Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Transe et conséquences
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Transe et conséquences
Topic visité 535 fois
Dernière réponse le 28/09/2012 à 21:46

olymp Par Isa Cestia  le 26/09/2012 à 14:05

Aileen et Evonis, Isa et Elen s’étaient réunis dans une tente aménagée pour l’occasion, à l’écart du reste du groupe. L’Olympienne avait fait d’étonnants progrès, tant et si bien qu’elle avait rattrapé Aileen ou peu s’en fallait. Elles semblaient mûres pour une exploration plus poussée du monde des esprits. A deux, pour plus de sécurité. Assistée par le Chaman. Et avec Evonis aux Icarios. Le dispositif permettrait de pallier à tous les problèmes.

Ils avaient patienté jusqu’à ce que Lilei se fut endormie, repue, après un rototo que le Chaman lui avait fait exécuter en la maintenant contre sa poitrine, la petite tête reposant sur l’épaule de son papa. La petite faisait sa fierté et il échangeait constamment des regards émerveillés avec son épouse : Lilei était leur enfant, leur fille, leur douce enfant. Parfois, il se demandait comment ils étaient parvenus à concevoir, même si la plus grande part du labeur revenait à Isa, une aussi petite et parfaite petite chose.

- Prêtes toutes les deux ?
- Ben... J’espère ! Répondit Aileen. Elle semblait cependant plus confiante que lors du premier exercice de ce type. Était-ce parce qu’elle savait un peu mieux à quoi s’attendre ou parce qu’elle pouvait cette fois se pelotonner aux côtés de son Loup ? Peut être un peu des deux...
- Oui, j’ai hâte que nous puissions tester nos progrès. Les esprits ont été curieux la dernière fois. Si cela se reproduit, j’essaierai de faire comme tu me l’as expliqué, au lieu de me tétaniser sur place... Même si le “sur place” était tout relatif, dans les strates du monde des esprits.
- Et vous serez deux. Et je ne serai jamais bien loin. Voulut-il les rassurer. Evonis, tu vas nous chanter les Icarios de maintien. Prépare-toi pour ceux de rappel à la moindre perturbation, d’accord ?
- Ouais, ouais, je sais ce que j’ai à faire. Tâche coller la frousse aux méchants là-bas toi, et laisse-moi chanter, tu veux ?
- Parfait. Tu as toute ma confiance.
- J’espère bien.
- J’aimerais bien t’entendre chanter... Ça doit être drôle ! Plaisanta Aileen.
- T’aimerais pas pour cette fois... Enfin, pas avant que vous ayez fini votre balade. Mais tu m’entendras là bas, t’en fais pas Ailou.
- Surtout, concentrez-vous bien sur vos ancres. N’oubliez pas. Ce sont elles, prime abord, qui vous retiendront et vous ramèneront.

Isa hocha la tête. Elle avait passé et repassé les consignes d’Elen dans sa tête.

- Bien. Alors je vais passer devant. Vous me suivrez, toutes les deux. J’ouvrirai la route.

Il donna un baiser à Isa, avant de fermer les yeux et de s’échapper vers le monde des esprits, passant la barrière qui le séparait de la première strate sans difficulté. Evonis entama immédiatement les chants de soutien, qui fourniraient énergie aux jeunes femmes en transe. Il ne chantait pas faux mais sa voix, en soit, n’avait aucun charme : trop rocailleuse et rude, il ne ferait jamais un bon ménestrel. Aileen lui adressa un sourire à la fois amusé et confiant puis s’installa plus confortablement contre lui, posant sa tête contre épaule avant de fermer les yeux à son tour. L’Olympienne était toujours un peu perturbée de voir son époux sombrer ainsi mais elle finirait bien par s’y faire. Elle esquissa un petit sourire à Evonis pour le remercier de veiller sur eux et rejoignit Aileen à la suite du Loup.

Elen les attendait, son esprit rayonnant comme un phare pour les guider. Il leur avait recommandé de ne pas s’approcher trop de lui, pour que leur expérience soit plus intéressante. Il les entraîna plus bas, éloignants les quelques esprits égarés dans les hautes strates, ceux-là même qu’avait rencontré Isa. Cette fois-ci, ils ne semblèrent pas s’intéresser à elle, du moins ne purent-ils pas la suivre à l’allure où elle progressait vers les strates plus profondes.

Finalement, il stoppa. Jamais Isa et Aileen n’avaient ressenti un tel nombre d’esprits. Ils semblaient partout. Certains, puissants, attiraient les plus petits qui formaient des agglomérats autour d’eux. D’autre filaient à toute allure, de ci et de là. Et aucun ne demeurait statique bien longtemps. Un grand groupe s’était rapproché du Chaman, curieux : son énergie ruisselait littéralement de lui. Mais il avait eu tôt fait de les repousser, gentiment, pour qu’ils ne l’empêchent pas de veiller sur ses protégées déjà entourées elles-aussi par les habitants éthérés de ce monde.

Aileen ne savait plus où donner de la tête. Ils étaient vraiment partout, attroupés autour d’elles mais elle savait qu’il n’y avait rien à craindre, Elen n’était pas loin. Les esprits semblaient s’intéresser plus à Isa qu’à elle, remarqua la jeune Elfe, non sans s’interroger sur la question. Peut-être parce qu’ils n’avaient jamais vu d’Olympienne ? Quoi qu’il en soit, la Cerf se montrait curieuse, elle aussi. C’était la première fois qu’elle “voyait” des esprits d’aussi près, et en aussi grand nombre. Elle savait qu’ils pouvait parfois se montrer inamicaux mais ceux-ci n’en avaient pas l’air et, bien vite, le peu de méfiance dont elle pouvait faire preuve s’envola.

Un premier esprit effleura Isa. Puis un second. Par petites touches. Puis un troisième s’intéressa à Aileen. Et bientôt, tous ceux qui les entouraient les touchaient, les sondaient jusqu’à ce que, soudain, elles ressentirent une vibration les traverser : les esprits prenaient contact avec elles. Toute l’obscurité s’estompa aux yeux, ou plutôt aux pensées, des jeunes femmes...



el Par Elen  le 26/09/2012 à 15:47

La lumière des deux Titans perçait le feuillage d’une forêt profonde aux arbres gigantesques et droits. Une forme brumeuse se déplace, humanoïde, gigantoïde même, toute faite de nuages. Elle s'infiltre dans Na’Helli, aucun des habitants ne semblant la voir. Le magnolia n’est plus très loin.

Elle entre dans le Palais Royal, parcourt les couloirs, pénètre dans une pièce aux lourdes portes de chêne massif et se saisit d’un bibelot. Une petite boite sertie et dorée, usée par les années et scellée. Sitôt l’objet en main, la créature semble se désagréger tandis que les arbres se contorsionnent, comme des blessés sur un champ de bataille. Leur sève suinte là où cassent leurs branches. Ils se ratatinent, se racornissent et foncent. Et finalement, c’est toute la luminosité du lieux qui change et devient différente.

Les arbres sont petits, à présent, difformes et noirs. Le vent est chargé de relent pestilentiels, une odeur de souffre mêlée à celle de cadavre à demi décomposés. Des débris de roche noire jonchent le sol, à peine recouverts par les moisissures rougeâtres qui rampent ci et là, escaladant même la végétation pour donner à l’ensemble du paysage un côté plus lugubre et morbide encore.

Deux Elfes se tiennent par la main, tournant le dos. L’un est grand et massif, vêtu d’un costume noir soigné et d’une cape de fourrure hirsute. L’autre est une elfe aux longs cheveux vêtue d’une robe de cérémonie Cerf. Une Olympienne leur fait face, souriante : Isa. Un corbeau est perché sur l’épaule du plus grand. Avec un grand « Crôa ! » la bestiole s’envola, tandis que le couple se tournait face à face.

Les traits de Aileen sont reconnaissables entre tous. Ceux de Evonis, pales, creusés, en revanche, rappellent un sombre évènement. Son profil révèle une profonde entaille grouillante d’asticots et le sang séché macule son flanc. Lorsqu’il se penche pour embrasser la Cerf, il devient clair que son visage à demi décomposé d’où se détachaient des lambeaux de peau est celui d’un mort.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 26/09/2012 à 21:06

Aileen ne comprit pas tout de suite ce qu'elle voyait, la première partie de la vision lui restait obscure. Elle avait reconnu Na'helli et le palais mais qu'était cette silhouette ? Que venait-elle chercher et pour quoi faire ? La Cerf restait perplexe, le sens de ces image lui échappant totalement.

Sans qu'elle ne puisse rien faire pour retenir la vision, pour glaner quelques informations, tout changea soudainement et elle et Isa se trouvaient maintenant dans une autre forêt, elle n'avait jamais vu tel endroit... Sombre et froid, seule la mort semblait régner ici. Et puis elle vit à son tour les deux silhouettes sans comprendre immédiatement qui étaient ces deux elfes qui se tenaient face à Isa. Mais au bout de quelques secondes, elle réalisa, identifiant la haute silhouette qu'elle connaissait si bien, celle de son Loup.

Mais là ou la scène aurait pu lui sembler être un présage heureux malgré la forêt lugubre qui les entouraient, la suite acheva de la terrifier. Le corbeau, le visage d'Evonis, sa blessure... L'esprit de la Cerf se recroquevilla sur lui même alors qu'elle rejetait ces images. Un seul mot s'imposait à elle : Non ! Elle refusait de croire ce qu’elle voyait.

Était-ce l'influence de mauvais esprits qui cherchaient à la briser ou était-ce un présage d'un sombre avenir ? Elle ne voulait pas y croire, elle ne voulait pas que la réalité soit si sombre. Alors qu'elle tentait de s'arracher à cette vision qui la terrifiait, se repliant sur elle même, elle perçu une voix dans le lointain, onirique, qui chantait des mots anciens, connus seulement de son peuple. Et il y avait une présence familière, toute proche. Elen était là. Et cette voix à qui elle se sentait liée par un fil d'énergie protectrice était celle d'Evonis. Il la soutenait, il soutenait Isa. Et il allait bien.

Aileen resta un court instant comme immobile, écoutant la voix du Loup, puisant quelques forces dans son chant. Et à nouveau elle se tourna vers les esprits alors que de nouveau la vision changeait. Elle ne se laisserait pas faire.

A l’instar d’Aileen, Isa crut reconnaître le Palais de Na’helli mais elle ne put trouver dans sa mémoire aucune légende ou événements historiques qui lui auraient rappeler cet être mystérieux.

Elle ne comprit pas davantage pourquoi les Esprits lui montrèrent ce qu’elle supposa grandement être la Foret oubliée qui entourait la sinistre Quatar. Fut un temps, Ariakas et elle avaient parcouru nombre de ses sentiers à la poursuite des araignées monstrueuses qui avaient attaqué Zagnadar, alors qu’ils espéraient trouver d’où elles venaient.

Mais quelle était cette parodie horrible que les esprits lui dévoilaient maintenant ? Cela ne s’était pas passé ainsi !

Pourtant, isolée avec Aileen parmi cette foule pressante, Isa ressentit la même angoisse que lorsqu’Elen avait voulu assassiner l’Ashka après avoir longuement fanatisé son Clan. Ou lorsque, à l’Arche des Flammes, les Géants avaient fait mine de se retourner contre Elen et elle... Curieusement, c’était dans ces moments-là qu’elle se sentait plus forte qu’à l’accoutumée - peut-être parce qu’elle n’avait pas le choix - et elle s’efforça d’éloigner les plaisantins qui cherchaient à les effrayer, se doutant que les visions devaient être encore bien plus horribles pour sa Prima-Luwä que pour elle.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

el Par Elen  le 26/09/2012 à 21:11

Le vent balaye la forêt, réduisant les arbres, le couple et l’Olympienne en fines cendres qui se dispersent et s’envolent vers les cieux, les noircissant. Puis s’allument une à une des lumières au firmament. La sensation pesante s’amenuise, les visions se calmant pour un temps.

Une tour, aussi sombre et noire qu’il est possible de l’être se dresse au coeur de la vision. Et là, cette étrange silhouette, cette ombre gigantesque. Accompagnée par un corbeau aussi noir que la caillasse qui constituait l’édifice. Ou plutôt les ruines : les restes de la tour, en vérité, qui s’était érodée, là, sous leurs yeux. Le corbeau croasse encore et la grande créature qui lui fait face gronde. Ses paroles sont comme un éboulement en pleine montagne.

“L’objet est là. Oserais-tu douter de moi ainsi que l’ont fait les autres ?”

Le corbeau s'envole et les étoiles chutent. Des brasiers incandescents s’allument là où elles tombent, et tout n’est que flamme, l’ombre dansant, se multipliant et s’amenuisant au gré du mouvement du feu. Le corbeau, lui, a disparu.

L’imposante silhouette, enveloppée d’un cocon de flammes pénètre dans la tour. Des couloirs déchiquetés, il ne reste presque rien. Les plafonds se sont effondrés, les murs ont été éventrés. Pourtant, il reste encore nombre d’escaliers qui s’enfoncent vers de profondes oubliettes d’où semblent jaillir encore des cris de souffrance.

La silhouette prend l’un d’eux, et s’enfonce dans les entrailles de la terre. Bientôt, elle se trouve dans une pièce circulaire, entourée de glyphes. Au centre se dresse une stèle de granit dans laquelle est fiché un poignard courbe à la lame noire et à la garde d’os. Là où est planté le couteau, la pierre suinte d’un liquide rouge et visqueux. Le corbeau est perché sur ladite pierre. Et il lance un « Crôa ! » de dépit.

“Je sais tout cela” répond l’ombre enveloppée de feu. “Mais les barrières ne nous arrêteront pas.”

La main de flamme se saisit du poignard, les caractères tracés sur les murs étincellent, éclairant la pièce de leur éclat sanguin et le feu pâlit. Le corbeau semble psalmodier des incantations et finalement le poignard quitte son scellé.

Le décor s’estompe, ainsi que l’ombre et le corbeau. Il y a là un cercle de feu. Une Olympienne pieds et poings liés. Un Chaman étendu, un filet de sang s’écoulant à la commissure de ses lèvres. Et d’autres corps immédiatement identifiables : trois autres Elfes, un Oracle et des Lutins. Et bien d’autres. Le Corbeau est perché sur l’épaule de l’ombre gigantesque. Et ils font face à un autel pierreux, taillé à la hâte.

Sur cet autel reposent une boite usée et un enfant neuf, aux yeux verts étincelants irisés de reflets de miel. L’ombre tient en sa main le poignard à la lame ébène. Le corbeau psalmodie.

“Prenez-moi à sa place !” Hurle l’Olympienne.

“Il faut un sacrifice. Il faut le sacrifice d’un innocent.” Répond l’Ombre.

“Pas ma fille ! Prenez moi !”

“C’est de l’innocence nouvelle dont nous avons besoin pour l’ouvrir.”

L’autel s’illumine, les symboles sanglants tracés autour de la boite, cercles emboîtés et entremêlés de symboles anciens dégagent de la chaleur. Ceux autour de la petite s’illuminent à leur tour. Le bras de l’ombre se détend, le poignard décrit un arc et...

« Crôa ! » Intervient le corbeau, stoppant le geste de son accolyte.

“Elle est incomplète !” Fait le Géant. “Incomplète.”

« Crôa ! »

“C’est votre faute ! Votre faute ! Uniquement votre faute !” Fait l’ombre, se retournant vers l’Olympienne.

Et le corbeau prend son essor des épaules colossales et fond sur l’Olympienne, son bec perçant et perçant encore. Et enfin vient la délivrance, le coup magistral de l’ombre, qui brise net la nuque de sa victime.

La gamine vagit, hurle et mouline de ses bras et de ses jambes. Elle s’agit tant et si bien qu’elle envoie choir la boîte, qui se brise sur le sol. Une fine poudre se répand, fine, cristalline et légère. Aussi légère qu’une âme.

Puis le sol s’ouvre, déchiré. Et les morts grouillent, dans la cavité. Les morts. Les défunts. Ceux qui patientent devant Charon. La terre partout se désagrège. Il y a des hurlements de douleur et de terreur. Les légions assoiffées de sang fondent sur ces terres promises à un ordre nouveau.

Dans les cieux s’illuminent Séléné puis Adamant. Alors que leur éclat devient de plus en plus rouge, d’autres astres s’illuminent à leur côtés. Et bientôt au nombre de huit éclairent bientôt les cieux. Ou plutôt, ils semblent plus sombre encore que le firmament nocturne, portant leur regard sur l’ensemble des terres connues...


Une lumière sourde fuse, et un loup colossal au pelage luminescent fond sur les formes sombres qui ont pris place autour des deux jeunes femmes. L’une d’elle, happée par la gueule gigantesque se désintègre en un millier d’étincelles. Les autres s’éloignent autant que faire se peut de la furie du Chaman. Mêmes les esprits bons, qui ont prestement relâché leur lien avec les deux jeunes femmes, s’écartent, de peur de devenir les dommages collatéraux de la lutte.

Un esprit aussi sombre que puissant continue par devers tout à tenter d’approcher les deux jeunes femmes, Isa en particulier, là où les autres ont renoncé. Le loup gronde et les chants, qu’elles entendaient à peine se font plus puissants et plus présents dans leur esprit : le rappel. Evonis les rappelait.



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

olymp Par Isa Cestia  le 27/09/2012 à 08:19

Toujours entre elles et le mauvais esprit, Elen maintenait à distance l’assaillant. Celui-ci prit la forme bien reconnaissable de Isa. Telle fut l’image qu’il leur renvoya. Le Chaman n’hésita pas une seule seconde, ses pattes s’allongeant pour devenir des bras, et le reste de son corps redevint tel qu’il devait être. Dans sa main droite se matérialisa un épée luminescente et dans l’autre un bouclier. Et il bondit, engageant la lutte avec l’adversaire, qui avait tôt fait de l’imiter, s’armant lui aussi...

Déjà les esprits plus malingres mais tout aussi néfastes en profitaient pour se rapprocher de la Cerf et de l’Olympienne. Les esprits laiteux s’agitèrent à leur tour, entrant parfois en collision avec leurs homologues sombres. Leurs mouvements saccadés n’en semblaient pas moins volontaires. L’appel de Evonis retentissait, plus fort et plus clair que jamais, comme s’il se trouvait juste à côté d’elles.

Isa entendit le chant d’Evonis, quand elle reprit suffisamment le contrôle d’elle-même pour écarter la vision d’horreur que les esprits leur avaient insufflée. Mais comment fuir alors qu’elle devait en savoir davantage ? Qui allait s’en prendre à sa fille ? Qui voulait faire sombrer le monde des vivants dans celui des Morts ? Elle ne pouvait pas en rester là, battre en retraite et ignorer les avertissements des esprits. Car s’il y en avait des mauvais qui se jouaient de leur peur, les autres montraient des futurs possibles. Quelle mère serait-elle si elle renonçait à ces informations ?

Elle se concentra et se servit des leçons d’Elen. Son esprit et son énergie se lièrent et firent apparaître son bâton, vaguement luminescent. Elle ignorait si elle maîtriserait assez la transe pour se battre mais les esprits réfléchiraient peut-être à deux fois en constatant sa posture moins fragile qu’auparavant. Surtout avec Elen qui faisait la démonstration de ses pouvoirs non loin.



el Par Aileen  le 28/09/2012 à 21:39

Prisonnière, elle était prisonnière... A mesure que la vision se faisait plus sombre et que la peur d'Aileen grandissait, elle se débattait, essayait de chasser les esprits qui lui montraient d'atroces images dont elle comprenait à peine le sens. Mais ils étaient trop nombreux et la jeune Cerf était incapable de se défaire de ces images qui se succédaient, comme dans le plus horrible des cauchemards. Elle ne parvenait plus à entendre la voix d'Evonis ni à sentir la présence d'Elen. Elle essayait de maîtriser la panique qui la gagnait peu à peu mais face aux cadavres, à l'immense ombre, au corbeau qui ne cessait de croasser, elle n'y parvenait pas.

L'arrivée brusque du Loup argenté défit la vision et la Cerf reconnut Elen, pourtant sa peur ne diminua pas d'un pouce. Il lui fallut quelques instants pour reconnaître l'appel puissant des Icarios qui la ramenaient vers le monde des Vivants, vers Evonis. Elle essaya d'y résister. Elen engageait le combat contre un esprit plus imposant, plus dangereux sans doute, que les autres. La Cerf ne voulait pas le laisser, il fallait l'aider. Elle lança un appel vers lui, ignorant les autres esprits plus petits qui s'agitaient autour d'elle et Isa, luttant contre la force qui voulait la ramener.

Elle mobilisa son énergie et comme on le lui avait appris, parvint à la projeter sur les esprits noirs les plus proches, en de fines aiguilles qui fusèrent dans la direction de ses cibles, une sorte de coup d'essai... Ses coups étaient bien moins puissants que ceux du Chaman. Puis la Cerf se tourna vers la forme que combattait Elen et tenta de faire de même, agressant à son tour l’esprit importun. Elle espérait que le combat se termine rapidement, elle ne pourrait pas longtemps combattre et résister à l’appel des Icarios...

Mais la présence du Chaman s’estompa soudain, s’évanouissant. Et celle de son adversaire également. Ils venaient de passer vers une strate inférieure, dans leur lutte acharnée. Avec la fin de ces effusions d’énergie pure, le nombre d’esprit s’accrut. Les vagues des bienfaisants encerclaient à présent bon nombre de leurs homologues maléfiques. Mais certains de ces derniers semblaient bien dépasser en forces les autres, et étaient laissés libres de leur mouvement.

Certains esprits malicieux s’écartèrent devant les démonstrations de l’Olympienne et de la Cerf, tournoyant un peu plus loin, rapidement harcelés par les formes de lumières qui semblaient aider les visiteurs. Mais d’autres, plus impétueux, s’élancèrent droit sur elles, avides de leurs énergies. Certains allèrent jusqu’à projeter l’image de Elen et Evonis, d’autre de Isandre et d’autres connaissances des deux jeunes femmes.

Aileen se débattit violemment, refusant de croire que ces images avaient quoi que ce soit de réel. Elle entendait Evonis mais elle savait qu’il n’était pas là. Le Evonis qui se tenait devant-elle n’était qu’un esprit qui voulait la tromper. Elle n’hésita qu’un court instant avant de s’en prendre à lui comme à tout les autres. Et il recula sagement, reprenant une distance respectueuse, la vision s’effaçant. A chaque instant de répit que lui laissaient les esprits, elle essayait de retrouver la trace d’Elen et de l’esprit qu’il combattait, sans y parvenir. A force de lutter à la fois contre ses agresseurs et contre l’appel toujours plus puissant d’Evonis, la Cerf fut vite à bout de forces, incapable de résister plus. Épuisée, elle se laissa aller, comme entraînée par un courant puissant alors qu’elle sentait son corps se faire de plus en plus proche.



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 28/09/2012 à 21:41

Isa quant à elle avisa l’esprit qui avait eu la mauvaise idée de croire qu’Isandre pourrait attendrir la jeune femme. Sa peur se changea en colère, alimentée par la vision de cette scène de meurtre sacrificiel. C’était bien ce qu’aimait faire Isandre, laisser couler le sang et rire des souffrances des autres !

- Qui est-ce ? Qui en veut à ma fille ? Voulut-elle crier alors que ses pensées se projetaient violemment contre l’esprit. Comme elle avait soumis sa grand-mère pour lui faire avouer ses tortures sur Elen, elle tenta d’obliger l’esprit à lui répondre.

Elle sentit immédiatement la présence étrangère et chargée de haine se mêler à son essence, la connexion établie entre elles facilitant dorénavant l’approche de l’esprit. Cependant, l’esprit malicieux consentit à lui envoyer une image : la sienne, son propre reflet, qui pleurait, l’enfant babillant joyeusement dans ses bras. Le message était clair : la réponse à sa question, d’après l’esprit, c’était elle. Et elle seule. Puis il déchargea sa colère en elle, l’assaillant pour tenter de lui dérober cette énergie palpitante qui l’animait.

La jeune femme accusa le coup et la culpabilité la vida en partie de ses forces si bien qu’elle ne pensa plus à questionner de nouveau l’esprit à propos de cette forme qui s’apprêtait à sacrifier Lilei. Plusieurs mauvais esprits changèrent alors de tactique : ils s’agglomérèrent autour du précédent et se rapprochèrent, menaçant de l’Olympienne. Alors que celle-ci se préparait à se défendre, ils lui renvoyèrent une unique image : celle de Lilei, avec sa bouille rieuse, ses petits bras s’agitant tandis qu’elle gazouillait à l’attention de sa mère.

Un doute terrible l’étreignit. Elen lui avait dit, pourtant, de ne pas être aussi distante... Mais elle l’avait une nouvelle fois abandonnée, pour plonger dans le monde des esprits. Et s’il lui arrivait quelque chose pendant qu’ils étaient tous “inconscients” ? Evonis veillait, mais sur eux, pas sur la petite ! Elle devait la retrouver ! Son bâton disparut alors qu’elle mettait ses dernières forces à rebrousser chemin, tachant de se faire un passage parmi les esprits qui l’environnaient, guidée et encouragée par l’Ashka.

- Tout va bien, toutes les deux ? S’enquit Evonis, sitôt qu’elles eurent regagné le monde des Vivants.

Elen n’avait toujours pas émergé. Ses yeux s’agitaient en tous sens, comme s’il rêvait, ses lèvres légèrement retroussées. Ses bras et ses jambes s’agitaient imperceptiblement, par saccade. A par cela, il avait toute l’apparence du dormeur.

- Il... Il se bat encore... On a été attaqués. Ils sont tombés... Fit Isa d’une voix tremblante, cherchant des yeux sa fille pour la prendre dans ses bras.
- J’ai senti. Mais à la profondeur où vous étiez, il n’aura aucun mal à se défaire de l’esprit.

L’Olympienne dévisagea un instant Evonis pour vérifier qu’il ne disait pas cela juste pour la rassurer. Et à cet instant Elen émergea à son tour, comme pour confirmer les dires de l’Ashka.

- Saloperie d’Égaré ! Lança-t-il, un tantinet contrarié. J’ai dû le raccompagner jusque chez lui. Tout va bien Isa ? Aileen ?

Aileen avait à peine bougé en se réveillant, se contentant de se serrer contre Evonis. Elle n’avait pas dit un mot, épuisée, les images de leur vision ne quittant pas son esprit alors que sa panique précédente s’était muée en une sourde angoisse tapie au fond d’elle-même. A la question d’Elen, elle hocha simplement la tête.

- Elle est comme moi, Elen... Dit Isa avant d’éclater en sanglots. Je ne saurai pas m’en occuper.
- Comment donc, ne lele ? Elle est bénie de Luwö, tu te souviens ? Et les esprits mentent. Plus encore ceux qui se sont intéressés à vous. Ils ne débitent que mensonges sur mensonge. Quoi que vous ayiez vu, ne le prends pas au pied de la lettre. Les mauvais esprits se servent de tes angoisses pour les retourner contre toi. Alors ne t’inquiète pas, ne lele... Il l’étreignit et embrassa son front, avant de lui murmurer au creux de l’oreille : Tu es une épouse incroyable. Et je te l’ai dit, tu es une mère remarquable. Laisse le temps à Lilei de te le dire de vive voix.
- Elen... Appela Aileen d’une faible voix. C’était pas... Ça pouvait pas... Être que... Des mensonges...
- Non, non, Ailou. Mais les esprits facétieux ont tendance à te laisser comprendre ce que tu veux bien. Tu sais, ce qui te terrifie au plus profond de toi. A tel point que tu te dis que c’est vrai. C’est pour ça qu’faut s’en méfier.
- Prends-la. Murmura l’Olympienne à Elen. Lilei allait finir par sentir qu’elle allait mal et elle ne voulait pas qu’elle se réveille avec ce genre d’impressions. Je... Je vais marcher un peu.

Prenant l’enfant dans ses bras, Elen se leva immédiatement, entourant sa fille de la fourrure de loup offerte par Evonis. Il savait Isa bouleversée. Quoi qu’elles aient vu là-bas, cela l’avait touchée au plus profond d’elle-même.

- Je t’accompagne, ne lele.
- Non, reste. Aileen va te raconter...
- Ce dont tu as besoin avant tout, c’est d’être entourée, Isa. Crois-moi. La première rencontre avec un égaré n’a rien d'anodin. Fais-moi confiance.

Et au ton qu’il prit, ce n’était pas le mari, ni le père mais bel et bien le mentor qui parlait.



el Par Elen  le 28/09/2012 à 21:42

Il l’entoura d’un bras, ne lui laissant que très peu le choix. Et il la conduisit à l’extérieur, en lui exposant la nature des égarés : des esprits puissants qui, poursuivant un mortel, se retrouvaient en des strates où ils n’avaient pas leur place et qui dévoraient tous les esprits alentours, grossissant leurs pouvoirs. Aussi rares que dangereux, ils élaboraient des visions si terribles aux mensonges si élaborés que la plupart des gens mettaient plusieurs saisons à s’en remettre.

- Lilei n’a rien, ne lele. Je te le promets. Conclut-il à plusieurs reprises tout en réaffirmant combien Isa incarnait la mère et l’épouse rêvée, scandant qu’il aurait dû se montrer plus vigilant, et que la faute de la vision terrifiante qu’elles avaient eue, dont il ignorait la teneur, n’incombait qu’à l’esprit malveillant.

- Mais comment ils peuvent savoir tout ça ?

- Ils lisent en nous, au même titre qu’ils perçoivent les flux de l’avenir. Cela lui évoqua l’Onde dont avait parlé Minuit, et il regarda loin au nord.

- Alors à quoi ça sert de faire ces transes si au mieux on n’a que des visions incompréhensibles, au pire des choses... Cauchemardesques.

- Les esprits amis ne mentent pas. Ils racontent à leur manière une possibilité d’avenir. Et les esprits vicieux corrompent la vision. Ce que je dois t’apprendre, c’est à faire la différence entre l’influence des uns et des autres. Cela aurait été facile, sans cet égaré, ne lele. Les autres étaient faibles, et noyés dans la masse des amicaux. Mais je t’avoue que mes dernières visions de l’avenir n’étaient que très rarement joyeuses. Les bons esprits ne mentent pas, mais ils tentent de nous mettre en garde contre ce qui pourrait nous arriver de fâcheux. Et avec les évènements récents, je te laisse imaginer pourquoi ils se montrent aussi pessimistes. Il fit une pause : ce n’étaient pas les choses qu’il devait dire à sa femme. Les transes ne devaient pas être pour elle systématiquement synonyme de peine et de peur. - Peu après que tu m’as annoncé pour Lilei, que tu la portais en toi, j’ai eu une vision d’elle, ne lele. De son avenir. Ce sera une fille magnifique. Elle aura tes yeux. Et tes cheveux. Et ton intelligence. Tu seras fière d’elle. Et elle t’aimera plus que tout au monde. Comme moi je t’aime. Et rien dans cette vision n’indiquait qu’elle soit maudite. Bien au contraire.

- Je ne pourrai jamais me débarrasser de cette peur. Tant qu’elle ne peut pas nous prouver qu’elle... Elle fixait le chemin, sans plus oser regarder sa fille, comme si cela pouvait encore la contaminer, d’une façon ou d’une autre.

- Et c’est pour ça qu’ils t’ont atteinte, ne lele. Je vais t’apprendre à ériger des barrières pour qu’ils lisent moins aisément en toi. Je prie Luwö pour qu’il t’offre la même vision que moi.

- Je n’y retournerai pas. C’est trop dur. Et ça ne sert à rien, à part nous faire du mal. Tu n’as pas besoin de moi, là-bas. Ni nulle part d’ailleurs, se disait-elle.

- Je suis désolé, ne lele. Il l’embrassa tendrement, prêt à patienter. - Mais tu te trompes, Isa. J’ai besoin de toi plus que tout au monde. Où que j’aille. Quoi que je fasse. Rien au monde ne saura t’égaler ou même te surpasser.

Elle se força à esquisser un sourire mais elle ne voulait plus discuter. Raconter les visions étaient au-dessus de ses forces et pourtant, il le faudrait bien avant que la prochaine aube les retire de sa mémoire... Ce fut exactement ce qu’il imagina.

- Ne lele... Hum... Je... Je peux demander à Aileen. Pour la transe... Et toi... Tu... Tu n’es pas obligée de la consigner... Tu sais... Et... Je... Je te promets que je ne t’emmènerai plus là-bas. Pas tant que tu n’en feras pas la demande. Tu pourrrais noter ça. Au moins ça : que ça a été trop dur. Et que tu ne dois plus le faire. Et... Et tu pourrais te retirer ces horreurs de la tête, quoi que ça puisse être. Le Chaman semblait aussi inquiet qu’il fut possible de l’être en prononçant ces mots. Tu pourrais oublier... Je serai notre mémoire, si tu veux. Pour ça.

- Je... Je ne sais pas... Aileen et moi n’avons peut-être pas vu exactement la même chose... Et... Et si elle commençait un jour à faire l’impasse sur les moments les plus difficiles, ce serait à la fois lâche et inconscient.

- Non, non, Isa, ne réponds pas. Je t’assure qu’elle en a vu autant que toi. Choisis, réfléchis, je ne veux pas te forcer. Tu me le diras demain. Je veux juste que tu sois... Que tu ne souffres pas à cause de mon incompétence...

- Ce n’est pas ta faute. Et tu as déjà tant à supporter... Elle s’approcha de lui pour l’embrasser. Elen avait sans doute raison. Si elle oubliait, elle irait indubitablement mieux et cela soulagerait son époux d’autant. Dans l’ignorance, le bonheur...

- Je ferai n’importe quoi pour toi, ne lele. Et si nous devons perdre une petite journée pour que tu ailles bien, ce n’est pas un sacrifice bien grand comparativement à toutes celles que nous avons partagées et que nous allons partager. Quoi que tu décides, tu sais que je te protégerai envers et contre tout. Toujours et à jamais.

- Ne t’inquiète pas. Demain... Tout ira mieux. Murmura-t-elle doucement.

- Oui... Demain... Il l’étreignit tendrement, de son bras libre, plaçant Lilei tout contre eux deux. Il ne savait pas comment interpréter ce qu’elle avait dit, mais il espérait de tout coeur qu’elle se confierait à lui et qu’elle lui ferait part de son choix.

[...]



Elen, EdL
Chaman du clan du Loup au conseil des Lunes
Responsable de l'Éclat des Lunes

el Par Aileen  le 28/09/2012 à 21:42

Evonis, lui, tentait de rassurer Aileen, sous la tente, autant qu’il le pouvait. La jeune femme était choquée et épuisée, pourtant, quelque part, malgré sa peur, une certaine détermination naissait en elle. Elle était loin de comprendre le sens de cette vision et sans doute était-elle incapable de démêler le vrai du faux. Mais elle était sûre d’une chose, elle ne laisserait rien ni personne faire du mal à Evonis. Elle leva les yeux vers lui alors que l’image de son visage émacié, cadavérique, s’imposa un instant à elle. Mais celui qu’elle avait devant les yeux était identique à ce qu’il était quelques minutes plus tôt et peu à peu la vision s’estompa.

- Ailou... J’pense savoir ce qui pourrait te remonter le moral.

- ...Tu crois ? Murmura-t-elle. Elle était si fatiguée... Tout ce qu’elle voulait, c’était se reposer aux côtés de son Loup mais chaque fois qu’elle fermait les yeux, les réminiscences de la vision lui revenaient et la terrifiaient un peu plus.

- Hum... Mais tu vas trouver que chuis bête... Enfin bon... Il s’éclaircit la gorge à plusieurs reprises : Hum... Arum... Ahoum...

- Mais t’es toujours bête, mon Loup... Fit-elle, posant de nouveau sa tête contre son épaule, sans noter la gêne dont il semblait faire preuve.

- Ouais, ouais... Fit-il, farfouillant dans un poche de la doublure de sa veste. Tu dirais quoi si j’te proposais de vivre avec moi pour tout le temps. ‘fin j’veux dire pour tout le temps, tout le temps quoi. A la Tanière ou ailleurs, hein ? Euh... Que je sois ton p’tit mari quoi. Et... Euh... Voilà.

La Cerf releva de nouveau les yeux vers son Loup, l’interrogeant du regard. Elle avait l’impression de nager dans un épais brouillard, à mi chemin entre l’éveil et le sommeil. La confusion qui régnait encore dans son esprit était loin d’arranger les choses et elle semblait peiner à comprendre le sens des mots du Loup.

- Enfin tu vois, non ? Tous les deux... Toi et moi... Mari et euh... Épouse... Ou un truc dans le genre. Euh... Nan, en fait exactement ça... Si tu veux...

- Tu... Tu veux qu’on... Bredouilla-t-elle alors qu’elle réalisait. Bien sûr que je veux... Bien sûr... De nouveau elle vint se blottir contre lui.

Il allait dégainer l’objet qu’il avait en poche, un fin anneau qu’il avait taillé en Forêt des Cendres, un bout de temps auparavant déjà. Mais il lui échappa lorsque la jeune femme se colla à lui, et roula par terre.

- Oh nan... C’est... Il est... Par terre....

- C’est pas grave, mon Loup... Fit-elle avec un franc sourire qui trahissait son émoi. Elle se pencha et ramassa le petit objet avant d’embrasser Evonis.

Il s’agissait d’un petit anneau tout simple, taillé avec grand soin, loin d’être aussi ouvragé que ceux conçus par Elen. Mais il l’avait tout de même rehaussé d’une petite gravure : un loup et un cerf stylisés qui se faisaient face. Les deux représentations, presque enfantines, il avait travaillé plusieurs jours dessus !

- C’est... C’est superbe, mon Loup... Fit-elle, la voix tremblante, ne sachant que dire d’autre. Et la vision lui parut en partie plus claire, entachant son bonheur d’une touche bien plus sombre. Elle avait peur... Mais une fois de plus, elle se jura intérieurement qu’elle ferait tout pour qu’il ne lui arrive rien.

- Alors tu veux bien ? Pour de vrai ?

- Oui, pour de vrai ! Répondit-elle, émue par un étrange mélange de crainte et de joie...

- Bin ça... Pincez-moi, mes aïeux ! Murmura-t-il, avant de l’embrasser tendrement, lui glissant l’anneau au doigt. Comme en réponse, Aileen lui pinça doucement le bras.

[...]



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 28/09/2012 à 21:45

Le lendemain matin

Isa avait tenté, le soir venu de noter quelques détails sur leur expédition dans le monde des esprits mais, à part le début du voyage et les toutes premières visions que les esprits leur avaient fournies, le reste lui était tout bonnement impossible à retranscrire sur le parchemin. Elen ne put manquer de le remarquer car, même si elle passa beaucoup de temps devant ses feuilles, bien peu de lignes les couvrirent. Néanmoins elle nota les recommandations d’Elen : sans être mieux préparée, elle ne devrait pas retenter de transe. Epuisée, elle finit par s’assoupir légèrement, ses pensées encore hantées. Plusieurs fois elle se releva pour les tétées de Lilei mais, la fatigue aidant, elle en vint à prier de s’endormir enfin, pour que ce long cauchemar cesse. Cela ne vint que bien plus tard, à la pointe du jour, alors que la plupart de ses compagnons allaient bientôt s’éveiller.

Le Chaman s’éveilla bien avant elle. Mais il se pelotonna contre son épouse, l’entourant doucement de ses bras. Il espérait que la nuit calmerait ses angoisses. Et qu’elle n’avait rien noté des horreurs que lui avaient transmis les mauvais esprits. Mais telle qu’elle était, le Chaman avait la certitude que sans entrer dans les détails, elle avait dû se laisser des indications quant à la nature malsaine de sa vision. Il attendit patiemment, écoutant les respirations lentes et profondes de sa femme et de Lilei.

Lorsque le campement fut bien réveillé et les soleils bien partis dans leur course quotidienne, les deux couples se réunirent. Isa n’était pas très sûre qu’elle veuille qu’Elen entende le récit d’Aileen. De ce qu’elle en savait, c’était la première fois qu’elle se dissimulait quelque chose et en soi, cela l’effrayait déjà.

- Bien. Avant toute chose, je peux tout entendre. Vous n’imaginez pas tout ce que j’ai déjà vu. Alors ne craignez rien.
- Ouais... Pareil...
- Aileen, tu veux bien commencer ? Isa complétera si elle le juge nécessaire.
- Et prends tout ton temps, hein ?
- Oui, d’accord... Fit-elle en hochant la tête.

La Cerf semblait encore fatiguée. Elle n’avait que peu dormi, hantée par des rêves peuplés d’ombres géantes, de corbeaux, de roches noires et de flammes. Plusieurs fois elle s’était éveillée en sursaut et seule la présence réconfortante d’Evonis à ses côtés lui avait permis de glaner quelques heures de sommeil.

Elle hésita quelques instants, son regard s’égarant aux alentours, finissant par se poser sur la bague de bois qu’Evonis lui avait offert.

- Ne t’inquiète pas Aileen. Si tu ne t’en sens pas capable, j’irai consulter les esprits. Après tout, ce serait dommage de raviver de mauvais souvenirs alors que ce jour devrait être heureux.
- Non, non, ça va aller. Je... Je rassemblais juste mes souvenirs, pour ne pas dire de bêtises. Répondit-elle, tentant de justifier son hésitation.

Elle finit par se lancer dans ce difficile récit. La première partie, qui lui restait toujours obscure, ne fut pas difficile à conter à ses amis et c’est lorsqu’elle fit mention de la forêt aux arbres noirs et racornis que la Cerf montra quelques signes d’hésitations. Plusieurs fois, elle lança des regards inquiets à Evonis puis Elen. Plus elle avançait dans son récit plus elle semblait avoir du mal à leur expliquer ce qu’elles avaient vu, comme si elle peinait à se souvenir. Pourtant, les images étaient encore vivaces, comme gravées dans son esprit, mais trouver les mots n’était pas si aisé.

- Bien... Ce qui me parait clair, c’est que les réponses se trouvent dans la Forêt Oubliée.
- Et qu’on va se marier, toi et moi.
- Toi et Aileen, tu veux dire ?
- C’est bien ce que j’ai dit !
- Tel que je comprends ce que tu as dit, Aileen, votre vision a été extrêmement polluée. Par les mauvais esprits. Mais ce qu’annonçaient les autres n’était pas joyeux, mis à part, et je vous félicite tous les deux pour ça, ton mariage.
- Ouais, et c’est clairement un ou plusieurs Corbeaux qui trament ce truc. Avec des complices, l’autre bonhomme là. J’sais pas quoi en penser de lui.
- Ce que je vois, c’est qu’ils auront besoin de ce couteau. L’autre objet, ils l’ont déjà.

Les deux Loups froncèrent les sourcils, s’absorbant dans leurs réflexions respectives. Elen songea à quel point cela avait dû être difficile pour Isa de supporter les allusions de la transe. Voir ses amis étendus et sa fille sur le point d’être sacrifiée. Lui-même n’en aurait pas dormi pendant plusieurs saisons. Et il enragea de ne pas avoir pu chasser le mauvais esprit, et maintenant couper Aileen, avant que le venin ne soit distillé dans l’esprit de sa femme. Bien sûr que Lilei l’était, complète. Il forgea une histoire qu’il jugeait crédible, pour rassurer sa femme, les propos sur leur enfant venant clairement, d’après lui, de l’égaré :

- Écoutez bien : ce que nous apprend la fin de la transe, c’est que nous sommes en danger. Tous. Et pas que nous, sinon seuls les membres de l'expédition vous seraient apparus. Et pour accomplir leur rite, ils vont avoir besoin de sacrifier un enfant. Un enfant au sang “pur”. Je suis certain que ce qu’ils voulaient, c’était une Elfe, et non une demi-Olympienne.
- On tâchera de pas leur en fournir un avec Ailou !

Aileen serra un instant la main d’Evonis, écoutant avec attention les réflexions des deux Loups. Elen avait dit que la vision avait été très troublée par l’influence de mauvais esprits mais la question qu’elle se posait était : jusqu’à quel point l’avaient-ils corrompus ? Devait-elle continuer de craindre la scène qui la représentait aux côtés d’Evonis autant qu’elle craignait le reste ?

- Peut-être... Peut-être qu’on pourrait essayer de les empêcher d’avoir ce couteau ? Osa Aileen, ignorant volontairement la dernière sortie d’Evonis.
- Oui. C’est la chose à faire. S’ils ne le récupèrent pas, la fin de la vision devient obsolète.
- Mais où est-ce qu’il peut être ? Je ne connais pas d’endroit qui ressemble à... A cette tour en ruine...
- L’ancienne Citadelle du Banni, peut-être... Proposa Isa qui n’avait pour l’instant pas pipé mot.

Elle tachait de rester indifférente aux détails qu’avaient énoncés Aileen, leur opposant le fait qu’ils n’étaient que mensonges selon son époux mais c’était tout de même difficile à entendre. Pourtant sa mine s’était défaite au fur et à mesure de la narration de l’Intendante et, palote, elle s’était blottie contre le Chaman. Elle comprenait pourquoi rien ne figurait dans son journal. Pour échapper à ses idées noires, elle se raccrocha à ce qu’elle avait entendu au début et confirmé par la bague qu’elle voyait désormais au doigt de la Cerf :

- Quand même, vous auriez pu y mettre les formes pour nous l’annoncer, cela mérite d’être fêté dignement non ? Lança-t-elle en esquissant un sourire.
- Bin... C’est que... Euh...
- Elen l’a dit, c’est un beau jour ! Félicitations, tous les deux.
- Euh... Merci Isa... Evonis sursauta, réalisant soudain que certains propos du Chaman lui étaient obscurs, et il relança sur le sujet précédent : Eh ! Elen, comment tu sais qu’ils l’ont, la boite ?
- Réfléchis. Et pendant ce temps, va déboucher une bouteille, pour fêter vos fiançailles.
- Pas besoin d’en faire autant, Elen... Fit Aileen, rougissant légèrement. Quant à la boîte... J’imagine que les évènements qu’on a vu sont dans un ordre plus ou moins chronologique. Alors s’il ne l’ont pas à l’heure actuelle, ils l’auront très vite... Avant que nous puissions ne serait-ce que contacter Na’Helli.
- Il y a de ça, oui. Il y avait bien une logique dans l’enchaînement. Mais j’affirme qu’ils sont déjà en possession de l’objet. Si les mensonges des mauvais esprits sont extrêmement travaillés et complexes parce qu’ils utilisent de nos peurs, les réponses des bons se trouvent souvent dans le détail.

Evonis crut soudain comprendre, son regard s’illuminant. Mais il s’avisa aussi que Elen était entrain de donner une leçon à ses élèves. Et fournir une réponse sans qu’elles n’en aient compris la source ne les aideraient pas le jour où elles devraient se débrouiller seules.

- On aurait dit... Qu’il volait le coeur de la forêt. Est-ce que ça pourrait avoir un rapport avec l’urne de No’irin ? Elle est à la Tanière pourtant...

Sur les traits de Elen se peignit un lavis de tristesse, léger, bref mais perceptible. L’évocation de la Reine et de son sort malheureux, bien plus encore depuis qu’ils avaient revu Gaver, le peinait.

- Il y a de l’idée. C’est une possibilité qu’on ne devra pas négliger. Je t’avoue que je n’y avais pas songé. Ce n’est pas à la boite, ni à son contenu que je faisais référence.



Par Google  

el Par Aileen  le 28/09/2012 à 21:45

Aileen avait surpris le regard d’Evonis lorsque le Loup avait comprit où Elen voulait en venir mais la Cerf n’avait pas eu la même illumination. Elle ramena ses genoux contre elle, fronçant les sourcils alors qu’elle ressassait encore les premières images de la vision.

- Je ne sais pas... C’est peut être... La brume dont est faite la silhouette ? Et le fait que les habitants ne puissent la voir, elle aura profité de la brume pour passer... Ou c’est la lumière... Elle change dans les deux endroits. Ça indique peut être un changement de saison ?
- Dans le détail... Ton idée sur la brume me plaît puisqu’elle correspond à ce que j’ai imaginé. L’individu, couvert par les brumes, en aura profité pour s’introduire ni vu ni connu dans le palais. Sinon, pourquoi avoir tiré le vieil artefact de Acrim ?
- Les changements de lumière et de lieux indiquent que les évènements ne suivent pas chronologiquement, comme tu as dit, je crois...
- Oui, sans doute... Répondit Aileen, semblant se plonger de nouveau dans ses pensées. Quelle pouvait être cette boîte ? Que contenait-elle, qui ressemblait à cette étrange poudre légère ? Et toujours cette question... A quel point la vision avait-elle été corrompue ?

Ressasser sans cesses toutes ces images laissait tout le loisir à l’esprit de la jeune Elfe d’imaginer les pires scénarios possibles. Et si c’était en acceptant sa demande en mariage qu’elle causait la perte d’Evonis ? Et si ils ne parvenaient pas à protéger Lilei, à récupérer le couteau ? Et s’ils tombaient dans un piège en essayant, les menant tous vers la fin ? A mesure que ces questions défilaient dans sa tête, sa mine se faisait peu à peu plus sombre. Elle en oubliait presque que ce jour aurait du être un jour de joie pour elle autant que pour Evonis...



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !

olymp Par Isa Cestia  le 28/09/2012 à 21:46

- Encore Acrim ? Pourquoi lui ? Tu sais ce que c’est, cette boîte ? Demanda-t-elle en relevant les yeux vers Elen.

Son instinct lui disait de faire demi-tour, de ne pas approcher de la Forêt oubliée. Tourner le dos à ce qu’avaient promis les esprits malfaisants pour ne plus le voir. Les rivages de la Mer d’Emeraude était si jolis. Ils pourraient vivre là-bas, sans plus s’inquiéter de ces bois ténébreux ni de cette lame suspendue au-dessus de sa fille...

- Je disais juste qu’ils avaient été chercher cet artefact dans la forteresse de Acrim, ne lele. Pour générer une brume épaisse qui leur permettrait de perpétrer leur larcin. Le Dément n’a rien à voir là dedans. Du moins je l’espère. Car si les fantômes du passés s’amusent à venir nous enquiquiner, nous ne sommes pas sortis de l’auberge.
- Elle t’a demandé ce qu’était la boite. Rappela Evonis, impatient d’en savoir plus lui aussi.
- Je n’en ai pas la moindre idée... Une métaphore ? Ta proposition de tout à l’heure Isa, elle me plaît. Mais je ne saurais dire si tu as vu juste ou non. Peut-être devrions-nous interroger les autres. Après tout, vous avez vu leur destin à eux aussi...
- Oui, c’est vrai, le bâton... Elle n’y pensait plus, à cette relique-là. Les traces du voleur que nous avons aperçues pourraient être celles d’un Géant Shaman... Acoquiné avec un Corbeau ? Ou l’un aurait profité de l’opportunité offert par l’autre sans qu’il y ait vraiment concertation...

... Puisque l’orbe avait été détruite et ce n’était que l’alliance apparemment fortuite de l’Elémentaire d’Eau avec le petit esprit du feu qui avait engendré la brume.

- La vision montre pourtant qu’ils seraient de mèche... Est-ce que Gaver pourrait avoir une idée de ce qu’est la boite ? Elle lâcha un soupir. Tu as raison, demandons aux autres...
- Gaver saurait... Mais je n’ose retourner chez les Humains. Ils nous ont certes hébergés, mais la prudence est de mise, avec eux. Aileen, pourras-tu répéter le contenu de cette transe une dernière fois au reste du groupe ?
- Oui, bien sûr... Répondit-elle, bien que l’envie d’avoir à raconter de nouveau la vision fut loin de l’enchanter. Isa, tu parlais d’un géant, mais... Je ne comprends pas ce qui t’y fais penser à vrai dire... A part la taille de cette ombre...
- Il y avait de la paille là où j’ai supposé que le voleur avait campé sur l’ilôt. A l’époque cela m’avait fait pensé à un épouvail, de ceux que les Géants enchantent pour les servir, ou à ces poupées que l’on confectionne afin de maudire d’autres personnes à travers elles. Mais la plume de corbeau m’avait ramenée vers un Elfe maléficien plutôt qu’un Géant. Du coup... Est-ce l’un ou l’autre, voire les deux ? Je ne sais pas. La jeune femme n’osait pas regarder Aileen. Même si elle n’y pouvait pas grand chose, elle ne se sentait guère solidaire de la Cerf, seule à conserver en mémoire les images cruelles de la transe.
- Ha ! D’accord. Je dois dire que je n’avais pas vu qu’il y avait de la paille, mais ça se tient. Je pencherais plutôt pour une alliance entre un Géant et un Corbeau. Et le Géant serait sans doute représenté par la grande silhouette. Quant au corbeau, ben c’est un Corbeau. Fit-elle en haussant les épaules.

Elle avait cru bon de préciser au maximum ses pensées. Isa l’avait sans doute compris par elle-même mais l’Olympienne semblait ne pas se souvenir aussi bien qu’elle de la Transe, bien qu’elle ignorât pourquoi. Elle avait déjà entendu parler de cas d’amnésie, partielle ou complète, après que quelqu’un avait vécu des évènements pour le moins choquants. Peut-être que l’esprit d’Isa essayait d’en faire autant...

[...]



el Par Aileen  le 28/09/2012 à 21:46

Le groupe de voyageurs avait été réuni au grand complet, ce soir-là. A en croire les Elfes, quelque chose se tramait dans l’ombre et s’ils ne comprenaient pas encore exactement quoi, une chose était sûre, des vies étaient en jeu. Peut-être même toutes celles qui parcouraient Olympia.

Ce fut Aileen qui fit le récit de la transe qu’Isa et elle avaient partagé. Même si la Cerf s’était montrée hésitante par moment tant les images qu’elle devait décrire l’effrayaient, elle parvint néanmoins au bout de son récit. Lorsqu’elle en eut terminé, un silence s’installa durant lequel chacun eut le loisir de mesurer l’importance de la vision que l’Elfe avait décrite.

Puis Aileen parla de nouveau, pensant qu’il serait utile d’expliquer au reste du groupe à quelles conclusions elle, Elen, Isa et Evonis étaient arrivé.

Ils pensaient que les protagonistes de la transe, l’ombre mystérieuse et le corbeau étaient un Géant - Aileen ne pu s’empêcher de lancer un coup d’oeil inquiet vers l’Oracle à cette mention - et un Elfe, sans doute du clan du Corbeau.

Il leur semblait également que leurs ennemis avaient déjà obtenus le premier objet, l’ancienne boîte volée, profitant sans doute de l’épisode où la brume avait recouvert la forêt des Cendres pour s’inflitrer et la dérober. Ne leur restait plus qu’à essayer de les empêcher de trouver le couteau... Et de mettre la main sur la petite Lilei...

Comme chacun comprit l’urgence et la gravité de la situation, ils se remirent en route dès le lendemain. Longeant les rivages figés du Lac de Givre, ils trouvèrent bientôt l’embouchure de la Rivières des Glaces et de là, ils redescendirent progressivement vers la Forêt oubliée.

[...]



Aileen, Elfe des lunes du Clan du Cerf
Intendante bien malgré elle !