La chute de Losselium | |
Topic visité 564 fois Dernière réponse le 02/08/2009 à 14:43 |
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Alors que la nuit avait depuis longtemps instauré son règne et que les étoiles diffusaient leur bienveillante lumière, un jeune scribe gravit une colline et approcha de son maître alors que celui-ci observait la ville de Losselium. Voyant le noble absorbé par ses pensées, il n’osa faire remarquer sa présence. Mais ce n'est pas pour rien que l’oreille des elfes est si réputée :
Si tu viens me voir Nathanaël c’est qu’il doit y avoir une bonne raison, surtout à une heure si cruciale. Nathanaël, impressionné par la prestance de son maître alors que celui-ci était encore de dos, bredouilla quelques mots inintelligibles. Nathanaël… T’ai-je déjà frappé ? T’ai-je déjà maltraité ? Ne serais-ce que verbalement ? Il ne me semble pas. Tu peux t’exprimer sans crainte. Rassuré par ces propos, le scribe reprit de sa contenance. Il se redressa et se concentra sur sa voix pour ne pas chevroter. Maître, comme vous le savez, les hautes instances exigent des rapports réguliers et des explications sur tout acte de guerre d’un corps d’armée et… cela fait des semaines que vous ne m’avez rien fait transmettre… Le capitaine elfe se retourna vers son scribe personnel et le regarda dans les yeux, réduisant à néant le peu de courage qu’il avait regroupé. Seigneur Nalenthis, ce n’est pas moi qui… Je sais que ce n’est pas toi qui édicte les règlements, prend une de tes feuilles et notes ceci : Ayant profité des longues pluies pour faire pénétrer le régiment des Rôdeurs Nocturne sur le territoire Olympien via les marais d’Héliké nous sommes arrivé en vue de la ville de Losselium. Action allant être entreprise : destruction de la ville. Raison : présence de nuisibles. Envois cela à Na’helli, personne ne me blâmera d’avoir tué des olympiens. Le scribe redescendit le versant de la colline vers les vagues formes noires des tentes de l’ost elfique. Ses pensées des évènements futurs étaient claires: le jour n’allait pas tarder à poindre et c’est à ce moment là que le carnage sera perpétré. "A vaincre sans péril on triomphe sans gloire", c’est ce qu’un vieux proverbe disait. Mais maintenant, après des années d’une guerre qui ne pourra que se terminer par un génocide, d’autres proverbes étaient apparus : "à vaincre sans péril, on triomphe sans perte" ou encore "tuer un enfant évite d'avoir à combattre un homme". Le sang versé est devenu plus nourrissant pour Gaïa que toutes les pluies de la dernière année. Les idéalistes et les pacifistes ont été les premiers à périr. Trop de morts... trop de vengeances à assouvir... d’un côté comme de l’autre... pas étonnant que ces frêles orateurs avec leurs idées pleines de bonté et armés d’un simple drapeau blanc se retrouvent empalés aux frontières. Un jour le blanc ne sera plus la couleur de la paix mais celle de la folie. |
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Pendant ce temps, au sommet d'une tour de garde de la ville de Losselium…
Sergent, je prends le relais, allez vous coucher. Vous avez assez veillé comme ça. Bien mon capitaine. Le sergent Demetrius se leva de son siège, se dégourdit les jambes quelques instants, puis se retourna vers son supérieur tout en s'adossant aux créneaux. Puis-je vous parlez franchement capitaine ? Faites. A quoi bon laisser une garnison dans chaque ville ? Pourquoi ne pas regrouper nos forces et marcher sur Na'Helli ? Surtout que maintenant, nos liens avec les nains et les géants ne sont plus aussi instables.. Imagine Demetrius, toute nos forces se regroupent et marchent sur Na'helli. Des escarmouches s'opèrent, peut être une ou deux batailles majeures et nous voila devant ces murs. Après des jours de guerre acharnés, nous la prenons au péril de nombreuses pertes. A partir de là, il suffit qu'un fin stratège soit dans le camp adverse et s'en est fini de notre belle armée. Tenir un siège dans sa ville est aisé, mais dans un endroit inconnu, où nous ne sommes même pas sûr qu'il ne reste pas d'ennemis de notre côté du mur, c'est une autre histoire. Viendra un jour où nous lancerons cet assaut massif, mais pas tout de suite. Aucune des deux grandes alliances d'Olympia n'a l'avantage pour le moment. Ecoutant ces paroles quasi blasphématoires pour lui, l'Olympien répondit avec véhémence Mais nous sommes des Olympiens ! Nous avons été bénis par les dieux ! Nous sommes leurs élus ! Ils ont même marché à nos côté dans certaines batailles ! Nul ne peut nous vaincre ! Le capitaine sourit de la fougue de son amis Je reconnais bien là l'attitude d'un fidèle d'Hermès. Droit au but quels que soient les obstacles et adviendra ce qu'il adviendra. J'ai été comme toi il y a quelques années. Déterminé, sûr de la supériorité olympienne, prêt à combattre des milliers de forestiers en même temps, assuré que 10 olympiens avec le soleil dans les yeux, sans armures pouvaient prendre une colline tenue par une compagnie d'archers elfes… Mais vois-tu, ce n'est pas la réalité. J'ai suivis les enseignements d'Athéna qui m'ont conduit à une plus grande sagesse et à ne pas sous estimer mes ennemis. C'est grâce à ça que je suis devenu aussi rapidement capitaine. Si nous étions aussi forts que la jeunesse le pense, nul doute qu'il n'y aura déjà plus la moindre trace des forestiers depuis des siècles. Demetrius réfléchit quelques instants aux propos de son supérieur mais sa haine des forestiers étaient plus forte Vous avez sûrement raison… mais cela n'explique par pourquoi on doit garder tout une compagnie en ville! A part se terrer dans leur forêt, l'ennemi ne fait rien! Nous serions plus utiles là où le sang coule ! Vous devez comprendre ça Ezekiel ! Vous qui avez livré des batailles à grande échelle ! Calmez vos ardeurs SERGENT, n'oubliez pas que je suis votre supérieur ! Il y a un temps pour tout. Un temps pour l'attente, comme maintenant, et un temps pour la guerre. Vous n'avez qu'à vous dire que c'est le calme avant une tempête de sang. Alors que le capitaine Ezekiel terminait sa phrase une multitude de légers bourdonnements se firent entendre de par-delà l'enceinte. Demetrius se retourna pour voir une volée de flèches prête à engloutir le chemin de ronde. Nom de Z… Il n'eut pas le temps de finir son juron qu'une flèche vint le frapper à l'épaule. Perforant l'épaulière et éclatant plusieurs mailles, elle finit par s'enfoncer dans la chair. Ezekiel se précipita au côté de l'olympien à terre pour examiner sa blessure. Voyant que des soins pouvaient attendre, il se releva prestement et se dirigea vers la cloche d'alarme. Alors qu'il commença à la faire sonner Demetrius divagua et une gigantesque explosion en provenance de la grande porte se fit entendre. La tempête est sur nous, n'est ce pas capitaine ? Je vais mourir ? Je vois déjà les royaumes d'Hadès m'engloutir… Vous êtes sage capitaine… Vous préférez prévenir la ville que de sauver la vie d'un de vos hommes, un ami d'enfance en plus… Dur choix en effet… réfléchis, mais dur… Plusieurs vies contre une seule… Le Styx nous engloutira tous de toute façon… Ezekiel continua de donner l'alerte sans prêter attention aux éléments extérieurs jusqu'à ce que le tocsin de la ville réponde à son appel. S'accroupissant ensuite près de Demetrius il lui dit simplement "sers les dents" avant de lui mettre un genou sur le bras touché et un autre sur le torse. Comprenant ce qui allait suivre, le jeune sergent détourna les yeux et serra les dents. Une intense douleur se répandit de son épaule avant de s'atténuer. Sa vision se troubla et il perdit connaissance quelques instants. Lorsqu'il retrouva ses esprits, une odeur de chair brûlée flottait dans l'air et la première vision qu'il eut fut la lame de son capitaine encore rougit par le feu. Lève-toi Demetrius, l'heure est à la guerre. Losselium a besoin de nous. La garnison ne tiendra pas sans organisation. Les deux olympiens se levèrent de concert et se dirigèrent vers l'escalier permettant de rallier l'intérieur de la ville. Ezekiel tentait tout en courant d'évaluer la situation : déjà des feux commençaient à prendre dans la ville, aucune indication ne laissait entrevoir s'ils étaient d'origine magique ou non. Combattre des archers et des fantassins était une chose, combattre des mages en était une autre. Il devait y en avoir au moins cinq pour avoir fait céder la porte aussi rapidement et être escortés d'aux moins une centaine de soldats pour lancer un tel assaut… |
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L'approche furtive de la compagnie d'archer avait été une réussite totale. Lorsqu'elle avait décoché sa première volée de flèches la majorité des gardes du chemin de ronde étaient tombés laissant ainsi le champ libre à l'avancé du reste de l'ost. Quelques carreaux volaient de temps à autre en direction des assaillants mais la réplique ne tardait jamais et en quelques instants plus aucune menace n'était visible sur les remparts.
C'est le moment… Le capitaine Nalenthis se tourna vers le groupe de mage qui était en train d'incanter face aux murailles. L'air autour d'eux était sujet à une distorsion qui rendait toute perception floue. Lithual, ouvrez-nous la voie ! La distorsion sembla se rétracter sur elle-même avant d'être propulsée à une vitesse défiant l'entendement en direction des portes de la ville. Le choc fut si violent que les battants volèrent en éclats qui allèrent empaler les gardes qui attendaient derrière. Un nuage de poussières du à la sciure de bois en suspension masquait l'intérieur de la ville. Un léger vent souffla révélant les corps transpercés d'olympiens et l'intérieur de la ville de Losselium encore paisible à cette heure. Pendant quelques instants tout resta calme, silencieux. Seule une cloche solitaire vint perturber la pureté de cet instant. Elfes de Na'helli ! Aujourd'hui est un jour dédié à la vengeance ! En avant ! En avant et ne faites pas de quartier ! Pas de prisonnier ! Les elfes chargèrent dans la brèche et se déversèrent dans la ville alors que celle-ci s'éveillait au son du tocsin. Les assaillants se séparèrent à chaque carrefour et se dispersèrent, rentrant dans chaque maison afin de s'assurer que nul olympien ne survivrait à cette journée. Avant la bataille des ordres avaient été donnés : si l'entrée dans la ville se faisait sans encombre une progression lente serait donnée pour sa prise. Un demi-cercle devait être formé à partir de la porte et celui-ci devait s'agrandir dans toutes les directions ne laissant pas de survivant et empêchant ainsi la possibilité que toute l'armée soit bloquée au même endroit. L'inconvénient majeur résidait dans l'affaiblissement du nombre de combattants dans chaque groupe mais le passé avait montré qu'une force importante ne se battait pas forcément mieux qu'un groupe restreint dans un environnement urbain. L'objectif principal était de mettre à terre la cité. Pour cela il fallait en prendre le cœur: le palais du régent. L'inconvénient était que la population se montrait souvent mécontente que l'on pende leur seigneur et pouvait se soulever en masse. C'est ce qu'avait remarqué à son grand dam le groupe des Aigles Blancs. Frappant comme l'éclair au cœur de la ville de Carnapolis, le groupe s'était retrouvé pris au piège à l'intérieur du palais de la régence et s'était fait massacré par la population en colère. On raconte que certains furent capturés et torturés sur l'autel des dieux olympiens. Ce n'était que des rumeurs mais en ces temps de guerre, ce sont les rumeurs qui enflamment le plus vite les cœurs… Nalenthis été resté au niveau de la porte et envoyait ses messagers vers chaque groupe de combat pour s'assurer que la bataille se déroulait bien. Pour l'instant quelques poches de résistance survenaient de temps à autre mais rien de significatif. Il sortit de son carquois une flèche striée de veines bleutées et l'examina. Voyant son scribe regarder avec attention cet objet il décida de l'éclairer: Vois-tu Nathanaël, cette flèche m'a été donnée par mon cousin ainsi que quatre autres pour cette campagne. C'est la dernière qu'il me reste. Les autres, j'ai du les utiliser contre les horreurs que nous avons vu à Héliké… Le scribe hocha la tête en se rappelant les corps déchiquetés des éclaireurs alors que des harpies se repaissaient de leurs entrailles. S'était ensuivit une traque des créatures mais il semblait que les marais eux-mêmes les masquaient et cachaient d'autres êtres que nul ne peut imaginer. Ils avaient du se regrouper et pousser en vitesse vers les terres olympiennes lorsque la pluie avait commencé à tomber et que les hommes s'embourbaient, les laissant ainsi presque sans défense face aux harpies. Mon cher cousin en a malheureusement trop vu de ce monde. Il a voyagé sur la quasi-totalité d'Olympia en fraternisant avec des gens que la loi elfique avait condamnés. Lorsqu'il est revenu il était considéré comme une sorte de hors-la-loi mais a su se racheter aux yeux du peuple. Aujourd'hui il est l'un des rare à reconnaître une quelconque légitimité à un dieu olympien, ou plutôt une déesse. Il croit qu'Artémis est liée à notre peuple… Nathanaël ne voyait pas vraiment où son seigneur voulait en venir mais il avait l'habitude de le voir divaguer et changer de sujet pour expliquer un point de son récit. Tout le monde savait qu'il était orphelin du à la guerre depuis qu'il était enfant et que le restant de sa famille avait des mœurs étranges ce qui expliquait son instabilité mentale actuelle. Enfin... tout ça pour dire qu'il se consacre à l'art de la chasse en y incluant un côté divin depuis les abords du sanctuaire de la forêt des Cendres. Malgré son apparente folie il a réalisé ces chefs d'œuvre d'archerie allant droit au but et pouvant transpercer même la plus épaisse des armures. Pour lui elles ne sont que broutilles, il cherche à faire la flèche parfaite, capable de résister à toute influence mystique et pouvant percer toute barrière qu'elle soit physique ou magique pour pouvoir atteindre et abattre un dieu… Nathanaël se demandait quel genre de fou pouvait espérer abattre un dieu d'une seule flèche. Des centaines d'elfes étaient tombés face à ces redoutables entités au cours des siècles et nul n'était parvenu à en faire reculer une de crainte. Il se demandait si la folie n'était pas un trait de caractère familial. Les Nilfe'al était connu des plus sombres quartiers de Na'helli. On parlait d'une bande de meurtriers, liés aux anciens hors-la-loi de Quatar, où l'inceste n'était pas banni comme partout ailleurs… Mais rien n'avait jamais pu être prouvé et personne ne voulait vraiment être sûr que ces dires étaient vrai tant ils étaient horribles. Ainsi cette dernière flèche sera destinée à un être de valeur, peut être le régent de cette cité s'il s'en montre digne même si je doute qu'un politicien montre du courage à la guerre… Seigneur Nalenthis ! J'ai un message urgent ! Un messager venait d'arriver essoufflé et recouvert d'un sang qui n'était pas le sien. Le capitaine se tourna vers lui et attendit qu'il reprenne son souffle. Les olympiens… ils ont organisé une solide défense sur l'avenue principale, impossible de passer. On a essayé de forcer le passage et de les faire crouler sous les flèches mais leur formation est robuste et leurs arbalétriers déciment tout ce qui approche… Nalenthis resta penseur devant cette annonce. La bataille ne s'annonçait pas aussi simple que prévu. Mais ça ne faisait que mettre un peu plus de piquant dans la prise de la ville. Il marcha vers les messagers qui attendaient à quelques pas. Messagers, avertissez toutes les troupes que l'avancé doit être stabilisée. L'entrain doit être arrêté net. Je veux qu'elles se coordonnent pour maintenir une ligne de front cohérente. Je ne pourrai assurer le suivi de la bataille tant que l'axe principal ne pourra pousser plus loin. C'est la clé de voûte de notre assaut. Que les groupes se préparent à prendre en embuscade toute contre-attaque. Puis se retournant vers son scribe et le messager. Allons voir de quoi il retourne… |
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Après quelques minutes de course en direction du cœur de la ville, Demetrius et Ezekiel commencèrent à entendre des hurlements de terreur plus en arrière, sur l'avenue principale. Les elfes avançaient rapidement, la défense devait être prestement édifiée. Les deux olympiens atteignirent un relais de garnison. Ici était stationnée une cinquantaine de soldats qui avait pour devoir d'être prêt à faire front à l'ennemi à toute heure.
Demetrius, il va falloir que tu retiennes l'avancé ennemie sur l'avenue principale. Tu dois les contrer le temps que je prévienne le seigneur Hélias des évènements et que nous préparions une contre-attaque qui repoussera les elfes. Demetrius regarda son supérieur quelques instants avant de répondre un peu honteux. Bien mon capitaine, mais je ne sais quel type de tactique utiliser face à pareil situation… Je te conseil d'ériger un mur de bouclier protégeant une rangée d'arbalétriers. C'est une tactique simple mais qui a fait ses preuves par le passé. Même s'ils ont des mages, un tir d'arbalète bien placé écartera toute menace. Mais souviens-toi que ce n'est que théorie. Tu auras des décisions à prendre et sur ce point, je ne peux pas t'aider. Je sais que tu feras au mieux. Le capitaine Ezekiel se dirigea à pas rapides vers le baraquement et tambourina à la porte. Immédiatement celle-ci s'ouvrit sur la garnison en train de terminer de s'équiper. Soldats de Losselium ! L'heure est à la guerre ! Vous suivrez les indications du sergent Demetrius qui se trouve dehors ! Toute personne qui lui est égale ou supérieure en grade est destituée le temps de son commandement ! Est-ce que c'est clair ? Il eut pour réponse, avant de ressortir du bâtiment, une foule de cris d'approbation. Il se dirigea alors vers Demetrius et lui tendit une arbalète. Tiens, tu en auras besoin. Abats ces chiens de ma part et surtout, évites de mourir. Cette dernière réplique eut pour effet de faire sourire l'intéressé mais voyant l'air grave de celui qui l'avait prononcée il comprit que ce n'était pas de l'humour. Il avait déjà entendu cette phrase lors des entrainements, mais là, elle prenait tout son sens. Je ferai de mon mieux capitaine. Allez maintenant et ramenez-nous vite du renfort. Ezekiel acquiesça et commença à partir quand il fut interrompu. Ah ! Une dernière chose capitaine ! J'ai entendu dire qu'il y a des Paladins en ville pour je ne sais qu'elle raison. Il serait intéressant de les avoir avec nous ! Je vais voir ce que je peux faire ! Bonne chance ! Et il reprit sa route vers la grande place. Des citoyens commençaient à sortir de chez eux et à se diriger tranquillement dans la même direction. Losselium avait déjà été assiégée. La population pensait que les murs tiendraient comme toujours et qu'il n'y avait donc pas de raison de se presser. Malheureusement pour eux ils étaient bien loin de la réalité. A quelques distances de là, dans les quartiers adjacents la porte est de la ville, les âmes olympiennes se dirigeaient, elles, vers le royaume d'Hadès. Il ne restait que des corps éparpillés, mutilés et répandant leur sang dans les rues… Arrivant sur la grande place où étaient situés les temples et le palais, Ezekiel vit avec joie que les forces de la ville avaient déjà commencé à se rassembler d'elles-mêmes et que la milice prenait d'assaut l'armurerie. Il devait prendre ses ordres auprès du seigneur Hélias afin d'avoir toute latitude pour repousser la menace elfique. Il continua son périple à travers la foule qui commençait à s'amasser. Arrivant à mi-distance du palais, il entrevit la silhouette d'une femme vêtue d'une magnifique cape blanche entrer dans le palais escortée par quatre soldats en armures de plaques. Ces armures étaient ornementées de telle sorte qu'on pouvait aisément les identifier comme appartenant à des paladins. L'intérieur du palais était vaste avec de grandes salles et de nombreux couloirs. Il avait été érigé pour éblouir et non pour être défendu. Si l'ennemi arrivait jusque là s'en serait fini de la ville. Lorsqu'Ezekiel arriva, il ne s'attarda pas dans le hall d'entrée. Il connaissait les lieux et n'avait nul besoin de guide. Se dirigeant vers les appartements personnels du seigneur Hélias, il ne rencontra que quelques serviteurs inconscients du danger. Une fois le dédale de couloirs passé, il arriva devant une porte close. Il frappa prestement, entra et se retrouva face à deux paladins lourdement armés et l'épée au clair. Le capitaine s'arrêta à quelques centimètres des lames qui l'auraient facilement transpercé. Un instant de flottement eu lieu dans la pièce. Les quatre paladins présents n'attendaient qu'un mot pour éviscérer le nouveau venu tandis que la femme encapuchonnée semblait regarder par la fenêtre, stoppée dans sa discussion avec le maître des lieux, lui-même assis sur son lit. Ce fut ce dernier qui brisa la glace. Ah ! Mon cher capitaine ! J'allais à votre rencontre suite à l'appel aux armes quand j'ai croisé… Une voix féminine et cristalline mais forte le coupa dans son élan. Il n'a pas besoin de le savoir. Votre cité brûle monsieur, y ferez-vous quelque chose ? Prenant la pique avec une soumission que le capitaine ne lui connaissait pas, Hélias se redressa et tourna son agressivité et son autorité vers Ezekiel. Je suppose que vous êtes venu prendre les pleins pouvoirs pour la défense de la ville ? L'intéressé acquiesça. Eh bien vous l'avez, je suis un politicien et je ne saurais faire aussi bien la guerre que vous. Partez maintenant, faites votre œuvre de mort. Le capitaine fit demi-tour et commença à repartir aussi prestement qu'il était venu. Il entendit alors la femme humilier le dirigeant pour son manque d'efficacité et de compétence. Nul doute que cette femme était importante mais rien ne laissait entrevoir son identité. Cette même femme l'interpella de l'entrebâillement de la porte des appartements alors qu'il s'éloignait. Capitaine ! J'étais venu au palais pour prêter main forte à ce… bref, vu que vous êtes chargé des opérations, mon escorte sera désormais votre. Ces paladins sont, comme vous le savez, la fine fleur de l'armée et ils vous protégeront au péril de leur vie. Ne chercher pas à leur donner d'ordres, ils n'en reçoivent que de moi. Ils vous rejoindront dans quelques instants. Elle referma ensuite la porte sur elle et Ezekiel prit la direction de la sortie. Passant un coude il se retrouva soudain plaqué contre le mur, un couteau sous la gorge. Ses agresseurs, entièrement vêtus de noir, avaient été discrets et n'avaient laissé aucune place au hasard. En quelques instants ils avaient été tout autour de lui et lui maintenaient les membres. Ils savaient ce qu'ils faisaient, aucune issue n'était possible. L'homme qui lui maintenait la tête lui murmura à l'oreille: Nous ne sommes pas venus ici pour vous tuer capitaine. Nous avons un marché à vous… proposer. Dans quelques instants le seigneur Hélias va être aidé à sauter de sa fenêtre. Cela vous n'y pouvez rien. La voix de l'homme était celle d'un olympien mais ses manières ne les montrait pas comme une personne fréquentable. Ezekiel tenta de se dégager, mais rien n'y fit. Voici mon marché: tu couvres la mort de ce lâche en disant qu'il s'est suicidé de peur d'être capturé et en échange nous allons t'aider à défendre ta cité. Je crois que je n'ai pas vraiment le choix... si je ne coopère pas il y a de grande chance que je n'atteigne pas les portes du palais vivant n'est-ce pas ? J'accepte votre offre… mais dites-moi qui vous êtes avant. Cela fait partis d'une close du contrat, tu ne nous as jamais vu et nous n'existons pas. Si tu parles de nous tu seras le prochain à te suicider. Le couteau glissa de sous la gorge d'Ezekiel. Nous allons éliminer les mages elfes pour ton plus grand plaisir. La fin de la phrase de l'olympien sembla disparaitre dans les ténèbres comme le firent les membres du groupe. Lorsque leur victime se retourna il n'y avait plus aucune trace d'eux. Ils étaient partis aussi soudainement qu'ils étaient apparus. Reprenant ses esprits, Ezekiel commença à reprendre sa route quand une main gantée de fer se posa sur son épaule. Les paladins étaient derrière lui et il ne les avait pas entendu arriver. Soit il été devenu complètement sourd et perturbé par l'embuscade, soit les paladins étaient vraiment les sur-olympiens des contes à se déplacer aussi furtivement en armure complète. L'olympien qui avait intercepté le jeune capitaine n'était pas plus grand que lui mais sa carrure et son visage laissait transparaitre une grande expérience de la guerre. Avec un ton ferme et décidé qui ne laissait aucune place au doute, le paladin lui dit: Capitaine, par ordre de notre maîtresse, vous ne mourrez pas aujourd'hui. |