Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Sur la route
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Sur la route
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Dernière réponse le 06/08/2012 à 23:16

ldf Par Tizi  le 26/07/2012 à 21:23

Rôde qui avait assisté au mariage était resté passablement en retrait et dans l’euphorie très peu de gens avaient remarqué son comportement discret.
Ainsi donc au fil des jours, l’Olympien s’était petit à petit effacé. Chacun vaquait à ses occupations, y compris Tizi qui était heureuse de retrouver son ami Dalhia et il put donc aisément préparer ses affaires sans avoir à se justifier.
Tizi, quant à elle, était très excitée par l’annonce d’un voyage, il faut dire que c’était pour elle une occasion rêvée pour visiter certaines régions qui jusqu’ici étaient trop risquées à parcourir. Lorsqu’elle aperçut Rôde sur le point de partir, la Lutine pensa qu’il allait se joindre a eux, mais hélas son visage fermé ne laissa présager rien de bon.
L’Olympien l'entraîna loin du tumulte des abords de Na’helli pour se poser dans une petite clairière. Après une longue discussion, Rôde s’éloigna de la lutine.

- Alors c’est ici que tout se termine ?! S’exclama la Lutine le cœur lourd.
- Non, c’est ici que tout commence… Pour toi ! Et puis ce n’est pas un adieu, nous nous reverrons j’en suis certain ! D’ailleurs prends-le, il te sera plus utile qu’à moi ! L’Olympien tendit à la Lutine son petit furet qu’il affectionnait beaucoup.

- Il saura toujours ou me trouver…. L’olympien commença à partir lorsqu’il s’arrêta de nouveau et s’adressa à la lutine sans prendre la peine de se retourner.

- Rôde-la-Nuit, quelle surnom vraiment ridicule ! Mais je m’y étais habitué; cela dit, là où je vais ce nom n’aura plus cours, il est temps pour moi de reprendre une véritable identité... Après un petit moment de silence l’Olympien reprit : Brénus Corsac... Ceci est mon véritable nom !

L’Olympien reprit sa route à travers les bois, Tizi le regarda s’éloigner jusqu'à se qu’il disparaisse totalement.

- Au revoir… Rôde ! S’exclama à voix basse la Lutine qui avait énormément de mal à contenir sa peine. Elle savait qu’elle devait le laisser partir, il n’avait depuis quelques temps plus vraiment d’identité et se posait beaucoup de questions sur l’avenir de Lardanium et de la politique actuelle. Elle savait que Brénus commençait à s’attacher aux « verdeux » et qu’il ne souhaitait pas être vu comme un traître aux yeux de son peuple. L’isolement lui était nécessaire pour pouvoir faire une mise au point et prendre du recul sur tout ce qui s’était passé jusque là.

Après avoir passé de longues heures seule à arpenter la forêt, la Lutine se décida à rejoindre le groupe. Rôde lui avait demandé une faveur, celle de veiller sur Isa. En réalité il savait que la Lutine se plaisait bien dans ce groupe; ainsi, de part sa recommandation, il faisait d’une pierre deux coups .

Une saison après le mariage, on avait commencé les préparatifs du long voyage que le couple s’était promis. D’autres en profitèrent pour tenter l’escapade, loin de la routine des responsabilités quotidiennes à la Tanière : Aileen et Evonis seraient également de la partie. On ne sut trop comment Dalhia se joignit au groupe - et s’il s’était trouvé une bonne raison sur le coup, nul doute qu’il l’ait oubliée depuis - mais on le vit arriver en courant, Tizi sur ses talons, alors que les quatre “grands” allaient se mettre en route.

- Dalhia !! Dalhiaaaa !... Mais où cours-tu comme ça, quelque chose ne va pas ?! La lutine ne savait pas exactement la date du grand départ, elle n’avait donc encore préparé aucun bagage.
- Ben y a.... Y a Elen et Isa ! Ils vont partir ! Fit le lutin, visiblement effrayé à l’idée d’être laissé en arrière.
- Quoi, déjà ! S’indigna la lutine. … Mais c’est que j’ai rien préparé encore… Tu... Heuu... Ça te dérangerait pas de me donner un petit coup de main ?
- M.... M... M-m-m-moi..? Euh... N... Non pas du t-t-t-t-tout !! Fit-il, prenant soudain une teinte rouge pivoine.

Tizi attrapa le lutin par la main et le traîna à la Tanière. Elle sortit quelques gros sacs qu’elle tendit au Lutin puis y engouffra toutes sortes de choses…

- Alors ça, cela m’a été très utile pour marcher dans la neige, mais il me faut aussi le manteau adéquate… Ho et puis il ne faut pas oublier mon arbalète lourde et les carreaux qui vont avec ! ... Et puis ça aussi…

Très vite Dalhia croula sous le poids des divers objets plus ou moins insolites que la Lutine avec récupérés ou « bricolés » lors des ses aventures.

- C’est bon, je crois que j’ai tout pris, on va pouvoir y aller…….. Heuuu ça va aller Dalhia ?! J’ai peut-être exagéré non ?!
- Ça..... Ça vaaaa..? Répondit le lutin, peinant à rester debout. Mais il ne voulait pas que Tizi pense qu’il ne pouvait pas porter quelques sacs...
- Tu es sûr !? S’inquiéta la Lutine. Bon bah en route alors ?
- Ou... Oui !



el Par Elen  le 26/07/2012 à 21:30

A l’instar de Tizi, l’Olympienne n’avait pas lésiné sur le barda, leur périple devant les amener dans des contrées aux climats variés : humide, chaud, gelé, venteux... Il n’était pas envisageable que la lune de miel tourne au cauchemar à cause de conditions locales imprévues.

Elen, lui, avait fait atteler une petite charrette, tirée par deux bonnes mules qui permettrait aux trois couples, si tant est que Tizi et Dalhia puissent être décrits ainsi, de transporter leurs effets personnels sur une longue distance. Elen se faisait fort de dormir à la belle étoile, ceci convenant aussi bien à Isa qu’à Aileen et Evonis. Néanmoins, il avait pris la précaution d’emporter des tentes : en cas de pluie, la volonté de l’Olympienne, et surtout des Lutins, de passer une nuit au dehors pourrait fortement diminuer.

Isa s’était aussi longuement préparée, étudiant toutes sortes de dates pour ses rituels, fonction des lieux et des saisons. Les possibilités étaient nombreuses mais elle avait fini par tout retenir par coeur avant de partir, lors du dernier rituel mené à la Forteresse des Loups.

- Tout y est, Elen ? Fit-elle en déposant un dernier petit coffre d’affaires auxquelles elle tenait particulièrement dans la charrette : l’ensemble de layettes qu’elle avait confectionné entre deux études des astres car le bébé pourrait bien naître avant qu’ils ne soient de retour. A son sourire persistant, on devinait qu’elle avait hâte de se mettre en route.
- Je crois bien que oui. Fit-il, observant sa pile d’affaires à côté de celle de sa femme : ils n’avaient pas exactement la même vision du concept de voyager léger.

Le Chaman rabattit la bâche sur les affaires, pour les mettre à l’abri des soleils et des intempéries.

- Tu crois que tes Loups m’aiment toujours autant, maintenant que je kidnappe leur Chaman pour l’emmener au bout du monde ? Et avec leur Ashka en plus ? Demanda-t-elle en riant à moitié.
- Non, non. Ils te haïssent parce qu’en notre absence, c’est Cyan qui va s’occuper d’eux ! Quand on reviendra, ils vont marcher droit !
- Je veux bien te croire ! La mère d’Elen semblait déjà beaucoup impressionner les Loups, mais si c’était elle qui prenait la charge du Clan, ils n’avaient qu’à bien se tenir ! Isa vint enlacer son mari, son regard pétillant d’impatience rivé au sien : Nous partons alors ?
- On y va ! Tu veux commencer par aller où ? Fit-il, glissant une main sur le ventre rebondi de sa belle.
- Si on se dépêche, on pourra visiter l’ancienne Sigdil avant que les vents ne deviennent trop violents. Ça te dirait, un crochet par là-bas ? Je n’ai pu l’apercevoir que de loin et puis... Tu connais, tu pourras nous expliquer certaines choses, non ? Ensuite on pourrait traverser la Foret du Renouveau, j’ai entendu parler des plantations que le Peuple Sauvage avait refaites, à la suite du passage des Tourmentes. Ça doit être joli.

Grâce à la Vasque des Souvenirs du Temple de Poseïdon, elle gardait en mémoire les plantes foisonnantes et ces fleurs stupéfiantes qui décoraient la bâtisse sacrée. Cette flore poussait-elle ainsi sur tout le territoire des Sauvages ?

- Hum... Je te reconnais bien là... Tu ne t’intéresses qu’à des lieux subversifs ! La ville des Rebelles, la forêt du Peuple Sauvage ! C’est un excellent programme, ne lele !
- Subversifs ? Bon peut-être un peu. Mais... Il y a longtemps que la ville est désertée.
- Ma belle rebelle... Murmura-t-il, avant de l’embrasser, caressant son ventre du même coup.

La réponse ne se fit pas attendre et le Chaman sentit un léger soubresaut sous sa paume. Bébé n’aimait visiblement pas que sa maman soit associée aux traîtres à l’Empire.

- Ouille... Ne l’énerve pas, c’est moi qui prends ! Dit-elle avec un faux air de reproche.
- Je ne l’énerve pas... Il aime bien que papa embrasse maman... Le Chaman tomba à genoux, une oreille plaquée contre le nombril de sa belle. Hein que tu aimes que papa embrasse maman ? Hein ?

Elen perçut une succession de mouvements et Isa grimaça. Non pas que cela soit très gênant, un peu perturbant tout au plus, d’imaginer cette petite vie réagir avec eux.

- Pas de doute, il est bien réveillé cette fois... Et n’en profite pas pour extrapoler ce qui t’arrange, Elen !
- Oui, oui... Répondit-il évasivement, avant de s’adresser au bébé : Ne lui dis pas que j’ai raison, hein ?
- Ne li lelo. Murmura-t-elle, ne résistant pas aux attentions de son époux.

Le Chaman se redressa lentement, prenant ses mains dans les siennes et plongeant intensément son regard dans le sien. Il déposa un baiser au creux de son cou, puis, avant de l’embrasser, il lui glissa au creux de l’oreille avec tendresse :

- Ne li lelo, Nelith.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 26/07/2012 à 21:39

La Cerf flânait d’un pas léger et sautillant alors que l’heure du départ approchait. Pour sa part, elle avait déjà tout préparé et n’attendait plus qu’un signal pour se saisir de ses quelques affaires avant de partir. Malgré la réputation habituelle des femmes en matière de voyages, Aileen se montrait relativement raisonnable et la quantité de bagages qu’elle emportait était loin d’être aussi impressionnante que celle que décriraient diverses mauvaises langues. Cependant elle s’était permise d’en emmener un peu plus qu’à l’accoutumée, lorsqu’elle parcourait Olympia en tout sens pour diverses missions. Lors de ces périples, voyager léger s’avérait souvent être un mal nécessaire. Cette fois, cela dit, rien ne pressait.

Alors qu’elle continuait ses errances le nez au vent, elle finit par apercevoir la silhouette de son Loup préféré, un peu plus loin. Elle s’arrêta un instant puis fit volte-face et, de son pas toujours aussi guilleret, se dirigea vers lui pour lui sauter au cou.

- Coucou, toi ! Alors ? T’es prêt pour le départ ? Lui fit-elle, pleine d’entrain.

- Bah écoute, oui. Regarde. Le Loup, en tout et pour tout, n’avait qu’un sac de taille moyenne, qui ne contenait que le nécessaire à la survie. On eut presque dit qu’il repartait pour une épreuve de Iltarion.

- Ça a dû être rapide à préparer !

- Il faut avoir l’esprit pratique, pour ce genre de voyages et ne pas s’encombrer... Il lui murmura quelques mots à l’oreille, songeant à un certain atour qu’Aileen s’était fait confectionner à la Tanière : Évidemment, tu es libre de t’encombrer de toutes les parures que tu voudras... Je me débrouillerai pour t’en alléger à un moment ou à un autre...

- Oui, je sais, mais cette fois, comme on n’est ni pressés ni en danger... Elle lui sourit et reprit, murmurant à son tour. Alors je me suis permise d’emmener de quoi me faire belle, juste pour toi !

- Mais belle, tu l’es tout le temps... C’est aguicheuse que tu n’es que parfois... Lui souffla-t-il.

- Ho, crois-moi si je ne faisais pas tout ces efforts, tu ne me trouverais peut-être pas si belle que ça... Plaisanta-t-elle.

- Comment ? Modeste avec ça ? Tu cumules les qualités !

- Modeste, je ne sais pas... Mais tu ignores peut-être tout ce que doit faire une fille pour plaire à son Loup ! Je t’assure que ça change tout ! Fit la Cerf, non sans un brin d’exagération...

- Et moi je suis certain que tu me plais nature... Après, si tu veux souligner tes appâts, cela ne me gêne absolument pas... Lui murmura-t-il, en réponse.

- Tu vois ? Alors ne te plains pas parce que j’en emmène un peu plus que toi !

- Certes !

- En tout cas je suis contente de partir avec toi ! Ça va être génial ! Fit Aileen avec d’entrain.

- Je t’avais promis un voyage ! Au moins, on va voir plein de trucs !

- Oui ! Enfin, la plupart, je les ai déjà vus, mais avec toi, ça sera encore mieux !

Ainsi, tous fin prêts, ils se mirent en route, au pas tranquille et sûr des mules qui tiraient leur carriole.



Alerte et enthousiaste, la petite troupe engloutit les lieues jusqu’à Sigdil en une poignée de jours. Lorsque les ruines de la Cité des Sables furent en vue, ils firent une première halte pour admirer le panorama.

Les Titans se couchaient sur les dunes où couraient quelques herbes courageuses et enflammaient l’ancienne cité des Rebelles de langues orangées ou rougeoyantes. Les ombres grandissaient, allongeant les percées dans les murailles, bordant de cernes les huisseries usées, engloutissant de mystère les tours déchues.

- Il leur a fallu du courage, tout de même, pour s’installer là... Commenta Isa alors qu’une brise chaude, tenace, saturée de particules de terre et de sable ne cessait de les assoiffer. Et ce n’était pas encore la pleine saison des tempêtes...

- Tout était plus vert, quand c’était habité. Les Elfes avaient réussi à faire pousser des arbres. Et les Olympiens se sont occupés de l’architecture. Ça aurait pu devenir une belle ville.

- Je crois que je préfère quand même la forêt... Avoua Aileen en secouant la tête. L’air lourd et brûlant ne lui plaisait pas vraiment et parfois, elle en venait presque à regretter de ne pas avoir coupé ses longs cheveux avant de partir... entre le sable qui s’insinuait partout et la chaleur qui l’étouffait, la Cerf devait bien avouer qu’elle ne portait pas vraiment le désert dans son coeur...

- Bouarf. T’façon, vivre dans une ville, c’est pour les timbrés... Avec tout le respect que je te dois, Isa... Y’a qu’à voir les Nobles, avec leurs manières. Tu les colles à poil dans la forêt, et hop ! Se font bouffer en moins de deux. Les citadins, sont juste bons à tenir des échoppes... T’en as deux trois qui rehausse le niveau, en partant à l’aventure, avec nous autres, mais le reste ne vaut guère plus que leurs caillasse qu’ils portent fièrement aux doigts, au cou, aux oreilles et en d’autres endroits que je ne me permettrai pas de citer. Bref, un ramassis de bon à pas grand chose...

- Tu aurais pu construire une ville dans le désert, toi, grand malin ?

- Pourquoi faire ? Manger du caillou et du sable ?

- Tu dis cela parce que tu n’as jamais vu la Cité Blanche, Evonis. Répondit Isa, avec une pointe de respect admiratif pour la capitale olympienne dans la voix.

- Détrompe-toi... Je l’ai vue de loin, dans ma jeunesse. C’est beau, c’est certain. Du bel ouvrage. Mais quand on rencontre les crétins qui vivent dans les palais, l’autre freluquet qui s’est pointé à la Tanière, l’autre fois, le Prince de Quignon ou un truc comme ça, tu te dis que la ville ça leur réussit pas et qu’ils devraient faire un séjour dans les terres sauvages.

- Ouf, alors heureusement que j’aime les pique-niques alors ! Répondit-elle en riant, heureuse de ne pas être rangée dans la catégorie des citadins empotés.

- Bah, d’après ce que je sais de toi, t’as pas mal baroudé. Que la ville soit un point de chute, c’est une chose. Mais de là à y passer sa vie... Le Loup grimaça. Ça bousille l'intellect... Faut que ce soit stimulé tout ça...

- Mais ceux que tu dénonces ne sont pas non plus les bâtisseurs. Ils profitent, ils financent à la rigueur, mais le génie architectural ne vient pas d’eux.

- Hum... Quand on y pense, la Tanière, c’est un peu une petite ville en elle même... Ça t’a pas trop “bousillé l’intellect” toutes ces années là-bas ? Fit la Cerf avec un sourire taquin pour le Loup. La mention de Lardanium et du Prince ne la réjouissait pas vraiment, mais au final, peu lui importait... Evonis avait raison sur au moins un point : La ville ne valait pas la forêt.

- Une ville ?

- C’est pas une ville, c’est une forteresse. Mais on passe notre temps dehors. Avant, je parcourais la forêt et le monde, et on ne me voyait pas là-bas.

- Ouais... Faut pas exagérer. On n’est pas nobles. Quand tu veux, Ailou, on se fait notre année dehors, sans lit.

- Pas de problèmes, je l’ai déjà fait plein de fois ! Se vanta-t-elle.

- Euh... Nous on attendra que le petit ait un peu grandi, hein Isa ?

- Tu sais Elen, nous allons mettre un moment pour boucler tout ce que nous avons prévu. Peut-être pas l’année mais...

- Ah, mais je parlais de dormir à la belle étoile, sans tente, quelque soit le temps. Faudra que je t'apprenne à faire des abris !

- Mais elle le sait déjà, grand bêta ! Tu t’imagines qu’en voyageant autant que ça, elle n’a pas appris à se débrouiller ?

- Disons que je sais palier à des temps capricieux, en effet. Mais lors de grandes intempéries, ou je trouvais un endroit abrité ou je passais une très mauvaise nuit sans compter l’humeur de ma grand-mère... Et là j’avoue qu’avec le petit en route, ça ne me tente pas du tout !

- Oh ça non, on ne veut pas passer la nuit dehors ! Non, non, non ! Fit Elen, s’agenouillant devant sa femme, collant son visage contre elle.

- Ha, ce qu’elle peut m’énerver, ta grand mère par moments ! Lacha Aileen en soupirant. En tout cas.... continua-t-elle avec un sourire amusé. Je pense qu’Elen sera d’accord pour qu’on palie un peu à ce manque pendant le voyage, non ? Enfin, si tu veux... Comme ça tu seras prête pour voyager avec ton mari ?

- D’accord d’accord, va pour les cours intensifs de taille de branchages et d’allumage de feux en pleine tempête... J’ai le droit de tricher avec mon ignisceptre ? Tenta-t-elle avec un regard de biche.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Elen  le 26/07/2012 à 21:41

Le Chaman se releva instantanément, l’embrassant tendrement, non sans laisser ses mains courir sur le ventre de sa belle.

- Bien sur que tu as le droit, ne lele. Un feu est un feu.
- J’allais le dire ! Ça doit même être sacrément pratique !
- Plutôt, oui ! Mais pour en revenir au sujet des villes, quand je vois à quel point la Tanière est élaborée, je me dis que les Elfes des Lunes ont eu de tout temps une notion certaine du confort, tout hommes des bois qu’ils se revendiquent !
- De famille, Isa. Seulement de famille. Et nous avons su mettre notre famille à l’abri. C’est pour ça que nous avons su survivre, même aux Temps de la Nuit, là où d’autres clans se sont évanouis. Et malgré tout son confort, les Loups ne restent pas à la Tanière bien longtemps, tu sais.
- La preuve ! Elle enlaça son époux, de nouveau sur les routes après un an à la Forteresse ou dans ses environs.
- Et c’est ça qui m’a permis de te rencontrer, ne lele... Luwö benisse mes errances !

Isa eut une petite moue triste. Les errances du Loup avaient fini en esclavage et elle ne pouvait pas se dire que cela avait été une bonne chose. Seule l’issue finale leur avait été favorable.

- Au moins, cette fois, on ne sera pas pressés par le temps, on pourra en profiter tant qu’on veut !
- Bah... Profiter de ruines... Ça manque d’intérêt...
- Ho, mais y a plein de choses qu’on pourra faire en route, gros bêta ! Fit-elle en riant. Et pas besoin de courir, aucune catastrophe ne nous attend au bout de notre route...
- Bah la route, c’est sûr, c’est bien. Mais bon, Sigdil, là, c’est juste mort. Et ça me fait de la peine pour tous ces clans que les Nobles ont massacré impunément.
- Ils paieront, un jour, Evonis. Notre Peuple n’est plus aussi exsangue qu’ils ne le croient. Et un jour, ils comprendront que nous défier était une erreur. Toujours la Meute s’est tenue à l’écart et toujours ils nous ont crus trop faibles pour comprendre leurs intrigues... Mais désormais, c’est un Chaman qu’ils ont face à eux. Un Chaman qui a un clan, des amis, une épouse et un enfant à défendre.
- Les Nobles ne sont plus guère vindicatifs. Je ne vais pas m’en plaindre évidemment mais je me demande si cela ne nuit pas à l’ensemble des Elfes. Parfois une saine concurrence est bénéfique.
- Les Nobles n’ont jamais été en concurrence avec les Elfes des Lunes, ne lele. Ils ont juste une fâcheuse tendance à ingérer dans les affaires des Elfes des Lunes alors qu’ils devraient se limiter à maintenir leur autorité sur leur domaine et de laisser les choses qu’ils ne comprennent pas à ceux que cela concerne. Vois, Sigdil : tous les Elfes ici, ou presque, étaient des Elfes des Lunes. Et c’est Na’Helli qui a rasé cette cité. Pas nous. Alors même que nos frères, dans cette cité, ne fomentaient aucun coup d’état. Ils voulaient tout au plus vivre selon leurs aspirations. Et voilà que tout cela n’était pas du goût des nobliaux de la cité, et voilà qu’on les déclare immédiatement traîtres à la nation. Quelle nation ? Celle de Na’Helli, dont ils ne faisaient nullement partie puisqu’ils étaient des représentants du Peuple des Lunes.
- S’ils nous avaient dérangés, Isa, les Cerfs, les Faucons, les Corbeaux, les Caracals et les Ours auraient fondus sur eux. Mais ils ne faisaient de mal à personne, ici, tant qu’on ne venait pas les chatouiller avec des pointes d’épées.
- Je le sais bien. Cela aurait été différent si votre Reine s’était réveillée plus tôt sans doute. Et je suis convaincue qu’il y a toujours un esprit de compétition, qui amène à s’améliorer. Par exemple, les Nobles sont doués pour le vin mais les Loups s’attribuent d’excellentes liqueurs. Ils ont une idée de l’élégance, vous avez le souci du pratique. Et ainsi de suite dans de nombreux domaines. Les mortels ont toujours le réflexe de comparer et détestent être en reste. C’est visible dans l’Empire en tout cas où chaque peuple cultive ses différences non sans les mettre en balance avec les compétences des autres. Les ingénieurs de Lardanium sortent un nouveau modèle d’arbalète ? Que cela ne tienne, les Nains recalculent leur dosage de poudre pour que leur fameuse arquebuse n’en soit que meilleure. Cela fait partie du progrès. Il est juste malheureux que cette inventivité ne s’applique pas en matière de moeurs ou qu’elle y soit si durement sanctionnée.
- Sigdil avait au moins cet idéal d’unir Olympiens et Elfes... C’est ça, avant tout, qui déplaisait aux Nobles, et sans doute à l’Impératrice Salminar.
- Ça devait être chouette... Fit Aileen, songeuse. Elle n’avait pas connu Sigdil, contrairement à Elen.
- Ça l’était. Même si l’approvisionnement était compliqué. Sans les Nains, la ville n’aurait pas survécu. Tu imagines ? Un si noble idéal dépendre des Nains ? A l’époque, ils avaient encore de l’honneur. J’en ai connu un, Durin, qui était des plus sympathiques. Et la plupart des Nains avaient juré fidélité à des rois sages. A présent, ils n’élisent que des brutes et sont dominés par des incultes. Il est loin le temps où des sages de la trempe de Durin ou Kardrim, qui l’était à sa manière, dirigeaient ce peuple...
- Et dire que maintenant ça n’est plus qu’un ramassis d’abrutis ! J’aurais bien voulu voir ça, quand même... J’aurais du sortir de ma forêt plus tôt !
- Les peuples changent. Par le passé, certains Géants étaient presque fréquentables. Le Peuple Sauvage est devenu de moins en moins supportable. Y’a quelques années la Tanière en était pleine.
- Oui. C’est le système qui veut cela : bannir les abrutis, comme les a qualifiés Aileen, ne mènerait qu’à une seconde Quatar. Résultat, chaque peuple garde les chancres qui grandissent et oppressent les braves gens. Finalement, une fois que ces bêtes sont au pouvoir, il n’en résulte que haine et violence.
- Lardanium a échappé à cela. J’ai beaucoup de respect pour les derniers membres de l’Héliée. Je sais que vous n’avez jamais apprécié le Prince de Khylion, mais lui, comme Rôde et l’Ambassadeur Erkeos, ont été indispensables au respect des volontés de l’Impératrice contre l'ingérence de nos “soit-disant” alliés, entre autres. Et je comprends qu’ils aient abandonné après de longues années de loyaux services... Tout ceci est épuisant.
- Oui, la politique est épuisante. Y’a qu’à regarder Elen après ses entretiens avec la Juge. La parlote, c’est l'apanage des Nobles normalement. Mais ça nous oblige, nous autres, à les imiter. Sans ça, ‘feraient ce qu’ils voudraient de notre clan. Et pas à notre avantage.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 26/07/2012 à 21:46

Elen hocha la tête, puis il ajouta :

- Je ne connais pas cet Erkeos, même si je crois l’avoir croisé aux Piliers. Messire Rôde-la-Nuit est un type bien. Il partage les convictions olympiennes comme je partage celles de mon Peuple, c’est bien naturel mais il n’est pas borné, contrairement à ce soit disant Prince qui n’a de princier que le titre.

- On devrait peut-être dire le pédant de Khylion ! Proposa Evonis.

- Oui, c’est un peu ça. Ajoute le fourbe, le profiteur, le manipulateur et le violeur, et ses titres seront complets. Répondit Elen : visiblement, sa colère à l’encontre du Prince, après ce qu’il avait fait subir à Aileen, n’avait pas diminuée.

Evonis grinça des dents, parfaitement au courant du passif involontairement partagé par Aileen avec ce noble Olympien. L’Ashka, si Elen n’avait pas été présent durant la visite de Anastase à la Tanière, l’aurait bien écharpé. Quand bien même Aileen ne s’intéressait pas encore à lui à cette époque. Et il s’en était fallu de peu pour qu’il ne commette pas un acte diplomatiquement regrettable malgré l’injonction du Chaman.

- Hum... Oui...

- Comment ça ? Demanda Isa, un sourcil relevé. Elle n’appréciait déjà pas que les deux Elfes s’acharnent autant sur l’ancien Gouverneur qui, selon elle, avait fait du bon travail pour la Cité Blanche, mais les accusations allaient un peu loin. Il était notoire que le Prince avait une vie non dénuée des plaisirs les plus variés mais l’or familial devait le dispenser d’user de violence... Je pense que l’ancien Ambassadeur est un gentilhomme. Un peu trop doux pour son Altesse parfois mais il a eu de belles réussites. Je l’ai senti satisfait, voire heureux, que je te “libère” officiellement. Il ne devait pas apprécier que l’esclavagisme soit ainsi glorifié.

Aileen serrait les poings, préférant ne rien dire. Pourquoi s’étaient-ils mis à parler du Prince, encore ? Alors qu’elle pensait en avoir terminé avec cette histoire, voilà que sa colère ressurgissait à la simple évocation de son nom... Au moins pouvait-elle constater qu’Elen et Evonis partageaient son avis... Ils lui semblaient peut-être même trop modérés dans leurs propos...

- Hum... Pardon Aileen. On devrait toujours s’abstenir de parler de politique entre amis. Lui dit-elle avec un sourire d’excuse, voyant que la Cerf faisait grise mine à l’évocation du Prince. Isa savait qu’il l’avait rachetée aux Chasseurs d’Immortels et que, forcément, la discussion devait lui être très désagréable. Néanmoins elle était à des lieues de s’imaginer qu’il avait pu abuser d’elle.

- C’est pas grave. Répondit-elle, sur un ton sec, un peu trop à son goût à vrai dire. Isa n’y était pour rien mais l’Elfe peinait à réprimer sa colère. Elle fit quelques pas, s’éloignant un peu du groupe. Mieux valait qu’elle se calme un peu...

Isa soupira, bien embêtée d’avoir fait de la peine à sa Prima-Luwä. En cela, son don était avantageux : elle oublierait l’incident, alors que la Cerf...

- Désolé, Aileen d’avoir remis ça sur le tapis...

- C’est pas à toi d’être désolé, Elen. C’est lui qui le sera si je le retrouve un jour... Aussi désolé et stérile que le désert... Lança Evonis, avec un air féroce.

- Je n’ai toujours pas trouvé comment il a pu s’y prendre avec toi, mais je le saurai, un jour... Poursuivit le Chaman, sur un ton plus modéré. J’y consacre déjà certaines de mes transes.

Evonis se frappa le front du plat de la main, comme si l’évidence de chercher la réponse auprès des esprits venait seulement de l’effleurer. Le regard d’Isa allait de l’un à l’autre, alors qu’elle commençait à comprendre. Mais cela lui semblait si... Impossible qu’elle rejeta ses idées en se fustigeant d’avoir l’esprit si mal tourné.

- T’embête pas avec ça, Elen... Fit la Cerf, revenant auprès du groupe, semblant calmée et même un peu triste. Elle vint se serrer contre son Loup, qui l’étreignit avec vigueur, jurant intérieurement qu’il aurait sa revanche un jour ou l’autre. Je crois que je sais... Ajouta-t-elle à voix basse.

- Il en sera selon tes désirs, nenu litith.

Aileen soupira, gardant le silence quelques secondes supplémentaires. Elle hésitait à leur avouer à tout les trois ce qu’elle avait découvert, grâce à Isa. L’Olympienne, contrairement aux elfes présents, ne semblait pas avoir de griefs particuliers contre le Prince. Et quant à avouer à Elen et Evonis ce qu’il avait fait... Elle craignait un peu d’attiser encore leur colère. Mais elle ne voulait pas non plus les laisser chercher inutilement alors qu’elle savait déjà la vérité.

- C’est... Aphrodite... Enfin, disons qu’il existe des objets, des fruits... Qui peuvent envoûter n’importe qui et que ses fidèles peuvent obtenir... J’imagine qu’il a réussi à s’en procurer... Elle se tut, n’osant pas en dire plus... Elle enfouit son visage contre l’épaule de son Loup, recherchant encore plus la chaleur de ses bras.

- Humph... C’est bien la magie, ça... Toujours des procédés détournés...

- Non, Evonis, la magie n’est pas toujours perfide. C’est l’utilisateur qui est en cause.

- Alors notre conversation à propos d’Aphrodite... L’Olympienne accusa le coup de la révélation qu’elle ne pouvait plus nier en son for intérieur. Les qualités qu’elle prêtait au Prince en furent grandement bousculées. Elle ne se souvenait pas des mots exacts mais ses notes avaient relaté la curiosité de la Cerf et elle s’en trouva d’autant plus choquée que Sa Divine Grâce se soit rendue complice d’une telle perfidie.

- Oui... Enfin, Nil m’avait vraiment posé des questions à ce sujet mais... Pour le reste... Je suis désolée, j’aurais peut-être dû t’en dire un peu plus...

- Non tu... Ce n’était pas mes affaires. J’aurais pu comprendre si... “Si je n’étais pas aussi naïve” Voulut-elle ajouter. J’aurais dû comprendre et t’aider mieux que je ne l’ai fait.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 26/07/2012 à 21:51

Dire qu'Isa avait été presque soulagée qu’Aileen soit rachetée par Anastase... Lui qui lui inspirait une telle confiance ! En croisant l’Intendante près de Lardanium alors que la “transaction” se faisait, elle s’était dit que l’Elfe avait ainsi échappé à la captivité auprès de rustres...

- Tu n’y pouvais rien, Isa... Fit la Cerf en haussant les épaules. J’aurais dû faire plus attention. Tu m’as aidée à comprendre ce qu’il s’est passé, c’est déjà beaucoup. Et puis maintenant tout ça est terminé.

Isa baissa la tête, pleine de remords. Elen l’avait suppliée de protéger son amie et en toute bonne foi elle l’avait laissé entre les mains - malhonnêtes - du Prince. La jeune femme à l’époque pensait qu’elle prenait déjà un risque énorme à côtoyer un “esclave” de la trempe d’Elen, comment aurait-elle pu avoir l’inconscience d’en avoir un deuxième sous sa garde ? Si elle avait su... Elle devrait payer cette dette un jour ou l’autre.

Elen enlaça Isa, songeant vaguement que l’Olympienne devait idolâtrer les dirigeants de son peuple un peu comme les Loups, naïfs et idiots idolâtraient leur Chaman qui était aussi faillible qu’un autre et sujet à ses propres lubies. Preuve en était : il avait épousé une Olympienne. Aucun autre Elfe des Lunes vivant actuellement dans la Forêt des Cendres pouvait se targuer d’un tel exploit culturel.

- Tu sais, Isa, les choses auraient pu être pires... Le Prince a, d’une certaine manière d’après ce que j’ai compris, mis les formes malgré l'envoûtement.
- Un viol est un viol, Elen ! Tout Chaman que tu es, tu ne devrais pas le minimiser.
- Paix, Evonis ! Tu sais aussi bien que moi ce que j’en pense. Seulement, nous avons croisé Aileen, au Nord. Et les choses auraient pu être bien différentes si elle était tombée sur un barbare. Si les Chasseurs d’Immortels s’étaient figurés de la garder pour leur... usage. Isa a fait ce qu’elle pouvait, à l’époque, pour éviter à Aileen les pires désagréments. Et je crois que dans la posture inverse, nous n’aurions pas pu faire mieux qu’elle.
- Tout le monde ne peut pas avoir ta chance. Ni séduire comme tu l’as fait ta maîtresse pour obtenir des faveurs. Grogna l’Ashka entre les dents.
- Tais-toi donc, Evonis, tu ne sais pas de quoi tu parles. Fit Elen, exaspéré : le souvenir des tortures qu’Elle et Isandre s’étaient délectées de lui faire subir, vivace, ne demandait qu’à refaire surface.
- Je sais juste qu’un jour ou l’autre, il paiera.
- Arrête, s’il te plaît... Fit Aileen, d’une petite voix. Entendre les deux Loups se chamailler, parler de viols et d’autres horreurs la peinait. Tout ce qu’elle voulait, c’était oublier tout ça...
- J’avais peur... Avoua Isa en se blottissant contre Elen. Les mots d’Evonis étaient durs à entendre mais si le fond n’était pas exact, elle comprenait son ressentiment. Et j’étais aveuglée... Je suis désolée Aileen, j’ai une dette envers toi. Et je saurai m’en souvenir, quoi qu’il arrive.
- Le passé, c’est terminé. C’est le présent que nous vivons et notre avenir qu’ensemble nous construisons.
- Ouaif... Tu m’excuseras de ne pas m’exalter après ta philosophie de bas étage. C’est de Aileen, dont il est question. J’aimerais bien te voir à ma place.
- Et moi j’aimerais que tu te mettes un peu à la sienne. Elle a dit qu’il suffisait, Evonis.

L’Ashka se renfrogna, grommelant dans sa barbe, embrassant le front et le crâne de sa belle, bien campée dans ses bras puissants. Il comprenait l’aversion qu’avait la Cerf à l’évocation de ce sujet et, globalement, il savait que, malgré son ton mesuré, Elen bouillait aussi de prendre sa revanche. Le Prince l’avait pris de haut, lors de sa visite, alors même que les deux hommes savaient ce qu’avait commis Anastase. Et sans la présence de la Juge, à ce moment-là, l’Olympien ne s’en serait pas tiré aussi aisément.



el Par Aileen  le 26/07/2012 à 21:52

- Laissez tomber... Fit Aileen en s’arrachant aux bras d’Evonis. Elle se tourna vers l’Olympienne, s’adressant à elle avec un sourire un peu triste. Isa... On ne se connaissait même à l’époque et tu ne pouvais pas deviner une chose pareille. C’était différent... Tu ne me dois rien. Elle continua ensuite, pour les deux Loups, son ton se faisant plus sec. Et vous deux, arrêtez de vous disputer ! Evonis... La philosophie de bas étage d’Elen, comme tu dis... C’est la seule à laquelle j’aspire, tout ce que je voudrais c’est oublier, pouvoir enfin passer à autre chose ! Tu peux le comprendre, ça ? Et Elen, tu... A ton avis, j’en pense quoi, de ce que tu as dit ? De tes suppositions sur ce qu’il s’est passé et sur ce qui aurait pu se passer ? Tu crois que je m’en soucie ? Et... Et quant à votre vengeance... C’est la vôtre, pas la mienne... Je ne suis pas aussi revancharde que vous... Ça ne m’amuse pas non plus de vous entendre dire tout ça en face de moi. Et encore moins de vous voir vous chamailler à cause de moi... Elle fit volte face, se tenant face à Sigdil. Mieux vaut que je vous laisse pour le moment... Ajouta-t-elle, s’avançant en direction des ruines de cette ville qu’elle ne connaissait pas. Si elle n’était plus là, ils n’auraient plus de raisons de se battre. Et elle pourrait se retrouver un peu seule avec elle-même, faire le point... Et peut-être leur cacher toute la peine qui l’étouffait.

Evonis hésita : devait-il la suivre ou la laisser seule ? Il ouvrit et ferma la bouche alternativement, comme s’il voulait l’interpeller. Finalement, il se détacha à son tour du groupe, à pas lents, pour la rejoindre.

Isa n’ajouta rien. Elle n’était jamais à l’aise dans les confrontations, surtout avec des proches. Aileen ne se posait pas en victime et, de l’avis de l’Olympienne, insister sur les détails de son expérience avec Anastase devait faire passer la chose d’une manipulation déjà peu flatteuse à une franche humiliation. Ce qui la blesserait plus encore, au final... Elle s’écarta d’Elen après l’avoir fugacement embrassé et prit les longes des mules. Lentement, elle les guida vers les murailles abandonnées; les pauvres bêtes avaient besoin de repos, tout comme eux. Elen lui emboita le pas :

- Aileen a raison, Isa. Rien n’est de ta faute. Les apparences, surtout en politique, sont trompeuses. Je ne nie pas ses compétences à diriger. Vu ses talents, au contraire, il doit aisément galvaniser les foules. Il t’a caché sa vraie nature autant qu’au reste du monde. J’ose à peine imaginer ce qu’il te serait arrivé si d’aventure il avait décidé que tu lui plaisais. Surtout s’il avait deviné ton... Problème. Il avait murmuré cette dernière phrase pour qu’elle seule puisse l’entendre. La politique corrompt tous ceux qu’elle touche, lui compris. Et les Nobles, Olympiens comme Elfes, en sont maîtres. J’ai longtemps tenté de rivaliser avec eux pour mettre mon clan et le Peuple des Lunes à l’abri, avec plus ou moins de succès. Si le temps n’avait pas eu raison de leurs ambitions et qu’il n’avait pas coupé les langues des Na’Helliens, c’est leurs têtes qui auraient été séparées du reste de leur corps...

Isa releva ses yeux du sable qui jonchait leur parcours pour lancer un regard terrifié à Elen. Eut-elle été plus attirante, de plus haute classe apte à intéresser l’ancien Gouverneur, peut-être aurait-elle eu un destin funeste, en effet... Puis elle fixa de nouveau l’horizon que bouchaient les murs de Sigdil.

- Tu me l’avais demandé. J’ai eu moins confiance en toi qu’en Anastase. J’aurais dû faire mieux que ça, tu m’avais déjà prouvé que je devais te croire.

- Isa, à l’époque, tu devais aussi la gérer Elle, au travers moi. Tu aurais pu être dépassée par les évènements avec Aileen en plus...

- Peut-être... Il était de toute façon un peu tard pour se poser la question.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Elen  le 26/07/2012 à 21:54

Ils furent bientôt entre les murs et établirent leur campement. Les tâches communes effectuées, Elen conduisit sa jeune épouse au sommet d’une des murailles, les ruines de la cité leur servant d’abri contre le vent et le sable pour la nuit. Les Titans disparaissaient à l’horizon, derrière les dunes de sable surchauffé. S’il l’avait connue quelques années auparavant, sans la bienveillance de Gaver, peut-être auraient-ils décidé de vivre en ces lieux.

- Alors, ne lele, qu’en penses-tu ?
- Je ne sais pas. Peut-être que voir la cité dans cet état joue en sa défaveur mais je me demande comment ils ont pu y croire assez pour tenter leur chance ici. Ils n’ont pas eu le choix, probablement...
- Ah ça... Au nord et à l’est, ils n’avaient que des ennemis...
- Tu crois que... Si nous nous étions connus à cette époque, nous aurions dû fuir aussi ? Elle n’arrivait pas à se dire que l’exil sur ces terres désolées aurait peut-être été leur unique chance d’être ensemble. Starfayeur aurait pu vivre à la Tanière si elle l’avait voulu ?
- Pas sans que les Nobles n’attaquent le clan, malheureusement. Et à cette époque, les autres Elfes des Lunes ne nous auraient pas aidés... Kowü, lui, l’aurait accepté... Mais je crois que Sigdil aurait été le plus simple, pour nous deux, ma douce...

Isa savait qu’elle avait beaucoup de chance, finalement. La plupart des Olympiens étaient devenus indifférents à tout et la noblesse na’hellienne se fichait de sa présence comme d’une guigne. Où auraient-ils pu aller sinon... Est-ce que Elen, devenu Chaman, aurait renoncé à son clan pour elle ? Dans un autre contexte politique, il n’y aurait de toute façon pas eu ce séjour à la Tanière, la question ne se poserait donc pas.

- Et tu aurais aimé vivre ici ?
- J’y ai vécu. Fit-il, avec un sourire.
- Oui mais... Tu y étais vraiment bien ou c’était seulement ta fiancée qui rendait l’endroit supportable ?
- Les Rebelles, tu sais, n’avaient rien de barbares sans foi ni loi. Les clans exilés priaient toujours leurs Totems et les Olympiens les Dieux. La seule différence avec Lardanium et Na’helli, c’est qu’ils le faisaient en bonne entente. Messire Dakon et Gaver étaient de chics types. Je pense qu’ils t’auraient plu.
- Peut-être... Fit-elle sans trop vouloir s’avancer. Mais la différence entre eux deux, c’est que Dakon a pris les armes contre notre Impératrice, alors que le Seigneur Gaver ne souhaitait que le retour de votre Reine.
- Cela revenait au même, ne lele. Gaver s’est levé contre le pouvoir en place : les Nobles et les clans qui suivaient le Juge Kaeniel. Il n’est rien de te dire que les relations des Loups avec ce personnage étaient loin d’être cordiales. Et je pense qu’il cherchait encore un moyen de nous faire accuser de trahison quand No’irin est revenue...
- Quand on voit ce qu’ils ont dû endurer ici... Cela doit laisser quelques rancoeurs. Tu vois pourquoi je ne me mêle pas de politique ? C’est bien trop compliqué pour moi.
- Pas compliqué, ne lele. Tu es plus intelligente que la plupart des dirigeants de ce monde. Et tu as des arguments qui ne laisseraient que peu de politiciens indifférents... Mais c’est vrai, je ne supporterais pas de te voir dans la corruption et parlementer avec ces idiots...

Elle esquissa un sourire et se blottit contre son époux.

- Est-ce que tu sais où ils peuvent être maintenant ? On dit que nombre d’Olympiens de Sigdil sont retournés dans les provinces impériales, mais si Dakon y avait remis les pieds, il aurait été débusqué depuis le temps...

Elen haussa les épaules.

- Pas la moindre idée... Quand j’y repense, je n’ai pas vu Gaver non plus depuis longtemps. Peut-être sont-ils dans une cache dans le désert...

Le regard d’Isa se perdit à l’horizon, empli de mélancolie. Tant de vies, tant d’efforts que le désert avait évaporés aussi facilement que des gouttelettes tombées sur le sable brûlant.

- C’est tellement de gâchis...
- Ne déprime pas, Nelith... Regarde-nous ! Fit-il, l’étreignant. La plus resplendissante de toutes les Olympiennes qui se tient sur les murs de Sigdil auprès de son époux, le Chaman d’un clan respectable, avec l’avenir d’Olympia. Acheva-t-il, sa main se glissant sur le ventre de sa belle.
- Toujours dans la demi-mesure, Ne lele... Remarqua-t-elle en esquissant un sourire.
- Cite-moi ne serait-ce qu’une erreur d’appréciation dans mon discours, Nelith. La défia-t-il.
- Oh je ne m’y risquerai pas, ici où je peux voir les conséquences du courroux elfique ! C’est quand même étrange, tu ne trouves pas ? A peine une trentaine d’années d’écart et des chemins si différents... Je me demande ce qu’ils en diraient.
- Ils seraient fiers de nous compter parmi les libres penseurs...

Isa hocha la tête. A dire vrai, pour l’instant ses opinions ne lui avaient rien coûté, bien au contraire. Cet état de grâce durerait-il toujours ou seraient-ils rattrapés par le destin tragique de ceux qui s’opposent à la folie des plus grands ? Elle préféra garder cela pour elle et sourit à son époux. Ils avaient encore tant de belles choses à faire ensemble.

- Ha ! Fit-elle, riant doucement alors que sa main rejoignait celle d’Elen sur son ventre. Je crois que bébé veut que papa embrasse sa femme !
- Et bébé a tout à fait raison d’être exigeant...
- Nous sommes déjà des parents indignes, à utiliser ainsi notre progéniture, tu t’en rends compte j’espère !
- Nous aurons tout le temps de nous indigner après sa naissance...
- Tu sais ce que nous devrions faire après le dîner ? Une petite fête ! Je n’ai pas envie que nous nous endormions tous déprimés et en colère. Nous allons ramener un peu de vie dans la Cité des Sables, le temps d’une soirée, tu veux bien ?
- C’est une excellente idée, Nelith ! Il embrassa tendrement son épouse.

Après être restés en tête à tête quelques minutes de plus, ils rejoignirent le campement installé à l’abri des remparts.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 26/07/2012 à 21:55

Aileen s’était assise, le regard perdu en direction des ruines de la cité. L’endroit l’impressionnait... Dans cet imposant vestige du passé, elle ne se sentait pas à sa place. Tant de gens y avaient vécu et s’étaient tenu à cet endroit où elle se tenait désormais... Et maintenant, les seuls habitants qui résidaient entre ces murs étaient le sable et le vent. Et dire qu’à peine quelques dizaines d’années étaient passées... La Cerf se tenait silencieuse depuis leur précédente discussion, elle n’avait même pas adressé un mot à Evonis : elle n’avait pas envie de parler. Rester ici à contempler les ruines lui suffisait. Au moins oubliait-elle peu à peu sa tristesse.

Evonis se tenait auprès d’elle, silencieux, son bras passé par dessus ses épaules. Il se montrait aussi indifférent qu’elle semblait pensive. Sigdil, à son goût, tenait plus du fiasco que de la réussite. Et du génocide de clan, perpétré par des nobles jaloux, menés par un Juge tyrannique. Maudit soit Kaeniel d’avoir commandé à ses armées d’assassiner tous ces frères qui avaient décidé de vivre en marge des lois vérolées de la cité des Elfes.

Un instant, la jeune femme fut sur le point de parler, elle se redressa légèrement... Et puis elle se ravisa, préférant garder le silence. Elle se montrait presque distante depuis qu’il l’avait rattrapée, à l’approche de la ville, bien loin de sa tendresse habituelle envers lui, se murant dans son mutisme. Même si elle se sentait un peu mieux, les paroles qu’Evonis et Elen avaient eues précédemment continuaient de la tourmenter. Pourtant, elle ne pouvait pas leur en vouloir... Ils avaient voulu la défendre, à leur manière, même si la forme n’y était pas vraiment. Ils ignoraient sans doute à quel point leurs mots avaient été durs à entendre pour elle. Elle soupira longuement et releva les yeux vers Evonis.

- T’es qu’un abruti ! lâcha-t-elle soudain alors qu’elle peinait à empêcher sa voix de trembler.

Sans laisser le temps au Loup de répondre, elle vint se blottir contre lui à la recherche d’un peu de réconfort, accrochant ses bras à son cou, enfouissant son visage contre son épaule. Malgré tout ce qu’elle avait pu entendre, elle avait besoin de lui...

- Je sais, Ailou... Je sais... Fit-il, laissant courir une main dans la chevelure de la Cerf.

- Pourquoi.... Pourquoi vous avez dit tout ça ?

- J’en sais trop rien... Sous l’impulsion de la colère... Mais vaut mieux ne plus en parler, hein ? De toute façon, maintenant, je suis là et je te protégerai. Toujours.

- J’veux pas... Murmura-t-elle, laissant enfin libre cours à ses sentiments. Elle en avait assez de retenir ses larmes... J’veux pas que tu me protèges... Je veux être avec toi et... Et aller vers l’avenir...

- Et c’est bien ce qu’on va faire... Et ça ne m’empêchera pas de te protéger et de te garder auprès de moi pour ne pas te voir partir au combat et risquer de te perdre...

- Mais je veux pas partir... Je veux pas...

- De toute façon, tu peux pas !

- Je veux pas... Fit-elle simplement, se serrant contre lui.

Il l’enlaça tendrement, embrassant son front et son crâne à plusieurs reprises. Il tenta de son mieux de la consoler, avec toute la subtilité qu’elle lui connaissait... Il fallut quelques temps à la jeune Elfe pour retrouver son calme. Elle se sentait tellement lasse... Et elle avait honte... Elle avait honte de ce qu’elle avait fait, de ce qu’elle n’avait pas su voir. Et de n’avoir pas su écouter ceux qui avaient compris son erreur. Ceux qui l’avaient vue l’avaient aidée à se sortir du piège dans lequel elle était tombée et à aller mieux. Isa pensait avoir une dette envers elle mais c’est elle qui en avait une. Envers Elen qui l’avait libérée de l’enchantement. Envers Evonis qui lui avait permis de surmonter ses doutes. Et envers Isa qui l’avait aidé à comprendre où s’était située son erreur...

Elle ferma les yeux, blottie dans les bras de son Loup.

- Je t’aime, abruti... Murmura-t-elle.

- Je t’aime, Ailou...

- Dit, Evonis... Tu veux vraiment te... Venger..?

- Hum... Je ne lui pardonnerai jamais d’avoir fait tout... ça à la plus douce et à la plus gentille de toutes les Elfes qui parcourent ces terres...

- Je... Je ne te demande pas de lui pardonner mais... J’aimerais que toi et Elen... Que vous renonciez à cette vengeance. Tout ce que je veux, c’est oublier tout ça. Passer à autre chose. Mais si vous ruminez sans cesse cette vengeance j’ai peur de ne pas y arriver...

- Bah on ruminera plus... Il poursuivit intérieurement : ”... Devant toi”.

- Merci, mon Loup... Murmura-t-elle, sans même s’étonner de la docilité d’Evonis. Elle se sentait de toute façon trop lasse pour y réfléchir. Elle était sur le point de s’endormir : pelotonnée dans les bras de son Loup, malgré la chaleur du désert, elle était bien.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

ldf Par Tizi  le 26/07/2012 à 22:34

Un peu plus loin, Dalhia semblait lui aussi hypnotisé par la ville. Néanmoins, loin de la fascination et du respect qu’éprouvait la Cerf, lui était plutôt effrayé... Il n’aimait pas tellement Sigdil, en fait. Une fois, il était passé pas très loin et les hauts murs d’enceinte de la cité ne le rassuraient pas trop... Alors il préférait rester près de Tizi. Il avait moins peur quand elle était là.

Tizi profita de ce rapprochement pour demander une faveur au Lutin :

- Dalhia, je peux te demander un service ?! Pourrais-tu dessiner les ruines de la ville ?... C’est pour un ami, il n’a jamais vraiment eu l’occasion d’aller jusqu’ici et je sais que ça lui tenait à cœur !
- Ho.... je.... Oui ! Bien sûr ! Répondit le petit Lutin, enthousiaste avant de se lever et de fouiller maladroitement dans ses affaires, y cherchant de quoi dessiner.
- T’es un amour ! S’extasia la Lutine en effectuant une rapide bise au Lutin. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi !

La Lutine se posa derrière Dalhia à une distance raisonnable pour ne pas le déranger. Elle s’assit sur un morceau de ruine et contempla le travail du Lutin tout en remuant les jambes. Ce dernier ne put empêcher ses joues de virer soudain au rouge vif, restant abasourdi un instant avant de se mettre à l’oeuvre, fébrile. Il lui fallut un long moment pour achever le dessin, soignant les moindres détails du paysage qu’il représentait.

- V... Voilà ! C’est fini ! Fit-il ensuite, se tournant vers Tizi en lui tendant l’esquisse.
- Déjà ?! S’étonna la lutine.

Tizi prit le dessin dans ses mains puis tournoya sur elle-même.

- Magnifique !!! Il est magnifique !! Tizi embrassa une nouvelle fois le lutin, mais sur la joue opposée. Tu es génial, je suis sûre qu’il sera content ! Mille mercis Dalhia !
- De..... D-d-d-d-d... De rien... Bredouilla-t-il, son teint virant encore plus à l’écarlate. La tête lui tournait un peu... Il baissa les yeux, fixant ses pieds, tentant tant bien que mal de cacher ces soudaines couleurs.

[...]

De justesse pour s’épargner les vents violents, le groupe avait quitté les franges désertiques qui bordaient Sigdil. Il bifurquèrent vers le Nord-Ouest et rejoignirent les frondaisons méridionales de la Forêt du Renouveau. L’air chaud du Sud s’infiltrait dans cette partie relativement marécageuse et asséchait l’atmosphère, ce que les voyageurs trouvèrent plutôt agréable. Pourtant en quelques jours, le terrain, la flore et la faune furent indiscutablement ceux d’une foret humide et terriblement sauvage. Les arbres n’avaient pas, ou peu, cet aspect séculaire que l’on retrouvait à foison dans la Forêt des Cendres, mais les prémices étaient là, dans la vigueur, la luxuriance, les couleurs soutenues de tout ce qu’on pouvait découvrir ici.

Isa n’était venue qu’une seule fois, en suivant la Rivière de Poséidon, guidée par Raksha. Au nord, la végétation était moins dense car la proximité de la Plaine Basileus, tempérée, la rendait moins fougueuse et la jeune femme était heureuse de découvrir cette nouvelle facette de la région. Entre autre détail d’importance, nulle trace des Tourmentes n’était plus visible - les Sauvages avaient dû se donner beaucoup de mal pour les effacer et redonner à leur jeune forêt toutes ses chances.

Ils n’étaient plus qu’à quelques lieues lorsque l’Olympienne se lança pour évoquer une idée qui lui était venue. Le Chaman avait toujours dit qu’il ne se souvenait pas exactement de l’une de ses toutes dernières conversations avec sa Reine. La relique sacrée pourrait peut-être remédier à ce problème, si toutefois le Loup était disposé à se remémorer ces instants douloureux.

- Elen, il y a une vasque au temple de Poséidon, j’aimerais qu’on aille voir... Cela pourrait t’être utile aussi.
- Une vasque ? Fit-il, grimaçant. Aussi peu constant que soit Poséidon en amitié, il l’est en revanche dans sa colère et il n’accordera rien, je pense, à un Forestier.
- Fais pas cette tête, Elen ! Au pire, il se passera rien... Intervint Aileen en haussant les épaules. Le vieux schnoque va pas te noyer parce que tu lui rends une p’tite visite...
- Qu’en sais-tu ? Après tout, il nous a dédaigné pour un et un seul échec. Après avoir menacé de détruire nos cités avec cette fichue comète. Et, à cela s’ajoute qu’il a laissé son plus fidèle serviteur mourir dévoré par ses sirènes. Les Dieux sont à la fois inflexibles et changeants là où les Totems sont magnanimes et constants. Jamais tu ne me trouveras en train de défier un Dieu : ils sont bien trop imprévisibles.
- On ne parle pas de le défier, que je sache ! Cesse donc de voir le mal partout ! Fit Aileen, se rebiffant contre l’avis du Chaman.
- Et cette chance ne se représentera pas de si tôt...

Si Isa ne pouvait être que d’accord avec son époux, elle gardait espoir que leur étape soit néanmoins bénéfique. Le Seigneur des Mers lui accorderait-il un nouvelle fois de découvrir son passé ? Elle aurait donné cher pour voir comment s’était déroulé l’instant où Elen et son Totem lui avaient offert son Saïka.

- Mieux vaut oublier, Poséidon pourrait se vexer si nous osons ne serait-ce que mettre les pieds près de son temple... Grommela Aileen, singeant les craintes, pourtant justifiées, du Chaman.
- Tu peux te moquer ! Au moins, je ne finirai pas foudroyé ! Enfin... Pas immédiatement !
- Comme si une bête vasque pouvait lancer des éclairs...
- Humph... Capitula-t-il.



Par Google  

olymp Par Isa Cestia  le 27/07/2012 à 07:37



Quelques heures plus tard, ils furent en vue du Temple des Eaux.
Si la jeune femme n’avait qu’une idée imprécise de son périple jusqu’à cet endroit grâce à ses notes, elle gardait un souvenir fort et clair des abords de la bâtisse. Lorsqu’elle la redécouvrit, sous un tout autre jour, elle en fut profondément choquée et s’immobilisa, incrédule :

- Grands Dieux... Que s’est-il donc passé ici ?

A la place du sanctuaire paisible où proliféraient à l’époque de magnifiques plantes aux fleurs paradisiaques, baignées d’une lumière douce et laissant échapper de délicates effluves se tenaient des vestiges torturés, empestés de moisissure. Des ombres sinistres se profilaient entre les colonnades et rien n’invitait plus le voyageur à se dire qu’il y trouverait une halte bienfaitrice. Au contraire...

Le lieu avait été abandonné bien avant que les Piliers ne soient en danger et Poséidon l’avait empli de son ire qui avait chassé tous ceux qui jusque là s’étaient occupés, en sacerdoce sacré, d’entretenir le temple. Nul n’avait plus osé y entrer, ni même s’en approcher. Plus tard, le Dieu lui aussi avait délaissé l’endroit, accaparé ailleurs à cause d’Elle, et sa colère n’était plus si palpable. N’en restaient que les traces désolées que la nature et le temps, indociles et agressifs, avaient laissées.

Le groupe s’approcha lentement, comme s’il s’attendait à ce qu’une monstruosité à l’affût à l’intérieur ne sorte les attaquer. Isa aperçut la vasque qu’elle cherchait, devant l’une des portes latérales de la construction, au-delà d’une volée de marches. Des ronces ligneuses aux épines acérées les recouvraient partiellement.



- Là... Murmura-t-elle, la gorge nouée. Elle voulait encore y croire mais sa “petite voix”, plus réaliste qu’elle, lui soufflait que c’était bien inutile.
- Comment cela fonctionne-t-il, ne lele ?
- A l’époque, j’avais adressé une prière au Dieu des Mers devant la vasque puis au fil de mes pensées, une scène est apparue à la surface de l’eau qui évoquait mon passé. J’ai voulu en voir davantage... J’avais l’impression de flotter à côté des gens, en spectatrice invisible de ma propre vie. J’y suis restée des heures. Tout était tellement précis, les voix, les... Émue, elle porta la main vers sa gorge, voulant serrer l’appeau comme elle l’avait si souvent fait durant de longues années. Mais il n’était plus là. Elle avait oublié un instant qu’il reposait désormais auprès de Kowü. Elle baissa les yeux avant d’expliquer là où elle voulait en venir à propos d’Elen. Il suffirait que tu repenses au moment où tu t’es entretenu avec votre Reine, par exemple, et tout apparaîtrait.
- J’avais été drogué... Lui rappela-t-il. Tu crois que ça peut quand même fonctionner ?
- Je pense que ce que l’on voit est davantage le reflet de ce qu’on a réellement vécu que ce qu’on en a retenu, consciemment ou pas. Comme si le mystère de cette relique permettait de parcourir de nouveau le fil de notre destinée. Mais pour être honnête, je ne me suis penchée sur ce phénomène que des jours plus tard, lorsque nous étions étions loin, ma grand-mère et moi. Sur le moment, j’étais tant absorbée à regarder dans la Vasque que je ne me suis pas posé la plus petite question...

Elle fit quelques pas en direction du temple. Les oiseaux chantaient moins ici que dans le reste de la forêt, les plantes aux feuilles épaisses poussaient dru mais sans harmonie et sans grâce, mais Isa n’avait que faire de tous ces détails de mauvais augure. Il devenait impérieux pour elle de retourner près de la coupelle sacrée dont le marbre turquoise soutenu de fins pieds de noisetier se dissimulait parmi des fougères conquérantes. Il y avait tant de souvenirs qu’elle voulait retrouver : la première soirée en haut du Chêne de la Tanière avec Elen, le visage de ses parents, des paysages magnifiques qui s’étaient envolés et encore pléthore du moments capitaux... Il lui faudrait des jours, des saisons, pour retrouver ne serait-ce que ce qui lui paraissait indispensable.

Elle évita les ronces en franchissant la volée de marches de deux petits bonds vifs et impatients. Elen la suivit, d’un pas leste. Il ne voulait pas laisser sa jeune épouse seule dans un lieu consacré par un Dieu aussi prompt dans ses colères que Poséïdon. Luwö seul savait le sort que réservaient les divinités en apprenant son mariage avec un Elfe des Lunes. Certains s’en amuseraient comme d’une farce, d’autres y verraient un progrès, rares ceux-là, et enfin la plupart prendraient la chose comme un affront. Or, la jeune femme n’était coupable que de s’être laissée séduire par le Loup qu’il était, tandis qu’elle l’avait elle aussi irrémédiablement attiré auprès d’elle. La cruauté des Dieux étant sans limite, aucun, si colère il devait y avoir, ils l’affronteraient ensemble. Et ils vaincraient.

- Je ne sais pas s’il est prudent que tu essaies la première, ne lele.
- C’est mon idée, Elen, tu ne prendras pas ce risque pour moi. Fit-elle en devançant son époux. La dernière fois qu’elle l’avait laissé agir à sa place, dans les sous-sols redécouverts de la Tanière, elle aurait pu le mener à sa perte...
- Isa ! Il accourut au niveau de la jeune femme, l’entourant de ses bras pour qu’elle ne s’approche pas plus. Je ne veux pas que tu prennes le moindre risque.

Immobilisée à deux pas de la Vasque, elle vit la mare croupie que l’objet était devenu. Si Elen ne l’avait pas prise dans ses bras, probablement qu’elle se serait laissée choir, ses forces évaporées comme ses espoirs de découvrir son ancienne vie.
Il constata lui aussi la déchéance du lieu et il n’en étreignit que plus fort son épouse, désolé que le destin, ou plutôt Poséidon, s’acharnait à briser les rêves de sa douce. Mais rien n’était fini : peut-être trouveraient-ils un autre artefact semblable, ailleurs, aux propriétés semblables. Un jour. Lors de leurs errances.

- Je suis désolé, Isa... Peut-être qu’en la nettoyant... Et en replaçant de l’eau pure...

Elle fixa la vasque longtemps, comme si, par enchantement, elle allait réapparaître telle qu’elle l’avait vue la première fois. Puis d’un ton glacial qui ressemblait étrangement aux sermons d’Isandre, elle répondit :

- J’ai été stupide. Poséidon a déserté l’endroit. Il fallait être aveugle pour ne pas le voir. J’ai cru... Non, l’eau n’y changera rien, la magie divine s’est envolée.
- Ne lele... Nous trouverons un autre moyen...
- Peu importe.

Elle se dégagea des bras d’Elen et rebroussa chemin, le visage fermé. En plus de n’avoir eu aucune réponse ni l’un ni l’autre, son comportement allait attirer l’attention... Elle se maudit de son manque de jugement.



el Par Elen  le 30/07/2012 à 16:33

Elen contempla la vasque encore quelques instants, s’en rapprochant. Il plongea son regard dans la boue inerte, posant ses mains sur le rebord de l’objet. Rien ne bougeait. Il effleura la surface de son doigt, se demandant avec curiosité si les sirènes vivaient toujours en ces lieux, quelque part. Il tourna les talons, pour réconforter sa femme autant qu’il le pouvait : il cueillit une belle fleur rouge sur un rosier devenu sauvage. Il en retira précautionneusement chaque épine, puis il la tendit à sa belle :

- Une délicate fleur pour ma magnifique épouse, murmura-t-il, dans l’espoir d’améliorer son humeur.
- Merci... Je suis désolée, je t’ai fait croire à des chimères.
- Tu n’as pas à l’être, ne lele. Les chimères sont du ressort des divinités : c’est en toi que je crois, en toi seule.

Elle haussa les épaules, dépitée. Même le parfum de la rose qu’elle porta à son nez ne lui arracha pas un sourire. Il l’entoura de ses bras, une fois encore, posant les mains sur son ventre arrondi. Il murmura au creux de son oreille :

- Les Dieux ne sont pas les seuls à connaître la vérité. Les esprits détiennent les clefs de l’avenir et celles du passé. Ensemble, nous irons, ne lele. Et ensemble, nous apprendrons. Rien que nous deux.
- Non, c’est fini. Je le sais depuis toujours que je ne dois rien attendre. Mais je n’en ai fait qu’à ma tête. Pour toujours plus de désillusion. Je renonce. Tout sera plus facile ainsi.

Il se saisit de son épouse par les épaules, la regardant droit dans les yeux. Elle put y lire toute sa volonté et toute la passion qu’il éprouvait à son égard, tandis qu’il parlait d’une voix presque autoritaire.

- Certainement pas, ne lele. Tu es plus forte que tous les mortels qui sillonnent ce monde. Tu t’es construite sans ce qui revient de droit à tout un chacun. Et tu n’as jamais renoncé. Tu as parcouru Olympia avec une ferveur sans cesse renouvelée. Tu es devenue la superbe jeune femme qui a daigné me prendre pour époux. Tu portes notre enfant. Tu t’es forgée seule. Combien peuvent se targuer d’avoir une telle force d’esprit ? Non, ne lele, tu n’abandonneras pas. Je serai toujours là, pour toi, pour t’aider, te soutenir. Je te l’ai dit, Nelith, ensemble nous trouverons, dussé-je défier Zeus en personne. Tu m’as offert un avenir, alors je ferai le tien.

Elen était trop obstiné pour qu’elle cherche à le convaincre du contraire. Aussi se contenta-t-elle d’hocher la tête. Non pas qu’elle n’aurait pas aimé le croire et partager sa foi mais si lui était têtu, les Dieux l’étaient bien plus encore.

- Ne li lelo, Ereinlein. Souffla-t-elle à son oreille avant de trouver sa bouche pour un long baiser.
- N’oublie pas que je serai toujours là pour toi, Nelimareth... Lui murmura-t-il ensuite.
- Je sais... Dit-elle en esquissant un sourire.
On devrait s’éloigner un peu et monter le campement. Il est déjà tard.


Elle s’écarta d’Elen, non sans avoir déposé un dernier baiser sur la main du Loup. Dissimuler son air déprimé quelques temps en faisant semblant d’apprendre à allumer un feu sans aucune aide magique lui irait très bien.

Aileen s’était éloignée, explorant les alentours à pas lents. Elle n’avait pas vraiment vu cet endroit à l’époque où il était encore resplendissant. Tout au plus était-elle passée à proximité. La seule idée qu’elle pouvait s’en faire désormais était celle que son imagination construisait à partir de qu’elle voyait... Par endroits, là où avaient déambulé quantité de pèlerins, le passage était rendu presque impraticable. La Cerf ne se risqua pas à avancer plus loin. C’était inutile de toute façon... Elle rebroussa chemin, avançant un peu au hasard. Ses pas finirent par la guider non loin de la vasque où se tenaient Elen et Isa alors qu’ils s’en éloignaient. Elle rejoignit Evonis, non sans jeter un coup d’oeil à l’endroit.

- Hé ben, ça a changé par ici... C’est quoi là-bas ? fit-elle en désignant la vasque d’un signe de la main.
- Je ne peux pas te dire, je ne suis jamais venu ici. T’as vu ces deux-là ? M’est avis qu’ils se sont gentiment enguirlandés pendant notre absence !
- Tu crois..? Fit-elle, inquiète.
- Bin regarde-les ! Tout penauds. Va réconforter la dame. J’m’occupe de réprimander le Chaman.

Il s’éloigna dans la direction de Elen qui s’était planté là, regardant s’éloigner sa belle, avec un soupçon de tristesse. Il allait se porter au secours de son épouse, qui devait éviter de se fatiguer dans son état, quand Evonis l’interrompit. Il ne put y couper et il dut expliquer la déprime de la jeune femme, tout en omettant ce qui devait l’être. Il lui raconta qu’Isa était attristée que Poséidon ait à ce point délaissé son temple et ses fidèles. Cela sembla convaincre vaguement l’Ashka.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 31/07/2012 à 15:42

La Cerf, quant à elle, fit quelques pas timides en direction de l’Olympienne, craignant de la déranger.

- Isa ? Ca va aller ?

- J’espère que vous n’êtes pas trop pressés pour le feu. Fit-elle pour changer directement de sujet.

A genoux devant un petit tas de branches, l’Olympienne avait renoncé à revenir aux fondamentaux des morceaux de bois à frotter pour enflammer quelques fibres sèches mais dans cet environnement humide, même le briquet à amadou n’y mettait pas vraiment du sien : si le vent ne venait pas souffler la flamme, celle-ci avait bien du mal à bouter le feu aux feuilles mortes et aux brindilles imbibées.

- Ho, non, on a tout notre temps, ne t’en fais pas... Répondit la Cerf après une brève hésitation : même si elle ne pensait pas qu’Isa se montre très confidente, elle ne s’attendait pas non plus à une telle réaction.

- Avant c’était si joli ici. Finalement nous n’allons aller que de ruines en ruines... Je n’avais pas envisagé ce voyage sous cet angle.

- Bah, on verra d’autres belles choses, ne t’en fais pas ! La forêt a son charme aussi, non ?

- Oui bien sûr ! Une petite flammèche prit enfin et Isa la protégea le temps qu’elle gagne en ardeur, grignotant avec de faibles crépitements les végétaux qu’on lui avait offerts. Puis l’Olympienne lorgna du côté des deux Elfes qui discutaient non loin :Nos hommes s’occupent du casse-croûte ou ils espèrent que nous fassions tout toutes seules ? Il ne faut pas leur donner de mauvaises habitudes Aileen.

- On se chargera de les mater une bonne fois pour toute lorsqu’ils reviendront. Répondit la Cerf en souriant. Elle hésitait à revenir à la charge quant à l’éventuelle dispute entre Isa et Elen... L’Olympienne n’avait pas l’air de vouloir en parler...

Le Chaman et l’Ashka se mirent en devoir de relever les collets qu’ils avaient placé ci et là, dans la matinée, à leur arrivée au temple. Les prises étaient bonnes. Les Hommes-Sauvages savaient tant y faire avec la nature que les lapins, les perdrix, les faisans et autres volatiles pullulaient. Ils auraient un beau faisan bien gras et un jeune lapin pour dîner, ainsi que du cresson, de la laitue, des champignons et des myrtilles sauvages.

Elen accommoda les denrées dans une marmite de voyage, ajoutant généreusement des aromates, sous le regard vigilant de Evonis qui, en bon inspecteur des travaux finis, hochait la tête lorsqu’il trouvait les arrangements satisfaisants. Il ne tarda pas à se dégager une bonne odeur du ragoût.

Le Chaman vint s’installer tout près de sa femme, Evonis bien décidé à faire le service. Les portions furent généreuses, et la marmite fut rapidement vidée : pas question de gâcher. Elen tourna la tête un instant, murmurant quelques mots tendres au creux de l’oreille de sa belle, puis après un dernier échange de regard, il entama son repas, lançant :

- Bon appétit !

- Toi aussi ! Lança la Cerf avec enthousiasme.

- Elen se débrouille toujours à merveille pour la cuisine. Vous l’auriez vu préparer le dîner avec les misérables racines que l’on trouvait en allant vers les Glaces ! Ce doit être là que je suis tombée amoureuse. Fit-elle avec un petit sourire taquin.

- Intéressant ! C’est dommage que tout les Loups ne soient pas aussi doués... Répondit Aileen avec un sourire identique, non sans un regard insistant vers Evonis.

- Elen cuisine, d’accord. Mais je suis bien plus efficace que lui à la chasse : les bestioles étaient prises dans mes collets.

- Oui, Evonis me surpasse largement pour ce qui est de dénicher du gibier. Mais certainement pas les plantes et les baies comestibles. Isa, elle, n’a pas son pareil pour les desserts, tartes comprises ! Je crois que si nous avions continué ce régime à la Tanière, je n’aurai pas tardé à ne plus rentrer dans mon pantalon !

Elen songea à quel point l’Olympienne lui avait plus dès leur première rencontre : une jeune femme aussi séduisante que mystérieuse, prête à tout pour défendre un esclave étranger face à des Géants violents. Et aussi courageuse qu’il la trouvait belle, elle était restée à ses côtés même après qu’elle eut compris le mal qui le tourmentait.

- Aucun risque, avec toutes les courses que tu nous fais faire en forêt. La jeune femme continua le tour de table : On sait déjà que Dalhia est doué pour les dessins ! Et Tizi alors, quelle est donc son arme secrète ? Fit Isa en lançant un regard à la Lutine.

Dalhia lui, s’était contenté de fixer sa part avec de grands yeux et se demandait bien comment il pourrait avaler tout ça. Seule la mention des dessins puis de Tizi lui fit relever les yeux et son regard passa d’Isa à la lutine, puis de cette dernière à la première avant de revenir vers la lutine...

La lutine avait commencé à manger, les grands trajets pouvaient lui donner un appétit d’ogre, et c’est alors qu’elle dévorait un morceau de volaille qu’elle entendit son nom.

- Moi !! Un talent ?... A dire vrai je n’en ai pas vraiment, Dit-elle en avalant rapidement le morceau qu’elle avait en bouche au point de manquer de s’étouffer avec. Alors qu’elle regarda tout autour d’elle pour trouver une réponse, la lutine reprit : Ma foi je dirais que ma particularité est d’être bien entourée !

- Voilà qui est flatteur ! Mais il manque Rôde... As-tu des nouvelles ?

- Oh Rôde !... Il est reparti dans sa famille pour s’occuper du commerce de son père, Dit-elle un d’un air faussement détaché. Puis elle ajouta en esquissant un petit rire forcé : Il faut croire qu’il en a fini de la politique.

- Je vois... Il a bien mérité sa retraite. Répondit Isa, sans trop savoir si elle aurait le plaisir de le rencontrer à nouveau. Il ne nous a jamais vraiment parlé de sa famille. Sais-tu quel genre de négoce elle mène ?

- Un chomerche de hein. La lutine avala le morceau qu’elle avait en bouche, avant de reprendre plus distinctement. Un commerce de vin. Apparemment il était plutôt réputé avant qu’une tragédie s’abatte sur le vignoble. Mais il semblerait que finalement l’effort de son père ait porté ses fruits… Si je puis dire ainsi !

- Le voici donc transformé en homme d’affaires. Et bien j’espère qu’elles seront florissantes et qu’il pourra s’établir durablement !

Elle sourit, pensive. Est-ce que l’ancien Grand Pontife allait aussi fonder une famille ? Lui qui paraissait si grave parfois... C’était tout le malheur qu’elle lui souhaitait et elle l’imagina aussi gâteux avec les enfants qu’Elen le serait.

[...]



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 31/07/2012 à 15:47



La troupe finit par s’extraire des bosquets marécageux de la Forêt du Renouveau, traversa à un gué improvisé la Rivière de Poséidon plutôt basse en cette saison et, au grand soulagement des mules ainsi que de leurs équipages qui devaient souvent les aider à faire progresser la charette sur ce terrain peu praticable, rejoignit les plaines tranquilles entre l’Etang de la Dernière Halte et les premiers contreforts septentrionaux des monts de Radar Bek.

Ils établirent leur campement contre les falaises qui autrefois protégeaient la ville naine ancestrale : Kazad a Gorog. Mais, à la place des anciennes terrasses fertiles que les Nains cultivaient, des ponts et des cols qui conduisaient à la cité fortifiée des lointains cousins des Olympiens, ils ne virent que des crevasses abruptes, des lits de lave encore terriblement fluide et quelques moignons de construction rongées par les volutes acides qui s’élevaient et jaunissaient le ciel.

Le groupe grimpa le long de quelques escarpements pour s’offrir une meilleure vue d’ensemble tandis que leurs bêtes paissaient en contrebas. Tous étaient déjà venus en ces lieux, certains pour y combattre l’Empire alors que des reliques naines étaient menacées par la Comète, d’autres juste de passage lors d’une mission loin de leurs terres natales.

- C’est toujours aussi impressionnant ici... Constata Isa, penchée au bord d’un parapet qui surplombait une rivière rougeoyante.
- Quelle perte immense... L’ale de Kazad a Gorog était la meilleure, et de loin. Celle qu’ils font là-haut, au nord, n’en est que le pâle reflet...
- Ah ? Tu t’y connais en bière naine, Elen ? Fit Isa, amusée.
- Tu as devant toi un authentique pilier de comptoir repenti. Mais je garde un faible pour l’ambrée de Kazad. Enfin... L’ancienne ambrée...
- Peu de chance que des tonneaux aient pu être sauvés. Pourquoi ambrée ?
- Elle était rafraîchissante et ne manquait pas de caractère. Je t’en ferai goûter un jour. J’en avais fait commander quelques fûts...
- J’aurais donc raté la cave secrète de la Tanière ?
- Non, non. Ils doivent toujours être en réserve. Mais j’ai interdit à quiconque d’y toucher. Ça fait longtemps qu’on n’en a pas mis un en perce. On plonge le fût dans l’eau des bassins avant, comme ça la bière est bien fraîche et hop !
- Nous fêterons notre retour à la Tanière avec alors, qu’en penses-tu ? On ne sait jamais, elle pourrait s’abîmer à être gardée trop longtemps, non ?
- C’est certain même. On va devoir la boire ! Et organiser un banquet rien que pour ça...

Isa opina du chef, tout à fait d’accord avec les projets du Chaman. Et elle doutait qu’Evonis s’y oppose.

- C’est une rudement bonne idée, oui ! Une fête, c’est bien ! Ça remontera le moral des troupes. En plus sur les réserves du Chaman !
- Leur moral ? Tu crois qu’ils vont déprimer en vous voyant revenir ? Dit-elle, un brin moqueuse. Les souris danseraient moins une fois les chats rentrés au bercail.
- Fêteront au moins notre retour...
- T’as pas intérêt à en profiter pour te soûler, toi ! Plaisanta Aileen.
- Meuh non... Répondit-il innocemment.
- C’est quoi une... Aleuh..? Fit Dalhia, visiblement préoccupé par la signification du mot...
- C’est de la bière, Dalhia. La boisson préférée des Nains.
- Ha bon ? Mais pourquoi ça s’appelle “aleuh” si c’est de la bière ? Y a une différence ? Le lutin avait du mal à comprendre...
- Hum... Ça je l’ignore. Peut-être une différence dans le choix des céréales utilisées. Mais on peut écouter les connaisseurs ! Fit-elle avec un petit clin d’oeil pour Dalhia en désignant le Chaman et l’Ashka des Loups.
- C’est pour les bières de fermentation haute...
- Oui, oui, oui. Confirma Elen, hochant du chef en signe supplémentaire d’approbation.
- Ce sont des bières plus fortes.
- On voit que tu t’y connais !
- Ha... Ha d’accord ! Répondit Dalhia, feignant d’avoir tout parfaitement compris... Fermentation haute..? Plus fortes...?
- Plus de goût, plus d’alcool... Ajouta Isa qui avait surpris l’air exagérément persuadé du Lutin. De quoi rouler sous la table plus vite !
- Meuh non... Répondirent en coeur le Chaman et l’Ashka.
- Il suffit d’être raisonnable...
- … Et de ne pas trop boire.
- Ce sont des bières qu’il faut déguster...
- On vous sent convaincus ! Intervint Aileen en éclatant de rire.
- Ha, bon... Et euh... C’est pourquoi faire qu’il faut rouler sous la table ? C’est pour aider à pas trop boire..? Fit le lutin, essayant tant bien que mal de comprendre ce qu’il entendait, quitte à associer les paroles d’Isa et des Loups de manière fort maladroite...
- Si on veut... Mais c’est plutôt que le mal est déjà fait et l’ivresse ne te permet plus de rester assis correctement. Tu n’as jamais été saoul Dalhia ? Fit-elle en glissant un regard aux deux compères pour leur signifier d’en prendre de la graine.
- Heu... N... Non, jamais... Pourquoi, c’est pas bien ? S’étonna-t-il.
- Moi non plus, je n’ai jamais été saoul ! Tout au plus légèrement éméché... Fit Evonis, essayant de se montrer le plus convainquant possible...

Elen, lui, préféra garder le silence. Toutes les vérités n’étaient pas bonnes à dire. Et Isa n’avait aucun mal à deviner quelle étroite relation il y avait eu entre lui et la bouteille...

- Disons que se griser n’est pas bien méchant, tant que ça ne devient pas une habitude. Tu pourras la goûter à notre retour, tu te feras ta propre idée !
- Ho, oui d’accord ! Répondit le Lutin avec enthousiasme.

Elen acquiesça sagement aux propos de Isa tandis qu’Evonis tentait de se forger un air plein d’innocence et de candeur. Il aurait été mal venu de faire les malins devant épouse et femme aimante, et pire encore de donner le mauvais exemple aux deux innocents Lutins. Encore qu’un seul d’entre eux leur semblait innocent. Tizi cachait peut-être bien son jeu...

De son côté, Aileen tentait tant bien que mal de ne pas éclater de rire une fois de plus en constatant le jeu d’acteur d’Evonis...

[...]



el Par Elen  le 31/07/2012 à 15:54



Après avoir délaissé les Monts de Radar Bek, leur route les conduisit là où le Fleuve de Gaïa pénétrait dans la Forêt des Ombres. Le temps fraîchissait par rapport aux canicules du Souffle infernal mais restait encore très agréable. Loin au Sud pourtant commençaient à apparaître les prémices nuageuses qui annonçaient pour la saison suivante un ciel entièrement plombé.

Loin d’inquiéter les voyageurs, cela les incita plutôt à profiter des derniers beaux jours et de ce que leur offrait si généreusement la nature. La halte dans cet environnement serait aussi reposante qu’amusante avant qu’ils ne se lancent sur le chemin de l’ancien temple d’Hermès, jalonné des amoncellements de pierres que d’antiques pèlerins, enjoints par Arès à une mission sacrée, avaient érigés en symbole de leur piété.

- Hum... La forêt des Ombres... Les choses auraient pu être différentes si le Peuple Sauvage n’avait pas chassé les Elfes des Lunes...
- Ha, oui... Mon Adrakil m’en avait parlé. Il venait de la région... Fit la Cerf, pensive.
- L’eau est si claire ici. Elle donne vraiment envie, non ? Ajouta le Chaman, pour changer de sujet.
- En effet, Elen. Et cela risque d’être notre dernière chance de profiter d’une belle rivière avant longtemps ! Des Elfes des Lunes ont vécu ici ? Demanda-t-elle, un peu surprise.
- Oui, une partie... Dont moi, mais j’étais trop petite pour m’en souvenir !
- Oui, enfin tu faisais partie des irréductibles et des tolérés depuis que les Elfes et le Peuple Sauvage s’étaient alliés. Parce qu’avant, il y a longtemps, cette forêt était nôtre.
- C’est possible... J’en sais rien, en fait... Mes parents ne m’ont pas vraiment parlé de cette époque. Mais j’avoue que je n’ai pas vraiment cherché à en savoir plus, pour moi, tout ma vie est en Forêt des Cendres...

Isa alla se changer dans la tente qu’elle partageait avec Elen pour revêtir la chemisette courte mais ample qu’elle mettait pour se baigner.

- Je vous dirai si elle est bonne ! Lança-t-elle en courant, autant que son ventre développé le lui permettait, vers le fleuve qui s'alanguissait en des berges douces avant de disparaître dans la forêt.

Elen la rejoignit rapidement, ôtant simplement ce qu’il fallait de vêtement pour rester chaste aux yeux des Lutins, et d’Aileen et Evonis accessoirement, et il rejoignit son épouse dans les eaux fraîches du fleuve de Gaïa. Il l’entoura de ses bras, pour qu’ils prennent le temps de se réchauffer un peu avant de nager dans les eaux calmes issues de la Chaîne des Dieux...

- Ah c’est agréable ! J’ai moins l’impression de peser trois quintaux ! Dit-elle en riant à Elen.
- Tu dis ça alors que tu as aussi légère qu’une plume... Répondit-il, avant de l’embrasser au creux du cou.
- Tsss, l’amour rend aveugle mais quand même ! A moins que tu ne t’efforces de compenser ? Fit-elle, espiègle, tandis que ses doigts couraient sur la musculature des bras du Loup.
- Je dis juste que mon épouse est ravissante et radieuse, c’est tout, ne lele.
- Et elle va te battre à la course ! Le défia-t-elle en s’échappant de son étreinte pour nager un peu.
- Ça ne fait aucun doute, ne lele... Répondit-il, la suivant lentement...

Sur la berge, Aileen s’était assise, ramenant ses genoux contre alors qu’elle regardait le Chaman et sa femme d’un air distrait. Evonis, lui s’était affalé, allongé près de sa belle.

- Hé Elen ! Fais attention, tu te ramollis ! Lança-t-elle, moqueuse.
- C’est parce que Isa et le bébé méritent de gagner, Aileen, c’est tout.
- Oh, oui, la bonne excuse ! Fit-elle avec un sourire en coin.
- C’est parce qu’il a peur que je coule à pic qu’il n’ose pas me distancer. Expliqua Isa tandis qu’elle barbotait comme elle pouvait.
Mais ça va, Elen, ne t’inquiète pas, profite ! Je reste près du bord.

- Oh mais je profite, ne lele. Je profite...
- De l’eau, Elen ! Dit-elle en riant après avoir surpris le regard en coin qu’il jetait sur sa chemisette et ses effets de transparence maintenant qu’elle était trempée. Tu ne viens pas nager Aileen ? On verra s’il se défend mieux face à toi !

La jeune femme attrapa le bras du Loup pour se rapprocher de lui et l’embrasser tendrement avant de regagner la rive où elle s’étendit, flottant encore à moitié. Rien de tel pour soulager son dos et ses jambes alourdies par les longues heures de marche.

Le Loup en profita pour nager à contre courant. Il nageait vite, de manière fluide, sans accroc. Ses bras crevaient l’eau sans éclaboussure et il progressait à vive allure. La nage n’avait, comme dit, aucun secret pour lui...

- C’est un défi, Isa ? Fit la Cerf, en se relevant, le regard fixé sur Elen. Elle n’hésiterait pas le relever, quitte à perdre...
- Bien sûr ! Répondit l’Olympienne qui elle aussi observait le Loup avec un sourire admiratif.
- Alors j’y vais ! Fit l’Elfe, prenant à peine le temps d’enlever ses bottes avant de sauter à l’eau.

Elen s’était déjà bien éloigné. Il nageait vers l’amont. La Cerf ne pouvait pas lutter aussi bien que lui contre le courant aussi préféra-t-elle plonger. Sous l‘eau, le courant était moins fort et elle pouvait aisément s’aider de ses mains et de ses pieds pour se propulser vers l’avant, prenant appui sur le fond de la rivière. Le Chaman, pour qui la course était sans importance, poursuivait encore et encore. Lorsqu’il jugea qu’il se fut suffisamment éloigné, il fit demi-tour, croisant la Cerf.

- Ça va Aileen ?
- C’est ça, moque-toi ! Répondit-elle, faisant elle même demi tour en se propulsant vers l’avant, prenant toujours appui sur le fond.
- Je t’attends devant Isa...

Aidé par le courant, le Chaman progressait en effet plus rapidement encore. Il lui sembla qu’il lui fallut deux fois moins de temps qu’à l’aller pour rejoindre son épouse, talonné de près par la Cerf. Le Loup revint auprès de son épouse qui s’était redressée pour lui ouvrir ses bras, au creux desquels il se lova, caressant son ventre.

- T”as triché, t’avais de l’avance ! Fit la Cerf en mauvaise perdante.
- Comment ça triché ? On nageait, non ?
- Oui mais t’avais de l’avance, sinon je t’aurais dépassé !
- Parce qu’on faisait la course ?
- Evidemment ! Ne fais pas semblant de rien parce que t’as gagné ! Elle lui tira la langue.
- Que ce soit l’un ou l’autre, j’ai encore à m'entraîner pour vous rattraper. On verra ça quand le petit sera né.
- Et tu nous battras à plate couture...
- En tout cas, te battre toi, Elen, ça sera pas difficile. Fit Aileen, en toute mauvaise foi !

Elen, lui, avait bien hâte de rencontrer son bébé. Et de pouvoir enlacer de nouveau sa femme sans craindre de les blesser elle ou lui. Il caressait tendrement le ventre bombé de Isa, ses yeux dans les siens, un sourire accroché à ses lèvres. Il finit par sortir de l’eau, la chevelure plaquée contre le dos, s’installant sur la berge, tout près de son épouse qui profitait encore de l’eau.

- Elen, tu crois que nous serons repartis du grand nord avant l’Engourdissement ? C’est qu’on a fait vite pour arriver ici mais en ce qui me concerne, je risque de gambader moins allègrement durant les prochaines saisons.
- Tu emprunteras la charette, ne lele. Et je te construirai un igloo.

La simple évocation de ces étranges cahutes de glace donna la chair de poule à Isa. Elle sortit de l’eau et vint s’étendre près d’Elen, pour profiter des Soleils de l’après-midi qui la sécheraient rapidement.

- Peut-être que là-haut, nous trouverons le peuple frère. Et peut-être qu’ils nous offriront leur aide...
- S’ils n’ont pas assez faim pour nous manger.
- Ce sont des amis du clan, Isa. Et ils ne feront rien à un Chaman, à son épouse ou à ceux qui l’accompagnent.
- Nous pourrions retrouver ce village de chasseurs de nacre. Et ramener quelques bijoux. Un collier pour ta mère, ça lui plairait tu crois ?
- Sans doute... Ou pour notre fils ou notre fille.
- Oh oui, c’est une excellente idée ! Cela lui fera un souvenir de sa naissance.
- Tu crois qu’il reste des Humains, sur Olympia ?
- Des Humains ? Je ne sais pas. A Lardanium on n’en parle plus. Comme s’ils avaient disparu.
- J’en ai rencontré deux. Isa savait, évidemment, pour Shadow, la Prime Générale de Archeos Prim'Erath.
- Ah bon ? Fit-elle en attendant les explications pour le second personnage.
- Une grande dame rousse. Avec des allures de princesse. Kowü m’a dit qu’il avait dansé avec elle. Elle était gentille. Alliée de Lardanium, donc ennemie. Mais toujours gentille avec nous. Elle ne faisait pas peur à Kowü. Elle était mage, tu sais ? J’étais pas bien à l’aise. Mais Kowü pratiquait la magie, lui aussi. A haut niveau.
- Pourtant j’ai lu que les Humains utilisaient des armes terribles, mais qu’ils n’y connaissaient pas grand chose en magie. Tout au plus avaient-ils quelques pouvoirs psychiques, bien en deçà des capacités des vrais magiciens. Il parait même qu’ils avaient fait venir un collège de sorciers dans les confins du nord pour mener des recherches sur des arcanes qu’ils pourraient exploiter. Et elle... Elle et Kowü ?... Elen avait-il répété le schéma de son mentor en se liant avec Shadow par la suite ?
- Oh non. Il la connaissait, c’est tout. Elle cherchait quelqu’un, d’après ce que j’ai compris, qu’elle a trouvé. Et Zeus lui collait aux basques, d’après ce qu’il ma dit...
- Zeus ? Je me demande ce que le Dieu des Cieux pensait de ces gens venus d’ailleurs... C’est étrange tout de même, ces mondes... Tu penses qu’il y a des chances que des Humains soient encore ici ?
- Ils vivaient au nord, à ce qu’on disait. Mais ils ont disparu il y a des années. Alors je ne sais pas s’ils sont restés et s’ils se cachent ou s’ils y sont toujours...
- C’est immense là-haut. Certaines cartes olympiennes donnent la position de la Brèche d’Hermès mais il est dit aussi que c’est un lieu périlleux. Si des Humains sont toujours sur notre monde mais qu’ils ont quitté l’endroit, nous n’avons quasiment aucune chance de les retrouver.

D’un autre côté, Isa n’aimait pas trop l’idée de retrouver cette princesse rousse qui dansait avec les Chamans...

- J’aimerais juste voir ça de loin. Tu sais... Ce serait une première pour des Elfes, je crois.
- Nous aurons peut-être de la chance ! Fit-elle pour dissimuler la pointe de jalousie qui la titillait.
- Peut-être...

Elle se redressa pour se blottir contre lui en espérant que s’ils trouvaient effectivement des Humains - des Humaines a fortiori - leur exotisme indéniable ne redevienne pas un parfum indispensable au nez de son Loup...

- A quoi penses-tu, ne lele ? Lui demanda-t-il, sa main se glissant vers son ventre.
- Oh euh... A rien de particulier. Esquiva-t-elle sans oser le regarder. Puis, après quelques secondes, elle continua : Tu ne m’as pas dit comment elle s’appelle, ta princesse...
- Isa. Répondit-il, laconiquement.

Elle releva vivement la tête, piquée au vif par la coïncidence. Avant de comprendre...

- Tsss Fit-elle avec un sourire qui démentait qu’elle en veuille à Elen de lui avoir joué ce petit tour.
- L’Humaine, elle, je crois qu’elle s’appelait Minuit.
- Curieux comme nom...
- Un nom d’ailleurs, oui...
- Tu en auras, des choses à lui raconter.
- J’en sais trop rien. Je ne suis pas certain qu’elle me reconnaisse. Elle est partie il y a longtemps. Et elle a peut-être vieilli.
- Oh... Oui c’est vrai.

Les Humains ressemblaient aux Olympiens, disait-on. Leur longévité était-elle calquée sur eux aussi ? Il n’y avait rien dans les archives de Lardanium à ce propos. Les Humains étaient seulement décrits comme des gens aux moeurs sauvages et dotés d’une technologie très avancée, ce qui donnait une association explosive.

- Et je ne me fais aucune illusion, Isa. Le Nord n’est peut-être plus habité, depuis qu’ils sont partis...
- Mais cela fait rêver d’imaginer d’autres mondes. C’est fantastique non ?
- Sans doute... Je préfère imaginer le nôtre en paix que les lointaines et hypothétiques contrées humaines.
- Tu as bien raison. Dit-elle avant de chercher les lèvres de son mari pour lui offrir un long baiser.
- Ne li lelo, Nelith... Lui murmura-t-il...

Evonis, lui n’avait pas moufté. Il n’avait pas bougé un seul instant de l’endroit où il s’était allongé. La baignade ne lui disait franchement rien et il préférait faire un petit somme. Aileen remonta sur la berge à pas lents, rejoignant son Loup. Elle se pencha au dessus de lui, quelques gouttes tombant de ses longs cheveux.

- Hey ! Protesta le Loup, dérangé alors qu’il allait piquer un somme.
- Déjà fatigué ? Le taquina Aileen en s’asseyant à ses côtés. Tu ne veux pas aller te baigner un peu avec moi ?
- Je préférerais que tu restes ici avec moi...
- Hum... Et... Et si j’ai pas envie ? Répondit-elle, comme si elle réfléchissait à la proposition.
- Bah chais pas... Toi qui vois...
- Bah de toute façon, toute seule, ça n’est pas drôle. Fit la jeune elfe en s’asseyant plus confortablement aux côtés du Loup, prenant garde à ne pas le mouiller plus avec ses cheveux ou ses vêtements trempés.
- Tu sais, Ailou, Elen nage plus vite que la plupart des Loups. T’avais peu de chance de l’avoir...
- Ho, je sais. Mais ça ne m’empêche de jouer les mauvaises perdantes ! Fit-elle en riant. Et puis c’était amusant, de faire la course ! Tu voudras la faire contre moi ?
- Tu gagnerais ! Tu es aussi vive qu’une truite.
- J’suis sûre que tu aurais tes chances. T’es bien plus fort que moi, ça doit être bien pour lutter contre le courant !
- Bien plus lourd aussi. Ça compte aussi.
- T’es pas drôle... Fit-elle, semblant déçue que le Loup ne soit pas intéressé par une course contre elle.
- Bah... Tu le sais, non, que tu me battrais ?
- Bien sûr ! Je te bat toujours ! Se vanta-t-elle alors qu’elle n’en était plus à sa première défaite face à lui...
- Tout dépend du domaine, ma biche... Tout dépend du domaine...
- Bon, j’avoue que je ne peux pas rivaliser dans les épreuves de force. Mais pour le reste, je gagne ! Continua-t-elle, s’allongeant aux côtés du Loup.
- Bien sur que tu gagnes...
- A nous deux, on peut battre n’importe qui !
- Sauf le Chaman... Et les Totems... Et les Dieux... Et No’Irin... Et Gaver... Et Salminar... Et... Fit-il, comptant sur ses doigts à mesure qu’il énonçait sa liste.
- Ha mais t’es pas drôle !! Protesta-t-elle en lui assénant un coup de poing sur l’épaule avant de croiser les bras, feignant de bouder.
- Ah ?
- Bah oui. Tu veux pas faire la course, tu veux pas non plus qu’on soit plus fort que tout le monde... T’es pas drôle, c’est tout.
- On est plus forts que presque tout le monde. Et toi t’es plus forte que moi.
- Mais presque, c’est pas assez !
- C’est pas mal, non ?
- C’est pas assez.
- Et si on s’éclipsait un peu, là-bas, dans les bois, pour que tu mesures notre force ? Lui sussura-t-il à l’oreille.
- Hum.. C’est une bonne idée, on pourra voir si on peut égaler le Chaman...
- Trouve-nous un bon prétexte alors...
- Pourquoi moi ? C’était ton idée ! Et puis... Si on s’éclipse assez discrètement, on aura peut être même pas besoin de justifier quoi que ce soit... Elle jeta un coup d’oeil en direction d’Elen et Isa avant d’ajouter, un sourire mutin aux lèvres... Et dans le pire des cas, on aura qu’à dire... Qu’on faisait la course ?
- Va pour ça alors...

Il se redressa aussi silencieusement que possible, pour fondre en direction des bois, la main de sa belle dans la sienne. Elle le suivit, soutenant l’allure du Loup sans difficultés, étouffant un rire. Elle ne put s’empêcher de jeter quelques coup d’oeil en arrière, comme si elle craignait d’être vue.

[...]



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 31/07/2012 à 15:57

Le dîner dont le déroulement était maintenant bien rôdé, chacun ayant ses préférences dans les tâches à accomplir pour que tous se trouvent repus, touchait à sa fin.
Isa guettait l’apparition des étoiles et étudiait leur agencement, priant intérieurement pour ne pas s’être trompée dans les calculs qu’elle avait réalisés à la Tanière.
Contrairement à l’accoutumée, elle en semblait distante, presque soucieuse. Sans compter qu’il faudrait qu’elle trouve une excuse pour s’éloigner seule du campement. Ou en charmante compagnie... Une balade romantique avec Elen ? C’était tentant mais guère élégant pour leurs amis.

Elen, voyant sa jeune épouse fébrile, et devinant pleinement de quelle sorte étaient les pensées qui la travaillaient, il annonça au reste du groupe :

- Le bébé fait des siennes, en ce moment : il s’agite beaucoup. Si vous voulez bien nous excuser, je vais ausculter mon épouse.

Isa, surprise, écarquilla les yeux avant de saisir où voulait en venir son mari, souvent complice de ses cachotteries.

- Oh euh... Oui voilà. Ce n’est rien mais... Autant ne pas prendre de risque... Elle se sentit rougir mais les autres pourraient prendre cela comme de la gène plutôt que la contrepartie d’un mensonge effronté. Elle se leva pour prendre congé :A plus tard... Ou bonne nuit.
- Ho, il n’y a pas de problèmes ! A plus tard, vous deux ! Fit Aileen en tirant la langue tout en s’installant confortablement contre Evonis.

Allant vers la charrette, elle récupéra des couvertures, sa besace et le sac où étaient rangés les objets rituels. Le temps de farfouiller, elle observa discrètement par dessus la carriole l’Ashka et la Cerf. Commençaient-ils à la trouver étrange ? La promiscuité tendait à trahir certaines choses...

Elen, lui, accompagnait sa femme, le bras passé par dessus son épaule, qu’il trouvait délicate bien qu’elle lui eut affirmé le contraire. Il la mena vers une tente qu’ils partageaient : le Chaman, bien qu’il eut préféré dormir à la belle étoile ainsi que le faisaient Aileen et Evonis, ne voulait prendre aucun risque pour la santé de son épouse et de leur enfant.

- Merci Elen, je ne voyais pas comment m’éclipser... Lui souffla-t-elle quand ils sortirent du cercle éclairé par le feu de camp.
- C’est bien normal, Nelith... Ton secret est tien tant que tu ne voudras pas le partager. Ils comprendraient, tu sais ? Mais moins de gens sauront, mieux gardé il sera...
- Tu crois que je leur parais bizarre ? Evonis ne t’a jamais rien demandé ? Je sais que je peux leur faire confiance mais des fois on parle trop vite... Ils vont bien finir par se douter de quelque chose et ça me fait peur.
- Mais non, ne lele. Ils ne te trouveront pas bizarre. Et s’ils pensent que quelque chose ne va pas, ils t’en parleront, sois-en sûre.
- D’accord...

Elle n’était qu’à moitié tranquillisée car si elle s’efforçait d’être prudente, elle ne pouvait empêcher les observations et les déductions des uns et des autres.

- Ne te fais pas tant de soucis, Isa. Viens... Fais ce que tu as à faire, je ferai semblant de faire ce que j’ai dit que je ferai...

Il lui lança un regard enflammé qui signifiait qu’il en ferait peut-être un peu plus, si l’idée inspirait sa belle. Elle lui sourit, séduite par le programme de la soirée que lui proposait son époux.

[...]



Ils reprirent la route, égrainant les bornes bénies qui leur indiquaient la direction du Reliquaire Oublié. Quelque part dans l’immense barre de la Chaîne des Dieux se trouvait cet ancien temple qui ouvrait autrefois, d’après certaines légendes, la porte de l’Olympe-même.

Lorsqu’ils y arrivèrent, ils furent surpris d’y découvrir les traces d’un massacre bien plus récent que les temps immémoriaux évoqués dans les contes.
Des ossements et des peaux de bêtes - sans doute des moutons - étaient amassés, comme un vaste charnier qu’on aurait laissé pourrir à l’air libre jusqu’à sa décomposition complète. Les joints du dallage abîmé par les siècles étaient encore marron de sang séché que les pluies n’étaient pas parvenu à lessiver.

Il y avait aussi ses curieuses armatures métalliques qui formaient un socle dépourvu de statue, à quelques toises de la bâtisse. Elles semblaient tordues, noircies, comme si la foudre s’était abattue de plein fouet dessus.

Le temple n’avait plus rien de cette porte fabuleuse censée ouvrir sur la Maison des Dieux. Son air décrépit, martyrisé n’invitait pas non plus à s’y attarder.

- Qu’Hadès s’est-il donc passé ici ?
- Des rumeurs d’un grand sacrifice sont arrivées à Lardanium, en l’honneur d’Hermès. Mais... Les mules regimbèrent, comme si elles sentaient l’odeur du sang, malgré les années qui étaient passées. L’Olympienne attrapa fermement le mors de la plus proche et lui flatta le museau. Mais nous n’avons eu que très peu d’informations sur les découvertes que l’Empire a faites. Néanmoins, je suis de l’avis des bêtes, l’endroit est sinistre...
- Effectivement... Peut-être devrions-nous camper plus au nord. La Chaîne des Dieux leur appartient pleine et entière. Ils entendront d’où que l’on s’adresse à eux.

Isa hôcha la tête, la mine sombre. Elle n’avait pas envie de se réveiller dans les parages, aucunement préparée à cette ambiance torturée. Son regard interrogea ses compagnons.

- Ouais, ça pue le charnier. Et le spectre. Dieux ou non, doit y avoir de mauvaises choses qui rôdent aux alentours...
- J’aime pas ça du tout... Fit Aileen, semblant tendue.
- Un carnage vous pouvez dire, quand je repense à ces pauvres bêtes ! Tizi parut encore horrifiée rien que par le fait de repenser à la scène. Mais il le fallait pour résoudre l’énigme ! D’ailleurs en parlant de ça, pourquoi ne tenteriez-vous pas de la résoudre ? Je vous la proposerai ce soir, au campement.



el Par Aileen  le 06/08/2012 à 15:32

La troupe se déplaça d’une demi-lieue pour établir le campement. Alors qu’ils arrivaient, Isa haussa un sourcil et fit le tour de la carriole, semblant chercher quelque chose :

- Dalhia n’est pas avec toi, Tizi ? Quelqu’un l’a vu ?

- Pas moi... Jusqu’à maintenant je pensais qu’il nous suivait...

- On ne l’a quand même pas laissé en arrière...

- Ou il dort, tout simplement...

Les Lutins qui devaient galoper quatre ou cinq pas quand les autres n’en faisaient qu’un grimpaient parfois dans la charrette pour être transportés à moindre effort. Dahlia avait pu s’assoupir entre deux caisses, sous la grande toile graissée qui protégeait les bagages. L’Olympienne souleva un coin du rabat, lentement, puis mit à jour le contenu de la carriole. Aucun Lutin assoupi en vue...

- Dalhia ? Appela-t-elle sans trop y croire.

- O... Oui..? Fit une petite voix effrayée provenant de quelque recoin sombre, derrière une caisse.

- Mais... Qu’est-ce que tu fais là ? Tu te caches ?

- J’ai... Pas p-p-p-p-peur... Mentit-il, essayant tant bien que mal d’avoir l’air plus vaillant.

- Bien sûr que non ! Fit Isa pour ne pas contrarier le Lutin tremblant. Et... De quoi n’as-tu pas peur ?

Le lutin ne répondit pas et se contenta de désigner vaguement, d’un signe de la main, la direction du temple d’Hermès...

- Oh... Et bien tu as eu plus de chance que nous puisque tu vois, nous n’aimions tellement pas l’endroit que nous avons décidé d’en partir aussitôt. Il est loin maintenant, nous serons bien mieux ici.

- Ho.? Euh, oui c’est... M... M-m-m-mieux... Répondit-il, descendant lentement de la charrette. Il ne voulait pas que Tizi pense qu’il avait pu avoir peur... Enfin, bien sûr qu’il avait eu peur. Mais il ne voulait pas qu’elle le sache... Il croisa les mains dans son dos, pour les empêcher de trembler. C’était une b... Bonne idée !

- Allez p’tit gars ! T’inquiète pas ! J’te défendrai, en cas de pépin. Et toi, t’en profiteras pour défendre la jeune dame Tizi, hein ? Lança Evonis, pour le rassurer.

- Ho... Bah... Bah oui bien sûr ! Répondit le lutin en se dressant fièrement, tentant vainement d’avoir l’air aussi impressionnant que l’Ashka.

- T’es un bon gars, peut rien t’arriver !

- N... Non ! Rien du tout ! Et... Et puis je vais protéger Tizi ! Fit le lutin, semblant plus sûr de lui.

- On peut dire que tu sais motiver tes troupes... Murmura Aileen au Loup, amusée par la réaction du lutin.

- Meuh non...

- Bien sûr que si ! Fit la Cerf en riant. Regarde-le !

Un peu plus loin, Dalhia examinait les environs de la charrette, comme s’il voulait s’assurer qu’aucun danger ne rôdait dans les parages.

- Bien joué ! Souffla Isa à l’Ashka.

- Bah, c’est trois fois rien. Le p’tit gars a du courage à revendre. Faut juste l’aider à le trouver...

Isa glissa un regard entendu à Aileen : Evonis ferait sûrement un bon père, lui aussi... La Cerf sourit à Isa, haussant les épaules. Sans doute avait-elle raison mais son Loup ne se montrait pas aussi pressant qu’Elen.

Tizi ne souffrait pas des grandes distances, elle se débrouillait même mieux que la plupart des « grands » mais si elle utilisait souvent les charrettes c’était parce qu’elle était encore peinée par le départ de l’ex Grand Pontife. Aussi elle se retirait souvent pour réfléchir quelques instants à l’abri des regards indiscrets. C’est en entendant du bruit que la lutine sortit le bout de son nez :

- Dalhia ! Mais… Que… Il y à un problème ?!

- Nan, je vérifie qu’il n’y ait pas de méchants pour t’embêter ! Répondit le lutin, fier de lui.

- Ho !… C’est gentil, mais je n’aimerais pas qu’il t’arrive quelque chose par ma faute !

La lutine s'assit sur une marche de la charrette et invita le lutin à la rejoindre. Elle leva la tête admirant au passage la voûte céleste.

- Tu vois, nous étions quelque part là-haut ! Je ne sais pas quelle magie divine nous a transportés jusque là, mais ce fut une aventure formidable et inoubliable ! Si vous le souhaitez je vous raconterai tout ça demain !

Tizi se blottit contre Dalhia afin d’admirer le ciel plus confortablement.

- Et toi Dalhia, tu as dû en voir des choses extraordinaires lors de tes aventures… Non ?!

- Ben... Non, p... Pas vraiment... Enfin, si, je crois. Mais je... Je me souviens plus t-t-t-t-très b-bien... Fit le petit lutin, prenant instantanément quelques couleurs.

Tizi devait être très courageuse pour avoir été aussi loin, dans les étoiles ! Alors que lui, il n'avait pas l'impression d'avoir fait grand chose... Il ne savait même pas comment réagir face au rapprochement soudain de la lutine. Mais au moins, il était bien.

- Tu ne t’en souviens plus ! Mais comment… Comment peut-on…. ! La lutine s’interrompit afin de ne pas vexer son ami.

- Bah... Je sais pas, je le fais pas exprès...

- Mais tu dois bien avoir quelques souvenirs de ci de là ? Ça arrive à tout le monde d’être tête en l’air, mais de là à tout oublier !

- Ben... Ben euh, non, j’oublie pas tout... Enfin, ça dépend pour quoi...

- C'est-à-dire que la fois ou nous nous sommes rencontrés… Et notre visite dans votre forêt, la grotte, la rivière… Tout ça tu pourrais très bien ne plus…. ?! La lutine semblait quelque peu peinée.

- Ben... Je... Fit le lutin, baissant les yeux. Je sais pas... Mais je m’en rappelle ! J’ai pas oublié ! S’empressa-t-il d’ajouter.

Voyant qu’elle risquait d’instaurer un malaise, Tizi reprit :

- C’est donc que ce n’est pas si grave que ça alors ! La lutine esquissa un large sourire puis posa sa tête sur les jambes de Dalhia pour contempler plus aisément les étoiles.

- C’est... C’est joli... Fit Dalhia, intimidé, ne sachant que dire d’autre...

- Oui c’est magnifique, Dit-elle en se laissant bercer par le ciel étoilé. Après quelques minutes de silence, la lutine s’adressa a nouveau à Dalhia d’une voix endormie : J’espère que je te coupe pas la circulation…. …. …. …. …. …. …. C’est que j’ai la tête plutôt lourde… … …. …. …. Pourtant on peut pas dire qu’elle soit bien remplie ! Petit à petit la lutine sombra dans le pays des songes.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

ldf Par Tizi  le 06/08/2012 à 19:49


Lorsqu’ils furent installés pour passer la nuit, tous regroupés autour d’un feu de camp pour le dîner, Tizi en profita pour sortir un vieux parchemin de son barda :

- C’est l’énigme, cela vous dit de vous creuser un peu les méninges ?

"Mes premières changent les paysages et poussent la roue du temps
De celles qui veillent sur le sommeil des voyageurs, les plus lumineuses sont mes deuxièmes
Ceux que je volai à mon demi-frère furent mes troisièmes
Sandales et bâton portent mes quatrièmes
Mes cinquièmes obéissent au plus Grand et dirigent le monde
Le Banni épelé donne mon sixième
Mes septièmes tendent les fils de la destinée
Le souffle de mes huitièmes révèle les talents
Mon tout les rassemble et ouvre les Cieux."


Voila ! Bon courage !
Reprit la Lutine sur un ton narquois.

Dalhia ouvrit de grands yeux ronds en écoutant Tizi lire son énigme. Elle devait être vraiment intelligente pour avoir saisi le sens de tout ça ! Lui, il avait bien du mal à comprendre de quoi ça parlait... Ça ressemblait à une charade, en tout cas. Et ça parlait de ciel...

- C’est comme... Des nuages ? Ou des étoiles ? Lança-t-il, sans vraiment savoir si ce qu’il disait avait un sens... Mais dans le ciel, il y avait des nuages. Et des étoiles, la nuit. Ça, il en était certain.
- J’ai entendu dire que la solution était un nombre.
- Ha... Alors... Il faut compter les étoiles ?
- Peut-être Dalhia. Ou plus simplement les lunes ? Et ensuite compter tout ce que les phrases nous décrivent. Si nous trouvons ce que c’est. Gardons à l’esprit que c’est une énigme très ancienne et qu’elle permettait d’ouvrir la porte des Cieux au coeur même du temple d’Hermès. D’ailleurs... Les sandales et le bâton ailés font partie de ses attributs : six ailes portées alors ?
- Ha, les lunes, je sais combien il y en a ! Il y en a... Deux ! Fit le Lutin, semblant fier de lui.
- Voilà un bon début ! Isa pensait avoir les réponses aux deux autres phrases relatives aux Dieux mais elle laissa réfléchir ses amis qui, en toute logique, devaient en connaître beaucoup plus sur les Totems des Elfes des Lunes que sur les divinités “olympiennes”.
- Je ne suis pas certaine d’avoir tout compris... Mais si l’énigme est si ancienne que ça, il y a peut être des réponses qui ont changé, non ? En tout cas la première phrase me fait penser à nos huit saisons... Fit Aileen, pensive.
- Alors... Euh... Deux et huit.... Ça fait dix ! Répondit Dalhia, comptant sur ses doigts.

Elen, lui semblait plongé dans une intense réflexion. Trouver la réponse à une énigme lui importait peu. Du moins pas à celle-là : ce qu’ils avaient découvert, quelques temps avant de quitter la Tanière méritait qu’il s’y consacre. Les autres s’amusaient avec les charades pendant ce temps, ce qui lui permettait de réfléchir à loisir. Isa était d’une grande aide, chaque fois qu’il l’interrogeait. S’il n’osait pas la solliciter exagérément, il appréciait son regard neuf sur la situation.

- Alors Elen ? Ne me dis pas que tu ne trouves rien ! Lança Isa en se penchant vers lui, jusqu’à le pousser doucement de son épaule pour le sortir de ses réflexions.

Le jeu l’amusait d’autant plus qu’elle se sentait en terrain connu, qu’elle revoyait les vastes avenues de Lardanium, qu’elle se souvenait d’une multitude de détails de la vie de la Cité Blanche qui lui manquait, par moments. Quant à Elen, il avait une telle culture de tous les peuples connus qu’il était impossible qu’il ne puisse rien dire sur cette énigme.

- Oh... Euh... Je n’y ai pas réfléchi. Et j’avoue ne pas me souvenir ce qu’a dit Tizi. Je pensais à autre chose, désolé ne lele.
- Ah ? Et tu pensais à quoi ? Fit-elle, un peu déçue.
- A une autre énigme... Tu sais, ce dont on parle sous les étoiles... Mais je veux bien aider. Il faudra juste me rappeler l’énoncé.

Isa eut une petite moue en comprenant qu’Elen brassait des idées sombres. Aussi n’hésita-t-elle pas pour lui réciter la charade sans même prendre la peine de jeter un coup d’oeil sur le parchemin de Tizi et pour lui dire ce qu’ils avaient déjà trouvé.

- Alors ? Le reste t’inspire ?
- Je suis d’accord avec l’analyse de Aileen et Dahlia. Quant aux ailes, je t’approuve Isa. Et s’il faut compter, eh bien comptons. Le temple appartenait à Hermès, n’est-ce pas ? Certaines légendes, qui ont fait le tour d’Olympia, lui prêtent le vol de boeufs auprès de Apollon. Si c’est de cela dont il est question, je n’ai aucune idée du nombre de bêtes qu’il aura pu lui dérober. Mais je pense que c’est la solution de la troisième phrase. Pour le cinquième, là encore, c’est l’évidence. Il s’agit des Dieux, bien sûr. Faut-il compter le Grand Zeus ? Pas certain qu’il s’obéisse à lui-même... De toute manière, je ne saurai dire combien de Dieux il existe, pas plus qu’eux sauraient compter les Totems.

Il réfléchissait à toute allure, sans prendre le temps de vérifier ses hypothèses. Il énumérait les choses tel qu’il en avait le souvenir, des légendes et des mystères qu’il connaissait d’Olympia. Le sixième lui donna plus de fil à retordre : c’était une partie de sa vie dont il préférait ne pas se rappeler. Mais on ne devenait pas l’un des amants stupides et éphémères de la Prime Générale de Quatar sans savoir à qui elle obéissait :

- Le sixième, il s’agit de Archeos Prim'Erath, traître aux Dieux eux-mêmes. Est-ce un jeu de mot avec “Prim”, premier, donc un ? Je ne sais pas. Quant aux deux derniers indices, il s’agit respectivement des trois Moires, qui coupent les fils de la vie des mortels ou leur permettent, sur ordre de Hadès, de regagner le monde des Vivants et des neuf Muses, gardiennes des arts et des artistes. Pour ce qui est du tout, puisqu’il s’agit d’après vous de nombres, je suppose qu’il s’agit de tout sommer, comme vous avez commencé.
- Et bien... Avec toi les charades, ça dure tout de suite moins longtemps ! Bravo ne lele. Dit-elle avant de l’embrasser, très fière du savoir de son mari sur des sujets qui n’étaient pas, de prime abord, sa tasse de thé. Mais du coup les autres n’avaient plus grand chose à trouver. Pour le Banni néanmoins, il est précisé de l’épeler. Quant aux boeufs, on dit que le troupeau d’’Apollon fut délesté d’au moins cinquante têtes. Et l’agencement-même de Lardanium répond à la question du nombre de Dieux; il y a douze magnifiques avenues qui convergent des portes jusqu’à la place du Palais où l’on trouve aussi le temple de Zeus.
- Eh bien voilà, il ne manque rien. Déclara-t-il, enlaçant Isa. Non, il ne manque de rien. Lui murmura-t-il, son regard accroché à celui de sa belle.
- On dirait bien Elen. Lui répondit-elle en souriant. Qui a le courage de tout compter ? Tizi, j’espère qu’avoir résolu ton énigme nous vaudra au moins quelques détails sur cette fameuse mission !
- C’est pas des étoiles, alors... Répondit Dalhia, semblant déçu.
- Hé ben... Fit Aileen, ne trouvant rien d’autre à dire, impressionnée par la culture que le Chaman venait d’étaler. Dire qu’elle n’avait jamais eu aucune idée du nombre de dieux que pouvaient vénérer les Olympiens ! Au mieux, elle aurait répondu “beaucoup”... Je sais pas où t’as appris tout ça mais j’aurais jamais trouvé ! Enfin, si je ne me trompe pas... Tout ça, ça fait... Ajouta-t-elle, prenant quelques instants pour effectuer mentalement le calcul. Cent... Cent six !
- Ça doit faire ça, oui. Tu sais, Aileen, la bibliothèque louve contient un trésor d’informations. Il suffit de lire les bouquins et c’est bon...
- Humpf... Bon, au moins, si je m’ennuie, je sais ce que j’irai faire !
- On a rarement le temps de s’ennuyer à la Tanière. Surtout avec Evonis. Il connaît tous les trucs pour se soustraire à ses obligations d’Ashka et papillonner ailleurs !
- J’en connais autant que toi pour éviter tes obligations de Chaman !
- Ce que je voulais dire, Evonis, c’est que Aileen n’aura jamais le temps de s’ennuyer. Et si elle attend ça pour lire...
- Ah oui, ça c’est sûr !
- Hé ben, je me demande lequel de vous deux est le plus paresseux... Fit la Cerf, avec un sourire en coin. Au moins si je décide d’aller fouiner dans la bibliothèque ça te forcera à faire ton travail ! Ajouta-t-elle, tirant la langue à Evonis.
- Ouais... C’est pas une bonne idée quoi...
- Hé, tu vas quand même pas laisser Elen tout faire tout seul, si ? Et puis si tu tiens tant que ça à te défiler, alors tu n’auras qu’à venir avec moi !
- C’est une bonne idée. Un peu de culture ne fait de mal à personne...
- Surtout à toi, gros bêta ! Plaisanta Aileen. Et en plus, ça permet de résoudre des énigmes comme celle qu’on vient d’entendre ! D’ailleurs, Tizi, c’était bien ça, la réponse ? Fit-elle ensuite, se tournant vers la lutine qui n’avait pas encore confirmé leur résultat.

Tizi farfouillait dans son sac à la recherche d’autres papiers. Elle en sortit tout un tas mais n’arrivait pas à mettre la main sur le bon, sans doute l’avait-elle égaré.

Qu’allaient penser les autres si elle ne pouvait donner la réponse à une énigme qu’elle venait de poser !
Il ne fallait pas qu’ils sachent, aussi décida-t-elle de confirmer les hypothèses qui avait été exposées jusqu'à présent, de toute façon elle était convaincue que c’était ça, sa mémoire ne pouvais défaillir à ce point !

- Tout ceci est exact, décidément vous nous épaterez toujours ! Je pense que vous avez bien mérité de savoir ce qui s’est passé réellement !

Tizi entama son discours, elle raconta en quoi les sacrifices des moutons étaient nécessaires pour faire apparaître le temple, elle raconta également les “exploits” des apprentis sorciers qui ont mis en péril la vie de tout le monde en effectuant des tests sur divers objets dont ils ignoraient l’utilité.
Elle aborda également le sujet de la station orbitale sans pour autant pouvoir affirmer s’il s’agissait d’une construction divine ou humaine, car, pour avoir effectué une aventure chez les Humains, Tizi, en y réfléchissant trouvait bon nombre de similarités entre leur QG et l’étrange endroit où ils avaient atterri lors de leur séjour dans les étoiles.
Elle le détailla le plus possible ainsi que les mésaventures d’Anastase, qui avait dû sacrifier son gilet en l’effilant pour retrouver son chemin plus facilement dans ces dédales de couloirs.
Elle expliqua aussi leur découverte et l’orbe magique qu’ils avaient trouvée dans la station avant de devoir la quitter précipitamment à cause de la collision imminente avec la comète.

- Et voilà toute l’histoire !
- Eh bien... Dommage que les priants n’aient pas pensé à nettoyer l’autel de leur sacrifice : maintenant, ça ne ressemble qu’à un charnier sanglant et barbare... Plus rien de pieux là-dedans... Marmonna le Chaman, peu convaincu par les façons des Olympiens face à leurs divinités.
- Surtout que nous n’avons jamais exploité ces trouvailles... Heureusement peut-être. Allez savoir quelles horreurs auraient pu inventer les plus belliqueux de l’Empire.
- Et c’est tant mieux. Lâcha Aileen. Si il y avait bien une chose qu’elle détestait, c’était les conflits et les guerres...



el Par Elen  le 06/08/2012 à 23:16


[...]



Leur étape au Reliquaire oublié fut de courte durée. Le groupe reprit la route plein Est pour rejoindre les rivages magnifiques de la Mer d’Emeraude. Après les escarpements monumentaux de la Chaîne des Dieux qu’ils avaient eu longtemps pour horizon, ce fut des plaines vallonnées, jalonnées des champs des dernières fleurs courageuses qui s’épanouissaient vite avant l’arrivée des saisons pluvieuses et froides.

Bientôt, ils aperçurent quelques dunes par delà lesquelles se cachaient des plages de sable fin. Puis ce fut l’immensité d’un vert scintillant et changeant qui s’étendit devant eux. Elen se perdit dans l’observation de la mer, ses pensées divaguant, portées autant que sa chevelure par les vent du large et ses embruns...

Isa était à la traîne du groupe, prenant pour excuse de surveiller l’attelage qui pourtant ne bronchait pas. Les mules les suivaient toujours docilement, qu’ils tiennent leurs rênes ou pas. Elle s’entêtait à marcher, de moins en moins vite cependant, arguant que c’était bon pour le bébé et elle, et surtout parce qu’elle supputait que le jour où elle monterait dans la carriole pour se laisser conduire, elle n’aurait jamais plus le courage d’en redescendre. Aussi arriva-t-elle bonne dernière au sommet du monticule sableux tenu par quelques pans herbus parsemés de cannes. Mais ses efforts furent largement récompensés à découvrir le spectacle de cette mer sans limite.

- Oh c’est magnifique ici ! S’exclama-t-elle alors qu’elle rejoignait son époux en pleine observation. S’accrochant à son bras, elle murmura : A quoi tu penses Elen ?
- Aux esprits et aux élémentaires qui vivent ici... Je me demande s'ils ont survécu à la perte de leurs roseaux...
- On ne les a pas tous enlevés, Elen... Je pense qu’ils doivent toujours être quelque part... Mais sans doute qu’ils ne nous aiment pas trop, maintenant !
- C’était donc ici ?
- Oui... Je me demande si... Il se saisit de la flûte de Kowü, dans sa besace, hésitant...
- Hum, si tu fais ça, je vais vite m’éloigner ! Fit Aileen, feignant de craindre la colère des créatures.

Isa regarda l’un et l’autre, sans comprendre de quoi les Elfes parlaient. Voyant le trouble de son épouse, Elen se fendit d’une explication :

- La dernière fois que nous sommes venus ici, nous étions envoyés par un élémentaire de feu, pour mander des roseaux géants habités par la puissance de Air afin de sceller leur alliance. J’ai ouvert un passage dans les brumes en jouant une mélodie que j’avais entendue en esprit, lors de mon contact avec l’élémentaire de feu et nous sommes entrés sur le domaine des élémentaires d’eau. Nous avons réussi à chaparder ces roseaux, en essayant de limiter les dégâts sur nos hôtes. La suite, tu la connais. Les élémentaires de feu et d’air on fait cette démonstration au centre des plaines d’Olympia : les Tourmentes associées au feu ont creusé ces sillons brûlants qui scindent les deux empires...
- Oui donc les élémentaires d’eau ont dû moyennement apprécier cette nouvelle alliance puisqu’elle a en quelque sorte brisé leur progression vers le Sud... Ils pourraient nous attaquer ? Demanda-t-elle après avoir écouté le Chaman avec attention.
- Ben... Tout dépend s’ils sont capables de nous reconnaître... Mais ça devrait aller, on est pas venus pour les provoquer !
- Bah, pour eux nous ne sommes que des mortels parmi tant d’autres.

Elen hocha la tête, approuvant Evonis. Les élémentaires n’avaient vu aucun problème à ce que ce ne soit pas celui qu’ils avaient envoyé au nord qui leur rapporte leur roseaux. Avaient-ils seulement fait la différence ?

- Au Lac de l’Etoile, celui qui avait adopté l’esprit du feu ne semblait pas nous distinguer en tout cas. Mis à part Fulminor, de part son affinité. Et puis... Il commence à faire frisquet pour se baigner...
- Oui. Et au Lac de l’Etoile, Eau et Feu s’étaient associés. As-tu remarqué comme l’esprit de feu, aussi faible soit-il, a pu s’échapper, sans dommage ? Je pense que son “amie” l’a protégé de ses frères et soeurs.
- J’espère qu’il est bien rentré chez lui... Fit la Cerf, songeuse.
- A croire que certains individus échappent aux Grands Desseins guerriers de ce monde... Murmura Isa, un sourire sur les lèvres. Mais oui, après son petit séjour dans la forge de la Tanière, il a dû avoir toute l’énergie nécessaire pour retourner près des siens.
- Et avec le désert sur sa route, il avait de quoi rejoindre l’élémentaire de feu, au sud sans problèmes.
- Peut-être est-il resté dans les hauts fourneaux de la forge... Il faudra vérifier à notre retour.
- Tu crois ? Pourtant, il m’a semblé qu’il voulait vraiment retrouver les siens...
- Certes. Mais tu as vu sa faiblesse. Je soupçonne qu’il va demeurer à la Tanière quelques temps, pour se revigorer.
- Dommage que les élémentaires ne puissent pas reconnaître les gens... Fit-elle, songeuse. On ira voir, alors ! Décida-t-elle ensuite.
- On ira... Confirma Evonis.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes