Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Vers les glaces
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Vers les glaces
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Dernière réponse le 25/09/2012 à 23:17

el Par Elen  le 23/09/2012 à 17:28



Ils avaient passé quelques jours reposants sur les rivages de la Mer d’Emeraude mais leur voyage était très loin de toucher à sa fin. Alors qu’ils avaient prévu de se remettre en route pour le Lac de Givre, ils eurent des nouvelles de Fulminor qui avait décidé de les rejoindre. Le Chef des LEDA serait bientôt là.

Pourtant, leur étonnement fut grand lorsque, juste avant le Géant arrivé du Nord Ouest, ils aperçurent une Elfe des Lunes venue du Sud : Odeli, après un détour par Liae, était finalement remontée vers eux. Et sur ses traces, l’Oracle de Zagnadar en personne !

- Bonjour tout le monde !

- Odeli ? Quelle surprise ! Tout va bien à la Tanière au moins ?

- Ho, y a du monde, tout à coup ! Bonjour ! S’étonna Aileen. Un Géant par ci, une Elfe par là... Le petit groupe de départ allait finir par doubler de taille !

- Salut cousine !

- Salut Odeli ! Comment se fait-il que tu sois montée jusqu’ici ? C’est fait ? Fit le Chaman, agréablement surpris de voir la Louve, à qui il avait confié une grande mission : quelque chose qui témoignait de la grande confiance qu’il portait à la Bakany.

Ils discutèrent un peu. Elle l’avisa qu’elle avait accompli sa tâche et il s’en trouvé pleinement satisfait. Il la nomma séant Ashka, et ainsi Evonis ne fut plus le dernier, et il eut la fierté de voir que c’était de sa famille que provenait la nouvelle recrue des hauts représentants du clan du Loup.

- Fulminor ! Vous avez fait bon voyage ? Mais... N’est-ce pas l’Oracle qui arrive ?... Demanda-t-elle avant de se glisser derrière Elen. Sans doute qu’instinctivement, elle devait se méfier des coups de colère de l’Oracle dont l’un d’eux lui avait presque valu d’être étranglée.

- Pourquoi vous écarter de la sorte Dame Cestia ? Je ne vais pas vous (re)violenter !

- Oh euh... C’est parce que vous désirez sûrement parler à mon époux, je ne veux pas vous déranger... Dit-elle en forme d’excuse, ses joues rosies d’avoir été percée à jour.

Le Chaman observait l’Oracle, dissimulant sa méfiance derrière un masque presque jovial. Avec l’Oracle dans les parages, il craignait de se retrouver face à une troupe plus nombreuse. Dans son souvenir, les Géants était le peuple le plus fréquentable d’Olympia. D’office, il excluait les Nobles et les Olympiens. Les Nains, individuellement, pouvaient être tout autant sympathiques que de fieffées andouilles, voir des barbares tout juste bons pour Quatar. Le Peuple Sauvage, fut un temps, semblait digne de confiance. Mais à présent, il comprenait avec amertume que les hommes des marais n’avaient fait qu’utiliser les Elfes, pour s’assurer une protection, voire obtenir des financements et des ressources. Quant aux Clans des Lunes, ils demeuraient immuables. Peut-être était-ce là la cause de leur disparition passée et à venir.

Au même titre, les Géants avaient changé : jadis, ils n’auraient pas joué aveuglément le jeu des Olympiens. Mais à présent, depuis que les Nains s’étaient installés sur les contreforts de Zagnadar, bien peu de Géants s’étaient montrés amicaux avec le Peuple des Lunes, là où jadis une entente timide permettait aux deux peuples d’échanger. Quelques noms lui revenaient en mémoire : Deathscythe, Samir, Morgoth, Grise de Pluie et, plus récemment, Sayän Köttor. Lors de sa captivité forcée, certains des fidèles de l’Oracle l’avaient pris en pitié, allant même jusqu’à d’absurdes flatteuses réactions telles que le meurtre de ce freluquet de Khylion. D’autres l’avaient au contraire menacé, alors même qu’ils le voyaient meurtri, non pas par sa condition, mais par un mal qui les dépassait. Sans Isa, à cette époque, d’une manière ou d’une autre, il n’aurait pas survécu.

- Bonjour Messire. Vous êtes bien loin de chez vous, ce me semble. Qu’est-ce qui peut bien vous mener, seul, dans ces contrées ?

- Si seulement je le savais... J’ai senti que j’avais à faire, et j’ai laissé mes jambes me guider.

Elen ne fit aucun commentaire. Les choses lui semblaient suffisamment étranges pour qu’il ne prenne pas le risque d’intervenir. Énerver l’Oracle en l'interrogeant plus avant n’avait aucun sens. Mieux valait se contenter de sa présence.

Devant la réserve compréhensible de son époux, Isa joua la carte diplomatique. L’Oracle était notoirement apte aux sautes d’humeur mais il s’avérait aussi un personnage honorable lorsque le dialogue était établi. Et puis deux bras de plus ne feraient pas de mal dans ces contrées encore sauvages.

- Nous allons certainement continuer vers le Nord et si vos pas décident de nous accompagner, vous serez le bienvenu.

Aileen, en retrait, se contentait d’observer les nouveaux arrivants, d’un air curieux bien qu’un peu perplexe. Elle devait bien avouer que tout ceci l’intriguait. Et puis la présence de l’Oracle n’était pas pour la rassurer : elle connaissait Fulminor et le géant lui semblait être plutôt gentil mais de Rorschach, tout ce qu’elle savait... C’était qu’il était fort et qu’il avait déjà fait de nombreuses victimes... Et pour ne rien arranger, Isa ne semblait pas non plus rassurée par sa présence. Pourtant, l’Oracle ne semblait pas manifester d'agressivité quelconque, semblant même plutôt enclin à la conversation... Décidément, la jeune Elfe ne savait que penser...

De toute manière, à la connaissance de Elen, bien peu de Géants pouvaient se targuer d’honneur, ces derniers temps. Cependant, l’Oracle était de ceux-ci : il l’avait vu combattre au Pilier et il l’avait vu apporter son aide, lorsqu’avec les LEDAs ils devaient en réparer un autre. Et il avait aussi veillé personnellement à ce que soit respecté le traité par les groupuscules les plus extrêmes de son Peuple. Bien sûr, il avait aussi eu vent des exactions du Géants en forêt des Cendres, mais des Elfes extrémistes n’y étaient pas étrangers, et la plupart du temps il s’agissait de Nobles ! Eh quoi ? Si l’Oracle n’avait plus le droit d’assurer la défense des siens face à des nobliaux idiots, alors son statut n’aurait plus servi à rien !

C’étaient les systèmes des Nobles, du Peuple Sauvage et des Nains qui ne permettaient d’élire que les plus forts en gueule, bien souvent des psychopathes dénué de scrupule et, fréquemment aussi, d’intelligence. Ceux du Peuple des Lunes et des Géants reposaient sur l’aval d’entités supérieures qui ne sauraient se tromper en sondant l’âme du candidat. Aux yeux du Chaman, un Oracle, élu des Éléments et de son prédécesseur, ne pouvait qu’être un Géant vaillant et honorable, comme l’étaient les Chamans, élus des Totems.

[...]

Les trois nouveaux compagnons firent halte et le groupe repoussa son départ de quelques jours pour leur laisser le temps de récupérer après une si longue course depuis leurs territoires respectifs.

Isa avait dans l’idée de discuter avec Evonis mais l’Ashka se trouvait rarement seul. Le plus souvent en compagnie d’Aileen, sinon du Chaman pour quelques séances de collecte de pièges à gibier, il était difficile de l’approcher sans autre témoin. Le Loup partait de temps à autre chasser pour le groupe, dénichant quelques petites créatures qui subsistaient chichement dans le froid de l’hiver. Et c’est précisément ce qu’il se proposait de faire à l’instant. Elen, lui, effectuait des réparations sur le chariot : une roue avait cassé sur une pierre. Prévoyant, le Chaman avait emmené de quoi faire deux à trois changements de ce genre.

L’Olympienne s’approcha de son mari et, considérant qu’il en avait pour un bon moment à changer la roue et essayer de réparer l’autre, elle lui demanda :

- Elen, je vais accompagner Evonis, cela me fera marcher un peu. Ça ne te dérange pas ?

- Non, non, ne lele. Sois prudente, hein ? Et si tu te sens un peu faiblarde, demande à Evonis de te porter. Il ne refusera pas.

- Ça va aller, ne t’inquiète pas, il y a plusieurs jours que nous nous reposons. Et puis il ne part pas chasser le fauve ! A plus tard alors. Attention à tes doigts ! Fit-elle avant de l’embrasser.

Elle pressa un peu le pas pour rejoindre le Loup qui filait vers un bosquet clairsemé. Pour qu’il ne la distance pas avec ses foulées immenses, elle le héla :

- Evonis ! Tu acceptes une apprentie chasseuse ?

- Moui, oui. Faut que t’apprennes, en plus. J’ai vu des empreintes de lièvre. On va pouvoir poser des collets ! Tu sais faire ? Il t’a montré l’Chaman ? Enchaîna le Loup, sans faire demi-tour, ralentissant tout de même pour que Isa le rattrape et pour marcher à l’allure de la jeune femme.

- Oui Elen m’a déjà expliqué et j’ai essayé d’en poser mais je n’ai jamais rien pris. Il doit y avoir quelque chose qui m’échappe encore...

- Tout à fait : les lièvres et les lapins.

- Voilà ! Fit Isa en riant. Soit je n’y entends rien en pièges, soit je n’ai pas su voir que les traces étaient bien trop vieilles.

- Ça se peut. Ou alors les bestioles auront déjà été prises par quelqu’un d’autre. Ça fait longtemps qu’il a pas chassé, Elen, en solitaire, tu vois ? Alors les coins qu’il connaissait, d’autres les ont peut-être découverts.

- Peut-être... Sans vraiment s’en apercevoir, Isa ralentissait son pas et ses pensées vagabondaient sur le fil de leur conversation. Tu crois que ça lui manque ? Il passe beaucoup de temps à s’occuper de moi, à s’inquiéter pour les Clans... Ça devait être plus simple, avant qu’il ne devienne Intendant.

- Plus simple ? Tu connais le lascar, non ? Avec lui tout devient extrêmement compliqué. Et vas-y que j’me lance tout seul dans les pires ennuis du monde. Et Kowü, à ça, c’était un personnage. Spécial, lui aussi, si tu veux mon avis. Mais pas un mauvais bougre. Et doué, avec ça. Plus que quiconque le sera jamais. Encore qu’Elen a eu l’occasion de montrer qu’il égalait le maître, par moment. Enfin, du temps de Kowü, Elen était bien pire que maintenant : il se rendait la vie impossible, et en plus il picolait. Et pas qu’un peu. Pour oublier ? Pas sûr. Je pense qu’il pouvait simplement pas s’en passer. Un gamin insupportable et tête brûlée, voilà ce que c’était à l’époque. Vaut mieux que tu l’ais connu maintenant. Il ne t’aurait pas plu du tout. Le décès de Kowü l’a... Hum... Métamorphosé. Et en mieux, c’est certain. Pas pour rien qu’on l’a collé à l’Intendance. Tu parles, y’avait personne de mieux placé pour ça : il savait se prendre la tête pour des broutilles quand il le fallait et prendre des décisions difficiles quand ça s’imposait. Et on aimait l’idée d’un Intendant un peu indépendant, tu vois ? Un qui ne se sente pas obligé de réunir le conseil des Ashkas à tout bout de champ. Faut dire qu’à l’époque, avec Ash, Hemelt, Hevens, son poivrot de cousin Lastalaica, Laron, Millie, Isilher et moi, ça en faisait du monde à réunir. Maintenant, ça serait plus simple. Y’a plus que moi. Ceux qui ne sont pas chez Hadès se sont barrés. Pour où ? Aucune idée. Une idée du vieux, ça, de Ash. Méditer dans un coin aride. Si tu veux mon avis, c’est des foutaises, tout ça. Faut être là pour le clan, un point c’est tout. Feront quoi si le clan n’existe plus quand ils rentreront de leur voyage philosophique de trois plombes ? Fin bon, Elen, il est bien mieux avec toi qu’avec tout ça sur le dos, crois-moi.

- Ce qui est bien, avec vous autres les Elfes, c’est que vous avez le temps de changer, de mûrir. Les Olympiens n’ont pas cette chance, nous gardons nos défauts jusqu’au bout ! Répondit Isa à propos de l’évolution d’Elen. Je ne sais pas non plus pourquoi ils sont tous partis mais je suis d’accord avec toi que ça n’apporte pas grand chose, ils seraient bien plus utiles parmi les Loups. Quoi que... Après tout nous faisons la même chose, sauf que ça ne durera que quelques saisons et que nous ne prétendons pas en ramener la sagesse universelle, de notre escapade ! Par contre quand Elen rentrera, il sera père. J’espère que ça ne le chamboulera pas trop.

- Va être chiant, je te préviens. Tu l’auras plus pour toi si tu te laisses faire. Tout pour le gosse, c’est certain. T’as plutôt intérêt à défendre ta croûte.

- Ce n’est pas grave. Dit-elle avec un demi-sourire.Je lui dois bien ça et puis ce sera mieux pour le petit. Un papa Chaman, il faut savoir en profiter.

- Au même titre qu’un mari Chaman, il me semble.

- Oui. Mais ce n’est pas la même chose... Evonis, tu sais que...

Elle se mordilla les lèvres, sans savoir comment dire au Loup ce qui accaparait ses pensées depuis plusieurs jours. Alors qu’ils arrivaient près des traces qu’ils avaient repérées, elle passa son embarras sur les noeuds à réaliser avec les cordelettes qui serviraient de collets.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 23/09/2012 à 18:41

- Oh bah ça ! Quelle aubaine ! Fit le Loup, désignant un sanglier de belle taille plus loin, bien plus loin, alors que le vent leur était favorable : la bête ne les avait par vus. - Je crois que les lièvres vont dormir sur leurs deux oreilles. On va manger du sanglier ! Tu t’approches pas, hein ? C’est costaud, ces cochonneries-là. S’il vient vers toi, tu l’choppes à la magie, hein ? Fit Evonis, grimaçant à l’évocation des sortilèges.
- D’accord... Souffla l’Olympienne, sans avoir aperçu l’animal dont Evonis parlait. Néanmoins, il ne fallait pas plaisanter avec des bestioles de cette puissance et elle remit les collets dans sa besace pour avoir les mains libres, au cas où. De toute façon, les ficelles n’auraient eu aucune chance de se resserrer autour des cous des lapins, vu comme elle s’y était prise pour les nouer...

Evonis ne perdit pas une minute. Il coupa plusieurs jeunes arbres solides de son épée et il tailla rapidement plusieurs lances rudimentaires. Il en tendit une à Isa.

- Si tu vois qu’il vient et que ta magie sert à rien, tu plantes ça dans la terre et tu le bloques avec ton pied. Comme ça qu’on arrête une charge de cavalerie. Le machin devrait s’empaler dessus. M’enfin, t’en auras pas besoin.

Sans vouloir contrarier l’Ashka, Isa se dit qu’elle préfèrerait de loin grimper à un arbre et arroser le bestiau de sortilèges plutôt que de l’affronter en pleine charge avec une lance à peine plus solide qu’une canne à pêche ! Sauf que... Escalader un arbre n’était plus dans ses compétences, à une vingtaine de jours de l’accouchement.

L’affaire fut expédiée en une course rapide et une estocade qui laissa l’animal aussi surpris que mort. Evonis revint vers l’Olympienne, la lourde carcasse du sanglier sur les épaules, l’air satisfait. Les choses avaient bien tourné. C’était une bonne journée. La bête était plus maigre qu’il ne l’avait crue, et bien moins combative que celles de forêt des Cendres. Mais au moins, ils auraient de quoi dîner !

- Bien joué, Evonis ! J’ai à peine eu le temps de l’apercevoir avant que tu ne le tues. Et j’aime autant, à vrai dire.
- Ouais. La lance, c’était vraiment au cas où, tu sais. Et t’avais tes sorts. J’l’aurai pas laissé aller vers toi de toute façon. Mais on sait jamais...
- Bien sûr mais comme tu dis, on ne sait jamais. A sa façon, Evonis était aussi prévenant qu’Elen et c’était sans doute pour cela que son époux l’avait laissée partir avec sans se faire de souci. Elle réalisa soudain qu’ils venaient de terminer leur partie de chasse et qu’il n’y aurait plus qu’à rentrer au campement. Evonis, je voulais te demander quelque chose.
- Je ferai de mon mieux pour satisfaire ta demande. Enfin, si c’est possible. Pas de trucs magiques, hein ?
- Oh non ! Rien de sorcier, vraiment... Elle fit quelques pas lents en direction du retour, ses mains se posant sur son ventre, protectrices. Le bébé va être bientôt là, nous sommes tellement impatients, Elen et moi ! Evonis... Il faut qu’il naisse, avec les meilleures chances possibles. J’y tiens plus que tout. Il n’y a pas de raison pour que ce ne soit pas le cas mais tu sais qu’il y a toujours un risque. Alors... S’il y a un choix à faire et qu’Elen hésite, je compte sur toi. Pour que ce bébé vive. Ce sera peut-être le seul que je pourrai donner à Elen. C’est déjà une bénédiction que notre union ait été féconde si vite. Aussi je me dis que ce miracle sera sûrement unique.
- Il t’arrivera rien, Isa. Luwö te protège, t’as bien vu, nan ? On a été assez surpris comme ça que le Grand Loup désigne une Olympienne pour pas le mettre en doute. Ajoute à ça que Elen est un peu médecin. Le gosse, tu l’auras et t’en profiteras longtemps. Pour sûr ! Mais bon, si faut promettre, je promets. C’est comme la lance. Au cas où. Mais y’a aucune chance que je m’en serve de cette promesse...
- Merci, Evonis. Oui c’est comme la lance, mais cela me fait une inquiétude de moins, ce qui ne pourra qu’aider à ce que tout se passe bien.
- Mais t’inquiète pas, Elen remuera ciel et terre pour que tout aille bien. C’est pas son genre d’abandonner. Il est aussi têtu qu’une mule.
- Ah ça ! Admit-elle en riant. Mais parfois l’obstination n’est pas la bonne méthode. Il est rigoureux et savant mais, dans des circonstances si particulières... Bref, j’ai ta parole, tu n’auras sûrement rien à faire mais... C’est un soulagement pour moi. Et toi et Aileen alors ? Pas pour tout de suite l’agrandissement de la famille ?

Il ne put que partiellement réprimer une grimace.

- Les mioches, c’est pas mon truc. Pis à la Tanière, y’a pas mal de gosses sans parents. Alors s’il me prend l’envie de jouer les pères, j’vais les voir eux. Erya m’aime bien, je crois. Une chouette gosse.
- Oui elle est gentille. Et futée ! Cela me rassure aussi de voir qu’une enfant au sang mêlé n’est pas laissée à l’écart des jeunes Loups. Mais profite parce qu’Aileen risque de vouloir pouponner, un de ces jours. Même si évidemment... Un de ces jours chez les Elfes, ça peut être dans longtemps.
- Aileen ? Elle en veut déjà des gamins. Elle le sait juste pas. M’est avis qu’on pourrait se mettre d’accord très rapidement.
- Oh ce serait bien ! J’aurais l’occasion de les connaître alors ! Parce qu’imagine que vous vous décidiez dans cent ans, ce sera cuit ! Et puis dis-toi qu’au pire, cela ne perturbera ton quotidien que durant une paire de décennies, ce n’est pas grand chose pour vous. Fit-elle, un brin moqueuse. Toujours est-il qu’Evonis devait vraiment tenir à Aileen pour accepter une paternité alors qu’il n’avait pas l’air emballé. Néanmoins, il serait un très bon père, quoi qu’il en pense. Vous ferez une jolie famille.
- Merci. Et qu’est-ce que tu en sais que dans cent ans ce sera cuit, d’abord ? T’es une fille du Grand Loup, maintenant. Avec le Saïka et le reste. Alors t’es moitié Elfe, je pense. Et c’est bien connu que Luwö préfère les dames. Comme t’as l’air de beaucoup lui plaire, j’le vois bien te faire une fleur.
- Moitié Elfe ? Elle marqua un temps incrédule - même si Luwö l’avait acceptée, elle n’en espérait pas tant - avant de reprendre sur le ton de la plaisanterie. On verra bien si d’ici trente ou quarante ans je ne commence pas à être sérieusement ridée. Mais Elen a dit qu’il m’aimerait même lorsque je ressemblerai à une vieille pomme alors ce n’est pas grave !
- Pour sûr on verra dans quarante années qui a raison. Et ce sera pas toi ! Tu seras aussi fraîche que maintenant, tu verras !
- Alors je te ferai mes plus plates excuses !

Déjà de retour au campement, Evonis exhiba le sanglier. Il le déposa près du feu, pour que Elen s’en occupe, sitôt qu’il aurait fini de réparer sa roue. Ce dernier ne put s’empêcher d’aller à la rencontre de son épouse, pour voir si tout allait bien, tandis que l’Ashka lançait à qui voulait bien l’entendre :

- Vous avez vu ce que Isa a déniché ? Et sans la magie ! Tout à mains nues, j’vous dis !
- C’est toi qui... Hum... Je ne pensais pas t’avoir entraînée aussi sérieusement, ne lele. Fit le Chaman, très fier.
- Mais non, Evonis vous fait marcher. Dit Isa après un éclat de rire. Je n’ai même pas vu l’animal avant qu’il ne le juche sur ses épaules. Encore quelques leçons en perspective Elen ! Elle se coula contre lui et l’embrassa tendrement.
- Encore quelques leçons...



[...]



el Par Aileen  le 23/09/2012 à 18:43

Avec l’arrivée des grands froids, vint le moment où ils durent se décider s’ils poursuivaient leur route ou s’ils établissaient un campement un peu plus élaboré pour passer le pire de la mauvaise saison. Elen, comme sa femme et sans doute d’autres étaient curieux de connaître le devenir des Humains et leur demeure pouvait devenir un abri, pour un temps. Le problème était que personne, a priori, ne savait où exactement ces gens avaient vécu et résidaient peut-être encore.

Il y avait bien cette communauté naine de pêcheurs de nacre dont ils avaient rencontré quelques individus lors de leur expédition pour empêcher la destruction de l’Arches des Glaces, mais elle était établie assez loin à l’Ouest, sur les bords du Lac de Givre, près de la source de la Rivière des Glaces.

Sans informations plus précises, ils devraient prospecter sur une très - voire trop pour Isa - longue distance à la recherche des constructions humaines. Les Olympiens connaissaient la Brèche d’Hermès mais sa localisation avait été trompée au fil du temps par des rumeurs de plus en plus abracadabrantes.

- Alors d’après vous, est-ce que des Humains vivent encore ici ? Avons-nous une chance de les trouver ?

- J’aimerais bien, ne lele. Pour te mettre au chaud. Voyager vers le Sud est exclu : l’hiver sera partout bientôt.

- Hum... Je n’ai jamais vu les Humains, j’en ai juste entendu parler, il y a longtemps... Je sais juste qu’ils étaient au Nord, alors si on doit les trouver, il ne va pas falloir compter sur moi ! Fit Aileen en haussant les épaules.

- Je sais où ils vivaient, du moins dans quelle zone les trouver : je n’y suis jamais vraiment allé. Mais c’est un fait bien connu : ils vivent au nord-ouest de Lardanium, dans les glaces qui demeurent aux saisons chaudes. Mais il n’est pas certain qu’ils s’y trouvent encore, et moins encore qu’ils nous fassent bon accueil. Une seule Humaine appréciait les Elfes, du moins certains d’entre eux, et c’est la dame dont je t’ai parlé : Minuit.

- Sacrée Cathy ! S’exclama tout haut la lutine qui s’était perdue dans ses souvenirs. Quand je repense à tout ça !... Continua-t-elle avant de se rendre compte de sa boulette. En effet les Humains qu’elle avait croisés lui avaient demandé de garder le secret sur leur rencontre et sur leurs existences.

- Alors nous aurons à fouiller au moins à partir des glaces que l’on trouve directement au Nord d’ici. Et Isa n’en semblait pas particulièrement emballée car cela représentait des jours et des jours de marche dans la neige et le blizzard de l’Engourdissement. Puis, étonnée par Tizi, elle demanda : Cathy ? Qui est-ce ?

- Heuuu… Une amie, c’est une amie ! Dit-elle un peu embarrassée avant de reprendre : ... Ou plutôt une connaissance ! La lutine n’était guère crédible et son malaise se ressentait.

- Etes-vous surs qu’il est sage de vouloir rechercher la trace de ces Humains ?!... Je veux dire, on ne sait pas ce qu’ils sont devenus, ni s’ils souhaitent voir du monde...

Tizi avait peur que Cathy ne l’accuse de leur avoir tout révélé si elle l’apercevait à leurs côtés, mais d’un côté le groupe semblait bien décidé à trouver ce fichu QG et la Lutine se devait de les mettre en garde contre ces affreuses machines bruyantes !

- Et puis c’est dangereux par là-bas, il parait qu’il existe des monstres à la peau aussi dure que le roc et qui émettent des sons étranges ! Tizi espérait que ça les dissuade sans pour autant avoir à trahir sa parole.

- On n’aura pas besoin de chercher, Tizi. Je sais approximativement où se trouve les lieux. Et ces monstres ne doivent pas avoir pour ordre d’éliminer tous les intrus... Enfin j’espère...

- J’ai lu dans certaines archives de la grande bibliothèque de Lardanium que ces monstres étaient en fait des golems très complexes, immenses, qui crachaient du métal enflammé par des gueules plus nombreuses que celles des hydres légendaires. Dans le regard d’Isa, l’on pouvait voir une certaine curiosité mêlée de crainte. Et ton amie Cathy y est déjà allée ? C’est elle qui t’a raconté ces choses ?

- Hum... Cathy... Hum... J’ai entendu dire qu’une Cathy accompagnait le seigneur Dakon lorsque Faceo a inauguré son temple pour Athéna. Elen grimaça : il trouvait que Faceo avait commis une gageure en s’associant avec les Dieux. - Evonis, tu peux me le confirmer ?

- Ouais, ouais... J’m’occupais du relationnel pendant que toi tu t’amusais avec tes Sylphes à la Mer d’Émeraude ! Heureusement qu’il y a eu cette fête. Et cette chasse aussi ! On a bien mangé ce jour-là, avec la Reine et tout le gratin des lèche-pompes nobles, en plus de cet abruti de Khylion et de ses laquais. Y’avait bien une Cathy, comme je te l’ai dit la dernière fois. Un joli petit brin d’Olympienne ! Hum... Enfin, pas mal quoi. S’empressa-t-il de corriger. Elle accompagnait le seigneur Dakon. Elle le couvait un tantinet du regard, si tu vois ce que je veux dire. Fit Evonis, gratifiant le Chaman d’un coup de coude. Mais je crois que Gaver lorgnait dessus bien plus que messire Dakon.

- Ça ne m’étonne pas de lui. Répondit Elen, se massant le bras.

- N’empêche, je ne vois pas ce qu’une jeune dame olympienne accompagnant un grand seigneur olympien viendrait faire ici. C’est idiot.

- Humpf, et depuis quand tu t’intéresses aux “jolis petits brins d’Olympiennes”, toi ? Grogna Aileen en reprenant les mots du Loup, d’une mine vaguement boudeuse. En plus on ne s’amusait pas, on était en mission.

- Oh, bin à l’époque, je m’intéressais à beaucoup de dames, tu sais, Ailou. J’te connaissais pas assez. Les Sylphes vivaient pas encore à la Tanière ! Mais pour sûr si je t’avais connue à l’époque qu’elle ne m’aurait pas du tout marqué, la dame.

- Si tu le dis... Répondit la Cerf, ne semblant qu’à moitié convaincue par la franchise du Loup.

- Mais alors.... Si c’est bien cette femme, ce serait donc une Rebelle ? Tizi, tu sais où ils se cachent ? S’exclama Isa, surprise que la Lutine, amie de longue date de l’ancien Grand Pontife, puisse frayer avec des ennemis de la Cité Blanche.

- Heuuu non non !!... Elle n’avait rien à voir avec les Rebelles… Enfin je crois. La lutine semblait assez troublée et ne savait plus quoi répondre.

- Quant aux monstres je ne parierais pas sur une entente cordiale… C’est que dame Isa a raison, ils sont redoutables !… Ho et puis zut, il faut que je vous avoue quelque chose !



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

ldf Par Tizi  le 23/09/2012 à 21:12

Tizi savait qu’elle n’avait plus le choix, et puis si elle ne les mettait pas en garde contre ces étranges créatures, qui sait ce qui pourrait arriver. Elle fit donc en sorte de parler à voix basse pour éviter que Odeli et Rorschach ne l’entende, elle n’avait pas entièrement confiance en eux.

- J’ai déjà croisé les Humains, je suis même entrée dans ce qu’ils appellent leur “base” ou un “QG” !... Cette Cathy en faisait partie, et les ingénieurs olympiens qui sont venu nous aider pour réparer l’arche aussi… Ils ont juste utilisé des subterfuges en mettant des pastilles orange sur leurs yeux pour se faire passer pour des Olympiens.

La lutine commença à leur détailler les péripéties qu’elle avait vécues dans le grand froid, des objets bizarres qui produisaient de la chaleur, des parois transparentes récalcitrantes qui s’ouvrent et se ferment toutes seules… Enfin quand ses dernières fonctionnent correctement !
Mais elle insista sur la dangerosité de ces machines froides et aussi solides que l’acier, elle n’oublia pas de préciser la nature perverse de certaines d’entre elles qui se faisaient un plaisir à déshabiller les demoiselles.
Bref un récit bien détaillé comme à son habitude.

(HRP, suivre ce lien pour plus de détails : http://legends-of-olympia.net/archives/voir.php?f=3&topic=3630))

- Mais s’il vous plaît, gardez cela pour vous, elle m’avait fait jurer de ne rien dire à personne !

Le récit exhaustif de Tizi laissa Isa perplexe. Tour à tour étonnée, effrayée, un peu reconnaissante aussi, elle avait appris que ces êtres s’étaient glissés parmi eux - anonymes bien que, paraissait-il, terriblement puissants - pour les aider. Elle ne savait plus quoi penser. Devaient-ils prendre le risque d’affronter ces machines imprévisibles, voire l’inconstance des Humains dont les livres parlaient ? D’un autre côté elle faisait confiance au jugement d’Elen envers eux, ils ne devaient pas être si bizarres que cela pour avoir acquis certains égards du Chaman...

- Ainsi tu n’as vu ni Dakon ni cette sorcière rousse ? Cathy n’a pas parlé d’eux ? Demanda-t-elle à la Lutine en glissant un regard sceptique à Elen.
- Heuuu nan nan !! Je n’ai vu qu’elle et les ingénieurs qui l’accompagnaient !... Mais elle était très gentille... S’empressa de rajouter la lutine.
- Je veux bien te croire... Mais ils ont quand même l’air... Bizarre... Fit Aileen, un peu dubitative.
- Si je ne sais rien de ces Golems, je sais cependant que les Humains sont des gens d’honneur. Ils ne verront pas en nous une force d’invasion sur leurs terres. D’une, notre groupe est trop hétéroclite. De deux, nous ne sommes pas assez nombreux. Non, non. Au pire, ils penseront à une délégation.
- Alors nous n’avons plus qu’à suivre Tizi. Le choix d’Elen semblait arrêté et l’Olympienne tenta de rassurer la Lutine. Ne t’inquiète pas, ton amie humaine ne pourra rien te reprocher, ce n’aurait été qu’une question de temps pour que nous les trouvions, avec ou sans tes révélations.
- Et admirer leurs constructions de loin ne va leur porter aucun préjudice. Nous ne sommes pas là pour nous faire inviter, à moins qu’eux juge la chose appropriée.



el Par Elen  le 23/09/2012 à 22:12

Lorsqu’ils se décidèrent, ce fut pour emprunter le passage étroit entre les premières glaces perpétuelles et les rivages de la Mer d’Emeraude. Ils longèrent l’étendue qui prenait désormais une couleur sombre, assortie aux nuages menaçants qui couraient dans le ciel. Parfois pourtant un temps sec et clair lui rendait ses teintes chatoyantes mais il aurait fallu être bien courageux pour risquer un bout de pied dans les eaux glaciales.

Sur l’île dont les Olympiens revendiquaient la possession et qui avait été récemment dévastée par un tsunami, Elen crut apercevoir les lueurs d’un feu de camp, confirmé par quelques senteurs de brûlé qui dénotait des fragrances maritimes habituelles. Cependant, celui ou ceux qui campaient là restèrent discrets et le groupe continua sa route.

La végétation changeait et se faisait rase. Quelques bosquets çà et là ne permettaient qu’à quelques arbres trapus de vivoter et il devenait difficile de guider la carriole sur le sol inégal dissimulé par les chutes de neige régulières. Peu visibles, les trous devenaient pour les roues autant de pièges qu’il fallait déjouer pour ne pas avoir trop de casse et le cortège largement couverts d’épais manteaux, de capuches rabattues jusqu’aux yeux, de gants et de bottes fourrées vit sa progression sensiblement ralentie.

Une demi-saison plus tard, ils espéraient toujours arriver au QG humain, guidés par les indications précises de Tizi. D’après elle, quelques dizaines de lieues les séparaient de l’abri qu’Elen comptait y trouver. Et des machines mortelles que d’autres redoutaient.

Le Chaman partait régulièrement en tête du convoi, préférant vérifier que la route était libre. De loin en loin, le groupe se reformait pour s’allonger de nouveau, jusqu’au soir où ils établissaient un campement.

Mais ce jour-là, alors que les Titans avaient dépassé leur zénith avec toutes les difficultés du monde dans cet air glacé, Isa ressentit des douleurs plus fréquentes qu’à l’accoutumée et l’évidence lui apparut. Elle tourna la tête pour chercher qui pourrait prévenir son époux sans que cela déclenche un remue-ménage excessif... Il n’était pas nécessaire de s’affoler, il faudrait des heures avant que les prémices de la naissance à venir ne se transforment en véritable travail. Néanmoins, la nuit tombait vite et elle préférait être bien installée pour la soirée qui s’annonçait fort longue...

- Dalhia... Fit-elle au Lutin qui marchait aux cotés de Tizi, non loin de la charrette. Est-ce que tu pourrais aller dire à Elen qu’il faudrait s’arrêter un peu plus tôt aujourd’hui, s’il te plait ?

- Ha ? Ho, d’accord ! J’y vais ! Répondit le lutin avant de partir en courant droit devant lui.

Un peu plus loin, il reconnut la haute silhouette du Chaman. Sans ralentir, il récapitula mentalement le message qu’Isa lui avait confié. Il fallait s’arrêter. Pourquoi ? Elle lui avait dit ? Ou pas ?

- M’sieur Eleeeeeen ! Fit-il en approchant. Euh, je... Madame Isa, elle dit qu’il faudrait s’arrêter !

- S’arrêter ? Soit. Nous ferons halte là-bas, à l’abri de ce petit bois. Cela coupera les assauts du vent. Merci Dalhia. Je vais aller la voir.

Le Chaman se délaça les épaules, loin d’imaginer l’urgence. Il ralentit le pas, pour rejoindre son épouse dans la charrette. Avant même qu’il fut arrivé au véhicule que l’Olympienne suivait, il comprit soudain de quoi il retournait : le bébé ! Il courut jusqu’à Isa, et le visage tendu de l’Olympienne lui confirma son pressentiment.

- Isa, nous allons arriver dans quelques minutes. Je vais planter la tente immédiatement !

Il embrassa son épouse, s’empara de la-dite tente et de ses attaches, puis il fonça au pas de course en direction du bosquet qu’il avait repéré. Tant et si bien qu’il n’entendit pas son épouse qui essayait de lui dire que ce n’était pas si urgent que cela. Croisant Aileen et Evonis, il leur lança :

- Evonis, j’ai besoin de ton aide. Aileen, veille sur Isa ! Le bébé... Il arrive !

L’Ashka partit aussitôt à vive allure aux côtés du Chaman, dépassant successivement Dahlia et Tizi, puis Odeli, et enfin l’Oracle qui cheminait bon train à longues enjambées. Evonis prépara hâtivement un feu, récupéra de la neige qu’il mettrait à bouillir avec des linges, le moment venu. Elen, lui, monta en quatrième vitesse l’abri pour sa femme, puis il récupéra toutes les couvertures dont le couple disposait pour préparer un lit confortable : le travail pouvait durer longtemps. Lorsque la charrette rejoindrait le campement, tout serait paré ou près de l’être : Elen avait même vérifié son stock de potions, savait-on jamais.

De son côté, Aileen n’avait pas attendu une seconde de plus et, alors que les deux Loups s’agitaient et préparaient le campement, avait fait immédiatement demi-tour, revenant rapidement sur ses pas jusqu’à rejoindre l’Olympienne.

- Isa ! On a croisé Elen, on va s’arrêter un peu plus loin et il est en train de tout préparer avec Evonis. Ça va aller ?

- Je voulais lui dire que ce n’était pas si pressé mais il a filé ! Oui ça va aller, ce n’est guère plus désagréable que de petites crampes d’estomac de temps en temps, ne vous en faites pas.

- Au moins tout sera prêt quand on arrivera ! Répondit Aileen en riant de l’empressement du Chaman. Rien de surprenant, en somme... Elen te conseillerait sûrement de monter dans la charrette pour économiser tes forces mais comme on n’est plus très loin, ça ne changerait pas grand chose... Enfin, c’est comme tu préfères !
- J’ai l’impression d’être toute tassée quand je m’assoie. C’est qu’il est devenu énorme ce bébé... Autant ils sont deux, ça ferait la surprise ! Elle sourit, tâchant de dissimuler une certaine crispation.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 24/09/2012 à 07:55

Ils ne mirent pas longtemps à rejoindre le bosquet et Isa constata qu’Elen s’était affairé pour douze au moins ! La tente était montée, doublée à l’intérieur de fourrures qui les isolerait totalement du froid. Les bagages furent déchargés en un tour de main et Isa, pour la première fois de leur périple, prit le petit coffre à vêtements de leur futur enfant pour l’amener sous la tente.

- Merci Evonis, Dit-elle au Loup en rejoignant les deux hommes. Reposez-vous un peu tous les deux, ce n’est pas pour tout de suite vous savez...

Elle posa un regard appuyé sur l’Ashka, pour être sûre qu’il se rappelait sa parole donnée. Elle comptait sur sa présence, voire son esprit d’initiative, s’il fallait en arriver là. Celui-ci haussa négligemment les épaules avant de faire volte face.
Par contre, l’Olympienne redoutait que la situation gêne Aileen, un peu plus sensible que leurs compagnons, et lui dit d’emblée pour que l’Intendante n’angoisse pas au final plus qu’elle :

- Aileen, écoute... Tu n’es pas obligée de me veiller ni... Ni même de rester dans les parages. Si tu préfères... Nous dégoter quelques lapins pour ce soir, ce n’est pas un problème.
- Ne t’en fais pas pour moi, Isa, je saurai me débrouiller ! Répondit-elle en souriant. La Cerf ne pouvait s’empêcher de trouver amusant le fait qu’Isa s’inquiète pour elle alors que l’arrivée du bébé était bien plus préoccupante que le bien être de la jeune Elfe...

La soirée vint après que les corvées quotidiennes furent terminées : les bêtes à l’abri sous des couvertures près de la carriole, les compagnons réunis autour d’un feu de camp. Isa faisait mine de s’occuper mais s’allongeait parfois, ou parcourait de quelques pas le cercle de lumière dispensé par le feu de camp, pour limiter les crampes. Il devenait de plus en plus évident que l’enfant ne tarderait plus à faire son entrée dans un monde bien moins confortable que celui qui l’abritait depuis six saisons.

Elen, à qui Isa avait dit de cesser de faire les cent pas, couvait son épouse. Installé auprès d’elle, il discutait de tout et de rien, autant pour calmer l’appréhension éventuelle de la jeune femme que la sienne. Il n’osait pas s’éloigner de plus de quelques mètres de la jeune femme, de crainte que le bébé n’arrive en son absence. Il empoignait la main la plus proche de sa belle, la caressant machinalement de son pouce, tout en parlant.

- Je suis désolée Elen, c’est bête, nous sommes très près. Mais l’idée de mettre notre enfant au monde chez eux ne me plaisait pas trop. Le bébé l’a peut-être senti... Tu sais toutes ces machines...

L’environnement étrange, ces choses qui s’agitaient alors qu’elles auraient dû être inanimées, du verre et du métal, cette énergie des Dieux qui couraient dans de vulgaires fils l’auraient terriblement inquiétée. Au moins la forêt, même glaciale et inamicale, ne recelait que des inconvénients ou des dangers auxquels ils étaient rompus.

- Ne t’inquiète pas, ne lele. Je veux que tout se passe au mieux pour toi et l’enfant. Tu seras bien installée ?
- Oui oui, ça sera parfait. Elle se blottit un instant contre lui avant de réprimer une grimace. D’ailleurs je crois qu’il est tant...

Elle n’avait réussi qu’à boire un peu de soupe mais cela l’avait bien réchauffé. Elle fit mine de se lever, pressée de se mettre à l’aise sous leur tente.

Evonis, lui, vaquait à ses occupations, tranquillement, auprès du feu. Il marmonnait quelques prière à Luwö pour la santé de l’enfant et de la future mère.
Il lançait de temps à autre des regards à sa cousine, quelque peu en retrait depuis le début du voyage. Odeli ne semblait pas à l’aise avec les non Loups. Surtout depuis que Ash s’était décidé à repartir méditer dans son coin. Pourtant, qu’est-ce qu’elle avait mûri, sa cousine, depuis qu’il l’avait connue tout gamine, à chiper des friandises en cuisine !
Il se dressa d’un bond, ses pensées chassées par un curieux sentiment :

- Cousine, messire Oracle, nous ne sommes pas seuls. Dalhia, Tizi, allez vous mettre à l’abri. Prévenez les autres...
- Euh, d’... D’accord ! Fit Dalhia, sans vraiment comprendre ce qu’il se passait. Mais ça n’avait pas l’air rassurant...



el Par Elen  le 24/09/2012 à 09:31

Le Loup plissa les yeux, pour tenter de découvrir un mouvement et ce qui pouvait être à l’origine de cette impression. Sa main sur la garde de son épée, il s’avança en direction d’un buisson dense qui pourrait être une excellente cachette. Il allait fureter autour du campement. Si ces Golems dont les autres avaient parlé se trouvaient dans les parages, il devait s’assurer qu’ils seraient amicaux.

Il découvrit une trace fraîche dans la neige. Un seul animal. Une empreinte reconnaissable entre toutes. Celle d’un loup de belle taille. Il haussa les épaules. Si ce n’était que cela... Partager les provisions avec un frère devrait l’amener à les aider. Il fallait qu’il prévienne Elen. Il fit volte face, lâchant aux autres :

- Ce ne sont que des loups...

Pourtant une étrange impression de danger attirait son regard vers les ténèbres environnantes.

- Des loups ? Ça... Ça ira, alors ? Répondit Aileen, s’approchant discrètement avant de s’arrêter à quelques pas derrière Evonis. Elle n’avait pas hésité lorsque Dalhia était arrivé pour les prévenir qu’il y avait “quelque chose”, rejoignant immédiatement son Loup, juste au cas où...

- Bouge pas, Ailou. Ils doivent pas être amicaux. Se montreraient, sinon. Doivent avoir faim, les frères. Tu pourrais aller me chercher les restes du sanglier ? Ceux qu’on a laissé fumés. Fit l’Ashka, les yeux de nouveau pointés sur le bosquet dense. J’vais aussi avoir besoin de notre fainéant de Chaman. Pourra papoter avec eux pour les calmer, si besoin.

- Fainéant toi-même ! Répondit une voix, derrière eux. Alors, on a quoi ?

- Des Loups... Je vais te chercher ça, Evonis. Fit Aileen avant de faire rapidement demi tour pour tendre l’offrande à l’Ashka.

- Des Loups... Oracle, vous feriez mieux de vous planquer. Ils doivent se rappeler la dernière fois...

Elen s’avança ensuite vers les bois, confiant, le front plissé de concentration. Déjà son Finyë étincelait, désignant son appartenance aux fils de Luwö. Les loups, s’ils étaient là, ne manqueraient pas les énergies de Evonis, Odeli et Isa. Une vraie petite meute. Il lança à la forêt d’une voix forte :

- Ne o Elen, luwön duthn Chamane. Ony les nyar, vala !

Le silence dura quelques secondes puis un long grondement répondit à Elen. Sourd, grave, inquiétant, comme si la nuit elle-même produisait ce son. Puis deux éclats ambrés apparurent à côté d’un tronc épais. La hauteur du regard laissait présumer un animal presque deux fois plus gros que les loups qui habitaient la Foret des Cendres. Il s’écarta de l’arbre et sa silhouette se détacha à peine, blanche et vaporeuse sur fond de neige, ses yeux braqués sur l’Elfe inconnu.



- Viande, Evonis.

Le Loup lança au Chaman les pièces de viande rescapées du sangliers. De beaux morceaux, qu’ils avaient fumés pour le voyage. Mais la zone nord était plus giboyeuse qu’ils ne l’avaient envisager : pour des Elfes, en tout cas, les lapins devenaient des proies aisées. Pour le grand loup blanc, ce devait être une autre paire de manche. Le Chaman déposa la chaire séchée, énonçant les phrases rituelles en Loup Ancien, sans quitter le l’animal des yeux, celles là même qu’il avait énoncé lors de leur arrivée première dans le nord Isa et lui : « Ô frère du nord, que la paix soit sur les tiens. Renouvelons l’amitié de nos meutes. Je te donne mes forces… ».

L’animal ne broncha pas, ne prit même pas la peine de humer la viande pourtant alléchante. Son regard toujours dardé vers Elen, il semblait mépriser son offrande. De loin en loin, d’autres grondements s’élevèrent à travers le bois et le Chaman en ressentit toute la provocation. Puis, aussi soudainement qu’il était venu, le loup disparut et le silence retomba sur l’orée du bosquet.

- Ils se souviennent... Ou ils auront été prévenus par d’autres de leur espèce... Ces ankinï m’ont fait passer pour un parjure. Et ces frères-là ne craindront pas le feu... Laisse la viande là, Evonis. La nuit sera longue. Mais je ne m’abaisserai pas à tuer un frère avant qu’il n’ait ses crocs autour de ma gorge, Luwö m’en soit témoin.

- Ce sera trop tard, à ce moment-là... Commenta Evonis sur un ton lugubre.

Isa avait entendu tout d’abord ses compagnons se lever et bouger quelques affaires. Elle crut alors que le froid mordant avait eu raison de leur envie de discuter autour du feu mais les grondements qui résonnèrent à quelques dizaines de toises, tout au plus, du campement l’inquiétèrent. Les mules non plus n’étaient pas tranquilles et la jeune femme les entendait hennir et jouer du sabot de temps en autre. Elle passa la tête dans l'entrebâillement des toiles, vit aux lueurs des lanternes que certains avaient rejoint leurs abris mais il en manquait d’autres... Dont son époux.

- Evonis, tu vas veiller sur Isa. Je vais les attendre.

- Pas question que je te laisse les attendre seul. Ce sont des Ashkas qu’il leur faut pour faire face.

- Personne ne leur fera face. Rejoins Isa, et rassure-la.

- Mouais... C’est ton travail, ça aussi. Alors tu vas sous la tente de ta femme, dire bonjour à ton gamin, moi j’m’occupe des frères. Chuis plus grand et plus balèze qu’eux. M’attaqueront pas avant d’avoir boulotté la viande qui traîne. Au pire je leur filerai une des deux mules. Seront contents...

- Tu es sûr que...

- Va voir ta femme, bougre d’andouille. Elle a plus besoin de t’avoir dans les pattes que moi, tout Chaman que t’es !

- Luwö le setho.

Le Chaman obtempéra et rejoignit Isa, laissant Evonis campé bien droit, les poings sur les hanches, observant la forêt. Les choses auraient pu être pire. Le loup s’était signalé, au moins. Ils savaient à qui ils avaient affaire, et réciproquement. Peut-être les bêtes hésiteraient-elles à s’en prendre à des frères en qui coulaient le sang de Luwö. Mais la faim poussaient parfois les loups et les elfes de la Meute à s’entre dévorer...



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 24/09/2012 à 12:14

- Ça va Isa ? Fit-il, gratifiant la Cerf d’un regard reconnaissant.
- Oui... Qu’est-ce que c’était ? Des loups comme nous en avons vus près de l’Arche ?
- Oui... Des frères pas très heureux de nous revoir... Ils ne m’ont pas fait un aussi bon accueil que la dernière fois...
- Oh... Mais... Ils ne vont pas nous attaquer tout de même, on est bien trop nombreux.
- Ils sont intelligents et nombreux eux aussi... Et ils ont du sentir que tu portais notre enfant à naître... Nous avons contribué à sauver leurs filles et leurs fils, peut-être en tiendront-ils compte. Ils doivent être entrain de deviser entre eux, savoir si le Chaman d’une Meute soeur est une barrière suffisante face au meurtrier de l’un des leurs... Mais s’ils choississent de nous épargner nous, du clan du Loup, rien ne dit qu’il ne décideront pas de s’en prendre aux autres. A plus forte raison que l’Oracle est celui qui les a privés de l’un des leurs...
- Si on avait su... On pourrait partir... En quittant leur territoire, ce serait plus sûr pour tout le monde, non ?
- Et te faire cheminer maintenant ? Non. Ils souffriront notre présence, le temps que notre enfant pousse ses premiers cris.

La jeune femme lui sourit tendrement avant de retourner se pelotonner sur les couvertures. Les contractions devenaient de plus en plus fortes et Elen avait raison : quelques heures de voyage même couchée dans la charrette seraient un vrai calvaire. Elle tendit une main vers le Loup, l’invitant à la rejoindre.

- Vivement qu’il soit là.
- Vivement qu’il soit là. Murmura-t-il, la rejoignant pour l’embrasser tendrement.

Elle posa sa tête contre la poitrine du Loup. Le rythme de son coeur, fort et calme, la rassurait. Instinctivement, elle cala sa respiration sur celle de son époux, à l’écoute de son corps qui se mobilisait pour que l’enfant naisse. Elle ne cherchait pas à le contrarier, laissait ses sens lui dicter les postures, les inspirations et profitait des temps de plus en plus courts où la douleur s’estompait.

Quelques heures passèrent encore. Elle eut bientôt trop chaud et se défit de ses vêtements, avec l’aide bienvenue de son mari. Bien malin, le bébé n’avait pas encore décidé d’en finir avec sa bulle d’eau protectrice et Isa se prit à espérer qu’il naîtrait coiffé, comme on disait, signe de chance à venir, pour compenser le fait d’arriver comme elle , à la pire saison. Une pile de linges vint l’accueillir, sous une fine couverture. En chien de fusil, elle cala son dos confortablement contre le torse de son époux.

- Tu es sûr, il est bien placé ?

Elen avait déjà dû lui dire au moins trente fois mais en plus de vouloir en être certaine, elle recherchait le doux contact du Loup.

- Oui. Ne t’en fais pas, ne lele. Tout va bien se passer.

Confiante, elle resserra le bras d’Elen autour d’elle, en attendant que le pire vienne. Pour le meilleur, se dit-elle, et la famille qu’ils formeraient bientôt, tous les trois. Ses bras enroulés autour de son épouse, l’Elfe lui embrassait la nuque et les épaules avec tendresse.

[...]

Un soupir d’aise, un cri de joie puis les pleurs d’un bambin. Voilà ce qu’entendirent ceux qui veillaient encore, tard dans la nuit. Il avait sectionné le cordon avec les dents, ainsi que cela se faisait chez les Loups, puis il l’avait découpé plus proprement avec une dague stérilisée par les flammes.

- C’est une fille, c’est une merveilleuse petite fille, Isa ! C’est une fille !

A bout de souffle, Isa fixait Elen et la minuscule créature qui agitait les bras, la bouche grande ouverte pour exprimer son mécontentement d’avoir dû quitter son nid douillet, sans pouvoir rien répondre. La jeune femme se contenta d’assister à l’explosion de joie de son époux qu’elle partageait évidemment même si elle n’avait plus la moindre étincelle d’énergie pour lui témoigner en retour. Il déposa l’enfant contre le sein de sa mère, embrassant son épouse avec tendresse.

- Notre fille... Lilirei... Lilei... Finit par murmurer Isa, tandis qu’elle relevait ses yeux brillants d’amour pour le père de leur enfant. C’est...

Les mots lui manquaient, tandis qu’elle arrangeait une fine couverture pour les couvrir toutes les deux. Elle avait eu beau la porter six saisons entières, la serrer contre elle était une sensation incroyable. D’un doigt tremblant, elle soulevait la petite main que Lilei tenait en un poing serré. Elle semblait si fragile...
Les yeux étincelants de bonheur, le Loup couva la mère et la fille de son regard, trouvant le tableau à la fois touchant et magnifique. Plus que jamais, Isa semblait belle cette nuit-là, malgré le sang, la sueur et la fatigue.

- Ne li lelo. Murmura-t-il tendrement à sa femme, avant de l’embrasser. Ne lis lelo...

Après l’ultime délivrance, Elen obligea la jeune femme à boire une potion fortifiante qui réduirait considérablement les risques d'hémorragie et à avaler quelques cuillerées d’un gruau qu’il avait préparé à partir d’épis de blés sacrés dérobés un jour à Zagnadar. Ces plantes étaient bénies des Dieux et elles avaient intérêt à le prouver !

Mais elle n’eut pas le temps de terminer la collation que son époux avait préparée : une succession de grognements et de bruits de toiles déchirées brisa le silence nocturne autour d’eux.

- Ne bouge pas d’un pouce, ne lele.

Elen bondit hors de la tente, son épée s’ignifiant presque aussitôt qu’il l’eut en main. Lorsqu’il fut à l’extérieur, ce fut pour constater que des loups s’étaient infiltrés dans le camp. Aux pieds de Evonis gisait l’un d’eux, proprement assommé par le colosse.



el Par Aileen  le 25/09/2012 à 00:14

Les loups semblaient privilégier les proies qui leur paraissaient les plus faciles. Une mule fut égorgée sous les yeux roulants, affolés de l’autre qui tirait sur ses liens à s’en étrangler.

Un autre prédateur s'engouffra dans la tente où les Lutins avaient élu domicile pour la nuit. La toile de la tente fut rapidement transpercée par de nombreux carreaux d’arbalète, et le loup qui s’était aventuré à l’intérieur en ressortit bien plus vite qu’il n’était entré, surpris par l’opposition qu’il y rencontra.

Tizi, munie de son arbalète lourde, s’élança à leur poursuite proférant des jurons et des menaces en tout genre. La dernière fois on lui avait arraché de force ses vêtements et maintenant on faisait irruption dans sa tente…C’en était trop !

Inconsciente du danger potentiel, la lutine, vêtue d’un épaisse chemise de nuit et d’un long bonnet en laine, courut après eux. Malgré sa petite taille, Tizi pouvait aisément suivre la plupart des gens ou des êtres peuplant Olympia, en contrepartie sa fragilité lors des combats pouvait lui être fatale.

Dalhia était resté pétrifié face au loup énorme qui s’était soudain dressé devant eux, babines retroussées. Terrifié, le lutin sursauta lorsque Tizi, arbalète en main, se rua à l’assaut du monstre.

- A... Attends moi ! Fit-il lorsqu’elle sortit de la tente, en trombe.

Il ne pouvait pas faire grand chose pour l’aider mais l’idée de rester seul avec des monstres pareils qui rôdaient dans les parages ne l’enchantait pas vraiment... Et puis Tizi risquait de se faire mal, aussi...

- Dalhia !!! La Lutine s’était retourneé, inquiète; que faisait-il sans armes à la main !

Les loups profitèrent de se moment d’inattention pour se disperser un peu partout. S’en rendant compte la lutine arrosa du mieux qu’elle pouvait tout ce petit monde, tirant dans les fourrés et autres cachettes potentielles à une cadence plutôt élevée pour sa petite taille.

- Viens avec moi Dalhia, il faut qu’on se regroupe….Allons rejoindre Isa j’ai un mauvais pressentiment !... Et apporte ton arme et un stock de carreaux

La Lutine commençait à manquer cruellement de munitions, il faut dire qu’elle en avait gaspillé pas mal. Sûrement parce qu’elle était mal réveillée et ses yeux avaient du mal à suivre les mouvements rapides des assaillants.

- Ha... Je... D’accord ! Répondit le lutin, semblant à peine comprendre ce qu’il se passait alors qu’il s’exécutait, récupérant des munitions pour Tizi, non sans en faire tomber quelques-unes dans son empressement. Y.. Y en a partout... Fit il en revenant vers la lutine, désignant les grands loups blancs.

- Ce n’est pas grave Dalhia, on continue à avancer ! Le principal étant d’éviter de nous faire encercler… Et surtout de les tenir à bonne distance ! Car pour tout te dire je suis vraiment nulle dans les combats au corps à corps.

Les loups étaient étonnamment agiles et l’obscurité jouait en leur faveur. La lutine arrivait à faire mouche à certaines reprises mais la plupart de ses carreaux ne faisaient que les effleurer. Cela dit, c’était semble-t-il suffisant pour tenir l’ennemi à bonne distance tout en progressant vers l’endroit où devait se trouver Isa.

- Mais nom de Zeus, qu’ils arrêtent un peu de bouger pour que je leur en colle une entre les deux yeux !!. Grogna la lutine qui ne semblait pas apprécier d’être attaquée en pleine sieste !

D’autres loups évitèrent consciencieusement l’endroit où se reposait l’Oracle pour fondre sur la tente du Chaman. Deux énormes spécimens lui firent face et le défièrent. Babines retroussées sur des crocs démesurés, ils cherchaient clairement une ouverture pour attaquer la parturiente et son nouveau-né.

- Jia Luwö, kene litith ! Mela ! Mela eg e nyjuno ! Ae ne huraro gelnelath ev ninië ! Hurla le Chaman à pleins poumons, son épée s’abattant déjà sur le premier arbre pour laisser croître les premières flammes de la soirée. Mela ! Abattant son arme sur un buisson tout proche, il poursuivit : Aga gene ot mela !

De concert, l’un des loups chargea Elen : sa gueule chercha à se refermer sur le bras armé, bien décidé à faire payer l’incendiaire de son domaine. L’autre bondit sur la tente laissée sans protection et la fit s’effondrer, la noyant de ses effluves glaciales. De ses pattes aux longues griffes, il voulut éventrer le tissu, mordant les fourrures pour en arracher des lambeaux et parvenir ainsi à ses proies. Evonis, suivi de près par Aileen, arriva presque instantanément à la rescousse de Isa, sa longue rapière bien en main, prêt à en abattre le manche sur le crâne de la bestiole.

- T’aurais mieux fait de prendre le sanglier, frérot. Fit-il avec simplicité, frappant d’un coup sec le loup.

Un jappement de douleur suivit de près le coup à la tête. Le loup flancha sur ses pattes mais se reprit suffisamment vite pour s’éloigner d’Evonis, bave aux lèvres.

- M’oblige pas à trancher dans le lard, frérot. Prévint Evonis, pointant sa lame en direction du loup, sans faire un pas vers lui.

Aileen attendit quelques instants, laissant Evonis attirer sur lui l’attention du loup avant de contourner l’animal, le plus discrètement possible. Isa était toujours là, avec sa fille, il fallait les mettre en lieu sûr et vite ! Gardant un oeil sur les animaux, elle se pencha sur ce qu’il restait de la tente, cherchant tant bien que mal à en dégager l’Olympienne.

Du coin de l’oeil, alors qu’elle tâtonnait pour trouver Isa dans les pans de toiles, elle vit le loup qui avait égorgé la mule, son museau rougi du sang de la monture, se faufiler derrière Evonis, toujours occupé à garder à distance celui qu’il avait à moitié assommé.

- Ho non... Souffla-t-elle en relevant les yeux. EVONIS, DERRIERE TOI !! Y en a un autre ! Isa, Isa tu m’entends ? Fit-elle, sans savoir ce qu’elle devait faire... Aider Isa ou Evonis ? Elle ne comprenait plus rien à la cohue qui régnait dans le camp.

- Là... Fit Isa qui parvint à sortir une main hors des toiles qui commençaient à l’étouffer. Elle n’osait pas se dégager plus efficacement, de peur d’exposer sa fille qu’elle tenait contre elle. Alors que la tente s’effondrait, elle n’avait eu le temps que de rouler sur le côté et se recroqueviller autour de son enfant.

Aileen écarta les fourrures en quelques gestes rapides. Elle s’écarta légèrement, prête à s’interposer si les animaux reportaient leur attention sur elles...

- Ça va, vous deux ? Murmura-t-elle, sans quitter les deux loups des yeux, tout proches...

- Prends Lilei... On étouffe là-dessous. Isa lui tendit sa fille, emmaillotée à la va vite dans une petite couverture.

- Oui, d’accord... Je vais vous emmener dans un endroit plus sûr. Répondit-elle, serrant la petite contre elle.

Evonis tournoya sur lui-même, son épée suivant le même chemin pour maintenir en respect les deux loups. Ce petit jeu, il ne pouvait pas le gagner. A deux contre un, maligne comme elles étaient, les créatures finiraient pas l’assaillir de part et d’autre. Et la question de la viande ne se poserait plus.

- Oracle ! Lança-t-il au Géant réveillé par l’agitation.Feriez bien de piétiner celui-là, que j’m’occupe de l’autre...



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

geant Par Rorschach Karnage  le 25/09/2012 à 00:49

Rorschach regardait tout ceci d’un oeil circonspect. Il ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Des loups qui s’attaquent à d’autres loups? Il s’étonnerait nettement moins qu’ils s’en prennent à la Cerf que l’on nommait Aileen. Il était spectateur de cette scène, assez amusé, il devait bien l’avouer.

- Comme c’est original ! Laissa-t-il échapper, un petit rictus ostensiblement affiché sur son visage.

Il posa ensuite son regard sur Isa Cestia et sa fille. Cela ne l’amusa plus. Il entendit ensuite Evonis lui demander de l’aide pour protéger les jeunes femmes, enfin c’est comme cela qu’il l'interpréta. Son honneur, ou son machisme diraient certains, ne pouvait en aucun le laisser assister à cette attaque une minute de plus sans intervenir.

- Chez moi, les géantes en détresse se doivent d’être secourues par les valeureux guerriers. Bon d’accord vous ne leur arrivez à peine qu’à la taille, mais je ferais comme si.

Le géant empoigna le manche de son fouet. Cette arme était un petit bijou qu’il maîtrisait chaque jour un peu mieux. Enroulé sur lui même tel un serpent, l’Oracle fit un geste assuré pour le déplier légèrement derrière lui. Il serra un petit peu plus fort la poignée de son arme puis d’un mouvement qu’il connaissait maintenant par coeur, brutal et souple à la fois, il lança les lanières de cuirs hérissées de crocs de vipères vers l’animal sauvage. Le fouet entoura l’échine du loup avant que les crocs ne s’ancrent profondément dans sa chair. L’animal était immobilisé.

- Je te tiens en laisse sale cabot, viens ici. D’un geste violent, il tira le loup vers lui. Le canidé atterrit à ses pieds, légèrement sonné. Désolé sale bête, mais tu es tombée au mauvais endroit au mauvais moment.

Rorschach piétina sans vergogne le loup. On entendit les os se briser sous la lourdeur des pieds du géant. L’animal était agonisant. Dans un dernier geste de compassion, Rorschach agrippa son trident, solidement harnaché dans son dos, l’extirpa puis l'enfonça dans le thorax du loup. Il atteignit le coeur sans détour. La bête sauvage venait de succomber. L’Oracle releva la tête, jeta un coup d’oeil à Isa et lui lanca :

- A votre service, madame. Mimant une courbette maladroite. Il rangea ses armes et regarda la fin du combat entre la Cerf et le loup.

En réponse, l’Olympienne hocha la tête, reconnaissante. Entre l’épuisement dû à l’accouchement et l’attaque qui prenait des allures de carnage, elle se retenait pour ne pas fondre en sanglots alors qu’il y avait visiblement plus utile à faire.

Aileen fit de même et remercia le géant d’un signe de tête. Grâce à lui, Evonis ne risquait plus rien... Mais quelque part, la violence et la brutalité de l’Oracle l’effrayaient. En un instant, le loup qui paraissait si redoutable et menaçant avait été réduit au silence, à jamais.

Elen fit volte face, pour tenter d’éviter l’assaut de son adversaire. Mais il était déjà trop tard : dans son mouvement, les mâchoires de l’animal glissèrent sur la peau du Chaman, imprimant de longs et profonds sillons sanglants à son avant bras.

- Ankini ! Vociféra-t-il, s’élançant, d’un bond prodigieux sur l’animal.

Que n’avait-il pas son bouclier sur lui pour assommer la bête. Au lieux de cela, le Chaman se retrouva accroché d’une main sur la bestiole, la mâchoire refermée sur la nuque poilue de l’animal, son épée enflammée brûlant les flancs de la créature dans le plus chaotique des corps à corps. L’odeur de chair grillée fut bientôt insupportable et l’animal se tordit de douleur, essayant de désarçonner l’Elfe. Quelques secondes plus tard néanmoins, il ne cherchait pas tant à happer la tête de son agresseur par de larges mouvements du cou et de pattes mais plutôt à se dégager pour fuir. L’aura glaciale que dégageait l’animal s’intensifia.

Le Chaman sauta loin de l’animal. Plus que jamais, son épaule étincelait. Changeant sa lame de main, l’autre étant devenue trop mollassonne et poisseuse pour la tenir, il cria, s’adressant au loup :

- Ninia ! Ninia, ke litith ! Ninia gelneleth ! Ninia ankinï !

Le loup grogna mais la correction avait été assez sévère pour qu’il n’insiste pas. Au moment où il allait faire demi-tour, son flanc ouvert et horriblement brûlé, deux détonations éclatèrent et l’animal s’affaissa à la plus grande stupéfaction du Chaman. Et dire que jusqu’à présent ils avaient épargné leurs frères... Il ne se posa pas plus de questions et se précipita en direction de son épouse, leur fille entre les mains de Aileen. Sa main droite tombante et sanguinolente pendouillant lamentablement, il interpella les deux dames :

- Dans la charrette, ne lele. Toi aussi Aileen, avec ma fille ! Tout de suite ! Quelque chose vient ! Mettez-vous à l’abri.

L’Olympienne se couvrit d’un pan de toile déchiré et obtempéra, son regard rivé à Lilei. La Cerf fit de même, jetant des coups d’oeils aux alentours, guettant le moindre danger. Elle attendit qu’Isa se mettre à l’abri et laissa la petite dans les bras de sa mère.

- Merci Aileen... Murmura Isa en cachant de nouveau sa fille contre elle. C’est un vrai cauchemar...

- T’en fais pas, ça va aller. Nos hommes se débrouillent bien. Répondit la Cerf avec un sourire, semblant bien plus confiante qu’elle ne l’était en réalité.

L’Olympienne vérifia que sa Prima Luwä était bien armée et fit son possible pour retrouver un peu d’énergie. Son Finyë, lentement, s’accrut jusqu’à ce qu’elle se sente capable de lancer quelques sortilèges pour aider Evonis à une douzaine de pas d’eux, voire combattre ce qui tirait sur les loups... Elle repensa aux Golems qui déversaient du métal brûlant et se fit toute petite dans la carriole.

Aileen serrait la poignée de sa rapière, restant à l’extérieur de la charrette prête à affronter ce qui pouvait arriver. De là, elle pouvait garder un oeil sur les combats, sur les loups... Et Evonis... Elle aurait voulu l’aider mais Isa ne pouvait, ne devait pas rester seule. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était surveiller les alentours....

Un tir d’arbalète vint figer un carreau dans la cuisse d’un des loups qui faisaient face à Evonis, offrant une opportunité à l’Ashka de défaire rapidement son adversaire.

- Merci Tizi ! Lança-t-il au hasard, en croyant que le projectile était dû à la Lutine. J’veux bien enlever le machin que t’as dans la peau, frérot, si tu te casses après. Fit Evonis, se rapprochant de son adversaire, le plat de la lame posé contre l’épaule.

Le loup recula lentement, les babines retroussées et ses oreilles en arrière, ses pattes fléchies comme s’il s’apprêtait à bondir, même si l’une semblait paralysée par le projectile. Deux détonations de plus vinrent soulever de petits paquets de terre sous son museau.

- Ferais mieux de courir frérot, j’te couvre tes arrières. Dommage pour le carreau... Déclara posément l’Ashka. Et tu ferais mieux de pas partir seul...

Le loup jappa de peur et fit volte face pour s’enfuir, aussi vite que sa blessure le lui permettait. Il y eut le long hurlement d’un Loup plus loin dans la neige et ceux qui avaient réchappé à la riposte du groupe ne demandèrent pas leur reste pour rejoindre leur chef de meute, pour le peu qu’il en subsistait.

Evonis donna une tape amicale sur l’épaule de l’Oracle, certes plus grand que lui, mais aussi épais, avant de le congratuler.

- Ça c’était une belle baston ! Vous l’avez piétiné comme d’un rien. C’était beau !



Par Google  

el Par Elen  le 25/09/2012 à 00:51

Elen se rapprocha des deux compères, encore aux aguets. Ils n’en avaient peut-être pas vraiment fini avec la bataille. Ces détonations, ce n’étaient pas les loups qui les avaient provoquées. Même si elles avaient, semblait-il, visé les créatures, rien ne disait que le groupe ne serait pas la prochaine cible.

- Faites attention, il y a quelque chose de pas net dans les environs...

L’instant suivant, ils entendirent des cliquetis métalliques à plusieurs endroits autour d’eux et la silhouette qui se dessina, à la lueur des flammes de l’incendie semblait tout droit sortie des contes de bonnes femmes dont ils n’avaient pas fait l’économie ces derniers jours. Une grande stature large d’épaules, dont le caparaçon d’acier et d’autres métaux aux reflets étranges était à peine dissimulée sous une ample cape de fourrures. Au bout de son bras relaché le long de son corps, l’on voyait une puissante arbalète.

- Ne bougez pas, pas de gestes brusques... Fit Elen a ses compagnons : provoquer celui qui leur faisait face ne lui disait rien.

L’homme s’arrêta à quelques pas, comprenant que le groupe face à lui devait être au minimum surpris de son arrivée, voire encore secoués de l’attaque des loups.

- Vous avez des blessés ? Lacha-t-il sans préambule.

- Pas que je sache... Qui êtes-vous ? Demanda le Chaman avec méfiance.

- Hum...

Quelques pas de course lui firent tourner la tête vers un nouvel arrivant et son regard éclairé par le feu proche renvoya des reflets d’ambre.

- Alors ? Fit-il en s’adressant à l’inconnu qui le rejoint.

- Ils ont fui, tes hommes en ont eu encore un... Bon sang Elen, mais qu’est-ce que tu fais ici ? Fit l’Elfe dont le Chaman put immédiatement reconnaître la voix, malgré la tenue hivernale et l’aspect plus hirsute du Lige de No’irin que le Loup avait souvent croisé.

- Gaver ? Se surprit à dire le Chaman, relâchant ses énergies, son Finyë cessant d’alimenter Saïka et lame qui s’éteignirent ; la douleur de son avant bras jugea opportun de se manifester dès lors et il ne put réprimer une grimace. Comment...

- Oh... C’est une longue histoire... Regroupe tes gens, on vous emmène. Les loups peuvent revenir, ils sont complètement cinglés. On te soignera une fois arrivés.

- C’est que... Ma femme n’est pas en état de se déplacer sur de trop longues distances...

- Ta... Femme ? L’Elfe haussa un sourcil. A croire que les espions ne faisaient plus si bien leur travail... Qu’est-ce qu’elle a ?

- Rappelle-toi Gaver, ce qui nous a attiré ici... Et ce qui a dû pousser les loups à attaquer...

L’Elfe se souvint brusquement des hurlements de femme qui les avaient guidés non loin du campement, à la suite des loups qu’ils traquaient depuis des jours.

Elen fit volte face, s’excusant, pour rejoindre Isa et Aileen, rengainant son arme. Evonis observait Gaver, un sourire jusqu’aux oreilles. L’Ashka appréciait l’humour de leur interlocuteur et aussi sa ferveur à table. Un bon vivant pour un Premier. Il observait vaguement l’Olympien. Il asséna une nouvelle tape amicale au Géant à ses côtés.

- Une belle bagarre et des invités surprises ! Vous avez vu ça ? On se fend bien la poire, hein ?

- C’est bon, Isa... Ce sont des amis... C’est Gaver. Je suis désolé pour tout ça. Fit-Elen, tendant sa main valide à Isa pour l’aider à quitter le véhicule.

Isa grelottait, recroquevillée dans un coin de la charrette à moitié vide. Elle prit la main d’Elen machinalement, sa seule pensée focalisée sur Lilei alors qu’elle se demandait si elle arriverait encore longtemps à la tenir au chaud. Au lieu de Gaver, Zeus lui-même serait venu les aider que ça ne lui aurait pas fait plus d’effet. Elen attira sa jeune épouse au plus près de lui, l’embrassant.

- Reprends des forces, ne lele. Fit-il, lui offrant un peu de son Finyë pour la ragaillardir, tout en jetant un coup d’oeil à leur fille, bien calme malgré la bataille. - Je vais chercher de quoi vous couvrir toutes les deux. Murmura-t-il, sans pour autant rompre leur étreinte.

- Dans... Le coffret... Indiqua-t-elle, alors que ses lèvres reprenaient quelques couleurs grâce à l’énergie du Loup qu’elle sentait l’environner.

Elen se sépara à regret de Isa, plus pâle que jamais après cet échange énergétique. Il alla fouiller dans la défunte tente pour retrouver le coffret, qu’il ouvrit pour en sortir plusieurs couches de vêtements chauds pour la fillette qu’il ramena à son épouse, avant de fouiller la charrette à la recherche d’analogues pour l’Olympienne.

Après un regard inquiet sur les étrangers, celle-ci s’était assise près du feu de camp et Gaver écarquilla d’autant plus les yeux quand il découvrit que l’épouse d’Elen était une Olympienne.

- Evonis, plutôt que de rester béat, va éteindre l’incendie, s’il te plait.

- Mais c’est ton feu à toi ! Protesta-t-il, avant de s’exécuter et prenant congé des deux hommes : Gaver... Messire...

- Tiens, Nelith, enfile ça. Fit Elen, tendant la main pour tenir Lilei le temps que sa belle mette les vêtements chauds et la cape qu’il avait amenés et Isa ne se fit pas prier pour les passer.

Le Chaman abandonna ses prétentions sur l’enfant, le temps de faire les présentations.

- Bon alors... Changement de plan... Et félicitations ! S’exclama-t-il.

- Oh... Euh... Pardon... Gaver, voici Isa, mon épouse. Et Lilei, notre fille. Isa, c’est Gaver. Un Elfe comme on n’en fait plus. Et voici... Hum... Je ne crois pas connaître votre nom, messire ?

- Dakon. Si je ne me trompe, vous avez vécu un moment en notre cité... Ça me fait plaisir de vous revoir.

- Messire Dakon... Elen mit un genou en terre, s’inclinant immédiatement devant le personnage avec le plus profond respect, sa main ensanglantée traînant dans la neige. C’est un honneur, messire. Un honneur. Oui, messire, j’ai vécu quelques temps parmi les vôtres.

- Fais pas ton noble, Elen, relève-toi donc ! Tu sais bien que... Bref. Lança Gaver en riant.

Elen aurait bien rétorqué que lui, il n’avait pas vécu dans un palais, mais il s’abstint, songeant que le motif du départ de Gaver ne pouvait être que la disparition malheureuse de No’irin Kai’tlin dont il avait été le malheureux instrument.

- L’honneur est pour moi. Fort peu nombreux ont été les Elfes à ne pas nous être hostiles. Et je vois que votre tolérance vis-à-vis des autres peuples n’était pas que feu de paille. Puisse Athéna protéger le fruit de votre union.

- Et puisse Luwö vous garder à jamais du mal, messire. Le Chaman se redressa, terminant les présentations. - Tu connais Evonis, Gaver. Voici Odeli, sa cousine, elle aussi du clan du Loup. L’Oracle Rorschach Karnage de Zagnadar. Aileen, Intendante du Clan du Cerf. Tizi de Lardanium. Et Dalhia, de la Forêt des Cendres.

Les deux hommes saluèrent les compagnons, surpris de trouver tant de diversité parmi eux.

Isa leur sourit en retour, intimidée par cette figure emblématique de la Rébellion contre Salminar. Il n’avait rien du barbare qu’on décrivait dans les ouvrages de la Cité Blanche et la jeune femme s’en trouva fort dépourvue, ses idées déjà peu claires après les terribles moments qu’ils venaient d’endurer.

- On va faire sécuriser le coin, nos hommes arrivent. Et remonter un peu votre campement... Il faudra passer la nuit et peut-être encore demain ici, suivant comment se sent ton épouse.

- Comment se fait-il que les loups soient aussi agités ? C’est à peine s’ils m’ont reconnu. Ou en tout cas, ils ont feint de ne pas le faire.

- On pense que c’est à cause de l’Arche... La meute principale vivait sur la source de magie. Lorsqu’elle a tari, cela les a rendus fous. La meute s’est scindée en plusieurs, qui ont lancé des attaques contre les pêcheurs de nacre, entre autres. Ils n’admettent plus aucun autre prédateur qu’eux sur le Lac de Givre. On a mis un moment avant de réduire leur nombre, mais il existe encore des meutes qui continuent leur traque.

- Si seulement je pouvais les amener à nous suivre en forêt des Cendres... Luwö pourvoirait à leurs besoins auprès du Grand Chêne.

- Luwö n’est plus dans leur coeur, ils ne se feront pas au climat de la Forêt des Cendres. Crois-moi, ne tente rien, leur intelligence passée n’est plus que fourberie désormais.

- Ils sont mes frères, Gaver... Protesta le Chaman, soudain pris d’un vertige.

- Ils étaient... Précisa Gaver en rattrapant l’Elfe par le bras alors qu’il le vit légèrement chanceler. Pense à toi et à ta famille avant de t’inquiéter pour eux. Assieds-toi quelques instants.

- Montre-moi, Elen... Fit Isa en désignant la main de son époux.

- C’est rien, ne lele. Rien de grave. Murmura-t-il, obéissant tout de même aux injonctions de Gaver et de Isa.

Les arrivants se dispersèrent pour aider à ranger le campement et surveiller les environs. En plus de Dakon et Gaver, des hommes munis de sortes d’arquebuses bien plus fines que les modèles nains se joignirent au groupe.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 25/09/2012 à 09:03

Isa grimaça en découvrant la plaie. Plusieurs ligaments avaient été sectionnés et même si la guérison accélérée grâce aux potions ne tarderait pas, Elen risquait de perdre une grande part de souplesse qu’il mettrait longtemps à retrouver.

Elle déposa la petite, endormie, sur les genoux de son père et alla chercher les fioles et de quoi panser le poignet. De retour, elle s’assit à coté d’Elen et prit son bras qu’elle posa sur un linge propre, sur ses genoux. Elle nettoya déjà la plaie, son mari serrant les dents pour rester stoïque, puis elle versa un filet d’une des potions de soin directement sur les ligaments, maintenant le bras d’Elen de sa main libre. Les fibres s’allongèrent légèrement pour se ressouder les unes aux autres. Elle surveilla de près le processus pour qu’Elen ne risque pas d’être paralysé du fait d’une régénération chaotique. Lorsque le principal fut réparé, elle versa un autre filet du liquide enchanté sur les chairs alentour, pour qu’elles reprennent vigueur et commencent à se refermer puis tendit le reste au Loup pour qu’il la boive.

Une fois ceci fait, et la douleur passée, l’Elfe agita les doigts un à un. D’abord hésitants, ses appendices finirent par répondre sans trop d’accroc. Même les potions ne pouvaient faire des miracles : il lui faudrait quelques jours à quelques saisons de patience pour retrouver pleinement usage de sa main. Il n’en entoura pas moins sa fille !

- Ne force pas. Et laisse-moi finir le bandage, ton poignet doit rester bien droit quelques jours. Dit-elle, connaissant son époux toujours pressé. Elle se pencha vers son oreille pour lui murmurer avec un sursaut de taquinerie : C’est que je les aime bien, tes mains, ne lele.
- J’espère bien, Nelith. Lui souffla-t-il. Merci. Que ferais-je sans toi ? Poursuivit-il, avant de l’embrasser tendrement. Puis : Tu as vu ? C’est le seigneur Dakon ! En personne ! Si j’avais imaginé...
- Grands Dieux, et moi donc... L’amie de Tizi est bien une Rebelle alors. A moins qu’elle n’ait utilisé le même subterfuge que les ingénieurs, se faisant passer pour une Olympienne à Na’helli.

Evonis revint auprès d’eux, chargé d’une belle peau blanche. Il avait étouffé les flammes en jetant de la neige dessus et il avait pris le temps de dépecer un loup mort. Un petit sacrilège qu’il avait commis là, mais les animaux aussi avaient déshonoré Luwö en attaquant un Chaman. Il l’offrit à Isa.

- Pour ta petite. Je la tannerai pendant la nuit et j’en ferai une grande cape dont elle pourra se parer quand elle sera plus grande. Et ça lui tiendra chaud tant qu’elle n’aura pas la bonne taille.
- C’est gentil Evonis. Ce sera magnifique. Même s’il faudra attendre longtemps pour lui expliquer d’où vient ce souvenir de sa naissance... Qu’elle n’en cauchemarde pas toutes les nuits. Dire qu’elle dort comme un loir... A croire qu’on n’est jamais si bien que sur les genoux de Papa, fit-elle avant de se blottir contre lui, prenant garde à ne pas toucher sa main convalescente.
- Elle était aussi tranquille contre maman. Elle est si légère ! Commenta-t-il, tenant pour la première fois sa fille dans ses bras.
- J’espère qu’elle va bien. Quand on sera mieux installé, il faudra la baigner et elle aura peut-être faim et...
- Et maman va se reposer. Je vais faire chauffer de l’eau, pour la baigner. Je vais veiller, Isa. Tu vas dormir avec Lilei. Tu en as besoin.
- Non je ne peux pas Elen ! Il doit être... Presque le matin...

Son regard alla au ciel à peine moins sombre à l’Est. Le jour ne serait pas vraiment là avant plusieurs heures. Sa mine se décomposa.

- Ça te ferait du bien, Nelith. Gaver a dit qu’il nous aiderait à surveiller. Je vais rester avec toi, jusqu’à ce que tu sois tranquillisée. Jusqu’à ce que tu t’endormes.

Se rendant compte que son époux avait raison - et quand bien même arriverait-elle à veiller quelques heures de plus, son prochain rituel n’aurait lieu que six jours plus tard - elle posa sur sa fille un regard désespéré.

- Je ne veux pas que tu te drogues, tu entends ? Pas dans ton état. Tu veux que je demande à Dalhia de vous dessiner, toutes les deux ?

Elle secoua la tête.

- Pas maintenant... Le petit Lutin ne comprendrait pas pourquoi la jeune maman avait l’air d’avoir le coeur brisé. Ne t’inquiète pas, je... Avec le lait... Ça pourrait l’empoisonner.

Il enlaça son épouse, en prenant garde de ne pas écraser Lilei, désolé qu’elle doive oublier ces moments. Même si cela permettait à Isa d’éliminer de sa mémoire les douleurs de l’accouchement et l’attaque des Loups, il savait à quel point cela allait être dur pour elle. Et il aurait tout donné pour partager avec elle sa mémoire, pour qu’au moins cette fois-ci elle n’oublie pas.

Elle se laissa conduire à leur tente qu’on avait finalement remis debout, à quelques entailles vite rafistolées dans les toiles près. Son entrain était proche de celui d’un condamné à mort avançant vers l'échafaud. Mais Elen trouva une parade :

- Nous mettrons Lilei sous la protection de Luwö dans six jours, ne lele. Aileen pourra être là, si tu veux. Sauf si tu préfères qu’on soit tous les trois. Tu te souviendras sa naissance aux Esprits, celle qui ne te fera aucun mal.
- Merci Elen, c’est une bonne idée... Et qu’il pense à lui offrir ce cadeau précieux, seule grande date dont elle pourrait se souvenir à propos de la naissance de leur premier enfant, montrait à quel point il prendrait soin toujours soin d’elle. Aileen a sa place à nos côtés. Mais tu crois que c’est prudent d’attendre ?

On disait que les âmes qui n’avaient pas été touchées par la grâce des entités supérieures erraient sans fin dans le Néant, si jamais leur vie s’achevait abruptement. Et l’attaque des loups lui faisait penser au pire.

- Ses énergies sont neutres, Isa. Elles sont siennes. Elle ne liera de pacte avec aucun Totem entre temps. Et quand bien même, elle est notre fille. Luwö a déjà son oeil braqué sur elle, comme il l’avait sur toi avant même que tu choisisses sa voie.
- Tu as raison, il ne la laisserait pas... Elle ne craint rien.
- Rien de rien.

Le Chaman réconforta son épouse jusqu’à ce qu’elle se fut endormie, puis il les couvrit de chaudes couvertures elle et la petite, avant de quitter la tente. Il lui rédigea un message, agrémenté de mots doux, qui récapitulait les évènements de la soirée et, dans une moindre mesure, ceux de la journée, sans rien omettre, y compris ses conseils à propos de sa main. Il ne voulait pas qu’elle soit surprise par la présence de Gaver et Dakon.

[...]



el Par Elen  le 25/09/2012 à 10:06

Elen s’approcha du feu où s’étaient regroupés Dakon, Gaver et leurs compagnons armés de petites arquebuses.

- Je peux ?

- Bien sûr Elen. On est tous trop fatigués pour aller dormir...Un comble. Et ta main, ça s’arrange ?

- Merci. C’était pas grand chose. Quelques jours, et il n’y paraîtra plus.

Il s’assit au plus près des flammes, réchauffant ses doigts déjà engourdis par le froid, louchant sur les compagnons d’arme des deux acolytes Rebelles. Ils avaient un petit quelque chose de différent des Olympiens, pourtant ils y ressemblaient à s’y méprendre.

- Alors comme ça tu es père... C’est là que je m’aperçois que ça fait un bail que je suis parti.

- Et oui... Et remarié. Qui l’eut cru ?

Gaver se demanda ce qui avait bien pu se passer avec Nil’nelia pour qu’il en trouve une autre au bras d’Elen mais c’aurait été un manque de tact d’évoquer le sujet le jour de la naissance sa fille, sans doute... Il se contenta de grogner vaguement, pour souligner l’ironie de la vie.

- L’Ennemie a fait une petite incursion en forêt, quand tu es parti, tu sais ?

- Non, je n’étais pas au courant. Et c’est réglé ? Fit-il d’un ton neutre même si son poing qui se serrait autour d’un pic où grillait une part de viande indiquait que le sujet le perturbait plus qu’il n’aurait voulu le montrer.

- L’Intendante du clan du Cerf et mon épouse ont réglé l’affaire. Elles ont stoppé le Chaman fou qui s’était laissé ensorceler. Par un Corbeau qui Lui était fidèle. Elle a bien failli rejouer le coup de Acrim... Sans statuette, cette fois ci.

- Elen ? Fit une voix, derrière le Chaman. Aileen, justement. Je... J’ai vu que tu étais blessé tout à l’heure. Ça va aller ?

- C’était rien du tout, Aileen... Merci de ta sollicitude. Tu vois, Gaver ? C’est elle qui a brisé l’envoûtement. Un truc magique à te faire froid dans le dos, ce qu’avait fait ce Corbeau.

- Impressionnant. La Forêt des Cendres est bien protégée alors, avec des gardiens aussi talentueux, jugea Gaver en hochant la tête. Puis il invita Aileen d’un geste de la main vers un rondin qui servait de siège : Voulez-vous vous joindre à nous ?

- Je me demande quand le Grand Cerf va se décider à la nommer Chamane. Elle a plus de talent que la plupart de ses pairs. Tu sais qu’elle a réussi à apprivoiser Evonis ? Un exploit véritable !

- On ne peut rien contre les grands yeux de biche, c’est une loi universelle ! Fit le Premier avec un air entendu et Dakon ne put s’empêcher de secouer la tête : Gaver ne changerait donc jamais.

- Apprivoiser, c’est un bien grand mot ! Répondit-elle en riant, prenant place à leur côtés.

- Ça n’enlève rien à l’exploit !

- Alors racontez-moi un peu ce qui vous amène par ici.

- Le hasard et la curiosité, Gaver. Nous voulions voyager tout autour du monde, voyage de noces, tu comprends ? Et je me demandais si les humains vivaient encore là haut, dans le nord. Je pensais tomber sur Dame Minuit, vois-tu ? Certainement pas sur toi ou le seigneur Dakon. Ou à la rigueur tomber sur nos amis les loups blancs, histoire de renouer le contact avec eux. Ça c’est fait... Pas comme je l’espérais...

- Sacré périple ! Tu n’as pas froid aux yeux de trimbaler ta femme jusqu’ici avec un petiot route !

- Oh, mais elle était volontaire. Même l’instigatrice de notre voyage ! Nous avons été retardés plus au sud, nous pensions arriver plus tôt ici...

- Je vois. Quant à la magicienne... J’ai entendu son nom au gré de quelques conversations mais elle est partie depuis des années maintenant.

- Dommage... Répondit-Elen, l’air déçu.

- Cathy pourra peut-être vous en dire plus.

- Dame Cathy est ici, avec vous ? Vous parlez de la dame olympienne qui vous accompagnait lors de la cérémonie d’ouverture du temple dédié à Athéna ?
- Ha, oui. J’en ai entendu parler... Fit aileen, retenant un rire.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

ldf Par Tizi  le 25/09/2012 à 20:00

- Et ben ! On dirait que Dame Cathy est très populaire par ici ! La lutine chevauchant un des loups blancs s’avança vers le groupe. - Et ben ! Dalhia et moi pourrions servir de repas a une meute de loups enragés que cela ne vous ferait ni chaud ni froid ! Par chance nous, Lutins, nous avons toujours réussi à nous adapter…N’est-ce pas Dalhia ?! Le lutin se trouvait juste derrière Tizi, agrippé tout comme elle aux poils de la bête.

Il n’y avait que des lutins farfelus pour se sortir d’une telle situation, toujours est-il que le loup n’en menait pas large, la queue entre les jambes. La bestiole semblait s’être résignée à son sort et avançait péniblement, boitant de l’arrière-train.

- Tiens vous attendiez du monde ?!... On est jamais au courant de rien, c’est dingue... Fit-elle à Dalhia d’un air faussement indignée.
- Disons qu’elle n’est pas très loin, nous pourrions... Fixer un rendez-vous si c’est important pour vous. Oui tout à fait, c’est cette personne. Puis, avisant le loup des glaces, il ajouta : Vous feriez mieux de descendre de cet animal, il doit être abattu.

Les hommes de Dakon se saisirent lentement de leurs armes tandis qu’il commençait à dégager une dague de son fourreau.

- Hop hop hop !! Je ne pense pas qu’il faille l’abattre, je ne suis pas experte en loups mais je crois que celui-ci n’ira pas rejoindre les siens… Sauf s’il est suicidaire ! Je pense plutôt qu’il est condamné à l’exil… Une punition déjà bien assez forte en soit !... Et puis, sans vouloir être offensante, c’est nous que ce loup a attaqués, par conséquent j’estime que la décision de le laisser vivre ou non nous revient…

La lutine n’appréciait guère de se faire dicter sa conduite par de parfaits inconnus; en effet cette dernière avait manqué les présentations, ses petites oreilles lui avaient tout juste permis de comprendre que le groupe parlait de cette fameuse Cathy. Cela dit pour une foi,s elle ne le montra pas et tenta de rester la plus courtoise possible :

- Ha oui !!! Je me présente, je me nomme Tizi, et mon compagnon là derrière c’est Dalhia ! Alors qu’est-ce que vous reprochez à dame Cathy ?!

La Lutine descendit de la bête et invita son homologue à faire de même.

- Effectivement. Dit Dakon en rengainant la lame qu’il avait à moitié sortie, après un instant de surprise devant ce qu’il jugeait une parfaite inconscience. Néanmoins il continua sur un ton tout à fait neutre.Vous êtes libre de tenter de domestiquer ce loup, comme vous serez libre de vous expliquer avec le Chaman Elen lorsque votre nouvel “ami” aura égorgé son nourrisson. Je suis Dakon, ravi de faire votre connaissance.
- Anclitith... Lança Elen au loup sur un ton plus que méprisant avant de se lever. Ke kenen analemare. Ke ovanelen anclitith.

Le Chaman, lui, dégaina son épée de feu, l’allumant dans la foulée, de sa main tout juste guérie pour bien montrer à l’animal, s’il avait assisté à la scène, que les blessures ne les arrêteraient pas, eux.

Éloigne-toi de lui, Tizi. Il doit recevoir sa punition. Et il va porter un message pour moi.

Il se rapprocha de la bête, son visage crispé par la colère et de dégoût, les yeux rivés dans les prunelles étincelantes de la bête, les lèvres retroussées comme lorsque les Loups partent au combat. Sur son visage, ce n’était plus l’Elfe qu’on voyait mais bel et bien le carnassier, le prédateur sauvage et sanguinaire. Le Loup.

- Vala renam ev litïth ny es anoniiror es kene ot Luwö. Gov es boror chijen kene, ne valaro nini is niniam. Anyev grima. Prim...

Pour bien imprimer le message dans la mémoire du Loup, et illustrer son propos, il posa par trois fois, à chaque mot, son épée contre le flanc de la créature aux abois, en laissant le temps au loup le temps d’apprécier la chaleur diffusée par la lame.

Jia... Prim... Vala !

Le loup fut assez malin pour considérer qu’il n’aurait aucune chance de survie s’il essayait d’esquiver la correction du Chaman. Il savait que les bâtons luisants des hommes qui l’entouraient pourraient l’atteindre avec leurs pierres brûlantes de très loin et en finir avec lui. Aussi se coucha-t-il en gémissant, les oreilles basses puis, ses forces rassemblées, détala d’un bond au dernier mot de l’Elfe, faisant fi de sa patte blessée.



el Par Elen  le 25/09/2012 à 20:11

- Hum... Oui, donc Dame Cathy... Poursuivit le Chaman, comme si de rien n’était : il n’avait tiré aucun plaisir à châtier l’animal, mais instiller la peur à son adversaire évitait parfois une bataille plus meurtrière.

- Thunziel semblait l’apprécier, si je me souviens bien. Continua Gaver.

- Et pas que lui d’après ce que m’a dit Evonis...

- Elle est charmante, il faut l’avouer. Mais la Forêt des Cendres regorge de trésors à ne pas négliger. Fit le Premier pour se rattraper auprès d’Aileen.

- Vraiment ? Je suis curieuse de la rencontrer, alors ! Répondit la Cerf, semblant amusée.

- Dakon va bien nous arranger ça, hein ? Moi aussi elle commence à me manquer, depuis le temps qu’on cavale dans les glaces à cause de ces bon sang de loups. Fort peu discrètement, il gratifia son ami olympien d’un grand coup de coude dans les côtes, des fois que le sous-entendu ait échappé à l’ancien Lige de Salminar.

- Ohoh ! Serait-ce un aveu ?

- Qu’il est assez aveugle pour ne pas se rendre compte de toutes les qualités de cette demoiselle ? Sans nul doute !

- Je crois que tes amis n’ont que faire de nos histoires, Gaver. Et je ne suis pas homme à ignorer les compétences des uns ou des autres. Simplement je ne passe pas mon temps à essayer de les exploiter, dans le sens inique du terme.

Le silence qui suivit la réaction du seigneur Dakon ne dura pas plus de quelques secondes - bien qu’avec l’arrivée de Tizi et le châtiment qu’Elen avait infligé au loup, l’ambiance peinait à s’alléger - car Elen trouva tout à fait adéquat de changer de sujet :

- Hum... Gaver, tu ne devineras jamais ce qu’on a trouvé dans la Tanière. Le Chaman loucha sur les compagnons des deux hommes : les Humains n’avaient pas fait mystère de leur intérêt pour les artefacts, dans son souvenir.

- Pfff alors toi quand tu veux pas comprendre ! Des choses simples pourtant ! Tança l’Elfe qui n’avait pas apprécié de se faire rabrouer, même s’il convenait qu’il n’était pas toujours très fin dans ses plaisanteries. Remarquant la mine d’Elen, il poursuivit : Ça te dit qu’on aille se dégourdir les jambes ? Après on pourra peut-être dormir quelques heures, le jour va mettre longtemps à venir en cette saison.

Le Premier se leva et invita Aileen à les suivre d’un sourire, qu’elle lui rendit, se levant à son tour. A vrai dire, elle devait bien avouer qu’après la dernière sortie de l’Olympien, elle n’avait pas réellement envie de rester seule en sa compagnie... Dès que le groupe se fut éloigné suffisamment des autres :

- Tu savais qu’il se trouvait un siège à ton nom à la Tanière, Gavere ? une question de pure rhétorique, bien sûr.

- Ha, oui ! Dans la grande salle, en bas... Fit Aileen qui ignorait de quel secret Elen voulait parler, parmi ceux qu’ils avaient découverts...

- Euf... Gaver haussa les sourcils, surpris de voir ressurgir des choses d’un passé presque oublié. Oui oui... Comment vous êtes tombés là-dessus ?

- Tombés, c’est le cas de le dire ! Répondit la Cerf, avec un sourire entendu pour le Chaman. Elen avait trouvé des indices qui laissaient penser qu’il y avait un troisième sous-sol, à la Tanière. Et on l’a trouvé. Résuma-t-elle.

- Je suppose que cela devait bien arriver un jour ou l’autre.

- Alors comme ça, tu t’es acoquiné avec les vieux clans ?

- C’était un autre temps Elen... Entre les remontrances de Dakon et ces histoires qui lui revenaient en mémoire, son air se fit moins guilleret.

- Ça t’ennuie de parler de tout ça, litith ?

- Pas vraiment... C’est loin tout ça... A l’époque les mouvances étaient fortes, nous avions besoin de communiquer, souvent pour que nos différends ne se règlent pas par la voie des armes. Ceux qui ont siégé à la Tanière n’étaient pas tous des alliés. Mais ils pouvaient le devenir d’un jour sur l’autre. Et puis les choses ont fini par se tasser, on a abandonné les lieux.

- Je suppose que Nikhün te doit autant qu’à Iltarion alors, si tu as été aussi proche que ça des clans. Ça me fait plaisir de te savoir lié aux miens à ce point.

- C’était une question de survie. Des clans, des Elfes. Il fallait que l’on s’accorde sur certaines choses ou notre héritage aurait disparu. Il y a eu beaucoup de compromis et beaucoup de sacrifices, à cette époque-là. Vous vous la coulez douce maintenant ! Fit-il avec un clin d’oeil au Chaman.

- J’imagine. Outre le sanctuaire de Luwö qui suinte de son énergie, nous avons découvert une réserve d’artefacts. Plus que je n’en avais jamais vu. Suffisamment pour attiser les convoitises, même si l’utilité de la plupart d’entre eux nous est inconnue. Mais ce n’est pas ce qu’on a trouvé de plus surprenant... Il y avait un cocon, Gaver. Un cocon complet. Vu l’état de la noblesse et l’affaiblissement des clans, je crains pour sa sécurité.

- La Tanière n’est pas facile à prendre. Il ne craint rien, d’autant plus si vous ne le criez pas sur les toits.

- J’espère quand même que personne ne viendra fouiner par là bas... Nos allées et venues n’ont pas du passer inaperçues...

- J’ai fait sceller les lieux.

- Les cocons eux-mêmes ne sont pas sans défense.

- Ha bon, je ne savais pas, Elen. Mais bon, on ne me dit jamais rien, à moi. Plaisanta Aileen en haussant les épaules. Ça veut dire qu’ils peuvent être dangereux ? Demanda-t-elle ensuite, ne comprenant pas vraiment quelles défenses pouvaient avoir ce genre d’artéfacts.

- Les jeunes générations sont peu au fait de la véritable nature des cocons, ne serait-ce que parce qu’il n’en reste plus aucun, ou quasiment, pour expérimenter. Mais pour en revenir à leur capacité de protection, tant que l’Elfe qui y est lié est vivant, ou qu’il existe une parcelle de son essence dans le monde des Vivants, alors le cocon est capable de détruire tout ce qui pourrait le profaner.

- Autrement dit, il est lié à son propriétaire... Ça veut dire que celui de Luwö ne peut être utilisé, puisque son essence subsiste.

- Voilà. Sauf s’il accordait son usage à quelqu’un, de son plein gré. Gaver ne prit pas la peine de feindre la surprise à la mention de Luwö.
- Il est encore dedans, Luwö, tu sais ? En mauvais état. Son corps est sans doute mort.

- Oui...

- A te voir, on dirait que tu l’as connu, donc... Avant son élévation... Comment était-il ?

- C’était un brave gars. Il a compris plus vite que bon nombre de nos frères que si l’on voulait s’en sortir, il faudrait mettre une grande partie de notre orgueil de côté. Il était simple et efficace. Discret mais sûr de lui. Il avait un certain humour aussi, ce qui était assez rare à l’époque. Très vite il s’est rapproché de la nature et de ses ressources, réfléchissant aux possibilités qu’elle nous offrait. Il fallait que nous puissions vivre en bonne harmonie avec elle et il est de ceux qui y ont grandement contribué. On a fini par le dire guérisseur, mais c’était réduire sa compréhension globale de notre environnement.

- Un Elfe selon mon coeur. Et un Totem qui a toujours su nous préserver. Tu as de la chance, Gaver, d’avoir pu connaître tous ces gens.

- Si on veut...

- En tout cas, c’est bon de te revoir, Gaver. Conclut le Chaman, voyant que le Premier ne souhaitait pas s’étendre sur le sujet.

- Ça me fait plaisir aussi, Répondit-il en empoignant l’épaule d’Elen brièvement.

- Tu te souviens de Minuit, toi ? Elle était venue à Sigdil, semble-t-il. Je suis sûr qu’elle t’aurait plu. Elle avait une telle force d’esprit.

- Oui, je m’en souviens, c’était une belle plante la demoiselle. Mais je t’avouerai que son compagnon de route m’a passablement dissuadé de trop lui causer. La rencontre fut relativement brève.

- L’Humain ? Demanda Elen, avant de se souvenir du récit de Kowü. Ah non... L’autre... Le tout puissant, évidemment...

- Comme tu dis. Chasse gardée de Zeus, on passe au large... Dommage. Dakon a eu un peu plus de chance même s’il ne m’a guère dit de quoi ils s’étaient entretenus, tous les deux.

- Dans mon souvenir, son coeur n’appartenait pas au barbu divin, mais plutôt à un type armé d’un épée flamboyante.

- Voui m’enfin... On dit qu’elle est devenue prêtresse comme ça, sortie de nulle part et hissée dans les hautes sphères de la Cité Blanche... Je ne voudrais pas avoir l’air de lui manquer de respect, mais si tu veux mon avis, elle n’a pas dû toujours dit non au vieux lubrique.

- Tu connais les caprices des Dieux aussi bien que moi. Et Zeus est connu pour ses cadeaux généreux à ses “conquêtes”, consentantes ou non. Il lui aura fait une offre qu’on ne peut pas refuser. La vie contre sa vertu. Voire la vie d’un de ses proches. Et pour faire passer la dragée, un petit cadeau a posteriori. Tu te souviens de la légende de Neleth et Aelion ? Compléta-t-il comme exemple.

- Ah Elen... Toujours honorable à trouver des excuses aux gens. Ou peut-être était-elle là juste pour prouver à Archeos que Zeus aussi savait s’entourer de magiciennes exotiques. Parfois il n’en faut pas plus pour flatter leur orgueil.

Elen grimaça à l’évocation de Shadow, aussi charmante que manipulatrice. Aussi belle qu’une rose et vénéneuse qu’une amanite. Aussi douce et tranchante que l’acier. Un fléau pour les guerriers, et pire encore pour les hommes. Heureusement, depuis cette époque, il avait su s'entourer d’une charmante magicienne aux yeux de miel. Et elle exerçait une magie bien plus puissante que toutes celles des lanceurs de sorts.

- Ou stimuler leur colère. Va sa voir si l’avoir dans son temple n’était pas une punition sadique. Ou un moyen de la surveiller de près, aussi. Après tout, elle n’était qu’une Humaine venue de loin, étrangère aux Dieux.

- Ma foi, ce sera des questions longtemps en suspens. A moins que tu n’arrives à la rencontrer. Dit Gaver en plaisantant.

- Je me garderai bien de les lui poser, ces questions, si le destin nous rassemblait une fois encore. Fit Elen, avec un sourire amusé. Ce serait malséant.

- Ah bon ?! Fit mine de s’étonner l’Elfe.

- Ahah, il n’empêche qu’on les a bien coiffés au poteau, nos amis d’en haut ! Toi en t’associant à messire Dakon, et moi en épousant ma belle Isa. Un vent nouveau plane sur Olympia, et cela fait bien longtemps qu’ils ne sont pas intervenus en notre faveur ou défaveur. Et cela me convient tout à fait !

- Il faut dire qu’ils sont bien occupés. Et ça ne me gêne pas non plus. Mais si cela venait à changer, compte tenu de ton statut, si j’étais toi je serais prudent.

- Ils ne me feront guère pire que ce qu’Elle m’a fait personnellement subir. Et ce qu’Elle escomptait faire de notre peuple par ma main. Et ce qu’Elle nous a fait.

- A toi peut-être pas. Mais tu as une descendance maintenant.

- Je conserve quelques moyens de pression en poche, Gaver. S’ils me connaissent, c’est à moi, et non à d’autres, qu’ils s’en prendront. Fit farouchement le Chaman.

- C’est ce qui a toujours plu à No’irin, chez toi. Tu ne laisses jamais tomber.

Elen baissa les yeux, attristé de voir Gaver parler de sa soeur. Le Premier l’aimait, plus que quiconque en ce monde, le Chaman le savait. Et si la déchirure dans son coeur avait été terrible, il imaginait à peine ce qu’avait dû ressentir son interlocuteur à la disparition de la Reine. Et ce qu’il éprouvait à son égard, puisque involontairement, il avait été l’instrument de la chute de la souveraine.

- Et nous n’abandonnerons pas, Gaver. Je trouverai, un jour, je trouverai. Et je te la rendrai, dussé-je y laisser ma peau. Déclara-t-il avec résolution.

Cela faisait un petit moment déjà qu’il réfléchissait à un échange. Hadès ne se montrerait peut-être pas insensible à un présent suffisant. Et la découverte fortuite d’artefacts donnait à Elen un vague espoir de cadeau à faire au Dieu des Morts pour ramener la Reine. Le plus simple encore, serait de récupérer ce fichu objet auquel les Nains s’agrippaient pour rien.

- Oh je ne doute pas qu’un jour tu la rendes aux Elfes. Et j’imagine qu’elle a fait le même calcul.

- Je ne pense pas, Gaver... Je n’ai pas répondu à toutes ses attentes...

- Tu as libéré le Monde des Esprits, que fallait-il de plus...

- Qu’elle vive, quitte à ce que je disparaisse... C’était là ce que j’escomptais dans le pire des cas. Je l’avais protégée. C’est mon flux, pas le sien, qui aurait dû se tarir le premier.

- Dis-toi que la fin a justifié les moyens... C’est tout ce qui me fait encore tenir en ce bas monde.

- Et c’est pour ça que nous la ramènerons. Cette Mère, dont elle parlait, qu’elle disait nôtre, même si je ne comprends pas, elle doit avoir de l’affection pour sa fille. Sa fille qui a veillé à son éveil et à éliminer toute corruption. Cette Mère la ramènera. Gaïa la ramènera, si nous l’y aidons. J’en suis sûr. Ils seront obligés de faire des concessions. Je ne leur laisserai pas le choix. Et ils détesteront devoir marchander. Oh oui, ils me haïront, si ce n’est déjà le cas. Il affichait un sourire féroce, celui de quelqu’un qui ne reculera devant rien car il se sait sinon condamné : le peuple avait besoin de sa Reine. Et Gaver plus encore que le peuple.

Légèrement en retrait, Aileen fixait Elen, sans vraiment savoir comment réagir. Cette ferveur mêlée d’une certaine cruauté l’inquiétait, en vérité. Elle avait l’impression de découvrir une facette de son ami qu’elle aurait préféré ignorer... Et quelque part, il lui rappelait le Elen que Xeis avait révélé...

- Et qu’en pense ta femme, de tes envies suicidaires ? Que tu t’opposes aux Dieux ne doit pas trop lui plaire non plus.

- Elle ne sait pas. Mais je pense qu’elle l’a deviné. Elle est bien plus maligne que moi. Elle a un Saïka, tu sais ? Et je suis certain qu’une fois qu’elle aura rencontré notre Reine, elle verra à quel point il était nécessaire d’agir. De toute façon, je ne compte pas m’opposer aux puissants. Juste négocier. Et ce ne sera pas moi qui mènerai cette transaction. Je compte sur cette Mère... Je ne ne me fais pas d’illusion. Ils chercheront un responsable, c’est certain.

- Cette Mère... N’en attends pas trop. Elle n’a plus grand chose en commun avec nous. No’irin était encore dans ses pensées d’il y a des millénaires, mais honnêtement... Je crois que nos racines sont définitivement perdues. Quand je vois tout ce que cela nous a coûté... Pour quoi au final ? J’en viens à me dire que Kaeniel n’avait pas tout à fait tort. Conclut-il, plein d’amertume. Mais tandis qu’il prononçait ces paroles, il les trouvait odieuses. Le Juge n’avait-il pas simplement décidé de la perte de No’irin ? Il préféra changer de sujet avant de s’écoeurer lui-même. Alors comme ça ta femme est une louve ! Tu as encore fait fort sur ce coup-là !

Elen ne comprit que partiellement ce que voulait dire Gaver. Il était vraisemblablement tellement affecté par la perte de sa soeur qu’il avait même renoncé à leur idéal commun. La Reine avait tout donné pour son Peuple, la moindre des choses était de lui rendre la pareil lorsqu’elle en avait besoin. Et quoi qu’il dise, une mère ne pouvait oublier sa fille. Sa première fille, puisque No’irin Kai’tlin était la première...

- La paix passe par la compréhension mutuelle. Si nous connaissons leurs Dieux, les Olympiens eux n’ont jamais jugé utile de comprendre les nôtres. Isa, elle, si. Et elle m’a toujours protégé, même lorsque n’y était pas obligée. Elle est spéciale, Gaver. Elle pourrait être le trait d’union dont nous avons besoin, ce que toi et messire Dakon recherchiez.

- C’est pour ça qu’elle a remplacé Nil’nelia ? Dit-il abruptement.

- Elle l’a remplacée parce qu’elle m’a supporté comme une amie et une épouse l’auraient fait. Nil a peut-être été affectée par ma disparition lorsque j’ai été capturé, mais Calith seul est parti à ma recherche. A croire que je comptais plus pour lui que pour elle. Et elle n’a jamais autant cherché à faire partie de notre monde, comme moi du sien, que Isa. Lorsque ce fichu Xeis, tu te souviens peut-être de lui, a été manipulé par l’Ennemie, elle n’a rien fait non plus alors que Isa a dû supporter ma folie pour chercher un moyen de la contrer. J’ai failli abattre Evonis, tu sais ? Nil n’a jamais vraiment été là. Elle ne faisait que m’attendre, avec des reproches et des regrets.

- Hum... Pardonne-moi Elen. J’en suis venu à être tellement blasé de la politique et de ses manipulations que je vois le mal partout. Tu n’es pas du genre à utiliser des sentiments aussi nobles en guise de trophées pour une cause.

- Elle te plairait, à toi aussi, j’en suis sûr Gaver, si tu la connaissais. Fit-il, décrivant son épouse. Elle est honnête, douce et terriblement clairvoyante. Elle est vierge de la plupart des souillures qui nous rendent faillibles, surtout celles des manipulations politiques et divines. Elle suit son propre chemin. Elle est un diamant de pureté dans ce monde de fous, crois-moi.

- Rien que ça ! Et bien, en tout cas toi tu as l’air très très amoureux ! Lança le Premier en riant. Puis, pour provoquer un brin Elen : J’espère qu’elle va vite se remettre de ses couches, que je puisse m’entretenir un peu avec elle.

- Et elle te surprendra ! Répondit-il, sans comprendre l’allusion. - Si la moitié des Olympiennes et le tiers des Olympiens avaient sa tournure d’esprit, il n’y aurait plus lieu de se battre. Du moins plus que contre les Nains et les Géants. Et toi, tu n’as jamais pensé à trouver une compagne ? Sigdil était assez riche de jeunes dames de toutes naissances et origines.

- Ah ça ! Le choix ne manquait pas. Mais il faut croire que je n’étais pas à la hauteur des espérances de ces dames !

- Allons bon ! Un bel homme comme toi ferait fondre presque n’importe quelle jeune femme.

- Sans compter mon humour ravageur et ma légendaire modestie. Non vraiment je ne comprends pas ce qui pouvait les retenir ! Mais ce n’est pas bien grave, je trouverai ma perle rare un jour ou l’autre, j’ai le temps.

- Je te le souhaite, ke alemare.

Gaver hocha la tête, touché par l’amitié que lui témoignait le Loup. Néanmoins ses voeux ne seraient jamais exhaussés. Les Premiers Nés, dits immortels, n’avaient pas d'accointances avec les relations amoureuses et s’il aimait compter fleurette à tout va, c’était davantage pour paraître sous un jour aimable qu’un véritable jeu de séduction. Une seule femme n’avait jamais quitté son coeur mais comme Dakon, le chevalier avait perdu sa Dame.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 25/09/2012 à 23:07

Depuis plusieurs minutes, Aileen était restée silencieuse. D'abord pensive à l'évocation de Luwö, elle avait ensuite écouté d'un air curieux les récits des deux hommes quand aux Humains qu'ils avaient rencontrés. Et puis il y avait eu cette discussion au sujet de la reine. Elle ne l'avait jamais vraiment connue, pas comme Elen et Gaver. Tout au plus l'avait-elle vue quelques fois. Les paroles sombres des deux hommes finirent par la toucher elle aussi et la jeune Elfe avait fini par se murer dans un silence songeur bien qu'inquiet face à la réaction d'Elen. Il se proposait de défier les dieux, rien que cela... Et la Cerf ne voyait pas vraiment ce projet d’un très bon oeil...

- Voilà, nous avons la preuve que nous sommes devenus deux vieux barbants, Elen. Faisons nos excuses à l’Intendante à laquelle nous avons ôté son si joli sourire ! Clama Gaver avec emphase.

- Effectivement, je ne me doutais pas que nous allions à ce point l’ennuyer.

- Hein ? Je... Ho mais non, vous ne m’avez pas embêtée ! Répondit l’intéressée, surprise.

- Rassure-toi Aileen, nous en avons fini. Je présume que tu as hâte de retrouver Evonis, et Elen sa petite famille. Dormez sur vos deux oreilles ou... Enfin bref. Soyez tranquilles, les loups ne reviendront pas cette nuit.

- Dormir, c’est un luxe que je ne me suis pas accordé depuis longtemps. Plaise à Luwö d’éloigner les songes qu’Elle m’a introduits dans l’esprit. Je ne dormirai pas plus que toi, litith.

- Tu devrais, Elen... Fit Aileen, inquiète.

- Il y a beaucoup de choses que je devrais faire ou que j’aurais dû faire, d’autres encore pour lesquelles j’aurais dû m’abstenir. Isa a besoin de se reposer, pas de s’inquiéter. Je la rejoindrai avant qu’elle ne se réveille. Promit-il. Lilei ne devrait pas se réveiller cette nuit : les nouveaux nés sont calmes et réclament peu les premiers temps.

- La question n’est pas de savoir si tu aurais dû faire certaines choses ou pas... La question c’est de savoir si tu devrais te reposer et je pense que oui. Insista-t-elle. Tu crois qu’Isa ne s’inquiète pas, à te voir rester éveillé aussi longtemps ? On a tous besoin de repos, même toi...

- Le repos m’est refusé, Aileen. Ce n’est pas pour rien que je passe mes nuits à courir en forêt des Cendres.

- Dit plutôt que tu te le refuses... Fit-elle à voix basse, lui tournant le dos, s’apprêtant à repartir. Bonne nuit, Gaver... Bonne... Nuit, Elen... J’espère qu’Evonis ne m’en voudra pas trop de l’avoir fait attendre ! Continua-t-elle, plaisantant néanmoins avant de s’en retourner vers le campement.

- Bonne nuit...

- Bonne nuit Mademoiselle. Dit-il en s’inclinant. Elen, rappelle-nous demain, de trinquer à nos fantômes. Ensuite vous me direz ce que vous aurez choisi comme plan de route. Pour la mule égorgée, on pourra toujours s’arranger. Par contre il ne faudra rien laisser de la carcasse, les loups doivent comprendre qu’aucune de leur attaque ne leur apportera le moindre bénéfice, bien au contraire. A plus tard mes amis !

Elen se saisit néanmoins d’une pelle, pour enterrer ses frères tombés au combat. Au moins, ils ne serviraient pas de nourriture aux autres loups, s’ils s’abaissaient déjà à consommer leurs morts. La terre, gelée, ne rendrait pas les choses aisées, mais donner une sépulture à ses frères lui semblait être la moindre des choses. Et cela aurait le mérite de l’occuper...

[...]



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 25/09/2012 à 23:11

Ils avaient pris la décision d’aller à la base humaine, au moins dans ses alentours, et pour se ravitailler, peut-être rentrer si on les y autorisait. Leurs provisions s’amenuisaient, et ils avaient eu la délicieuse surprise de voir que les loups blancs avaient dérobé tout ce qu’ils avaient en viande fumée et jeté bas une bonne partie des provisions sèches dans la neige. L’humidité ne tarderait pas à faire pourrir le tout et un voyage sans réserves ne semblait prudent à personne, pas même à Gaver ou au Seigneur Dakon qui se seraient, sinon, sans doute abstenus de les mener aussi près du QG des Humains.

Isa avait repris de la vigueur et retrouvé certaines de ses robes favorites parmi les plus amples, doublées par une belle cape qu’Elen lui avait confectionnée à la Tanière avec la peau de l’ours qu’ils avaient chassé pour leur mariage. Lilei, tantôt dans les bras de sa mère tantôt dans ceux de son père, étrennait son trousseau. La cape que Evonis lui avait taillée dans la l’épaisse fourrure immaculée de l’un des loups du nord tombé lors de l’affrontement finissait de l’emmailloter et ménageait en un large rebord ses yeux fragiles de la forte luminosité due à la réverbération sur la neige.

Sa petite ne cessait d’émerveiller le Chaman : même s’il était connu que les bébés ne voyaient pas bien au début de leur existence, elle semblait réagir à chaque son lorsqu’elle était éveillée. Trop faible encore pour tourner la tête, ses yeux allaient au ralenti vers ce qu’elle jugeait être à l’origine du son importun, comme si elle tentait déjà de comprendre le vaste monde qui l'entourait. Elle restait encore relativement muette, exception fait des pleurs pour quémander l’attention de ses parents, manger ou être changée.

Elle passait le plus clair de son temps à dormir mais ses babillages alertaient vite ses parents. Aussi Isa se réveillait-elle chaque matin aux gazouillis de la petite, voire quelques hoquets plus percutants si elle n’émergeait pas assez vite. C’était alors un mélange de surprise, de bonheur intense et de culpabilité profonde qui envahissait la jeune maman. Avec des attentions instinctives, elle la cajolait, lui parlait tendrement, comptait et recomptait ses doigts et ses orteils ou se demandait si elle l’avait assez nourrie alors que l’enfant s’endormait sur son sein, repue. Pourtant le soir de plus en plus tôt, bien que la fatigue et les douleurs de l’enfantement s’estompassent aux fil des jours, une torpeur s’emparait d’Isa et elle se contentait de laisser Lilei dans les bras d’Elen, comme si elle ne se sentait plus la force de s’en occuper. Elle les fixait d’un regard éteint et ne la reprenait que pour les tétées, seul rôle hors de portée du Loup. Comme les conversations allaient toujours bon train autour du feu de camp, la discrétion d’Isa passait inaperçue, sauf peut-être aux yeux d’Elen. Gaver avait bien essayé de mieux connaître l’épouse du Chaman mais la jeune femme se débrouillait pour l’éviter, le trouvant un peu trop perspicace à son goût.

Le Chaman commença rapidement, voir immédiatement à s’inquiéter pour son épouse. Il la trouvait distante avec l’enfant, comme si elle se sentait incapable de prendre soin d’elle. Or il savait la chose fausse : elle jouait au jour le jour parfaitement son rôle d’épouse, au goût du Chaman, alors même qu’elle n’avait qu’une vague idée de ce qu’ils avaient partagé la veille. Ces défauts de mémoire la rendaient habituellement pétillante et surprenante aux yeux du Chaman.

Il savait que les femmes passaient souvent par une légère période de déprime. Mais chez Isa, il craignait que ce sentiment soit renforcé par sa malédiction. Aussi s’attacha-t-il chaque matin à lui rappeler quelle excellente et attentive épouse elle avait toujours été, et qu’elle aurait toutes ces qualités et bien plus encore pour leur enfant. Lilei ne souriait, pour l’instant, que lorsqu’elle se trouvait dans les bras de sa mère. Un argument de poids pour le Chaman.

Il choyait Isa plus que sa fille, l’embrassait, la réconfortait, la cajolait, la mettant le plus souvent possible en présence de l’enfant. Et il espérait bien réussir à la convaincre définitivement le jour du rituel de la jeune femme, en partageant avec elle la pose du Saïka et en se débrouillant pour lui montrer que Lilei l’aimait et qu’elle n’avait aucun souci à se faire quant à son instinct maternel : quelque soit la nature du maléfice qui avait prise sur elle, il n’affectait en rien ses qualités de mère.

Aileen n'avait pas beaucoup eu l'occasion de passer du temps avec la petite durant le voyage. La journée, elle voyageait, bien au chaud, dans les bras de ses parents. Cependant, le soir, après que le campement fut installé et lorsqu'Isa confiait Lilei à son mari, la Cerf se permettait souvent de venir taquiner un peu le Loup quant à son nouveau rôle de père. Elle en profitait également pour réclamer "un petit bout de la petite", comme elle le disait souvent en riant, appréciant de passer quelques instants avec Lilei.

[...]



el Par Elen  le 25/09/2012 à 23:13

Arriva bientôt le sixième jour de voyage. Ils approchaient du QG, d’après ce que disaient Gaver et le Seigneur Dakon. Et ils n’avaient aucun mal à percevoir la joie des Humains de revenir à leur logis. Elen savait que Isa se rappellerait cette journée, aussi se mit-il en quatre plus encore qu’à son habitude pour lui simplifier les choses et pour lui démontrer qu’elle n’avait rien à envier aux autres mères. Lilei, sans savoir quelle importance ce jour avait pour sa mère, semblait à la fois plus calme et plus vive que les jours précédents.

Il était temps pour elle de s’ouvrir à Luwö, et pour Isa de se souvenir du rituel. Elle le verrait, et il le savait, elle s’en souviendrait jusqu’à la fin de ses jours. Cela ne remplacerait pas sa mémoire dérobée la dernière fois, mais au moins aurait-elle une idée du fonctionnement d’un tel rituel. Il disposait de tout le nécessaire dans sa besace. Il l’avait vérifié après l’attaque : rien n’avait été cassé.

Aileen aussi serait là. Et qui le voudrait. Ce n’était pas un rituel sur un adulte. Le bébé aurait toute sa jeunesse pour se forger une pudeur. En attendant, les gens le dévisageaient sans vergogne. Elen pressentait que cela intéresserait Gaver. Depuis combien de temps le Premier n’avait-il pas assisté à une telle démonstration de la force des Totems ? Quelque part, le Chaman espérait que le vieil Elfe assiste à l’évènement : naître aux Totems sous le regard d’un des Premiers, il trouvait que cela était du meilleur augure.

Une fois le campement monté, après avoir hissé trois toiles de tentes de telle sorte qu’il s’en trouvât une seule, plus grande, apte à accueillir d’éventuels spectateurs, Elen s’adressa à ses compagnons, Humains compris, avec l’assentiment de son épouse :

- Ce soir, notre enfant va embrasser la voie du Totem. Si vous le désirez, vous pouvez assister à la cérémonie. Nous ne prendrons qu’un moment pour quelques préparatifs auparavant...

Il réservait en effet la préparation de la mixture servant à imprimer le Saïka dans la chair aux seuls Loups. Même si des proportions précises étaient requises, il préférait rester prudent quant aux secrets de son clan. Ses compagnons de Meute comprendraient qu’ils ne puissent entrer sans susciter d’éventuelles jalousies.

Evonis, de toute manière, avait prévu d’assister à l’événement et fut le bienvenu. Ils pénétrèrent donc tous les quatre dans la tente agrandie et Elen se fit un devoir de réexpliquer tout le processus en détail à Isa.

Il posa sa besace sur le sol, pour en extraire le même bol céramique que lors du précédent rite, lavé avec soin, ainsi que le couteau et la cuillère en argent. Il déposa aussi sa balance toute simple, ses poids, le morceau d’ambre, la gomme de myrrhe, la poudre de cristal de mana, la résine, le charbon, le gui et le morceau d’écorce. Il termina précautionneusement par la fiole d’eau. Il procédait toujours dans un ordre précis, comme Kowü le lui avait appris.

Isa berçait leur fille, si paisible qu’elle espérait ne pas la troubler par sa propre nervosité. La quantité et la diversité des ingrédients l’étonnaient mais elle ne dit mot : Evonis devait penser qu’elle connaissait déjà tout cela, et pour cause... Cela ne serait donc en théorie qu’une révision.

- Allons-y, lança Elen, lorsque tout fut exposé devant lui. Regarde bien, ne lele.

Il commença par vider l’eau dans le bol, en expliquant sa fonction : faciliter la transition entre le monde des Vivants et celui des Esprits. Il ajouta ensuite du charbon, le pesant sur la balance, utile pour donner couleur au tracé et purifier le corps des mauvaises énergies. La résine servait, elle, à donner de la consistance à la mixture et servir de liant entre le territoire des esprits et l’enveloppe de l’enfant. Il vida la fiole qui contenait la poudre de cristal de mana, qui permettait de concentrer les flux magiques dans le Saïka. Il fit une nouvelle pesée, de poudre d’ambre cette fois, pour créer le pont entre les deux mondes. Puis il ajouta la myrrhe, qui symbolisait le lien affectif entre le Totem et ses enfants. Venaient ensuite les ingrédients propres au clan du Loup : le gui, cueilli sur le Grand Chêne, pour éloigner les mauvais esprits, et l’écorce de l’arbre sacré pour lier sa fille à Luwö. Il fit chauffer le mélange, tout en rangeant les divers ingrédients.

- Et voilà, il ne reste plus qu’à appeler les autres, le temps que tout ça tiédisse.

Les Humains firent majoritairement l’impasse, à part celui à qui l’on prêtait des qualités de guérisseur. Sans doute que la possibilité d’étudier les coutumes locales de près l’intéressait davantage que ses congénères pour qui les sorcelleries indigènes ne devaient être que de vastes mascarades.

Evonis qui était sorti rameuter les invités s’étonna de voir Gaver hésiter. Il observa avec curiosité le Premier, se demandant ce qui l’empêchait à ce point de savoir s’il allait ou non venir.

- Eh bin ! Tu vas quand même pas rester dehors dans le froid, Gaver, si ?

- Je ne sais pas si je dois m’imposer... Et puis vous allez déjà être nombreux. Fit le Premier, tiraillé entre l’envie d’être présent et l’impression qu’il allait déranger.

- Penses-tu ! Elen exhibe sa gamine comme un trophée ! Il serait content que tu vois ça !

- Oui il a l’air très fier de sa petite, et c’est bien naturel. Mais j’ai l’impression que son épouse préfère me voir à distance... Tu crois qu’Elen a déteint sur elle et que du coup elle n’aime pas les “Nobles” ? Gaver plaisantait à moitié mais, quelque part, il sentait qu’Isa avait un comportement étrange.

- Si toi t’es Noble, Gaver, moi ch’uis un Lutin. Nan. C’est vrai que t’as de la noblesse, mais seulement où il faut. Pas comme les idiots de la ville.

- Là où il faut... Les oreilles tu veux dire ? Ah sacré Evonis ! Dit-il en éclatant de rire. Bon... Allons-y, mais si je me fais sortir par la petite dame comme un malpropre, je me souviendrai que ç’aura été ta faute !

- Ça me convient !

Le Premier entraîna Dakon à sa suite. Même si l’Olympien n’affectionnait pas particulièrement les cérémonies elfiques, il était heureux de voir la réussite d’une union entre son peuple et le leur.

Lorsque tout ceux qui le souhaitaient les eurent rejoints, Elen enjoignit Aileen de venir auprès d’eux. Il était moins simple pour la Prima-Luwä de profiter de sa filleule ici en voyage où elle passait beaucoup de temps à être transportée par ses parents qu’à la Tanière où elle aurait pu tranquillement la voir dans son berceau.

Isa attendit le dernier moment pour défaire les multiples langes de Lilei. Il faisait bon sous la tente où les braises étaient encore vives mais elle ne voulut pas risquer que la petite attrape mal à cause des allées et venues des invités. Dans l’attente de la présenter à Luwö, elle ne lui laissa qu’un carré de linge délicat qu’elle avait joliment brodé durant son apprentissage en couture auprès de Ninah.

- Amis, compagnons, mesdames, messieurs, ceci est un rite de passage pour tous les Loups en jeune âge et pour tous ceux qui souhaitent être intronisés dans notre clan. Il fait appel aux forces totémiques. Aussi, ne vous alarmez pas si les choses vous semblent étranges : vous ne courez pas le moindre danger. Et si cela devait être le cas, ils s’en rendraient compte bien assez tôt pour réagir. J’en appelle maintenant à Luwö. Fit-il, plus pour prévenir l’assistance qu’autre chose.

Il se laissa envahir par une force primaire, sa conscience reculant presque aussitôt que ses sens se furent aiguisés. Son Saïka étincela tandis que Luwö prenait la place de son esprit, malgré la distance qui les séparaient de leur terre natale : le Totem se trouvait en chaque lieu d’Olympia. Ses yeux irradièrent de cette lueur fauve qui l’accompagnait habituellement au combat. Il fit quelques pas, marchant comme dans un rêve, le regard dardant l’assistance, puis l’enfant et sa mère.

- Muata Isa, ke zutelith. Commença-t-il, d’un voix extrêmement plus profonde et caverneuse. L’on aurait pu croire à une feinte s’il n’avait pas poursuivi, saluant chacun des gens présents dans l’assistance : - Muata Prima-Luwä Aileen. Muata Odeli, ke zutelith. Muata Evonis, ke zutelith. Muata Gavere. Muata, Dakon. Muata Rorschach... Nul ne fut omis, et tous furent appelés par leur nom usuel.

Ses pas lents et mesurés, comme un prédateur cherchant sa proie le portèrent vers Lilei et Isa. D’un geste qui se voulait rassurant, il posa sa main sur l’épaule de l’Olympienne. Celle-ci, bien qu’impressionnée par la présence qui s’imposait, ressentit immédiatement cette bienveillance paternelle dont il l’avait toujours gratifiée et se résolut sans crainte à lui laisser son trésor le plus précieux. Il se saisit délicatement de l’enfant et la porta dans ses bras. Lilei sentit-elle la présence du Totem qui semblait alourdir l’atmosphère de la pièce ? Ou s’éveilla-t-elle simplement en changeant de main ? Toujours est-il qu’un sourire se dessina sur sa ravissante petite frimousse et les yeux grands ouverts, elle babilla joyeusement.

- Le ara gavu me luwö, ke elith. Promit-il, la couvant du regard, comme un père fier de son enfant, comme Elen lorsqu’il la regardait dans les bras de Isa.

Ses mains glissèrent sur la poitrine de l’enfant, là où se trouvait son coeur battant, arrachant un nouveau cri de joie à la petite. Il parcourut le flux des énergies, à la recherche du noeud le plus fort, celui qui deviendrait le centre de son Finyë, la soupape qui en déchargerait le surplus. Et il finit par la trouver, à l’extérieur de sa cheville droite. Avec des gestes habiles, de sa main libre, il approcha sa main du bol, préleva de la mixture qui scintillait déjà à la proximité de son auguste présence puis il traça avec douceur et précision sur la peau douce de l’enfant un motif aux formes élancées :



Dès lors que le Saïka fut achevé et que le Chaman en transe eut rendu l’enfant à sa mère, la luminescence qui se dégageait du tracé s’évanouit. A part Aileen et Isa, suffisamment proches pour saisir à la dérobée certains détails de la marque, personne n’aurait pu dire la décrire mieux qu’une “zone éclatante” sur la cheville de Lilei.

Le Chaman sourit et il murmura quelques mots à l’enfant que seule elle et sa mère purent entendre, sa voix reprenant peu à peu son timbre habituel :

- Ne le geno lele ny le anvadarada. Ne le luwo zutelithn zuluwö. Ara me e zetï.

Et aussi soudainement qu’elle était arrivée, la présence oppressante du Totem disparut et le Chaman retrouva ses esprits. Il cligna des yeux, observa la foule puis s’enquit :

- Tout s’est bien passé ?

De son bras libre, Isa se pendit au cou de son époux revenu parmi eux et l’embrassa tendrement avant de lui murmurer :

- Pour le mieux, ne lele. Je te raconterai tout, tout à l’heure.

- Je crois que Lilei aime bien Luwö, et vice versa ! Fit Aileen en souriant.

- Et je crois qu’elle devrait passer un peu de temps avec sa Prima-Luwä, tu ne crois pas Isa ?

Il espérait pouvoir poursuivre ses efforts pour redorer le moral de sa femme, discuter avec elle des évènements de la journée, des sourires que destinait Lilei à Isa, de la cérémonie qui avait précédé et surtout passer un peu de temps seul à seul, comme il sentait qu’elle en avait besoin. Il voulait qu’elle se sente belle et désirable de nouveau, et qu’elle comprenne qu’être mère ne creuserait aucun fossé entre le couple et qu’au contraire, Lilei allait être un puissant liant pour eux. Il voulait créer de bons souvenirs, mémoire d’un couple épanoui puis, une fois Lilei revenue, de la petite s’endormant au milieu de ses deux parents. Le rituel graverait à jamais ces images dans l’esprit de Isa, du moins voilà à quoi il aspirait.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 25/09/2012 à 23:14

Surprise par la proposition, la jeune femme haussa les sourcils.

- Oh... Je ne sais pas Elen... Elle est si petite, on ne va pas déjà embêter Aileen. Et puis elle va vite avoir faim... Il faut que je la rhabille.

Elle s’écarta pour installer leur fille sur une épaisse couverture, le temps de lui repasser tous ses vêtements. Laisser Aileen s’occuper de la petite alors qu’il y avait si peu de temps qu’elle-même en prenait soin ne faisait que rajouter à sa culpabilité. Quelle genre de mère ne se souvenait pas de la naissance de son propre enfant et s’en débarrassait à la première occasion venue ?

- Ne t’inquiète pas, ne lele. Aileen s’en occupera bien. Dès que tu l’auras nourrie, on va la confier à sa Prima-Luwä. C’est important, tu sais, qu’elles développent des liens. Pas longtemps. Promit-il.
- Oui c’est vrai... Concéda l’Olympienne après un long moment où elle vérifia que la cheville de Lilei ne présentait pas de brûlure. Mais la pose du Saïka sur les nourrissons dont les énergies étaient bien plus malléables ne leur faisait, heureusement, aucun mal. Ça ne te dérange pas, Aileen ?
- Bien sûr que non, quelle question ! Et puis il ne faut pas t’en faire autant, Isa, quoi qu’il arrive je ne serais pas très loin. Répondit la Cerf, amusée par l'inquiétude de la jeune Olympienne.
- D’accord... Appelle-nous si tu en as assez ou si elle pleure.

Ils firent comme prévu et Lilei, à moitié endormie après s’être rassasiée, fut confiée à sa Prima-Luwä.

- Alors, comment ça s’est passé, ne lele ? Luwö a été gentil avec toi ? S’enquit-il, tandis qu’il conduisait Isa un peu à l’écart du centre du campement, un bras passé par dessus ses épaules. C’est vrai, alors, que la petite a apprécié la cérémonie.

Le visage d’Isa s’éclaira et elle raconta tout en détail : comment Lilei avait apprécié d’être au contact de son père habité par le Totem, la marque qu’il avait tracée, jusqu’aux mots exacts qu’il avait prononcés à leur intention. Néanmoins, elle peinait à en connaître la signification correcte.

- Notre fille est promise à une belle vie, ne lele. Peut-être un grand destin aussi. Imagine que Luwö la choisisse à ta suite, d’ici un bon millier d’années ! Dit-elle, enjouée, avant d’embrasser la main du Loup qui était à sa portée.
- Il n’y manquera pas. Ce n’est pas juste, tu sais ? Je croyais qu’elle ne souriait qu’à toi jusqu’à présent, et voilà qu’elle sourit à Luwö à présent ! Elle t’aime, notre fille !
- C’est simplement la reconnaissance du ventre, Elen. Tu verras lorsque tu auras chassé quelques vilaines ombres effrayantes autour de son berceau, tu seras son héros. Prédit-elle, les yeux pétillants. Elle a été si sage... Je me souviens de quelques nourrissons au Havre qui étaient purement insupportables. J’espère qu’elle ne profite pas d’être avec Aileen pour se “rattraper”.
- Tu verrais sa bouille quand tu me la confies, elle boude un moment. Crois-moi, ce n’est pas le sein qu’elle recherche, c’est sa maman. Elle aime ta voix. Et ne t’inquiète donc pas pour elle. Aileen saura se débrouiller. Pense à nous. Ça fait une petite éternité qu’on n’a pas pu passer un peu de temps rien que toi et moi. En amoureux.
- C’est vrai ? Je suis désolée Elen, je ne me rends pas compte... Mais avec le rituel de ce soir, j’aurai davantage de repères et je ferai plus attention. Avec tous les efforts que le Loup faisait pour qu’Isa aille au mieux, cela aurait été un comble qu’il se sente délaissé en retour.
- C’est vrai, ma douce. Et je te sens un peu déprimée. Ça arrive souvent, tu sais, aux jeunes mamans. C’est naturel de perdre ses repères quand quelqu’un s’ajoute à la famille. Je veux que tu saches que rien n’est changé entre nous, et mieux que le savoir, je vais te le montrer ! Et ensuite, on prendra un peu de temps avec notre fille, toi, moi et elle, ce soir, pour apprendre à mieux connaître la famille que nous formons !

Isa entoura la taille du Loup d’un bras, tandis qu’ils poursuivaient leur balade.

- Ça ira maintenant. Nous allons passer une magnifique journée, aussi magnifique que notre fille. Et puis nous sommes bien entourés avec Aileen et Evonis. Vraiment je ne vois pas de quoi je pourrais me plaindre ou avoir peur.
- Oh mais c’est normal d’avoir peur, ne lele. Pour tout te dire, j’étais mort de trouille lors de l’accouchement. Et encore maintenant. Mais quand je suis avec toi, je sais qu’ensemble nous pouvons tout affronter. Il s’interrompit pour lui déposer un bécot au creux du cou. Sais-tu ce qu’a dit Luwö ? “Ara me e zetï.” Cela signifie “Marche dans ses pas”. Quand on le dit, normalement, cela désigne les pas de Luwö lui-même. C’est un voeu de longue vie. Mais là, c’était de tes pas ou de ceux de Lilei dont il était question. Je crois, ne lele, qu’il t’offrait de marcher aux côtés de notre fille, bénie soit-elle...
- Tu veux dire... Qu’il me donnera de la voir grandir et s’accomplir ? Ce serait un fabuleux cadeau... Et cela éviterait à Elen de chercher, car elle était à peu près sûre qu’il n’avait pas complètement renoncé, une solution pour allonger sa vie.
- Soyons prudents, Isa. Ce qu’il a dit le laisse entendre. Mais sait-on jamais... Peut-être était-ce une recommandation : il est possible qu’il te conseille de garder un oeil sur notre fille. Je ne veux pas te donner de faux espoirs. Il s’arrêta, posant ses mains sur les joues de la jeune femme, rapprochant son visage du sien pour lui murmurer avant de lui donner un tendre baiser : Même si cette espoir est mien, ne lele...

Ils se promenèrent encore un moment tout en discutant, avant de rentrer se réchauffer sous leur tente. Le programme élaboré par Elen leur avait permis de retrouver un peu d’intimité mais il était temps d’aller libérer Aileen de la petite.



el Par Aileen  le 25/09/2012 à 23:17

Quelques tours de sablier plus tôt, alors que Aileen se voyait confier la petite Lilei

- Ah ? Ils ont déjà réussi à t’amadouer ? Tu vas plus la lâcher, la gamine ! Fais gaffe, Ailou... Fit Evonis avec un sourire moqueur lorsqu’elle revint à lui, l’enfant dans les bras.

- C’est ça, moque-toi, gros malin ! Répondit-elle en lui tirant la langue.

- J’t’avoue qu’elle n’est pas moche, comme gamine, avec ses beaux yeux métissés dans le vague, quand elle les ouvre. Et elle est pas trop contraignante. J’ai vu des Louvetaux qui braillaient pour un rien. Elle, non, juste quand elle a faim ou fait popo. Bon, en même temps, vu tous les gens qui se bousculent pour la câliner... Toi la première, d’ailleurs !

- T’es jaloux ? Plaisanta-t-elle avant de reprendre. Elle est vraiment adorable, oui ! Et mignonne comme tout !

- Elle est chouette, ouais. Fit-il, lorgnant sur la gamine, un sourire s’invitant sur ses lèvres : plus que mignonne, même, attendrissante...

- Toi aussi, elle est en train de t’amadouer ?

- Bin t’as vu ses petits doigts ? C’est minuscule... Il s’éclaircit la gorge avant de feindre de se renfrogner : Humph ! Tu vois ce que tu me fais dire ! Vont se payer ma tronche à la Tanière, après !

- Ho mais non, c’est mignon de te voir fondre devant sa petite frimousse ! Et encore, tu ne l’as pas vue quand elle boude, quand elle est dans les bras de son papa ! C’est adorable ! Bon, et si tu veux, je promet de ne rien dire... Sauf à Elen et Isa !

- Tsss... Tant que c’est toi qui la portes...

- Tu veux la prendre un peu ? Lui répondit-elle avec un sourire des plus angéliques.

- Pourquoi tu poses ce genre de questions ? Fit-il, affectant un air désespéré durant le silence qui suivit avant de reprendre, enthousiaste : Bien sûr que je veux la prendre un peu.

Aileen lui sourit, amusée par sa réponse, puis lui confia la petite, surveillant avec attention les réactions du Loup...

- Elle est toute légère, hein ? Fit-elle, une fois Lilei dans ses bras.

Evonis tenait précautionneusement la petite au creux de ses grands bras, une main en soutien sous sa nuque. Les bébés avaient de si grosses têtes ! Lilei ne broncha pas un instant lorsqu’elle changea de mains. Elle releva juste lentement son bras pour sucer son pouce minuscule sous le regard plein d’étoiles de l’Ashka émerveillé de la tenir, simplement de l’avoir contre lui.

- Elle est tellement petite ! C’est... C’est... C’est fou !

- N’est-ce pas ? Répondit la Cerf, amusée, venant poser sa tête contre l’épaule du Loup. Profites-en, elle va vite grandir !

- J’sais bien... Fit-il, sans lâcher la petite des yeux.

- Et puis un jour, on en aura un rien qu’à nous... Murmura Aileen, souriant alors qu’elle portait à son tour son regard sur Lilei.

- Rien qu’à... Humph... Tu serais pas entrain de me préparer un tour à ta façon, toi ?

- Moi ? Ho, mais non, je n’oserais jamais ! A quoi tu pensais ? Répondit-elle, feignant l’innocence.

- T’en veux un, toi aussi, hein, avoue ? Et si ça tenait qu’à toi, tu voudrais qu’on le fasse ce soir. C’est bien ça ?

- N... Non ! Enfin, si mais... Pas forcément ce soir ! Qu’est ce que tu vas chercher là ? S’étonna-t-elle.

- T’es sûre ? C’est ton dernier mot ?

- Ben je... Je sais pas ! Fit-elle, d’une mine boudeuse.

- Oh bah si, tu sais.

- Mais non, je sais pas ! Insista-t-elle, ne voulant pas avouer que le Loup avait parfaitement raison...

- Bon, bin comme je sais mieux que toi, tu vas voir... Mais plus tard !

- Oui, plus tard, pour l’instant on doit prendre soin de Lilei ! Fit-elle pour changer de sujet.

- Tu la veux ?

- Hé, c’était pas moi qui t’avais demandé ça ? Plaisanta-t-elle, avant d’ajouter : J’aime bien la tenir... Et puis la regarder, elle est vraiment jolie !

- Tiens, alors... Fit-il, lui tendant l’enfant.

La Cerf reprit la petite dans ses bras, un sourire attendri se dessinant sur ses lèvres. Isa et Elen devaient être aux anges avec une petite aussi adorable.

- Je crois que je ne vais pas la rendre à ses parents ! Plaisanta-t-elle.

- Fait gaffe. Isa est une femme dangereuse !

- Ho, parce que tu crois qu’un peu de magie me fait peur ? Répondit Aileen en riant.

- Elle en fait pas qu’un peu. Et Luwö l’aime bien.

- Ce que tu peux être rabat-joie ! Je la lui rendrai, alors. Fit-elle, feignant de se résigner à oublier son plan.

- Bah, t’auras le tien à toi, pas besoin de celui des autres.

- Oui... Mais je ne voudrais pas que ça te dérange...

- Pourquoi ça me dérangerait ? On en aura bien un jour, non ?

- Oui ! Mais... Enfin, tu n’avais pas l’air... Très emballé, la dernière fois qu’on en avait parlé...

- Bin si, mais plus tard.

Aileen resta silencieuse, gardant les yeux posés sur la petite qui semblait sur le point de s’endormir dans ses bras. Plus tard ? Mais “plus tard” quand...? Voyant l’air déçu de Aileen, il poursuivit :

- Tout de suite ?

- Ca dépend de ce que tu en penses...

- Hum... Ça dépend de toi...

- Pas seulement de moi, de toi aussi !

- T’es sûre de toi ? Que ch’uis le bon ? Celui que tu veux et tout le reste ? Jusqu’à la fin de ma vie ? Parce que faut dire, hein ?

Une fois encore, la jeune Cerf resta silencieuse, le regard toujours posé sur Lilei. Elle doutait, tout à coup... Elle aimait son Loup, ça, elle en était certaine. Mais elle ne pouvait prédire l'avenir. Peut-être faisait-elle une bêtise ? Peut-être qu'il n'était pas le bon... C'était quelque chose que sa mère semblait penser, en tout cas. Pourtant, avec ce qu'ils avaient traversé, les difficultés qu'elle avait eu à s'ouvrir à lui, à lui confier son amour, elle ne pouvait pas douter. Aileen releva les yeux et planta son regard dans celui d'Evonis.

- Oui, je suis sûre.

Il se rapprocha tout près d’elle, pour murmurer au creux de son oreille. Après tout, il ne fallait pas choquer de jeunes oreilles.

- Alors à partir de ce soir, tu vas devoir te ménager du temps pour nous, chaque jour. Si tu le le fais pas, je le ferai de toute façon. Et je t’épuiserai. Promit-il avec peu de finesse, mais un sourire qui en disait long sur la vérité qu’il avait à l’esprit : il l’aimait et il voulait qu’elle soit la mère de leurs enfants.

- D’accord ! Lui répondit-elle simplement, lui rendant un sourire identique.

- Ce sera peut-être pas facile, mais ça aura le mérite d’être plaisant.

- Je sais, mon Loup, je sais... Ça prendra le temps que ça devra, on verra bien !

- En attendant, faut s’occuper de la petite.

- Ne parle pas trop fort, regarde, elle dort ! Fit Aileen à voix basse.

C’est le moment que choisit Lilei pour faire mentir Aileen. La petite commença d’abord à ronchonner mais ne tarda pas à donner de la voix. Ses cris stridents fulgurèrent à travers tout le campement...

- Elle a faim ? Elle a fait popo ?

- J’en sais rien moi ! J’imagine qu’elle doit avoir faim... Tu sais où est Isa ? Répondit-elle en jetant des regards inquiets aux alentours.

- Mais non... Elle vient de manger il y a seulement quelques minutes. Hum... Il sentit l’enfant et fronça le nez. C’est bien ça : elle nous a laissé un cadeau... Viens donc sous la tente, je vais la changer.

- Ha, d’accord... Fit la Cerf en lui emboîtant le pas, un peu penaude. Elle faisait une bien mauvaise Prima-Luwä...

- C’est pour ça qu’ils te l’ont confiée ! Pour que tu puisses profiter de ce genre de choses... Fit Evonis, amusé par l’événement.

- Humpf. Je crois que je préfère que tu profites à ma place ! Fit-elle avec un petit sourire.

- Si tu veux... Ça fait parti du jeu, tout ça, tu sais ?

Pénétrant sous leur tente, Evonis fit un peu de place, dsiposa une couverture pour que repose l’enfant. Il la changea, avec dextérité, enlevant la couche, nettoyant l’enfant avant de la gratifier d’une chatouille sur le ventre : elle n’était pas le premier bébé dont il s’occupait, à n’en pas douter. Lilei s’était calmée sitôt qu’elle eut compris qu’ils allaient accéder à ses désirs. Evonis quitta ensuite un instant la tente, pour jeter le linge souillé aux flammes.

- Et voilà ! T’as bien regardé ? Parce que la prochaine fois, c’est pour toi !

La Cerf n’en avait pas perdu une miette, impressionnée par l’adresse et la rapidité avec laquelle le Loup s’était occupé de la petite. Elle semblait d’ailleurs apprécier ses bons soins, au vu de la vitesse à laquelle elle s’était calmée.

- Tu te débrouilles vraiment bien ! Je crois que tu vas devoir m’apprendre quelques trucs ! Fit Aileen en riant. C’est toi qu’ils auraient dû choisir comme Prima-Luwä, pas moi !

- C’est de mère dont ont le plus besoin les enfants. De père, ensuite, certes, mais la Prima-Luwä peut au moins palier au manque maternel. Et toi, tu m’as pour le côté paternel. En somme, chuis là aussi si besoin.

- Je crois que je vais avoir beaucoup besoin de ton aide, alors ! Tu sais y faire avec les enfants ! Tu es sûr que tu n’en a jamais eu ? Demanda-t-elle avec un sourire malicieux.

- Jamais... Mais j’vais te donner un secret : j’ai déjà changé des couches... Celles de Odeli, notamment... Répondit-il, sur le ton de la confidence.

- Ho, ça se voit que tu l’as déjà fait ! Mais je ne savais pas pour Odeli ! Fit-elle en riant doucement.

- Bah elle est jeune, ma cousine.

- Comme toi !

- Bin nan, pas tant.

- Mais si, c’est dans la tête, tout ça ! T’as de bons restes, comme tu dis ! Répondit-elle en riant.

Une fois propre, Lilei se rendormit, ne se réveillant plus jusqu'au retour de ses parents. Aileen la laissa à leurs bons soins, non sans leur raconter avec quelle adresse Evonis s'était occupé d'elle. Le reste de la soirée se fit plutôt tranquille, Aileen se contentant de rester aux côtés de son Loup sans cesser de le taquiner; pas même lorsque, la soirée étant bien avancée, ils décidèrent d'aller se reposer sous leur tente.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

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