Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Les épousailles
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Les épousailles
Topic visité 669 fois
Dernière réponse le 25/06/2012 à 22:48

el Par Elen  le 09/06/2012 à 19:17

Elen, une fois encore, avait quitté le lit conjugal tôt. Il s’était baigné avec soin, habillé de ses plus beaux atours, des vêtements qu’il avait fait confectionner sous le regard attentif de sa fiancée. Au moins avait-il l’assurance que le costume plaisait à la jeune femme. Puis il s’était rendu en cuisine pour préparer leur petit déjeuner. Chargé de son plateau, décoré d’une rose rouge, attention qu’il avait déjà eu plusieurs fois, il espérait laisser entendre à l’Olympienne qu’il s’agissait d’un jour spécial, sans qu’elle n’ait à relire ses notes. Elle pourrait aisément deviner.

La jeune femme s’était tournée vers la porte et guettait son fiancé, toujours enfouie sous les couvertures. La Tanière avait cela de bien, entre autres, qu’elle conservait une température constante dont la fraîcheur était la bienvenue en plein Souffle infernal.

- Tu es bien élégant ce matin, ne lele. Fit-elle en le voyant sur son trente et un, le plateau galamment décoré. Tu me donnerais presque des remords à paresser au lit aussi longtemps !
- Paresse autant que tu veux, Nelith. Tu sais bien que tu es ravissante aussi quand tu dors ! Fit le Chaman, s’installant sur le lit.

Il avait déposé le plateau sur une des tables de chevet, et il se pencha pour embrasser sa chère et tendre. Il ne put s’empêcher de laisser glisser une main caressante sur le ventre de sa fiancée, se penchant pour murmurer :

- Bonjour toi... Tu n’incommodes plus maman alors ? C’est bien !
- Il est sage. Murmura-t-elle, sa main rejoignant celle d’Elen tendrement. La tenue du Loup néanmoins, bien qu’il mette un point d’honneur à être chaque jour bien vêtu, l'interpellait toujours : Mais dis-moi ? Tu as quelque chose d’officiel à faire aujourd’hui ?
- Oui, oui, oui, Nelith... Et toi aussi... Répondit-il, guilleret. Hein que maman elle a quelque chose à faire aujourd’hui ? Tu le sais toi, pas vrai ? S’adressa-t-il avec douceur au ventre de l’Olympienne.

Isa haussa un sourcil puis ses yeux s’agrandirent démesurément.

- Non... Non... Ce n’est pas possible !! Ce n’est pas aujourd’hui ? S’exclama-t-elle, son coeur battant soudain plus vite que les sabots d’un cheval au galop.

Il enlaça sa compagne, prenant bien garde à ne pas comprimer le ventre, faisant preuve d’une délicatesse presque exagérée. Très fier de sa paternité, et plus encore que l’Olympienne vive sa grossesse sans problème majeur. Il plongea intensément son regard dans celui de sa fiancée :

- C’est aujourd’hui, oui. Déclara-t-il tout bas, avant de l’embrasser tendrement.
- Mais je ne suis pas prête ! Il faut tout préparer ! J’ai une robe ? Il y a des invités ? Quelque chose est prévu ?
- Du calme, ma douce. Ninah a fait préparer ta robe, elle est là, tu vois ? Fit-il, désignant un mannequin en bois qui portait le vêtement, largement recouvert par un drap épais pour le cacher aux yeux du Chaman. Nos invités ont été prévenus dans des délais raisonnables et certains sont déjà arrivés. Ils se restaurent tranquillement dans la salle commune. Les cuisiniers sont entrain de préparer le banquet de ce soir, les repas de ce midi et de demain midi, ainsi que le grand banquet qui suivra nos noces. Les enfants cueillent des fleurs pour les décorations et la plupart des Loups sont déjà rassemblés à la Tanière et affairés. Ta Prima-Luwä est là, elle aussi, encore entrain de se goinfrer avec Evonis, je suppose. Elle et ma mère sont prêtes à t’accompagner quand tu devras te préparer et t’habiller, puisque tu ne voulais pas que je te voie avant la cérémonie. Lista-t-il consciencieusement. Je te suggère donc de bien déjeuner et d’embrasser ton fiancé parce qu’il ne va pas le rester longtemps et il va se métamorphoser en ton époux !

Isa hocha la tête machinalement. Se convaincre en quelques minutes qu’une organisation de presque une saison avait été mise en place pour tout régler n’était pas évident mais elle devrait faire confiance à Elen. Lui aussi, autant qu’elle, voulait que tout soit parfait. Ils n’avaient rien dû laisser au hasard.

- D’accord... D’accord. Je... Ça va aller. Mais il va falloir que je me dépêche, j’espère qu’il n’est pas trop tard...
- Tu as tout ton temps, ne lele. Ne te brusque pas. Mange, lis ton journal. Tu verras à quel point nous avons veillé à ce que rien ne manque. Ajouta-t-il, approchant ses lèvres de celles de la jeune femme pour quémander son baiser.
- J’y crois à peine... Murmura-t-elle, ses mains venant caresser le visage de son futur époux avant de l’embrasser longuement. Dans ses yeux mille étoiles scintillaient de bonheur.
- C’est pour de vrai... Fit-il dans un souffle, entre deux baisers, une main glissant une fois encore vers le ventre de la jeune femme. De vrai, de vrai...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 09/06/2012 à 19:20

Isa suivit les conseils avisés d’Elen. Comme il l’avait indiqué, ses tenues étaient fin prêtes mais elle ne revêtit pas tout de suite la tunique blanche, discrètement brodée de fioritures dorées qu’elle devait porter pour se présenter devant les Dieux.
Habillée de simple façon, elle se rendit aux cuisines car avant la première cérémonie, elle devait confectionner les gâteaux de sésame traditionnels. Devant l’ampleur de la tache, elle eut peur pour le beau costume d’Elen qui se proposait de l’aider et lui passa un grand tablier autour du cou, en profitant pour l’embrasser au passage.

- C’est une bonne idée de cuisiner tous les deux, non ?
- Je préfère quand c’est toi qui me mitonnes des petits plats. Fit-elle pour taquiner son fiancé.
- Tu vas voir... Je vais te mitonner de l’ours au miel pour demain ! Tu m’en diras des nouvelles.
- Tout seul ? Tu vas réussir à t’occuper d’un ours entier ? S’étonna une voix familière à l’entrée des cuisines.
- Bah... Il laisse la sale besogne du vidage aux autres, lui il le farcit juste et il l’assaisonne... Il ne fait pas grand chose...
- C’est ça, grand malin ! Tu étais bien content la dernière fois que ce soit moi qu’il l’ait cuisiné !
- Bonjour vous deux ! Vous venez aider ou goûter ? Dans le second cas vous êtes en avance ! Lança Isa tout en sortant les ustensiles et les ingrédients nécessaires.
- Ben en fait, je me suis dit que t’avais peut-être besoin d’aide !
- Et je l’ai suivie...
- Bêtement ? Ça ne te ressemble pas, Evonis.
- Et toi, alors ?
- Quoi moi ? Elen se tourna vers Isa et, lorgnant son ventre, il poursuivit, s’agenouillant aux pieds de l’Olympienne en collant son oreille contre elle : Hein toi ? Hein que papa il n’est pas bête ?

Evonis se frappa le front du plat de la main tandis qu’Aileen éclatait de rire. Elen venait de faire la démonstration adéquate.

- Bien vu Aileen ! Puis avec un grand sourire, sa main jouant avec les mèches de la chevelure du Loup : Papa est juste complètement gâteux, ce n’est pas du tout pareil !
- Et puis j’t’ai déjà dit, Evonis, t’es une andouille. Mais bon, ça me gêne pas ! Fit Aileen en tirant la langue au Loup. Alors Isa ? On peut faire quoi pour t’aider ?

La jeune femme expliqua rapidement la recette pour obtenir de grands biscuits légèrement sablés, nappés de miel et de sésame et les quatre cuisiniers improvisés s’y mirent avec entrain.
Deux heures plus tard, un monticule de pâtisseries se dressait sur un large plateau. Isa en avait réservées, dans une jolie assiette de bois sculpté, qui seraient offertes aux Dieux.

- C’est parfait, ils sont excellents ! Dit-elle, très fière de leur travail. Plus qu’à dresser l’autel, ensuite j’irai me changer et...

Elle regarda Elen, soudain émue.

- Maman et papa seront mariés ! Fit-il, caressant avec ferveur la légère bosse qui ornait le ventre de sa fiancée.
- Hé ben, je savais pas que t’étais un papa gâteau ! Fit Aileen en éclatant de rire.
- Heyy ! Je vais finir par être jalouse si tu ne parles plus qu’à lui, Elen ! Se rebiffa l’Olympienne.

Il l’entoura de ses bras, se pelotonnant tout contre elle.

- Hum... Ne t’inquiète pas, ne lele, je garde rien que pour toi... Il murmura quelques mots enflammés à l’oreille de sa belle qui la firent rougir.
- Hum... Alors on va p’t’être vous laisser, non ? Fit Aileen, non sans un sourire amusé.
- Nonon ! On a encore du travail ! La Prima-Luwä n’allait pas pouvoir se défiler aussi facilement.
- Comme tu veux... Mais le futur marié va devoir se tenir un peu mieux ! Plaisanta-t-elle tandis qu’Evonis observait avec attention la réaction de la Cerf, comme s’il prenait note de la décision de Aileen non sans une légère moue déçue.
- Ne t’inquiète pas, j’ai de quoi bien l’occuper.



el Par Aileen  le 09/06/2012 à 19:23

Dans l’ancienne chambre d’invitée d’Isa, le couple avait réuni tout ce qu’il fallait pour réaliser un autel temporaire dans la clairière devant l’entrée de la Tanière. Il y avait donc un meuble à déplacer ainsi que tout un assortiment de nappes, de soucoupes, de petits braseros et autres babioles. Les deux hommes s’en chargèrent, évidemment, tandis que les deux demoiselles étaient rejointes par la mère d’Elen.

- Alors, Isa, prête ? Demanda la mère de Elen, sans plus d’introduction.

- Oh bonjour Cyan ! Oui... Oui ! Vous arrivez juste à temps pour rencontrer les autres invités et nous commencerons très bientôt ! Désirez-vous un rafraîchissement ? Le chemin depuis le petit village avait dû paraître bien long dans cette matinée particulièrement bien ensoleillée.

- Non merci. J’ai fait apporter tout ce qu’il nous fallait dans ta chambre, rafraîchissements compris. Tu es radieuse ! Ça veut dire que mon fils a fait sa part du travail pour la cérémonie. Heureusement pour lui ! Elle sembla remarquer Aileen. Alors c’est toi la fameuse Aileen dont ma belle-fille m’a tant parlé ? Tu es ravissante. Elle salua la Cerf à la manière des Louves : une paire et demi de bises sur les joues et en profita pour murmurer à la jeune femme : Evonis a toujours eu du goût.

- Heu, bah... Je.... Oui, c’est moi... Merci... Fit-elle, passablement surprise par le compliment et l’affirmation de Cyan quant à Evonis...

- C’est vrai ! Vous ne vous êtes jamais croisées ! Et je manque à tous mes devoirs ! Cyan, voici effectivement l’Intendante du Clan du Cerf, qui me fait l’honneur d’être ma Prima-Luwä. Aileen, voici Cyan, la maman d’Elen. Et votre fils est dans les parages, Cyan. Le pauvre a abattu des montagnes pour ce mariage !

Aileen la salua d’un signe de tête, non sans un sourire vaguement gêné. Apprendre de la bouche de quelqu’un qu’elle venait à peine de rencontrer qu’Evonis avait “toujours eu du goût” la laissait quelque peu perplexe...

- Ce grand nigaud aura mis du temps à me présenter tous ses amis !

- Ben, ça fait pas si longtemps que ça que je le connais... Depuis que je suis arrivée chez les Sylphes, en fait.

- Nous poursuivrons la conversation en bas... Isa a des essayages à faire...

- Oui je crois que tout est en bonne voie ici... Je vais peut-être laisser Elen s’occuper des invités et en profiter pour passer la tenue de cérémonie ?

La jeune femme se sentait un peu perdue et quitter Elen même un instant l’inquiétait. Cela faisait déjà plusieurs heures qu’ils s’affairaient et la journée était loin d’être terminée. Comme pour confirmer ses sentiments, elle pu entendre :

- Mais non, ça ne se met pas là, ça !

- Et où veux-tu que ça aille avec une forme pareille ? Bien sûr que ça va là !

- Tu vois bien que non ! C’est à se demander comment tu parviens à enfiler tes chausses le matin !

- Ce n’est pas moi qui me suis pris une branche dans le nez !

- N’empêche que sans moi, tu pouvais t’asseoir sur ton ours...

- Je lui ai porté le coup fatal ! J’aurai même pu avoir ce faisan si tu n’avais pas éternué !

- Tu peux parler ! Tu as manqué ce chevreuil alors qu’il n’était qu’à trois pas...

- Ah ! Tu vois que ça allait là !

- Un coup de chance, comme pour l’ours !

- Donc tu admets que c’est moi qui...

Et ils poursuivaient ainsi, avec une rivalité empreinte de bonne humeur. Les deux hommes se chamaillaient comme des gamins. Cela permettait à Elen d’extérioriser un peu son appréhension : il voulait que tout soit parfait pour Isa. Aucune fausse note.

- Je crois qu’il va se débrouiller... Souffla Cyan avec un sourire amusé. Viens ! Fit-elle, en prenant sa belle fille par la main. Et toi aussi ! Ajouta-t-elle à destination de Aileen, se saisissant à son tour de sa main, les entraînant toutes les deux vers la chambre que partageaient Elen et Isa.

A l’instant où le trio allait pénétrer à nouveau à l’intérieur de la forteresse, Aileen s’arrêta le temps de crier en direction des deux Loups, comme si elle voulait alimenter le débat entre eux :

- Evonis ! J’suis sûre que c’est toi qui l’a eu, l’ours ! Avant de s’en retourner pour rattraper Cyan et Isa.

- Ah ! Tu vois ? Fit-il à Elen, sur un ton tonitruant.

- Ça ne compte pas ! Elle serait prête à dire n’importe quoi pour contenter le vieux machin que tu es !

- Moi, au moins, je ne ressemble pas à un vieillard ! Put-elle entendre en réaction à sa remarque, jusqu’à ce qu’elles se fussent trop éloignées à l’intérieur et que le tumulte que faisaient les deux hommes ne soit trop atténué.

Aileen sembait tout à fait satisfaite de l’effet que sa remarque avait eu sur les deux Loups restés à l’extérieur et ne pouvait s’empêcher d’en rire.

- Ils sont pas possibles...

- J’espère que ça n’ira pas trop loin... Fit Isa, l’air chagrinée par la dernière sortie de l’Ashka.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Elen  le 09/06/2012 à 19:23

Cyan conduisit les deux jeunes femmes au second sous-sol, vers la chambre des futurs mariés. A l’intérieur, elle avait fait placer des pâtisseries, des fruits, des boissons fraîches, alcoolisées ou non et de nombreux bouquets de fleurs pour que l’Olympienne se sente à son aise, entourée par des senteurs enivrantes.

- Oh... Je vais peut-être rester tranquillement là, on peut tenir un siège ! Vous n’auriez pas dû vous déranger autant, Cyan.
- Penses-tu ! Ça ne m’a pas dérangée ! Je les ai préparés ce matin. Ceux-ci sont au citron. Ceux-là à la menthe. Et ces autres à...
- Ça a du être un sacré travail ! S’étonna Aileen.
- Pas plus de trois tours de sablier !
- Je vous en prie, asseyez-vous. L’Olympienne leur proposa les fauteuils dont les bureaux du couple étaient parés puis fit le service.

Elle-même se laissa vite tenter par un petit gâteau citronné et un grand verre de jus de fruits avant de s'asseoir sur le lit, pour se reposer quelques minutes. La chambre avait été transformée par les bons soins de Cyan en une vraie alcôve de princesse embaumée de parfums délicats.
Aileen préféra s’attarder sur les différentes pâtisseries, les goûtant les uns après les autres. Elle devait bien avouer que tous étaient délicieux mais celles au citron étaient ses préférés.

- Alors, Isa, tu vas bien ?
- Oui oui ! La jeune femme semblait pourtant agitée et même si elle se régalait des gâteaux, elle lorgnait vers le mannequin de bois sur lequel sa robe de mariée l’attendait. Elle avait hâte de la découvrir bien qu’elle n’aurait à la porter que le lendemain ! J’avoue, un peu nerveuse, j’ai l’impression qu’il reste des millions de détails à régler et je m’en veux de me prélasser là à grignoter vos merveilleuses pâtisseries.
- Ça c’est le privilège des futures mariées ! Elles ont un droit inaliénable aux pâtisseries avant la cérémonie et ce depuis des siècles et des siècles !
- Oh alors je ne peux me permettre de déroger à la tradition, mon Chaman de futur époux s’en offusquerait !
- Et vous deux, tout se passe bien ? S’enquit Cyan, avec un regard sur le ventre de l’Olympienne, légèrement plus arrondi qu’à l’accoutumée.
- Ça a l’air d’aller. J’ai suivi vos conseils et le pire semble passé... Du moins tant que je peux encore bouger librement. Ça ne va peut-être pas durer ! Et Elen fait tout ce qu’il peut pour me chouchouter, il est... Ne trouvant pas de mot pour décrire l’attitude plus qu’amoureuse de son fiancé, elle prit à témoin la Cerf avec un sourire qui trahissait son bonheur : Hein Aileen ? J’espère qu’il sera content du mariage... Que ça ne sera pas moins réussi que... L’autre.

La Cerf répondit par un vif hochement de tête, retenant un rire alors qu’elle mordait dans une nouvelle pâtisserie. C’était indubitable, Elen chouchoutait Isa au pus haut point.

- Quel autre ? Visiblement, Cyan avait parlé à son fils, qui lui avait exposé les conditions du mariage précédent. Elen n’a jamais été marié.

L’Olympienne haussa un sourcil, surprise. Cyan n’avait donc pas su pour Nil’nelia ? Elle avait pourtant ses sources de confiance à la Tanière. Isa devait-elle la détromper ? Elle fut soudain très mal à l’aise.

- Écoute-moi attentivement, Isa. Ce qui est fait devant Luwö est éternel.

Cyan piocha à son tour dans les pâtisseries, mordant avec délicatesse dans une petite tartelette aux pommes et aux épices.

- Les liens entre toi et Elen ne pourront jamais être rompus. Quand bien même tu le souhaiterais parce qu’il aurait changé au point d’en devenir méconnaissable, tu ne pourrais rien changer. Un engagement devant le Totem n’est pas à prendre à la légère. Surtout pour le Chaman du Clan.
- Mais...

Elle baissa les yeux, ne sachant plus quoi dire. Evidemment Elen avait rompu avec Nil’nelia, mais Luwö semblait être d’accord. Ou du moins n’avait-il jamais montré d’hostilité envers sa remplaçante, bien au contraire. Etait-ce lui, quelque part, qui avait poussé Elen à l’épouser car elle paraissait mieux disposer que l’Elfe noble à se conformer aux usages des Loups ? Elle eut soudain peur d’aller plus avant dans ses réflexions. Car au bout, il y avait la simple question de savoir si Elen l’aimait par lui-même, ou s’il était sous l’influence de son Totem...

- Taratata ! Ne fais pas cette tête, ma fille ! Lui et toi vous êtes choisis, c’est certain. Et je dois dire que vous vous êtes bien trouvés ! Je suis fière d’avoir une belle-fille aussi resplendissante que toi ! Sache seulement qu’il ne t’aurait pas demandée en mariage s’il était liée à une autre. Et hauts les coeurs ! Demain soir, tu seras la femme la plus influente de la forêt des Cendres !
- C’est gentil, Cyan. Isa esquissa un petit sourire, aussi rassurée qu’amusée par les compliments de sa future belle-mère. Elle comprenait aussi pourquoi celle-ci devait supporter son pochtron de mari...
- C’est surtout la vérité. Répondit-elle avec un clin d’oeil appuyé, lançant par la suite un regard entendu à la Cerf.
- Oui ! Mais bon, je pense qu’Elen ne te surchargera pas de travail ! Plaisanta-t-elle. Et puis, Isa... Tu sais, pour Nil... Quand Elen et elle se sont mariés, on n’avait plus accès au monde des esprits, le lien entre nous et les Totems a été rompu... Temporairement, bien sûr. Donc Luwö n’a pas pu être témoin du mariage. En fait c’est comme s’il ne s’était rien passé vis-à-vis du Totem. Je n’y avais pas vraiment réfléchi mais ce qu’a dit Cyan vient de m’y faire penser. Expliqua-t-elle pour dissiper les éventuels doutes que pourrait avoir l’Olympienne. Elen ne lui avait peut être pas expliqué cette partie-là de l’histoire.

Cyan hocha la tête tout au long du discours, ses lèvres rouges habitées par un sourire joyeux. La petite Cerf méritait bien son rang d’Intendante et semblait loin d’être bête ! Elle avait compris substantiellement ce qui devait l’être : Isa avait bien plus de légitimité devant Luwö que Nil’nelia. Et elle en aurait plus encore une fois mariée au Chaman.
Isa resta abasourdie. Ainsi le premier mariage d’Elen était caduque... Grands Dieux, il avait dû avoir un choc en l’apprenant, car elle ne pouvait croire qu’il en était conscient au moment où cela fut fait... Et Nil ? Le lui avait-il révélé ? Elle se prit à espérer le contraire, cela aurait été bien cruel pour l’Elfe, surtout en un argument parmi d’autres pour la quitter...

- Je ne savais pas... Mais pour moi cela ne renie pas leur union. Consacrée ou non, elle avait été faite alors qu’ils s’aimaient sincèrement. On ne peut pas leur jeter à la figure “Oui mais c’était pour de faux, Luwö n’était pas là !”... Enfin peu importe maintenant... Je suis heureuse de lier ma vie à la sienne, et j’espère qu’il est aussi empressé que moi.
- Non, je voulais juste dire... C’est pour Luwö qu’il ne s’est rien passé... Pour nous, c’est différent, c’est sûr... Moi non plus je ne peux pas nier tout ça. Et ne t’inquiète donc pas pour lui, vu comme il se chamaillait avec Evonis, je parie qu’il est au moins aussi content que toi ! Fit-elle, terminant sur une note plus enthousiaste.
- Bien sûr ! Il n’a d’yeux que pour toi !
- Bon alors je vais essayer de me faire belle, il est grand temps de passer aux choses sérieuses ! Fit Isa, l’air enjoué, guidant ses pensées vers des préoccupations plus agréables. Si vous voulez bien m’excuser, je vais vite me rafraîchir avant de passer la tunique de cérémonie.

Elle se leva et prit son nécessaire à toilettes, plus fourni en huiles et lotions parfumées que d’habitude et rejoint les bains.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 09/06/2012 à 19:34

- A plus tard ! Lui lança Aileen alors qu’elle s’éclipsait, laissant la jeune Cerf seule avec la mère du Chaman. Elle se tourna vers cette dernière, hésitant un instant. Du coup... Si j’ai bien compris, tu... Tu connais Evonis ? Fit-elle finalement, un peu timidement néanmoins.

- Oui, oui. Plutôt bien. Il m’apportait des nouvelles de Elen, quand Kowü ne le pouvait pas...

- Ha, c’est pour ça... Fit-elle, comprenant un peu mieux les premiers mots que Cyan avait eus. J’en savais rien. C’était gentil de sa part !

- On est de très vieilles connaissances. Fit Cyan, avec un sourire rêveur.

- Ha ? Depuis combien de temps ? Demanda la Cerf, ne retenant pas un élan de curiosité. Et étrangement, quelque chose lui disait qu’elle pourrait le regretter.

- Hum... C’était il y a un peu plus de cinq cents ans...

- Ouah ! C’est un vieil ami ! S’étonna Aileen en riant.

- Plutôt, oui. Répondit-elle, évasive.

Isa s’était immergée rapidement car elle ne pouvait se permettre de lambiner. Cependant, les quelques minutes passées dans l’eau tiédie, les yeux fermés, au calme cachée dans les vapeurs permanentes qui flottaient au-dessus des bassins la délassèrent sensiblement. Après un séchage de sa chevelure dans l’air chaud de la Clairière où elle put s’assurer que les derniers préparatifs touchaient à leur terme, elle retourna vite auprès des deux Elfes.

- Voilà ! S’annonça-t-elle avant de prendre la tunique pendue à un cintre et la ceinture brodée qui lui dessinerait une taille haute.

Elle disparut derrière un paravent le temps de la passer et revint s’installer devant sa coiffeuse pour terminer par le tracé de son tatouage et le maquillage. Il faudrait redoubler de coquetterie aujourd’hui ! Elle batailla avec quelques épis récalcitrants, vérifia mille fois son reflet à la recherche d’une retouche à faire puis finit par se lever.

- C’est acceptable ? Demanda-t-elle en se tournant timidement vers les deux comparses.

- Attends...

Cyan fouilla dans une sacoche qu’elle avait suspendue à un porte manteau. Elle en tira un diadème fait d’argent et d’adamantium, d’une finesse remarquable, incrusté de trois diamants de taille respectable. Et dire que les Elfes des Lunes n’affectionnaient pas les richesses !

- Avec ça, il ne manquera rien.

Elle déposa le précieux bijou sur la tête de l’Olympienne, murmurant quelques mots dans un souffle. Isa sentit le picotement caractéristique d’une manifestation magique. Les diamants s’illuminèrent et l’éclat se maintint, rendant Isa littéralement rayonnante ! Aileen en resta muette, impressionnée par le résultat. Cyan était vraiment surprenante !

- Et voilà. Belle comme un coeur ! Regarde-toi !

La jeune femme, qui allait d’abord protester car elle ne s’attendait pas à être si somptueusement parée ne put résister à aller se mirer à la coiffeuse. En effet, le résultat était bien au-delà de ses espérances et ainsi se trouva-t-elle, pour une fois, fort jolie.

- Merci Cyan. C’est généreux de votre part de me prêter un si beau bijou. J’en prendrai bien soin.

- Qui a parlé de te le prêter ? Ce n’est qu’un modeste présent pour ma belle-fille !

- Vraiment ? Oh... Et bien merci encore... Murmura-t-elle, toute génée mais également ravie que Cyan lui fasse un si remarquable cadeau. Je suis sûre qu’Elen va l’adorer aussi.

Son regard balaya la chambre, comme pour vérifier que tout était en ordre.

- On y va ? Ils doivent commencer à s’impatienter.

- Ou ils sont encore en train de se chamailler !

- Les hommes sont tous des bébés !



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Elen  le 25/06/2012 à 22:05

~ Elen ~

Elen et Evonis avaient fini par se mettre d’accord sur la manière de procéder à l’assemblage de l’autel, et pas peu fiers de leur exploit, ils l’avaient dressé là où Isa et son fiancé procéderaient. Les choses avançaient bon train.
Evonis partit vaquer à d’autres occupations, sa Cerf ayant mieux à faire que de traîner avec lui. Il décida d’apporter son expertise à la perce des fûts de bière, goûtant le précieux breuvage pour s’assurer de leur qualité. Satisfait, il alla vérifier ensuite la nourriture en cuisine !
Elen, lui, se chargeait d’accueillir les invités :des parents plus ou moins proches, venus des quatre coins de la forêt des Cendres. Tout se mettait en place, petit à petit : les tables se garnissaient, les gens se réunissaient pour échanger des nouvelles et beaucoup songeaient à Sigdil, maudits soient les Nobles d’avoir ainsi détruit la cité du seigneur Gaver.

Les Loups partageaient bien souvent les vues de Kowü, l’ancien Chaman du clan : si Sigdil avait existé, c’était bien qu’une coopération entre les peuples ennemis demeurait possible. De plus, cela montrait aussi que la guerre ne tirait sa source que de la Noblesse de Na’Helli, puisque la plupart des Elfes servant Gaver provenaient du Peuple des Lunes. Tout le monde semblait unanime : les Nobles à cette époque s’étaient attaqués à des frères et à présent ils en payaient le prix : toutes leurs années d’insouciance et d’excès les avaient mené à leur décadence actuelle. Nombre des Loups présents, Elen le premier, espéraient que les pierres de Na’helli retournerait à la terre d’où elles avaient été tirées.

Bref, la plupart échangeaient avec bonne humeur et avaient hâte de voir à quoi ressemblait une cérémonie olympienne, et plus encore de montrer au peuple de Lardanium la qualité de la cérémonie des Loups !

~ Dalhia ~

Dalhia était content. Isa l’avait invité à son mariage avec le grand monsieur... Elen. Et en plus il n’était même pas en retard. C’est Elen qui lui avait dit. Oui, Elen c’est comme ça qu’il s’appelle.
Bref, le lutin se rendait d’un pas sautillant en direction de la Tanière, là où on lui avait dit d’aller. Enfin, si il ne se perdait pas en chemin... C’est qu’il avait un peu peur d’oublier par où il devait aller... Alors il avait emmené avec lui l’invitation qu’il avait reçu, pour trouver plus facilement. Et peut être qu’on lui demanderait de la présenter en arrivant, il ne savait pas trop. Alors il l’avait prise avec lui.

Finalement, il était arrivé parmi les premiers. Il n’y avait pas encore beaucoup de monde aux alentours. Enfin, si, mais une partie des invités n’était pas arrivée, encore... Le lutin regarda tout autour de lui, un peu timidement alors que les Loups s’affairaient aux derniers préparatifs avant la cérémonie. Il y avait plein de tables, partout, avec des gens qui ammenaient les plats. Ils étaient tous occupés et personne n’avait l’air de vraiment faire attention à lui. Et puis il ne voyait pas Isa, elle ne devait pas encore être là, se dit-il un peu déçu. Il aimait bien Isa. Elle était gentille et puis elle aimait bien ses dessins ! Il se retourna et remarqua l’autel qui avait été dressé en plein milieu de la clairière. Il y avait plein de bougies dessus, c’était joli ! Est ce qu’il était toujours là ou est-ce qu’ils l’avaient mis là juste pour l’occasion..? En tout cas ça lui plaisait bien. Et puis il y avait Elen, pas très loin. C’était ça son nom. Il lui faisait toujours un peu peur parce qu’il était grand mais Isa l’aimait bien, c’est pour ça qu’elle se mariait avec. Alors il faisait des efforts pour avoir moins peur. Il pris son courage à deux mains et commença à se diriger vers lui pour lui dire bonjour...

Dalhia avait à peine fait quelques pas qu’un autre elfe débarqua, grand, large d’épaules, riant d’une voix forte à une plaisanterie de l’un de ses camarades. Le lutin sursauta. L’elfe avait à la main des broches et des volailles qui ne demandaient plus qu’à être cuites. Terrifié par le colosse, Dalhia resta tétanisé un instant, les yeux fixés sur les broches en se demandant si il allait finir de la même façon que les poulets et les dindes que le Loup transportait... Il prit ses jambes à son cou, trop terrifié pour essayer d’en savoir plus et couru droit devant lui pour s’éloigner le plus vite possible de ce type énorme... Jusqu’à ce qu’un obstacle imprévu se dresse devant lui et qu’une fois de plus, il se retrouve à terre après l’avoir percuté de plein fouet. Il frotta vivement son nez douloureux tout en bredouillant des excuses maladroites.

- Je... Euh, pardon, m’dame... C’était une vieille dame qu’il ne connaissait pas. Ou en tout cas, il ne se souvenait pas l’avoir déjà vue. J’ai pas fait exprès ! Y avait un grand monsieur et j’ai eu peur... J’avais pas vu, j’voulais pas... Chuis désolé ! J’vous ai pas fait mal..?

~ La Vieille ~

Le supplice avait commencé avec ces ridicules petites fleurs tarabiscotées emmêlées autour du parchemin. Le parfum lui avait piqué le nez et elle se souvenait encore de cette abeille venue butiner une fleur de liseron qu'elle avait écrasée entre deux doigts.
Isa n'avait pas demandé son reste après lui avoir donné l'objet du délit... A croire que la gamine se sentait coupable et sa grand-mère aurait été bien en peine de la contredire.

Ah ! Elle ne manque pas d'air ! Honorer les Dieux en les rendant témoins d'un comportement aussi détestable ! Qu'a-t-elle donc dans la tête, cette créature !

Pour échapper à la folie romantique qui se propageait pire qu'une gale à la Tanière, Isandre avait conservé sa petite chambre dans l'un des sièges de l'Eclat des Lunes. Les gardes faisaient leur possible pour l'ignorer, ce qui lui permettait de vaquer sans aucun compte à rendre, loin de la surveillance de son - ancien - esclave...
Aussi arriva-t-elle tranquillement après une petite marche qui lui permit d'équilibrer l'énervement qui la gagnait. En chemin pourtant, il y eut bien quelque gibier effrayé par les cailloux qu'elle expédiait d'un coup de pied fâché à travers les buissons, ou certains oiseaux passés un peu trop près et chassés d'un moulinet de canne... Ci et là des chasseurs purent l'entendre geindre :

- Grands Dieux, quelle faute ai-je commise pour qu’on m’inflige un tel spectacle...

La Clairière grouillait littéralement d'une populace affairée à déplacer tout un fatras d'objets, de meubles, de victuailles, sans doute en espérant qu'au bout de quelques heures, cela dessine un schéma organisé...

Bonne chance... Ironisa-t-elle en son fort intérieur, un rictus tordant ses lèvres parcheminées.

Du ciel, Alcyon se serait aperçu que, sur quelques pas, un disque désert entourait la vieille tandis qu'elle fendait la foule pressée pour se planter non loin de l'autel en cours de montage. Les Elfes la contournaient largement ou tournaient le dos à son approche sans même le réaliser.
Appuyée des deux mains sur sa canne, ses petits yeux étrécis fixaient à s'en dessécher l'Elfe qui ferait bientôt partie de sa famille... Comment cela avait-il pu se produire... Comment l'empêcher... Isandre n'avait pas lésiné sur les moyens pour tout ruiner. Mais on en était tout de même là... A regarder...
Lentement, une ombre de sourire brouilla l'agressivité qu'affichaient ses traits.
Oui... A regarder les deux meneurs de ce troupeau d'indigènes impies dresser un lieu de culte, même temporaire, aux vrais Dieux. Aux seuls Dieux qui méritaient que l'on s'incline devant eux et leurs représentations sacrées.
Sa petite-fille avait réalisé cet exploit de faire ménager des propres mains des soit-disant guides spirituels, au cœur de ce bout de foret souillé par des croyances indignes, un espace où percerait la Foi véritable, d'où rayonnerait la Puissance de Zeus pour éblouir tous ces mécréants.

Elle but longtemps ce spectacle comme on déguste un bon vin, après que les acteurs eurent délaissé la scène et que le décor planté put être étudié tout à loisir. Un rire étrange, peu travaillé, naquit dans sa gorge habituellement aigrie. Mais...
Un choc contre ses jambes l'interrompit et manqua la faire basculer :

- Qu'est-ce que c'est que cet avorton ! Pesta-t-elle, croyant sur le moment qu'un rejeton Loup venait de la heurter lors d'un de ces jeux désastreusement agités et bruyants. Puis elle reconnut Dalhia : Ah c'est toi... Ne rêve pas, petite chose maudite... Ce n'est pas un moucheron de ton gabarit qui me peut grand mal... Quel monsieur ? Tu ne crains rien ici, malgré les grands airs qu'ils se donnent aucun ne vaut tripette... Tu as vu Isa ?

La vieille était presque d'humeur à aller féliciter sa petite-fille pour le bon tour qu'elle s'apprêtait à jouer aux Loups.

- Ha bon, j’suis content, alors, j’voulais pas vous faire mal... Fit le Lutin en se relevant et époussetant ses vêtements. C’était un monsieur tout grand qui parlait fort... Et il était gros ! Et j’ai eu peur... Et puis, heu... Non, j’ai pas vu Isa... Elle est gentille ! Je l’aime bien !

La vieille leva les yeux au ciel. Le Lutin ne lui était d’aucune utilité et il était grand temps de l’ignorer avant que l’étalage de ses sentiments puérils ne ternisse son allant. Elle n’avait plus qu’à attendre...

- Et puis Elen aussi, il est gentil, mais il me fait un peu peur, il est grand... Mais il fait moins peur que l’autre monsieur... Continua le lutin, semblant ne pas remarquer que la vieille l’ignorait.
- File ! Aboya-t-elle, les yeux roulant d’impatience.
- Ho, pardon ! Je voulais pas vous déranger ! Au revoir, Madame ! Répondit-il, en s’exécutant. Mieux valait qu’il rebrousse chemin et aille saluer Elen comme il comptait le faire au départ.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

ldf Par Dalhia  le 25/06/2012 à 22:13

~ Elen ~

Peu après qu’il eut accueilli les invités, le Chaman fut interpelé par Dalhia, qui venait de quitter l’oiseau de mauvais augure que constituait Isandre. Le Lutin, plein d’entrain, avait du se heurter au mur inflexible de la vieille folle. Mieux valait qu’elle boude dans son coin. Quelque part, il espérait qu’elle finisse par changer d’avis et accepter le bonheur de sa descendante. Cependant, le cours d’une rivière ne s’inversait que sous l’inspiration divine, et il ne faudait ni plus ni moins que cela pour que Isandre fasse une telle faveur à Isa.

- Euh; je... Euh, bonjour !! Fit le lutin semblant soudain un peu perdu.

- Bonjour Dalhia. Alors ? Content d’avoir retrouvé Tizi ?

- Tizi... Son visage vira au rouge presque instantanément. Oui, très content ! Ça faisait longtemps que je l’avais pas vue, alors je suis content !

- C’est une bonne occasion ! Tu vas pouvoir dessiner et manger de tout ton saoul !

- Ha... Haaa, oui dessiner ! Madame Isa elle aime bien ! Elle m’a dit une fois que c’était pour sa grand mère !

- Oui, cela mettra un peu de gaieté dans son coeur de pierre !

- Ha..? Elle a un coeur en pierre..? Le lutin ne comprenait pas trop ce qu’Elen voulait dire... Ça doit faire mal...

- Oui. Surtout aux autres, quand elle crache ses graviers !

- C’est... C’est bizarre... C’est grave..? C’est une maladie ? s’étonna-t-il en ouvrant de grands yeux ronds.

- Elle doit y être habituée depuis le temps. Je crois qu’elle le vit plutôt bien...

- Ha bon... Ben... Ben... J’espère que les dessins, elle aime bien, en tout cas...

Quelques exclamations firent tourner des regards impatients vers l’entrée de la Forteresse. Entre Aileen et Cyan, Isa avançait vers le groupe d’invités, l’air aussi intimidée que rayonnante de joie. Sa tunique était d’un blanc immaculé aux reflets satinés. Un drapé oblique couvrait son buste jusqu’à une bretelle unique dorée qui rattrapait dans son dos un arceau de tissu incurvé sous ses omoplates. Une double ceinture pareillement brillante et décorée soulignait sa poitrine en la ceignant en taille haute puis dévalait de part et d’autre sur ses reins pour servir de bordure à la robe qui laissait le dos d’Isa presque nu en un V plongeant et gracieux. Les longs pans du bas, fendus sur la cuisse, laissaient apparaître les jambes de la jeune femme entre deux vagues blanches et soyeuses. Dans sa chevelure maintenant illuminée par les Titans, le diadème offert part Cyan rutilait.

Le Chaman ne quitta pas un instant des yeux sa fiancée, ravissante et lumineuse dans sa robe blanche. Son coeur battant la chamade, il eut cette pensée joyeuse : aujourd’hui et demain, ils uniraient jamais leur existence, pour le meilleur et pour le pire, et après demain, ils seraient parents. Il afficha un sourire béat à cette dernière idée : devenir père aux côtés d’une femme aussi parfaite que Isa le rendait plus heureux que jamais ; c’était l’assurance d’un avenir plein de joie et d’amour.

Isa fut surprise du nombre de personnes présentes dans la Clairière. S’ils avaient prévu un nombre limité de places assises, pensant qu’une cérémonie dans la croyance olympienne n’intéresserait que peu de monde à part les proches d’Isa, des Loups se regroupaient pourtant en marge des préparatifs pour observer, de plus ou moins loin.

La jeune femme échangea quelques mots de salutations avant de rejoindre Elen.

- Un cadeau de ta maman. Lui chuchota-t-elle, son regard pétillant de fierté, tandis qu’elle lui indiquait le diadème.

- Tu es resplendissante, Nelith. Lui souffla-t-il, avant d’échanger un tendre baiser avec elle, auquel elle répondit en prenant des couleurs.

- Ça va toi ? Demanda-t-elle, se sentant déjà assez nerveuse pour deux.

- Pas trop mal. Tout sera parfait quand je pourrai t’appeler mon épouse !

- Pas avant demain hélas... Cependant l’étape du jour n’était pas moins cruciale et dans la chaleur de la matinée qui touchait à sa fin, la jeune femme serra les mains de son fiancé. On commence ?

- Aussitôt que tu te sentiras prête.

- Allons-y alors.

Elen s’adressa donc à la foule des présents, après avoir exécuté une révérence cérémonieuse devant ses invités :

- Mesdames, messires, demoiselles, damoiseaux, de tous peuples et de tous clans, soyez les bienvenus à la Tanière en ces jours heureux ! Ma tendre fiancée et moi-même sommes flattés et honorés par votre présence à toutes et tous. Comme vous le savez peut-être, Isa et moi avons décidé de procédé à la manière de nos deux peuples, afin d’être unis tant par nos coeurs que par les traditions de nos frères et soeurs, de nos parents et de nos amis. Nous festoierons ensemble ! J’espère que vous vous amuserez autant que nous et que vous profiterez des festivités !

Isa invita les proches du couple à s’asseoir sur les fauteuils qui avaient été préparés à proximité de l’autel. Cyan et Aileen pourraient ainsi rejoindre Evonis, Odeli, Dalhia, Rôde, Fulminor, Morgane, Tizi et Lindorie. Isandre les rejoignit tous, un sourire satisfait bien étrangement rivé à ses lèvres.



-Dalhia-
Comme un dahlia sauf que ça s'écrit pas pareil.

olymp Par Isa Cestia  le 25/06/2012 à 22:17

L’Olympienne entraîna le Loup vers l’autel. D’un sourire, elle le remercia d’avoir tout préparé en son absence. La table drapée et décorée inspirait une solennité certaine mais gardait la fraîcheur d’un événement enjoué. Quelques bougies étaient déjà allumées et Isa les utilisa pour enflammer un brasero empli d’ambre. Un panier sur l’herbe à coté de l’autel contenait ce qu’il faudrait y déposer, au rythme des phrases rituelles.
Isa lança un regard sur l’assistance derrière. Le calme baignait désormais la Clairière et lorsqu’elle perçut tous ces regards vers eux, il n’y eut plus que le martèlement de son coeur audible, selon elle, à des lieues à la ronde.
Elle s’humecta les lèvres et se rassura en souriant à Elen à ses côtés. Lui présent, tout irait bien. Sa voix s’éleva alors :

Ô Dieux de l'Olympe,
Grands régisseurs des existences de ce monde,
Nous nous présentons devant vous alors que nous célébrons notre union.


Devant les symboles de chaque divinité, elle plaça une bougie.

Zeus, Dieu des Cieux, bénissez-nous car nous sommes vos créatures,
Héra, Sagesse des couples, faites que nous restions loyaux et fidèles l'un à l'autre jusqu'à ce que la mort nous sépare,
Aphrodite, Grâce parmi les Grâces, attisez notre flamme et qu'une descendance robuste en soit le légitime témoignage,
Artémis, Chaste Déesse, ne vous offusquez pas de cette union car elle fera le bonheur innocent de deux égarés,

ô Dieux de l'Olympe,
Grands régisseurs des existences de ce monde,
Recevez ces offrandes.

Voici le miel et le sésame qui fêteront notre union,


Du panier, elle prit l’assiette contenant les pâtisseries préparées le matin-même avec son fiancé, sa Prima-Luwä et l’Ashka du Clan du Loup.

Une mèche de ma chevelure pour la vie que je quitte,

Le fil d’une dague piochée dans la corbeille vint trancher, avec un brin d’hésitation qui trahissait le malaise de la jeune femme à utiliser ce genre d’ustensiles, une longue mèche qu’elle noua avant de la jeter dans le brasero.

Et ce flambeau d'où naîtra un nouveau foyer.

Le bois qu’avait longuement travaillé Elen pour l’orner des symboles divins fut allumé à la flamme vive qui en jaillit. Quand la toile résinée fut entièrement incandescente, Isa tendit le flambeau à son fiancé, signe qu’ils fondaient ainsi une nouvelle famille.

Le Chaman s’en saisit, sa main frôlant celle de sa belle. Il échangea un regard empli de tendresse avec elle, avant de glisser sa main libre sur sa taille pour l’attirer à lui et l’embrasser tendrement. Ils venaient de faire leur premier pas dans leur union. Les Dieux eux-mêmes étaient leurs témoins et, bien que la cérémonie du lendemain ne soit pas à l’avantage de ces derniers, ceux-ci ne pourraient jamais nier le lien qui existait entre la jeune femme et le Chaman.
Isa se laissa entraîner dans cette étreinte câline. Les Cieux ne semblaient pas s’offusquer, une douce brise leur épargnait l’ardeur des Titans et nul grondement orageux ne se faisait entendre... Elle ferma les yeux, blottie contre Elen. Tout était parfait !
Le flambeau fut planté devant l’autel où il resterait jusqu’au soir avant d’illuminer la procession vers la Rivière Vive. Il était temps de profiter des buffets avec les invités !

Les cuisiniers, affairés à préparer le banquet du lendemain, avaient décidé de disposer des buffets pour les repas de la journées et du lendemain midi. Quelques planches sur des tréteaux, de grandes nappes blanches et voilà une tablée tout à fait correcte, entourant un bon feu sur lequel rôtissaient plusieurs volailles encore.

Les buffets avaient été généreusement garnis. En premier lieu venaient des baguettes croustillantes, des petits pains au safran, des tartes aux fruits de saison et des biscuits aux parfums divers tout droit sortis du four : raisin, anis, miel et noix, cannelle, muscade et girofle. A cela s’ajoutaient des quiches et des flamiches farcies de boeuf et de poireaux, de lièvre épicé mariné dans le vin, de sanglier aux oignons, de brochet au fenouil, de carpe à l’aneth, au beurre et aux champignons ou de mouton à l’orge et au thym.

Alors que nombre de convives convergeaient vers les grandes tables chargées de victuailles, une silhouette voûtée s’approcha du couple.

- Bravo ma petite, tu t’en es bien sortie, fit Isandre sans un regard pour Elen.
- Euh mer... Merci Grand-mère... Un compliment de son aïeule était si rare qu’Isa en resta un instant stupéfaite. Je suis heureuse que la cérémonie t’aie plu.
- Les Dieux sont sensibles à la sincérité. Tu as foi en eux, cela se voit. Tu feras de grandes choses ici... Souffla-t-elle en une dernière confidence à sa petite-fille avant de s’éloigner.
- Tu vois ? Elle est satisfaite de notre prestation... Fit le Chaman amusé : la vieille déchanterait rapidement le lendemain, lors de la cérémonie Louve, dont Isa avait travaillé le déroulement lors du dernier rituel.
- Oui... C’est déjà quelque chose... Lui accorda Isa, peu convaincue qu’au-delà de la cérémonie, sa grand-mère se fut soudain accommodée de son mariage à un Elfe des Lunes.



el Par Aileen  le 25/06/2012 à 22:19

Aileen attendit que la vieille se fut éclipsée avant de s’avancer à son tour vers le couple, leur adressant un franc sourire.

- Alors, ça y est presque, cette fois ! Pas trop angoissés ?

- On va déjà profiter de cette étape je crois... Je me sens mieux que tout à l’heure en tout cas. Est-ce que tu voudras m’accompagner ce soir, au bain nuptial ? A moins qu’Evonis ne trouve que la journée aura déjà été bien assez longue sans toi ?

- Comment ça trop longue ? Fit l’Ashka, qui venait de surgir derrière l’Intendante, posant ses mains sur sa taille. Toi, tu vas me faire le plaisir de goûter les gâteaux au miel ! Souffla-t-il à Aileen, qui riait doucement de l’intervention du Loup. C’est moi qui les ai faits... Et bravo à tous les deux ! S’écria-t-il ensuite, comme s’il se souvenait à peine de la destination première du buffet. C’était... Ahum... Disons que c’était pas mal. Hum... Émouvant. Et intéressant. Ajouta-t-il à l’attention de l’Olympienne, avec une honnêteté totale.

- Merci à vous deux de m’avoir permis de réaliser cette cérémonie. Et de l’avoir si bien préparée. Répondit-elle aussi bien à Evonis qu’à Elen.

- Bah... C’était pas grand chose. Répondit-il, ce à quoi Elen hocha la tête. Et faut que tu manges aussi, Isa. Fit l’Ashka, ses yeux s’agrandissant en lorgnant son ventre.

- Oui nous allons y aller Acquiesça-t-elle avec un sourire. Je pourrai toujours essayer de grignoter un petit bout de tarte... Alors puis-je vous voler votre compagne ce soir ?

- Bien sûr, que tu peux ! Fit l’intéressée, sans même laisser au Loup le temps de penser à une réponse. L’elfe était plutôt curieuse de voir à quoi ressemblait la cérémonie Olympienne dans son ensemble et elle avait observé le rituel précédent avec une certaine attention.

- D’accord, merci Aileen, on partira à la tombée de la nuit. Elen, tu crois que je dois le proposer à ta mère ?

Cyan avait déjà fait du chemin pour venir de son village à la Tanière sans compter qu’un rituel olympien de plus serait peut-être un rituel de trop... Isa ne connaissait pas suffisamment sa future belle-mère pour deviner ses pensées.

- Hum... Ça dépend. Si tu ne veux pas l’avoir dans les pattes, ne lui demande pas, parce qu’elle va te répondre positivement, aussi sur que les Titans tournent autour de Olympia !

Cyan, d’ailleurs, venait à son tour pour féliciter le couple. Elle marchait d’un pas tranquille, ses longs cheveux d’ébène ondulant lentement. Ses mains délicates se saisirent de celles de Isa et elle murmura avec douceur :

- Isa, tu es la plus ravissante des jeunes mariées qu’il m’ait été donné de voir depuis des siècles. Toutes mes félicitations. Je te souhaite toutes les joies et tous les bonheurs du monde. Elle adressa à peine un regard à son fils, pour lui dire : Et à toi aussi, mon fils. Si tu ne fais pas de ma merveilleuse belle-fille la plus heureuse d’Olympia, tu entendras parler de moi !

- M’man ! Protesta le Chaman. Aileen retint un rire, plus ou moins discrètement...

- Merci pour vos voeux, Cyan. Elle glissa un regard amusé à Elen qui endossait le mauvais rôle avec un flegme relatif. Accepteriez-vous de m’accompagner à la Rivière Vive ce soir ? Sauf si vous pensez avoir assez voyagé pour aujourd’hui, c’est tout de même assez loin...

- Avec plaisir, Isa. Je suppose que je ne serai pas la seule.

- Aileen est déjà d’accord et je compte le proposer à d’autres de nos invitées. Il fait bon, ce sera une promenade agréable !

- Parfait. Compte sur moi.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Elen  le 25/06/2012 à 22:22

~ Isa&Elen~

Nombreux furent ceux qui profitèrent de la ripaille jusqu’à une heure avancée de l’après-midi. Néanmoins les Titans se montrèrent à la hauteur de leur renommée en plein Souffle infernal et la Clairière se désertifia bientôt. On rangea la plupart des tables, ne laissant aux irréductibles qu’un petit coin convivial et ombragé.

De retour dans la chambre conjugale, Isa s’attela à la rédaction de ses notes avec force de détails car en une journée si importante, elle ne voulait rien négliger. Se retrouver avec Elen au centre de l’attention de tant de monde n’était pas commun et l’avait aussi bien troublée qu’épuisée et elle comptait bien se reposer ensuite, avant de retourner aux festivités du soir.

Le Chaman, quant à lui, se changea, pour une tenue plus sobre et moins cérémonieuse, tout en conservant une élégance discrète. Il vint ensuite se lover contre son épouse Olympienne et sa future épouse Louve, l’observant écrire d’un air distrait, sans chercher à lire quoi que ce fut de son texte. Les mouvements agiles de son poignet, ses yeux plissés de concentration et son bout de langue rose qui humectait de temps à autre les lèvres, tout cela le ravissait.

Il déposa un tendre baiser sur sa nuque, puis un autre au creux de son cou et, pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, il en ajouta un au sommet de son dos.

- Hum... Alors ? Tout est à ton goût ?

Il y avait déjà quelques secondes que la jeune femme n’écrivait plus, distraite par les baisers d’Elen qui paraient son visage d’un sourire lumineux.

- C’est... Exceptionnel. Tout est parfait. Et je crois que nos invités ont été ravis. Je me sens presque... Différente. Elle laissa échapper un petit rire. Et toi ? Je sais bien que ça ne compte pas vraiment mais...
- Comment ça, ça ne compte pas ? Ne lele : c’est le plus beau jour de ma vie ! Et ça le restera.
- C’est vrai ? Et puis demain aussi... Elle tortilla un coin de page. Demain je n’aurai pas besoin d’écrire.
- Et on va te forger les plus beaux souvenirs de ton existence, Nelith. Il prend bien les choses ? Demanda-t-il, lorgnant sur le ventre de sa belle, à peine plus rebondi que la normale.
- Ça va, j’ai fait attention à ne pas abuser pour ne pas le perturber. C’est compliqué avec tout ce monde qui propose toujours quelque chose à manger, à boire, à discuter ! Elle rit de nouveau et posa une main sur son abdomen. Et puis il est encore trop petit pour avoir son mot à dire de toute façon !
- Mais il avait peut-être faim, lui aussi... Protesta-t-il, entourant la jeune femme de ses bras, se collant tout contre son dos, ses mains rejoignant celle de Isa.
- On lui gardera sa portion d’ours demain. Ça suffira tu crois ? Fit-elle, moqueuse.
- Hum... Je ne sais pas, ne lele... Tu es plus connectée à lui que je ne le suis, pour l’instant...
- Et heureusement ! Sinon je suis sûre que tu lui passerais déjà tous ses caprices !
- Je crois bien que je passerais aussi les tiens... Lui murmura-t-il, avant de l’embrasser tendrement au creux du cou.

Sous l’attention câline du Loup, Isa redressa son dos contre lui, ce qui soulagea un peu ses reins. La plume fut déposée auprès de l’encrier, lasse de ne pouvoir écrire de mots aussi rayonnants que la journée dont elle devait témoigner.

- Je finirai plus tard... Murmura-t-elle avant de se lever doucement pour aller s’étendre. Elle entraîna Elen avec elle et il la laissa se pelotonner contre lui.
- Ce n’est pas très raisonnable, tout ça...
- Juste un petit moment. On a le temps encore, certains n’ont toujours pas terminé le repas de midi ! Et puis la procession ne pourra commencer quà la nuit tombée.
- Oui... Evonis va probablement manger jusqu’au dîner... Et il enchaînera sans doute le souper après ça !
- Pas faux ! Fit-elle en riant.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

Par Google  

olymp Par Isa Cestia  le 25/06/2012 à 22:23

Blottie contre le flanc d’Elen, un bras passé sur la large poitrine du Loup, la jeune femme ferma les yeux. Bien que fatiguée, elle sentait qu’il n’y avait aucun risque qu’elle ne s’endorme tellement elle était encore chamboulée de la journée.

- Et toi tu n’es pas trop fourbu ?
- Hum... Non, non. Il faut encore que je prépare le repas de demain. Je vais mettre l’ours à cuire, avec les deux aurochs. Demain matin, les poulets, les oies, les poissons et les cailles. Et tout le reste !
- Grands Dieux... Bon courage, ne lele...
- Tu m’en diras des nouvelles ! Je suis sûr qu’”il” va gigoter de satiété !
- Ne sois pas si pressé Elen. Lui dit-elle, même si cela lui faisait très plaisir de voir que sa propre impatience dont elle douta un jour qu’elle fut justifiée était partagée par son époux.
- Tu sais quoi, Nelith ? Je trouve que cette tenue te va à ravir ! Et il l’entendit glousser doucement au creux de son épaule. Vraiment ! Elle a ce qu’il faut de... Hum... Le Chaman prit une teinte pivoine, réfrénant son audace, ne sachant pas comment exposer avec délicatesse son message à sa belle.
- C’est fait pour, tu ne crois pas ? Lorsque la fiancée arrive chez son futur époux, il se réjouit déjà de son apparence, s’il la découvre pour la première fois. Ce qui est souvent le cas parmi le peuple. Car les jeunes filles étaient mariées tôt à des hommes matures, généralement dans une union arrangée par le père de l’épousée, où les fiancés ne faisaient connaissance qu’au moment de s’installer ensemble.
- Eh bien je suis favorablement impressionné par ma future épouse. Tu peux dire à Isa qu’elle peut te donner à moi toute entière !
- Considère que c’est fait. Murmura-t-elle à son oreille.
- Hum... Et quels sont les prérogatives d’une épouse Olympienne, en règle général, dans la société lardanienne ? Demanda-t-il, sincèrement curieux sur le mode de vie que pouvaient avoir les habitants de la Cité Blanche.
- Elles en ont peu si elles sont de basse extraction. Elles sont mariées jeunes et passent de la tutelle de leur père à celle de leur époux, bien plus âgé. Elles tiennent la maisonnée et sortent rarement. Toutefois l’influence de notre Impératrice se fait sentir et il semblerait que les femmes soient mieux considérées depuis que son règne dure. Par contre les dames de la noblesse ont des statuts équivalents aux hommes, tant qu’elles y mettent la poigne nécessaire; ce n’est pas facile. Et puis pour les gens comme nous, combattants ou explorateurs, c’est encore autre chose et nous nous taillons une place au mérite, homme ou femme, pour peu que l’on en ait envie. Et ce qui n’est pas négligeable pour gagner un peu de liberté, nous pouvons ainsi devenir très riches...

Les brèves explications sur la vie des femmes olympiennes firent s’envoler ses pensées vers les plaines au Nord Est de Lardanium. Il y avait quelques années, flanquée d’un train de vie plus que confortable même si les occasions d’en profiter s’étaient avérées fort rares, Isa avait employé un notaire de la Cité Blanche pour retrouver ses parents et avoir ainsi des nouvelles. Effectivement quelques saisons plus tard, le clerc lui décrivit une petite ferme qui vivotait péniblement sur des terres médiocres car les lopins alloués aux réfugiés d’Ordenum à l’époque n’étaient pas les meilleurs. Ses parents n’étaient pas encore au sens propre âgés mais ils étaient apparus usés par des conditions de vie difficiles à son émissaire. La jeune femme apprit que sa mère avait toujours refusé d’avoir un autre enfant : l’essai avec Isa n’avait été que trop désastreux à ses yeux. Alors ils avaient adopté un jeune garçon qui avait été abandonné au Temple de Zeus; deux bras supplémentaires et à terme, un héritier pour le domaine, s’il ne périclitait pas malgré ce nouveau renfort. Le notaire avait proposé aux parents une rencontre avec leur fille mais ils se sentaient trop honteux pour accepter. Respectant leur choix, Isa avait néanmoins tenu à leur assurer une rente assez conséquente pour qu’ils puissent racheter quelques parcelles plus fertiles aux environs. Si eux se considéraient coupables, elle se trouvait chanceuse car sans avoir été confiée au Havre d’Aphrodite, elle n’aurait jamais pu obtenir ce qu’elle possédait désormais : une bonne éducation, quelques richesses et bientôt une magnifique famille conforme à cet idéal qui l’avait toujours attiré... Les dernières nouvelles du clerc lui avaient indiqué que la ferme était devenue une exploitation digne de ce nom et que l’on y trouvait plusieurs ouvriers aux champs en plus de quelques serviteurs dans la demeure rénovée.

- Hum... Tu vas sentir la différence ici... Plus encore qu’en tant que ma fiancée... En tant qu’épouse, tu seras tout simplement la femme la plus influente du clan... Et quelque chose me dit que le Chaman sera suspendu à tes désirs !
- Je ne suis pas ambitieuse. Ma grand-mère me l’a assez reproché... Avoir une famille sera des responsabilités bien assez grandes pour moi. Qu’importe mon influence, je veux juste heureuse avec toi.

Le Chaman étouffa un rire. Isandre voulait que sa petite-fille possède une grande influence : c’était chose faite, même si cela ne correspondait pas aux aspirations de la vieille acariâtre.

- Tu n’auras pas le choix, ne lele... Le Chaman est comme un père pour les membres du clan... Tu es donc leur mère ! Et tu sais bien que les enfants ont une souvent une préférence pour la douceur maternelle... Tu ne t’attendais pas à avoir une famille aussi grande aussi tôt, n’est-ce pas ?
- Je reste une Olympienne, cela m’enlève beaucoup de charme à leurs yeux, au moins autant que cela en rajoute aux tiens. Tu n’as rien à craindre pour tes ouailles, c’est vers toi qu’ils se tourneront toujours en priorité. Et cela lui allait très bien, l’ombre participait à son secret, il en avait toujours été ainsi et cela ne devait pas changer. Quant à la douceur maternelle.... Isa en avait découvert les limites, ce qui l’avait mené directement au Havre d’Aphrodite.
- Je ne suis pas certain de ce que tu avances... Les Loups ont toujours été friands d’exotismes... Par le passé, le clan s’est lié aux Guêpes. Il y a eu de nombreuses unions avec des Nobles, avec des Elfes hommes ou femmes des autres clans et même, déjà avant Sigdil, quelques-unes avec de ravissantes Olympiennes, et plus encore lors des évènements qui ont suivi la fondation de la cité de messire Dakon. Pourquoi crois-tu que les Loups sont mal vus par les Nobles ? Nous ne sommes jamais restés à notre place, d’après eux ! Mais je trouve que c’est ce qui fait notre force...
- Je sais bien. Vous êtes curieux et tolérants. Mais accepter l’autre ne veut pas dire en faire son guide ou son premier conseiller... Peut-être que dans quelques années je me serais suffisamment intégrée pour revoir ce jugement.
- Paix, femme ! Fit-il, dans une pâle imitation d’une remontrance, avec un air goguenard, ce qui la fit éclater de rire.
- Oui mon tendre époux. Puis elle se pinça les lèvres pour témoigner de son obéissance.
- Crois-tu que le Chaman met n’importe quelle catin dans son lit ? Ou encore qu’il épouse n’importe quelle femme sous l’effet d’une fantaisie ? Poursuivit-il, imitant l’air pompeux d’un nobliau comme il détestait tant. Fi donc ! Son épouse est la plus tendre et la plus resplendissante des femmes de cette forêt. Elle est louée pour sa sagesse jusque bien au delà de nos frontières et plus loin encore pour sa radieuse beauté ! Et tous les Loups sont heureux de la savoir aux côtés de leur guide qu’elle est parvenue à maintenir au foyer plus longtemps que quiconque, ce qui est en soit un exploit digne d’être relaté dans les plus grandes épopées ! Et rien que cela fait d’elle une femme inestimable pour ces gens que sont les Loups !
- Chuuut !! Fit-elle hilare, en essayant de le faire taire, sa main sur la bouche du Loup. Tu vois ? Tu le dis toi-même, ils m’aiment bien parce que je t’oblige à rester auprès d’eux.

Il tenta de répondre, sa voix étouffée par la délicate main de son épouse. Le prenant peut-être en pitié, elle lui laissa l’occasion de répondre, seulement quelques instants.

- C’est bien pour ça que tu feras d’eux ce que tu voudras, ne lele !
- D’accord, d’accord. Alors je leur dirai de te retenir près de moi, si un jour mes jolies robes ne suffisent plus. Fit-elle avec un petit air malicieux.
- Tes jolies robes et tes sourires suffiront toujours, Nelith. C’est plutôt moi qui leur demanderai de t’empêcher de me fuir !
- Pourquoi ferais-je cela ? Tu en as des drôles d’idées !
- Bin toi aussi : pourquoi partirais-je loin de toi ?

Elle haussa les épaules, l’air de ne pas savoir. Mais les raisons ne manquaient pas pourtant... Parce qu’il n’en était pas à sa première romance ? Parce qu’un jour, si proche pour lui, elle serait vieille ? Parce que Luwö changerait d’avis et rendrait le mariage de son Chaman avec une Olympienne caduque ? Parce que son “don” serait devenu un fardeau si lourd qu’il renoncerait à le porter ?

- Je disais cela pour te taquiner. Et ça marche !
- Humph... Soupira-t-il, prenant un air bougon.
- Hey ! Ce n’est pas à toi de bouder !

Il l’embrassa tendrement, comme pour faire taire ses folles suppositions à propos de leur couple, son regard se perdant dans celui de sa désormais épouse, tout au moins selon les rites du peuple de cette dernière. Ils restèrent tranquillement allongés un long moment avant que leurs différentes obligations ne les rappellent à l’extérieur.



el Par Aileen  le 25/06/2012 à 22:25

De son côté, sans se préoccuper le moins du monde de la course des Titans, des températures qui s’élevaient ou des Loups et autres invités qui décampaient, Evonis ne décollait pas du buffet.

- Scroumch... Mâch.... Srniouch... Ch’est ‘achement bon tout cha ! Goûte un peu ces flamiches, Ailou... Scroumpch !

Le Loup se saisit de deux belles portions de flamiches, l’un d’elles au sanglier, l’autre au poisson, et il les tendit à la Cerf, avant de boire une bonne goulée de vin aux herbes.

- Mouaaaaaaaahahaha ! Ah ça ! Autant ‘sont nuls en cuisines les Nobles, autant pour le pinard, il se débrouillent !

- Fais attention, avec cette chaleur ça va te monter à la tête ! Fit la Cerf en prenant les parts que le Loup lui tendait avant d’y mordre à belles dents. C’est vrai que c’est bon...

- Batasta ! Avec tout ce qu’il y a de bon à cette table, aucun risque que je finisse les quatre fers en l’air. C’est toi qui devrais faire attention ! Chrumpch !

- A quoi ? S’étonna-t-elle.

- Au vin !

- Pourtant ça n’est pas moi qui suis en train d’en vider un pichet ! plaisanta-t-elle.

- Ça peut s’arranger ! Et le Loup servit généreusement la Cerf en vin aux herbes, remplissant sa coupe à ras bord.

- Hé mais nan !! Protesta-t-elle en riant. Mais comment tu veux que j’avale tout ça ?!

- Bin avec la bouche. Comment, sinon ?

- Andouille ! Lui répondit-elle en éclatant de rire. Cela dit, le Loup n’avait pas tort, le vin était plutôt bon...

- Toi-même !

- Hé ! C’est toi qui as commencé ! Fit-elle non sans avaler une autre gorgée de vin pour faire passer la flamiche. Elle commençait à être un peu barbouillée...

- C’est bien, les banquets, hein ? Lâcha-t-il, se reposant finalement entre deux plats, adossé contre sa chaise.

- C’est pas mal, oui ! Elle reposa sa coupe de vin sur la table, en ayant finalement terminé avec sa part. J’en peux plus, moi... Ajouta-t-elle en s’étirant de tout son long. Elle soupira longuement et fronça un instant les sourcils alors qu’une pensée lui traversait l’esprit. Mais au fait, toi... Tu m’avais pas dit que tu connaissais aussi bien la mère d’Elen !

- Ahum... Connaître... C’est un bien grand mot. Tout le monde se connaît plus ou moins dans le clan...

- Bah, je savais pas que vous étiez amis ! Ça m’a surpris !

- Pourquoi ça ? On a le même âge à une vache près, tu sais, elle et moi ?

- J’en savais rien, moi ! Au début, je n’avais pas compris pourquoi elle me disait que tu “avais toujours eu du goût”. Fit-elle avec un sourire un coin, répétant les mots de Cyan.

- Ahum ! Aaaah... Ça ! Hum... C’est parce qu’elle me connaît bien, oui.

- Et depuis combien de temps ? Demanda-t-elle, curieuse d’en savoir plus. Cyan s’était montrée peu bavarde sur le sujet...

- Hum... J’l’ai connue, elle était gosse. Moi j’étais déjà grand. ‘fin adulte, quoi.

- Oui, elle m’a dit que ça faisait longtemps... Ça explique la remarque qu’elle m’a faite !

Evonis hocha la tête, l’air satisfait.

- Mais quand même, t’aurais pu me le dire. Fit-elle, feignant de bouder. Ça m’aurait évité une drôle de surprise !

- Cyan a été désagréable ?

- Ha non, pas du tout ! C’est juste que ça m’a surpris, quand elle m’a dit ça... Vous devez drôlement bien vous connaître pour qu’elle affirme des trucs pareils... Fit-elle avec un sourire taquin.

- Hum... Oui... Nous nous connaissons plutôt bien... Nous avons été très proches... Il ajouta, sur le ton de la confidence : En fait, ne le dis à personne, mais le père de Elen, c’est moi !

- Hein ?? De... Quoi ? S’exclama-t-elle, surprise. Tu plaisantes, hein..?

- Tu n’as pas remarqué la ressemblance ? Fit-il, le plus sérieusement du monde.

- Je... N... Non ! Répondit-elle, sans arriver à savoir s’il plaisantait ou non...

- Tu feras plus attention, alors !

- Mais t’es... T’es sérieux ? Tu plaisantes pas..?

- Pourquoi je plaisanterais ? Ça ne te plairait pas de devenir la belle-mère de Elen ? Imagine un peu sa tête quand il l’apprendra !

Aileen ne savait que répondre, elle fixa simplement Evonis, les yeux écarquillés.

- Oui, voilà, exactement comme ça !

- Et tu me dis ça comme ça, toi ?!

Evonis ne put conserver son sérieux plus longtemps, face à la réaction de sa compagne. Il éclata d’un rire tonitruant. Il se renversa en arrière et son siège bascula, entraînant le Loup dans une chute ponctuée de son rire frénétique. Il ne put pas prononcer un mot avant un bon moment, plié en deux. Finalement :

- Tu aurais dû voir ta tête !

- Et en plus ça te fait rire ! Répondit la Cerf, ne sachant pas si elle devait se mettre à bouder ou à rire...

- Évidemment ! J’allais pas en pleurer ! Ma blague a bien fonctionné !

- Gnagnagnaaaa... Fit-elle en lui tirant la langue.

- Allez, sois bonne joueuse ! Avoue que je t’ai bien eue ! Répondit-il, en se relevant.

- T’as triché. Fit-elle d’une mine boudeuse avant de se tourner vers lui l’air soudain bien plus sérieuse. Mais pour inventer des trucs pareils c’est qu’il doit bien y avoir un fond de vérité, non ?

- Bon, bon... C’est vrai, Cyan et moi, on a eu une histoire. Mais c’était y’a une éternité. Elle était jeune. Je l’étais un peu moins. Et voilà. Mais ça fait six-cents ans qu’on est amis, elle et moi. Lui concéda-t-il, devant son insistance : les femmes avaient du flair, tout de même !

- Bah c’est pas une raison pour me faire des blagues pareilles !! Fit-elle en tournant ostensiblement le dos au Loup, feignant de bouder.

- Allez, Ailou ! C’était juste pour rire ! Lui souffla-t-il, l’entourant de ses bras.

- Ben c’était pas drôle. Fit-elle, un sourire la trahissant néanmoins : une fois de plus, elle s’était fait avoir...

- Tu riras plus la prochaine fois... Souffla-t-il, approchant ses lèvres des siennes.

- Même pas en rêve. Répondit-elle en se détournant de lui, amusée.

- Pas juste...

- C’est toi qui as commencé ! Protesta-t-elle en lui tirant la langue.

- Si peu...

- Ha, je ne trouve pas que ça soit si peu, moi !

- Bon, bon... ‘scuse moi, s’il te plait...

- Hum... Non. Fit-elle avec un sourire malicieux.

- Mais euh...

- Y a pas d’mais qui tienne ! Continua-t-elle, riant à son tour des réactions du Loup.

- Humph... Soupira-t-il, prenant un air contrit.

Sans prévenir, la Cerf approcha vivement ses lèvres de celles du Loup et y déposa un rapide baiser avant de s’éloigner à nouveau.

- Bien sûr que j’te pardonne, andouille !

[...]



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 25/06/2012 à 22:27

Le couple rafraîchi et reposé dans la quiétude du deuxième sous-sol de la Tanière revint dans la Clairière. Il était tard et l’on avait disposé, outre de nouvelles tables garnies, des flambeaux et des globes à lucioles un peu partout pour compléter la faible luminosité des étoiles et des lunes qui se montraient à peine.
Si certains étaient bien décidés à ne pas lâcher les buffets vraisemblablement jusqu’à l’aube, le Chaman avait un long travail de préparation des activités du lendemain qui l’attendait encore.
Isa quant à elle, rassemblait les dames et demoiselles qui s’étaient proposées de l’accompagner à la Rivière Vive. Avant de quitter le Loup, elle lui murmura :

- Au retour, je pensais passer un peu de temps auprès de Kowü. Tu m'emmèneras ?

Car la jeune femme s’était promis de rendre hommage à celui qui était un peu à l’origine de l’acceptation d’Elen des différentes races, sans a priori. Et quel meilleur moment que ces quelques heures qui séparaient les cérémonies de deux peuples si différents !

- On ira tous les deux, Isa. Il aurait été content de te connaître, j’en suis sûr.
- A tout à l’heure alors. Lui dit-elle avec un sourire, avant de l’embrasser tendrement.
- A tout à l’heure, ne lele.

Aileen, Cyan et Isandre furent rejointes par la jeune femme et toutes quatre se mirent en route. Isa devait porter le flambeau nuptial qui était assez lourd et préféra confier un globe à lucioles à sa grand-mère que celle-ci put tenir au bout d’une perche, comme les Loups le faisaient souvent à l’intérieur de la Tanière.

Toutes, à part Isandre, connaissaient bien le chemin et le bruit de la cascade ronfla bientôt dans l’air tranquille de la nuit. Les flambeaux illuminèrent d’abord les gravillons et les touffes de jonc qui parsemaient les rives de la Rivière Vive puis jetèrent des reflets enflammés sur l’onde, en concurrence au scintillement des astres. Elles s’arrêtèrent pour admirer en silence le lieu rendu magique par l’heure tardive, la quiétude de l’endroit et les ombres qui s’animaient, bruissaient, à la fois inquiétantes et familières : l’on saisissait une vie nocturne dense par maints mouvements rapides au ras des buissons, quelques animaux surpris aux abords de l’eau alors qu’ils s’y abreuvaient, rompant ainsi leur sérénité habituelle.

Un claquement de langue rappela Isa au but de leur venue; sa grand-mère s’impatientait et ses ongles grincèrent sur l’écuelle d’argent qu’elle portait. L’objet travaillé de quelques gravures qui affinaient son allure servirait au rituel que les Olympiens apparentaient à une forme de baptême. Après avoir planté le flambeau nuptial sur la berge, la jeune femme ôta le précieux diadème que Cyan lui avait offert et le tendit à Aileen :

- Tu peux le garder quelques instants s’il te plait ?
- Ha, oui, bien sûr Isa ! Répondit la Cerf avec un sourire pour l’Olympienne.

Aileen n’avait pas retenu un reniflement dédaigneux lorsque la vieille Isandre avait montré son impatience. Si Isa voulait profiter de l’endroit, elle en avait bien le droit, c’était son mariage, après tout !

Cyan, au contraire, semblait s’amuser de l’impatience de l’Incarnation. Elle trouvait Isandre fantasque, avec ses lubies impérialistes. Elle échangeait des regards entendus avec sa belle-fille à chaque soupir poussé par la vieille femme, comme si elle riait intérieurement d’une plaisanterie connue d’elle seule.

- Merci, répondit Isa avant de se diriger vers le bassin.

Elle délassa ses sandales et les abandonna sur les graviers puis fit un pas dans l’eau. Elle était si fraîche que la jeune femme en eut immédiatement des frissons car cela contrastait sensiblement avec l’air encore tiède de la soirée. Elle allait s’aventurer d’une autre foulée un peu plus avant quand la voix réprobatrice de son aïeule l’en dissuada :

- Pas si loin ! Tu veux que je sois trempée ?

L’eau leur arrivait à peine aux chevilles mais il était de coutume qu’au moins le bas de la tunique de cérémonie baigne dans la rivière. Heureusement la robe fort longue d’Isa la dispenserait d’aller bien loin, comme l’ordonnait la vieille.

- Il faut ce qu’il faut Grand-mère, tout de même...
- Oui et bien pour une fois que tu te préoccupes de l’exactitude de nos coutumes, ce ne sera pas à mes dépends ! Tu veux que j’attrape un refroidissement ? Allez penche la tête, qu’on finisse vite, j’ai déjà les orteils tout saisis ! La pressa Isandre qui se tenait désormais à coté d’elle, l’écuelle dans une main et retroussant ses jupons de l’autre.

Isa retint pour elle que certaines ici la voudraient bien voir refroidie, effectivement... Aileen, notamment, s’exaspérait des caprices de la vieille. L’Elfe affichait néanmoins un sourire en coin alors qu’elle imaginait l’ancêtre au fond de la rivière, en train de dormir avec les poissons...
L’Olympienne soupira avant de reprendre doctement Isandre :

- Il y a la prière avant...
- Ah oui... Concéda de mauvaise grâce l’aînée qui n’aimait pas être prise en défaut. Alors qu’attends-tu ?

La jeune femme ferma les yeux quelques secondes et emplit ses poumons des fragrances de la foret. A la fraîcheur de l’eau s’ajoutèrent quelques fins embruns que la brise portait de la cascade au rivage. Comme lui avait appris Elen, elle tendit son esprit et ses sens vers ce milieu à la fois connu et pourtant sauvage et lorsqu’elle l’appréhenda dans son ensemble, sa voix s’éleva pour énoncer les phrases ancestrales :

Je reconnais en cette eau
celle qui abreuvera notre famille et notre bétail,
celle qui arrosera nos champs et éloignera la disette
celle qui lavera nos blessures et guérira nos maux,

Que cette eau reste pure, en don perpétuel des Cieux généreux.


Elle inclina la tête en signe de respect pour l’élément nourricier et Isandre, après avoir rempli le fond de l’écuelle d’argent, en reversa le contenu au sommet du crâne de la jeune femme. L’eau ruissela au gré de quelques mèches de cheveux soudain alourdies et retourna à la rivière.
Lentement Isa se redressa et rejoignit les petits galets du bord, aidant sa grand-mère pour qu’elle ne glisse pas. Elle arrangea sa chevelure pour pouvoir y glisser de nouveau le diadème et se sentit soudain embarrassée devant ses accompagnatrices elfes : tout ceci devait leur paraître... trivial ? Inutile ? Au moins la promenade avait dû leur être agréable.

- Nous pouvons rentrer si vous voulez...
- Nous pourrions aussi profiter de l’occasion pour toutes nous baigner. Il est si rare que la Rivière Vive soit dépourvue de mâles... Proposa Cyan, comme perdue dans de lointains souvenirs.
- Hum... Il fait encore bon, c’est pas une mauvaise idée...
- Euh oui... Oui...

La jeune Olympienne repensa fugacement à ces bains communs qu’elle avait toujours fuis à Lardanium, bien que la chose fut bien appréciée par les groupes de femmes qui s’y retrouvaient.
Isandre grommela bien quelque chose à propos de pratiques païennes et dépravées mais cela se perdit dans le crissement des cailloux qu’elle martyrisa le temps d’aller s’asseoir sur un gros rocher.
Cyan, de son pas léger, se rapprocha de sa belle-fille et elle l’entoura de ses bras, jugeant le moment approprié pour des félicitations. Elle en profita pour lui murmurer quelques mots à l’oreille, avant de se rapprocher plus encore du rivage :

- C’était une très belle cérémonie, ma fille.
- Merci Cyan... Je sais bien que cela parait un peu décalé ici de parler de bétail et de champs mais... Je pense que l’esprit reste le même au-delà des mots.Puis pour revenir au sujet de la Rivière : Cela fait longtemps que vous n’êtes pas venue ici ?
- Cinq bons siècles, je suppose.
- Pourtant, c’est chouette, par ici... Fit Aileen en s’approchant tout près du bord de l’eau, observant les quelques vaguelettes qui troublaient la surface calme de la rivière.
- Oh ! Tout ça ! Hum... Les joues d’Isa rosirent d’avoir exprimé tant de surprise. J’aime beaucoup y venir et Elen s’y amuse comme un petit fou. Vous savez, il m’a appris à nager ici-même.
- Ça ne me surprend pas ! Déjà tout petit, c’était un vrai poisson. Il aurait eu sa place chez les Dauphins. Il aura voulu te faire partager tout ça.
- Pourtant, j’ai réussi plusieurs fois à lui faire boire la tasse ! Répondit Aileen, fière de ses exploits qui n’auraient sans doute pas été possibles sans l’aide de Lindorie...
- Ah oui cette fameuse journée ! Quels gamins nous avons faits ! Si elle ne s’en souvenait pas, ses notes par contre avaient été très explicites sur leurs jeux de gosses.
- Eh bien ! Être Chaman ne semble pas lui avoir donné le moindre avantage, ni compassion de ses compagnons !



el Par Aileen  le 25/06/2012 à 22:30

Cyan haussa les épaules. Puis, sans que qui que ce soit n’ait pu comprendre comment elle s’y était pris, sa robe glissa au sol. Les étoiles et les lunes semblaient illuminé sa peau délicate et pâle, comme si elle fut faite d’un matériau plus noble que la chair. Ses cheveux cascadaient le long de son dos, et couvraient pudiquement ses fesses. Elle jeta un coup d’oeil furtif par dessus ses épaules puis elle avança, comme portée par un songe, et se glissa dans l’eau fraîche sans paraître le moins du monde incommodée par le froid.

Isa l’observa, fascinée par la grâce de l’Elfe avant de piquer du nez vers les pierres à ses pieds. Cela ne se faisait sans doute pas plus chez les Loups que chez les Olympiens de dévisager ainsi les gens... Un instant l’image d’Elizadora, la Douce Reine du Firmament, lui revint en mémoire. Était-ce pour cette ressemblance qu’Elen aimait-il tant ce conte ?

Elle lança un coup d’oeil à Aileen pour vérifier si la Cerf entreprenait elle aussi de se jeter à l’eau puis voulut se débarrasser de sa tunique. Ses manières lui parurent tellement gauches qu’elle crut ne jamais arriver à détacher l’unique épingle sur son épaule. Bien que sachant l’eau relativement froide, elle s’y précipita pour ne pas attirer davantage l’attention. Quand l’eau passa ses dessous et arriva à son ventre elle eut un temps d’arrêt, craignant soudain pour le bébé. Mais il devait être bien à l’abri et tant qu’elle n’avait pas froid, il ne devait rien risquer. Avec plus de précaution, elle se mouilla les épaules avant de continuer.

La Cerf sourit à Isa, elle avait l’air confiante mais à vrai dire, elle ne l’était pas tant que ça. Plus elle regardait Cyan plus elle comprenait pourquoi Evonis avait pu être attiré par elle... Et elle se sentait étrangement petite, à côté d’elle. Comme une gamine. Néanmoins, elle se dévêtit à son tour et entra dans l’eau sans hésiter. La fraîcheur de l’onde contrastait avec la chaleur ambiante mais n’en était que plus agréable. Elle s’avança à pas lents et finit par plonger la tête la première, ses longs cheveux bruns de déployant derrière elle avec grâce. Elle émergea un peu plus loin et se tourna vers Isa, qui ne semblait pas très à l’aise.

- Ca va ?

- Oui, c’est un peu frisquet mais en nageant ça ira. C’est impressionnant de se baigner la nuit... On se demande toujours si une bestiole ne rôde pas au fond de l’eau...

- Au moins, ça te fait un vrai bain, cette fois, pas comme les demi mesures de tout à l’heure ! Plaisanta la Cerf.

- En effet. Mais tu sais, les codes des rituels ne sont pas très modulables... On fait comme on nous l’a appris et... Son regard alla vers sa grand-mère seule au milieu des torches et des globes à lucioles, presque aussi minérale que le rocher qui lui servait d’assise. Elle aussi un jour avait dû procéder de la même façon... Est-ce que ses souvenirs en étaient heureux ? Bref, je ne nage pas encore très bien alors aie pitié, ne t’amuse pas à me couler ou tu devras aussi aller me repêcher au fond !

Cyan s’était rapprochée des deux jeunes femmes, nageant avec lenteur, ses cheveux glissant dans les eaux tels la traîne d’une tenue d’apparat. Elle avait dûment noté qu’Isandre s’était refusée à l’exercice. Elle parla tout bas :

- Votre grand-mère est malade ? Elle n’en croyait rien, la question était une pure politesse, en vérité.

- Si on part du principe que la perpétuelle mauvaise humeur et la haine sont des maladies, alors oui... Grogna Aileen qui s’était rapprochée. Elle reprit sur un ton plus guilleret : T’en fais pas, Isa, tant que tu n’arrives pas à me couler, je ne viendrai pas t’embêter ! Promis !

Isa sourit à Aileen, hochant la tête à ses différents commentaires.

- Elle est... Taciturne disons. Et mon “comportement” n’a guère arrangé les choses... Il ne faut pas faire attention.

Cyan se tourna vers la vieille incarnation, assise sur son rocher. Elle l’observa un instant, puis elle lança, d’une voix douce :

- L’eau est bonne, mamie. Vous devriez venir avec nous.

- Qu’on puisse vous noyer... Souffla Aileen, en riant avant de plonger à nouveau dans l’eau fraîche.

- Vous ne croyez pas que j’ai passé l’âge de batifoler dans une mare ? Répondit aussi sec Isandre qui suivait d’un oeil torve les évolutions des trois femmes.

- Mais c’est pas une mare ! C’est une rivière ! Lâcha Aileen d’un air enfantin.

- Peu importe, je n’ai rien à y faire. Et vous non plus, si vous aviez un peu de décence.

- Allons, nous sommes entre femmes. Et vous êtes celle d’entre nous qui a le plus d’expérience. N’allez pas me dire que vous n’avez jamais pris de bains en compagnie d’autres dames.

La vieille haussa un sourcil. Que Cyan insiste l’étonnait et ses pensées se tournèrent vers un passé fort, fort lointain... Elle réalisa froidement que sa prime jeunesse avait disparu de sa mémoire. Seuls les Chevaliers Noirs et les horreurs qu’elle avait commis sous leurs ordres - ou pour nourrir son ambition personnelle - restaient vivaces dans son esprit.

- Peut-être... Je ne m’en souviens plus. Et j’ai eu rapidement d’autres préoccupations plus importantes que ces fariboles.

- C’est pourtant bien agréable... C’est bien pour se détendre, surtout avec la chaleur de la journée ! Fit la Cerf, se laissant porter par l’eau. Elle se doutait bien que jamais la vieille ne voudrait les rejoindre mais essayer de l’en convaincre avec Cyan l’amusait.

- Et rien n’est meilleur pour les articulations que l’eau vive d’une rivière, mamie ! Cela vous ferait du bien et vous délasserait. Je suis sûre que vous n’avez pas pris le temps d’éliminer vos tensions depuis une éternité.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 25/06/2012 à 22:32

Les yeux de la vieille s’étrécirent. Que voulait dire Cyan par là, se gaussait-elle ? Pourtant, à dire vrai, l’eau exerçait un attrait étrange sur la vieille à travers la scène qu’elle représentait. Un pan de sa mémoire, de jours heureux et insouciants émergeraient peut-être, si elle l’y cherchait.

- C’est vous qui l’aurez voulu... Dit-elle comme une menace à peine voilée en quittant son caillou.

Elle abandonna sa robe pour ne garder qu’une fine chemise tout aussi longue et alla doucement sur les galets où elle laissa sa canne. Isa se précipita pour l’aider, soutenant son bras. Elle n’avait pas pipé mot depuis que Cyan avait engagé la conversation avec Isandre car sa seule intervention pouvait être de l’huile jetée sur des braises qui ne demandaient qu’à s’embraser de nouveau.

Aileen fixa Cyan, à la fois surprise et impressionnée que la Louve ait réussi à convaincre la vieille acariâtre de les rejoindre.

- Attention à l’entrée, mamie. Elle est un peu fraîche tout de même. Mais vous vous y habituerez très vite.
- Ma vieille peau ne sent plus grand chose, je vous rassure...

L’eau monta vite au cou de la grand-mère voûtée mais, malgré son air rouillé, on la vit bientôt barboter sans crainte. Isa aurait bien aimé profiter des bonnes dispositions de son aïeule pour la questionner sur son propre mariage mais elle se doutait qu’Isandre ne manquerait pas de lui reprocher ses noces avec Elen en comparaison. Elle préféra encore laisser les deux Elfes discuter avec elle pour ne pas gâcher cet instant incroyable.
Aileen plongea derechef, comme elle aimait le faire et émergea aux côtés de l’Olympienne.

- Ca va, Isa ? S’inquiéta-t-elle à la voir aussi silencieuse.
- Oui bien sûr ! Voulut la rassurer Isa. Puis elle sourit timidement à sa grand-mère : On s’en souviendra longtemps, de cette baignade !
- Ha ! Elle est bien bonne celle-là, ma fille ! S'esclaffa durement la vieille.
- Oui, l’eau est bonne, je trouve... Fit Aileen d’un air innocent, tentant de détendre l’atmosphère.
- Les lunes sont belles cette nuit. Fit Cyan, levant les yeux aux cieux, là où Séléné et Adamant, presque pleines, trônaient. Prenez-vous le temps de les regarder, mamie, lors de vos voyages ?
- Pas si Isa daigne me monter une tente digne de ce nom...
- On les dit immuables, toujours pareilles à elles-mêmes dans leurs phases, quelque soit le point d’observation dans les terres connues...
- Et ? Fit Isandre, hermétique à la poésie de la vision.
- Chez moi, on dit souvent qu’une promesse faite en jurant sur les lunes sera toujours tenue, parce que quoi qu’il arrive, même si elles changent pendant leurs phases, elles restent identiques pourtant, et leur cycle régulier les ramènent toujours à leur point de départ. Fit Aileen, se laissant distraitement porter par l’onde. Où que je sois allée, elles avaient toujours la même apparence. Ajouta-t-elle ensuite, comme pour confirmer les dires de la Louve.

Cyan hocha la tête.

- Elles sont les témoins de notre histoire, elles et les Titans. Lorsque nous ne serons tous que poussière, elles seront les seules témoins de nos vies et de nos actes. Cela laisse songeur, vous ne pensez pas ?
- Tant qu’elles gardent ça pour elles... Marmonna la vieille.
- Allons, allons... Une femme aussi honorable que vous, mamie, n’a rien à craindre des lunes. Cyan parlait sans aucun mépris et apparemment sans ironie, sa voix douce s’opposant à la voix usée de Isandre.
- Ah mais tout à fait ! Lui confirma Isandre, sans l’ombre d’un doute. Elle était convaincue d’avoir oeuvré avec acharnement pour l’Empire, ne s’offrant à l’occasion qu’une rétribution somme toute bien méritée. Sauf que chacun a ses petits secrets qu’il désire garder tels quels, bien qu’innocents.

Aileen se glissa aux côtés d’Isa avant de lui murmurer, non sans un clin d’oeil :

- Ça veut aussi dire qu’elles seront témoins de votre superbe mariage...
- Oui... Peut-être... Répondit machinalement l’Olympienne, sans avoir vraiment entendu ce que la Cerf venait de dire. L’allusion de sa grand-mère lui avait coupé la respiration quelques secondes et elle n’arrivait pas à définir si son aïeule avait parlé pour son propre compte, elle la tortionnaire du fils de Cyan ou pour elle...
- Allez, ne fais pas cette tête ! Regarde comme elles sont belles ! Demain soir, elles seront pleines, pour la cérémonie Louve ! Ça va être super, non ?

La jeune femme réalisa qu’Aileen voudrait bien voir un peu plus d’enthousiasme aussi hocha-t-elle vigoureusement la tête en souriant.

- J’ai vraiment hâte d’y être. Mariée à Elen !

Cyan décida finalement de laisser Isandre nager sans plus l’importuner. Du moins pour l’instant. Elles avaient suffisamment échangé.
La vieille fit encore quelques tours dans l’eau, l’air ragaillardie. Le nez en l’air ou observant le scintillement qui se reflétait à la surface de l’eau, elle crut retrouver certaines impressions diffuses, d’un autre âge. Peut-être un voyage sur les rivages de la Mer Émeraude, alors que son mari espérait encore qu’elle éprouve un jour quelque tendresse pour lui... C’était si loin. Et si futile ! Elle gloussa en regagnant la berge.

- Vous aviez raison ! Ce fut très... Intéressant.

Elle ramassa sa canne puis sa robe informe et disparut derrière un rocher pour se changer. Quand elle vint reprendre son poste de surveillance, elle décida que Cyan était un élément à mieux cerner. Était-ce encore une de ces femelles bêtement romantiques qui lisaient dans les étoiles les seules histoires qu’elle voulaient s’imaginer, ou sa curiosité était-elle orientée vers tout autre chose qui finirait par nuire à l’Incarnation... La question méritait d’être étudiée.

- Ta grand-mère a raison. Il fait un peu frais. Je vais sortir aussi. Déclara Cyan, se dirigeant lentement vers le rivage, après avoir adressé un sourire compatissant à Isa.
- Je vous suis, ce n’est pas le moment d’attraper mal...
- Tu dois absolument changer cette vilaine habitude, ma fille. Maintenant nous sommes de la même famille... Murmura Cyan à Isa, se retournant un instant, ses cheveux mouillés encadrant son joli visage. Isa haussa les sourcils, surprise, se demandant ce qu’elle avait fait de travers. - Tutoie-moi, je t’en supplie. J’ai l’impression d’avoir six-cents ans de plus quand tu me vouvoies. Poursuivit-elle, toujours sur le ton de la confidence.
- Oh... Oui pardon Cyan... Elle lança un regard à sa grand-mère avant de baisser les yeux. Encore une chose qui allait lui déplaire... C’était sans fin.
- Tu es adorable, mon enfant. Fit Cyan, volontairement à voix haute, avec un sourire amusé devant la dérobade de l’Olympienne, sans s’en offusquer : elle lui adressa un regard apaisant.

Ne sachant quoi répondre, Isa se contenta d’un petit sourire gêné avant de se précipiter à nouveau, cette fois vers sa tunique qu’elle repassa à la va-vite. Cyan l’imita, toujours avec ses gestes lents, précis et gracieux, enfilant ses vêtements et ses bottines.

Aileen les avait regardées toutes les deux se diriger vers la berge avant de se décider à les suivre. Elle n’avait pas vraiment envie de quitter l’eau, maintenant qu’elle y était bien mais y rester seule ne la tentait pas non plus... Aussi vint-elle se rhabiller à son tour, rapidement, surprise par la fraîcheur de l’air nocturne sur sa peau mouillée. Finalement elles avaient bien fait de ne pas rester plus longtemps !

Elles prirent le chemin du retour, commentant avec force détails les événements de la journée et s’échangeant quelques anecdotes qui avaient échappé à l’une ou à l’autre. La Tanière fut rapidement en vue et la Clairière comptait encore quelques convives ainsi que des Loups qui jetaient un coup d’oeil sur les victuailles en broche pour le lendemain.



el Par Elen  le 25/06/2012 à 22:32

- Nous nous sommes baignées ! Claironna Isa en entrant dans la chambre, à Elen qui était occupé à sculpter une pièce pour le berceau de l’enfant à venir. Et ton ours ? Il ne s’est pas trop défendu ?
- Je ne lui ai laissé aucune chance ! Fit-il.

En revenant, Isa avait pu constater que l’ours, vidé, déjà farci, arrosé de miel, tournait paresseusement au-dessus du feu. Un astucieux système évitait aux Loups de rester éveillés toute la nuit pour mettre la viande en rotation : aurochs et ours, embrochés sur de longues et épaisses tiges en bois, étaient entraînés dans leur mouvement par une série de petits moulins de fortune construits au bord de la rivière qui jouxtait la Clairière des Ombres Cendrées.

- J’aurai donné cher pour être avec toi, seul à seul, à la rivière...
- Rien ne nous interdit d’y retourner quand on veut, Elen ! Dit-elle en le rejoignant auprès de son ouvrage.
- Hum... Je ne risque pas d’oublier. Répondit-il avant de chercher ses lèvres.
- Tu m’as manqué... Le murmure précéda de peu le long baiser qu’elle lui donna en guise de démonstration.
- Mmmm... Toi aussi. Tout s’est déroulé comme tu le voulais ? Ma mère n’a pas été trop impossible ?
- Mieux encore que ce que j’escomptais ! Même si elle ne savait pas trop quoi penser de cette scène presque surréaliste : sa grand-mère qui se baignait en leur compagnie et discutait presque cordialement avec Cyan... Elle préféra considérer le bon côté des choses. Et ta maman a été tout à fait charmante. On dirait une reine sortie tout droit de vos légendes... C’est quelqu’un de... Spécial.
- Tu dis ça parce que tu n’as pas connu No’irin. Mais on dirait qu’elle t’a vraiment impressionnée ! Il lui glissa à l’oreille : Pourtant personne ne surpasse Nelimareth...
- Étrange qu’un homme fasse passer sa femme avant sa mère, c’est plutôt le contraire en général ! Fit Isa en riant. Bon j’avoue, une femme qui trouve sa belle-mère fantastique, cela ne doit pas être commun non plus.
- Ce qui me surprend le plus, c’est à quel point tu l’idolâtres ! Si elle le savait !
- Je ne l’idolâtre pas ! Je lui trouve... Des qualités certaines. Voilà tout ! Cela ne te rend pas fier ?
- C’est toi qui me rend fier, ne lele.
- Rhalala...

En attendant qu’Elen termine ses assemblages, elle alla se laisser choir à la renverse sur le lit. Elle aurait pu profiter de ce temps pour narrer la fin de la cérémonie olympienne à la Rivière Vive dans son journal mais cela la déprimait et elle reporta la corvée à plus tard.

- Tu veux qu’on aille le voir maintenant ?
- Oui, si tu as fini ce que tu voulais faire.
- On a encore le temps, pour le berceau. Fit-il, se redressant et lui tendant les mains pour l’aider à se relever.

Elle les prit et se blottit contre lui une fois debout.

- C’était une belle journée, n’est-ce pas ?
- Parfaite... Tout a été parfait... Les invités, la cérémonie, toi...
- Nous ! Rectifia-t-elle sans aucune modestie, ses yeux pétillants d’amour pour son Loup.

Elle l'entraîna ensuite vers la porte, prenant son étui à flûte au passage. Il se laissa guider sans sourciller, un sourire accroché à ses lèvres. Ils remontèrent les étages un à un, furtifs, puis il quittèrent l’écrin de la Tanière pour se diriger vers la grande racine qui abritait les cendres des morts du clan et de la vénérable Reine des Elfes défunte. Elen la guida vers l’endroit où il savait que son mentor avait été inhumé.

- Tu crois qu’on peut s’asseoir ? Chuchota-t-elle, comme si elle avait peur de déranger le repos des trépassés.
- Pourquoi pas ? Je les vois mal te reprocher quoi que ce soit...
- C’est pour... Tu sais, j’aimerais bien que tu me parles de lui, et qu’il soit... Un peu là. Elle s’approcha au plus près de l’emplacement des urnes enterrées et s’assit en tailleur, bientôt suivie par son compagnon.
- Hum... Je ne sais pas... Quelquefois, il vaut mieux garder le mystère sur certaines choses. Il y a des détails que tu ne voudrais peut-être pas apprendre... Mais comme c’est toi, et que je ne peux rien refuser à ma Nelimareth, on va passer outre.
- Tu n’es pas obligé de tout dire. Et puis j’imagine qu’il a eu une vie longue et bien remplie... Choisis ce qui te parait le plus... Représentatif ? Ce que tu as admiré chez lui ?
- Alors d’abord, ce qu’il faut savoir de Kowü, c’est qu’il était taré. Complètement cintré, je veux dire. Et euh... Gentil. Il n’aurait pas fait de mal à une mouche. Et timbré. Complètement timbré.
- Et bien ! Quelle entrée en matière ! Fit Isa, médusée.
- C’est la vérité vraie ! Tout le monde le savait. Mais rares étaient ceux qui en connaissaient la raison. Il y avait Lytharion, Labyala, Nävis et moi qui savions. En fait, il entendait des voix. De vilaines voix. Et il a passé sa vie à les combattre. C’était des voix de gens morts. Ne me demande pas comment la chose est possible, je n’en ai pas la moindre idée. Ça lui a pourri l’existence. Mais ça l’a rendu plus fort. Un peu comme moi quand j’ai lutté contre Elle. Mais ce qu’il faut retenir, c’est son idéal, l’union de tous les Peuples et la paix sur Olympia. Il a écrit à Salminar, tu sais ?
- Oui. Tu m’avais dit qu’elle n’avait pas répondu. Mais finalement nous nous sommes trouvés. Je ne suis pas notre Impératrice mais... Il faut bien commencer par quelque part ? Fit-elle en souriant.
- Et c’est avec fierté que je me fais l’ambassadeur de mon peuple auprès de toi.
- Alors toute négociation sera étudiée avec grande attention.
- J’ai quelques arguments convaincants que je garde sous le coude pour des entretiens ultérieurs.

Il lui narra donc ce qu’il savait de la vie de Kowü. Ses connaissances à propos de son mentor, bien que parcellaires, dépeignirent Kowü comme un Elfe attaché à la paix dans le monde jusqu’au bout de sa vie, un idéal trop opposé à la nature même d’Olympia. Tellement opposé que de terribles assassins, les Exécuteurs de Quatar, eurent ordre de l’abattre pour cette raison.

Un homme intègre et honnête, qui faisait fi des différences, sans cesse entouré de Géants, d’Hommes Sauvages, de Nobles, d’Olympiens Rebelles comme Lardaniens, d’un Nain et même, à l’occasion, d’un certain Hors-la-Loi, tous unis par le lien précaire que constituait cet homme de paix. Un homme de bien qui entretint certaines conversations distinguées avec une Humaine en visite sur Olympia. Et il est même dit qu’il rencontra Zeus, lors d’un de ses voyages !

Elen s’attacha à exposer la vérité : ce que Kowü fit de bien et ce qui fut ses échecs ou ses hontes, tout au moins ce que lui en savait. Il lui narra aussi le musicien, le chanteur, le conteur, le mentor, le père, l’ami, le Chaman et toutes ces facettes qui avaient constitué sa personnalité. Et bien d’autres histoires qui laissèrent transparaître tout l’amour que Elen éprouvait pour son prédécesseur, malgré l’introduction surprenante qu’il en avait fait...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 25/06/2012 à 22:37

Isa écouta tout avec une attention extrême, demandant à Elen de détailler telle ou telle anecdote, certains voyages ou des rencontres particulières. Lorsqu’Elen eut terminé, il y eut un long silence où chacun resta avec ses pensées jusqu’à ce qu’Isa reprenne la parole :

- Il faut persévérer. C’est compliqué mais de génération en génération, les lignes finiront par bouger et peut-être un jour disparaître. Il a fait ce qu’il a pu, en simple mortel qui se donne un défi colossal...
- Et il a réussi, pour un temps, lorsqu’en cette taverne se côtoyaient des gens de tous peuples dans la plus franche camaraderie. J’étais là-bas, avec lui.
- J’espère que ce qu’il aura vu ici, avec mes compagnons LEDA, lui aura rappelé cette époque.
- Assurément. Et toi, moi, nous, fit-il, posant sa main sur le ventre de sa compagne, nous constituons sont plus pur héritage.
- Nous devons en être fiers. Et ne pas le trahir. Elle se pencha vers le Loup pour l’embrasser. Depuis que j’ai quitté le Havre, j’ai toujours su que je sortirais un jour des routes impériales... Pour trouver un autre chemin.

Doucement elle ôta de son cou le collier de lierre qui ne l’avait jamais quitté depuis tant d’années et le posa avec délicatesse sur l’humus qui bordait la racine au-dessus de l’urne de l’ancien Chaman.

- Celui qui me l’a donné pensait que je serais capable un jour de franchir le pas. Il n’est plus là pour le voir et... Et il n’a pas eu de sépulture. Il avait les mêmes espoirs que Kowü. Leurs souvenirs cohabiteront bien ensemble, près de nous.

Du bout des doigts, elle effleura une dernière fois le feuillage tendre, toujours aussi miraculeusement juvénile et ses yeux s’embuèrent.

- Il aimerait un morceau de flûte ?

Il passa tendrement un bras par dessus les épaules de sa belle, la câlinant quelques instants.

- Je crois, oui, ne lele. Je crois...

Elle prit l’instrument qu’Elen lui avait offert et entama une ballade lente, connue chez les Loups. L’air était nostalgique mais Isa y avait apporté quelques variations plus légères, comme un rappel qu’il fallait croire en l’avenir. Il la laissa poursuivre quelques temps seule, puis il sortit à son tour la flûte de Kowü et il improvisa un accompagnement, heureux de son duo avec son épouse. Il la dévorait du regard, leurs musiques s’accordant l’une à l’autre à l’instar de leurs esprits. Sans vraiment s’en rendre compte, ils jouèrent longtemps, elle dans un état presque méditatif, bercée par la douceur de la nuit et des accords qu’ils composaient ensemble en l’honneur de Kowü.

[...]



el Par Aileen  le 25/06/2012 à 22:38

Le lendemain, un buffet similaire à celui de la veille fut servi le midi. Certains invités se réfrénèrent, de peur de manquer le banquet du soir, dont on pouvait d’ores et déjà observer les préparatifs frénétiques. Les cuisiniers s’affairaient.

Elen, porteur de sa tenue de Chaman, cape comprise, avait rejoint Aileen, pour lui expliquer les tenants et les aboutissants de la cérémonie. Elle serait la maîtresse de cérémonie : elle aurait la tâche de leur tendre les divers objets et ustensiles rituels. Elle serait un témoin privilégié parmi les invités du mariage. Et plus important encore, il lui confia les anneaux qu’il avait travaillés et taillés à l’abri du regard de Isa. Ce serait une surprise totale pour la jeune femme.



- Tu ne les perds pas, hein ?

- Hé, si tu ne me fais pas confiance, c’est trop tard ! Répondit-elle en plaisantant. T’en fais pas, j’devrais réussir à les garder au chaud !

- Merci, Aileen. C’est vraiment chouette que ce soit toi notre Prima-Luwä.

- Bah... Fit-elle en haussant les épaules. C’est vous qui l’avez voulu !

Le Chaman hocha la tête, un tantinet tendu par la cérémonie à venir. Il espérait que cela plairait à Isa et qu’elle ne trouverait pas les rites du clan étranges ou primitifs, voir stupides. Il voulait tellement que tout soit parfait pour elle. Et que cela soit la journée la plus mémorable qui soit pour son épouse.

Isa sortit de la Tanière, escortée de Cyan et d’Isandre qui l’avaient aidée à se préparer. Non pas que la vieille y tint spécialement mais elle se méfiait des manières subversives de la mère d’Elen et préférait ne pas laisser sa petite-fille en tête à tête avec l’Elfe.

Cette fois, après un bon bain qui l’avait délassée et ragaillardie de sa nuit blanche avec son compagnon auprès de Kowü, elle avait revêtu la robe que Ninah lui avait confectionnée tandis qu’elle-même y avait largement participé pour se perfectionner en couture. Au dernier moment, on y avait ajouté les délicates parures fleuries et le diadème à l’enchantement scintillant ornait de nouveau la chevelure d’Isa.



Elle avait hâte de rejoindre Elen mais la grâce tranquille de Cyan à ses côtés l’obligea à revoir son rythme de marche à la baisse. Lorsqu’elle aperçut enfin le Chaman parmi la multitude, son regard s’illumina et elle lui sourit. Leur Prima-Luwä se tenait à ses côtés... Tout était prêt et elle bouillait d’impatience.

Dès qu’il l'aperçut, dans sa robe magnifique, il ne put délier son regard d’elle. Le tissu vert illuminait son regard et le diadème qui ceignait sa tête ajoutait à sa splendeur. Son regard se glissa sur ses épaules délicates puis il lorgna sur le bustier qui rehaussait la poitrine de sa future femme. Il observa par la suite les mouvements de l’étoffe, souples et gracieux, à chacun des pas de sa douce. De bas en haut, de haut en bas, tout le ravissait. Il la laissa venir à lui, la contemplant de tout son saoul.

- Tu... Tu es sublime...

- C’est gentil... Chuchota-t-elle timidement, puis, en le considérant de pied en cap sourire à l’appui, elle ajouta : C’est qu’il faut mériter sa place aux côtés du Chaman.

- Tu sais fort bien que tu la mérites, cette place, ne lele. Répondit-il, posant ses mains sur la taille de sa fiancée, appréciant la douceur du tissu, se penchant pour lui donner un tendre baiser qu’elle lui rendit.

- Toi, ça va ? Moi je suis encore plus nerveuse qu’hier...

- Un peu nerveux aussi... J’espère que la cérémonie plaira à tout le monde.

- Mais oui, ne t’inquiète pas ! Et Aileen, parée pour endosser tes responsabilités envers notre futur bébé ? C’est qu’il entend tout maintenant ! Mentit-elle effrontément pour taquiner la Cerf.

- Euh... Bah... Oui, j’ai eu le temps de m’y préparer un peu !

- J’espère bien ! Lança la jeune femme en riant.

Ils convièrent les invités à les rejoindre auprès d’une estrade de fortune, construite près de la racine dans laquelle avait été taillée la statue du Totem, avec son oeil de verre jaune aussi étincelant qu’à l’accoutumée. Cependant, dès que le couple et leur Prima-Luwä furent sur la scène, ils ressentirent comme une présence. Elle semblait diffuse, au sens où elle les environnait de toute part, mais sa force ne laissait que peu de doute quant à son origine. Les invités pouvaient-ils sentir le phénomène.

Elen retenait son souffle, l’air intimidé. Ce n’était pas tant la foule que la présence indéniable de Luwö qui l’oppressait. Si les invités n’appréciaient pas la cérémonie, cela n’aurait que peu de conséquence pour le couple. Mais si le Totem s’irritait d’un rituel bâclé ou raté, ce serait lui, son représentant sur Olympia, qui le premier en pâtirait. Et, par extension et surtout, cela nuirait à Isa. Et cette idée là l’insupportait.

Il sentit la main de l’Olympienne s’emparer de la sienne. Elle aussi était impressionnée et constatait que “se marier devant Luwö” n’était pas juste une affaire de rhétorique...

Et la Cerf à leurs côtés ressentait la même chose qu’eux. Le Totem Loup était là pour le mariage de son Chaman, personne ne pouvait le nier. Aileen n’osait pas lever les yeux vers la statue, craignant... Craignant quoi ? Rien ne se passerait, sûrement, si elle le faisait, mais la présence l’intimidait.

- Ça va ? Tu te sens prête ? Finit-il par demander tout bas, face à sa fiancée, prenant son autre main.

- Oui... Répondit-t-elle sur le même ton tandis que son regard s’illuminait. Encore quelques mots, quelques gestes et le reste de sa vie se passerait auprès de celui qu’elle aimait.

Il vérifia que tout le nécessaire se trouvait bien sur l’autel de fortune, surmontée d’une nappe richement décorée de motifs en Loup Ancien puis il porta un instant ses yeux dans la direction de la Cerf, s’assurant qu’elle aussi était parée à la cérémonie. Elle lui adressa un sourire et un signe de tête, elle était prête et ils pouvaient commencer quand bon leur semblait.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 25/06/2012 à 22:45

Et ce fut le début du rituel, les deux amoureux prenant une grande inspiration, prêts à prononcer leurs voeux de mariage de concert, parlant haut et fort pour que toute l’assistance puisse profiter de l’échange :

- Vous tous, soyez témoins que nous deux prononçons les vœux de mariage !

Par ce morceau qu'ensemble nous mangeons.


Cette fois, c’était au tour d’Aileen. Elle prit le petit pain récemment sorti du four et le rompit, offrant ensuite les moitiés dégageant une odeur gourmande à chacun des fiancés qui les mangèrent, se couvant l’un l’autre du regard.

- Par cette eau qu'ensemble nous buvons.

La Cerf se saisit avec précaution d’une coupe en argent aux fines gravures, prenant garde à ne pas renverser une seule goutte du liquide qu’elle contenait et laissa Elen s’en saisir. Celui-ci but une gorgée dans le calice qu’il tendit immédiatement et précautionneusement à sa future épouse. Elle y plongea ses lèvres avec délicatesse puis, la gorgée d'eau prise, rendit le calice à Aileen.

- Par ce feu qui nous réchauffe l'un et l'autre.

Cette fois, la Prima-Luwä leur présenta une petite bougie allumée, placée dans un élégant bougeoir. Elle prit garde à ce qu’aucun souffle n’éteigne la flamme. Chacun des deux futurs mariés passèrent brièvement une main au dessus de la flamme, dans un geste cérémonieux. Elen sentit son coeur battre la chamade lorsque sa peau frôla celle de l’Olympienne, et il ne put s’empêcher de lui adresser un sourire ravi, avant de poursuivre.

Une longue et fine aiguille était cette fois destinée au couple. Aileen n’hésita pas face à l’objet et la leur tendit, avec précaution. Le Chaman se piqua sans l’ombre d’une hésitation, une petite goutte vermeille perla au bout de son doigt. Connaissant la révulsion de l’Olympienne pour l’exercice suivant, il proposa sa main à sa compagne. Les lèvres pincées, la jeune femme préféra faire confiance à Elen et abandonna sa main gauche dans celle du Loup. Cela ne devait pas être bien pire que les multiples piqûres qu’elles s’était infligées, encore maladroite, en cousant sa robe... Il ne lâcha pas un instant son regard, pour la détourner de la piqûre, qu’il exécuta avec une grande délicatesse tant et si bien qu’Isa libéra la respiration qu’elle avait retenue. Il rendit ensuite l’instrument à Aileen, puis :

- Par le sang que nous mélangeons.

Et ils joignirent leurs doigts, mêlant le fluide de la vie, ce même sang qui coulait déjà dans les veines de leur enfant à venir.

- Par l'amour qui unit nos cœurs.

Elen fit un pas vers elle, il l’entoura chastement de ses bras, plongeant son regard dans le sien. le rituel touchait à sa fin, et son coeur cognait fort contre sa poitrine. Particulièrement émue, Isa y déposa sa main quelques instants pour en ressentir cette force qui l’attirait tant puis continua son chemin vers la nuque du Loup. Relevant son visage vers le sien, elle l’invita à un tendre baiser. Leurs lèvres se lièrent délicatement, l’échange semblant occulter la présence même du public par son intensité. Mais pas celle de Luwö : l’énergie du Totem, terriblement bienveillante, les enveloppa et les baigna, tel un cocon d’où émergerait ce couple nouvellement marié. Il fallut pourtant qu’ils se séparent pour terminer les voeux, d’une même voix :

- Par ces anneaux qui lient nos esprits et nos Finye.

Aileen sourit et, dans un geste lent, présenta les deux alliances qu’Elen lui avait confiées un peu plus tôt. Son regard s’attarda sur Isa, guettant les réactions de la jeune femme. Celle-ci découvrit l’ouvrage d’Elen avec de grands yeux admiratifs. Sa bague de fiançailles représentait déjà un travail minutieux mais reproduire deux anneaux si complexes à l’identique était exceptionnel.

Elen prit l’un des anneaux en main, le plus petit, échangeant un regard intense avec sa belle. Plus que quelques secondes encore. Quelques gestes, quelques mots. La jeune femme lui tendit sa main qui tremblait un peu. Il glissa doucement l’anneau au doigt de sa femme, la dévorant d’un regard pétillant de bonheur. Elle fit de même, libérant Aileen du dernier bijou que le Chaman lui avait confié.

- Ainsi nous engageons-nous solennellement dans les liens du mariage et nous déclarons-nous désormais mari et femme, en accord avec les lois elfiques, l'esprit du Loup et la grâce bienveillante de la Nature.

Elen embrassa derechef sa désormais épouse, bien moins cérémonieusement que précédemment, laissant exploser sa joie d’être enfin uni à elle devant les Luwö et, accessoirement, les Dieux. Il sentit comme une bouffée d’orgueil l’envahir : il pouvait de targuer d’avoir la plus belle épouse de ces bois. Un tonnerre d’applaudissements, principalement des Loups présents, s’éleva. Cyan ne put retenir une larme de joie. Aileen applaudit à son tour, affichant un sourire radieux. Tout s’était bien passé et maintenant ils étaient mariés...

Un hurlement dans le lointain, un loup sauvage probablement, salua à son tour le couple. Il fut suivi d’un autre, plus proche. Puis d’encore un, plus près encore. Et bientôt ce fut une multitude de canidés qui chantèrent à l’unisson dans la forêt des Cendres, de toutes directions. Un hurlement spectral, plus fort encore que tous les autres réunis, retentit à seulement quelques pas d’eux, l’énergie totémique à son apogée. Lorsqu’il tourna la tête, le Chaman crut voir la représentation de Luwö refermer la gueule, comme si le Totem lui-même avait joint sa voix à son peuple pour féliciter le couple. Isa en resta sidérée, blottie dans les bras de son époux. Aileen avait reculé d’un pas et son regard allait de droite et de gauche, comme si la Cerf cherchait à apercevoir les loups qui hurlaient. Luwö était là, parmi eux... Elle avait de la peine à y croire; pourtant, pour le mariage d’un Chaman, ça n’était pas surprenant !

Cependant, le mouvement, lui, et la déferlante d’énergie, n’avait échappé à personne : les Saïkas de Isa et Elen étincelèrent avec force. Mais bientôt la clarté s’adoucit et devint évanescente jusqu’à disparaître à mesure que refluait l’énergie. Certains des Loups les plus proches de l’estrade, Cyan et Evonis compris, avaient subi le même phénomène : une pâle lueur ceignait les côtes de la mère du Chaman, sous son sein gauche, et une semblable jaillissait de la tempe droite de l’Ashka. Ce dernier, le visage empourpré, avait porté ses mains sur son visage pour cacher son Saïka qui, chez les Elfes des Lunes, appartenait au domaine de l’intimité.

Une seule dans la foule restait hermétique à la joie qui contaminait l’assistance. La vieille gardait les bras croisés, observant ces luminosités étranges et refusant de croire que cela pouvait être autre chose qu’un minable tour de prestidigitateur. A un confident imaginaire, elle marmona :

- Elle peut déjà être heureuse de ne pas être tombée dans les pommes, cela aurait bien été avec le ridicule de la situation... Quant au reste... On en reparlera dans dix ans, du bonheur chez les luneux... pfff
- Tout va bien, mamie ? S’enquit sa voisine, auprès de qui Isandre s’était installée à des fins de surveillance. Vous êtes toute pâle. Voulez vous que je vous fasse apporter une coupe de vin ou d’eau ?
- Ne vous dérangez donc pas. Vous en avez déjà bien assez fait. Répondit Isandre en fixant Elen.
- C’était une belle cérémonie. Pleine de surprises. Unique aussi.
- Humpf.
- Mamie, vous pâlissez encore ! Je suis sûre qu’un petit dé d’alcool de prune ravirait vos sens et donnerait de belles couleurs à vos joues !
- Vous devez me confondre avec vos pucelles des bois. Il faudra un peu plus qu’un dé de quoi que ce soit avant que je n’ai les joues d’un soiffard.
- Un verre alors ? Entier ? S’enquit Cyan, avec un air affable.
- Pourquoi pas... Concéda l’Incarnation. La mère de l’esclave était décidément têtue...

Cyan n’eut qu’à faire un geste pour qu’un jeune Loup accoure. Elle lui passa commande de trois verre d’alcool de prune, bien remplis ; elle avait pensé à Evonis, à sa droite, qui pourrait être jaloux si elles buvaient sans lui. L’apprenti s’exécuta à toute vitesse, et revint avec la commande. Cyan tendit un verre de bonne taille à Isandre, loin de la verrerie qui servait habituellement à déguster pareil brevage.

- A la santé de votre petite-fille et de ma belle-fille ! Fit-elle, levant son verre.

Isandre fit de même. Après tout Isa avait maintenant une mission, bien qu’elle n’en eut pas conscience et c’était cela toute la beauté de la chose ! Sa naïveté et son innocence feraient gober à ces indigènes à peu près tout ce qu’elle leur dirait. Ensuite elle trempa ses lèvres dans la liqueur pour en identifier les arômes.

Cyan but son verre presque aussi rapidement que Evonis, ce qui représentait probablement un exploit digne d’une certaine admiration lorsqu’on ne la connaissait pas. Mais vivre avec un mari alcoolique lui avait donné certaines prédispositions : certes elle buvait avec modération, mais elle avait acquis une bonne résistance aux effets de l’alcool pour une dame, et lorsque certains hommes s’assoupissaient déjà, ivres morts, elle ne ressentait qu’un léger picotement au bout des doigts et un échauffement dans les joues, à la pointe de ses oreilles et en d’autres endroits.

Elen, lui, en profitait pour remercier chaleureusement Aileen d’avoir si bien exécuté la cérémonie, l’étreignant avec une vigueur presque exagérée. Plus subtilement, Isa embrassa Aileen comme elle aurait étreint une soeur. Certains Loups venaient déjà féliciter le couple, donnant des accolades au Chaman et embrassant les joues de son épouse, avant de lui murmurer des mots de bienvenue dans leur grande famille. La Cerf les félicita à son tour, son sourire de retour, non sans éclater de rire lorsqu’Elen manqua de l’écraser dans ses bras.



el Par Elen  le 25/06/2012 à 22:46

Finalement, ce fut le moment du banquet, un joyeux repas en vérité, qui célébrait à la fois les épousailles et la visite à venir du Peuple Frère. Cela en mettrait plein la vue aux invités, surtout aux dignitaires Olympiens. Oh, bien sûr, Rôde et Tizi avaient déjà assisté à un tel évènement. mais qu’en était-il des autres ?

Elen et Isa, encadrés respectivement par Cyan et Isandre, à côté de l’Incarnation venait ensuite Evonis, rendu jovial par le breuvage qu’il avait consommé, puis Aileen. Rode avait été installé auprès de Cyan, avec qui il était en grand entretien. Les différents invités entouraient le couple et leur famille, puis venaient les Loups.

- Alors vous voyez, m’dame, le secret, dans les tourtes, c’est la croûte ! Y’a rien de meilleur que ça ! Si, si, j’vous dis, la croûte ! Si vous la ratez, bin le reste ne vaut rien. Quand bien même ça serait le meilleur plat du monde ! Exposait l’Askha aux oreilles désintéressées de la vieille, avec une ferveur exagérée. Et pour avoir une bonne croûte, il ne suffit pas d’une bonne pâte ! Non, non ! Pas du tout ! C’est la cuisson ! J’vous jure... Poursuivait-il, intarissable, engloutissant de temps à autre d’énormes bouchées de nourriture sans soucis, aucun, pour la bienséance.

Aileen à ses côtés ne pouvait s’empêcher de rire aux éclats quasiment à chacune de ses interventions. Isandre le trouverait peut-être insupportable mais le voir aussi exubérant amusait beaucoup la jeune Cerf.

Isandre sirotait son verre en grignotant quelques mets si elle arrivait à les identifier - car il était inimaginable de faire confiance à l’improvisation de ces sauvages - hochant la tête sans écouter un traître mot des élucubrations culinaires de l’Ashka. Ses oreilles traînaient bien plus volontiers vers Isa et la suite de ses voisins.

Ce fut à ce moment là que la meute de loup choisit de faire irruption dans la clairière : les Lunes étaient pleines, ils venaient procéder à l’échange. Les Elfes se turent instantanément, Evonis compris, qui ne put cependant s’empêcher de faire un geste pour saluer jovialement leurs cousins, là où la plupart se contentaient d’observer l’avancée des créatures aux pelages soyeux !

Une jolie louve au doux pelage blanc vint coller son flanc contre Isa, quémandant visiblement des caresses. Elle n’était pas inconnue de Isa, tout au moins avait-elle pu en lire quelques mots dans ses notes. Elle, l’alpha de la meute sauvage, avait une fois encore choisi l’alpha de la Meute des Loups.



Impressionnée malgré tout et désolée de ne se rappeler leur première rencontre, la jeune femme la flatta timidement. La bête, taquine, en profita pour lui lécher la main.

Le Chaman, lui, procéda à l’échange avec le mâle dominant, Evonis avec un autre loup et Cyan aussi fut honorée par un beau mâle, qui réclama lui aussi quelques attentions, avec une certaine insistance, avant qu’elle ne le congédie. La plupart des bêtes s’en furent plus loin profiter de leur offrande de viande cuite, tandis que les Elfes mâchonnaient la viande crue de leur mieux.

La louve, en revanche, ne semblait pas pressée de procéder à l’échange et, moins farouche peut-être que ses congénères, elle continuait à réclamer l’attention de l’épouse du Chaman que celle-ci lui offrit largement, trop heureuse de faire durer ce moment, puisqu’elle était certaine cette fois de l’inscrire dans sa mémoire.

La louve plaça ses pattes sur les jambes de l’Olympienne, cherchant à lui lécher le visage ou encore à mordiller les mains de la jeune femme, sa queue battant frénétiquement. Elle émettait de temps à autre un jappement joueur. A la voir ainsi, on eut pu s’imaginer qu’il s’agissait d’un chien. En vérité, c’était une bête sauvage, un fin prédateur qui pouvait s’avérer aussi dangereux que féroce. Mais elle semblait apprécier Isa. Celle-ci fut d’abord un peu effrayée des jeux de la louve puis s’amusa avec elle un moment avant de lui proposer l’échange : une belle tranche de l’ours qui avait cuit plusieurs jours. La chair épaisse était bien grillée sur le dessus avec un délicat parfum de miel mais l’intérieur était encore tendre et juteux.

La louve accepta, semblant s’incliner devant Isa, elle partit un peu plus loin, à la recherche de sa propre offrande : une petite pièce de volaille crue, qu’elle avait du chiper à un marchand car il n’y avait nulle trace de la peau. Tout avait été soigneusement dépecé et nettoyé et la jeune femme se convainquit d’avaler le morceau, pas plus gros qu’une bouchée, assez facilement. Après tout... Elle l’avait déjà fait. Puis la louve emporta avec elle la tranche offerte par l’Olympienne, sa queue fouettant l’air de ravissement.

- Et un jour ce sera du Nain, Isa.... Tu t’en rends compte n’est-ce pas ? Releva Isandre, le coeur aux bords des lèvres.
- Paix, Isandre ! Si je n’avais pas procédé ainsi, c’est ta carcasse que les loups blancs auraient dévorée. Fit le Chaman, la foudroyant du regard. Et nous avec. Et le reste des Nains.
- Tu as mangé du nain ? Fit sa mère, se détournant, dégoûtée. Vous voyez, messire Rôde, c’est comme ça que... Fit-elle, poursuivant sa conversation avec l’ex-Grand Pontife.
- Un jour il t’expliquera aussi que Nain ou Olympien, ça n’aurait guère fait de différence. Continua Isandre pour sa petite-fille sans tenir compte des paroles de son ancien esclave.
- Il l’avait tué le nain ? S’enquit Evonis, visiblement curieux.
- Grand-mère, tu sais bien que c’était compliqué à cette époque. Et certains Nains n’ont pas été bien futés... Pourquoi imagines-tu qu’une telle situation se reproduira ?
- Ça avait quel goût ?

Le Chaman se tapa le front alors qu’Aileen éclatait de rire, expliquant à Evonis qu’il ferait mieux de se taire.

- Ils ont mauvais goût... Un goût de sueur, de crasse et de poudre. Et non, je ne l’avais pas tué, ni non plus le loup qui s’est contenté de me donner un bout qu’il avait ôté à son propriétaire. Et je crois bien qu’à part Isandre, si sensible à la vue du sang, personne ne s’est senti offensé par mon geste. Ni les compagnons du blessé, et encore moins celui-ci. Stupéfiant, n’est-ce pas ? Tout au plus, ma douce a émis quelques frissons de dégoût alors que les Nains me regardaient, béats, leurs regards aussi creux que leurs caboches.
- Les Nains sont stupides, tu ne m’apprends rien. Mais il est des choses qu’Isa doit garder en mémoire, alors même que tout ici semble enjolivé.
- Oh, mais je crois bien qu’elle est très satisfaite quand je la dévore, Isandre. Elle ne s’en est jamais plainte ! Fit-il, lui lançant un regard assassin.
- Passe-moi les détails de vos débauches. Sans compter que ce n’est pas très gracieux devant celle qui est désormais ton épouse. Je vois que l’orgueil et l’auto-congratulation ne sont pas en reste chez toi.
- S’il vous plait...
- Oui Elen, calme-toi un peu. Il est des choses qui ne sont pas bonnes à dire, surtout quand on est entouré de dames respectables, de son épouse, de sa mère et de dignitaires d’autres régions.
- Bon, bon... Fit-il en croisant les bras, l’air renfrogné.
- Isandre, je vous fais resservir un verre ? Demanda Cyan, cordiale.
- C’est bien aimable mais sans façon.
- Ha, mais fais pas cette tête, toi ! Intervint Aileen, arrivant derrière Elen. Tu devrais être content ! T’es marié ! C’est chouette, non ? Fit-elle, ignorant volontairement l’échange précédent, tentant de détendre un peu les esprits échauffés.
- Ouais ! Trinquons ! A la bière Naine, bien meilleure que leur viande ! Fit Evonis, se saisissant d’une chope qu’on avait disposée devant lui. Ne trouvant personne pour trinquer, il se contenta de donner une bourrade à Isandre avant de boire cul sec : A la vôtre, vieille bique !
- Ha, voilà ! Il a raison pour une fois !



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

Par Google  

olymp Par Isa Cestia  le 25/06/2012 à 22:48

- Décidément... Ils sont déjà insupportables à jeun, mais ils deviennent pitoyables à peine imbibés... Rumina Isandre en se levant. Elle en avait bien assez enduré pour aujourd’hui.
- Eh ! Mais t’en vas pas ! T’as pas trinqué ! Et il ajouta, goguenard : Et tu vas te faire manger par les loups... Il éclata de rire mais sa blague faisait étrangement écho à la réalité : la meute avaient observé la scène sans en perdre une miette, et ils suivaient la vieille de leurs yeux jaunes à présent.
- Laisse, Evonis, ils n’en voudront pas... Elle est trop pleine de fiel... Bougonna le Chaman dans sa barbe, pour lui-même.
- Ha, mais laisse-la donc, elle sait pas s’amuser ! Fit Aileen à son Loup, s’accrochant à son bras en riant.
- Je te raccompagne, Grand-mère. Fit Isa en se levant à son tour, ennuyée pour son aïeule qui subissait les quolibets de ses amis. Evidemment, ce n’était pas volé mais elle en était tout de même affectée. Elen prit un air de chien battu en entendant ces mots. Il y a des chambres d’invités, tu dormiras ici cette nuit, viens... A tout de suite Elen.
- Ne li lelo, Nelith. Lui souffla-t-il.

La meute invitée patienta dans les parages jusqu’au retour de l’Olympienne puis entonna dans la clairière leur appel aux Lunes, accompagnée une fois encore par le chant des Elfes.

Elen s’était relevé; oubliée la vieille Incarnation ! Qu’Hadès l’emporte, elle et son air de vieux corbeau dégarni. Il avait tendu la main à son épouse, pour chanter avec elle. Cyan aussi se tenait debout et sa voix cristalline s’élevait, douce, harmonieuse et pleine de grâce. Evonis, quant à lui, assis devant son assiette encore pleine de victuailles, tentait de suivre les paroles du mieux qu’il pouvait. Ce soir, il s’endormirait comme une masse.

Une fois les chants du Partage terminés, et les créatures parties, la fête se poursuivit : il y eut des danses, un grand dessert, d’autres chansons, des jeux. Tard dans la nuit, la foule s’étiola autour du banquet. Les invités et les participants regagnèrent leur pénates, comme Evonis accompagné de Aileen pour un repos bien mérité. Il était tant pour les deux jeunes époux, presque seuls sous les Lunes, d’en faire autant. Du moins était-ce ce que l’Olympienne croyait.

- Isa, ne lele, je t’ai préparé ton matériel. Et une surprise. Là-haut. Fit-il, désignant le Grand-Chêne.
- C’est vrai ? Fit-elle, surprise. Allons-y alors !

Elle connaissait le chemin tortueux parmi les branches, le long du tronc aux tailles prodigieuses. Néanmoins elle grimpa avec précaution, d’une part pour ne pas abîmer sa robe et d’autre part car elle commençait à être fatiguée après ces deux journées de liesse continue.

Une fois au sommet, sur une branche large, elle put constater que Elen ne lui avait pas menti. Tout se trouvait là : brasero, ambre et tout le reste, son journal compris, bien emballé dans une sacoche de cuir. Mais plus surprenant, il avait monté des couvertures et constitué un matelas avec des peaux de bêtes posées sur un lit de jeunes feuilles feuilles.

- Je me suis dit qu’on pourrait passer la nuit ici, toi, ma charmante épouse, et moi, ton petit mari. Dans notre sanctuaire, un peu plus près des étoiles.
- C’est une merveilleuse idée, Elen ! Mais où as-tu le temps de venir jusqu’ici ! Fit-elle, les yeux écarquillés.

Les jours précédents n’avaient été que pure frénésie avec tous les préparatifs et les diverses cérémonies et Elen avait dû se démener comme un fou pour aménager encore ce petit coin idyllique, réplique infinie de leur salle aux étoiles tant appréciée. Mais il avait eu ô combien raison ! Elle vint se blottir contre lui, entre ciel et terre, dans cet univers qui n’appartenait qu’à eux.

- Comme ça, nous pourrons revivre l’histoire de Elizadora et Ereinlen, ma douce, ma belle, mon épouse.
- La nôtre sera bien mieux, elle ne se finira pas à l’aube.
- L’aube a disparu depuis longtemps : depuis que je te connais, je vis en plein soleil.
- Tu crois que ce sera une fille ? Les paroles d’Elen lui avaient rappelé le nom féminin qu’il avait choisi pour leur enfant.
- Je ne sais pas. Quoi que ce sera, Isa, ce sera le nôtre. A nous. Tu le voudrais, toi ?
- Je pense que je suis un peu influencée par ma culture qui donne la primauté aux garçons. Je t’imagine souvent avec un fils avec lequel tu jouerais comme un gamin, à qui tu apprendrais des tas de choses...Elle esquissa un sourire. Mais je te vois aussi encore plus gâteux avec une fille, non ?
- Gâteux, moi ? Hein que je ne le suis pas ? Hein ? Fit-il, s’adressant en ventre de sa compagne, non sans avoir omis de mettre sa main dessus. Papa n’est pas gâteux du tout, hein ? Et papa va bien s’occuper de maman ce soir, n’est-ce pas ?

En prononçant cette dernière phrase, il avait laissé ses mains se glisser autour de la taille de sa femme, les yeux dans les yeux, brillants de mille feux, car la lumière d’un amour éternel est vraiment la plus belle; et il l’embrassa tendrement. Ils discuteraient encore de la journée, de l’étreinte de Luwö, de leurs projets et de leur enfant à venir. Ils s’étendraient, blottis l’un contre l’autre : leur nuit de noces leur appartenait, pleine et entière, accompagnée par le chant des cigales, des étoiles et de leurs coeurs à l’unisson.