les dagues et craignait définitivement tout ce qui ressemblait à une épée, même en bois. Pourtant l'entraînement des mages de guerre passait aussi par la familiarisation avec ces armes mais à moins d’y être vraiment obligée, elle redoutait de les manier.

- Si tu ne veux pas, tu sais bien que tu peux avoir une dérogation !
- Tu as dit que c’était important... Et puis je vais faire des jaloux si tes autres Edoniels savent qu’il y a des passe-droits dans les rangs... Isa avait pourtant cet air bougon qu’Elen lui connaissait rarement.
- Et alors ? Qu’est-ce qu’ils pourraient bien te dire ? On peut faire ça différemment. Hum... Il se saisit d’une des deux épées de bois et il la lui tendit. Disons que ça, c’est le prolongement de ton esprit, hum ? Et que ça... Il se saisit à son tour d’une arme en bois. ... C’est le prolongement du mien. Ce seront nos deux esprits qui se rencontreront.
- Moui... Fit-elle en prenant l’arme, dubitative.
>- De toute façon, je ne prétends pas t’apprendre à te battre, tu sais ? C’est plus une manière d’harmoniser ton corps avec ton Finyë. Te faire sentir ton énergie brute qui se mêle à ton essence magique.

Elen savait présenter les choses de façon à la tenter. La curiosité la titilla et son regard reprit peu à peu sa couleur dorée, signe qu’elle en aurait bientôt fini de faire sa mauvaise tête. Malgré tout, l’épée était pesante et la jeune femme se sentait gauche à souhait.

- Il va y avoir du boulot... Marmonna-t-elle.

Il lâcha son arme et se pelotonna contre elle. Saisissant délicatement d’une main le poignet de son bras directeur il entoura sa taille de l’autre. Il murmura au creux de son oreille, tandis qu’il l’aidait à soulever sa lame de bois droit devant elle :

- Pour commencer, figure-toi cet instrument comme le prolongement de ton bras. Le sens-tu ?

A bien y réfléchir, l’épée n’était pas plus lourde que son bourdon qu’elle traînait presque à longueur de journée dès qu’ils voyageaient un peu. Il suffisait de s’adapter pour la tenir différemment. Elle assura davantage sa prise, sans trop serrer pour ne pas bloquer son bras, mais suffisamment pour ne pas risquer d’être désarmée au moindre choc.

- Oui...
- Sens-tu la résistance de l’air ? Lui demanda-t-il dans un souffle, l’aidant à exécuter quelques moulinets.

Elle ne put s’empêcher de rire, quand il lui chatouilla l’oreille.

- Si tu me déconcentres, soit on va s’estropier, soit on ne terminera jamais la leçon !
- Hum... Ferme les yeux, alors. Et ressens l’épée, l’air, le vent, la forêt, les arbres... Oublie ma présence. Et essaye de sentir toutes ces choses déjà. Poursuivit-il sur le même ton, sans bouger d’un pouce, l’aidant toujours à mouvoir sa lame.

Il voulait qu’elle comprenne que l’épée n’était qu’un outil, comme elle le disait de la magie. Une épée pouvait faire le bien comme le mal. Elle pouvait protéger ou blesser. Elle pouvait être un précieux allié ou un ennemi mortel.

- Lorsque l’épée est dans ta main, elle devient comme un instrument d’écriture. Chacun de tes actes porte ta signature. C’est toi qui lui imposes ce qu’elle devra faire pour toi. Elle est un prolongement de tes souhaits et de ta volonté. Ne lui demande rien de plus que ce que tu désires et elle obéira.

Il lui fit exécuter une série de mouvements amples, doux et lents. Il la sentait attentive au moindre geste, au moindre changement de rythme. Et de la guider ainsi, de se sentir aussi proche d’elle, de sentir son délicat parfum, cela l’inspirait.

- L’arme, c’est ton corps. L’épée, elle, n’est qu’une ferraille inerte. C’est ton coeur, tes envies et ta ferveur qui lui imposent le mouvement.

Isa faisait de son mieux, Elen étant un professeur très encourageant. Mais secrètement c’était bien le contraire qu’elle espérait : que tout disparaisse pour les laisser eux, seuls au monde. A son contact si étroit, c’était sa chaleur et sa douceur qu’elle ressentait tout autour d’elle, et toute la végétation la plus fabuleuse qui aurait pu les entourer n’aurait pas si bien accaparé son attention.
Mais cela lui permettait aussi d’effectuer les mouvements, comme une danse où ils auraient évolué à deux. Les mouvements l'entraînant en différentes postures, elle trouva l’énergie qui correspondait à chacun, la force, la vitesse, la torsion du poignet qui permettait à l’extrémité de la lame d’atteindre son but; le souffle qu’elle devait économiser ou relâcher pour que son corps compose l’action sans pour autant se fatiguer trop vite.

- Si tu fermes les yeux, tu pourras sentir le vent sur ta peau, l’air glisser sur la lame. Tes pieds te relient au sol. L’épée à l’air, aux arbres et au ciel. Sens-tu comme tu appartiens à ce tout ?



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 09/06/2012 à 17:03

La jeune femme était encore loin, yeux ouverts, clos ou mi-clos du tout en question... Elle sentait bien le sol car les appuis étaient importants pour manier l’arme et celle-ci tailladait l’air, effectivement... Mais le reste était hors de son champ de perception. En de rares occasions pourtant, elle s’était ainsi sentie en connexion avec son environnement, mais c’était des instants fugaces où sa disposition d’esprit, peut-être plus nostalgique, plus intimiste, lui faisait voir le monde autrement. Là, épée en main, tout était bien différent.

- Pas vraiment... Avoua-t-elle à Elen, assez découragée.
- Sens-tu l’odeur que le vent nous apporte ? Demanda-t-il, après avoir déposé un baiser d’encouragement au creux de son cou.

Il s’agissait de fixer son attention sur un détail. Les choses s’élargiraient d’elles-mêmes plus tard, lorsque ses énergies seraient en osmose et parcourraient son corps, l’épée et affûterait sa perception du monde.
Il y avait une glycine qui courait sur une partie des murs de la Forteresse. La saison la voyait en pleine floraison et son parfum soutenu, sucré était immanquable à chaque caresse du vent.

- Oui... Elle esquissa un sourire car elle aimait particulièrement cette fragrance.
- Essaie de tendre l’oreille maintenant... Le vent charrie aussi les sons... Que dit-il ?

Les oiseaux piaillaient à la lisière des bois. Les mules et les chevaux que l’on gardait à l’étable hennissaient car ils auraient sans doute bien voulu profiter de cette belle journée sous les Titans. Il y avait aussi les coups du marteau sur l’acier à la forge et par moment le soufflet puissant qui attisait les braises. Les enfants jouaient un peu plus loin et quelques Loups arrivaient, faisant crisser les cailloux du chemin.
Un choc sourd vint ébrécher ce fond sonore : un garde venait de faire tomber une torche qu’il fallait remplacer. Elle énuméra pour son mentor tout ce qu’elle entendait, se gardant de tourner la tête pour vérifier.

- C’est très bien, ma douce. Murmura-t-il, l’encourageant. C’est très bien...

Il la laissa s’habituer à la perception méditative qu’elle avait des choses qui l’entouraient. C’était le premier signe d’une harmonisation de ses énergies. Elle ne tarderait pas à découvrir que son corps et sa magie travaillaient désormais de concert à amplifier ses émotions, à accroître sa perception et à affiner ses sens.
Dans l’esprit d’Isa s’ajoutaient peu à peu tous les éléments. Elle tachait d’en conserver une conscience vive, d’en percevoir les nuances et les fluctuations à chaque instant, de trouver les intrus et ceux qui disparaissaient la fraction de seconde suivante mais cela requerrait une telle concentration qu’elle ne pouvait pas bouger et encore moins exécuter des passes d’armes, même très décomposées, avec son épée d'entraînement.

- Je... Je ne sais pas quoi faire de tout cela.
- Ça va venir. Ce n’est que ta première leçon. Tu les ressens... Imprègne-toi de cette sensation... C’est ton environnement que tu ressens.

A son ton, elle comprit qu’il était fier d’elle. Cela ne laissait aucun doute. Qu’elle exécute ou non parfaitement les gestes ne semblait pas compter pour lui. Seul l’ouverture de son esprit lui était important, visiblement.

- Je vais te montrer les gestes, si tu veux. Indépendamment du reste. Et comme ça, tu n’auras plus qu’à réunir petit à petit les deux, à ton rythme.
- D’accord... Répondit-elle, penaude.

Elle se trouvait rarement devant quelque chose qui paraissait pourtant si simple et qui représentait pour elle une telle difficulté.
Il revint devant elle et l’attira contre lui pour l’embrasser longuement avec tendresse.

- Ça c’est pour t’encourager ! Tu t’en sors très bien. Assura-t-il, avant de ramasser son épée et de se placer à côté d’elle. Suis mes mouvements, et détends-toi, ma douce.
- Tu ne veux pas m’encourager encore ? Je suis sûre qu’après ça ira mieux. Minauda-t-elle dans l’espoir d’avoir une petite pause tendre entre deux séances dont les écueils finissaient pas l’agacer.

Il lui adressa un sourire plein de tendresse avant de poser son arme à nouveau, et de revenir l’enlacer. Il ne laisserait jamais insatisfaite une telle demande. Débarrassée de son épée à son tour, elle se pendit à son cou.

- Au moins toi tu ne cherches pas à me contrarier ! Fit-elle comme une enfant à qui on venait de passer un caprice.
- Pourquoi ? Elles t’ont contrariée ? Demanda-t-il, désignant d’un regard le couple d’épées au sol.
- Non... C’est moi qui me contrarie toute seule. Alors autant guérir le mal à la source, non ? Son visage s’enfouit dans le cou d’Elen et elle y déposa quelques baisers.
- Je t’assure que tu te débrouillais parfaitement bien... Répondit-il, frissonnant au doux contact des lèvres de sa belle.
- Tu es trop permissif avec moi... Je vais me ramollir si tu n’es pas plus sévère !
- Humph... Kowü m’a toujours dit qu’il y avait deux écoles pour enseigner. Celle du bâton et celle de la carotte. Je crois que tu as trop connu la cravache et que je préfère largement récompenser.
- Lui ne devait pas être bien méchant non plus... Si ? Il était vrai qu’Isandre ne lui laissait rien passer mais elle lui devait ses progrès malgré son “don” qui aurait pu ruiner toutes ses chances de dominer les arcanes, par exemple.
- Kowü ? Plus doux qu’un agneau ! Il t’aurait plu. Et c’est lui qui nous a enseigné la tolérance. Qu’il n’y avait pas que des gens mauvais parmi ceux que la nation nous désignait comme nos ennemis. Hum... En quelque sorte je lui dois notre mariage à venir.
- Alors on honorera sa mémoire durant les noces. Et s’il a fait de toi le Chaman que tu es, je vais bien être obligée de reconnaître que sa méthode vaut au moins celle de ma grand-mère !
- Ta méthode à toi pour éviter les cours n’est pas désagréable, tu sais ? Murmura-t-il, ses yeux rivés à ceux de son aimée.
- Ah ? Quelle méthode ? Son regard scintilla d’une innocence feinte.
- Comment pourrait-on appeler ça ? Hum ?
- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles !
- Soudoyer son professeur ? Il la souleva vivement du sol pour l’embrasser. Je crois que c’est ça.
- Nullement ! Ce n’était qu’une toute petite pause, pour être encore plus attentive ensuite, je t’assure !
- Moui. Fit-il, l’air déçu. On reprendra ça plus tard ! Il te faut un cours d’un autre genre, maintenant !
- Hein ? Elle le regarda avec des yeux en soucoupe. Que lui avait-il mijoté encore ? Nooon... Ca devient pire que l’école militaire de Lardanium ici ! Dit-elle en riant.



el Par Elen  le 09/06/2012 à 17:04

Il abandonna les épées au sol, la portant au pas de course en direction de la Tanière. Il passa la lourde porte qui pouvait barrer l’entrée, puis se dirigea immédiatement vers les escaliers qui menaient aux étages inférieurs, itinéraire à présent bien connu de l’Olympienne. Il semblait la mener droit à la chambre conjugale. Cependant, au lieu de bifurquer pour passer la porte de leur pièce à eux, à présent bien plus décorée que lorsqu’il l’occupait seul, il poursuivit en direction du cul de sac à la vasque creuse.

La soutenant d’une main, il glissa habilement l’autre dans le trou pour actionner le mécanisme qui fit pivoter le pan de mur. Il s’engouffra immédiatement dans le couloir obscur, refermant le passage derrière eux.

- C’était un enlèvement ?!
- Certainement... Et à présent, je vais te séquestrer sous les étoiles ! Fit-il, alors qu’ils arrivaient dans la pièce aux constellations mouvantes.
- Tu vois ! Quand je te dis que tu es trop gentil ! Même pour emprisonner quelqu’un tu y mets les formes !

En tout cas la jeune femme était ravie de se retrouver ici. Non seulement la leçon avait tourné court mais elle adorait cet endroit et y passerait volontiers des heures.

- Alors à quoi suis-je condamnée ? Un cours d’astronomie ? D’architecture ? De légendes louves ? Et la liste pouvait être encore fort longue.
- A toi de voir ! Tu as déjà des étoiles plein les yeux, de toute manière... Répondit-il, la déposant délicatement au sol sans pour autant la libérer.

Elle rougit légèrement tandis que les souvenirs intenses de leur première visite de cette salle magique lui revenaient en mémoire.
La voûte céleste avait continué sa mutation en un cycle perpétuel et les points lumineux montraient la configuration actuelle des millions d’étoiles au dessus de la Foret des Cendres. Le prodige était toujours aussi formidable à voir et bien que sachant les murs autour d’elle, un espace borné qui avait été bâti par des mortels, Isa se sentait aussi petite que sous la véritable couverture stellaire.

- C’est beau, ici... Mais à côté de toi, les étoiles de la pièce me semblent bien fades.
- Quel flatteur... Tu te souviens de l’autre fois ? Murmura-t-elle, toujours blottie dans ses bras.
- Vaguement... Il se remémorait quelques impressions avec le sourire : sa mémoire, contrairement à celle de l’Olympienne les jours de rituels, n’avait rien de parfaite. Et toi ? Demanda-t-il en pure forme, s’enivrant de son parfum comme lorsqu’ils s’entraînaient à l’extérieur.
- Vaguement aussi... Mentit-elle effrontément, un sourire mystérieux dessiné sur les lèvres.

Elle repensait aux émotions confuses qu’elle avait éprouvées. Ils avaient fait tant de chemin ensemble depuis ! Et pourtant, seuls quelques jours étaient marqués dans sa mémoire. Est-ce que cela aurait été encore plus flagrant pour un couple plus “normal” ?

- A moins que j’aie un petit avantage sur toi cette fois ?
- Tu as toujours eu l’avantage sur moi, Isa... Il est plus que temps que tu t’en rendes compte ! Souffla-t-il, moqueur, chaque mot cependant empreint de tout l’amour qu’il éprouvait pour elle.
- Tsss et qu’est-ce que j’en ferais ? Tu me donnes déjà tout ce que je désire et bien plus encore.
- Je ne sais pas ce que tu en ferais... C’est toi qui l’as l’avantage, pas moi... Murmura-t-il avant de déposer baiser bien placé au creux de son cou.
- J’y réfléchirai quand tu m’auras dit pourquoi tu me séquestres ici.
- Pour aller vers les étoiles ? Suggéra-t-il.
- Tu n’en es pas sûr ?



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 09/06/2012 à 17:04

Elle s’amusait à taquiner Elen. Le pousser dans ses retranchements pouvait provoquer deux choses, un joli teint pivoine qu’il prenait parfois, ou une fougue qui la surprenait en quelques occasions. Aussi était-elle curieuse du résultat.

- J’en suis assurément certain. Sussura-t-il tendrement à l’oreille de l’Olympienne, avant d’en mordiller tendrement le lobe.

Il ne semblait pas pressé de relâcher sa belle, ses mains d’abord bien campées au niveau de sa gracieuse taille prirent quelques libertés, un peu timidement d’abord, puis à mesure que la conviction et la ferveur de ses baisers s’accentuaient, elles gagnèrent en audace. Il avança de quelques pas, entraînant Isa au centre de la pièce, les étoiles magiques les environnant de toute part, ajoutant une touche de romantisme à l’ardeur du Chaman. La pièce l’inspirait, il n’aurait su dire exactement pourquoi.

- Ça me plait énormément de t’avoir avec moi ici... Chuchota-t-il.
- Ça ne te dérange pas que ce soit si exigu ? Pour une voûte étoilée évidemment. La vraie doit te plaire davantage.
- Hum... Dans la journée, ça me plaît de pouvoir observer les étoiles... Et j’avoue qu’avec toi, je m'accommode volontiers de l’exiguïté de la pièce...
- Je vois ! Fit-elle en souriant. Avant j’aurais presque tremblé de peur si tu m’avais parlé d’aller dans les étoiles. C’est le genre de choses que les mortels n’ont probablement pas le droit de faire. Le dire pourrait passer pour un blasphème.
- Les étoiles sont à tout le monde, Isa, non ?
- Je ne sais pas... Nous pouvons les admirer mais qui sait si les Dieux ne foulent pas cet endroit magique.
- Bah... Si les cieux se reflètent dans tes yeux, c’est bien que les Dieux l’acceptent, non ? Sinon ils auraient masqué le ciel depuis bien longtemps ! Et s’ils t’ont faite à ce point merveilleuse sous les étoiles, peut-être est-ce parce que tu appartiens aussi au firmament...
- Rien que ça ! Elle secoua doucement la tête et prit une mine faussement suspicieuse : Tu as quelque chose à m’avouer, que tu me complimentes autant ?
- D’accord, d’accord... Je plaide coupable ! Je t’aime à la folie ! Déclara-t-il, en guise d’aveux.
- Ah ! Je savais bien que c’était louche ! Une folie douce alors, de vouloir nous emmener dans les étoiles. Elle se blottit contre lui. Mais pourquoi pas...

Le Loup émit comme un ronronnement lorsque le corps de sa femme épousa le sien, ses joues se teintant d’une jolie couleur pivoine, exactement comme elle l’avait voulu. Elle avait gagné sur tous les tableaux !

- Ne le lelo, Nelimareth...
- Hey ! Qui c’est ça ? Lui demanda-t-elle comme s’il s’était trompé de prénom.
- Iln o li, ne lele.
- Moi ? Tu profites éhontément de mes lacunes encore !
- Neli iman rëth. Répondit-il, décomposant la contraction précédente. Tendre regard de miel.
- Oh, c’est mignon ! J’ai un nom loup alors maintenant ? Lui dit-elle, taquine.
- Je ne sais pas... Seulement si tu en veux. Murmura-t-il, comme en transe.
- Ah ? Je peux vraiment ? Je plaisantais Elen, mais... La trouvaille d’Elen lui plaisait, il fallait l’avouer.
- Mais ?... Demanda-t-il, les yeux fermés, peu concentré sur la conversation à dire vrai.
- Mais celui que tu as composé est vraiment joli. Non ? Ca te contrarie ? Demanda-t-elle en voyant le peu d’enthousiasme que son fiancé affichait.
- Iln o li ony o elu.
- Tsss... Ca va me changer d’Isa, toutes ces lettres ! Fit-elle en riant.
- Hum... Il eut comme un sursaut de conscience. Si ce doit être ton nom Loup, alors il faudra le présenter à Luwö... Et... Le garder pour toi. Je dois pouvoir trouver un petit diminutif qui t’irait bien... Nelith ?
- C’est vraiment si sérieux que ça ? Ça serait comme... Comme ton nom alors ? Isa n’avait pas envisagé cela de façon si protocolaire. Nelith... J’aime beaucoup Elen. Elle déposa un baiser sur ses lèvres pour le remercier.
- Et les autres, ils continueront à t’appeler Isa ! Fit-il, affichant un air farouche. Ne elith, c’est que pour moi !
- D’accord d’accord ! Acquiesça-t-elle, un grand sourire illuminant son visage. La petite pointe de jalousie qu’elle percevait chez le Chaman n’était pas pour lui déplaire.
- Avec tout ça, je ne sais plus ce qu’on disait...
- Que tu aimais être ici, la tête dans les étoiles. Et je confirme, tu as l’air tout bizarre ! Se moqua-t-elle gentiment.
- C’est que... Hum... On est là, toi et moi... Avec les étoiles, justement... Et... Hum... Fit-il, s’empourprant de nouveau en réalisant une fois encore l’exiguïté de leur corps à corps.
- Et ?
- Et...



el Par Elen  le 09/06/2012 à 17:05

Il flambait intérieurement mais il n’osait pas communiquer ce brasier à l’Olympienne. C’était bien la première fois depuis longtemps ! Mais la pièce lui rappelait tellement de souvenirs et d’impressions : le premier rituel, Isa qui souhaitait revenir ici avec lui, l’immensité, la beauté sublime de l’Olympienne, son corps collé contre le sien, les sentiments intenses que cela lui inspirait...

Devant les multiples hésitations du Loup, elle murmura tout bas d’une voix chaude :

- Qu’est-ce qui te ferait plaisir alors ?
- Euuuh... Fit-il un tantinet hésitant, son visage gagnant en couleur avant de lier ses lèvres à celles de l’Olympienne. Sss-ss-ça... Bégaya-t-il timidement.
- C’est tout ? Fit-elle, espiègle, quand il la libéra.

Une suite bien moins innocente que la tendre démonstration d’Elen lui vint à l’esprit. Il y avait le risque que le Loup, aisément gêné lorsque l’on s'approchait trop de ce domaine, s’en effarouche mais... Les mains possessives de son fiancé s’étaient emparées de ses hanches pour la serrer étroitement contre lui. Elle se concentra, les yeux mi-clos. Lentement, une faible lueur s’échappa de son vêtement, là où son Saïka rassemblait densément son énergie. L’émanation se distingua vite dans la pénombre de la pièce étoilée et le halo qui s’intensifiait fila entre les doigts d’Elen, comme un léger zéphyr chaud et pulsé.

- Te souviens-tu, aux bains ? Chuchota-t-elle.

Hélas la mémoire exacte de cet instant s’était envolé pour la jeune femme mais ses notes rapportaient une expérience exceptionnelle qu’elle espérait offrir en retour à son fiancé.

Oui, il se souvenait... Et aujourd’hui, elle se trouvait si proche de lui qu’il se sentit aussitôt électrisé par cette magie qui affluait vers lui. Ô délice admirable ! Ô sensuelle effluve ! Elle le parcourait en un dense bouquet, doux et fruité, avec quelques notes musquées, subtil mélange énergétique du divin exotisme olympien et de la tendre sauvagerie des Loups. Cette saveur hypnotique, c’était la sienne : celle de sa merveilleuse fiancée.

Son coeur s’emballa presque immédiatement. Il en avait la chair de poule. Son corps, parcouru de frissons irrépressibles, se laissait submerger par l’agréable sensation. Il se sentait perdre le contrôle, s’abandonnant à cette si plaisante décharge; tant et si bien que son esprit enfiévré ouvrit à son tour les vannes du précieux Finyë qui coulait en lui. Son Saïka libéra la formidable énergie avec une douce luminescence.

Bientôt une autre aura baigna le couple. Les doigts d’Isa quittèrent la nuque d’Elen pour aller effleurer sa marque sur l’épaule, devenue un puits d’énergie. Elle ressentait cette force primaire ancienne, qui avait été assagie au cours des millénaires mais dont elle percevait la survivance brutale, authentique, soutenue par les coups puissants du coeur d’Elen qui résonnaient comme un chant de tambours à son oreille collée à la poitrine du Loup.

Ils formèrent un tout, leurs essences allant de l’un à l’autre. Ils les puisaient, les goûtaient, s’en enivraient avant de se les approprier, de les transformer, chargées de leurs identités si différentes. Puis ils les offraient de nouveau, grisant tour à tour leur partenaire en une ronde infinie.

Les sens d’Isa furent décuplés. Rien ne lui échappait plus. Les frémissements d’Elen et sa peau qui s’échauffait, sa respiration qu’il essayait vainement de réguler... A quelques pas le curieux cliquetis des étoiles qui brillaient au mur puis, si loin, le brouhaha vivant de la Forteresse qu’elle refoula de sa conscience aussitôt. A croire que les leçons du Chaman trouvaient leur conclusion de bien agréable manière !
Elle se sentit vaciller. Sous la voûte scintillante, les constellations entamèrent un bien étrange ballet. Elles se rencontraient pour se fuir l’instant suivant, comme des débris charriés dans le chaos par une houle implacable qui ballottait aussi la jeune femme au gré des courants universels. Isa se raccrocha à Elen qui devint son vaisseau, capable de conjurer toutes les tourmentes, ostensiblement armé pour la conduire jusqu’aux cieux les plus inaccessibles... Bouleversée, elle murmura d’une voix éraillée :

- Uega ni...

Après leurs énergies, leurs souffles puis leurs coeurs enfiévrés se mêlèrent dans un brûlant unisson, la céleste voûte pour seule témoin de leur si parfaite ascension vers des sommets dont ils n’avaient jamais osé rêver...

[...]

Ils s’étaient rhabillés à la va-vite puis adossés contre la sphère.
Le Chaman aux cheveux hirsutes, un bras passé par-dessus l’épaule de Isa, semblait encore dans un autre monde, inspirant et expirant avec profondeur. La situation lui avait totalement échappée, il n’en avait aucun doute, et sa douce avait parfaitement su mener leur embarcation là où elle l’entendait. Et, Luwö lui en soit témoin, jamais il n’avait entendu ou lu la mention d’une communion spirituelle aussi complète. Et plaisante.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 09/06/2012 à 17:06

La jeune femme contre lui flottait encore dans une douce torpeur. A dire vrai, elle n’aurait pas pu imaginer une telle conclusion à ce qu’elle avait voulu initier. Quelque part, c’était presque perturbant... Mais aussi encourageant, une affinité de cette intensité entre les représentants de races aux attentes parfois différentes. Devaient-ils parler de ce qui venait de se passer ? Elle tenta, avec une pointe d’humour, son visage relevé vers le Loup :

- Dire que je redoutais que cela te choque...
- Huuum ? Quoi donc ? Demanda-t-il, l’esprit encore trop ancré dans ce qui avait précédé pour faire le lien.
- Que... Tu sais, le Saïka... A quoi tu penses ? Fit-elle, le devinant encore ailleurs.
- A toi... A nous. Murmura-t-il sur un ton empli de tendresse avant de réaliser ce dont il avait été question dans la première interrogation de sa compagne : Ton Saïka ? Hum... Au moins, tu sembles le maîtriser... Je suis très fier. ”Et complètement conquis !”
- On dirait que Les Elfes des Lunes ont bien de la chance ! Dans son regard, quelques étoiles s’attardaient.
- Crois-moi, je n’avais pas la moindre idée qu’on pouvait... Que c’était aussi... Fort. Jamais je n’avais... On dit bien que c’est plaisant. Mais c’est... ”Un euphémisme ?” Enfin...
- Vraiment ? Tu n’avais jamais... Essayé ? Isa ne lui connaissait pas de conquêtes officielles des Clans des Lunes. Cependant en soixante-dix ou quatre-vingt ans quelques “aventurettes” étaient plausibles. Et puis comme elle adorait l’entendre bafouiller, rendu tout timide, elle n’eut aucune pitié :C’est quoi ?

Comment lui dire que ce qu’ils avaient tous les deux ressenti, à l’évidence, devait être unique. Les Elfes des Lunes, même en couple, échangeaient rarement leur Finyë comme ils venaient de le faire, pour la bonne et simple raison que bien que relativement agréable, la sensation n’avait habituellement rien d’exceptionnel. Et là, pour une raison qui lui échappait complètement, l’intensité de leur échange l’avait complètement dérouté, envoûté. Isa et lui partageaient-ils un tel degré de connexion que leurs esprits ne faisaient déjà plus qu’un ? Ou était-ce justement leur différence qui rendait le procédé aussi... intéressant ?

- C’est... Hum... C’est divin ! C’est le bon mot... Aussi divin que toi... Répondit-il avec assurance, passant sous silence le vide quasi sidéral de sa vie sentimentale ou de son passé, somme toute relativement sage et sans les multiples aventures que certains Elfes se permettaient allègrement.
- Tsss... Isa n’insista pas. Trop, trop peu, qu’importait puisqu’aujourd’hui, et pour longtemps encore si les Dieux et Luwö le voulaient, il n’y avait qu’eux ! Avec un sourire alangui, elle ajouta : C’est épuisant aussi.
- Je ne te le fais pas dire, ne lele. Murmura-t-il, déposant un baiser sur son front. Je t’aime...
- Kowü n’avait pas dû tout te dire ! Lança-t-elle en riant.
- Je crois surtout qu’il n’avait aucun idée des possibilités pour un couple comme nous !
- Va savoir ! Lui qui était pour l’abolition des clivages raciaux.
- Et il avait on ne peut plus raison. Lui souffla-t-il, avec un reliquat de l’ardeur qui avait été précédemment leur.
- C’est qu’on pourrait y prendre goût... Concéda-t-elle volontiers à Elen.
- On ne devrait pas ? Murmura-t-il, un rien provoquant.
- Si si. Assura-t-elle avec un hochement de tête. D’ailleurs, ça sera à toi de me le rappeler. Je ne serai peut-être pas si bien inspirée tous les jours !

A son air faussement ingénu, Elen devinerait sans peine qu’elle se régalait par avance de l’imaginer tout retourné de lui proposer la chose. Elle remarqua immédiatement que le Chaman reprenait des couleurs. Malgré un vécu supérieur en ce qui concernait les relations de couples, il se sentait bien plus indécis que sa belle. Sur ce point précis, elle paraissait tellement sûre d’elle. Il espéra qu’elle lui transmette son insouciance et qu’il saurait se montrer bientôt aussi libéré.

- Oh... Euh... Oui, bien sûr... Je... Je n’hésiterai pas... Fit-il avec un sourire timide, son ton clairement en désaccord avec le message qu’il voulait passer.
- Ne li lelo, Ereinlen. Lui murmura-t-elle tendrement; il finirait bien par se dérider avec le temps, même si elle le trouvait si craquant tel qu’il était.
- Ne li lelo, Nelimareth.

Elle se frictionna les bras, réprimant un frisson.

- Il ne fait plus si chaud... Un bon bain ! Hmm... Voilà ce qu’il me faut !
- Et je crois que je vais t’y accompagner. Il s’empressa d’ajouter : Enfin si tu veux bien.

Le Chaman se releva, encore un peu chancelant, avant de tendre les deux mains pour assister la jeune femme dans la périlleuse opération. Et elle en eut bien besoin pour garder son équilibre.

- Bien sûr Elen. Du moins si le Chaman autorise qu’on fasse l’usage des bassins en couple ? S’amusa-t-elle à demander.
- Mais ça n’a jamais été interdit...
- Tant mieux alors ! Elle éclata soudain de rire : C’est terrible, je tiens à peine sur mes jambes ! Si l’on nous voit, ils vont croire que je suis complètement ivre !
- Si tu préfères, on peut toujours se cacher dans la chambre et remettre le bain à cette nuit ? Quand personne ne pourra nous voir...
- Oh ! Parfait ! Quelle heure est-il d’après toi ? La notion du temps lui avait complètement échappé.
- Hum... Probablement l’heure où les louveteaux mangent des sucreries. Ou peut-être plus tard. J’avoue que je n’ai pas exactement fait attention...
- Ah ? Tu as été distrait ? Fit-elle, taquine. Allons-y, on verra bien. Et puis... Ça n’a aucune importance !

Le Loup l’embrassa tendrement avant de se mettre en chemin pour leur chambre, en récupérant le reste de ses vêtements encore à terre. Le court trajet qui les séparaient de leur retraite ne fut entaché d’aucune rencontre, ce qui ne fut pas pour leur déplaire.

Ils retrouvèrent le confort de leur lit et de leurs bras, tous deux d’humeur câline après leur précédent échange, en attendant l’heure où ils pourraient sortir pour le bain tant attendu !



el Par Elen  le 11/06/2012 à 19:57

Une demi-saison plus tard...

La Tanière n’avait jamais été aussi calme. Le Chaman s’était légèrement assagi depuis qu’il avait pris en main l’entraînement de Isa, tout en s'acquittant de ceux de Kyneth, Milka ainsi que des Bakanys en ce qui concernait les transes. En conséquence on l’avait vu bien davantage à la Tanière. Si certains Loups regrettaient Nil, ils n’en demeuraient pas moins heureux que Isa ait sû leur rendre leur Chaman dont ils avaient, somme toute, grandement besoin.

Il s’agissait donc d’un matin comme un autre, pour le Chaman et sa fiancée : ils s’éveillaient l’un contre l’autre, sous la douce tiédeur des couvertures de leur lit. Isa, malgré sa mémoire particulière, semblait s’être acclimatée au réveil sans lumière du jour et suivait sans aucun problème le rythme des autres Loups. Elen ne pouvait être plus fier de sa future épouse : elle progressait rapidement sur la longue route d’apprentissage de la transe et elle semblait apprécier leur cadre de vie. Pour elle, il aurait certainement déménagé à Lardanium ou en toute autre cité, mais il avouait volontiers sa préférence pour la Tanière à toutes ces hypothétiques destinations.

Se réveiller aux côtés d’Elen dispensait Isa de se précipiter sur ses notes pour éviter tout impair. Aussi en profitait-elle éhontément, languide dans la quiétude de l’aube.

- Coucou toi... Lui fit-elle en se tournant pour venir contre lui, encore ensommeillée. Bien dormi ?
- Comme toujours, contre toi, ne lele. Il déposa un tendre baiser sur son front. Et toi ?
- Oh oui ! Rien d’urgent aujourd’hui ? Douillettement installée, elle n’avait pas envie de se presser.
- Pas que je sache, ma douce. Fit-il, lui ouvrant ses bras pour lui laisser l’opportunité de se pelotonner contre son torse. Tu peux joueur la flemmarde encore un peu avec moi...
- Flemmarde ? Pas du tout. Je... Je mobilise mes forces pour que tu sois fier de moi aux entraînements. Se trouva-t-elle comme excuse, moyennement crédible cependant.
- Hum... Tu sais bien que je suis déjà fier de toi... Et adepte de nos “pauses”...

En parlant de ces “pauses”, le Chaman ne put réprimer ses pensées matinales, incontrôlables sans le filtre de sa conscience encore assoupie. Quelque part au fond de lui, il s’interrogeait. Même s’il n’aurait échangé leurs jeux, extrêmement agréables, contre rien au monde, il se demandait combien de temps il avait fallu aux couples mixtes pour enfanter. Était-ce aussi long ? Et s’il avait un problème ? Et si l’Ennemie, dans une vengeance improbable, lui avait retiré sa fertilité ? Il fronça les sourcils. Cela ne semblait pas impossible. Loin de là. Isa voulait tellement devenir mère... Et s’il la décevait ? S’il n’était pas à la hauteur de ses espérances ?

- Vraiment ? Isa ne comprenait que vaguement ce que pouvaient être ces fameuses pauses mais la mine du Loup qui s’étirait au fil de ses pensées la rendit suspicieuse. On ne dirait pas pourtant... A quoi tu penses Elen ?
- Hum... Ça ne va pas te plaire. Fit-il avec honnêteté, pour voir si elle voulait vraiment en savoir plus.
- Dis toujours... Pour l’instant on dirait que c’est à toi que cela ne plaît pas. Et cela l’inquièterait de toute façon.
- Ce... C’est à propos de... Des enfants. Et si on n’y arrivait pas ? Enfin... Et si je ne pouvais pas ?
- Mais... Elle se redressa sur un coude, les sourcils haussés. Qu’est-ce qui te fait penser cela ? Cela ne fait pas si longtemps qu’on essaie. Et puis tu sais bien que je serais sûrement bien plus en cause que toi si cela devait tarder... Dit-elle, l’air embarassé.
- Il n’y a pas de raison que tu sois en cause, Nelith. Comment la fraîche jouvencelle que tu es le pourrait ?... Non... Mumura-t-il tendrement avant de déposer un tendre baiser sur ses lèvres. Alors que moi... Enfin tu sais... A cause d’Elle...
- Jouvencelle ? N’exagérons rien... Tu t’en fais beaucoup trop. Et c’est mauvais de s’inquiéter, les énergies sont toutes bousculées, on déprime et finalement c’est encore plus difficile ! Laisse-nous du temps, Elen. Nous les aurons nos beaux enfants, j’en suis sûre ! Elle lui sourit, l’air tout à fait confiante.
- Tu crois ? Demanda-t-il, avec un regain d’espoir, la certitude de sa fiancée étant contagieuse.
- Evidemment ! D’ailleurs, si tu me parlais un peu de ces pauses ? Je suis à peu près persuadée qu’elles doivent bien participer à nos objectifs... Non ?
- Si tu veux dire partager d’excellents moments tous les deux, alors oui. Répondit-il, sur un ton plus enjoué, feignant de ne pas comprendre.
- Voilà ! C’est un bon début ! Tu ne vas quand même pas te mettre à être plus pressée que moi !

Elle l’embrassa fugacement avant de se lever derechef. Sur le bureau, elle récupéra une liasse de feuillets et revint à pas rapides sous les couvertures.

- Alooors... A quel point ont-ils été excellents ? Fit-elle en lorgnant tour à tour du côté des pages puis d’Elen.

Le Loup ne lisait pas le journal d’Isa. Mais la curiosité devait bien le titiller de jeter un coup d’oeil de temps en temps. Quel genre de confidences la jeune femme y laissait-elle ? Y avait-il des commentaires sur son fiancé ? Isa minauda alors qu’elle faisait semblant de tomber sur quelques paragraphes croustillants, les feuilles tournées de façon à lui dissimuler les écritures.

Il afficha plusieurs fois un sourire alors qu’elle le taquinait, prenant les habituelles couleurs sur ses joues. Cependant, loin de s’offusquer de l’attitude de la jeune femme, elle l’amusait. Elle avait ce pouvoir sur lui : celui de toujours avoir l’apparence de l’innocence. Alors qu’en la connaissant bien... Se redressant à l’aide de ses coudes, il repoussa d’un main les feuillets calligraphiés par sa fiancée, l’embrassant longuement.

- Laisse tomber les feuillets... Fit-il, enjoignant la jolie jeune femme de jeter le journal, en une enjôleuse injonction. Je crois qu’il n’y a qu’un moyen pour toi d’en avoir une idée...
- Je vois... Aux Enfers la théorie, donc ?



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 11/06/2012 à 19:58

Elle allait poser la pile de feuilles sur la table de nuit quand les ultimes mots de la dernière page l'interpellèrent : “Demain peut-être ?” Aussitôt elle parcourut les quelques phrases précédentes.

- Elen... Le ton s’était brusquement altéré. D’abord ravie d’obéir aux consignes de son Chaman, elle devint soudain fébrile, presque inquiète, ce qui doucha indéniablement les ardeurs de son fiancé.
- Qu’est-ce qu’il y a Isa ? Rien de grave ?
- Et bien... Hier soir visiblement j’avais déjà noté que... Tu sais. Non, sans doute qu’il ne savait pas... Qu’il se pourrait que... Si ça s’attardait encore... Et comme je me sens relativement bien ce matin, ça ne sera pas non plus pour aujourd’hui et... Tu... Tu comprends ?

Le pauvre, s’il ne la suivait pas dans ses demi-phrases tortueuses, elle ne pourrait pas lui en vouloir. Pourquoi était-elle si mal à l’aise ? Ce n’était pas plus compliqué que le reste pourtant !

Le Chaman haussa un sourcil, incapable d’imaginer ce à quoi la jeune femme pouvait bien faire référence, bien qu’il soit plus que documenté dans ce domaine et dans d’autres et malgré leur précédente conversation. A dire vrai, il ne comprit absolument pas où la jeune femme voulait en venir. Ni même ce qui pouvait bien s’attarder.

La jeune femme se mordilla les lèvres. Elle aurait dû se taire. Rien n’était encore bien sûr. Et si elle donnait de faux espoirs à son fiancé ? Déjà qu’il doutait... Mais il était un peu tard pour regretter.

- Elen, hier j’envisageais la possibilité que peut-être... Peut-être ! Insista-t-elle lourdement, je sois enceinte...
- Que tu sois?... Que tu ?... Le regard du Chaman pétilla, son visage s’illumina et son sourire étincela : Mais c’est fantastique ! Merveilleux ! C’est...

Il se jeta sur l’Olympienne, la renversant sur le lit pour l’embrasser fougueusement, ivre de joie. Dans le mouvement, les feuillets s’envolèrent un peu partout autour d’eux. Ses lèvres ne quittèrent celles de la jeune femme que lorsque d’un bon en arrière, l’air contrit, il contempla le ventre d’Isa.

- Oh, euh... Désolé... Tu crois que... Ça va aller, hein ? S’inquiétant sottement d’avoir peut-être écrasé la jeune femme dans son empressement.
- Mais oui, ne t’inquiète pas ! Il faudra encore quelques jours pour être vraiment sûrs... J’aurais dû attendre encore un peu pour te le dire mais j’ai été si surprise ! Tu... Tu n’iras pas t’imaginer je ne sais quoi si jamais j’ai été trop optimiste ?
- Tu es tellement parfaite, ne lele. Tellement parfaite ! Fit-il, renouvelant l’embrassade avec plus de modération cependant, occultant totalement la seconde partie, la plus importante, du propos de l’Olympienne. Tellement... Il l’embrassa, radieux. ... Parfaite !

Isa hésitait entre remettre en garde Elen ou succomber à son enthousiasme. Elle voulait tellement y croire elle aussi... Mais la désillusion l’affecterait moins que lui, si elle devait se produire.

- Tsss... Je te signale qu’il faut être deux ! Lança-t-elle en riant puis une ombre passa dans son regard.
- Tout va bien, Nelith ?
- Oui... J’ai un peu de mal à réaliser. Un bébé d’ici quelques saisons, c’est...
- C’est parfait, Isa. Nous l’aurons notre famille, à nous. Rien qu’à nous.

Elle n’avait plus qu’à prier pour que leur enfant ne soit pas comme elle. Etait-ce de l'inconscience égoïste de tant le désirer malgré les risques ?

- Ne li lelo, Isa. Fit-il, l’embrassant et la caressant tendrement, sentant son trouble. Tout sera parfait, tu verras. Je te le promets.
- Tu vois, on a bien fait de réfléchir aux noms. Dit-elle pour le rassurer sur son état d’esprit.

Elle ne pourrait de toute façon pas passer toute sa grossesse à se faire du souci, ça ne serait pas bon pour le bébé. S’en remettre aux Dieux était la seule solution; à Luwö, à leur amour qui avait déjà vaincu tant d’obstacles... Alors pourquoi pas celui-ci.

- On a bien fait oui... Isa ?
- Oui ?

Il laissa glisser tendrement ses doigts sur la cuisse de l’Olympienne.

- Et si on tentait de prendre contact avec lui ? Tu sais... En...

Il lui chuchota quelques mots à l’oreille : il était question de vérifier la véracité de la description d’un certain journal. La jeune femme haussa les sourcils :

- Oh oui ! J’imagine qu’il est déjà un bakany de haute volée ! Se moqua-t-elle gentiment. Quand même Elen ! Un grand Loup comme toi, te servir de notre enfant à peine conçu comme prétexte... Quel père indigne tu feras !

Ses yeux qui pétillaient démentaient les reproches qu’elle adressait à son fiancé. Les doigts du Loup continuèrent leur parcours, toujours plus haut, lentement et délicatement. Lorsqu’ils parvinrent à la joue de la jeune femme, il lui donna un tendre baiser.

- C’est juste au cas où... Tu sais ? Si on avait été trop optimistes... Fit-il, reprenant mot pour mot la précédente mise en garde de l’Olympienne. Pour s’assurer que... Que tout est comme il faut et qu’on... Enfin pour se donner plus de chance... Se perdit-il vainement dans un argumentaire alambiqué. Oh et puis zut ! Je n’ai besoin d’aucun prétexte ! Déclara-t-il avec ardeur, entraînant la jeune femme dans une étreinte passionnée tandis qu’elle éclatait de rire.