Legends of Olympia : La Ballade des Mémoires - Comment Skarn devint Pizgup...
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Comment Skarn devint Pizgup...
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Dernière réponse le 10/10/2009 à 17:34

geant Par Pizgup  le 14/08/2009 à 00:34

"Madness is like gravity. All it takes is a little push." (Le Joker dans The Dark Knight)




Une vision manichéenne tendrait à diviser le monde entre le Bien et le Mal.
Une vision morale le partagerait plutôt entre les gens biens et les autres.
Certes, la frontière entre ces deux visions semble mince mais elle existe.
En effet, si Pizgup n'était pas un être mauvais, force était de constater qu'il ne pouvait vraiment pas faire partie des gens biens...

Pizgup n’avait pas toujours été persuadé d’être l’étrange petite créature verte paranoïaque que nous connaissons aujourd’hui. De même, il n’avait pas toujours cru qu’il mesurait 74 cm pour 18 kg. D’ailleurs, compte tenu de sa race, de telles mensurations étaient chargées d’une ironie flagrante…
En effet, rien ne prédisposait Skarn, jeune Géant de l’Eau, à perdre ainsi la raison, ni à croire dur comme fer qu’il était un Lutin, reniant par la même occasion ses 165 kg et ses 2,72m qui faisaient autrefois sa fierté. Mais il arrive que les dieux considèrent normal de châtier un mortel s’il le mérite.

En l’occurrence, il ne le méritait pas vraiment… il avait simplement été victime d’une addiction. L’addiction est le moteur pouvant pousser quelqu’un à commettre un acte qu’il n’aurait jamais envisagé sans cela. Pour certains, c’était le sang ou les batailles. Skarn n’avait d’ailleurs jamais compris pourquoi tout le monde célébrait ces illustres conquérants en qui ils ne voyaient que des bouchers victimes de leur dépendance au sang. Personne ne semblait se rendre compte que les dizaines de morts qu’ils pouvaient faire à eux seuls (ce que leurs frères d’armes nommaient admirativement exploits) n’étaient pas permis par leur exaltation à l’idée de servir leur cause, mais par celle de sentir leur lame embrasser une zone non protégée du corps de leurs adversaires.

Son addiction, à Skarn, c’était le trafic d’art. Cela ne plaisait pas aux gens. Ces mêmes gens qui acclamaient les assassins des champs de bataille avaient toujours refusé de le regarder avec considération, en raison de ce qu’il faisait. Skarn était un peu jaloux de ces hommes. Pourquoi recevaient-ils tant d’honneurs alors qu’ils contribuaient à enlaidir Olympia en répandant le sang dans ses vertes plaines et en brisant les familles qui y vivaient ? A cause de ces héros, des parents enterraient leurs fils, des villages étaient brûlés, des femmes pleuraient leur mari, des jeunes filles étaient violées, des enfants se retrouvaient orphelins.

Skarn était bien placé pour le savoir, ses parents étaient jadis tombés au combat contre un grand héros olympien qui les avait abattus de loin grâce à sa magie, lors d’une bataille pour le contrôle d’un petit marécage dont il ne se rappelait que l’odeur nauséabonde et l’inutilité tant économique que politique, religieuse ou même stratégique. Là encore, on glorifiait qui était prêt à tuer pour un insignifiant lopin de terre…

Skarn n’en voulait pas aux Olympiens pour la mort de ses parents. A vrai dire, il s’en foutait. Il ne les avait pas connus suffisamment pour les regretter, et l’idée qu’ils soient morts pour défendre ce marais ne les lui rendait pas plus sympathiques. Au contraire il les considérait presque comme des idiots.

Skarn avait grandi seul, et son désintérêt total pour toutes les causes qui semblaient faire vibrer ses frères Géants l’avait vite mis à l’écart de la société. Une fois encore il s’en moquait. Il se moquait de tout. Rien n’avait d’importance à ses yeux et il ne croyait en rien.

Il se lança dans le trafic d’art à l’âge de 23 ans. Petit à petit, il prit goût à la chose, au point d’en devenir dépendant. Après quelques menus larcins pour débuter, il commença à viser de plus en plus haut, jusqu’à piller des temples pour revendre les statuettes de divinités dans de sombres tavernes. Ses activités le nourrissaient bien, et ses revenus étaient suffisants pour le mettre à l’abri du besoin. Mais il ne voulait pas s’arrêter : il aimait ce qu’il faisait. Il aimait le sentiment de satisfaction qu’il éprouvait lorsqu’il découvrait au cœur d’une forêt un ancien temple envahi par la végétation ; il aimait l’adrénaline qui ne manquait pas de se manifester en lui à chaque nouveau piège qu’il lui fallait déjouer avec finesse et habileté ; il aimait s’emparer d’un objet taillé avec précision en hommage à une quelconque entité divine, le fourrer dans son sac et le ressortir quelques jours plus tard au fond d’une taverne, afin d’en négocier le prix avec quelque marchand de passage. Certes, les marchands parvenaient à tirer de ces objets un prix largement supérieur à celui auquel il les leur vendait, mais il ne faisait pas ça pour l’or.



geant Par Pizgup  le 14/08/2009 à 00:36

Un jour, alors qu’il avait une fois de plus fait preuve du cynisme dont il était capable, en expliquant à ses concitoyens combien ils étaient « pathétiques de vouloir ainsi [s’] attribuer le petit lopin de terre sèche situé au sud de ce répugnant marécage, et d’être prêts à tomber au combat pour l’obtenir », il fut condamné à 4 saisons d’ostracisme par le Conseil de la cité. Ses activités parallèles, que nul n’ignorait mais qui, faute de preuve, n’étaient jamais condamnées, étaient bien entendu en partie responsables de cette décision.

Comme vous vous en doutez, cette sentence le fit bien marrer. Car non seulement il s’en foutait (comme il se foutait de toute décision politique), mais en plus il ne passait que peu de temps à Zagnadar, ses activités le poussant à rester hors de la ville pendant presque sept saisons par an. Il réunit donc les effets dont il avait besoin et quitta la ville en sifflotant, son sac sur l’épaule.

Cet événement avait eu lieu un an après la disparition de Kazad-a-Gorog. C’est à cette époque que les Géants et les Olympiens avaient mis fin à leurs vieilles querelles afin de combattre ensemble leur ennemi commun. Skarn n’avait jamais compris les raisons de cette Alliance, et s’était bien entendu fait remarquer à plusieurs reprises par ses critiques acerbes vis-à-vis de ce pacte. Il n’avait rien contre celui-ci, mais critiquer était pour lui une fin en soi.

Revenons-en au récit. Kazad-a-Gorog était sous l’eau, et Skarn décida d’aller y faire un tour… après tout, il avait quatre saisons à tuer. Le voyage ne fut pas passionnant : nous étions pendant l’Engourdissement, et à cette époque, « les poilus restent dans leur forêt pour s’assurer que leurs arbres à la con prennent pas froid aux pieds ». C’est du moins la façon dont Skarn évoquait l’absence totale d’Homme-sauvages à tuer sur son chemin, et par extension l’absence totale de divertissement.

Il arriva finalement en vue des ruines… ou plutôt de l’étang qui devait les contenir. Il contempla ce qu’il appelait « la splendeur de la civilisation Naine » en ricanant (on ne se refait pas). Mais, alors qu’il était initialement venu en « touriste », une idée germa dans son esprit. Comme nous l’allons voir, ce n’était pas la meilleure idée qu’il ait jamais eue, mais toujours est-il que, l’ayant eue, il ne pouvait plus s’en défaire. C’est le problème avec la drogue : ça focalise l’esprit sur des choses déraisonnables. Car c’est bel et bien la drogue qui avait fait naître cette idée dans la tête de Skarn. Pas la violette, bien évidemment, mais le trafic d’art. En effet, qui avait meilleure réputation d’artisan qu’un Nain ? Et quel lieu avait le plus de chances de receler le fruit de leur art si ce n’est Kazad-a-Gorog ? Bon, d’accord, la ville était engloutie… mais au moins cela limitait ses chances de devoir entamer des négociations musclées avec quelque Nain réticent à l’idée de lui abandonner son bien.

Il prit donc un pot dans son sac et l’ouvrit : de la graisse d’ours, un excellent isolant. Ayant passé de la graisse sur tout son corps, il rentra petit à petit dans l’eau glacée. Une fois encore, il se félicita d’avoir été choisi par les Esprits de l’Eau lorsqu’il était jeune. Ceux-ci l’avaient entre autres doté de petites branchies derrière les oreilles, d’une fine membrane de peau entre les doigts, et d’une paire de paupières transparentes. Ainsi paré, il s’enfonça sereinement dans les profondeurs noires et glacées du lac dont la couleur sombre contrastait avec le blanc immaculé de la neige qui recouvrait l’herbe aux alentours.



geant Par Pizgup  le 14/08/2009 à 00:37

Quelques minutes plus tard, il aperçut les murs de la ville engloutie se dresser au loin. Apercevant dans la muraille un orifice suffisamment grand pour lui permettre de passer, il s’engouffra dans l’antique cité. Autour de lui, les poissons le dévisageaient avec cet air niais si caractéristique de ces animaux, et qui avait tendance à lui rappeler certains de ses compatriotes.

Il se trouvait maintenant dans une galerie totalement inondée, qui semblait se diriger vers le sommet de la montagne qui avait jadis protégé les Nains et leur cité. Celle-ci étant assez haute, il émergea bien avant d’en avoir atteint le sommet. Il inspira profondément, satisfait d’être à nouveau à l’air libre. En effet, comme le savent tous les Géants de l’Eau ayant la chance d’avoir été dotés de branchies, la respiration aérienne est bien plus agréable que la respiration aquatique.

S’ébrouant tel un chien au sortir d’une rivière, il entreprit de continuer à pied l’ascension de ce vaste couloir, qui semblait s’enrouler autour de la montagne, et qui était percé de nombreuses galeries s’enfonçant dans les entrailles de la terre. Ce corridor était probablement l’une des principales routes de Kazad, desservant la quasi-totalité de la ville. Il arriva finalement devant un panneau indicateur qui le ravit. Se remémorant ses quelques connaissances en matière de runes (connaissances se limitant à l’extrême minimum, c’est-à-dire à tout ce qui pouvait lui servir pour ses activités), il parvint à déchiffrer le mot temple, quasiment effacé par l’humidité, et se dirigea en souriant dans la direction indiquée, s’engouffrant dans une petite galerie sur sa gauche.

Skarn progressait dans cette galerie, de l’eau jusqu’aux chevilles, uniquement éclairé par les timides rayons de soleil passant par les fissures de la roche. Il déboucha finalement sur une grande place à ciel ouvert. Celle-ci devait probablement grouiller d’activité un an auparavant, théâtre des allées et venues des Nains, qui tels des fourmis se rendaient en un lieu ou un autre pour vaquer à leurs occupations, et ce dans un brouhaha indescriptible. Mais aujourd’hui, un silence de mort régnait sur les lieux, uniquement brisé par le clapotis de l’eau qui couvrait le sol sur une bonne soixantaine de centimètres de hauteur, et par le bruit des gouttes venant s’écraser sur le sol depuis les stalactites qui les avaient vues naître. Devant Skarn se dressait ce qui avait dû être le temple d’Héphaïstos en des temps plus glorieux. Siégeant au bout de la place, relativement épargné par le niveau de l’eau, il était malgré tout en ruines, car, bien qu’un an après la catastrophe, l’eau n’atteignait que le milieu de l’escalier conduisant au temple, elle ne s’était évidemment pas arrêté là en ce jour maudit où Poséidon avait frappé les Nains de son divin courroux.

Traversant bruyamment l’étendue d’eau qui couvrait les lieux (et qui atteignait ses genoux), Skarn atteignit le temple et poussa la porte de la bâtisse… qui sortit de ses gonds et tomba avec fracas à l’intérieur.
« Oups ! »
Faisant quelques pas à l’intérieur, il eut la surprise d’entendre quelqu’un l’interpeller :
« Eh toi ! Le grand dadet ! »
Regardant sur sa droite, il aperçut un vieux Nain sortir d’une petite pièce. Sa barbe blanche était en bataille, sa robe autrefois immaculée et qui témoignait de son statut de prêtre était en piteux état, ses bottes étaient percées, son crâne presque chauve, et dans ses yeux brillait une lueur de folie.
« Qu’est-ce que tu viens faire dans mon temple grand dadet ?
- Ecoute coco ! J’ai pas de temps à perdre avec un hurluberlu comme toi : ton temple il tient à peine debout, donc j’vais sauver c’qui peut l’être, après j’me casse et on n’en parle plus ça t’va ?
- Ha ! Sauver c’qui peut l’être ! Tu tombes bien grand dadet ! »

Le vieux Nain fit demi-tour et retourna dans la pièce dont il était sorti. Profitant de ce répit, Skarn commença à balayer la pièce du regard à la recherche d’objets précieux. Il aperçut au fond du temple une statuette en bronze représentant le marteau et l’enclume du forgeron de l’Olympe. Il se dirigea vers l’objet et tendit la main vers lui.

« Yuhu ! Regarde ça grand dadet ! »
Skarn fit volte-face et vit le Nain s’approcher de lui, tenant dans la main ce qui semblait être…
« Un géranium ! Héhé ! T’as bien fait d’venir grand da…
- Arrête de m’appeler grand dadet papy. J’m’appelle Skarn et ta brindille j’en ai absolument rien à faire. Je suis là pour récupérer des trucs susceptibles de se revendre, donc ta plante en pot je te propose d’aller la fumer…
- Mais tu ne comprends donc pas Carne…
- Skarn !
- Ouais c’est pareil ! Tu ne comprends donc pas que ce géranium est la seule forme de vie ayant réussi à se développer après le cataclysme ? »

Skarn toisa le vieux Nain.
« J’aurais préféré que ce soit la seule. »
Regardant de plus près le géranium, il reprit :
« Et t’appelles ça une forme de vie développée ? T’es bien optimiste papy ! La dernière fois que j’ai vu une plante en aussi piteux état… nan en fait j’ai jamais vu une plante en aussi piteux état !
- Mais c’est parce qu’elle a besoin de lumière ! Tu sais ? C’est la faute à Saint Thaise !
- Bon écoute, je sais pas qui c’est Saint Thaise et pour être franc avec toi j’m’en fous pas mal. C’que j’sais en revanche c’est que là tu m’empêches de faire mon boulot donc tu vas me laisser récupérer tous les objets de valeur de cet endroit sans rechigner et tu vas rentrer ton géranium ! »

Le Nain le dévisagea, l’air grave.

« Odieux personnage !
- Ouais je sais… on m’le dit souvent !
- Tu es un vulgaire pilleur. Crois-moi, tant que je serai là, tu ne déroberas rien en ces lieux.
- C’est cool papy. Maintenant laisse-moi passer parce que j’ai d’autres chats à fouetter. »

D’un ample geste de la main, il écarta le Nain de son passage et attrapa la statuette qu’il avait vue. Il la fourra dans son sac et se tourna vers la droite pour voir s’il pouvait trouver autre chose à prendre. Il vit le Nain, lui faisant face avec toute la fierté de sa race, fierté décrédibilisée par le chaos de sa barbe et l’état miteux de ses vêtements. Agacé, Skarn tenta d’envoyer son poing dans la figure du court-sur-pattes. Mais celui-ci bloqua l’attaque de sa paume et commença à exercer une pression sur les phalanges du Géant. Décontenancé, ce dernier mit un genou à terre, en proie à la douleur. Il avait l’impression que sa main était sous un énorme rocher, et les craquements de ses phalanges n’étaient pas pour le rassurer. Regardant son adversaire, il vit un symbole ésotérique sur le dos de sa main, émettant une faible lueur… encore quelque malice runique… voilà qui expliquait sa force surhumaine.

Skarn ramassa une pierre qui traînait, et en asséna un violent coup sur la tête du vieillard. Celui-ci lâcha sa prise et recula en titubant, étourdi par le coup. Ne lui laissant pas le temps de reprendre ses esprits, il s’empara du pot de géranium et le lui fracassa sur le crâne. Le Nain s’écroula dans une mare de sang, la tête ouverte. Skarn constata non sans un certain contentement que le géranium avait lui aussi péri dans l’opération.

« Deux problèmes réglés… efficacité avant tout ! »

Il sourit ensuite en se demandant si le géranium allait être accepté chez Hadès et, si oui, s’il allait pouvoir accéder à la Grande Plaine des Asphodèles où sa couleur rouge risquait de jurer affreusement. Il éclata de rire en imaginant un groupe d’asphodèles passer à tabac le géranium parce qu’il les avait mal regardées. Son rire disparut d’un coup lorsqu’il entendit une voix caverneuse s’élever derrière lui. Se retournant, il vit au-dessus du corps du Nain une nuée qui avait l’apparence d’un forgeron... Héphaïstos.

« Insignifiant petit mollusque ! Penses-tu vraiment pouvoir profaner mon temple et tuer mes serviteurs en toute impunité ? »

Skarn n’était pas du genre impressionnable et il fallait plus qu’un nuage pour le rendre raisonnable. Il savait que son compte était bon… pourquoi tenter de s’expliquer ? Autant laisser libre cours à son sarcasme et à sa répartie, il pouvait difficilement aggraver son cas.

« Un géranium ? Drôle de serviteur…
- SILENCE AVORTON !!! »

Sa voix avait claqué avec force, faisant trembler les lieux. De la poussière tomba du plafond, l’édifice tout entier étant ébranlé.

« Hum… y’a d’l’orage.
- Pas très docile à ce que je vois… il va falloir t’inculquer les bonnes manières !
- Ah ! Je me dois de vous prévenir qu’il s’agit là d’une tâche ardue et que plus d’un Géant s’est cassé les dents sur ce problème épi… »

Skarn fut interrompu lorsque la nuée lui mit le dos de son poing dans la face, le propulsant à l’autre bout de la salle et l’envoyant se briser contre un pilier. Skarn se releva avec difficulté, cracha deux dents et fit craquer les os de son cou en tirant sa tête contre son épaule.

« Balèze pour un peu de fumée ! J’dois reconnaître que ça pique un p… »

Il eut le souffle coupé lorsque l’avatar fondit sur lui l’épaule en avant. Skarn fut projeté et passa par la porte du temple, arrachant au passage l’important morceau de mur que la partie gauche de son corps avait rencontré durant son vol. Il atterrit sur la grande place, soulevant une grande gerbe d’eau. Avant d’avoir pu se remettre sur ses pieds, il fut repoussé par son adversaire qui le plaqua avec force contre la paroi rocheuse. Il regarda la nuée dans ce qui devait être ses yeux :

« Bon, tu m’tues ou quoi ? J’commence à me lasser ! »

L’avatar éclata de rire, à la surprise de Skarn, puis perdit sa forme pour se transformer en un mince filet de fumée blanche qui se dispersa aussitôt. Ecarquillant les yeux en fixant l’endroit où, quelques secondes plus tôt, se trouvait son ennemi, le Géant sourit.

« Que d’la gueule ! »

Il massa ses articulations douloureuses et décida d’aller récupérer son sac et de quitter les lieux. Alors qu’il avançait en pataugeant vers le temple, il ne vit pas la nuée se reformer derrière lui, et revêtir la forme d’un long serpent de fumée. Celui-ci contourna le Géant pour se retrouver face à lui, s’infiltra dans ses narines et remonta au cerveau, lui arrachant un hurlement de douleur. Terrassé par le phénomène et par la terrible souffrance qui lui vrillait la tête, Skarn s’effondra, inconscient…



ldf Par Green - Roi du charter  le 14/08/2009 à 00:49

Piz' y a un mec complètement malade qui dit que t'es un géant!!
J'aime cette chro...
("As-tu déjà dansé avec le diable au claire de lune?")



"-Pas la peine de parler des papillons j'me suis dit. Ce pauvre type les verra bien assez tôt..."

Green - Pizgup ; Association de Mâles Fêteurs pour vous servir...

Notre peuple vaincra !

geant Par Pizgup  le 22/08/2009 à 23:43

Quelque part, entre 10000 et 11000 mètres d’altitude…

« Hermès !!! »

La voix grave d’Héphaïstos avait claqué comme la foudre, brisant la quiétude de la demeure des dieux, et effrayant quelques entités mineures qui disparurent en un clin d’œil dans les nuées. Le dieu des marchands surgit alors de nulle part, porté par ses sandales ailées. Il voleta autour du forgeron de l’Olympe avant de lui demander :

« Oui ?
- J’ai besoin de toi !
- En quoi puis-je t’être utile ?
- Je souhaite punir un mortel !
- Tu connais la procédure aussi bien que moi : transforme-le en Lutin et n’en parlons plus…
- Si j’avais voulu le changer en Lutin, dis-toi que ce serait fait depuis longtemps. Non ! En réalité j’ai deux services à te demander…
- Deux ? J’espère que tu sauras te montrer reconnaissant !
- Contente-toi de te souvenir que je n’ai jamais rien exigé en échange du caducée que je t’ai forgé, cela devrait suffire à te faire renoncer à tout paiement. »

Hermès se rembrunit : il avait horreur du bénévolat…

« Je souhaiterais que tu crées une illusion permanente.
- Une illusion de quoi ?
- J’aimerais que le mortel dont je t’ai parlé soit persuadé d’avoir été transformé en Lutin.
- Mais… pourquoi refuser ainsi de le métamorphoser ?
- Ce Géant est détesté aussi bien de ses ennemis que de ceux qui devraient être ses alliés. Un Lutin, c’est sympathique et attachant. Je ne veux pas qu’il s’attire les bonnes faveurs de qui que ce soit !
- Pffffff… t’es vraiment tordu ! »

Héphaïstos ne releva pas cette remarque qui n’était pas sans lui rappeler sa difformité, et reprit :

« Ma deuxième requête risque d’être un peu plus… comment dire… difficile d’accès…
- C’est-à-dire ?
- J’aimerais que tu dérobes une âme à mon oncle.
- Tu veux que j’aille chercher une âme dans le royaume d’Hadès ? Tu sais pourtant qu’il ne renonce pas aisément à ses hôtes…
- Et c’est pourquoi je n’ai pas perdu mon temps à aller la négocier avec lui.
- Certes… et sans indiscrétion, que comptes-tu faire de cette âme ?
- L’enfermer dans le corps de mon Géant !
- Tu vas le rendre fou…
- C’est le but ! Ce chien m’a ouvertement défié après avoir tué un de mes serviteurs et avoir tenté de piller mon temple de Kazad-a-Gorog.
- Mouais… j’pense que t’es trop susceptible. M’enfin, j’vais voir c’que j’peux faire ! Comment il s’appelle le zèbre que j’dois ramener des Enfers ?
- Gulbin Orgrunor ! Cherche chez les Nains : un vieillard aux allures d’évadé de l’asile avec le crâne fendu et un pot de géranium sous le bras.
- Un pot de géranium ?
- J’t’expliquerai ! Pour l’instant contente-toi de faire ce que je t’ai demandé.
- Très bien… montre-moi juste à qui je dois faire tout ce que tu m’as demandé ! »

Les deux divinités se dirigèrent vers une grande salle au centre de laquelle reposait une table portant une représentation d’Olympia. Certaines personnes ont parfois l’impression d’être des pions sur l’échiquier des dieux. Si ces personnes avaient l’occasion de voir cette représentation, elles parleraient plutôt de cases sur un damier. Néanmoins, cela ne changeait rien au fait qu’ils étaient capables d’accéder à toute créature vivante depuis ce qui semblait être le poste de commandes d’Olympia.

Héphaïstos désigna à son cousin une petite case qu’il avait transportée au cœur du marais Alwestdezag. Hermès passa sa main au-dessus de la case, et un déluge d’informations concernant le Géant déferla dans son esprit. Stoppant le flot d’images qui assaillait son esprit, il regarda le forgeron et lui dit :

« Je m’occupe de son cas… »



geant Par Pizgup  le 23/08/2009 à 00:57

Noir complet…
Au loin, quelques bruits étouffés…
Silence…
A nouveau quelques sons rauques…
Un peu de lumière…
Coassements et bourdonnements incessants…
Brouillard…
Autour de Skarn, le monde devint visible, au fur et à mesure que les sons s’amplifiaient…
Un univers trouble dans lequel il discernait le bruit des grenouilles et des insectes constituant l’ensemble de la faune environnante.

Skarn sortit de l’inconscient… il avait une migraine atroce et une douleur lancinante lui traversait tous les os du corps. Ouvrant les yeux, il vit qu’il était allongé sur le ventre, et qu’à dix centimètres devant son nez se trouvait…

« Crôaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! »

Skarn soupira :

« Saleté de grenouille ! »

Il tendit la main pour chasser le batracien et poussa un cri de terreur : elle était petite et verte. Skarn bondit sur ses pieds, et fut déstabilisé de voir son champ de vision aussi proche du sol. Il contempla ses mains, les passa sur son visage. En prise au désarroi, il se précipita au bord de l’eau et dévisagea le reflet que formait l’onde.



Un long cri de désespoir retentit dans un rayon de plusieurs lieues, poussant la plupart des oiseaux sauvages de la région à s’envoler dans la panique. Skarn entama alors une course effrénée consistant en un cercle de quelques mètres de diamètre autour duquel il courait en hurlant à la mort. Les quelques grenouilles qui n’avaient pas fui portaient sur lui un regard empli d’un mélange de curiosité, d’incrédulité et de compassion… à moins qu’il ne s’agisse du regard normal d’une grenouille.

Après un quart d’heure de course folle, Skarn s’effondra, épuisé. Son public avait grandi depuis le début de sa crise, quelques tortues et un couple de canards ayant rejoint les batraciens. En effet, un Géant dans cet état est un spectacle rare dans les marais. Car c’est bel et bien un Géant que tous ces animaux voyaient face à eux : l’illusion établie par Hermès fonctionnait comme prévu, et seul Skarn semblait voir en sa personne un Lutin à la peau verdâtre. Héphaïstos avait d’ailleurs demandé à son cousin pourquoi cette couleur apparaissait dans l’illusion, ce à quoi il avait répondu qu’il avait eu besoin d’un modèle pour la rendre parfaite et indétectable, et que le premier Lutin sur lequel il était tombé, « un certain Grine ou un truc comme ça », présentait un tel épiderme.

Le choc de la découverte de son état passé, Skarn se releva et examina la situation. Il devait maintenant se convaincre qu’à l’instar de toutes les punitions qui lui avaient été infligées, cette métamorphose lui était complètement égale. Alors qu’il cherchait des arguments susceptibles de l’auto-persuader, il entendit une voix semblant venir de derrière lui :

« Hey grand dadet !!! »

Le Géant se retourna brusquement, faisant sursauter une couleuvre qui passait par là (mais bien sûr que oui ça peut sursauter une couleuvre). Il ne vit cependant aucun signe du Nain à qui appartenait cette voix, et qui devait se trouver dans les ruines de Kazad-a-Gorog avec un pot de géranium enfoncé dans le crâne.

« Mais non grand dadet ! Inutile de me chercher ! »

Skarn fit de nouveau volte-face, mais ne discerna personne.

« Tu perds ton temps grand dadet !
- Où es-tu ? Montre-toi ? Où te caches-tu ? Où ?
- Dans ta tête !
- Dans ma tête ?
- Alouette !!! »

Cette fois-ci, le hurlement dispersa tous les animaux de la région, et d’aucun disent que certains arbres se déracinèrent pour s’enfuir eux aussi… cette affirmation n’a cependant jamais été prouvée. Parce que bon, tous les animaux de la région ça fait quand même beaucoup !!!

« Mais qu’est-ce que tu fais dans ma tête ?
- Je sais pas… quand tu m’as fracassé le pot de géranium sur la tête, un grand barbu vêtu de noir est apparu devant mes yeux et m’a dit : « Bienvenue dans mon royaume ! Ne sois pas surpris : ça va être tout noir ! ». Effectivement, quelques secondes plus tard, il faisait aussi noir que chez Hadès si on en croit ceux qui en sont revenus…
- Roh ! Mais c’est presque incroyable ça papy !!!
- Ah bon ? Fin bref ! Toujours est-il qu’après un temps incalculable dans les ténèbres, je me suis retrouvé ici. Je sais pas trop à qui je le dois mais je ne m’en plains pas. Toi par contre, tu vas pas adorer… »

Essayant d’occulter la voix qui résonnait dans sa tête, et qui semblait déterminée à lui rendre la vie insupportable en lui parlant de sujets aussi passionnants que la pêche à l’écrevisse ou encore l’art de rempoter les géraniums, Skarn se mit en route en direction de Zagnadar, incrédule devant la vitesse à laquelle il se mouvait malgré les courtes pattes dont il croyait avoir hérité.

Il mit cinq heures à sortir du marais, cinq longues heures durant lesquelles la voix n’avait cessé de débiter ses histoires. La nuit venait de tomber et Skarn, épuisé par ce flot de paroles incessantes ne prit même pas le temps de se bâtir un abri avant de se jeter sur le sol, bien décidé à récupérer après cette éprouvante journée. C’est le moment que choisit la voix pour utiliser son arme secrète :

[Hrp : pour l’air de la chanson, référez-vous à cette vidéo ==> http://www.youtube.com/watch?v=Viirm8KZphU ]

« Je suis Kardrim le huitième,
Kardrim VIII, Kardrim le huitième !
J’ai épousé la veuve d’à côté,
Qu’a été mariée sept fois dans l’passé,
Et chaque mari s’appelait Kardrim, Kardrim !
Elle voulait pas d’Kyp ou d’Farfine, non m’sieur !
Chuis son huitième mec, je suis Kardrim !
Kardrim VIII, Kardrim l’huitième,
Kardrim le hui-tièèèème !

Deuxième couplet : comme le premier !

Je suis Kardrim le huitième,
Kardrim VIII, Kardrim le huitième !
J’ai épousé la veuve d’à côté,
Qu’a été mariée sept fois dans l’passé,
Et chaque mari s’appelait Kardrim, Kardrim !
Elle voulait pas d’Kyp ou d’Farfine, non m’sieur !
Chuis son huitième mec, je suis Kardrim !
Kardrim VIII, Kardrim l’huitième,
Kardrim le hui-tièèèème !

Troisième couplet : comme le premier ! »



geant Par Pizgup  le 23/08/2009 à 00:57

Au matin, Skarn n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Il renonça néanmoins à s’endormir, peu désireux d’entendre la voix lui dire que le trois cent vingt-huitième couplet était comme le premier, et reprit sa route.

Il arriva à Zagnadar au bout de 10 jours, ce qui l’aurait surpris s’il avait été en état de penser. C’était en effet le temps que lui prenait le trajet d’habitude, et il était loin de se douter que son corps n’avait pas changé.

Ces 10 jours de marche sans dormir avaient tellement épuisé Skarn que le garde en faction aux portes de la ville ne le reconnut même pas.

« Votre nom étranger ! »

Skarn leva vers son interlocuteur ses yeux injectés de sang, sous lesquels étaient visibles de profondes cernes violacées. Incapable de réfléchir, il répondit d’une voix pâteuse le nom que la voix lui répétait depuis des jours et qu’il avait inconsciemment assimilé comme le sien propre :

« M’appelle… Piz… Pizgup ! »

Le Géant prit note et laissa passer le voyageur en s’exclamant :

« Si vous avez besoin d’un endroit où dormir, je vous recommande la taverne du Sanglier Schizophrène ! La bouffe n’y est pas terrible mais les chambres sont bon marché.
- M’rci l’ami… t’es s’per s’pathique c’mme gars ! »

Le lendemain, Skarn n’avais pas dormi davantage, mais avait été délesté malgré tout du prix de sa chambre. Il avait en contrepartie appris tout un tas de choses fascinantes, notamment que les porcs-épics flottaient sur l’eau, qu’un poulet avait déjà survécu 18 mois sans tête, ou encore qu’après l’acte sexuel, le loup restait coincé une heure encastré dans la femelle.
[Hrp : informations a priori véridiques]
Il avait aussi appris la signification du mot Pizgup, qui voulait visiblement dire demi-portion

Désireux de se débarrasser de l’hôte qui lui était imposé, Skarn, ou plutôt Pizgup, se rendit chez un Chaman afin d’être exorcisé. Malheureusement, lorsque celui-ci lui demanda ce qu’il désirait, sa fatigue le lui avait fait oublier. La voix se manifesta :
« Tu veux qu’on te fabrique un épouvantail vaudou ! »
Docile, il répondit au Chaman ce que le Nain lui avait suggéré :

« Veux… ‘pouvantail… v’dou… »

Le Chaman expliqua alors les mécanismes complexes qui allaient lui permettre d’enfermer un esprit dans l’épouvantail tout en lui laissant l’opportunité d’agir de manière concrète sur son environnement. Si Pizgup avait réussi à imprimer ce que le Géant de l’Air lui disait, sans doute aurait-il annulé l’opération. Il se contenta d’acquiescer, le regard vide. Le jeteur de sorts entama alors l’incantation. Bien évidemment, la première âme dotée de pouvoirs magiques qu’il capta fut celle du Nain, qui comptait sur cette sorcellerie vaudou pour prendre possession d’un avatar capable d’interagir avec ce qui l’entourait. Aussitôt transféré du corps de Pizgup à l’épouvantail, il utilisa ses nouveaux pouvoirs pour briser les membres du Chaman et ainsi l’empêcher de contrarier ses projets. Profitant de ce répit, il entama un sort destiné à détruire celui qui l’avait expédié chez Hadès. Les énergies arcaniques fusèrent vers Pizgup… et dévièrent au moment de le frapper. Avant qu’il n’ait pu comprendre les raisons de son échec, l’épouvantail fut enfermé dans un carcan mental imposé par le Chaman.

« Et bien… celui-ci est bien farouche ! A croire qu’il vous déteste… »

Le Géant de l’Air regarda autour de lui, contrarié par les dégâts qu’avaient infligés les sortilèges lorsqu’ils s’étaient détournés de leur cible initiale pour aller se fracasser contre les murs de sa demeure.

« Heureusement que l’incantation prévoit un sortilège empêchant un épouvantail de nuire directement à son nouveau maître… »

Il massa ses bras, encore douloureux malgré les soins magiques rapides qu’il avait pris le temps de se prodiguer, ce qui lui arracha une grimace.

« Il faudrait que je trouve un moyen pour qu’il ne puisse pas non plus nuire à celui qui l’invoque. »

Le Chaman se tourna vers Pizgup pour évoquer avec lui la question de sa rémunération, question devenue plus problématique avec la destruction de la moitié de son mobilier, et fut surpris de le voir s’effondrer sur le sol, en proie à la torpeur. Compatissant, il prit sa bourse, en préleva le montant correspondant à la somme qu’il allait lui réclamer, et mis quelques pièces dans sa poche afin de payer la chambre de l’auberge dans laquelle il comptait les emmener, lui et son épouvantail…



geant Par Pizgup  le 23/08/2009 à 00:58

Pizgup se réveilla dans une chambre après 5 jours d’un sommeil profond. Il trouva son épouvantail enfermé dans le placard à balais, bâillonné et ligoté (probablement par le tenancier après que d’autres clients se soient plaints de ses tentatives pour empêcher Pizgup de dormir).

Emportant avec lui l’épouvantail qu’il pouvait contrôler depuis qu’il avait retrouvé ses forces, il quitta l’auberge en sifflotant. Dans un souci de cynisme, il surnomma son compagnon d’infortune Père Siffleur. Il ignorait alors que les deux semaines précédentes avaient semé en son esprit les germes de sa folie future, germes qui n’avaient plus besoin que d’un élément pour se développer.

Cet élément, il allait le rencontrer très vite. Il mesurait 70 cm, il était vert et il s’appelait… Green.



el Par Dlaumor Elido  le 29/08/2009 à 12:09

Ainsi les pièces se mettent elles en place, petit à petit! ^^



olymp Par Elsaria Lahankreeb  le 10/10/2009 à 17:34

Snif j'ai pas encore vu Père Siffleur.^^



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