Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - L'Histoire d'une vie
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L'Histoire d'une vie
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Dernière réponse le 24/07/2009 à 20:25

el Par Eladar  le 24/07/2009 à 20:25


Première Partie : Meurtres et dévastation.


Un vacarme faisait rage à l’orée de la forêt des Cendres.
L’armée Elfique s’était regroupée pour faire face à l’assaut de l’armée Rebelle. Tout ceux pouvant prêter main forte s’étaient rassemblés pour faire front commun face à l’envahisseur. Ordenum faisait face aux Lestrygons. Quelques rapports avaient mentionné le nombre important de ces créatures qui décimaient tout sur leur passage.
Le fléau ravageait les terres connues d’Olympia, et rien ne semblait pouvoir l’arrêter.
Et voilà que les Rebelles s’en prenaient à Na’Helli, joyau d’un peuple ayant survécu à maintes épreuves.



Les Sentinelles, fer de lance de la défense Elfique, étaient postées sur les remparts de Na’helli.
Un petit détachement s’était éloigné des portes de la ville afin de guetter l’arrivée de l’ennemi. Dix elfes étaient partis, aucun ne revint jamais.

L’armée ennemie fut visible en fin de journée. Une mer d’hommes en armure, épées tirées, lances brandies. Elle s’étalait sur un front long de plus d’un kilomètre, sillonnée par des officiers à cheval hurlant des ordres que la distance rendait inaudibles, et surplombée par une nuée d’étendards rouge sang.

Un tambour invisible commença à battre. Chaque coup retentissait à des kilomètres à la ronde, faisant vibrer les entrailles et distillant une angoisse presque impalpable. Au septième battement, la marée humaine se mit en marche.

Lente.
Irrésistible.

La première ligne s’arrêta à cent mètres des remparts. Les lances se fichèrent en terre dans un ensemble parfait. Les boucliers se levèrent.

Sur le chemin de ronde qui surplombait la porte Nord-Ouest de la cité, un officier Elfique dressa le bras. Trente arcs se levèrent, trente cordes se tendirent. L’officier aboya un ordre sec. Trente flèches fusèrent et filèrent droit sur l’ennemi.
Invisibles et mortelles.

Les traits menaçants se rapprochaient toujours plus. La première ligne de rebelles ne frémit pas. Les flèches se plantèrent à leurs pieds, ne faisant aucune victime.


Trop loin ! Une clameur titanesque s’éleva des rangs de l’armée ennemie, mais elle ne bougea toujours pas.


Les Rebelles attaquèrent à la tombée du jour. La forêt pourtant si calme et paisible fut, cette nuit là, le théâtre d’un véritable massacre. La ville et ses habitants tinrent tête longtemps aux envahisseurs, des centaines d’entre eux succombèrent mais il en arrivait toujours plus, en un flot incessant.


A l’aube, le sol entourant les remparts de la cité était rouge, des incendies finissaient de consumer des arbres millénaires, le chaos faisait toujours rage.
On pouvait entendre au loin le vacarme des tambours de l’armée ennemie, les cris et plaintes des corps entaillés par le fer, les tintements d’épées, les sifflements des flèches et sortilèges déchirant le ciel …

Le combat avait duré tout la nuit, les défenseurs étaient épuisés, beaucoup étaient morts, et environ tous étaient blessés. C’est à bout de force qu’ils laissèrent les remparts vides et se rassemblèrent derrière la porte Nord-Ouest qui accusait des assauts répétés.
Il ne faisait aucun doute qu’elle ne tiendrait plus très longtemps.

L’ordre fut donné d’évacuer ceux qui ne pouvaient plus se battre. La majorité de la population avait déjà quitté l’enceinte de la ville.



A bout de force, blessé d’une entaille à l’épaule et d’une autre à la hanche droite, Ellundril s’éloigna du rassemblement de défenseurs qui s’apprêtait à faire face à un ultime assaut.
Il arpenta les rues de la ville en direction de son ancienne demeure, et ce aussi vite que se blessures le lui permettait. La ville Elfique, jadis si belle et prospère, ses bosquets de fleurs tombants des balcons, les oiseaux piaillants ci et là, les enfants jouant gaiement autour d’arbres ayant vécu un millénaire, était à présent ravagée.
Sa célèbre beauté avait laissé place à une ville dévastée, brûlée. Les cadavres jonchaient les rues, les blessés poussaient des râles de douleurs. Les quelques médecins disponibles couraient, s’affairaient, sachant pertinemment qu’ils ne pourraient sauver tout le monde.

Il baissa les yeux et se dépêcha d’atteindra sa maison.
Il franchit la porte brusquement si bien qu’il fit sursauter son épouse, Akira.
Dans ces bras leur jeune enfant, Eladar Risaë, qui venait d’atteindre ses 5 années.



"-Les Rebelles sont aux portes de la ville, il faut que tu partes avec le dernier groupe de réfugiés. Le convoi va partir d’un instant à l’autre de la porte Est afin de rejoindre l’un des camps.

-Et toi ? Tu viens avec nous ? Personne ne peut plus rien, il te faut partir.
-Je ne peux pas, les citoyens ont besoin de moi, la ville a besoin de moi !
-La ville est sur le point de tomber ! Nous ne pouvons plus rien faire !
Elle avait crié. L’enfant se mit à pleurer. Elle le regarda les yeux embués de larmes …

Viens avec nous, je t’en prie, n’y retourne pas. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui aussi fort qu’il le put. Ils restèrent ainsi tout trois de longues minutes. Il se dégagea un peu d’elle et lui chuchota tendrement : Je reviendrais, je te le promets. Je vous le promets. Nous nous retrouverons." Il les embrassa tout deux longuement puis quitta la bâtisse, se retournant une ultime fois sur le pas de la porte.

Il rejoignit ce qui restait des défenseurs. Ils n’étaient plus qu’une centaine à défendre cette partie de la citadelle, les autres ayant été pour la plupart tués au cours de la nuit. Quelques uns étaient chargés d’escorter les convois de réfugiés dans les profondeurs de la forêt.

La peur se lisait sur le visage de ses compagnons, et certainement sur le sien également. Du sang coulait de leurs nombreuses blessures, pourtant ils se tenaient là, honorant leur rang de Sentinelles, jusqu’à leur mort s’il le fallait.

Les coups de béliers faisaient craquer les veines du chêne massif qui formait la porte. Plusieurs fois l’ennemi avait tenté d’y mettre le feu mais jusque là les sorts de protection de leurs meilleurs magiciens l’avait fait tenir. Malheureusement, beaucoup d’entre eux s’en étaient allés.

Il ferma les yeux. L’image de sa femme, tenant dans ses bras son fils lui revint. Il pensa à des jours heureux, il pensa à leur mariage, aux nuits étoilées, au vent dans les arbres, à la chaleur du soleil sur sa peau. Il baissa la tête et attendit en silence, comme l’ensemble de ses frères encore debout.

Aucun ordre n’avait été donné. Il aurait été plus que futile. Tous étaient là, sachant ce qui allait arriver, inévitablement.

De sa main droite il tâtonna du bout des doigts son carquois. Il compta une petite dizaine de flèches. Plus son sabre et ses quelques couteaux de lancer.

Un dernier silence. La race des Elfes allait connaître un tournant, l’histoire de tout un peuple en serait à jamais bouleversée.



Et soudain, le fracas d’une porte qui cède. Il prit une dernière inspiration et s’élança.

Ses flèches partirent à une vitesse hallucinante. A l’image de ses compagnons, leurs mouvements étaient si fluides qu’ils en devenaient presque invisibles. Huit traits fusèrent en direction de l’ennemi. Tous touchèrent leur cible. Huit Rebelles s’écroulèrent dans leur élan, une flèche en pleine tête.

La première ligne avait été entièrement décimée. La seconde dut subir les sorts des quelques magiciens encore présents. Aucun ennemi n’en réchappa.
Mais il en arrivait encore. Il dégaina son sabre, relâcha ses muscles endoloris d’une nuit d’intense combat, et courut vers sa mort.


Un sourire aux lèvres, les dernières Sentinelles entamèrent un chant mélodieux. Un seul corps, une seule voix. Le choc des deux armées fit autant de bruit qu’un monstrueux coup de tonnerre. Des hurlements guerriers s’élevèrent, très vite remplacés par le fracas des épées sur les boucliers et les cris des soldats qui s’écroulaient, mortellement touchés. En une poignée de secondes, la bataille devint une mêlée confuse et plus rien n’exista pour les Elfes qui se battaient, que la volonté de tuer.
Tuer pour avancer.
Tuer pour résister.
Tuer pour ne pas être tué.

La fureur de leurs coups abattirent encore beaucoup d’ennemis mais le nombre était contre eux. L’un d’eux se précipita sur Ellundril. Il brandit son épée comme si elle avait été de plume, et l’abattit avec toute sa puissance. Il ne bougea qu’à l’ultime seconde. Sa lame frappa sèchement l’épée du soldat, la déviant juste assez pour ouvrir une brèche dans sa garde et s’y engouffrer. La pointe du sabre se ficha de vingt centimètres dans le cou du Rebelle avant d’en ressortir, ruisselante de sang.


Un Elfe cria de toute sa rage : « Tenez bon ! Ils ne passeront pas ! »

Ellundril évita un coup de taille en se baissant, enfonça l’un de ses couteaux dans le défaut d’une cuirasse tandis que son sabre ouvrait un sillon sanglant dans une cuisse. Il se redressa, para une nouvelle attaque, et une autre.

Il virevoltait au milieu de ennemis, son sabre traçant autour de lui un sillage sanglant. Autour de lui les assaillants périssaient par dizaines mais ils étaient toujours innombrables et il risquait à chaque seconde de trébucher.
Tomber.

Il savait ce qui ce que signifierait une chute.

Ses frères succombaient également les uns après les autres. Ils étaient de moins en moins nombreux et ses blessures s’accumulaient. Il perdait énormément de sang.

Un Rebelle différents des autres autant par sa tenue que par son comportement lui fit face. Les deux opposants s’observaient, tournant lentement, l’un et l’autre conscients qu’ils rencontraient pour la première fois un adversaire à leur mesure.

L’un et l’autre conscients que leur vie entière les avait guidés vers cette rencontre.

L’un et l’autre conscients qu’un seul lui survivrait. Ils s’élancèrent.

Si rapides que leurs mouvements semblèrent irréels, ils se croisèrent comme deux courants d’énergie.
Des Elfes présents aux côtés d’Ellundril voulurent se joindrent à lui. Ils renoncèrent. L’affrontement était déjà fini. La Sentinelle tituba, lâcha son sabre pour presser ses bras contre son abdomen d’où jaillissait une fontaine de sang.

Immobile, le Rebelle le regardait, un sourire étonné sur les lèvres, puis, doucement, il bascula en arrière.
Sa tête roula jusqu’aux pieds des siens.

Blessé à mort, Ellundril planta son sabre dans la terre, plaça ses mains sur l’extrémité du manche et son menton sur ses mains. Un Sentinelle ne repose pas au milieu du mal.
Il sourit.
Ferme les yeux.

Un à un les derniers défenseurs périrent. Ils avaient été une centaine. Les cadavres des Rebelles devaient être trois fois plus nombreux.

La voie libre, ils se répandirent dans le joyau de la forêt des Cendres. Na’Helli la belle n’était plus. Une cruauté sans nom s’ensuivit. Les Rebelles pillèrent les maisons, tuèrent les quelques citoyens n’ayant pas voulu abandonner leur foyer, brûlèrent des quartiers entiers, violèrent les femmes.
Un pan entier de la cité était tombé, et les quelques défenseurs qui restaient allaient être pris à revers. Dieux seuls savaient ce qui adviendrait.



Akira et Eladar était à quelques heures de marche de leur cité. Leur convoi avançait lentement, trop lentement. Plusieurs fois l’ordre avait été donné de ne faire plus aucun bruit. Des guetteurs placés en amont et en aval, mais aussi sur les flancs du convoi avait pu apercevoir des petits groupes de Rebelles sillonnant la forêt.
Ils marchèrent toute la journée lorsque enfin l’ordre fut donné de s’arrêter pour la nuit. Des tours de garde furent instaurés, et l’interdiction de faire du feu. C’est dans la fraîcheur de la nuit qu’une quarantaine de personne tentèrent de se reposer. Nul n’y parvint réellement.

Akira serait son enfant dans ses bras. Elle avait lancé un faible sort de bouclier pour garder leur chaleur corporelle. Mais plus la nuit avançait, plus il faiblissait. Le froid s’insinuait au plus profond d’eux, parcourait leurs muscles, les glaçants jusqu’au sang.

Aucun bruit. Un silence profond, imperturbable …


« - Allleerrrtteeeee ! »

Le cri de détresse s’interrompit dans un gargouillement incompréhensible, signe que la trachée avait été écrasée ou tranchée. Le Sentinelle s’écroula.


« - Regroupez-vous autour des villageois ! Protégez le convoi ! Jusqu’à la mort ! »

Alerté par un sixième sens qui les rendaient plus dangereux que des tigres, les derniers Sentinelles dégainèrent leur sabre avant d’ouvrir les yeux. L’acier chanta. Déjà les têtes tombaient.
Le camp était pris d’assaut par d’innombrables ennemis. Un Sentinelle brisa la nuque d’un des Rebelles d’un revers de lame alors qu’il essayait de le contourner. Le craquement des os, bruit sinistre, fut vite suivit par celui de la chair entaillée.


Un archer près d’Akira décocha l’une de ses flèches. Un trait parfaitement ajusté. Il se ficha avec un bruit mat dans la poitrine de l’un des attaquants, à la hauteur du cœur.
Mais étrangement le guerrier continuait de courir. Il poussa un hurlement de rage et se rua vers son ennemi.

Il faisait bien deux mètres trente de haut. Une carrure similaire à celle du plus féroce Géant, d’innombrables cicatrices parcouraient son torse. Certainement un vétéran ayant survécu à de nombreuses batailles, un homme dur, sans pitié.

L’Elfe décocha une seconde flèche qui vint se loger dans sa cuisse gauche. Il ne tomba pas. Dix mètres. L’archer chercha une autre flèche.

Six mètres. Etant à cours de munition il sortit un couteau de lancer de sa ceinture et le ficha à nouveau dans le poitrail du Rebelle.

Quatre mètres. L’acier de son sabre chuinta.

Le guerrier, les yeux révulsés de haine, fonçait sur ses cibles.

Deux mètres. Le guerrier leva son arme et l’abattit de toute la force qu’il le put. Le Sentinelle para l’attaque, pivota sur une jambe repliée tandis que l’autre frappa le genou de son assaillant. Un craquement sec. Il perdit l’équilibre, tendit les mains pour se retenir, ne toucha pas le sol. L’Elfe s’était relevé et l’avait saisi au cou d’une clef imparable.
Un nouveau craquement retentit.
Ecoeurant.


Le Forestier laissa choir le corps sans vie, s’empara de son sabre et para le coup d’estoc que lui assenait un troisième adversaire.
Deux secondes.
C’est le temps que dura le combat. L’assaillant s’effondra avec un râle d’agonie, la gorge ouverte.


Il se tourna vers Akira et son Eladar. « Venez ! »
La mère tenait son fils dans ses bras, recroquevillée au sol. Il l’attrapa au poignet et l’aida à se relever. Son corps lui parut bien lourd. Un carreau d’arbalète était venu se planter à l’arrière du crâne, la tuant sur le coup.

L’enfant, sanglotait, terrorisé de peur. Son corps tremblait, son visage était blême.
Le Sentinelle regarda autour de lui. Une vision d’horreur. Le convoi était largement dépassé.
Les ennemis, encore une fois en surnombre ne leur laissaient aucune chance.
Il fallait fuir.

" Ecoute moi ! Comment t’appelles-tu ? L’enfant bégaya.
- Ell.. Eladar.
- Ecoute moi Eladar. Je vais m’occuper de toi. Mais tu dois me faire confiance. Suis moi ! Ne t’éloigne en aucun cas. Tu m’as compris ?
- Où sont mes parents ?
Un sanglot …
- Je m’appelle Yallissan, on va s’en sortir."


Il attrapa l’enfant et l’emmena à sa suite. Il repéra une brèche dans l’attaque ennemie, ils s’y engouffrèrent. En quelques mètres ils se trouvèrent à l’écart du gros de la bataille, qui tournait au carnage. Quelques assaillants les aperçurent.
Ils fondirent sur eux.


Yallissan plaça l’enfant derrière lui et lui remit son sabre, au cas où … Il savait ce geste inutile mais ne préférait pas le laisser désarmé.

D’un pas assuré, il franchit la distance qui le séparait de ses ennemis. Ceux-ci progressaient avec circonspection, veillant à se couvrir mutuellement. Leurs corps musclés étaient protégés par des armures qui avaient connu maints combats et leurs épées, brandies devant eux, s’étaient abreuvées de sang.


Le Sentinelle se dirigea vers le plus proche. Il avançait d’une démarche souple, paumes ouvertes, bras détendus, sans paraître se soucier du Rebelle ou de son arme. Il n’entra en action qu’au moment ou l’épée de son adversaire fendait l’air.


A cet instant précis où convergent tous les possibles, cet instant que seul un guerrier d’exception peut discerner.

Une seconde plus tôt, son adversaire aurait changé son coup vertical en revers, une seconde plus tard il lui aurait fendu le crâne.

Yallissan, d’un mouvement aussi fluide que de l’eau, passa à un millimètre de la lame d’acier. Sa main droite se posa sur celle de son adversaire tandis que son coude gauche, lancé avec une violence incroyable et pourtant parfaitement contrôlée, lui défonçait la trachée-artère.
Le Rebelle s’effondra, abandonnant son épée à l’Elfe.

Ses compagnons s’arrêtèrent un instant, stupéfaits d’une telle vitesse. Cet Elfe était un démon. Leur hésitation ne dura pas.
Ils connaissaient trop bien la loi de la guerre : vaincre ou mourir. Ils se concertèrent du regard et passèrent à l’attaque.

Tous ensemble.


L’épée du Forestier se planta dans une poitrine au niveau du cœur, ressortit écarlate et, dans le même mouvement, fouetta l’air à sa gauche. L’adversaire qui se tenait sur son flanc s’écroula, un flot de sang jaillissant d’une affreuse blessure au cou.

Pareille à un serpent, sa lame se faufila sous la garde du nouvel assaillant et trouva un interstice entre deux plaques de son pectoral. Elle s’y enfonça de trente centimètres. Mortelle.

Le dernier encore debout jaugea du regard l’Elfe qui lui faisait face.
Il s’élança.

Les lames se heurtèrent, s’échappèrent, revinrent en arcs éblouissants, se heurtèrent, encore et encore. Après un échange sidérant d’adresse et de puissance, le sabre du Sentinelle s’abattit sur le guerrier avec assez de force pour le couper en deux. Les lames croisées du Rebelle le bloquèrent à mi-hauteur. Il esquissa une feinte sur le côté, mais d’un coup de pied, l’Elfe le fit chanceler. Il n’eut pas le temps de retrouver son équilibre.
Yallissan dégagea son arme et, dans un élan irrésistible, la planta dans la poitrine de son adversaire.
Le cœur percé, le Rebelle s’effondra.
Mort avant d’avoir touché le sol.


L’Elfe se retourna et s’assura que l’enfant était toujours à ses côtés. Il nettoya son arme et la rangea dans son fourreau. S’assurant que personne ne les ait vu, il plaça l’enfant sur son dos et se mit à courir en direction des profondeurs de la forêt.

Ayant passé sa jeunesse dans ces bois, Yallissan n’avait pas de mal à avancer dans ce terrain plutôt peu propice à une avancée rapide.
Il coura le reste de la nuit jusqu’à l’aube.
Eladar s’était même assoupi, l’une de ses joues sur son épaule gauche.


Ils débouchèrent très tôt le matin sur une clairière assez imposante. Des centaines de tentes et cabanons y avaient été érigés pour accueillir les réfugiés. Leur arrivée fut remarquée par les guetteurs. Déjà, des médecins se précipitaient vers eux.

Yallissan leur remit l’enfant, refusa les quelques aides qui lui étaient proposées et se dirigea vers le commandant du campement.

« - Que ce passe t’il Yallissan ? Où sont tes compagnons ? Quelle est la situation à Na’Helli ?
- Nous nous sommes faits surprendre, ils étaient trop nombreux. Nous n’avons pas pu tenir. La porte Ouest a rompu. Des centaines de nos frères ont donné leur vie pour protéger la ville. Je suis parti avec un convoi de quarante réfugiés. Les Rebelles nous sont tombés dessus pendant la nuit. Ce fut un véritable massacre. Je n’ai pu sauver que cet enfant. Sa mère a été tuée, je ne sais pas ce qu’il est advenu de son père.
- Ils ont réussi … Les remparts n’ont pas résistés … Il nous faut dépêcher immédiatement l’ensemble de nos forces présentes ici pour soutenir les derniers défenseurs ! Faites réunir tous ceux pouvant se battre ! Nous devons leur reprendre la cité ! »


L’ordre avait claqué. Le commandant posa une main sur l’épaule de Yallissan.

« - Tu auras en charge la responsabilité de ce camp. Je repars avec tout ceux pouvant ce battre. Protège les jusqu’à ta mort.
- Je le ferais.
- Que les Dieux nous viennent en aide … »




Le lendemain matin, un contingent de cent quarante Elfes partit en direction de Na’Helli.